La Croisade franco-anglaise (1)
Les autres croisés étaient pendant ce temps occupés à pour suivre le siège de la grande place de commerce de la Syrie, Saint-Jean d'Acre. Ce siège avait été entrepris par Guy de Lusignan, délivré de captivité. Le roi s'était installé devant le port, depuis juin 1189, avec les débris des garnisons franques de Tyr et de Tripoli. Il y avait été rejoint en septembre par les croisés Scandinaves et frisons arrivés par mer en contournant l'Espagne (2).Puis étaient venus des Anglais et des Flamands, sous l'archevêque de Canterbury et Jean d'Avesnes, suivis par les Champenois et l'évêque de Beauvais, par Conrad, marquis de Montferrat, avec 1.000 (?) Chevaliers et 20.000 piétons, par le landgrave de Thuringe qui ne se joignit pas à Barberousse. Vint ensuite (juillet 1190) Henri, comte de Champagne, avec une suite composite de Français, d'Anglais, d'Italiens, auquel se joignit, en septembre, Frédéric de Souabe échappé au désastre allemand.
Enfin, en avril 1191, les deux grands souverains d'Occident, Philippe de France, Richard d'Angleterre, arrivèrent avec un énorme et fâcheux retard. De Vézelay, d'où ils étaient partis de concert, le 4 juillet 1190, ils avaient gagné la Méditerranée, le Français s'embarquant à Gênes, le roi d'Angleterre à Marseille. Ils perdirent six mois à Messine. Richard voyait là l'occasion de réclamer à Tancrède, roi de Sicile, le douaire de sa sœur Jeanne, veuve du feu roi Guillaume le Bon. De plus la mésintelligence entre Philippe et Richard s'accentua pendant cette escale interminable. Enfin on leva l'ancre, Philippe le 30 mars, Richard le 10 avril (3).
Quelles forces amenaient-ils au secours de la Terre Sainte ?
Pour Philippe-Auguste nous avons une information : 650 chevaliers, le double d'écuyers (4). Quant au nombre des gens de pied il est ignoré, probablement trois ou quatre fois plus que celui des cavaliers, selon l'habitude du temps.
L'effectif de Richard est inconnu. Le seul procédé dont on dispose pour tenter de l'évaluer, au moins approximativement, est d'avoir recours au chiffre des navires de transport (5), qui nous a été conservé de divers côtés. Une distinction s'impose entre le chiffre de la flotte au départ d'Angleterre et au départ de Sicile.
Au départ d'Angleterre les sources s'accordent, à fort peu de chose près. l'Itinerarium Ricardi (6) donne le chiffre de 108 vaisseaux (naves), qu'il emprunte, à une unité près, à Ambroise, lequel porte : « cent et sept nés » (7), le soi-disant Benoît de Peterborough (8) et Roger de Howden donnent 106 (9), Richard de Devizes 100 (10). Benoît et Roger entrent même dans le détail : l'escadre se composait de 10 vaisseaux, de 63 grandes nefs (naves magnae) sous Robert de Sablé et Richard de Banville, de 33 autres nefs (naves) sous Guillaume d'Oléron.
Maintenant peut-on déterminer le nombre d'hommes et de chevaux que pouvait transporter cette centaine de nefs ? Il importe de reproduire un passage contemporain de Richard de Devizes : « chaque nef peut porter 40 chevaux de prix exercés à la bataille (donc des destriers), autant de cavaliers de toute espèce (donc chevaliers, sergents montés, écuyers), 40 gens de pied, 15 hommes d'équipage » (11). Laissant de côté ces derniers, la flotte qui quitta l'Angleterre aurait donc emmené au total de 8.000 à 8.560 hommes.
Ce n'est pas tout. Le même auteur parle de 14 busses (bucceae).
Qu'est-ce qu'une busse ? Un gros navire qui porterait une cargaison double de la nef, selon le même auteur : « una erat omnium navium dispositio singulae bucarum ordinatus et oneris duplum receperunt » Nous aurions à ajouter 160 hommes par busse, au total 2.240, qui, joints au nombre précédent, feraient 10.240 à 10.800, si le terme singulae veut dire que chaque busse emporte double cargaison. Mais, dans la langue du temps, singulae est parfois équivalent de nonnullae et veut dire « quelques busses » (12). Cette dernière interprétation est plus probable, car la busse se distingue de la nef moins par sa grosseur, que par sa vitesse : « l'un des bâtiments que citent de plus fréquemment les historiens des croisades, la busse n'avait qu'une vingtaine de mètres, mais un jeu de sept voiles (artimon, terzarol, dolon ou papillon au mât de la proue, majeure, dolon ou papillon au mât de milieu) lui donnait une mobilité supérieure » (13). Quoi qu'il en soit, le chiffre de 10.800 constitue un maximum. Tous ces navires arrivèrent à destination à Marseille en bon état et au complet.
Pendant que sa flotte contournait la péninsule ibérique, le roi Richard traversait la France pour aller s'embarquer à Marseille. Il avait avec lui comme escorte, sa familia, sa « mesnie ». Cette suite grossit-elle beaucoup l'armée des Croisés ? Peut-être, car, arrivé le premier à Marseille et impatient de gagner Messine, il loua 10 busses, de grandes busses (magnae buceae), ce qui permettrait de lui supposer une suite de 800 personnes (14). C'est gros pour une simple escorte. Quoi qu'il en soit, au départ de Marseille il aurait eu avec lui 10.240 plus 800 ou 10.800 plus 800, soit 11.040 à 11.600 hommes, moitié cavaliers, moitié piétons, proportion absolument anormale (15).
Quel contraste avec les 1950 chevaliers de Philippe-Auguste, suivi peut être de 6 à 8.000 piétons.
C'est précisément ce contraste qui doit nous inquiéter. Il ne surprend pas trop au premier abord, parce qu'on se dit (16) que Richard régnait sur un territoire bien plus étendu que Philippe-Auguste.
Mais il y a là quelque malentendu. Territoire peu considérable sans doute, si l'on s'en tient à l'examen du domaine du Capétien, qui est peu de choses, mais, outre le domaine propre il y a le royaume et dans cette croisade le roi de France a eu les secours armés de puissants princes, ses vassaux, comme le comte de Flandre, le duc de Bourgogne, etc. D'autre part, la puissance effective de son rival n'est pas en rapport direct avec l'étendue de ses États. Sur le continent il est mal obéi. Quant à l'Angleterre elle est encore à cette date un pays pauvre et mal peuplé. Sa « chevalerie » est fort peu nombreuse et on est en droit de s'étonner qu'en 1189-1190 le roi Richard puisse emmener en Orient un nombre de chevaliers égal à celui dont disposeront ses successeurs aux siècles suivants dans leurs guerres contre la France. Et puis il a été impossible de vider l'Angleterre de toute force, en raison de l'hostilité permanente des Ecossais et des Gallois (17). On ne s'étonnera pas moins que, après le départ de Philippe Auguste, abandonnant la croisade, mais lui laissant des contingents français, dont ceux du duc de Bourgogne, Richard disposera de forces numériquement très faibles.
On en vient à soupçonner que le chiffre des bâtiments de la flotte repose sur une estimation erronée ou tendancieuse à laquelle on prête de l'autorité, faute d'autre moyen d'information. Un texte, la Chronique des patriarches d'Alexandrie : attribue à la flotte de transport de Philippe Auguste quittant Gênes, le chiffre de 100 navires, et qui seraient des busses (18). C'est le chiffre même, à quelques unités près, de la flotte de Richard au départ d'Angleterre, non compris semble-t-il les 14 busses. Comment deux escadres de nombre sensiblement égal auraient-elles transporté, l'une, celle de Philippe Auguste, 650 chevaliers et 1.300 écuyers, en tout 1950 cavaliers, l'autre 4.000 à 4.280 cavaliers ?
La chose est d'autant plus surprenante que ce contingent transporté sur la flotte au départ d'Angleterre se composait nécessairement de chevaliers et écuyers anglo-normands. Mais, à cette date, l'Angleterre, répétons-le, est hors d'état d'expédier un nombre aussi considérable de chevaliers et écuyers.
Chose inquiétante, Richard de Devizes a beau entrer dans le détail, et minutieux, son chiffre est en contradiction avec le document financier de l'année, le Pipe roll, qui nous apprend que les « Cinque-Ports » ont fourni 33 vaisseaux avec équipage de 20 à 25 hommes chacun y compris le capitaine (19). Or l'Angleterre n'est tenue à mettre à la mer au service du roi que la flotte des « Cinque Ports » (20). Dira-t-on que Richard a fait venir des navires de la Méditerranée. Ce serait invraisemblable. Le rendez-vous de la flotte d'Angleterre étant Marseille, le roi n'avait qu'à acheter ou à louer des navires de Marseille ou de Gênes et à les laisser sur place. Nous savons d'ailleurs que, arrivé à Marseille par voie de terre (21), Richard loua 15 galères génoises et se rendit ensuite à Gênes (en août) où il obtint un supplément de cinq (22). Même avec ce renfort on n'arriverait qu'à un total de 63 navires seulement, si nous refusons notre confiance aux chroniques même de contemporains.
Naturellement cette sensible diminution entraînerait une diminution corrélative du nombre des combattants, sans qu'on ose préciser (23).
A Messine la flotte se renforça encore. Richard obtint du roi Tancrède 20 galères et 4 uissiers (24). Les sources anglaises donnent les chiffres de ses moyens de transport : 150 nefs et 53 galères, selon qi>l'Itinerarium de Roger de Howden, 156 nefs, 24 busses, 39 galères, au total 219 (169) navires, selon Richard de Devizes (25), suivi par Raoul de Diceto ; 150 navires de son pays (sue terre), plus 6 autres et 25 busses, selon les Annales de Melrose (26). L'ensemble présentait un spectacle admirable qu'on n'avait jamais vu auparavant (27). Cette fois nous n'avons pas le contrôle financier du Pipe roll et il est inutile de discuter ces chiffres. Il est seulement évident que, comme les précédents, ils sont sujets à caution (28).
On n'a pas a retracer le célèbre siège de Saint-Jean d'Acre que Saladin ne parvint pas à débloquer (29). Le 13 juillet 1191, la ville se rendit après une belle défense de plus de deux années. Après de violentes querelles avec Richard, Philippe rembarqua dès le 28 juillet, laissant au duc de Bourgogne et au comte Henri de Champagne la direction des forces françaises. Il leur confia aussi les chevaliers allemands qu'il avait pris à sa solde (30).
Demeuré seul, Richard, poursuivit les opérations avec cette vaillance et cet esprit de décision qui lui valurent l'admiration de ses contemporains, en dépit de sa sauvage cruauté (31). Il résolut de se porter sur Jérusalem. La voie directe, par la montagne d'Éphraïm, étant impraticable, il décida de prendre plus au Sud en partant de Jaffa. Pour gagner ce port il fallait suivre la côte.
Se rendant compte que Saladin le suivrait à la piste et essaierait de couper son armée obligée de cheminer en colonne étirée, il la divisa en douze détachements, tous composés à la fois de cavalerie et d'infanterie, de manière que chacun d'eux, s'il était assailli à l'improviste, pût se défendre en attendant le secours des autres.
Pour éviter qu'il se produisît en marche des intervalles dangereux entre ces corps, l'allure de l'armée fut à dessein très lente. Elle avança du Nord au Sud, côtoyant la Méditerranée, les gens de pied à gauche, couvrant la cavalerie contre une surprise de flanc, les bagages convoyés à droite, le long de la mer. Aux deux points les plus périlleux, l'avant-garde et l'arrière-garde, on plaça les Templiers et les Hospitaliers (32).
Le 7 septembre, un peu avant que l'armée atteignît Arsouf, elle fut violemment attaquée en queue. Bataille d'Arsouf
Les Hospitaliers tinrent vaillamment, mais accablés, les chevaux tués, réduits à combattre à pied, ils demandèrent du secours. Le roi Richard, pressé de se réfugier à Arsouf, fit longtemps la sourde oreille. Finalement les quatre détachements les plus rapprochés des Hospitaliers ouvrirent leurs rangs, la cavalerie se précipita à travers l'espace laissé libre par l'infanterie et tomba en trombe sur les Turcs qui s'enfuirent. Avec les autres détachements Richard opéra une autre charge, puis une troisième, qui acheva la déroute de l'armée de Saladin. Instruit par des précédents fâcheux, Richard avait défendu de mener trop loin la poursuite pour ne pas risquer de disloquer la cohésion de ses troupes (33).
Cette victoire, remportée dans les conditions topographiques les plus difficiles, abattit le moral de Saladin. Il ne crut pas ses hommes capables de soutenir la lutte en rase campagne. Il fit même démanteler les forteresses du Sud de la Palestine, Ascalon, Gaza, La Blanche-Garde, Lydda, Ramleh, etc., pour en retirer les garnisons dont la résistance lui semblait douteuse.
La voie de Jérusalem semblait libre. On crut que des négociations pourraient épargner un nouvel effort. Conduites avec des illusions absurdes (34), elles échouèrent, laissant à Saladin le temps d'amener d'Égypte des forces qui rendirent impossible une expédition armée contre les Turcs défendant la Ville sainte. La division se mit entre les grands barons, ainsi entre le duc de Bourgogne et le marquis de Montferrat.
Le dernier épisode qui nous intéresse est un combat de Richard sous Jaffa. Le roi était à Acre quand il apprit que Saladin assiégeait Jaffa dont la garnison allait se rendre. Richard embarqua ses renforts sur huit navires et arriva ainsi par mer au secours de la place (1 er août 1192).
Le 5 août les Turcs crurent surprendre le corps des chrétiens. Prévenu, Richard avait pris ses précautions : en tête il avait placé une partie de ses gens de pied, le genou à terre, la lance inclinée ; derrière eux les arbalétriers génois et pisans amenés par mer, tirant par-dessus la tête des piquiers et sans interruption, car aussitôt que l'arbalétrier avait tiré son coup, il recevait une autre arbalète bandée par un compagnon. Les cavaliers turcs, tourbillonnèrent, mais ne se risquèrent pas à charger. Quand le roi les eut mis en désordre par les carreaux des arbalètes, il chargea et enfonça l'ennemi. Une nouvelle tentative des Turcs, quelques heures après, n'eut pas un meilleur succès.
L'auteur de ce récit nous assure que Richard n'avait que 55 chevaliers et 200 gens de pied, alors que les Mamelouks et Kurdes, étaient au nombre de 7.000. Dans sa charge Richard n'avait que 15 chevaliers montés. Après une deuxième tentative les ennemis, auraient laissé 700 hommes sur le terrain, alors que les chrétiens, n'en perdaient que deux (35).
Finalement Richard se décida à rentrer. Avant de partir il avait pris une heureuse mesure. Il avait vendu l'île de Chypre aux Templiers. Ceux-ci ne purent résister aux révoltes des habitants : ils ne disposaient que de 120 hommes, dont seulement 14 chevaliers du Temple. Ils restituèrent l'île à Richard et celui-ci en disposa en faveur de Guy de Lusignan qui renonça au royaume de Jérusalem (mai 1192) (36).
Conrad de Montferrat élu roi fut victime des émissaires du chef des Assassins, le « Vieux de la Montagne »
Henri de Champagne lui succéda.
Richard, après avoir conclu avec Saladin une trêve de trois ans, avec faculté pour ses sujets de faire le pèlerinage au Saint-Sépulcre (2 septembre 1192), embarqua le 9 octobre, laissant une réputation d'incomparable vaillance, mais ; aussi de cruauté, d'autant plus affreuse qu'elle contrastait avec l'humanité de Saladin. Richard qu'on surnomma plus tard « Cœur de Lion » devait finir ses jours misérablement le 6 avril 1199, tué d'un trait d'arbalète, alors qu'il assiégeait le château de Châlus, en Limousin pour forcer le seigneur à lui livrer un « trésor » (37).
Croisade de l'empereur Henri VI
Notes
1. Pour la croisade française, voir Alex Cartellieri, Philippe II August dont le t. II (1906) est consacré à cette croisade.
— Luchaire dans Lavisse, Histoire de France, t. III, 1er page, p. 102-109. Pour la croisade de Richard, voir James II. Ramsay, Angevine Empire, p. 287-307. L'ouvrage de T. Archer, The Crusades of Richard I (Londres et New-York, 1888) est un recueil de textes.
2. P. Riant, Expéditions et pèlerinages des Scandinaves en Terre Sainte au temps des croisades (Paris, 1865) ; traduit en danois : Skandinaverne Korstog og andagtsreisen til Palestina (Copenhague, 1868).
3. Grousset, t. III, p. 18-44, 48 et suivantes.
4. Convention du duc de Bourgogne, Hugues, mandataire du roi de France, avec la communauté de Gênes, le 2 février 1190 : Le roi de France paiera 5.850 marcs d'argent fin pour le transport de 650 chevaliers et 1.300 écuyers sur les navires génois avec des approvisionnements d'aliments pour les hommes et d'avoine pour les chevaux pendant une durée de huit mois ; le vin ne sera fourni que pour quatre mois. Une somme de 2.000 marcs sera versée immédiatement, les 3.850 autres en juin suivant (solvere marcharum quinque milium et octingentorum quinquaginta fini et legalis argenti numerum ejusdem bonitatis... pro militibus sexcentis quinquaginta et scutiferis mille trecentis atque mille trecentis equis quos in navibus vestris et hominum vestrorum ultra mare portare debetis cum ipso rege vel baronibus ejus cum armis et arnesio militum et scutiferorum et vianda atque civada hominibus et equis per octo menses sufficienti et vino pro quatuor mensibus tantum, etc.) Publié dans les Monumenta historiae patriae, Liber jurium reipublicae Genuensis, t. I (in-fol. Turin 1854), col. 355-356. « Ex apographo sincrono, Reg. Taur. tabulario cod. A. fol. 294, vers. » On ne trouve rien sur les chevaux des chevaliers, les destriers, ni sur les gens de pied. Il en est de même d'un traité de nolis du 6 août 1184 pour le transport d'outre-mer de Gaucher, sire de Salins : avec 13 milites, 26 equos, 26 scutiferi, avec des approvisionnements pour 8 mois, sauf pour le vin où ils ne sont que pour 4 mois (Jal, Mémoires sur quelques documents génois, 1842, p. 41, d'après une copie de Richeride 1724). Il semble donc que les chevaux des chevaliers, les destriers, étaient transportés à part, sur les uissiers, ainsi que les gens de pied. Le texte n'indique pas, malheureusement, le nombre et la nature des bâtiments de transport. A son arrivée à Gênes, Philippe-Auguste se trouva évidemment à court de navires, car il demanda 5 galères au roi Richard qui n'en voulut céder que 3. Piqué, le roi de France retira sa demande.
La flotte de Philippe se composait de 100 navires selon la Chronique des patriarches d'Alexandrie (Bibl. Nat., ms. arabe 304, p. 274). Voir La Roncière, Histoire de la marine française, t. I, p. 134, note 2.
5. C'est celui qu'utilise justement Hans Jahn, p. 25-37.
6. Itinerarium peregrinorum et Gesta Ricardi regis, éd. Stubbs, Chronicles and memorials of the reign of Richard I (collection du Master of the rolls), vol. I, p. 147. Il est reconnu aujourd'hui que ce texte dérive d'Ambroise (voir note suivante) et est dû à Richard, prieur de la Trinité de Londres, qui l'a rédigé après 1222.
Voir Aug. Molinier, Sources de l'histoire de France, t. III, p. 35, n° 2332.
7. L'Histoire de la Guerre sainte, vers 311, col. 9. L'auteur de ce poème de 12.352 vers octosyllabiques, Ambroise, est un jongleur normand qui a suivi Richard à sa croisade et a composé son ouvrage du vivant de ce prince, vers 1195-1196. Il a été publié, avec une traduction, par Gaston Paris, en 1897, dans la collection des Documents inédits. Édition partielle, due à Liebermann, dans Mon. Germ., Script., t. XXVII, p. 532-546.
8. Gesta Henrici II et Ricardi, édités par Stubbs dans la collection du Master of the rolls, t. II, p. 120. Benoît de Péterborough, possesseur du manuscrit, a été pris pour l'auteur de la chronique par les anciens éditeurs.
9. Chronica, éd. Stubbs, t. III, p. 46. Roger, en réalité, s'inspire des Gesta Ricardi.
10. Chronicon de rebus gestis Ricardi regis, éd. Howlettdans Chronicles of the reign of Stephen, etc. (collection du Master of the rolls), t. III, p. 381 et suivantes.
L'auteur, moine de Saint-Swithin de Winchester, a écrit vers 1193-94.
11. Ricardus Divisiensis, éd. Howlett, t. III (1886), p. 394 (collection du Master of the rolls) : « naves quas rex in litore praesto invenit erant numéro Centura et buccae quatuordecim, vasa magnae capacitatis et mirae agilitatis, vasa fortia et integerrima. » Chaque navire a 3 gouvernails, 13 ancres, 30 rames, 2 voiles, des cordages en triple exemplaire. A la tête est un capitaine (rector) commandant 14 matelots (vemula). « Oneratur navis quadraginta equis de pretio exercitatis ad arma, et omni armorum genere totidem equitum et quadraginta peditum. » Les approvisionnements pour les hommes et les chevaux sont faits pour une durée d'un an. Pour la capacité de transfert : « singulae vero bucearum ordinatus et oneris duplum receperit. » Quant au trésor du roi, considérable, il est réparti entre les navires pour empêcher sa perte totale en cas de naufrage.
12. Cartellieri accepte la première interprétation (p. 125), la seconde est soutenue par W. L. Clowes, The royal navy (Londres, 1897-99), t. I, p. 102) et par Jahn, p. 32.
13. La Roncière, Histoire de la marine française, t. I, p. 246. Cependant il fait observer (note 5) que (l'on trouve un bucium longum 40 godis (la gone marseillaise avait 0 m. 73 et valait 3 palmes) et amplum in piano palmis 12 et in buca palmis 17 (Archives de Gênes, Richerius, Note sunipte ex libris et foliatis diversorum notariorum, t. III, p. 441).
— Cf. Annales Januenses dans Mon. Germ., Script., t. XVIII, P. 64.
— Chronicon breve Pisanorum dans Ughelli, Italia sacra, t. X, p. 120.
14. Jahn, p. 34.
15. (Very insolite proportion) remarque Ramsay, Angevine Empire, 282-283
16. Ainsi Jahn, p. 37.
17. Richard, il est vrai, avait pris la précaution d'obtenir des assurances de paix de ces voisins incommodes (voir Richard de Devizes, p. 386.
— cf. Ramsay, p. 274-275. Mais qu'eussent valu ces assurances si aucune force armée n'eut été laissée en Angleterre ?
18. Cf. plus haut p. 158, note 2.
19. James H. Ramsay, Angevine Empire (1903), p. 283.
— T. A. Archer, Crusades of King Richard I (Londres-New-York, 1888), p. 11
20. Observation de Ramsay.
21. A Lyon, d'où les routes des deux souverains se séparèrent, le nombre des croisés s'élevait à 100.000, selon l'Itinerarium peregrinorum et gesta Ricardi (éd. Stubbs, p. 151). Mais l'auteur a écrit après 1222 et s'inspire d'Ambroise, comme il a été dit plus haut, p. 159.
22. Annales Januenses dans Mon. Genn., Script., t. XVIII, p. 104. Cf. Hans Jahn, p. 29.
23. Jahn (p. 35) cherche à déterminer la composition de l'armée de Richard : environ 1.200 chevaliers, 6.500 écuyers montés, 7.000 à 7.500 piétons. Ces calculs nous laissent incertain et sceptique.
24. Id., p. 30.
25. « In classe autem erant naves CVI, buceae XXIIII, galeae XXXIX ; summa vasorum erat CCXIX » (p. 28). Lire CLXIX.
26. Mon. Gerrn., Script., t. XXVII, p. 436.
27. La Roncière (loc. cit.) reproduit le tableau lyrique qu'en tracent les contemporains.
28. Ce qui n'empêche pas les historiens, tels Cartillieri (t. II, p. 169), même Jahn (p. 30), etc. de les accepter. Ramsay garde à ce sujet un silence prudent (p. 291).
29. Voir Grousset, t. III, p. 18-58 (Ouvrages épuisés).
— G. Dreves, Die Belagerung von Akkon dans Stimm,en aus Maria-Laach, t. XXI (1881), p. 387-404, 492-504.
30. Luchaire dans Lavisse, Histoire de France, t. III, vol. I p. 109.
— Alex. Cartellieri, Philippe II Auguste, t. II.
31. T. A. Archer, Crusades of King Richard (Londres-New-York, 1888).
32. Plan de la marche dans Ramsay, Angevin Empire, p. 303.
33. Sur la bataille d'Arsouf voir Oman, Art of war, p. 310-315. L'exposé du général Koehler (t. III, 3 e p., p. 234) est vicié par l'emploi de la chronique dite de Benoît de Peterborough, sans autorité ici, et sans valeur aucune, au dire de Delbruck, t. III, p. 421.
34. On s'imaginait que le frère de Saladin, épouserait une princesse franque et se ferait chrétien !
35. Oman, p. 316-317. Il va sans dire que ces chiffres, ne sont pas acceptables, pas plus que ceux de l'analyste arabe Inâd-ed-Din, qui avance, à propos des combats sous Acre en 1189, que l'armée des Francs comptait 110 à 120.000 hommes ; et il ajoute : « un fait remarquable c'est que ceux des nôtres qui résistèrent à l'ennemi ne s'élevaient pas à mille hommes et qu'ils en repoussèrent 100.000 (!). »
— Sur l'œuvre historique abondante de cet auteur, voir Claude Cahen, p. 50-51.
36. Grousset, t. III, p. 96 (Ouvrages épuisés).
— L. Bréhier, p. 130.
— Cf. Mas-Latrie, Histoire de Chypre, t. I, p, 97.
37. Luchaire dans Lavisse, t. III, i, p. 121.
— Cf. Ramsay Angevin empire, p. 365-366.
Sources : Lot, Ferdinand. L'art militaire et les armées au Moyen-Age en Europe et dans le Proche Orient. Tome 1 (La Croisade franco-anglaise). Paris 1947. BNF
Croisade de l'empereur Henri VI
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