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Organisation Générale de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean
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Péninsule Ibérique

Les Hospitaliers s'établirent, dès les premières années du XIIe siècle, au lendemain de la première croisade, dans la Péninsule Ibérique; de 1109 à 1126, une série de donations en Catalogne, émanées de particuliers et du comte d'Urgel (1), de 1116 à 1126 quatre autres donations, faites en Castille et Léon par les rois et reines de Castille et par de simples fidèles (2), en font foi. Quelques années plus tard, la Navarre de 1129 à 1136 (3), les rois d'Aragon en 1134 et 1135 (4), le roi de Portugal en 1140 (5) s'associent à ce mouvement, qui devient général. Les établissements de l'Ordre, d'abord limités à la partie septentrionale de l'Espagne, la seule qui ne fût pas aux mains des Maures, suivirent dans leur extension territoriale les progrès de la conquête des Chrétiens. Ordre militaire, l'Hôpital partagea avec lè Temple et avec les souverains d'Aragon, de Castille et de Portugal l'honneur de contribuer à la libération du pays. Il reçut, pour prix de ses services, des possessions placées aux frontières des provinces reconquises, et des châteaux, postes avancés de la conquête chrétienne, qu'il s'engageait à défendre contre les retours offensifs des Sarrasins. C'est ainsi qu'en 1195, pour ne citer que quelques exemples, Alphonse II, roi d'Aragon, lui abandonna le cinquième du butin et des conquêtes faites sur les Maures (6), qu'en 1224 Alphonse IX, roi de Castille et Léon, lui concédait la moitié du tribut dû par les villes de Frenso el Viejo, Paradinas, le val de Garona et toute l'Estramadure (7) ; que la conquête du royaume de Valence, à laquelle il prit part, lui valut les châteaux et villes de Torrente et de Silla, l'alquerie d'Alcudia et la moitié du château de Cullera (1233-40) (8). Ces donations lui assurèrent, par leur richesse et leur importance, dans la hiérarchie féodale des royaumes espagnols, un rang prépondérant.

Les premières possessions de l'Ordre en Espagne furent naturellement rattachées, à l'origine, au prieuré de S. Gilles en Provence, le premier des prieurés constitués en Occident. Mais bientôt, en présence de leur nombre sans cesse croissant, le châtelain d'Amposte se limita à la direction des commanderies de Catalogne et d'Aragon ; la Navarre et le Portugal se constituèrent en prieurés distincts. Cette organisation, dont les premiers titulaires apparaissent en 1140 pour le Portugal, en 1157 pour Amposte, et en 1163 pour la Navarre unie à l'Aragon, était complète, ou à peu près, vers 1160, et fonctionnait régulièrement, à l'exception du prieuré de Castille et Léon, qui, pour des raisons qu'on trouvera à leur lieu, ne fut établi que vers 1190. Mais une direction unique manquait. Le grand-maître, qui résidait en Terre Sainte, sentait que les Hospitaliers de la péninsule, absorbés par leur lutte contre les Maures et en rapports journaliers avec les souverains espagnols, ne tarderaient pas à échapper à son pouvoir et à son contrôle, s'il n'instituait pas auprès d'eux un agent relevant directement de son autorité. Cette préoccupation fut l'origine de la création du grand-commandeur d'Espagne (magnus magister ou preceptor in quinque regnis Hispanie).

Si les prieurs Martin et Caxal, qui interviennent en 1140, en présence du grand-maître, à la renonciation par ce dernier aux droits que l'Hôpital tenait du legs d'Alphonse I le Batailleur (9), ne sont pas assez clairement désignés pour que l'un ou l'autre d'entre eux puisse être placé en tête de la liste des grands-commandeurs d'Espagne (10), Pierre de las Eras, en 1170 (11), est certainement titulaire de ce nouveau poste, qui complétait la hiérarchie des fonctionnaires espagnols de l'Hôpital.

Désormais, et jusqu'aux dernières années du XIIe siècle, la Péninsule Ibérique comprit, sous l'autorité supérieure du grand-commandeur, les prieurés de Portugal, de Navarre et la châtellenie d'Amposte, cette dernière se composant de la Catalogne, de l'Aragon et plus tard du royaume de Valence, conquis sur les Maures en 1238. Le prieuré de Castille, constitué vers 1190, vint alors s'ajouter à ceux qui relevaient déjà du grand-commandeur.

La suppression des Templiers amena, entre 1310 et 1320, dans ces régions comme ailleurs, de profondes modifications administratives. Si en Portugal les possessions de l'ordre aboli passèrent aux chevaliers du Christ, si au royaume de Valence elles furent réunies à celle de l'Hôpital pour être données avec celles-ci aux chevaliers de Montesa, en revanche en Navarre, en Castille et Léon, en Aragon, en Catalogne, dans le Roussillon et aux Baléares, elles furent dévolues aux Hospitaliers, dont elles doublèrent les richesses territoriales. Cet accroissement considérable eut pour conséquence le dédoublement de la châtellenie d'Amposte (26 juillet 1319). Le châtelain d'Amposte conserva l'Aragon, et une nouvelle circonscription fut constituée sous le nom de prieuré de Catalogne. Tous les établissements de l'Ordre à l'ouest d'une ligne de démarcation formée par le cours de l'Ebre et par la ville d'AImacellas restèrent dans le ressort de la châtellenie d'Amposte, tandis que ceux qui s'étendaient à l'est de cette même ligne ou étaient situés au royaume de Majorque furent rattachés au nouveau prieuré.

I. Grand-commandeur d'Espagne

De l'étude des actes les plus anciens dans lesquels figure le grand-commandeur d'Espagne, il résulte qu'au XIIe siècle les premiers titulaires de cette dignité exerçaient leur autorité sur la Castille et sur le Portugal; bien que le titre qu'ils portent soit celui de « prior in tota Hispania », on ne trouve pas avant 1208 trace de leur présence dans les transactions relatives à l'Aragon ou à la Catalogne. Cette particularité s'explique par le fait qu'au XIIe siècle la châtellenie d'Amposte, d'abord rattachée à S. Gilles et ensuite autonome, avait conservé avec l'Orient, par suite de sa position géographique et par les rapports fréquents qu'elle entretenait avec S. Gilles, même après être devenue indépendante, un contact suffisant pour recevoir du siège de l'Ordre les instructions et les directions nécessaires. La Castille et le Portugal, au contraire, par suite de leur éloignement, échappaient à l'action de l'administration centrale, et c'est pour les y rattacher par un lien solide que le grand-commandeur d'Espagne fut créé. Plus tard, au commencement du XIIIe siècle, les pouvoirs de ce fonctionnaire furent étendus à l'Aragon et à la Catalogne (12), et bientôt après à l'ensemble de la Péninsule Ibérique. Pierre Fernandez prend le premier, en 1230, le titre de « preceptor in quinque regnis Hispanie (Aragon, Navarre, Castille, Léon, Portugal) » (13), qui devient désormais la qualification officielle des grands-commandeurs d'Espagne.

Nous avons exposé plus haut les raisons qui déterminèrent la création de cet officier. Elles furent, pour l'Espagne, les mêmes que pour l'Italie et l'Allemagne, mais plus impérieuses encore, semble-t-il, là qu'ailleurs. Nous constatons, en effet, à maintes reprises, chez les chevaliers espagnols un esprit d'indépendance particulièrement grave et persistant, très menaçant pour l'unité de l'Ordre, et que le grand-commandeur fut souvent impuissant à combattre et à réduire (14).

II. Châtellenie d'Amposte

Les biens que l'Hôpital possédait sur le versant méridional des Pyrénées, dans la partie de l'Espagne qui correspond à la Catalogne, rattachés d'abord à S. Gilles, prirent rapidement une extension telle qu'il fallut songer à leur donner un administrateur distinct. Le château d'Amposte, que Raymond-Bérenger IV, comte de Barcelone, avait donné à l'Hôpital en 1149 (15), et dont en 1153 les Templiers, par une renonciation formelle aux droits qu'ils pouvaient y faire valoir, avaient assuré la pleine propriété aux Hospitaliers (16), fut choisi comme centre de la nouvelle circonscription. Celle-ci prit le nom de châtellenie d'Amposte; son premier titulaire, Geoffroy de Brésil, apparaît en 1157 (17).

Il semble qu'à cette époque le ressort de la châtellenie ne soit pas absolument fixé. Si les actes auxquels comparaissent Geoffroy de Brésil, Arbert de Petra et Alphonse, premiers châtelains d'Amposte (de 1157 à 1174), concernent aussi bien la Catalogne que l'Aragon, en revanche nous savons qu'en 1163 et 1174 l'Aragon ressortissait du prieuré de Navarre (18), qu'en 1169 le titre de maître de l'Hôpital en Aragon et Catalogne, porté par P. Lopez de Luna, ne pouvait se confondre avec celui de châtelain d'Amposte, et désignait un personnage d'une autorité plus élevée que celui-ci. On est donc amené à conclure que pendant cette »période il y eut des tâtonnements dans les limites de la châtellenie, et que le rattachement de l'Aragon à celle-ci ne se fit pas sans hésitations. Le contrecoup de ces hésitations se manifeste dans la chronologie des châtelains, dont, pour le XIIe siècle, la liste présente de sérieuses difficultés (19).

A partir du XIIIe siècle, la châtellenie s'étend sur l'Aragon et la^ Catalogne (avec le Roussillon et la Cerdagne); après la conquête de Majorque et de Valence, elle reçoit les nouvelles possessions acquises par l'Ordre dans ces royaumes, et cet état de choses dure jusqu'à la constitution du prieuré de Catalogne en 1319, dont nous avons déterminé plus haut les limites territoriales.

III. Prieuré de Navarre

Si le premier prieur de Navarre dont nous avons trouvé la trace est Mir en 1163, il est fort probable que le prieuré était constitué déjà depuis une vingtaine d'années. Le nom de Guillaume de Belmes (1142-1153), donné par une liste manuscrite des Archives d'Alcala, semble devoir être accepté. Cette même liste indique un assez grand nombre de noms que nous n'avons pas rencontrés ailleurs ; devons-nous les adopter sans contrôle ? Evidemment non, mais il convient d'observer que ceux-ci, en général, ne sont pas en contradiction avec ceux que nous connaissons par ailleurs, et que le rédacteur de cette liste, archiviste du prieuré à la fin du siècle dernier, était en meilleure posture que nous pour la rédiger d'une façon complète.

La Navarre, entre 1163 et 1174, était réunie à l'Aragon pour former un prieuré unique ; bientôt après l'Aragon se détacha d'elle pour aller se joindre à Amposte, et le prieur de Navarre n'eut plus autorité que sur les possessions de l'Hôpital au royaume de Navarre (Navarre espagnole et Navarre française). Celles-ci, malgré la faveur dont l'Ordre jouissait auprès des souverains navarrais, faveur dont de nombreuses donations font foi, ne prirent pas le développement que nous constatons dans les autres prieurés espagnols. Ce royaume, en effet, n'étant pas, comme la Castille et l'Aragon, en contact avec les Maures, n'avait pas occasion de recourir aux services militaires des Hospitaliers, et de les récompenser, comme on le fit ailleurs, par d'importantes concessions territoriales. Le prieuré resta donc, pendant le XIIIe siècle, constitué comme il l'avait été dès l'origine; au commencement du XIVe siècle, la dévolution des biens du Temple à l'Hôpital lui amena cependant un notable accroissement de richesses, sans toutefois modifier sa circonscription administrative.

IV. Prieuré de Castille et Léon

L'organisation du prieuré de Castille et Léon est d'une quarantaine d'années postérieures à celle des autres prieurés espagnols. La raison de ce retard est facile à déterminer : nous avons vu que les grands-commandeurs d'Espagne, à l'époque de leur institution, étaient spécialement accrédités en Castille et en Portugal ; leur présence dans ces royaumes rendait inutile l'établissement d'un prieur de Castille. Mais quand leur autorité se fut étendue à toute la Péninsule Ibérique, il n'en fut plus de même. La création d'un prieuré s'imposa, et nous pouvons la fixer aux environs de 1190. Un document, en effet, du 3 juin 1191, donne à Martin Perez, commandeur de Quintillana et d'Atapuerca, le titre de prieur de l'Hôpital, et est daté de Castronuno « in prima celebratione communis fratrum capituli » (20). Ce sont là les éléments essentiels de l'organisation prieurale : chapitre provincial, et élévation à la dignité de prieur d'un commandeur. En outre, par les termes mêmes de cet acte, nous constatons que cette organisation était alors toute récente, et que Martin Perez y apparaît comme le premier titulaire du nouveau prieuré.

La circonscription du prieuré, originairement composée des biens de l'Ordre en Castille et Léon, s'étendit successivement aux territoires conquis sur les Maures par les rois de Castille ; ceux-ci, en effet, n'eurent pas d'appui plus ferme et plus constant, dans leur lutte contre l'Islam, que l'Hôpital, et acquittèrent la dette de reconnaissance contractée envers lui en lui concédant des terres et des domaines dans les provinces arrachées par eux aux Musulmans.

V. Prieuré du Portugal

L'Ordre avait acquis en Portugal, dès les premières années du XIIe siècle, le territoire d'Idanha à Velha (1 février 1114), à charge d'en prendre possession à la mort des usufruitiers auxquels le roi de Castille Alphonse VI en avait abandonné la jouissance. En 1122, le roi Alphonse I avait donné aux Hospitaliers de Barosa les casaux de Reguenza, près de Trancoso (21). Ces donations furent l'origine des établissements hospitaliers dans ce royaume; leur développement y fut rapide et soumis aux mêmes conditions, par suite des mêmes circonstances, qu'en Castille. Le prieuré est constitué dès 1140, avec Arias comme titulaire (22). Si la liste des prieurs ne peut être dressée d'une façon complète (23) ; si, en l'établissant, nous n'avons tenu compte que des mentions absolument certaines; si nous avons rejeté l'existence de plusieurs prieurs, que le zèle des historiens portugais avait accueillie sans preuves suffisantes, il n'en reste pas moins acquis que le prieuré ne cessa de fonctionner régulièrement à partir de 1140, et qu'il n'eut pas à subir à son début les tâtonnements et les remaniements dont d'autres prieurés nous ont souvent donné le spectacle. La chute du Temple ne lui apporta pas, comme ailleurs, un accroissement de richesses et de possessions, les biens des Templiers portugais ayant été attribués par le pape Jean XXII à un ordre militaire nouveau, celui du Christ (14 mars 1319); par suite, elle n'amena aucune modification dans le ressort du prieuré.
Sources : Joseph Delaville Le Roulx. Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310). Paris, E. Leroux, 1904. In-8º, XIII-440 pages.
— Vous pouvez voir le livre dans son intégralité à cette adresse : Archives.Org


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Les Notes

1. Cartulaire, I, nº 16, 19, 21, 22, 32, 36 et 75.
2. Cartulaire, I, nº 39, 44, 61 et 78.
3. Cartulaire, I, nº 86, 89, 114 et 117.
4. Cartulaire, I, nº 95, 105,110 et 111.
5. Cartulaire, I, nº 134.
6. Cartulaire, I, nº 980.
7. Cartulaire, II, nº 1795.
8. Cartulaire, II, nº 2040, 2220, 2254.
9. Cartulaire, I, nº 136.
10. Ces deux personnages peuvent être, soit des prieurs ecclésiastiques, soit les titulaires des prieurés déjà constitués de Portugal, de Navarre et de S. Gilles ; peut-être aussi l'un d'eux était-il à la tête des possessions de l'Ordre en Castille, et par suite l'embryon du grand-commandeur d'Espagne. Quant à R. Gombault, qui figure en 1140 avec le titre de prieur, c'était assurément le prieur ecclésiastique de la commanderie d'Afion (Cartulaire, I, nº 132).
11 Cartulaire, IV, nº 416.
12. Sous Ximeno de Lavata (Cartulaire, II, nº 1319).
13. Cartulaire, I, nº 1963.
14. On distingue parfaitement, aux dernières années du XIIIe et aux premières années du XIVe siècle, cet esprit chez les Hospitaliers d'Espagne; mais c'est au milieu du XIVe siècle qu'il se manifeste avec le plus de force. Juan Fernandez d'Heredia, réunissant sur sa tête les dignités de châtelain d'Amposte de prieur de S. Gilles et de prieur de Castille, disposait à son gré des forces de l'Hôpital en Espagne, dictait ses volontés aux grands-maîtres, et gouvernait l'Ordre, dont il était le véritable chef, jusqu'au moment où la mort de Robert de Juilly (1376) lui donna le pouvoir suprême, qu'il avait en fait exercé sous le magistère de ses trois prédécesseurs.
15. 8 janv. 1149 (Cartulaire, I, nº 181).
16. 4 novembre 1153 (Cartulaire, I, nº 220).
17. Cartulaire, I, nº 251 et 257.
18. Cartulaire, I, nº 462.
19. Voyez à l'Appendice la liste des châtelains d'Amposte.
20. Cartulaire, IV, nº 910 bis.

Sources : Joseph Delaville Le Roulx. Les Hospitaliers en Terre Sainte et à Chypre (1100-1310). Paris, E. Leroux, 1904. In-8º, XIII-440 pages.
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