Les Templiers   Études   Les Croisades

Études réalisées sur les Templiers

Retour Etudes

Les Templiers - Première partie, chapitre 1.
Le Moyen-Age devait réaliser cette création unique dans les Annales des peuples : le moine soldat. Epoque épique dans les faits plus que dans les lettres, l’idéal, le rêve, fut le parfait chevalier ; mais il n’est vraiment parfait, digne de conquérir le Saint Graal, que s’il est religieux. Le moine soldat ! c’est-à-dire le soldat austère, pieux, pur, discipliné comme un moine, le moine courageux, noble, vaillant et généreux comme un chevalier. De celui-ci, il prendra les armes, de celui-là l’habit et la règle.

Pendant tout le Xe siècle, la Palestine fut le champ où les Fatimides et les Abbassides vidèrent leurs querelles intimes. La conquête de la Terre-Sainte par les croisés les réconcilia, et ils s’unirent pour chasser d’Orient les vainqueurs. Godefroy de Bouillon élu roi de Jérusalem avait une double mission, aussi difficile l’une que l’autre : défendre sa conquête et organiser l’administration du pays. Ce fut alors que surgirent simultanément deux ordres militaires, les Hospitaliers de Saint-Jean et les Templiers.

Les Templiers durent le jour à Hugues de Payens, gentil-homme champenois, qui s’offrit au roi pour protéger les pèlerins de Terre Sainte. Lui et ses neuf compagnons formèrent le premier noyau de la milice du Temple, ainsi nommée à cause de leur demeure élevée sur les ruines de l’ancien Temple.
Sur les instances du roi Baudouin II, Hugues de Payens reprit la route d’Occident pour solliciter l’approbation du pape Honorius II et recruter quelques autres chevaliers du Christ.

Une règle leur fut donnée, dit-on, par saint-Bernard, lors du concile de Troyes, ou peu après. A celte règle inspirée à coup sûr par saint Bernard, mais essentiellement bénédictine, trop austère pour des soldats, s’ajoutèrent des statuts relatifs aux droits et aux devoirs des frères et dignitaires, les ordonnances et les sanctions pénales, enfin un commentaire de ce code avec exemples à l’appui, suivi du cérémonial de la réception des frères dans l’ordre.

Les affiliés prononcèrent entre les mains du patriarche de Jérusalem les vœux d’obéissance, de pauvreté, de pureté et prirent l’engagement de combattre pour la défense de la Terre-Sainte. Une mission si honorable ne tarda pas à gagner tous les cœurs, les recrues affluèrent de toutes parts. A leur cinquantenaire, ils étaient plus de mille Templiers. Avec les recrues, vinrent également les dons en nature, et les pauvres chevaliers du Christ se trouvèrent bientôt au rang des plus riches et des plus puissants, en dépit de leur vœu de pauvreté. La fortune amena de tels adoucissements à leur règle, que le vœu de pureté en souffrit beaucoup, et comme d’autre part, les papes et les rois les comblèrent de privilèges, ils finirent par échapper à toute juridiction, contrairement à leur vœu d’obéissance : ce qui explique leur courte et tragique destinée.
L’ordre se divisait en chevaliers et servants. Ces derniers se subdivisaient en deux catégories, les sergents d’armes et les chapelains.

Les chevaliers se recrutaient exclusivement dans la noblesse et portaient seuls le manteau blanc à la croix rouge ; les autres religieux portaient des vêtements plus sombres et plus grossiers. Leur signe extérieur sur les champs de bataille était un étendard aux couleurs blanche et noire, qu’ils nommaient Beauséant.

Moins de 50 ans après leur fondation, les Templiers sont établis dans la Haute-Auvergne. Nous en avons la preuve dans le testament d’Hugues II, comte de Rodez, 8 octobre 1176, et le testament d’Henri I, comte de Rodez, août 1216 (1).

Nous pouvons aujourd’hui donner exactement le nom des préceptories du Temple, grâce aux recherches de nos infatigables érudits. Auguste Chassaing, en reproduisant les comptes de Jean de Trie, bailli d’Auvergne en 1293, nous permet de recueillir les noms de Celles, La Garde, Montfort et Ydes (2). L’onomastique de Tempel et de Moulin du Temple, à Jabrun, de maison du Temple à Salers, à Drugeac, est une preuve que ces biens appartenaient aux Templiers, puisqu’ils en portaient le nom attributif. Le Spicilegium Brivatense nous les montre possessionnés à Blesle, au Chambon, Farreyroles et Brioude (3) Le procès des Templiers met en relief les précepteurs des maisons ou granges d’Albignac, de Celles, de La Chassagne et du Monteil. Enfin l’inventaire des titres de la maison d’Armagnac nous donne le Temple de Murat (4). Ajoutons la chapelle de la Thelde, bâtie au sommet du puy de ce nom dans la paroisse de Saint-Pierre (5) et nous aurons donné toutes les maisons des Templiers dans le haut pays d’Auvergne.
Quels en furent les fondateurs ?

En 1749, l’archiviste de l’ordre de Malte, J. Batteney de Bonvouloir, qui dressa l’inventaire des archives du grand prieuré d’Auvergne, l’ignorait. Les documents perdus n’ont pas été retrouvés depuis. Il nous est impossible de donner une réponse terme, nous ne pouvons faire que des conjectures, ou répondre d’une manière générale : ce fut l’œuvre de tous, des petits qui portent leur obole, donnent une rente sur leur champ ou leur pré, des évêques qui abandonnent la propriété des églises et leur juridiction, des seigneurs qui donnent quelques cens. etc. Beaucoup de dons sont des actes de restitution ou la solde de quelques dettes contractées envers les Templiers, dans un pèlerinage fait au tombeau de Notre-Seigneur.
Généralement les chevaliers du Temple confièrent la garde et l’administration do leurs maisons aux servants, principalement les fermes. Ils se réservèrent, par contre, les forteresses. Elles étaient peu nombreuses dans le Haut-pays d’Auvergne : Carlat, Ydes et peut-être Celles.

Carlat
Département Cantal, Arrondissement d’Aurillac, Canton de Vic-sur-Cère - 15

Maison du Temple de Carlat
Maison du Temple de Carlat

Ce temple, placé dans l’enceinte do la forteresse, trahit son origine. Il ne peut avoir pour fondateur qu’un vicomte de Carlat. Mais, au XIIe siècle, la vicomté était indivise entre le comte de Barcelone et celui de Rodez. De Sartiges d’Angles (6) croit pouvoir attribuer cette fondation à Raymond Bérenger, époux de Douce de Carlat. Nous adoptons son sentiment. Raymond Bérenger visita Carlat en 1133, c’est précisément l’époque où il fit de grandes donations aux Templiers. Et de fait, lui seul avait un réel intérêt à placer des Templiers dans Carlat, parce que, trop éloigné, il ne pouvait surveiller cette partie de son domaine contre les agissements ou le mauvais vouloir d’un vassal puissant et mal conseillé par les comtes de Toulouse. En créant la maison du Temple de Carlat, il fit à la fois œuvre politique et religieuse.

Hugues II, comte de Rodez, par son testament en date du 8 octobre 1176, donna aux Templiers et aux Hospitaliers 600 sols à partager et à prendre sur le village de Banassès de Marcolès (7). L’un de ses successeurs Henri I, par son testament du mois d’août 1219, fit héritier la maison de Carlat de son alleu de Badailhac (8) ; puis, il partit en Terre Sainte à la suite des Allemands, il fut l’hôte des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et leur obligé. Les services qu’il reçut d’eux et des Templiers l’obligèrent à compléter son testament. Ce qu’il fit parmi codicille daté de Saint-Jean d’Acre, octobre 1221. Aux Templiers, il donne l’un de ses chevaux, celui qu’il acquit de Guillaume de Rochelaure ; il mande à Mir de la Roque de trancher le différend survenu entre lui et Jean de Fontanes, précepteur de la maison de Carlat, à propos de Badailhac, selon les désirs des Templiers ; enfin il leur concède les terres qu’il possède dans le Limousin (9), c’est à dire les membres de Marcheix, du Couderc, d’Orleat et de Corrèze, qui firent toujours partie de la commanderie de Carlat. Ce codicille se termine par une recommandation à son épouse Alcaète de Scoraille et à ses fils de protéger, défendre et conserver le Temple de Carlat. S’il recommande si chaleureusement ce Temple, c’est que son opinion s’est modifiée en sa faveur et qu’il voudrait modifier l’opinion des siens, détruire les préjugés et les rancunes qu’ils pourraient avoir.

Albinhac
Département: Cantal, Arrondissement et Canton: Aurillac, Commune: Brommat - 15

Domaine du Temple de Albinhac
Domaine du Temple de Albinhac

La maison d’Albinhac était située dans la paroisse de Saint-Paul-des-Landes, en Carladès. Berard Bonhomme en est précepteur en 1307. La chapelle était dédiée à Notre-Dame (10). Nous soulignons ce fait, général dans l’ordre du Temple.

La Chassagne
Département: Cantal, Arrondissement et Canton: Mauriac, Commune: Jaleyrac - 15

Domaine du Temple La Chassagne
Domaine du Temple La Chassagne

Lanobre, Trizac et Jaleyrac ont un village de ce nom dans leur territoire ; toutefois nous croyons qu’il s’agit ici de La Chassagne de Jaleyrac, la plus rapprochée d’Ydes, dont Etienne La Jarousse était en 1307 précepteur (11).

La Garde-Roussillon
Département: Cantal, Arrondissement: Saint-Flour, Canton: Chaudes-Aigues, Commune: Lieutadès - 15

Maison du Temple La Garde-Roussillon
Maison du Temple La Garde-Roussillon

A l’autre extrémité du département sur les confins de l’Aveyron, commune de Lieutadès, s’élève encore la chapelle de la Carde. Le Temple avait là une importante maison, deux moulins, la paroisse de Jabrun, des bois, des pacages, des cens considérables s’étendant à la moitié de la châtellenie de la Garde, car là, comme à Carlat, nous trouvons la même division : partie aux Templiers et partie aux comtes de Rodez à cause de la vicomté de Carlat. Cette similitude accuse le même fondateur, Raymond Bérenger de Barcelone. L’autre partie fut donnée par Hugues de Rodez à Astorg de Peyre (12). Les de Peyre et les de Canillac furent également les bienfaiteurs de cette maison administrée, en 1307, par Etienne de Lagarde et Vital Fabre. Les comptes de Jean de Trye, en 1293, citent le précepteur de la Garde, comme ayant payé la somme de trois livres, six sols (13).

Montfort
Département: Cantal, Arrondissement et Canton: Mauriac, Commune: Sourniac - 15

Domaine du Temple de Montfort
Domaine du Temple de Montfort

Montfort, autrefois dans la paroisse de Jaleyrac, aujour-d’hui dans celle d’Arches, est également porté par Jean de Trye, bailli d’Auvergne, au rang des préceptories de la milice du Temple (14). Au moins un quart du village appartenait à la maison de Sartiges. Au XVIe siècle, les chevaliers de Malte y possédaient encore une maison avec une tour.

Montfort
— Ferme, manoir, moulin et chapelle, commune d'Arches
— Preceptor de Montfort, 1293 (Spicil. Brivat)
— Reparium de Montforti, 1346 (Archives générales de Satiges)
— Il y avait à Montfort un commanderie de l'ordre du Temple.
Sources : Dictionnaire topographique du département de la Haute-Loire, par M. Auguste Chassaing. Paris Imprimerie Nationale MDCCCCVII. BNF

Le Monteil
Département: Cantal, Arrondissement: Mauriac, Canton: Mauriac, Commune: Saint-Rémy-de-Salers 15

Domaine du Temple Le Monteil
Domaine du Temple Le Monteil

Le Monteil était une grange du Temple, c’est-à-dire un domaine composé de maisons, granges, cours, jardins, prés, champs, montagnes et bois, situés dans la paroisse de Saint-Rémy-de-Salers, à l’endroit encore dit la terre du commandeur, la terra del cammandaïro. Elle avait les terres, prés du Lanion, du Riou-Gros, du Claux, de la Coste, del Gely, de la Barbe, de Ribeyrolles etc. Dalmace Gély en est précepteur, en 1294, et y reçoit Pierre de Montchoisy, probablement un Montignac. En 1307, Guérin Golfier, templier chapelain, est au Temple du Monteil. Il est plus que probable que le chef-lieu de cette Préceptorie était la belle maison des Templiers à Salers (15).

Monteil
— Hameau détruit, commune de Saint-Remy-de-Salers
— Le Montel, XVIIIe siècle (Cassini)
— Le Monteil faisait partie de la commanderie de Carlat. Un château parait y avoir existé et l'emplacement qu'il occupait est désigné au plan cadastral sous le nom de La Terra-del-Commandaïré.
Sources : Dictionnaire topographique du département de la Haute-Loire, par M. Auguste Chassaing. Paris Imprimerie Nationale MDCCCCVII. BNF

Murat
Département: Cantal, Arrondissement: Saint-Flour, Canton: Murat, Commune: Albepierre-Bredons - 15

Domaine du Temple de Murat
Domaine du Temple de Murat

Le Dictionnaire Statistique du Cantal, article Murat, dit que la chapelle de Saint-Gal construite au XIIIe siècle fut donnée aux Templiers de Montferrand. Ils y établirent en 1256 une maladrerie. Il y a évidemment beaucoup d’erreurs dans ce travail, mais généralement le fond est vrai. Saint-Gal était une léproserie, qui fut donnée aux Templiers de Murat. Leur maison était à l’emplacement de l’église paroissiale actuelle. Cette maison fut donnée au chapitre collégial, mais en retour Pierre de Bourbon, duc d’Auvergne, donna en dédommagement au commandeur de Carlat, une maison sise à Aurillac. Evidemment si la maison de Carlat profite de cet échange, c’est que la maison de Murat dépendait de la commanderie de Carlat. En désignant Montferrand, l’auteur de l’article désigne le chef-lieu des préceptories d’Auvergne, la résidence du maître de la province (16).

Ydes
Département: Cantal, Arrondissement: Mauriac, Canton: Ydes - 15

Maison du Temple d’Ydes
Maison du Temple d’Ydes

Dans ses comptes, Jean de Trye porte avoir reçu du précepteur de la milice du Temple d’Ydes 36 sols (17). Il nous reste de cet ancien Temple, l’église romane, monument historique, du XIIe siècle. Le porche et le chevet sont prodigieusement riches en sculptures et ne démentent pas cette affirmation d’un défenseur du Temple : « Nos églises sont les plus belles. » Nous pourrions ajouter que de toutes les chapelles des Templiers et des Hospitaliers, la plus belle est bien Ydes. Les autres ne méritent même pas une citation. Il fallait que le fondateur du Temple d’Ydes fut prodigieusement riche. Quel était-il ? Un Madic ? Un Ventadour ? Un vicomte de Limoges ? Nous l’ignorons, mais la maison de Madic fournit à l’ordre du Temple des chevaliers des plus distingués, comme Pierre de Madic, maître des Temples d’Aquitaine en 1288, Pierre de Madic, maître de la milice d’Auvergne en 1294, Guillaume et Hugues de Madic, chevaliers, etc.

Toutefois une transaction passée en 1549 entre Guichard de Courtain, commandeur d’Ydes, et Joachim de Chabannes comte de Saignes et Madic, nous apprend que la commanderie d’Ydes relève en fief des seigneurs de Saignes (18). On peut semble-t-il inférer de cet acte, que le fondateur fut un des comtes de cette illustre maison, probablement Odon en 1187. Et ce qui donne encore plus de poids à cette opinion, c’est que Géraud de Sauzet, commandeur d’Ydes, transigea en 1281 pour la justice et reconnut celle de Bertrand de la Tour, comte de Saignes (18). Donc, au XIIIe siècle, les Templiers de la préceptorie d’Ydes s’avouaient vassaux de la seigneurie de Saignes.
Ce Géraud de Sauzet, dont le nom revient souvent dans les actes du procès des Templiers, était précepteur d’Antioche en 1268. Il fut victime d’une singulière négligence de la part du grand maître, Thomas Béraud.

En mai 1268, le précepteur d’Antioche était cantonné avec ses chevaliers et servants dans le fort Gastins, placé sur les contreforts de l’Amanus et gardant Antioche, lorsqu’il apprit l’arrivée du Soudan Bibars, qui avait cette dernière place pour objectif. Il prévint immédiatement le grand-maître et lui demanda des hommes et des armes. Le grand-maître lui fit répondre qu’il enverrait des hommes à Antioche pour défendre la ville. Quant à lui, il n’avait rien à craindre.

Les secours arrivèrent deux jours trop tard. La situation des Templiers était d’autant plus critique que Bibars marchait droit sur Gastins. Pendant qu’ils dînaient, un frère lai, du nom de Guy de Belain, prit les clefs de la forteresse et les porta au Soudan. Dès qu’ils eurent connaissance de la trahison, les Templiers tinrent un conseil de guerre. Les chevaliers voulaient combattre et mourir, les servants voulaient fuir. Ce dernier avis, le moins généreux, mais le plus pratique, fut suivi. Chevaliers et servants prirent tout ce qu’ils purent, brisèrent le reste et se retirèrent en bon ordre, harcelés par l’ennemi et s’en furent au fort Guillaume, qu’ils restaurèrent. Le grand-maître eut grande douleur. Son imprévoyance et sa haine pour Bohémond avaient causé ces malheurs. Geoffroy de Charmon succéda à Géraud de Sauzet en 1283.

Le Temple d’Ydes possédait une seconde chapelle, placée sur un pic élevé et dédiée à Notre Dame du Puy, une maison de maître avec sa grange, ses écuries, cours, jardins, prés et champs dit des Banieres Long, les Champs Long, les Champs Plot, les Runolloix, les Rondaux, la Sagniolle etc., plus un bois, des dîmes et quelques rentes (19). Ses membres furent la chapelle de Courtille avec ses prés du Borneix, de Courleix, de Mathieu, de la Gasne, ses terres du Verdier, de La Vergne et de l’Estrade (commune de Vebret) et des rentes, et le membre de Longevergne dans la paroisse d’Anglards-de-Salers.

Ydes
— Régis par le droit coutumier, était le siège de la justice de la commanderie, qui ressort de la sénéchaussée d'Auvergne.
— Ydes a été d'abord une Maison de l'ordre du Temple, puis une commanderie de Saint-Jean de Jérusalem.
— Les Hospitaliers de Saint-Jean en ont fait un membre de la commanderie de Pont-Vieux.
— L'église d'Ydes, dédiée à Saint-Georges, était la chapelle de la commanderie.
Sources : Dictionnaire topographique du département de la Haute-Loire, par M. Auguste Chassaing. Paris Imprimerie Nationale MDCCCCVII. BNF

Brioude
Département: Haute-Loire, Arrondissement et Canton: Brioude - 43

Domaine du Temple de Brioude
Domaine du Temple de Brioude

Nous ne savons pas au juste, ce que les Templiers possédaient dans la ville de Brioude et aux alentours, très certainement les biens dont les Hospitaliers de Saint-Jean constituèrent ce membre, savoir : une chapelle dans Brioude, une maison, une vigne à Paulhac, un bois de sapin à Chalignac et quelques rentes.

En février 1228, Fulcon de Montpezat, maître du Temple de Provence et d’Aragon, et Guillaume d’Aulhac, précepteur du Temple du Chambon, transigent et délimitent leurs possessions à Brioude, au Chambon, à Saint-Ferréol. Souscrivent à cet acte Durand et Guy de Loret, templiers, Guillaume de la Tour, prévôt de Brioude, Bernard de Rochefort, abbé de Brioude, Robert de Courcelles, abbé de Saint-Germain (20).

Brioude
— La Gleyza de Breule, Breyde, Breyude, 1341 (Terrier de la commanderie de Charbonnier)
— L'église Saint-Jean de l'Ordre de Malte.
Sources : Dictionnaire topographique du département de la Haute-Loire, par M. Auguste Chassaing. Paris Imprimerie Nationale MDCCCCVII. BNF

Le Chambon
Département: Haute-Loire, Arrondissement et Canton: Brioude, Commune: Cohade - 43

Domaine du Temple Le Chambon
Domaine du Temple Le Chambon

Le Chambon était dans la commune de Cohade (Haute-Loire). Cette préceptorie se composait d’une église dédiée à Saint-Georges, le saint préféré des Templiers, d’un bâtiment d’exploitation autour duquel se trouvaient les terres de Chaulat et Vignolon, les prés du Chambon, de Lubère, de La Fontenille, de la Commanderie ; elle avait également quelques cens et dîmes (21).
Au temps des guerres religieuses les bâtiments furent incendiés et ruinés, ils ne s’en relevèrent pas ; seule la chapelle survécut jusqu’à la Révolution.

Le Chambon fut fondé par les comtes Dauphins. En 1295, Hugues Dauphin, seigneur de Léothoing, passa transaction avec Pierre de Madic, précepteur des maisons du Temple en Auvergne, au sujet de la justice du village de Farreyroles.
Guillaume Charnier, précepteur du Temple du Chambon en 1279, y fit recevoir son neveu Hugues par Raymond du Buisson, précepteur d’Auvergne. Barthélémy Vassal y fut reçu en 1304 par Hugues de Peyraud, visiteur de France (22).

Le Chambon
— Localité détruite.
— Villa de Chambo, 1228 (Spic. Brive)
— Le Commanderie du Chambon, 1607 (Terrier du chapitre de Brive)
— Chambon de Brioude, 1616 (Archives du Rhône, H 2153)
— Saint-Jean, XVIIIe siècle (Cassini)
Sources : Dictionnaire topographique du département de la Haute-Loire, par M. Auguste Chassaing. Paris Imprimerie Nationale MDCCCCVII. BNF

Celles
Département, Cantal, Arrondissement: Saint-Flour, Canton: Murat - 15

Maison du Temple de Celles
Maison du Temple de Celles

Dans cette majestueuse et pittoresque vallée de l’Alagnon, d’où surgissent des géants de basalte, aux cimes couronnées de vieilles ruines féodales, pendant qu’à leurs pieds coulent les eaux babillantes des ruisseaux, qui vont de cascade en cascade se jeter dans la rivière, le château de Celles est assis sur le versant nord de la vallée, à l’ombre des grands bois, dans un lieu plutôt sauvage qui ne permet pas de conclure à une origine se rattachant au sacellum gallo-romain, mais plutôt à la celle de quelques pieux ermite, qui aurait construit là sa cellule monacale, d’où son nom de Celles.

En tout cas, au XIIe siècle Celles, était un fief seigneurial, qui donna son nom à une famille, dont le dernier rejeton fut Dalmace de Celles. En 1216, il souscrit avec son frère Paterne à la donation des biens de Durand Passire au prieuré de Bredom. Un des rédacteurs du Dictionnaire statistique du Cantal affirme qu’en 1213 il donna ses biens au Temple et se fit donat. Nous n’avons pu retrouver le document sur lequel il s’appuie ; mais il demeure acquis que le fief de Celles devint, dès cette époque, une des grandes maisons du Temple.
En 1216 les Templiers sont à Celles et le précepteur Pierre de Lespinasse reçoit de Bertrand de Rochefort, chevalier, la donation de cent sols de rentes assises sur le village de Sévérac (23).

Le commandeur et le donateur portent deux noms bien connus dans les archiprêtrés de Brioude, Blesle et Saint-Flour, et sont de races de chevaliers et de moines. Les Rochefort de très haut lignage, divisés en plusieurs branches possèdent les seigneuries de Rochefort, Aurouse, Mardogne, Moissac, Fortuniers, etc. Riches ils dotent les ordres religieux, les Templiers en particulier, auxquels ils donnent une maison dans le prieuré de Bonnac, devenu aujourd’hui le village de Tempel, corruption du mot Temple. Ce Bertrand de Rochefort d’après le Dictionnaire statistique du Cantal aurait succédé à Pierre de Lespinasse en 1247. Cette date rapprochée de celle de 1246 nous étonne un peu, d’autant que l’auteur de l’article a dressé une liste où se sont glissées beaucoup d’erreurs.

Les Lespinasse étaient originaires de Saint-Bauzire. En 1212, Aude, femme de Robert de Lespinasse, donne les Chazeaux aux Templiers du Puy.
En 1268, le précepteur de la maison de Celles eut raison des oppositions de Guillelmette, dite la Rodiere de Celeant, et garda toutes les dîmes du village de Baynac (24).

L’inventaire de Batteney nous apprend qu’en 1278 le commandeur de Celles fut choisi pour arbitre du différend survenu entre Milon et Hugues de Rochefort, frères, au sujet du partage des biens paternels sis en la commanderie de Celles.
Pierre du Buisson, précepteur de Celles, fut le principal instigateur de l’affaire du Buisson longuement contée par M. Marcellin Boudet dans le Cartulaire de Saint-Flour Nous ne ferons que l’effleurer renvoyant à cet auteur pour le surplus. Le seigneur du Buisson devait l’hommage au prieur de Saint-Flour, Geoffroy le Vert, il ne l’avait pas rendu depuis huit ans et n’avait point l’intention de le rendre, car il était sous l’influence de ses oncles Pierre et Raymond du Buisson, templiers. En 1281, le prieur somma son vassal de lui rendre les devoirs féodaux. Fulcon du Buisson refusa. Pierre du Buisson, précepteur de Celles, encouragea la résistance. Le prieur déféra le conflit au juge épiscopal Etienne, celui-ci fit immédiatement occuper le château du Buisson. Le propriétaire et le prieur eurent alors recours selon la coutume de l’époque à un arbitrage. D’un commun accord ils désignèrent Guibert de Peyre, seigneur de Pierrefort, qui exigea un gage en cas de dédit. Il fut fixé à cent marcs d’argent, somme relativement élevée pour l’époque.

La sentence obligeait Fulcon du Buisson à l’hommage envers le prieur et interdisait aux deux templiers Pierre et Raymond, de mettre les pieds au Buisson, soit pour leur compte, soit pour celui de l’ordre (25).

Le précepteur de Celles ne se tint pas pour battu, il imagina une nouvelle combinaison ; il possédait près des Ternes, le village du Fayet, il en fit l’aveu au roi et passa avec lui un contrat de pariage par les soins de Pierre de Villemignon, bailli royal des montagnes, le 30 septembre 1283 (26).

Le prieur se contenta de parer ce coup en publiant un vidimus de la bulle du pape Nicolas III, excommuniant les usurpateurs des biens de l’ordre de Cluny. Le templier ne se crut pas atteint et lit la guerre au prieur, elle ne cessa que grâce à la haute intervention de Béraud VI de Mercœur, suzerain en partie de Celles, qui condamna le précepteur à 300 livres de dommages et intérêts et à la restitution de ce qu’il leur avait pris aux tenanciers de l’ordre (27).

Après Pierre du Buisson, chevalier, nous trouvons à la tête de la préceptorie un servant, originaire de Brioude, nommé Durand Charnier. Il reçoit diverses donations de rentes et de dîmes en 1292. L’année suivante, Pierre et Renaud de Chapelle, exécuteurs testamentaires d’Astruge, épouse de Pierre, transmettent au précepteur tout ce qu’ils possèdent de rentes sur le village de La Chaulou, paroisse de Celles.
Guillaume Charnier, neveu du précédent, fut un de ses successeurs. Il avait été portier du pape Nicolas III, templier à Civitta-Veechia, enfin précepteur de Celles où il acquit du vicomte Guillaume de Murat, on 1295, le village de La Champ en Planèze.

C’est ainsi que par donations ou acquisitions les Templiers reculaient les bornes de leurs domaines. Leur action incessante rencontrait des oppositions, nous l’avons vu pour Pierre du Buisson et Jean de Fontanes, et leurs adversaires avaient difficilement raison de leur ténacité. D’autre part leurs maisons, leurs églises ou chapelles, sur le territoire, formaient de petites enclaves indépendantes de toute juridiction civile ou ecclésiastique. Par deux fois dans le diocèse d’Auvergne, le pape était intervenu en leur faveur contre les évêques, en 1212 et 1290. Aussi avaient-ils de nombreux ennemis, surtout dans le clergé séculier et dans les ordres mendiants, ces rois, alors, de l’opinion.

Le dernier précepteur de Celles fut Hugues Charnier, frère de Guillaume, il fut reçu au Temple de Chamberaud par Pierre du Buisson, précepteur de Palluet, en 1280. Envoyé au temple de Tortosa, il fut à son retour nommé précepteur de Celles.


Chapitre II
Chassés de terre sainte, les Templiers se trouvaient sans but, il fallut s’en créer un nouveau. N’étant point clercs ils ne pouvaient, à l’instar des autres religieux, exercer le ministère du culte, ils se consacrèrent au gouvernement de leurs biens, à la politique et aux opérations financières.

Ils avaient transporté le siège de leur ordre en Chypre, où en 1306, ils détrônaient Henri de Lusignan pour donner le pouvoir à son frère Amaury, prince de Tyr, l’année même où les Hospitaliers toujours fidèles à leur mission quittaient Limisso pour conquérir l’île de Rhodes. L’ordre du Temple pouvait compter, selon les évaluations d’un contemporain (28) quinze mille religieux, dont le plus grand nombre disséminés dans toutes les maisons de l’Europe.

Ce n’était pas la seule contradiction entre les deux ordres. Tandis que l’Hôpital s’adonne à la charité, le Temple s’occupe surtout d’opérations de bourse et dispute aux Juifs et aux Lombards le monopole de la finance.

Banquiers des papes et des rois, ayant une flotte superbe, hautains et intrigants jusqu’à soutenir Philippe le Bel contre le pape Boniface VIII, ils ont contre eux l’opinion. Ils peuvent quêter partout, toute autre quête cessante, ils peuvent célébrer la messe partout, même dans les églises interdites, les évêques sont obligés d’accepter le choix de leurs curés, ils n’ont aucune juridiction sur eux, ils sont une anarchie religieuse et une puissance redoutée au milieu de l’anarchie féodale. Les rois qui les redoutent, comme ceux do Portugal, de l’Aragon et de la Castille, sont leurs alliés. Dans certaines régions, on accuse leur intempérance, d’où le proverbe « boire comme un Templier. » Les mystères dont ils entourent leurs affaires particulières éveillent les soupçons et autorisent la médisance.

Le milieu cosmopolite, dans lequel ils vivaient, n’était point fait pour des religieux ; comme tels, ils n’avaient guère que l’habit. Peu de noviciat, point de formation, peu ou pas d’éducation, ils furent soldats courageux et vaillants, ne reculant pas devant le fer et le feu, mais les subtilités juridiques d’un Guillaume de Nogaret ou les questions insidieuses des Inquisiteurs de la Foi les mirent facilement en déroule. Quelle revanche de la force intellectuelle sur la force physique !

Les papes étaient parfaitement renseignés sur les Templiers, puisque depuis Innocent III jusqu’à Clément V, tous essayèrent de les réformer ou de les unir à l’Hôpital, mais en vain ; ils se heurtèrent à leur mauvais vouloir.
Le grand-maître, Jacques Molay, voulant justifier l’ordre, demanda une enquête au pape Clément V, (24 août 1307), qui accepta et avertit Philippe le Bel, roi de France. Ce fut une imprudence, car le roi se défiant de la lenteur des officialités et des immunités ecclésiastiques, s’empressa de tenir conseil à l’abbaye Maubuisson, à l’issue duquel les sceaux furent retirés à Gilles Aycelin, archevêque de Narbonne, et confiés à Guillaume de Nogaret, l’homme d’Agnani. Le choix était significatif, il indiquait clairement les intentions de la cour de France à l’égard des Templiers. Nogaret agit avec une rapidité foudroyante, le 13 octobre presque tous les Templiers de France étaient arrêtés. Toutefois quelques-uns prirent la fuite, de ce nombre furent Humbert Charnier, servant à Celles, Humbert Blanc, grand prieur d’Auvergne, etc. Il
Il est impossible de savoir combien de Templiers furent arrêtés dans le diocèse do Clermont dont le Haut-Pays faisait partie. L’une des maisons les plus compromise fut Celles.

Les Templiers arrêtés furent incarcérés au Temple de Montferrand et à Riom. Le 18 octobre, Guillaume Imbert, dit Guillaume de Paris, pour montrer sa puissance, ordonna aux inquisiteurs d’entendre les Templiers.

Ceux du diocèse de Clermont comparurent devant Etienne de Bosredon et Durand Vassal, frères prêcheurs, inquisiteurs-juges on matière d’orthodoxie. On devine les pitoyables réponses des chevaliers ; mais ce qui surprit, ce furent celles des frères chapelains. Il est vrai que la justice civile prêtait son concours aux juges delà foi et n’hésitait pas, pour obtenir des aveux, à employer les moyens trop longtemps admis par les législations et les peuples : les promesses trompeuses, la question et la torture. Les agents du roi de France en firent un usage immodéré.
Clément V blâma les inquisiteurs et cassa toute cette procédure barbare. Une campagne de pression et de diffamation fut aussitôt ouverte contre le souverain pontife.

Philippe le Bel convoqua les Etats-Généraux, les députés nommés se réunirent à Tours avec des mandats fort imprécis : faire ce qui sera opportun, ou encore adhérer à toute chose licite portaient ceux de Mauriac et de Brioude. Ceci n’avait rien de rassurant pour l’ordre. La suppression fut votée par acclamation.

Le pape Clément V eut à tenir compte de ce vote et rendit aux évêques et aux inquisiteurs tous leurs droits et pouvoirs (5 juillet 1308). Une nouvelle procédure allait commencer.

Par lettres pastorales datées de Cournon, 4 juin 1309, Albert Aycelin, évêque de Clermont (29), enjoignit à tous les Templiers de se présenter devant la commission épiscopale sous peine d’être condamnés par contumace. Cette lettre fut lue au prône le dimanche suivant, mais les Templiers en fuite ne se présentèrent pas.

La commission diocésaine nommée et présidée par l’évêque (30) se réunit dans le palais épiscopal de Clermont. Elle entendit soixante-neuf Templiers. C’est du moins le nombre inscrit sur les documents que nous avons consultés et comme tous ne sont pas parvenus jusqu’à nous, nous ne pouvons pas affirmer que c’est là le total des chevaliers arrêtés dans le diocèse d’Auvergne.
Furent du nombre des Templiers entendus par la commission épiscopale Hugues, Durand et Guillaume Charnier, Guillaume Textoris, curé de Celles, Géraud Sudre, Guillaume de Mazayes, Guillaume Lespinasse, Barthélémy d’Ussel, Durand Aldebert, André Jacob, Guillaume Arnaud, etc. du Temple de Celles ; Bertrand de Sartiges, précepteur de Carlat ; Pierre Aurelhe, curé de Carlat ; Guillaume Ross, etc., de la maison de Carlat ; Etienne La Jarousse, dit Bora, curé d’Ydes, précepteur de la Chassagne ; Etienne d’Ydes, dit de la Roussille, etc., de la maison d’Ydes ; Guérin Golfier, prêtre, Pierre de Montignac du Temple du Monteil ; Etienne Lagarde, prêtre, et Vital Fabre de la maison de la Garde Roussillon, Durand de Lastic, Jean Sarrazin, Pierre de Brezons (Brecinœ) que certains traduisent par de Bréon (31), Jean Robert prêtre, Géraud Bosse, Robert Vigier, Pierre de Montcelles, Jean de la Roussière, etc.

La majorité plaida coupable et certains entrèrent dans de longs détails sur les mœurs et les coutumes du Temple (32). On peut aisément analyser et ramener à six ou sept griefs leurs dépositions : l’apostasie, la profanation des sacrements, les pratiques mauvaises, la superstition, l’idolâtrie et l’injustice.

Durand Charnier de Celles affirme que lorsqu’à sa réception dans l’ordre, à Celles, en 1280, par Pierre de Madic en présence de Jean Senaud, Hugues Charnier, Humbert Charnier aujourd’hui en fuite, Durand Charnier et Guibert de Carlat etc. on lui présenta le crucifix, son oncle Guillaume Vivayrol, lui dit de cracher dessus, car Jésus-Christ n’était point mort pour nos péchés, mais pour expier les siens.

Bernard de Villars parle dans le même sens et accuse les grands prieurs de l’avoir poussé à la profanation des sacrements en lui conseillant de ne pas prononcer les paroles sacramentelles delà messe et de ne se confesser qu’aux prêtres du Temple ou aux Carmes ; il les accuse également de superstition et d’idolâtrie, parce que le jour de sa réception, il avait enroulé sa ceinture autour d’une camée appelé caput. Ce caput n’était pas le légendaire Baphomet, mais un reliquaire très précieux et vénéré des chefs de l’ordre. Pierre de Madic en lui remettant le cordon, qu’il avait déposé sur les reliques du saint ne commettait aucun acte de superstition, ni d’idolâtrie : tous les ordres religieux font ainsi.
Ce qu’il y a de curieux dans ces dépositions, c’est l’identité des accusations et l’assurance presqu’inconsciente des chevaliers. Après chaque déposition accusatrice, les notaires apostoliques écrivent qu’ils ont déposé avec simplicité, clarté et sans trouble se disant prêts à répéter devant n’importe qui cette déposition (33). Et pourtant aucun n’apporte de preuves matérielles, ni une idole, ni une règle secrète, ni un livre hérétique, pas même un coran ravi aux musulmans. Rien que des accusations vagues et qu’on ne trouve, comme par hasard, que sur les lèvres des Templiers, qui eurent le malheur de tomber entre les mains du roi de France. La question et la torture ne seraient-elles pas pour quelque chose dans ces aveux déshonorants pour l’ordre ?

La commission diocésaine entendait les Templiers, les évêques de la province de Bourges ou leurs délégués prononçaient la sentence. Ce fut ainsi que Guillaume Textoris, curé de Celles, fut réconcilié par l’évêque de Clermont, Guillaume de Mazayes, par un frère mineur de Saint-Flour, etc. (34)
Le Pape s’était réservé la question de l’ordre. Une commission pontificale fut chargée d’examiner sa culpabilité. Plusieurs chevaliers d’Auvergne furent envoyés à Paris pour comparaître devant elle.

Ce furent d’abord, le 14 mars 1310, Bertrand de Sartiges, Odon de Vendat, Pierre de Colongne, Guillaume Ros, puis le 15, Robert Vigier, le 18, Jean de Luguet, Géraud Besse, André Jacob, Pierre de Montagnac, Jean Delort, Jean de La Roussière, Etienne La Roussilhe, Pierre de Brezons, Bernard Charnier, Jean Robert, prêtre, Guillaume de Bréon, Etienne Lagarde prêtre, Pierre du Breuil, Guillaume de Lespinasse et Guillaume Roux (35). Les dépositions étaient enregistrées par les notaires apostoliques Guillaume Rodolphe, de Saint-Flour, et de Felines.
Le mercredi, 2 avril, Bertrand de Sartiges, interné à l’abbaye Sainte-Geneviève fut entendu de nouveau avec sept frères (36).
Ceux qui étaient enfermés dans la maison de Pierre de Savoie, furent entendus par l’évêque de Mende, l’évêque de Limoges et l’archidiacre de Trente, les autres membres de la commission s’étant excusés. Là, se trouvaient Bernard de Villars, précepteur de la Roche-Saint-Pol, âgé de 40 ans, et dont l’importante déposition a été donnée par M. Marcellin Boudet dans la Revue de la Haute-Auvergne (37). Guillaume Textoris, Guillaume de Mazayes, Jean Adam précepteur de La Tourelle, Jean Senaud, précepteur de La Foulhouse, Hugues Charnier, précepteur de Saint-Pourçain, Bertrand d’Auzons, Etienne de Cellery ou Cellarier, Pierre de Bonnefons, Bernard Bonhomme, précepteur du Temple d’Albinhac (38).
De toutes ces dépositions, nous en retiendrons trois, celle de Bertrand de Sartiges qui plaide innocent, et celles de Mazayes et de Textoris qui s’avouent coupables et accusent le défenseur de l’ordre. Des quatre chevaliers choisis par les 546 Templiers qui plaidaient non coupables, l’un des plus instruits, des plus habiles, le plus éloquent peut-être, fut le précepteur de Carlat, mais ses moyens de défense furent absolument paralysés par les deux dépositions suivantes.

Guillaume de Mazayes était un donat, âgé de 50 ans, qui fut reçu dans l’ordre à l’Age de 30 ans, un jour de fête de l’Assomption, à Celles. Le chevalier qui le reçut était Bertrand de Sartiges (aujourd’hui un des quatre défenseurs de l’ordre) (39), la cérémonie eut lieu en présence de Guillaume Textoris, curé de Celles, (aujourd’hui témoin et non encore examiné par la commission) (40), Pierre d’Alleyrac, Durand Charnier, Guillaume Charnier détenus A Riom, Martin et quelques autres dont il ignore le sort. Il affirme que non seulement de Sartiges lui donna des conseils d’immoralité, mais encore lui fit renier le Christ.
Guillaume Textoris, curé de Celles, âgé de près de 80 ans, avait été reçu au Temple de Celles par IHmbert Blanc, (détenu aujourd’hui en Angleterre). A cette réception assistaient Géraud Sudre, Bernard et Durand Charnier. On lui fit renier Jésus-Christ, comme à Guillaume de Mazayes, qu’il vit recevoir par Bertrand de Sartiges Ces deux dépositions donnaient le coup de grâce au précepteur de Carlat et réduisaient au silence le défenseur de l’ordre.

Mazayes et Textoris avaient été entendus déjà par la commission de Clermont, comme du reste tous ceux qui furent interrogés par la commission pontificale. La grosse majorité s’était reconnue coupable, avait été absoute et réconciliée.
Parallèlement à la commission pontificale, chaque concile provinciaux s’occupa de la question des Templiers, celui de la province de Bourges, fut présidé par l’archevêque Eloi Colonna, ancien religieux des Ermites de Saint-Augustin, l’un des prélats les plus savants de l’époque, 1311. Il se fit attribuer le Temple de Bourges, mais les actes de ce concile ne sont pas parvenus jusqu’à nous.
Le Temple tomba sans honneur, le concile de Vienne abolit l’ordre par mesure disciplinaire. Telle fut sa fin, 22 mars 1312.
Sources : BOUFFET (ABBE Henri) - Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean en Haute-Auvergne. BNF

Notes
1. Archives du palais de Monaco, G 13, dos. 141, n° 40 et n° 42, reproduits dans l’ouvrage si documenté de Saige et Conte de Dienne. Documents historiques sur la vicomté de Carlat.
2. Spicilegium Brioatense, page 212.
3. Page 31. Cum controversia esset inter Templarios ex una parte et capitulum Brivatense ex altera, super possessionibus et rebus aliis in villis Brivate et Sancti-Ferreoli et de Cambo et de Sancto. - Germano et extra sitis. P. 228. Preceptor domus templi de Ferreirolas.
4. G. Saige et Conte de Dienne. Op. cit., tome I, p. 600.
5. Dr de Ribier. Charlus-Champagnac, p. 19.
6. Dictionnaire Statistique du Cantal, arrondissement Carlat.
7. G. Saige et vicomte de Dienne. Documents sur la vicomté de Carlat, t II, page 9. Le village est aujourd’hui détruit.
8. Archives de Monaco, G. 13, dossier 141, n° 2.
9. Lego eidem domui Tompli allodium et herbargium quod habeo circa et juxta limosum. Bibliothèque nationale, fonds Doat, tome 169, folio 233.
10. A. Trudon des Ormes. Les Templiers, 1900.
11. Ibid.
12. Ch. Felgères. Histoire de la baronnie de Chaudesaignes p. 50.
13. Aug. Chassaing. Spieilegium, p. 212.
14 et 15. Ibid.
15. G. Saige et Comte de Dienne. Doc. Sur la vicomté de Carlat, tome I, page 600 et 601.
16. De préceptore d’Isda. Auguste, Chassaing.
17. Archives du Puy-de-Dôme, série II, 6.
18. Ibidem.
19. Archives du Rhône, H 138. L’église du Temple d’Ydes fut dédiée à St-Georges.
20. Archives nationales manuscrits Baluze, vi, p. 8., n. 2.
21. Archives du Rhône. H 138.
22. Trudon des Ormes. Liste de quelques maisons du Temple, et Archives nationales : Procès de Clermont, pièces 3 et 4, de la collection Baluze.
23. Archives du Rhône, H 4, Inventaire Batteney, charte 2, n° 1.
24. Archives du Rhône, H 4. Inventaire Batteney chapitre 3, n° 1. Le nom de Celeant est probablement mal orthographié et désigne ou le Sailhens, ou Celant dans la commune de Valuéjol.
25. Cartulaire de Saint-Flour, page CCLXIII.
26. Saige et comte de Dienne. Documents sur la vicomté de Carlat, charte XVIII.
27. Cartulaire de Saint-Flour, page CCCLXIII
28. Ferretus Vicentius. Historia (Muratori, IX, 1018).
29. Albert ou Arbert Aycelin était fils de Guillaume et d’une du Breuil, neveu de Gilles Aycelin, archevêque de Narbonne, précédemment chanoine de Clermont et archidiacre de Chartres, il fut préconisé le 25 septembre 1307. Il fut contre les Templiers, le nombre considérable de pièces qu’il fit examiner par la commission pontificale le prouve. C’était également une créature de Philippe le Bel.
30. Elle se composait d’Etienne Chausit, de Pierre et Albert de Chaslus, chanoines de la cathédrale, de Jean de Rignac et Guillaume Vidal, frères prêcheurs. d’Albert de Thunières et Astorg de Marieuge, frères mineurs, de Guillaume Raoux et Fulcon Vallat notaires apostoliques, ces deux derniers ex-députés des villes du Haut-Pays d’Auvergne aux Etats de Tours
31. y avait à la fois un : Pierre de Brezons et un Guillaume de Bréon.
32. Bibliothèque nationale, Rouleaux Baluze, 3 et 4.
33. Bibliothèque nationale. Rouleaux Baluze, 4, pièces 32 et 33.
34. Michelet. Procès des Templiers, tome 1, page 241.
35. Trésor des Charles, J. 413, et Michelet : Procès des Templiers.
36. Michelet. Le Procès des Templiers, t, I, page 113.
37. Michelet, procès des Templiers, T. II, 1900. M. Marcellin Boudet possède la copie du 4e rouleau de Baluze par Dalaure, qu’il nous a permis de consulter.
38. Michelet : Procès des Templiers, t. II, page 211.
39. Qui est unus de quatuor assuinpitus ad defensionem ordinis in isto processuf.
40. Teste hodie jurato, sed non examinato.

Sources : BOUFFET (ABBE Henri) - Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean en Haute-Auvergne. BNF

Retour Etudes

Haut-page

Licence Creative Commons
Les Templiers et Les Croisades de Jack Bocar est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas de Modification 4.0 International.
Fondé(e) sur une oeuvre à http://www.templiers.net/.
Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à http://www.templiers.net/.