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Études réalisées sur les Templiers

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Pierres tombales de la chapelle du Creac'h

D'autres monuments des Templiers, desquels j'ai à entretenir ici la Société des Antiquaires de France, sont des tombes plates dont est parée une petite chapelle de Saint-Jean, près du hameau de Greac'h, à une demi-lieue de Saint-Brieuc, chef-lieu des Côtes d'Armor.

Chapelle du Creac'h

Chapelle du Creac'h
Domaine du Temple de Creac'h

Je ferai d'abord observer que toutes les églises, prieurés ou chapelles, de l'ordre du Temple, sont généralement sous l'invocation de saint Jean l'évangéliste ou sous celle de la sainte Vierge, en laquelle cet ordre avait une grande dévotion.

La petite chapelle de Saint-Jean en Creac'h est fort simple ; cependant elle présente encore dans sa construction le cachet de deux époques déférentes. Son portail, ainsi que sa façade, ont été réédifiés dans des temps modernes ; le reste peut dater du XIIIe siècle. Les paysans du lieu ont encore conservé la tradition qui l'attribue aux Templiers, et le souvenir du procès inique intenté à ces illustres chevaliers, qui sont généralement encore appelés dans les campagnes de la Bretagne les moines rouges (ar mauac'h ruz), à cause de la croix rouge qu'ils portaient sur leurs manteaux.

Plate tombe

Plate tombe
Plate tombe

Les tombes dont nous allons donner la description sont ornées de grandes croix de différentes formes, d'écussons de famille, et de quelques emblèmes particuliers, le tout gravé dans la pierre, et même d'une manière assez grossière. Nous donnons les figures des plus remarquables de ces tombes, dont aucune ne porte d'inscription.

Pierre gothique

Pierre gothique
Pierre gothique

Sur la Seule première est une grande croix pattée, sortant d'une base, et surmontée d'une arcade gothique. Au côté gauche de cette croix est représentée une cloche, et au côté droit une tenaille, emblèmes de la profession de celui dont elle recouvrait les cendres, et qui était sans doute un ouvrier forgeron et fondeur, par conséquent un frère servant, faisant partie de ce qu'on nommait dans l'ordre la milice inférieure, un de ces frères qui y étaient admis, comme on disait, "artis gratia". Ces frères, ordinairement maréchaux, forgerons, armuriers, etc., étaient distingués par un costume particulier; ils n'avaient pas les vêtements blancs de la milice noble ou supérieure ; les leurs consistaient principalement en une dalmatique noire ayant devant et derrière une grande croix blanche de la forme de celle représentée ici. Leurs bottes et leurs éperons étaient noirs, ainsi que la garniture de leurs épées.

Pierre d'un commandeur

Pierre d'un commandeur
Pierre d'un commandeur

La seconde tombe est au contraire celle d'un dignitaire de l'ordre, celle d'un commandeur ou d'un bailli, ainsi que l'indique la double croix re-croisetée qui y est représentée, et qui est plantée dans un piédestal à gradins. Au côté gauche de la croix est gravé ce heaume ou casque de forme si bizarre et à sommet tout plat, en usage surtout pendant le règne de Louis IX.

Pierre d'un chevalier

Pierre d'un chevalier
Pierre d'un chevalier


Pierre d'un chevalier

Chapelle du Creac'h
Pierre d'un chevalier

La troisième tombe que nous représentons une autre dalle qui est celle d'un chevalier ; elle porte une croix ancrée, supportée par un piédestal. Au coté gauche est une grande épée de la forme ordinaire de celles du XIIIe siècle ; à droite un écusson chargé de sept macles, posées trois, trois et une, qui sont les armoiries primitives de la maison de Rohan ; famille illustre des premiers souverains de la Bretagne.

Quatrième tombe

Chapelle du Creac'h
Quatrième tombe

La quatrième tombe est ornée d'une grande croix d'une forme singulière, et qui se rencontre rarement dans les monuments anciens ; elle est losangée et pommeté. Au côté gauche est une longue épée d'une forme pareille à celle de la tombe précédente, et à droite un écusson portant neuf macles, posées trois, trois et trois, armoiries encore actuelles de la maison de Rohan.

Cinquième tombe

Chapelle du Creac'h
Cinquième tombe

La tombe cinquième représentée est la plus curieuse de toutes; elle porte en tête une petite croix latine, au-dessous de laquelle est une épée posée diagonalement; mais ce qui est le plus remarquable, c'est qu'entre cette épée et la croix qui la surmonte est figuré un grand triangle équilatéral, emblème mystique de l'ordre du Temple, comme nous l'avons dit ci-dessus, symbole sacré de ses rites secrets.

Quoique nous soyons bien loin de partager les préventions absurdes que le fanatisme a répandues sur l'ordre du Temple, quoique l'histoire impartiale et sévère ait proclamé son innocence et fait connaître tout l'odieux du procès dont il fut la victime dans le XIVe siècle, on ne peut cependant douter, et nous en avons acquis plus d'une preuve, que cet ordre ne pratiquât dans son intérieur quelques rites particuliers se rattachant à un dogme puisé dans l'Orient même, et dont le but très probable était de ramener la religion du Christ à sa pureté, à sa simplicité primitives, bût auquel on tendait en silence, but qui n'était connu que d'un certain nombre d'adeptes, ainsi que les signes symboliques qui y avaient rapport, but enfin qui, trahi plus tard par l'imprudence ou l'indiscrétion de quelques frères, attira sur l'Ordre entier l'animadversion de la cour de Rome, intéressée dès lors à sa destruction.

La franc-maçonnerie, manteau sous lequel se sont longtemps cachés les Templiers pendant la persécution de leur Ordre, a transmis jusqu'aux temps modernes une partie de ces symboles secrets, et l'on sait que le triangle équilatéral en est un des principaux. Il nous semble donc aussi curieux que remarquable de le retrouver ici gravé sur le tombeau d'un ancien templier.

Sixème tombe

Chapelle du Creac'h
Tombe d'un chevalier

La tombe que l'on voit ci-contre est fort simple ; c'est aussi celle d'un chevalier. Elle ne présente qu'une grande croix pommelée et à gauche une épée, toujours de la forme bien connue de celle du XIIIe siècle. Elle ne porte aucun blason.

Sur deux autres tombes placées à côté l'une de l'autre on voit au contraire seulement un écusson sans aucun accessoire. Ces deux écussons sont aux armes de la famille des Beaumanoir, si renommée en Bretagne, surtout depuis le combat des Trente, où l'un de ses membres, Robert de Beaumanoir, commandait les Bretons.

Sur le reste des autres pierres tumulaires de la chapelle dont il s'agit on ne voit que des croix, seulement accompagnées d'une épée.
1. Une chose infiniment remarquable, c'est que cette ancienne décoration templière est exactement la même que celle qu'on porte encore aujourd'hui dans la franc-maçonnerie au grade d'Elu Ecossais.
Sources: Par le chevalier de Fréminville. Mémoires de l'Académie Celtique, 5e volume in-8·, avec des planches, Paris 1807-1812.

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