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Études réalisées sur les Templiers

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Les Templiers en Provence-Alpes-Côte d’Azur

LES TEMPLIERS DANS LES DIOCESES DE FREJUS, TOULON ET RIEZ MAISONS DE RUOU, HYERES, SAINT-MAURICE, BRAS, PEIRASSONS ET AUTRES.

La documentation de cette étude a été puisée, pour l’essentiel, dans le fonds de l’Ordre du Temple conservé aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône (série 56 H.) et dans le Cartulaire manuscrit du Temple du comte d’Albon, inscrit à la Bibliothèque Nationale, département des manuscrits, sous la cote N. acq. lat. 10-11. Voir à ce sujet l’avant-propos de notre notice sur Les Templiers en Provence (Provence-Historique, tome IX, 1959, fascicule 35, 37).
Nous ne donnerons ici, dans l’ensemble, que les références des documents originaux aux Archives, et éventuellement aux titres des ouvrages signalant certains actes qui ne figurent plus dans les Archives ou que nous n’avons pas étudiés personnellement. Mais nous publierons, au terme de notre travail, en même temps qu’une Table analytique et chronologique des actes utilisés, une bibliographie des auteurs qui ont déjà exploité de première main quelques-uns des documents mentionnés dans cette table.
Dans notre texte, les numéros placés entre parenthèses renvoient aux références. Celles-ci, pour éviter des redites, inévitables dans un tel brassage de documents, ont été groupées à la suite et placées à la fin des chapitres publiés, avec un seul numéro de rappel pour la même référence, quel que soit le nombre de citations dont elle fait l’objet, ce qui implique évidemment que ces numéros de rappel ne se succèdent pas toujours dans un ordre logique. Mais dans la pratique la chose n’a aucune importance, et l’on peut faire ainsi l’économie de quelque deux cents citations.


I — La Formation du domaine

Les principaux établissements
Le chevalier Guillaume de Poitiers donna à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille (ou plutôt à l’église Sainte-Marie de Paleyson, dépendance de cette abbaye), au nom de tous les chevaliers du Temple de Salomon, par acte en date du 1er juillet 1124, l’église Saint-Barthélémy de Mota Palaionis qu’il venait d’acheter à l’évêque de Fréjus (1).

Il ne faudrait pas induire de cet acte que l’Ordre du Temple fût présent dans le diocèse de Fréjus en 1124. Le fait que l’église Saint-Barthélémy de Mota, située à Paleyson, dans le territoire de Roquebrune, ait été cédée à une abbaye signifie bien que la milice religieuse ne possédait alors aucune maison dans la région. Cette milice n’avait pas encore d’existence légale du reste. Dans l’attente d’une règle qui ne devait leur être donnée qu’en 1128, les quelques chevaliers qui l’avaient fondée n’avaient pu, de toute évidence, s’attacher à la réalisation d’un plan quelconque d’organisation territoriale. La première donation connue qu’ils recueillirent dans le midi (à Toulouse) est postérieure d’un an à l’octroi de leur règle.

Cependant Guillaume de Poitiers avait songé, dès 1124, à faire profiter les chevaliers du Temple de sa libéralité en leur constituant une petite rente foncière sous la forme d’un cens annuel équivalent au produit de la vente de 8 setiers de froment (mesure de Roquebrune) qu’il s’était réservés sur l’église en question, ad opus militum.

Les premiers représentants du Temple ne paraissent s’être effectivement établis dans la partie centrale de la Provence qu’au milieu du XIIe siècle, vers 1156, date à laquelle les seigneurs de Flayosc donnèrent quelques biens à une maison que les frères de l’Ordre avaient déjà fondée sous le nom de « maison de Ruou » : Notum sit... quod domini de Flaiosco convenerunt cum fratribus domus Rue (2). La maison de Ruou était située à l’est de Villecroze, dans le territoire de cette localité.

En cette même année, le 17 juin, 1156, l’archevêque d’Arles donna au maître et aux frères du Temple de Provence une église sise en territoire d’Hyères — l’église Saint-Martin, in territorio Areis — leur permettant ainsi de prendre pied non loin du littoral et d’y créer une maison qui devait faire pendant à la commanderie de Ruou dans l’arrière-pays (3).

Les maisons de Ruou et d’Hyères peuvent donc être considérées comme les plus anciens établissements des Templiers dans la région qui nous intéresse.

Ceux-ci fondèrent peu après une troisième maison à Saint-Maurice, aujourd’hui Saint-Maurin, dans le territoire de Régusse.
La maison de Saint-Maurice est signalée pour la première fois dans un acte d’octobre 1164 comme donataire de biens situés à Montmeyan (4). La date exacte de sa fondations nous échappe.

Il en est de même pour une autre maison importante, celle de Bras, qui figure dans les documents à partir de 1220 seulement mais dont la fondation est certainement antérieure. En 1220 en effet, l’évêque de Fréjus mit fin à un conflit pendant entre le prieur local et les frères de l’établissement en question qui voulaient adjoindre un oratoire à leur maison (5).

Nous trouvons ensuite les Templiers à Toulon. En 1224, le 12 août, les seigneurs locaux leur permirent non seulement de construire des auberges et des fortifications en un point de la ville et d’acheter à cet effet tous les biens qui leur seraient nécessaires, mais encore d’utiliser le port en toute franchise (6).
Rien ne nous dit expressément que Toulon ait été le siège d’une commanderie : l’acte de 1224 est passé au nom de l’Ordre, en général, et les rares documents postérieurs relatifs à Toulon sont muets sur l’existence d’une maison-commanderie dans la ville ; ils parlent seulement des immeubles que le Temple y possédait. Ces possessions auraient-elles été rattachées à une autre commanderie ?
A la commanderie d’Hyères ?
On notera, dans ce sens, que les biens du Temple d’Hyères et ceux de Toulon furent confiés à un même administrateur en 1308. Mais est-ce bien concluant ?
Dans le doute nous examinerons à part les quelques actes concernant les possessions toulonnaises de l’Ordre, tout comme si Toulon eût été le siège d’une commanderie.

Un dossier de procédure de la fin du XIIIe siècle (acte du 25 février 1302/1303) nous révèle enfin que les Templiers avaient fondé une maison rurale à Peirasson, dans le territoire de Flassans, avant l’année 1245 (7).

Il est encore question, dans les archives du Temple, des maisons de Brignoles, de Ruete (Roquebrune), de Flayosc, de Rougon, de Moissac, d’Astros et autres. C’étaient là de simples immeubles servant d’annexes aux maisons précitées et non des commanderies.

Il est cependant fait mention de la maison de Ruete de Roquebrune dans un acte du 13 juillet 1249 (8) et un commandeur de Ruete est signalé parmi les témoins d’un acte passé à Biot le 14 août 1233 (9). Mais cela ne signifie pas que Ruete ait été nécessairement le siège d’une commanderie.

On a pu dire « commandeur de Ruete » comme l’on disait exceptionnellement, dans les Alpes maritimes, « commandeur de Rigaud » ou, beaucoup plus souvent, « commandeur de Biot »

Un article anonyme publié dans les Comptes rendus et Mémoires du Congrès des Sociétés Savantes de Provence (1906, page 153 et suivantes), sous le titre : Les Commanderies de Nice et de Beaulieu, dit que les Templiers se seraient établis dans cette dernière ville (confondue avec Beaulieu dans les Alpes-Maritimes !). On a dit par ailleurs que l’Ordre du Temple possédait une commanderie à Beaulieu dans le voisinage de Toulon. Mais
aucun des titres dont nous disposons ne fait allusion à l’existence de cet établissement. Certains documents de l’évêché de Toulon parlent, il est vrai, d’un commandeur de Bello-Loco : P. de Coreis, commendator de Bello Loco (Gallia Christiana, tome I, Toulon). Léonard lui-même, dans son Introduction au Cartulaire manuscrit du Temple (Cartulaire d’Albon), admet l’existence de cette commanderie avec comme précepteur, en 1227, Bertrand Bérenger. Il s’agissait là, en fait, d’un commandeur des Hospitaliers qui avaient à Beaulieu, un établissement très important, sur lequel nous sommes abondamment documentés.

Le terme de « Commanderie » figure rarement dans les actes que nous avons analysés. On disait presque toujours « domus »
On l’a employé cependant dans quelques cas, notamment au début du XIVe siècle, à Vidauban, en 1305, et à Rougon, en 1308 (comandaria).

En bref, si nous nous en tenons aux renseignements sûrs, la milice religieuse du Temple possédait cinq maisons-commanderies dans la région considérée : les maisons de Ruou, d’Hyères, de Saint-Maurice, de Bras et de Peirasson : la maison de Toulon ne peut être admise que sous réserve.

Nous allons voir, dans la mesure du possible, quelles furent les principales phases du développement de chacune de ces maisons.

Maison du Temple du Ruou
Département: Var, Arrondissement: Brignoles, Canton: Villecroze - 83

Maison du Temple du Ruou
Maison du Temple du Ruou

La maison de Ruou est mentionnée pour la première fois dans un acte qui fait état d’une donation passée en sa faveur, l’année 1156, par les seigneurs de Flayosc : Pons Isnardi et sa femme Adalgarda ; R. Raimbaud ; G. de Monte Magano ; R. Ugo et F. de Flayosc ; Guigue de Flayosc ; B. de Flayosc ; Franco de Flayosc et sa mère Adurancia ; F. Geoffroi ; Isnard Raimond ; Geoffroi, son frère, et leur mère Vilelma Cette donation portait sur les droits d’usage de tout le territoire de Flayosc ainsi que sur une partie importante de ce même territoire (2).

Mais il est certain que la maison en question existait depuis quelque temps déjà. Les donataires des seigneurs de Flayosc étaient en effet les frères mêmes de la maison de Ruou et non les représentants de l’Ordre en Provence. On sait du reste que les Templiers de Ruou avaient déjà obtenu un certain nombre de biens puisque le Comte de Provence leur confirma, à la date du 15 janvier 1156/1157, tout ce qui leur venait des seigneurs de Salernes, Entrecasteaux Tourtour et Flayosc, aux lieux-dits : Ruou, Salgues et Salguette. En fait, c’est Raimond, comte de Barcelone, qui fit la confirmation « pour le salut de l’âme de feu Bérenger Raimond, comte de Provence, son frère » (2). Il s’agit là, probablement, des donations qui furent à l’origine de la maison de Ruou. L’acquisition déjà signalée de l’église Saint-Barthélémy de Paleyson en 1124 (église qui fut cédée aussitôt à l’abbaye de Saint-Victor sous réserve d’un cens au profit de l’Ordre) ne peut être considérée que comme un acte personnel du chevalier Guillaume de Poitiers, sans importance pour l’historique de cette maison ; il n’en sera plus question d’ailleurs par la suite, bien qu’une partie de la seigneurie de Roquebrune tombât dans la dépendance des commandeurs de Ruou.

En 1156 donc, les Templiers possédaient un domaine important aux quartiers de Ruou, Salgues et Salguettes, à cheval sur les territoires actuels de Villecroze, Flayosc, Lorgues et Entrecasteaux.
Sous le village de la Haute Maure (carte de Cassini), il y a une localisation qui est : Fargbeis ou plutot Fargues ? Je crois, il est difficile de lire ce nom, il est mentionné : chau et comm ?
Probablement château et commanderie ?
Sur la carte de l’IGN, il y a bien un château à cet endroit, nommé Salgues, est-ce cet important bien que cite M. Durbec appartenant à la Maison du Ruou ?


Maison du Temple de Lorgues
Département: Var, Arrondissement et Canton: Draguignan - 83

Maison du Temple de Lorgues
Maison du Temple de Lorgues

Mais nous verrons, en étudiant les constructions de l’Ordre, que les frères de Ruou résidèrent tout d’abord à Lorgues, dans une maison dite « de Ruou », édifiée par eux-mêmes. Ils ne s’établirent à Ruou même, dans une commanderie toute neuve, qu’entre 1170 et 1193.

C’est par le moyen d’actes passés dans sa « maison de Ruou », à Lorgues, que l’Ordre du Temple accrut tout d’abord les possessions qu’il avait obtenues dans cette région en 1156.

Deux actes particulièrement importants lui permirent d’acquérir des droits à Lorgues même et d’élargir son domaine de Ruou en direction de Salernes et de Villecroze. Le premier de ces actes est une « donation » à ses représentants, par R. et G. de Roubion, en mai 1193, moyennant 3.000 sous et un poulain de 1.000 sous, de tous les droits que ces derniers avaient sur le castellum de Lorgues (10).
Le deuxième, une donation également, par Boniface de Castellane, en 1195, contre une charité d’un cheval ou de 1.000 sous raymondins, d’un territoire confinant à Flayosc, Lorgues, Salgues, Salernes et Villecroze avec tous les droits qu’il comportait, directe universelle comprise (11).
Les territoires de Ruou-Salgues (de Rua vel de Sallega) sont assez nettement délimités dans plusieurs de ces actes, notamment en 1260 (10, 11).

Ils confrontaient donc les territoires précités selon des directions qui sont déterminées et comprenaient un certain nombre de lieux-dits parmi lesquels on peut citer : Lupus Serpinus, Podium Calvetum, Fons de Arbore, Podium Regagnati, ad vallonem de Lega, ad jucham Tori de Lega, ad peyronem Sancti Anthonii, Oliveta Sancti Anthonii, ad terram heremitarum, ad planum Martinum, Fons de la Trella, ad collem de Brancola, la Peloneria, Campus de Massabou...

Mais les frères de Ruou avaient recueilli ailleurs entre temps, des terres et des droits moins importants de diverse nature : vers 1171 un droit de pâture à Ampus (donation de Guillaume d’Ampus) (12); ce droit maintes fois contesté lui fut confirmé notamment par un acte du 19 juillet 1241 qui contient aussi la mention d’un certain nombre de lieux-dits de la localité : Petra Calida, ad Brecum de Clusalas, ad combam Gavaronam, in colle Gavarona, ad podium Barnerium, ad podium Mejanum, ad fontem Hugonem, ad fontem Ladam (12).
En 1180, un homme et son tènement à Soleilhas (arbitrage de l’évêque de Senez) (2).

Aux environs de l’année 1195 : un « defens » à Auripol (vente de Hugues Raimond de Villecroze).
Une terre dite des Marialdis, dans la région de Menthonas, aujourd’hui Mentone, près d’Entrecasteaux, et une autre terre à Salernes (mention en 1195) (11).
Enfin, à une date indéterminée, plusieurs maisons de Lorgues (vente de Pons de Châteaurenard) : elles furent confirmées à l’Ordre en mars 1197/1198 (10).

En confirmant à l’Ordre du Temple, le 12 décembre 1200, par devant le commandeur de Ruou, toutes les possessions qu’il avait acquises jusque-là, le Comte de Provence autorisa ses membres à acheter d’autres biens, en toute liberté, dans les limites de son territoire (13). On se souvient que Raimond, comte de Barcelone et marquis de Provence, avait déjà déclaré, en janvier 1156/1157, qu’il confirmait par avance toutes les acquisitions de l’Ordre.

Les commandeurs de Ruou usèrent largement de cette faveur. On les voit introduire le signe du Temple dans la plupart des localités environnantes.
Blacas, seigneur de Almis (d’Aups) donne à l’Ordre, en mars 1201/1202, les droits qu’il pouvait avoir sur une part du castrum de Moissac (Moissac-Bellevue) cédée depuis longtemps à celui-ci (2).
Il accorde en outre le droit de pâture sur toutes ses terres aux maisons de Ruou, Saint-Maurice et Moissac. Pons de Châteaurenard engage à la maison de Ruou, en mars 1202/1203, le 1/8 du castrum de Lorgues (10).
Boniface de Castellane lui remet, en 1205, moyennant 2 bœufs, des droits de pâturage, de pacage et de passage sur toutes ses terres (2).
N.... de Châteaudouble lui confirme, en cette même année, la donation d’un droit de pâture sur l’ensemble de ses biens (2).
Pons de Châteaurenard lui donne, en 1206, la part du castrum de Lorgues qu’il lui avait engagée en mars 1202/1023 (10)...

Montfort
Département: Var, Arrondissement et Canton: Brignoles, Commune: Montfort-sur-Argens - 83

Maison du Temple de Montfort
Maison du Temple de Montfort

Une nouvelle libéralité du Comte de Provence, la donation du castrum de Montfort à l’Ordre, en octobre 1207, élargit alors considérablement les possessions et la zone d’influence des frères de Ruou qui s’étaient contentés, jusqu’à cette date, d’arrondir leur domaine initial ou d’acquérir, en dehors de ce domaine, des parcelles isolées ou des droits de pâture. On peut admettre en effet que le castrum de Montfort fut immédiatement rattaché à la maison de Ruou dont il dépendait géographiquement.

On ne sait rien de précis sans doute sur la date de ce rattachement, mais Montfort n’est jamais cité parmi les possessions d’une autre maison et nous le trouvons parmi les biens de la maison de Ruou dans les documents relatifs à l’abolition de l’Ordre. La donation du Comte portait sur tout ce qu’il avait dans le castrum et le territoire de Montfort : une albergue de 100 sous, les droits de chevauchée, de justice, de pâture, d’usage..., en bref tous les droits seigneuriaux et féodaux, sous réserve toutefois, en ce qui concerne la justice, des cas de trahison et d’homicide. Soulignons que la donation de Montfort (comme celle de Biot) spécifiait que tous les féodaux passeraient sous la domination du Temple ; celui-ci aurait sur eux les mêmes droits que le Comte (14).

Tout en continuant d’arrondir leur premier domaine, les Templiers de Ruou s’étendirent ensuite à l’est tout le long des vallées de l’Argens et de son affluent, la Nartuby, poussant même, au nord et au nord-est, jusqu’à la vallée du Verdon, bien qu’ils fussent gênés là par l’activité des frères de l’Hôpital, solidement établis à Comps. Leur extension à l’ouest était délimitée par les maisons de Saint-Maurice et de Bras. Voici quel ques détails sur ces opérations :
Jourdan de Vidauban « donne » au commandeur de Ruou, en 1212, pour 800 sous raymondins, des terres confinant à Lorgues, Taradeau et Vidauban (11).
B. Vidauban lui cède, avant le 1er novembre 1215, des terres sises ultra Argencium (11).
Pons de Fabrègues et sa famille lui vendent, en 1216, moyennant 200 sous et 15 setiers de blé, une terre dite « le plan Martin » et sise ad jontem Marte (dans les environs de Mentone, Au sud-ouest de Saint-Antonin-du-Var, carte IGN) (2).
Pierre Esquin lui donne, en 1225, un homme des Arcs avec son tènement ainsi que les droits qu’il a sur le pasquerium de ce castrum (8).
Pons Guillaume, de Flayosc, lui remet, dans la même année, un droit de pâture à Trans et un homme de Montmeyan ; il lui confirme aussi la donation d’un droit de pâture au Muy (8).
Guigues de Roumoules, qui se fait admettre dans l’Ordre, lui apporte, en janvier 1234/1235, tous les droits qu’il a sur le lieu-dit Lagninas (12).
Pierre d’Escarène lui hypothèque, le 2 juillet 1236, pour une somme de 6 livres 1/2, sa part de territoire et de pasquerium de Lagnias (12), aujourd’hui la Serrière de Lagne, près de la maison dite Rue, entre le plan de Canjuers (au sud-est) et l’Artuby.
Un acte de cette même année (22 avril 1236) nous apprend en outre que la maison de Ruou avait obtenu, une vingtaine d’années auparavant, un droit de pâture à Aiguines (8).
Aycarde de Vidauban lui vend, en 1237, pour 11 livres de raymondins, une terre sise devant la bastide du Temple d’Astros (de Strolis) : elle touchait un defens dit de Sainte Cécile (11). L’acte en question (mars 1237) a été passé dans la maison du Temple de Brignoles, mentionnée pour la première fois, et dont nous ignorons l’origine. G. Raymond de Flayosc, qui désire entrer dans l’Ordre, lui remet, en 1241, des terres sises à Salgues (8) et un droit de pâture du côté de Floregia (8).
Boniface de Castellane lui donne, en 1248, l’usage du pasquerium sur toutes ses terres et sur celles qu’il pourra acquérir (8) ; il renonce de plus, en 1252, aux droits qu’il pourrait avoir sur des hommes de Salernes qui tiennent des biens sous le dominium de l’Ordre et confirme à celui-ci des donations d’hommes et de biens qui lui avaient été faites à Salernes, Entrecasteaux, Mentonne, Auripol et ailleurs par Laugier de Castellane (8).
Enfin, Rainoard de Vidauban et sa femme vendent aux frères de Ruou, en 1252, moyennant une vache, une terre sise sur les bords de l’Argens, au gué de Vidauban (15).

Pour accroître son domaine ou plutôt pour le composer selon ses vues, l’Ordre procéda également à des échanges de biens, particulièrement importants en ce qui concerne la maison de Ruou :
Faucon de Montpezat, maître des maisons du Temple de Provence, remit à R. Colombet et à ses fils, en octobre 1224, en échange de l’affar que ceux-ci possédaient à Lorgues, un certain nombre de biens sis à Draguignan, in tenemento Drachonis, biens que les frères de Ruou avaient acquis à une date et dans des conditions que nous ignorons (10).
Raimbaud de Carone (de Caromb), l’un des successeurs de Faucon de Montpezat, remit à l’évêque de Gap, vers 1252 (l’acte fut approuvé en avril 1252), l’Eglise Sainte-Marie de La Baume, dans ce diocèse, et reçut, en échange, l’église Saint-Pierre d’Entraigues ainsi que les églises placées sous la dépendance de celle-ci : l’église paroissiale de Vidauban, les églises Sainte-Cécile, Saint-Maime, Sainte-Marie de Salis, Saint-Lambert, Saint-Maurice, également de Vidauban, et l’église Saint-Pierre, dans le territoire de Cabasse ; il rattacha ces églises, avec leurs droits et appartenances, à la maison de Ruou (15).

L’évêque de Fréjus approuva cet échange, en 1256, sous réserve de l’église paroissiale de Vidauban ainsi que des droits pontificaux, épiscopaux et cathédrauxdes autres églises. Cependant l’église paroissiale (Saint-Andiol) fit retour à l’Ordre vers 1280, à la suite d’un compromis entre l’évêque de Fréjus, Bertrand, et le commandeur de Ruou, Albert Blacas (15).
Le maître Raimbaud de Caromb autorise encore la maison de Ruou, en 1253, à céder à Boniface de Galberto, fils de Boniface de Castellane, moyennant un service de 100 sous sur la communauté de Peyroules et deux albergues sur les hommes de Villecroze, tous les droits qu’elle avait sur des hommes de Salernes et qu’elle tenait de feu Boniface ou d’un autre membre de la maison de Castellane ; les Templiers de Ruou conservèrent toutefois le droit de pâture et les possessions qu’ils avaient à Salernes (8).

Il s’agissait bien là, on le voit, d’actes très importants : l’échange de 1224 avait parachevé, semble-t-il, une série d’acquisitions qui donnèrent à la maison de Ruou un grand nombre de biens répartis dans tous les quartiers du territoire de Lorgues ; celui de 1252, couronna, en quelque sorte, le développement de cette maison en faisant passer sous sa dépendance les églises de Vidauban ; et l’échange des droits que l’Ordre avait sur des hommes de Salernes contre divers services à Peyroules et à Villecroze, clarifia, en 1253, une situation qui, nous le verrons mieux, était à l’origine de nombreuses difficultés.

Ces opérations ne donnent du reste qu’une faible idée de la masse des acquisitions faites par la maison de Ruou. C’est qu’une partie seulement des actes passés par cette maison sont parvenus jusqu’à nous. Mais on peut suppléer, dans une certaine mesure, aux renseignements qui ne nous sont pas fournis au moyen d’actes particuliers, en donnant la répartition géographique de certains biens que cette maison possédait lors de l’abolition de l’Ordre et dont il n’a pas encore été question.

Voici tout d’abord la liste des quartiers de Lorgues où étaient réparties les nombreuses tenures du Temple : in valle Siera, ad Barrenam ?, in valle Moysina, apud Bonamam, ad Penchenatum, in Cumba claposa, ad Campum Bellaut, ad Saletas, ad Rosum de Mutegeria ?, in Grata Conilz, in Podio Uberto, ad Malanteriam, ad Lapidem molar, ad Bonam Auram, in Malaria, ad Podium Carbonerium, ad Tournayredam, ad Podium Gratum, ad Puteum Carvalhi, ad Peyrosam, ad Peyrenas, ad fontem Layronosam, ad Lausas, ad Tremeletas, ad Riale Cornutam, ad Saginum, ad Portale Novum, « al Content », ad Matatium, au camp de Tharadel, à la fontaine couverte, au puits Foscayrol, à Saint-Bellet, à Puget-Thénier (in Podio Theniero), à la Croix de Saint-Léonce (Sancti Liontii, var. Leoncii), à la Croix de Saint-Martin, à Sainte-Foi, à l’Etang, au Rial de Laugier, aux Olivettes, au Canal, à La Plaine, au Plan de Salis, du côté du pré de Thoronet, à La Baume, près du chemin public ; à La Colle de Vidauban, aux Combes, à l’Etang de l’Argens, au moulin de la Baume, aux Faisses (juxta vineam domus Rue), à Saint-Ambroise, à Malbosquet, au Plan Chasant, à Puget-Rostang (in Podio Rostangno)... Aux tenures sises dans les différents quartiers de Lorgues, il convient d’ajouter également de nombreux immeubles et même quelques terres situées dans le castrum, dans son faubourg (in Burgo juxta domum Carent de Tunce) et près de la maison du Temple, en dehors des terres réservées par celle-ci (16).

A Montfort, les Templiers, seigneurs du castrum, s’étaient constitué un domaine utile qui comprenait, outre leur maison (seu fortalicium), une grange avec jardin attenant et plusieurs terres : à La Palud (dans la vallée de Carcès), al Sual, à Fons Petita, La Figuira, Cortz dels Hugos, Caramagnum, Bompicuar, La Condamine, Rourebel... Nous connaissons les censitaires de cette localité mais non l’emplacement des biens qu’ils tenaient sous le dominium de l’Ordre (17).

Nous ignorons également la répartition géographique des nombreuses tenures que l’Ordre avait acquises à Brignoles. Une partie de celles-ci se trouvaient dans le territoire voisin du castrum de Rocca. Les biens réservés par le Temple à Brignoles comprenaient une maison dans la villa et quatre vignes aux lieux-dits : Lo Claus, Los Casais et Bona Vallis (18).

A Rougon, il possédait une maison ou bastide au quartier de Saint-Maxime (domus sancti Maximi, in territorio de Rogono), sans doute Saint-Maxime avec des terres attenantes et d’autres éparpillées dans les quartiers suivants : au Combant, aux confins de Stella et de Gougon, au Plan Maynier, à l’Ubac du Puy (confins de Trigance), à Costas Unchas (19).

A Roquebrune, les Templiers avaient une part indéterminée de la seigneurie et tous les droits qu’elle comportait sur les hommes, les terres et les droits de la localité (20).
A La Motte, deux tenures dont les services étaient sans rapport avec les 8 setiers de froment réservés en 1124 par Guillaume « de Poitiers » (21).
A Entrecasteaux, des tenures in Castro, ad Rivum Foranum (juxta terram ecclesie Sancti Theodorici), ad Bonum (juxta drayam per quant itur versus podium Regagnât), ad Burgeriam, ad Cassatum, ad Passum Mariandi (22).
A Tourtour, des tenures in Castro, ad Burges, au Puy Saint-Jean, ad terras del Agnel, a Per tus, in Costa Rossa (23).
A Draguignan, des tenures (maisons et terres) in Castro, in tenemento Drachonis, ad Olivadam (à côté de l’Hôpital des Pauvres), in Capis, ad Fontem Clausiniam ou Clausitiam, ad Frayssinadam, ad Maljornal, ad Macellum, als Teniers, ad Degottal, ad Crucem (24).
A Callas, des tenures sises in Malleria, in Saletis, ad Figayretum, ad fontem Thoronum, ad Cimenterium, ad Collam, ad Thoronum, ad Peyronum (25).
A Figanières, des tenures in Faysis, in Gateriis, ad Olivadam, in Piano, in Cumba de Postello (26).
A Comps, des tenures in Castro, au Barri, ad Gilent (27).
A Bargemon, des vignes à Cavallaria et ad Jonqueriam (28).
A La Roque-Sclapon enfin, deux casements apparemment peu importants. La maison de Ruou avait possédé là toutefois, jusqu’en 1292, un affar (1) avec juridiction, droits et terres que tenait une famille Jean. L’affar en question fut alors cédé à Isnard de Flayosc contre des biens que celui-ci possédait à Nice.
1. Affar = (Commerce) Maison.


Montfort-sur-Argens BNF

Maison du Temple d’Hyères
Département: Var, Arrondissement et Canton: Toulon - 83

Maison du Temple d’Hyères
Maison du Temple d’Hyères

En donnant aux Templiers, le 18 mai 1156, l’église Saint-Martin, in terminio Areis, l’archevêque d’Arles, Raimond, paraît avoir établi les frères de l’Ordre à Hyères. Cette donation n’est pas faite en effet à la maison d’Hyères ou à un commandeur d’Hyères, mais au maître et aux frères de la maison de l’Ordre à Arles (3). L’église Saint-Martin d’Hyères fut d’ailleurs reprise par l’archevêque d’Arles qui la céda à l’église Sainte-Marie de Pignans en juin 1166 (29).

Nous ignorons tout du développement de la maison qui dut être fondée là, vers 1156, par les frères de l’Ordre, car il ne reste pas un seul acte de vente ou de donation relatif à Hyères dans les archives du Temple, à l’exception du texte précité.
C’est seulement en 1198 que l’on peut identifier, sans plus, un commandeur de la maison d’Hyères, Jordan, cité dans un acte qui intéresse la maison de Ruou (10).
Il est certain cependant que la maison d’Hyères joua de bonne heure un rôle de premier plan. Cela ressort clairement de la donation de Montfort au Temple en 1207 (14).
Le Comte de Provence dit expressément, en effet, qu’il cède ce castrum aux Templiers en règlement d’une livraison de blé que lui a faite, sur sa demande, la maison d’Hyères. Il s’agissait là, à en juger par la valeur de la donation, d’une livraison importante. C’est donc que la maison du Temple d’Hyères exploitait de vastes domaines ou bien qu’elle recueillît et centralisait le blé des autres maisons, à moins qu’elle ne procédât à des achats directs chez les producteurs.

L’ombre se fait de nouveau, après l’acte de 1207, sur l’activité des Templiers d’Hyères. C’est à peine si, de temps à autre, un de ses commandeurs paraît dans un acte intéressant quelque autre maison : Aix en 1213 (30), Bras en janvier 1236 (5), Ruou en 1256 (15) et si, parmi les actes qui lui sont étrangers, il s’en trouve un qui fût passé sous son portique (le 12 décembre 1275 (5). Il n’en sera plus question, dès lors, qu’au moment de l’abolition de l’Ordre.


La maison de Saint-Maurice
Département: Var, Arrondissement: Brignoles, Commune: Régusse - 83

Maison du Temple de Saint-Maurisse
Maison du Temple de Saint-Maurisse

La fondation de la maison de Saint-Maurice, aujourd’hui Saint-Maurin, dans le territoire de Régusse, doit précéder de peu l’acte d’octobre 1164 par lequel Hugues de Montmeyan se voue au Temple et donne à la maison en question, avec l’assentiment de ses deux frères, une terre dite de Champ-Long ainsi que le droit de pâture sur tout le territoire de Montmeyan (4). C’est en effet un simple représentant de l’Ordre qui reçoit cette donation et l’on peut supposer que la maison de Saint-Maurice, nouvellement créée, n’avait pas encore été pourvue d’un commandeur en 1164.

Il est vraisemblable que les Templiers furent installés à Saint-Maurice par les ascendants d’un seigneur local, Blachère, qui revendiqua avec sa femme et ses deux frères des terres et des droits importants mais indéterminés possédés par l’Ordre dans cette localité.

Cependant les Blachère renoncèrent à leur prétention, en novembre 1170, et accordèrent eux-mêmes au commandeur de Saint-Maurice une terre riveraine du Verdon avec la faculté d’y construire des moulins et des foulons, depuis la Sianola jusqu’au Bel Rivet. Le principal « donateur », Blachère, toucha 600 sous ; les frères du Temple s’engagèrent en outre à l’équiper avec sa suite au cas où il irait trams mare (31).

L’Ordre possédait alors non seulement la maison et la seigneurie mais encore l’église de Saint-Maurice (Dimitimus Deo et ecclesie Sancti Mauricii et militibus Templi, dit Blachère). Il allait faire de cette maison, en peu de temps, un établissement de première importance puisqu’on y comptait une dizaine de frères pour le moins dès le début du XIIIe siècle, chiffre assez exceptionnel pour nos commanderies du Temple.

Un tel établissement ne pouvait se contenter de l’exploitation et de la jouissance du domaine de fondation. Nous le voyons s’étendre partout, entre l’Argens et le Verdon, dans la première moitié du XIIIe siècle. Il empiétera même sur le domaine d’activité de la maison de Ruou et débordera franchement le Verdon au nord, pour atteindre jusqu’à Riez.

Blacas, seigneur de Almis (Aups), lui donne, en mars 1201/1202, tous les droits qu’il a sur le castrum de Moissac ainsi que le droit de pâture sur toutes ses terres (donation commune aux maisons de Saint-Maurice, de Ruou et de Moissac (2).
Les seigneurs de Baudinard (Pons Albert, son frère, Guide de Baudinard, et ses sœurs) lui remettent, en 1206, le droit de pasquerium sur leurs terres de Baudinard : l’Ordre les tient quittes d’une somme de 200 sous qu’ils lui devaient et leur donne en outre un cheval et un poulain (4).
Spata (ou Spada) et G. Laugier, seigneurs de Riez, lui font donation, en 1207, de tous les droits (péages, lesde, passage) qu’ils possèdent sur diverses terres et dont ils ne jouissent pas (32), du droit de pâture sur toutes leurs terres, notamment à Quinson, et, enfin, d’un homme de Riez avec son tènement ; ils lui confirment de plus les donations que feu leur père lui avait faites dans le vallon de Brauig, aux lieux-dits Nadal et Carump.
Par acte du 18 mars 1221/1222, la fille de Spada ajoute encore deux terres du vallon de Braug à la donation de ses ascendants (32).

Montmeyan
Département: Var, Arrondissement: Brignoles, Canton: Varages - 83

Maison du Temple de Montmeyan
Maison du Temple de Montmeyan

Le 10 avril de la même année, la maison de Saint-Maurice acquiert l’un de ses plus beaux domaines : le castrum de Montmeyan avec sa tour, ses terres, ses hommes et tous ses droits (4).
Elle l’acquiert des seigneurs de ce lieu :
1 — De Ber, d’Avignon qui, ayant divorcé, se voue à l’Ordre et touche de celui-ci, pour sa part du castrum (le 1/3), une somme de 3.000 sous raimondins.
2 — De Douceline et de son mari Blaqueria qui cèdent leur part (1/4) moyennant 4.000 sous royaux de coronats, payables en plusieurs termes, à la Saint-Michel.
3 — De Aicard Saumade, qui vend également sa part, le 1/6, pro helemosina, pour 8 livres de raimondins.
4 — De Hugues de Montmeyan, qui remet sa part, le 1/4, pour une durée de 4 ans seulement, ad servicium domus, sous réserve d’être habillé et nourri par le Temple ; Hugues de Montmeyan s’engage cependant à ne pas aliéner sa terre si ce n’est à l’Ordre qui lui remettrait alors une somme de 3.000 sous royaux couronnés. On avertit les hommes de Montmeyan qu’ils changent de maître.
Montmeyan BNF

Cette opération terminée, la maison de Saint-Maurice continue de grapiller des biens de toute sorte. En décembre 1223, Pons Albert, seigneur de Baudinard et de Coutelas, lui « donne », moyennant deux poulains d’une valeur de 400 sous raymondins, les terres qu’il possède à Poméria, Fons d’Isie et Colonegas avec tous les droits qu’elles comportent. (La famille approuve). Ces terres étaient contiguës aux chemins de Fontainis à Barjols (à l’est), de Fontainis à Moissac (au nord), au chemin de Saint-Maurice (au sud), à la blache de Vincent et au vallon de Poméria (à l’ouest), dans le territoire de Baudinard-Coutelas (4). Selon les archives de l’Ordre de Malte, elles auraient constitué le domaine dit de la Fontaine Saint-Vincent (33), ce qui paraît exact d’après nos textes. Le 1er mars 1228/1229, le seigneur Blacas de Baudinard donne son fils Guillaume à la maison de Saint-Maurice et, avec lui, en dotation, tout ce qu’il possède dans le castrum de Montmeyan, hommes, femmes, terres et droits divers (4), tout ce que ses hommes « tiennent et possèdent » à Moissac, près d’un tènement relevant de l’Ordre, enfin un homme d’Aups avec les terres qu’il fait (4).
En 1237, Raines d’Uzès confirme les droits que le Temple avait obtenus à Quinson, en 1207, de Spada et L. Laugier (en particulier le pasquerium), et autorise le commandeur de Saint-Maurice à faire un barrage sur le Verdon pour la construction d’un moulin (34). Celui-ci obtient par ailleurs, en 1238, de l’abbaye de Lérins, l’église de Braug avec ses droits et dépendances, sous réserve des droits de l’évêque de Riez et d’un cens annuel de 300 sous raymondins (35).
Une contestation survenue en 1249 nous apprend en outre que les frères de Saint-Maurice avaient reçu de domina Dalfina, mère de Jacques d’Oraison, certains droits d’usage dans le territoire de La Roquette (31).

Dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, l’accroissement territorial de la maison de Saint-Maurice, comme celui des autres maisons, s’interrompt assez brusquement. Signalons cependant encore, en décembre 1261, un testament par lequel Guillaume de Fos donne son fils à cette maison avec tous les biens qu’il ne réserve pas pour sa fille et sa femme (34) et, quelques mois plus tard, en février 1261/1262, un acte complémentaire par lequel la veuve de Guillaume de Fos, désirant entrer elle-même dans l’Ordre, apporte à son tour à la maison de Saint-Maurice tous les biens meubles et immeubles qu’elle possède ; la donatrice lève en outre l’hypothèque qui grevait les biens de feu son mari pour la garantie de sa dot (34).

Mais tous les actes de la maison de Saint-Maurice ne sont pas venus jusqu’à nous. Celle-ci possédait en effet d’autres biens importants (notamment à Coutelas, Régusse et Riez) pour lesquels il est impossible d’établir l’origine. Nous avons vu sans doute que le commandeur de Saint-Maurice avait obtenu à Coutelas, en 1223, des biens et des droits (ils lui furent confirmés le 13 août 1258) (34).
Cependant rien ne nous dit quand et comment il acquit l’église même de Coutelas (Coite) que le registre des comptes du Vatican (année 1274) fait figurer parmi ses dépendances (36).
D’après certains actes du fonds de Malte le Temple n’aurait eu que le tiers de la dîme de l’église de Coutelas-Villeneuve (33).

A Régusse, le Temple possédait non seulement la maison conventuelle, vers Quinson, mais encore l’église de la localité, selon le même registre du Vatican, année 1274, confirmé du reste par des titres postérieurs.
Enfin la maison avait acquis à Riez, en dehors des biens déjà signalés (donation de Spada en 1207 principalement), un certain nombre de tenures dans divers quartiers : in Maurosa ou Morosa, in Felicios ou Felicias, à la Croix, au vallon de La Croix, au Plan de La Croix, in Chanals, in Malanguono, Albeyres et, dans le castrum, sub macello (19).

Ajoutons que le commandeur de Saint-Maurice avait échangé avec Blacas de Baudinard, avant 1258, des terres qu’il possédait au lieu dit Rotalonga, et dont l’origine n’est pas indiquée, contre des terres sises à Colognes, probablement limitrophes à celles qu’il avait obtenues de Pons Albert en 1223 (34).


Maison du Temple de Bras
Département: Var, Arrondissement: Brignoles, Canton: Cotignac - 83

Maison du Temple de Bras
Maison du Temple de Bras

Le 2 août 1220, l’évêque de Fréjus arbitre un conflit pendant entre le prieur de Bras et le commandeur du Temple de cette localité, qui veut faire construire un oratoire malgré l’opposition dudit prieur ; l’évêque donne satisfaction au commandeur mais formule de nombreuses réserves (5).

Cet acte, qui nous révèle l’existence de la maison de Bras, reste muet sur ses origines. Il nous permet seulement de supposer que la Commanderie du Temple devait être fondée depuis un certain temps déjà puisque les frères de l’Ordre cherchaient alors à l’agrandir. Du reste les actes qui suivent ne nous laissent aucun doute sur l’importance des biens que la milice avait pu acquérir précédemment dans le pays.

En mars 1220/1221, en effet, G. Fouques reconnaît avoir vendu au commandeur de Bras, et omni conventui ejusdem domus, pour 8 livres et 10 sous de raymondins, des terres sises à Pincanella, un pré du Rial Traversier, ainsi qu’une vigne au quartier de la Fraiseneda Et tous ces biens étaient contigus à des terres déjà tenues pour l’Ordre.
De plus, en 1232, un chevalier d’Auriac, Bertrand, et sa femme, renoncent aux droits qu’ils revendiquaient sur un autre affar que les frères de Bras possédaient depuis un temps indéterminé et qui avait dépendu autrefois dels Rodels de Auriaco (entre Bras et Brue-Auriac) (5).

A ce domaine, sur la formation duquel nous manquons de précisions, la maison du Temple ajouta bientôt d’autres affars, plus importants encore.
D’abord, une notable partie de la seigneurie même de Bras : Pierre de Pontevès, sa femme, domina Alasacia, ainsi que Pierre, Andrea, Jordana, Huga, Laura et Guillaumet, enfants de Pierre, lui vendent, pour 15.000 sous raymondins, par acte du 31 janvier 1235/1236, les 2/5 du dominium et de la seigneurie universelle du castrum de Bras et de son tènement, ainsi qu’un défens dit : « Défens de Robert » et la moitié indivise (seigneurie et dominium) d’un four et de trois moulins (5, 37).

Le Temple possédait déjà une moitié des fours en question. Il fut en outre autorisé à moudre gratuitement à deux autres moulins du castrum (au moulin « du haut » et à celui « du bas. ») Comme tout l’usufruit de cet « affar » avait été donné par les Pontevès à un certain Geoffroi Verdeillon, qui devait le conserver sa vie durant, celui-ci fit abandon de ses droits à l’Ordre.

La maison de Bras se rendit maître ensuite, peu à peu, de la plupart des « affars » qui restaient encore en d’autres mains.
Elle reçut notamment, entre 1243 et 1255, un service de 100 sous sur l’« affar » de Raimond de Cardona, qui s’était voué à l’Ordre ; elle reprit, en mars 1262/1263, par voie de commise, l’« affar » de Hugo Abo ; et elle obtint, en février 1266/1267, l’« affar » de Agnès Chatella, qui avait été admise parmi les frères comme « consœur » (5).

Cette maison avait acquis par ailleurs, à Saint-Maximin, à une époque et dans des conditions que nous ignorons, un certain nombre de biens qui lui furent contestés en 1256 par un chevalier de la ville d’Aix. Une partie de ces biens, situés dans la villa même de Saint-Maximin, ainsi qu’aux lieux-dits ad Lonas ou Lonos, Guilafre, Fons de Guilafre, Lo Progo ou Proguono et Bona Valle, dans le territoire de Saint-Maximin, furent échangés par les frères de Bras, en 1271, contre une autre part de la seigneurie de Bras et plusieurs terres qui appartenaient à une dame Lombarde, épouse de Geoffroy de Banyuls (5).

Tous les « affars » acquis à Bras comprenaient une multitude de biens disséminés aux lieux dits : ad Portais Mariane, La Lausa, La Peyrosa, La Posarac, Los Mejans, Poy de Martial, Raffaneda, Camp de Brasca, Lo Cayro, Causalono, Vignal, Valle Crosa, Puy Robert, Bragosa, fonds de Calsa, Regayeda (limites du Val), Pareda, La Palusaca, Champ d’Adam, Val de Layro, fontaine du Piol ; aire de Constance, etc... (Reconnaissances de 1258) (38).

On trouve d’autres noms des lieux-dits de Bras, en 1294, dans un procès-verbal de délimitation des territoires de ce lieu et du Val : champ de Roqueto, sur les rives de l’Argens ; La Colle Basse, du côté de Brignoles ; Roca Rotunda, vallons des Barral et des Michael, ratum Beate Marie, Sueys Vermeyl, curtis manescalli, ad rupem Taradellerium, vallon de Curol, Champ de Pierre de Saint-Jean (actes des 13 septembre-29 octobre 1294 (5).


La maison de Toulon
Département: Var, Arrondissement et Canton: Toulon - 83
C’est un acte de donation du 12 août 1224 qui peut être considéré comme la charte d’établissement du Temple dans la ville de Toulon (5).

Par cet acte, en effet, les seigneurs de Toulon, les frères Raimond Geoffroi, Gaufridet et Rostang d’Agout, donnent aux frères de la milice, libere et absolute sicut aliquid dominus de sua liberalite dare potest :
1 - L’autorisation de construire des auberges, des maisons et des fortifications sur l’une des deux pointes de la ville (capitibus sive angulis) qui s’avancent en mer.

2 - La faculté d’acheter, à l’endroit choisi, sous réserve du trézain, les places, les terres et les maisons qui leur seront nécessaires, tant en vue de construire des maisons et des fortifications (fortalicia) qu’en vue d’agrandir celles qui existent.

3 - Tous les biens qu’ils avaient déjà donnés à Guillaume Gras et les terres comprises entre ces biens et la mer jusqu’à leurs salines, réserve faite de leur part sur ces salines.

4 - La liberté pour les bateaux du Temple (naves domus Templi et galee et omnia alia vasa) d’utiliser en franchise le port de Toulon ; d’y entrer, d’y séjourner et d’en repartir à leur gré, étant entendu que ces bateaux ne pourraient transporter que des denrées appartenant à l’Ordre, des pèlerins avec leurs bagages (rebus et arnesiis), des marchands avec leurs troupeaux et leurs marchandises, sous réserve pour ces derniers, comme pour les marins transportant également des marchandises et du bétail, de la lesde antique (antiquam lesdam et usitatam vel usaticum vel pedagium antiquum), à l’exclusion de toute autre charge.
5 - La possibilité de faire transporter en franchise, sur des navires ne leur appartenant pas, des marchandises et du bétail de leurs maisons.

Les chevaliers de Toulon étaient d’autre part, autorisés à aliéner leurs possessions franches au Temple sans en référer à leurs seigneurs, sous réserve toutefois des droits de ces derniers, l’aliénation des biens d’une autre nature restant soumise à leur autorisation. Sur les biens ainsi aliénés au Temple, le « casement » des hommes ne pouvait avoir lieu qu’avec l’assentiment des seigneurs.

De plus, les frères du Temple recevraient les tours comprises dans l’angle qu’ils choisiraient ad edificandos domos et muram comunem civitatis et il leur serait permis d’ouvrir des portes dans ce mur : facere postelam, ita tamen quod civitas non fiat inde fragilior vel debilior et hoc de posterla fiat ad cognitionem domini episcopi et illorum dominorum si essent présentes in civitate.

Enfin, les seigneurs de Toulon se réservaient la connaissance des litiges qui pouvaient surgir entre marchands et marins-pèlerins. Les Templiers déclaraient, de leur côté, que les clauses touchant l’utilisation du port de Toulon par leurs navires n’avaient pas, en ce qui les concerne, un caractère obligatoire.

Tels étaient les droits importants dont le Temple jouit à Toulon à partir de 1224 et auquel l’un des donateurs précités, Gaufridet de Marseille, ajouta la moitié de ses biens, en 1238, par disposition testamentaire... au cas où sa fille viendrait à mourir sans enfants (39).

Nous ignorons cependant l’usage que l’Ordre fit de ces droits relativement au port, et même, ainsi que nous l’avons déjà souligné en tête de la présente étude, si Toulon devint effectivement le siège d’une Commanderie du Temple. Le procès-verbal de saisie des biens que les frères possédaient là en 1308 nous permet seulement de constater que ceux-ci étaient assez importants et se trouvaient aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la cité : in Barris, au lieu-dit Lo Temple et le long des chemins publics de Malbosquet et de Six-Fours. Il faut y ajouter un certain nombre de tenures sises à Ollioules (dans le castrum et en dehors, notamment à La Fontaine) et à La Garde (19).


Maison du Temple de Peyrassol
Département: Var, Arrondissement: Brignoles, Canton: Le Luc, Commune: Flassans-sur-Issole - 83

Maison du Temple de Peyrassol
Maison du Temple de Peyrassol

(Peirasson Peirassol)
La maison de Peirasson était située en pleine campagne, dans le territoire de Flassans et avait des dépendances dans le territoire de Besse (plan de Peirasson). Nous ignorons à la fois et la date et les circonstances de sa fondation. Tout ce que l’on peut dire au sujet de la formation de son domaine, c’est que le Temple obtint pour elle, entre 1209 et mars 1245, du Comte Raimond Bérenger, la juridiction de Cogolin (in territorio... castri de Cogollino in quo dicta domus (de Perassoza) merum habet imperium et juridictionem omnem ex privilegio sibi concesso per illustrem virum dominum Raymundum Berengarium... d’après un acte du 23 février 1302/1303) (7), puis, à une date indéterminée, des droits et des biens assez importants à Blanquefort, dans le territoire de Besse, car l’église de Pignans, qui contrôlait ce territoire, lui contestait les droits précités en 1296 (7).

D’après les archives de l’Ordre de Malte ce serait le comte Alphonse II qui aurait donné Cogolin aux Templiers. Et ceux-ci, en plus de leur domaine utile, auraient eu là plusieurs pièces de terre et la dîme des quartiers de Valsenèque et du Canadel (33). Nous n’avons pu le vérifier. Ce qui est certain c’est, d’après les documents du Temple de 1308, que l’Ordre avait encore, à cette date, la moitié du castrum de Cogollino-Frayneti avec toute la juridiction et sept hommes dans le castrum du Cannet (du Luc) (40).


Les différents modes d’acquisition
Si nous jetons un coup d’œil d’ensemble sur les opérations qui permirent au Temple d’acquérir tant de biens, dans un si grand nombre de localités, en un temps relativement court — généralement du milieu du XIIe siècle au milieu du XIIIe siècle — nous constatons que celui-ci s’enrichit surtout en recueillant des donations.

Le terme de donation ne doit cependant pas nous abuser. Sans doute plusieurs des actes compris sous ce terme sont-ils faits intuitu Dei ; les donateurs, dans certains cas, cèdent leurs biens à Dieu ou à la Vierge Marie d’abord, au Temple ensuite ; la plupart placent leurs actes sous l’invocation de formules religieuses (in remissionem peccatorum meorum et parentum meorum, pro salute animee mee, etc...) ; et l’on ne saurait nier l’intention pieuse de quelques bienfaiteurs de l’Ordre (des seigneurs de Riez, entre autres, qui donnèrent des biens importants au Temple, des seigneurs de Flayosc, qui contribuèrent largement à la dotation de la maison de Ruou, et des seigneurs de Toulon qui n’exigèrent rien, apparemment, en échange des concessions dont il a été question ci-dessus). Mais il suffit de parcourir les actes en question pour s’apercevoir que de semblables formules recouvrent assez souvent des opérations moins désintéressées.

En cédant ses droits sur le castrum de Montfort au Temple, en 1207, le Comte de Provence précise, à la suite des formules religieuses en usage, que cette donation est faite in adobamenti blado abstracto mandato meo a domo militie sita apud Eiras (14).
Boniface de Castellane se contente de quelques têtes de bétail, en 1205, pour la « donation » d’un droit de pâture (2) mais il avait touché 1.000 sous, en 1195 (11), pour la cession d’une terre sise du côté de Lorgues.
Jourdan de Vidauban, de son côté, reçoit 800 sous raymondins, en 1212, pour la « donation » d’une terre (11).
Et Blachère, l’un des seigneurs de Saint-Maurice, avait monnayé la remise de ses biens au commandeur de cette localité, dès 1170, non seulement en percevant une somme de 600 sous raymondins, mais encore en mettant son équipement éventuel à la charge des frères au cas où il irait transmare (31).

Il pouvait s’agir quelquefois, il est vrai, de sommes recognotives, de simples helemosina ou de charitate, pour reprendre les mots employés, qui permettent de laisser subsister, juridiquement, le terme de donation. En fait, cependant, beaucoup de ces donations n’étaient que des ventes déguisées, probablement en vue d’éviter le paiement de certains droits.
Mais alors le terme de donation peut être considéré comme étant synonyme de vente. C’est ce que reconnut expressément le notaire qui rédigea l’acte de Blachère, en novembre 1170, en caractérisant cet acte de donatio sive venditio.

Quant aux donations faites à l’Ordre par des personnes qui se faisaient admettre dans les maisons, parmi les frères, elles ne coûtaient au Temple que l’entretien et la nourriture de celles-ci. Aussi bien les commandeurs accueillaient-ils délibérément toutes ces donations, même si elles les entraînaient à recevoir des femmes et des enfants mineurs : les fils de Blacas de Baudinard en 1229 (4), le fils de Guigues de Roumoules en 1235 (12),
le fils de Guillaume de Fos en 1261, Béatrice de Fos en 1262 (34), et Agnès Chatella en 1267 (5). Nous verrons que l’on accordait d’assez larges facilités aux donateurs en ce qui concerne leur entrée effective dans les maisons de l’Ordre.

Il arrivait aussi que l’Ordre reçut, à titre temporaire ou définitif, sous la forme de donations, des biens qui constituaient le gage ou le remboursement de quelque emprunt. Les maisons rurales du Temple jouaient en effet, dans leur rayon d’action, le rôle d’établissements de crédit ; elles accordaient des prêts aux propriétaires fonciers ou aux seigneurs dans la gêne, se substituant parfois à eux pour l’acquittement d’une dette, sauf à se faire remettre, en garantie, la totalité ou une partie de leurs biens ; et ces biens finissaient, assez souvent, par tomber définitivement entre les mains des Templiers.

Voici quelques exemples de ces opérations
En 1203, le 15 mars, Pons de Châteaurenard oblige à la maison de Ruou le huitième du castrum de Lorgues déjà hypothéqué à plusieurs créanciers parmi lesquels figure le commandeur de Ruou lui-même. Celui-ci se charge de régler les autres créanciers. Il gardera la part dudit castrum aussi longtemps que Pons de Châteaurenard ne l’aura pas remboursé. Mais les conditions du rachat sont dures (Fuit etiam pactum... quod numquam predictas res obligatas posset redimere nisi de propria peccunia... et si forte peccunia mutuaretur debuit reddere marcam argenti fini boni et legitimi ad rationem LX solidorum regalium fortium. Set et si contigeret ipsum Poncium sine liberis legitimis ex uxore legitima decedere, omnes res suprascriptas donavit... domui milicie Templi) (10).

Et Pons de Châteaurenard abandonnera ses droits à l’Ordre, dès le 15 septembre 1206, sous réserve de l’usufruit pendant un an et des droits de deux créanciers.

En 1206, le 29 juin, Pons Albert de Baudinard et les siens, qui avaient emprunté 200 sous à la maison de Saint-Maurice, se libèrent de leur dette en donnant à cette dernière le droit de pâture sur toutes leurs terres (4).

En 1222, le 10 avril, B. d’Avignon obtient de la même maison une somme importante qui lui est nécessaire pour régler une dette ; il lui donne en échange sa part de la seigneurie de Montmeyan (4). Sa « donation » entraîne la désagrégation de cette seigneurie qui tombe entièrement au pouvoir du Temple. Pourtant, l’un des coseigneurs de la localité, Hugues, frère de B. d’Avignon, ne se défait de sa part que pour une durée de 4 ans. Mais l’Ordre tenait à cette part. Il se la réserve et Hugues en profite pour mettre ses frais d’habillement à la charge des Templiers (4).

En 1236, le 2 juillet, Pierre d’Escarène remet temporairement à la maison de Ruou une partie du pasquerium de Lagnes afin de garantir un prêt de 6 livres 1/2 qui lui a été consenti par l’Ordre. Celui-ci gardera le gage et en jouira aussi longtemps qu’il ne se sera pas remboursé de la somme en question, l’usufruit du pasquerium étant estimé à 6 sous par an (12) ; il ne semble pas qu’il l’ait jamais restitué.

Les testaments en faveur du Temple sont rares. C’est que là encore, des droits risquaient d’amoindrir les legs recueillis par les frères ; et les évêques pouvaient connaître des contestations soulevées à leur sujet.
Il en était ainsi à Bras où certains legs faits par des personnes qui élisaient sépulture dans le cimetière de l’Ordre subissaient un prélèvement destiné au prieur local. Les Templiers de Bras n’avaient pu construire leur oratoire et leur cimetière qu’à cette condition (5).
L’acte intervenu à cet effet stipulait que le prieur de Bras percevait :
1 — La moitié de toutes les oblations faites à l’autel de l’oratoire du Temple.

2 — Le « tiers des enterrements » faits dans le cimetière de cet oratoire, sauf s’il s’agissait de Templiers, de membres de la maison qui portaient la croix ou de personnes qui, ayant élu sépulture dans le cimetière au moment de leur maladie, avaient survécu à leur maladie et étaient restées dans l’Ordre.

3 — Le tiers des legs faits par des personnes qui admises dans l’Ordre au temps de leur maladie étaient mortes des suites de cette maladie. Le prieur de Bras n’avait droit à rien si les biens immobiliers laissés par le défunt ne se trouvaient pas dans le territoire relevant de l’église paroissiale de la localité : les paroissiens de Bras comme les étrangers pouvaient élire sépulture dans le cimetière du Temple. Il était interdit à tout membre de l’Ordre de s’entremettre auprès d’un paroissien de Bras pour l’inciter à élire sépulture dans le cimetière du Temple.
Les clauses de cet acte nous éclairent sur un autre procédé employé par les Templiers dans le but d’accroître leur domaine.
Si l’évêque de Fréjus leur interdit d’intervenir auprès des paroissiens de Bras pour les inviter à élire sépulture dans leur cimetière, c’est évidemment que de telles interventions se produisaient. Et le fait que le tiers des legs provenant de personnes malades et décédées des suites de leur maladie devait être réservé au clergé séculier, est significatif en lui-même des démarches que les frères de l’Ordre avaient probablement coutume de faire auprès de certaines personnes se trouvant en danger de mort.

Ce fut peut-être le cas pour ce Guillaume de Fos qui testa, malade, peu de temps avant sa mort, en faveur de la maison de Saint-Maurice, le 12 décembre 1261 (34). G. de Fos déclara, dans ses ultimes dispositions, vouloir racheter, par là, tout le mal qu’il avait fait à l’Ordre. Le commandeur n’avait donc pas eu le choix, avec lui, entre le testament et la donation ; malgré les charges qui grevaient le legs il ne perdait pas tout. Nous savons du reste que l’Ordre, peu de temps après (le 5 février 1262), recueillit tout ce qui restait à la veuve de ce dernier (34).

Signalons encore, dans le même ordre d’idée, que R. Cardona s’étant remis de la maladie au cours de laquelle il s’était fait admettre à la maison de Bras et avait élu sépulture dans le cimetière de cette maison, l’Ordre lui fit confirmer ce fait, dix ans plus tard (en 1266), dans le but évident de recueillir un jour la totalité de son héritage sans que le prieur de Bras put arguer de la réserve contenue dans le statut précité (5).

Guillaume de Fos ne fut pas le seul à racheter par un bien fait le mal qu’il avait fait à l’Ordre. C’est également pour réparer ses torts envers celui-ci, pro injuriis et malefactis a me olim milicie Templi illatis, que Blacas de Almis lui avait remis, en mars 1201/1202, le droit de faire paître ses bêtes de Ruou, Saint-Maurice et Moissac sur toutes les terres qu’il possédait (2). Et nous verrons, chemin faisant, que le Temple obtint d’autres avantages à titre de réparation.

Les donations et les legs qui permirent au Temple de recueillir tant de biens revêtent donc les formes les plus diverses et ne peuvent, dans la plupart des cas, être considérés comme des actes désintéressés d’inspiration religieuse.

Quant aux achats effectués directement par les commandeurs ils portèrent essentiellement sur des terres et des droits qui devaient permettre à l’Ordre d’arrondir son domaine ou de favoriser son mode d’exploitation : terres limitrophes à ses possessions (actes de 1195 et du 1er décembre 1216 à Ruou (2, 11), mars 1237 à Astros (11), du 24 juin 1252 à Vidauban (15), etc...), parts d’une seigneurie dont il poursuivait le remembrement (Bras, Lorgues, Montmeyan), pasquerium dans un très grand nombre de localités où l’élevage, nous le verrons mieux, constituait l’une de ses principales ressources (maison de Ruou et de Saint-Maurice).

A Ruou, à Saint-Maurice, à Montmeyan... les frères de l’Ordre, visiblement, tâchaient de se constituer un domaine d’un seul tenant. Ce n’était pas là chose facile, étant donné le morcellement de la propriété et des droits, mais les acquisitions par rayonnement autour du noyau de fondation, à Ruou par exemple, se développèrent avec une régularité parfaite.

A Montmeyan et à Bras les opérations de l’Ordre portèrent d’abord sur le remembrement de la seigneurie. Si ce remembrement put s’effectuer d’un coup à Montmeyan, grâce à la déconfiture de l’un des coseigneurs, qui dut appeler le Temple à son aide, l’opération fut moins aisée à Bras. Nous voyons sans doute les gros « affars » de ce lieu tomber peu à peu entre les mains du commandeur, et notamment en 1236 celui des Pontevès, qui représentait à lui seul les 2/5 de la seigneurie (5) mais en 1294, les frères de Bras, malgré tous leurs efforts, devaient encore partager la localité avec plusieurs coseigneurs : le comte lui-même, Guillaume de Châteauneuf et ses enfants, les hoirs de feu Guillaume Geoffroi de Gardanne, Foulques de Bras et Geoffroi de Bras (5). Il semble cependant, d’après un acte de décembre 1299, que la seigneurie de Bras n’était plus alors partagée qu’entre le Temple, le comte de Provence, Pierre Aymeric et Huguet, fils de feu G. de Châteauneuf (37).
La maison de Bras poursuivait, parallèlement, la constitution d’un domaine utile dans le territoire de cette localité en reprenant un certain nombre de biens tenus sous son dominium par de riches tenanciers. Nous la voyons confisquer à cette occasion, par voie de commise (seul acte de retrait qui nous soit parvenu ici), les biens d’un certain Hugues Abo condamné au bannissement pour des raisons non indiquées (5).

C’est le même esprit de suite et d’organisation qui préside aux échanges de biens. Quand l’intérêt de l’Ordre l’exige, le maître des maisons de Provence n’hésite pas, le cas échéant, à diminuer le domaine d’une maison au profit d’une autre. On le voit donner une église située dans le diocèse de Gap, en 1252, pour obtenir, en échange, plusieurs églises de Vidauban qu’il rattache à l’une des plus importantes maisons dont il a la charge (Ruou) (15). L’opération accroissait et consolidait notablement les possessions de cette maison.

Les échanges de moindre envergure procédaient de la même méthode d’agrégation des biens. On peut constater que le Temple se défait de biens isolés (à Saint-Maximin, à Draguignan) au profit de terres qui le confrontent ou très proches de ses biens (à Bras, à Lorgues).
L’abandon, par les Templiers, en 1253, de tous les droits qu’ils avaient sur les hommes de Salernes contre certains autres droits sur Villecroze et Peyroules fut avantageux pour l’Ordre qui conserva à Salernes ce qu’il avait de plus sûr et de plus utile (les biens propres et le pasquerium) et s’assura par ailleurs une rente importante servie par une collectivité (8).

Outre cette rente annuelle de 100 sous provençaux, à prendre sur la communauté des hommes de Peyroules, les Templiers obtinrent, par le même échange, deux albergues en nature (dues jusque-là par les hommes de Villecroze à Boniface de Galberto et à ses hommes d’armes) : que ipse dominus habetat in anno in ipsis hominibus castri seu ville de Villacroza, cum viginti uno socio (sic) equitantibus et secum ducentibus trotariis...
Et on précise : Tenebantur predicti homines providere in comestionibus competenter, interficiendo pro eo et sociis suis... unam vaccam et dando sibi et suis sociis gallinas et carnes porcinas... et eorum trotariis et bestiis tam in civata et stabulis quant in aliis sibi necessariis providere.

Le Temple s’efforçait enfin de mettre les biens acquis à l’abri de toute revendication. En butte à de nombreuses réclamations émanant de parents ou d’héritiers de ses vendeurs et de ses donateurs, il se défendait contre eux non seulement en faisant insérer dans les actes d’aliénation une foule de clauses appropriées, mais encore en demandant à ces derniers de confirmer personnellement les actes en question. Clauses de style pourrait-on dire avec raison au sujet d’un certain nombre d’entre elles, mais ces clauses s’appliquent aussi, assez souvent, à des personnes bien déterminées contre lesquelles on entend défendre, par avance, le bien aliéné. Parmi les confirmations demandées aux descendants des donateurs, signalons celles que l’Ordre obtint des fils de feu Pons de Châteaurenard, en 1228 (10), et des fils de Guide d’Ampus en 1236 (Ruou) (12).

En bref, l’Ordre, usant de son prestige, de ses privilèges et plus encore de ses ressources, recueillait n’importe où tout ce qu’il pouvait, si peu que ce fût, et par tous les moyens, mais surtout par voie de donations, même sous réserve de l’usufruit.
Il ne se contentait pas au reste de ces opérations de grappillage. Dès qu’un bien de quelque importance tombé en son pouvoir lui paraissait offrir des possibilités de développement il s’employait méthodiquement non seulement à l’agrandir, par rayonnement à la manière d’une cellule, mais encore à le consolider en profondeur, sur des bases qui, tant du point de vue matériel que spirituel, constituaient alors les meilleures chances de prospérité et de durée.


II — Le personnel des maisons

Les Commandeurs
Voici tout d’abord la liste chronologique des commandeurs et lieutenants de commandeurs connus des maisons de Ruou, Hyères, Saint-Maurice, Bras et Peirasson, avec l’indication, au regard de chaque nom du millésime (ou des millésimes extrêmes) de l’acte (ou des actes) qui contient (ou qui contiennent) ce nom.

Nous ne pouvons songer à signaler ici la centaine de références des actes que nous avons utilisés pour l’établissement de nos listes. On trouvera la plupart d’entre elles au bas des listes publiées par Léonard (41). Pour les autres il suffira de se reporter, à la fin de notre travail, aux listes analytiques et chronologiques des actes.


Maison de Ruou
— Ugues RAIMOND (de VILLACROS), maître, avant 1170.
— Pons de RIGAUD, maître, 1180.
— Bertrand de GARDANNE, commandeur, 1195.
— Bertrand HUGO, commandeur, 1195.
— BERMOND, précepteur ou commandeur, 1200-1205.
— Bernard AIMERIC, vice-précepteur, 1202-1203.
— G. GRALONS, commandeur, 1205.
— Bernard de CLARET, commandeur, 1206.
— ROGER, vice-précepteur, 1215.
— Rostang (de COMPS ?), commandeur, 1216.
— Rostang de COMPS, commandeur, 1220.
— R. LAUGIER, précepteur, « lieutenant du maître », 1222.
— Rostan ou Rostang (de COMPS ?), commandeur, 1224-1225.
— Rostan ou Rostang de COMPS (de Cumba, de Comiti), commandeur, 1225, 1229.
— R. LAUGIER, précepteur, 1229.
— Pons VITRARIUS, commandeur (de Ruete), 1233.
— Rostan ou Rostang de COMPS (de Coms), précepteur ou commandeur, 1235.
— Pierre de BOISESONO ou de BOYSESO, précepteur ou commandeur, 1236-1238.
— Ugues de MILMERANDA (ou MILMADA, ou MILMANDA, ou MIRAMANDA), commandeur, 1241.
— Rostang de COMPS, précepteur ou commandeur, 1248-1249.
— Rostang de BOISO (ou de BUXO), commandeur, 1251-1253.
— Guillaume de MUJOULS (de MAIOLANO ou de MUIOLANO), précepteur de Bras et lieutenant de précepteur à Ruou, 1255.
— Rs. ALAMAN, commandeur, 1256.
— Rostang de BOYSSO, commandeur, 1260.
— BOUCARDUS, précepteur, 1265.
— Albert BLACAS (de BAUDINARD ?), commandeur, 1269, 1275-1277, 1280, + av. 1284.
— Pierre GEOFFROI, commandeur, 1284, 1294.
— Albert BLACAS de BAUDINARD, commandeur de Bras, Saint-Maxime de Rogon (Ruou) et Aix, 1298.
— Hugues de ROCAFOLIO, précepteur, 1305.
— Bertrand de SILVA, précepteur, 1307.
— Guillaume HUGO, lieutenant du précepteur de Ruou, à Lorgues, 1307.
— Geoffroi de PIERREVERT (de PETRAVIRIDI), commandeur, cité en 1310.


Maison d’Hyères
— JORDAN, commandeur, 1198.
— Bertrand de GARDANNE, précepteur, 1213.
— Isnard RICARD, précepteur, 1236.
— LAMBERT, commandeur, 1256.
— Raimond de ANGULIS, précepteur de Peirasson et d’Hyères, 1308.


Maison de Saint-Maurice
— RIPERT, administrateur, 1170.
— Guillaume de La TOUR (de La TORRE), commandeur ou précepteur, 1206.
— (...GORD...) ?, précepteur, 1207.
— G. de MOISSAC (W. de MUXIACO), précepteur, 1222-1223, 1229.
— B(ERNARD) ?, sous-précepteur, 1229.
— BERNARD, précepteur, 1232, 1235-1237.
— Raimond ERMENGAU (ou ERMEGAVUS), commandeur, 1237.
— Pons NIEL, commandeur, 1249.
— Guide d’AVIGNON, commandeur, 1255.
— Bernard de SAINT-JUST, commandeur, 1258.
— Pierre GEOFFROI, commandeur, 1261-1262.
— Albert BLACAS de BAUDINARD, précepteur de Saint-Maurice et d’Aix, 1308, (1319).


Maison de Bras
— BERNARD, commandeur, 1220.
— G. PELLIPARIUS, précepteur, 1221 ;
— BERNARD, précepteur, 1222 ;
— BERNARD, précepteur de Saint-Maurice, chargé des affaires de Bras, 1232 ;
— Guillaume de FANGATO, précepteur, 1236 ;
— BERNARD, commandeur, 1237 ;
— Guillaume de MUJOULS (de MUIOLANO, MEIULANO ou MAIOLANO), commandeur, 1253-1255 ; en 1255 lieutenant de précepteur à Ruou ;
— GIRAUD, commandeur, 1256 ;
— ARNAUD, lieutenant du précepteur, 1258 ;
— ISARD, ISNARD, ISARN ou YSARD, commandeur ou précepteur, 1258, 1262-1263, 1266-1267, 1271 ;
— Pierre de CASSALIS, commandeur, 1274 ;
— Albert BLACAS (de BAUDINARD), commandeur de Ruou, chargé des affaires de Bras, 1275 ;
— Geoffroi de LANÇON (de ALANSONO), commandeur, 1287 ;
— Rostang CORNUT, précepteur, 1294 ;
— Albert BLACAS (de BAUDINARD), commandeur de Bras, Saint-Maxime de Rogon (Ruou) et Aix, 1298 ;
— Raimond BENOIT, précepteur de Bras et chambrier de Saint-Maurice, 1308.


Maison (?) de Toulon
Les rares titres du Temple qui concernent la ville de Toulon ne contiennent aucun nom de commandeur.


Maison de Peirasson
— Bernard de MONTE DRACONO, commandeur, 1256 ;
— Bernard de REVEL, précepteur, 1296 ;
— Ricau PIERRE, précepteur, 1303 ;
— Raimond de ANGULIS, précepteur de Peirasson et Hyères, 1308.


Les frères du Temple placés à la tête de certaines maisons (Ruou et Saint-Maurice) furent d’abord appelés « maîtres » ou « administrateurs », puis « commandeurs » ou précepteurs »
Quelques-uns d’entre eux, le frère Bernard, Rostang de Comps, Guillaume de La Tour, le frère Isard... tantôt sous l’un, tantôt sous l’autre de ces titres.

On voit, à la lecture de la liste ci-dessus, que le même commandeur pouvait administrer un groupe de deux et même trois maisons.
En 1232, le commandeur de Saint-Maurice, Bernard, gère les affaires de Bras.
En 1255, le précepteur de Bras, s’occupe de la maison de Ruou où il « tient lieu » de commandeur.
En 1275, le commandeur de Ruou est chargé des intérêts de la maison de Bras.
En 1298, Albert Blacas est commandeur des maisons de Bras, Saint-Maxime de Rougon (Ruou) et Aix.
En 1308, ce même Albert Blacas administrait encore les maisons de Saint-Maurice et Aix ; toutefois, comme il résidait à Aix (où il fut incarcéré), c’était le précepteur de Bras qui s’occupait alors, en réalité, des affaires de Saint-Maurice.
Les maisons d’Hyères et de Peirasson se trouvaient réunies, elles aussi, à cette date sous l’autorité d’un seul commandeur.

Les commandeurs faisaient l’objet de fréquentes mutations.
Pierre Geoffroi, commandeur de Ruou en 1284 et 1294, avait été commandeur de Grasse en 1251 et 1256, de Saint-Maurice en 1261, puis à nouveau de Grasse en 1264 et 1292 (42).
Albert Blacas, commandeur de Bras en 1275, devint commandeur de Ruou en 1276-1277 et en 1280.
C’est un autre Albert Blacas qui, en 1298, administrait la maison de Bras.
Le frère Bernard, précepteur de Bras en 1220-1222, passa ensuite à la maison de Saint-Maurice dont il fut précepteur en 1232 et 1235-1237 ; on le retrouve de nouveau à Bras en cette même année 1237.
Geoffroi de Lançon, commandeur de Bras en 1287, avait été commandeur de Grasse-Nice en 1263.
Ricau Pierre, commandeur de Peirasson-Cogolin en 1303, venait aussi de la commanderie de Grasse qu’il administra de 1295 à 1301 (42).
Et ces exemples pourraient sans doute se multiplier si nous dépassions les limites que nous nous sommes assignées.

Ces mutations ramenèrent quelquefois le même commandeur à la tête d’une maison qu’il avait quittée et où il avait été remplacé soit par un simple lieutenant, soit par un autre commandeur.
Rostang de Comps et Rostang de Boisso, en particulier, paraissent respectivement trois fois et deux fois à la maison de Ruou ; le frère Bernard vient d’être signalé à trois reprises différentes à celle de Bras. Nous avions fait la même observation à Grasse.

Mais le fait qu’un nouveau commandeur intervienne entre deux actes accomplis par le même titulaire n’implique pas toujours nécessairement que celui-ci ait interrompu son service.
Deux commandeurs exercèrent en effet quelquefois leurs charges simultanément à la tête d’une même maison : Bertrand Ugo et Bertrand de Gardanne administraient ensemble, en 1195, la maison de Ruou ; de même R. Laugier et Rostang de Comps en 1222 et 1229 ; en 1203, la même maison était administrée par un commandeur, Bermond, et un vice-commandeur, Bernard Aimeric.

Il ne saurait être question ici des nombreux maîtres des maisons de Provence qui seront signalés dans les actes analysés in fine. Leurs noms appartiennent à l’histoire générale du Temple dans le domaine de la Langue d’Oc et figurent dans des ouvrages généraux (39, 41). Signalons toutefois que Pons de Rigaud, maître des maisons de Provence, d’Italie et d’une partie de l’Espagne en 1200, avait administré la maison de Ruou comme « maître » en 1180.

Nous ne chercherons pas non plus à suivre les commandeurs précités en dehors de leurs maisons, ni à les situer dans les généalogies des familles importantes auxquelles plusieurs d’entre eux appartiennent.

D’après les actes qui ont été conservés, il semble que l’initiative personnelle des commandeurs ne pouvait s’exercer que dans des limites assez étroites et selon des principes rigoureusement déterminés. Ils avaient d’abord pour tâche d’expédier les affaires courantes relevant de l’administration purement intérieure de la maison qu’on leur avait confiée et de veiller à la mise en valeur du domaine réservé. Mais on les voit aussi intervenir pour recevoir, sans autorisation préalable du maître, la plupart des ventes et des donations faites à l’Ordre sous les formes les plus diverses et cette contribution à l’enrichissement territorial du Temple paraît même avoir été le but essentiel de leur activité locale.
Le maître et le couvent des maisons de Provence n’intervenaient que lorsque l’acte présentait quelque importance. Ainsi pour l’acquisition de Montmeyan qui eut lieu le 10 avril 1222 en présence du maître de Provence, de 4 commandeurs et de 12 frères (4).
Pour tout le reste, qu’il s’agît de l’admission de membres donateurs dans l’Ordre, d’un échange de biens, d’un recours à l’arbitrage, d’une action en justice et, en général, de tout acte qui pût entraîner une modification quelconque dans la composition du domaine dont il avait la charge, le commandeur intéressé ou son tenant-lieu ne pouvait intervenir que s’il était habilité par mandat spécial non seulement des frères de sa maison, mais aussi, le plus souvent, du couvent provincial du Temple et du maître, sans préjudice de l’approbation, par ces derniers, de la décision ou de la sentence obtenue.

C’est ainsi que le commandeur de Bras fut autorisé, en 1256, à régler un différend relatif aux possessions de sa maison dans le territoire de Saint-Maximin (5), celui de Ruou à aplanir des difficultés qui s’étaient élevées au sujet de l’exploitation du four de Lorgues (octobre 1276) (10) et des hommes de Salernes, dont la situation était assez confuse (août 1280) (11), celui de Peirasson à soumettre à l’arbitrage un conflit qui l’opposait à l’église de Pignans (1296) (7).

En déplaçant fréquemment le personnel de ses maisons, le maître du Temple cherchait vraisemblablement, tout d’abord, à l’utiliser au mieux de ses compétences là où c’était nécessaire.
Si fréquentes que fussent les mutations affectant les commandeurs, on remarque, en effet, qu’elles portèrent souvent sur les mêmes hommes et sur ceux-là justement qui déployèrent par tout le plus d’activité (Rostang de Comps, le frère Bernard, Rostang de Boisso, Albert Blacas de Baudinard...). Elles étaient donc basées sur le choix et non sur un quelconque tour de roulement.

Mais ces mutations ne permettaient pas seulement au maître d’utiliser judicieusement son personnel. Elles plaçaient également l’administration de ses maisons sous le signe du mouvement, c’est-à-dire de la vie.
L’Ordre évitait ainsi la plupart des inconvénients qui sont souvent liés au caractère inamovible et sédentaire de la fonction : la routine, le ralentissement de l’activité, le risque de certains accommodements.

De tels accommodements ne pouvaient manquer de se produire dans l’accoutumance et l’intimité de rapports prolongés entre le commandeur d’une maison et les habitants de la localité où se trouvait le siège de cette maison.
En mars 1262/1263, Hugues Abo, qui tenait un « affar sous le dominium » du Temple de Bras, fut condamné à remettre cet « affar » à l’Ordre, par voie de commise, et il fit effectivement un acte de cession des biens en question au nom du frère Isard, commandeur de Bras ; mais le successeur de ce dernier s’aperçut, en prenant possession de son poste, treize ans plus tard, que « l’affar » précité était resté entre les mains de Abo et cela en vertu d’un arrangement passé entre l’intéressé et le commandeur de l’époque (5). Or ce commandeur est justement celui qui, d’après la liste ci-dessus, resta le plus longtemps en activité à la maison de Bras.

On veillait également par là à ce qu’une maison ne devînt l’apanage de quelque commandeur au détriment des intérêts généraux de l’ordre. Le maître des maisons de Provence n’hésitait pas à laisser provisoirement sans titulaire telle ou telle maison importante ou à la placer pour un temps sous l’autorité du chef d’une maison voisine de moindre importance qui avait peut-être quelque opération d’envergure à réaliser. Il limitait ainsi, du même coup, les inévitables rivalités de maisons qui, par esprit de commanderie mal entendu, si l’on peut dire, cherchaient quelquefois à s’agrandir aux dépens l’une de l’autre.

De telles rivalités paraissent avoir opposé les maisons de Ruou et de Saint-Maurice au début du XIIIe siècle. En donnant un droit de « pasquerium » à cette dernière, en 1206, les seigneurs de Baudinard s’engagent à le défendre envers toute personne et en particulier envers toute autre maison du Temple (4).
Contre qui cette clause, déjà significative en elle-même, sinon contre la maison de Ruou qui ayant reçu des donations communes avec la maison de Saint-Maurice s’immisçait très probablement dans le domaine de celle-ci. Il s’agissait là, en effet, d’une concurrence stérile, portant sur le même objet et risquant d’avoir de fâcheux effets sur la bonne administration des maisons. C’était au maître lui-même qu’il appartenait d’intervenir afin d’harmoniser l’activité des maisons au mieux des intérêts de l’Ordre en créant entre elles certains liens d’interdépendance par leur réunion temporaire sous la main d’un seul administrateur, par le fréquent déplacement des commandeurs et, éventuellement, par des échanges de maison à maison.

Le déplacement des commandeurs pouvait, il est vrai, entraver leur action dans les maisons qu’ils quittaient et les empêcher de réaliser toutes les possibilités d’accroissement domanial que leur expérience eût peut-être permis d’envisager. Mais les mutations n’étaient prononcées qu’à bon escient, semble-t-il, et l’Ordre, là encore, se montrait assez souple pour ramener par fois à son ancien poste un commandeur auquel on avait confié, entre-temps, d’autres missions. Tout en assurant, de la sorte, l’exercice d’un contrôle mutuel de la gestion des différentes maisons, le maître des maisons de Provence ne rompait pas tout à fait l’unité de direction de ces maisons.


Les Frères
Alors que les maisons de Grasse Nice et Biot, réunies il est vrai sous l’autorité d’un seul commandeur, ne comptaient chacune que deux ou trois frères, en moyenne, le nombre des membres de la maison de Ruou s’élevait au moins à 8 en 1193 (2), 15 en 1195 (11), 8 en 1203 (10), 16 en 1224 (10), 15 en 1252 (15), 9 en 1260 (11), 14 en 1284 (15) et 7 en 1294 (12) ; celui des membres de la maison de Saint-Maurice au moins à 9 en 1206 (4), 12 en 1222 (4) et 9 en 1262 (34). Pour les maisons de Bras, Hyères et Peirasson, nous manquons de renseignements. Il semble toutefois, si l’on s’en rapporte à quelques actes isolés et à la liste des Templiers arrêtés en 1308, que le nombre des frères présents dans ces maisons était moins important qu’à Ruou et à Saint-Maurice. La moyenne devait être de 3 frères pour la maison de Bras et à peine supérieure pour la maison d’Hyères.

Tous les frères comptés aux maisons de Ruou et de Saint-Maurice n’y résidaient pas en permanence, il est vrai. Quelques-uns étaient détachés dans les granges ou les localités dépendantes de ces maisons :
A la bastide de Saint-Maxime, dans le territoire de Rougon, à Montfort, à Brignoles, à Lorgues...
A en juger par les exemples de Rigaud (42) et de Rougon-Saint-Maxime (19), il ne devait guère y avoir en général qu’un seul représentant de l’Ordre dans chaque dépendance. Ce frère dirigeait de là l’exploitation d’un domaine déterminé ou recueillait les services des possessions locales de l’Ordre.

Les titres que portaient les frères du Temple correspondaient à la fonction qu’ils remplissaient : lieutenant du commandeur, chapelain, clavaire, chambrier, écuyer, servant.

Le lieutenant de commandeur remplaçait le commandeur absent ou, parfois, le secondait ; tous les frères désignés sous ce titre figurent dans la liste ci-dessus parce qu’ils avaient alors la responsabilité de leur gestion au même titre que les commandeurs. D’aucuns intervenaient quelquefois simplement aux lieu et place du commandeur, par mandat spécial, comme délégués à l’expédition de telle ou telle affaire ; on leur donnait en ce cas, comme à Jean Olier, de Ruou, en 1277, le titre de syndic ou de délégué (8).

Le frère chapelain d’une maison était généralement un frère de l’Ordre, mais ce n’était pas une règle absolue. En confirmant au Temple la possession des églises de Vidauban, en 1256, l’évêque de Fréjus déclara que le commandeur de Ruou pouvait faire desservir ces églises par un prêtre séculier, s’il le désirait, à la condition que celui-ci lui fût présenté pour l’investiture.

Le prêtre nommé devait, de toute façon, se présenter au synode de Fréjus (15). Bien entendu le Temple avait le droit de nommer aussi le prieur seu rectorem vel alium qui devait tenir l’église Saint-Pierre d’Entraigues en son nom. Tous les frères chapelains cités dans nos documents appartenaient au Temple ; la plupart relevaient de la maison de Ruou :
(Lambert en 1193 (10), 1195 (11)
Rostang en 1224 (10)
Bernard ou Bertrand en 1256 (15)
G. Imbert en 1276 (15)
G. Ricard en 1284 (15).
Mais il y en avait aussi à Saint-Maurice :
Michel en 1206 (4).
A Bras : Boniface en 1266 (5).
A Vidauban : P. Borgondonius en 1305 (43) et ailleurs encore. Le chapelain de chaque maison se rendait probablement en tournée dans les localités ou les bastides les plus importantes qui dépendaient d’elle pour y officier (à Saint-Maxime, à Montfort, à Brignoles) puisqu’on trouvait dans ces annexes des vêtements et des objets du culte, si rares fussent-ils.

Le clavaire et le chambrier s’occupaient des détails de l’administration intérieure des maisons : questions relatives à l’emmagasinement et à la sortie des denrées agricoles (comptabilité, distribution, vente), au personnel (recrutement, habillement, paiement en argent et en nature), à l’achat, à l’entretien et aux réparations des outils agricoles, etc...

L’écuyer accompagnait le commandeur dans ses déplacements et les autres frères, les servants, étaient chargés de l’exploitation directe du domaine utile de l’Ordre ou des intérêts de l’Ordre dans les localités où celui-ci avait des tenures importantes.

Nous trouvons aussi, dans les documents cités :
Un frère Ebrard, appelé consocius domini magistri, en 1229 (4).
Un frère Jean, signalé en 1224, à Toulon, comme tezaurario de Marseille (6).
Un frère Ymbard, désigné, en 1229, sous le titre de decimarius des maisons de Provence (4), mais il s’agissait là de frères relevant du maître de ces maisons et non d’une commanderie.

Tous les frères d’une maison étaient réunis en couvent par leur commandeur chaque fois qu’il s’agissait de prendre une décision importante intéressant cette maison. Ils formaient ainsi une assemblée restreinte au premier degré par rapport au grand couvent réuni par le maître de Provence et qui, dans beaucoup de cas, statuait en dernier ressort.

Ajoutons encore que ce qui a été dit des mutations touchant les commandeurs vaut aussi pour les frères : Pons Ycard, que nous avions vu si actif à Biot, vers la fin du XIIIe siècle (42), est chambrier de Ruou en 1307 (10), Jean Gallin ou Galluc, qui se trouvait à Ruou en 1203 avait été précédemment à Grasse et devait encore y retourner (42), G. Clumans, rattaché à la maison de Ruou en 1248, deviendra chambrier de Saint-Maurice en
1262 (8, 34).


Les donateurs
Autour du commandeur et des frères de l’Ordre vivaient également, dans chaque maison, sous le titre de donateurs, un certain nombre de personnes qui s’étaient vouées à l’Ordre en lui apportant tout ou partie de leurs biens. Nous avons déjà signalé les mobiles qui poussaient ces personnes à entrer dans l’Ordre et noté, en même temps, que les maisons de Ruou, Saint-Maurice et Bras, tout comme la maison de Biot, avaient admis des femmes et des enfants parmi ces donateurs.

Voici maintenant quelques renseignements sur l’admission des donateurs dans l’Ordre. En 1222, B. d’Avignon ne peut entrer à la maison de Saint-Maurice qu’après avoir divorcé (4) ; il se donne à la milice spontanea voluntate et mera et corde puro, humiliter et devote, liber et absolutus ab uxore... in fratrem et in servitorem et servum (on sait cependant qu’il avait eu besoin du concours de l’Ordre pour payer ses dettes). Le divorce fut « célébré », selon la coutume, par Hugon, évêque de Riez. Raimond de Cardona confirma, en 1266, s’être donné et avoir été reçu à la maison de Bras depuis plus de 10 ans (5).
Béatrice, veuve de Guillaume de Fos, fut reçue solennellement, en tant que « consœur », à la maison de Saint-Maurice, en 1262, par les neuf frères composant cette maison, lesquels s’engagèrent à subvenir à tous ses besoins ; la réception eut lieu non seulement avec le consentement du couvent de la maison de Saint-Maurice, mais aussi de consilio domini Isnardi, preceptoris domus de Brauchio (34).

Il est encore question dans d’autres actes de réception de l’admission du donateur aux bienfaits qui sont de coutume dans l’Ordre. Les enfants étaient donnés par leur père : Et voto et mando quod Agachatus, filius meus, sit ordinis domus Templi et ipsum in quantum in me est dono ipsum dicte domui ac ipsum michi heredem instituo in sua legitima tantum que sibi competit vel competere posset in bonis meis... dit Guillaume de Fos dans son testament du 12 décembre 1261 (34).

La réception du donateur n’était parfois que symbolique ; celui-ci jouissait alors de la plus grande latitude en ce qui concerne son entrée effective dans l’Ordre. Pons de Châteaurenard, qui se voue à la maison de Ruou en 1203, est simplement averti qu’on l’y recevra quand il voudra y venir (10). Et promiserunt fratres quod domus Templi ipsum reciperet quandocumque vellet ad domum Templi venire.
Blacas de Almis s’était contenté de déclarer, en mars 1201/1202, qu’il n’entrerait pas dans un autre Ordre que le Temple (2).
Jourdan de Vidauban, qui « donne » ses biens de l’Argens à la maison de Ruou, en 1212, paraît se considérer comme un donateur, bien qu’il ne soit pas question de son admission dans cette maison (11).
De même, la réception de Guigues de Roumoules et de son fils Cordelius à la maison de Ruou, en 1235, semble avoir été pure ment conventionnelle (12).

Agnès Chatella, qui confirma, en 1267, s’être donnée depuis quelque temps déjà à la milice du Temple (me seu corpus meum) n’y fut apparemment admise qu’à cette date ; le commandeur de Bras l’accueillit en ces termes : Nos, dictus frater Isarnus, preceptor humilis dicte domus (de Brachio) atendentes et considérantes laudabilem devocionem et affectuosum intellectum quem et quam vos dicta domina Agnes Chatella habetis erga domum preclictam de Brachio... autoritate et continentia literarum predicti àomini magistri... et de consilio etiam fratris Bonifacii et fratris Petri Fayloli, commorancium in domo Templi predicta de Brachio, presentium... vos recipimus in donatam et consororem domus Templi et in omnibus bonis spiritualibus et temporalibus que sunt facta et que fient... in domo milice jamdicta, dantes et concedentes vobis socialitatem et participationem bonorum omnium spiritualium et temporalium dicte domus sicut unus ex donatis et confratribus percipere consuevit et juxta ritum Templi (5).

Les donateurs portaient vraisemblablement la croix de l’Ordre comme les frères. L’acte d’arbitrage qui fixe le statut de l’oratoire de Bras, en 1220, excepte des prélèvements en faveur du prieur de la localité non seulement les enterrements des frères de cette maison mais encore tous les membres de leur maison signum Templi deferente (5).

Nous savons du reste que certains de ces donateurs prêtaient leur concours à ces frères et les suppléaient même fréquemment dans des cas déterminés ; la plupart tenaient des bergeries ou des granges ; d’aucuns représentaient le Temple dans des localités isolées ; l’un d’entre eux, Guillaume de Servière, fut même chargé, en 1271, de se présenter aux lieu et place du commandeur de Bras, devant l’archevêque d’Aix, qui avait fait citer ce dernier (37). Il est vrai que le commandeur en question délégua ce donateur pour bien montrer à l’archevêque, sans doute, qu’un membre du Temple n’était pas tenu d’obéir à ses injonctions.


Le personnel domestique
On trouvait encore, dans les maisons de l’Ordre, un personnel domestique, sédentaire et stable, qui était indispensable au commandeur pour la mise en valeur de son domaine utile ou la garde de ses troupeaux.

Nous ne possédons pas de renseignements précis dans les documents analysés sur la situation de ce personnel. Tel commandeur parle quelquefois laconiquement de gente sua seu familia, et Albert Blacas, commandeur de Ruou, donnant, en 1269, la composition générale de sa maison dit, sans plus, et nos et fratres nostros, familiamque nostram et nostrum avere (8).

On identifie certes quelques bouviers à Ruou et à Saint-Maxime de Rougon, une famille de bergers à Ampus... au XIIIe siècle ; mais ce ne sont là que des données fragmentaires. Il faut recourir aux archives des Hospitaliers, relatives aux anciennes commanderies du Temple, si l’on veut avoir des renseignements aussi complets que possible sur le personnel fixe de ces maisons dans la première moitié du XIVe siècle.

C’est ainsi que l’on trouvait dans l’ancienne commanderie du Temple de Montfort, en 1338, 2 domestiques, 1 clerc, 1 meunier, 1 boulanger, 1 cuisinier, 1 fournier, 1 messager (crieur public, porteur...).
Les terres de la maison étaient travaillées là par des corvéables et des journaliers. Dans la vieille commanderie du Temple du Piol, à Hyères, on dénombre, à la même date :
3 bouviers, 3 meuniers, 2 messagers dits aussi « saumadiers », 2 fourniers, 1 clerc, 1 aide-cuisinier, 1 aide-fournier, tous domiciliés dans la maison du Piol.
Diverses maisons utilisaient des hommes corvéables pour le transport des céréales à Hyères et à Toulon.
Dans les maisons rurales de Peirasson et de Saint-Maxime, à Rougon, on trouve surtout des bouviers (toujours en 1338) (44).


Le rôle et la vie des Templiers
Les Templiers des maisons sur lesquelles porte notre étude s’occupaient essentiellement de l’administration de leur domaine. On les voit surtout acquérir ou échanger des biens, défendre juridiquement leurs possessions envers et contre tous, les mettre ou les faire mettre en valeur, recueillir des services de toute nature, etc... Leur rôle n’était donc guère différent de celui des autres seigneurs féodaux. Aussi bien, l’étude de ce rôle se ramène-t-elle, le plus souvent, à l’analyse de questions juridiques et économiques. Elle nous permet sans doute de mettre en relief quelques traits caractéristiques de la politique et des méthodes du Temple en matière domaniale, mais ne nous apporte pas de révélation sur une quelconque activité secrète ou particulière de ses représentants.

L’enrichissement incessant du domaine du Temple trouvait sa justification dans l’accroissement des besoins de la milice qui combattait au loin, que ce fût en Orient ou ailleurs. Il serait intéressant de pouvoir déterminer, à ce sujet, quelle était la destination des denrées que les Templiers tiraient de leurs terres et de leurs services. Nous ne possédons là-dessus aucun renseignement précis. On peut supposer toutefois que les frères centralisaient dans des localités importantes, surtout dans les grands ports régionaux (Nice, Hyères, Toulon, Marseille) toutes les céréales qui ne servaient pas à faire vivre et à payer le personnel de leurs maisons. Certains documents de l’Hôpital relatifs aux anciennes possessions du Temple nous apprennent qu’on les y amenait par voie de cabotage : en 1338, les céréales de Biot et de la région de Vence étaient rassemblées sur la côte et transportées à Nice par voie de mer (45). La concession à l’Ordre de franchises importantes en ce qui concerne l’usage du port de Toulon devait permettre aux maisons du Temple de la région de transporter une partie de leurs denrées dans les ports de l’Asie Mineure, à l’usage des croisés et des pèlerins.

Ne savons-nous pas, de plus, que la maison d’Hyères ravitaillait le Comte de Provence en blé, au début du XIIIe siècle, alors que celui-ci se trouvait peut-être dans une passe difficile pour assurer la subsistance de ses troupes. Le fait que les céréales provenant des biens saisis au Temple étaient écoulées sur les marchés locaux, à partir de 1309 (46), ne signifie pas grand-chose.

Il n’y avait plus alors d’organisation centrale des biens en question et l’administrateur provisoire des possessions de telle ou telle maison agissait isolément et vendait ses produits autour de lui.

Tout ce qui vient d’être dit touchant les céréales s’applique également au bétail qui n’était pas consommé sur place ou utilisé comme monnaie d’échange. On sait en effet que les troupeaux de l’Ordre pouvaient aussi transiter en franchise par le port de Toulon. C’est là sans doute que furent embarqués les 90 porcs que les gens de l’Ordre avaient enlevés à l’église de Pignans en 1296 et transportés immédiatement hors de Provence (7).

Quant au rôle militaire des Templiers, à savoir la défense de la chrétienté contre les « Infidèles », il est bien évident qu’il ne pouvait s’exercer sur une grande échelle dans la région provençale, laquelle vivait cependant sous la menace continuelle des corsaires barbaresques ou autres.

On peut rappeler certes que les frères de l’Ordre furent chargés de la garde d’une tour à Nice en 1205 (42) et qu’on leur remit en 1224 une partie importante des fortifications de Toulon (6), mais le service qu’on leur demanda à Nice fut exceptionnel et temporaire et il est fort douteux que les Templiers aient joué à Toulon le rôle auquel on paraît les avoir appelés : ils semblent s’être contentés d’exploiter là les seuls avantages économiques contenus dans leurs privilèges ; en tout cas leurs maisons sises sur les remparts de la ville étaient désaffectées en 1308 et il n’y avait à cette date, dans celles-ci, ni Templiers, ni armement (19).

Si l’Ordre tenait lui-même des guetteurs sur les tours des localités dont il avait la seigneurie — à Biot, à Montmeyan, à Saint-Maurice, à Montfort... — il n’y avait là rien que de très naturel, le service de guet se rattachant à l’organisation de toute seigneurie et incombant au maître du lieu. Peut-être encore confiait-on de préférence ce service à l’Ordre dans les pays où les Templiers n’avaient qu’une part de seigneurie. C’était le cas à Lorgues. Les frères de Ruou devaient veiller là à la sécurité de la population ; ils faisaient sonner le couvre-feu, organisaient des rondes et prenaient des sanctions à l’égard des contrevenants. Que cela fît partie de la juridiction ordinaire il n’est pour s’en convaincre que de parcourir l’acte où il est fait mention de ces droits : in oedem Castro (de Lonacis) tenebant ipsi Templarii... preconem, nuncium seu cursorem et inquietatorem et excubiam et pulsacionem campane et penarum exactionem a transgressoribus earudem euntibus de nocte post ipsius pulsacionem campane in hominibus suis ; item, ibidem in hominibus extraneis delinquentibus quoquomodo, de die vel de nocte, in bannis et aliis... (47).

Nous n’avons pu vérifier si les Templiers assuraient effectivement la police des routes qui leur aurait été confiée, dès le XIIe siècle, moyennant 1 setier de froment par charrue (48).
Aucun des documents cités ne dit qu’ils aient surveillé des voies de communication ou des passages ailleurs que dans les localités où ils avaient la juridiction. Et les tours qu’ils gardaient dans ces localités n’avaient guère d’importance stratégique. Leur importance ne saurait du moins être comparée à celle de quelques ouvrages de défense — aux gués de l’Argens et du Var par exemple — dont la garde était assurée alors par des seigneurs laïques. Nous trouvons leurs noms dans deux actes du Temple, le 2 août 1234 sur les bords du Var (49) et le 24 juin 1252 sur ceux de l’Argens (15).

Le fait que les habitants de Villecroze devaient fournir deux albergues effectives au commandeur de Ruou pourrait laisser croire que celui-ci levait parfois des hommes et se mettait en campagne dans le pays même. Mais on ne saurait oublier que la maison de Ruou se trouvait dans le territoire de Villecroze et qu’il était assez naturel que l’ordre du Temple se fût réservé des albergues au profit de cette maison, véritable commanderie centrale de la Provence et lieu de passage, par conséquent, de tous ses frères qui se rendaient d’un établissement à l’autre.

Comment admettre, du reste, que les Templiers aient été appelés à jouer un rôle militaire permanent dans une région où l’équipement et l’armement dont ils disposaient était pour ainsi dire insignifiant. Que signalent en effet les inventaires des maisons provençales de l’Ordre en 1308 (50) ?
A Montfort : 2 épées ; à Saint-Maxime de Rougon : 1 épée, 1 lance, 1 casque et à peine de quoi équiper un cheval sans armure. Nous avons vu que les maisons de Grasse, de Biot et de Rigaud n’étaient guère mieux fournies. Et l’on ne trouva aucune arme dans les maisons de Brignoles et de Toulon. Il est possible, certes, qu’une partie de l’équipement réglementaire des chevaliers du Temple, tel qu’il est défini par les statuts de l’Ordre, fût consigné dans un château à la disposition du maître ou de son maréchal, pour être distribué et utilisé dans des cas déterminés. Mais cela n’intéresse que de très loin l’histoire de nos maisons dont les frères n’étaient certainement pas distraits de leurs travaux agricoles par le service des armes.

Il n’en reste pas moins vrai que les Templiers jouissaient d’un réel prestige militaire en Provence, au début du XIIIe siècle, puisque les représentants des Comtes de Provence et de Forcalquier, qui se faisaient alors la guerre, pensèrent à leur remettre en garde quelques châteaux importants, parmi lesquels celui de Sisteron, en 1202-1203 (51).
Et leur influence était encore très grande en 1265, lorsque le commandeur de Nice-Grasse-Biot, Pierre Geoffroi, ainsi que le précepteur de Ruou, le frère Bouchard, assistèrent, comme témoins, à l’acte par lequel les habitants de Milan et de plusieurs villes italiennes autorisèrent le libre passage des troupes françaises à travers leur pays (52). On peut supposer enfin qu’ils recrutaient eux-mêmes, dans la région, des chevaliers pour prendre part aux croisades. Ne s’engagèrent-ils pas, en novembre 1170, à pourvoir à l’équipement d’un seigneur de Régusse dans le cas où celui-ci irait transmare (31).

A Rougon, comme à Grasse, l’église du Temple servait également de remise et de magasin. On trouvait là, à côté de quelques rares objets du culte (1 missel, 1 calice d’étain, 1 habit de prêtre sans chape (pour l’autel), des quantités assez importantes de froment et d’orge conservées dans des jarres, et de nombreux outils agricoles.

Est-ce à dire que les frères du Temple négligeaient leurs devoirs religieux et profanaient sciemment leurs églises ? En aucune manière : les relations des visites épiscopales faites au long des siècles dans les petites paroisses rurales de nos régions montrent à l’évidence que malgré le sentiment profondément religieux des populations agricoles, la maison de Dieu n’était pas toujours tenue dans l’état de décence requise. La vérité c’est que les travailleurs des champs (et les Templiers dans leurs maisons peuvent se ranger dans cette catégorie) ne voyaient aucun inconvénient à dormir ou à prier au milieu de leurs outils, voire au milieu de leurs bêtes. Ils ne déposaient leurs instruments de travail ni devant la porte de leur chambre ni même devant celle d’une chapelle.

Nous ne possédons pas de renseignements sur le fonctionnement du service religieux dans les églises de Vidauban, Régusse, Hyères et Saint-Maurice, qui comptaient parmi les plus importantes de l’Ordre (deux d’entre elles étaient des églises paroissiales). On trouvera seulement ailleurs quelques notes sur le prieur et les desservants de ces églises.

Le statut du petit oratoire de Bras, qui fut élaboré par l’évêque de Fréjus en 1220, nous apprend, par contre, que les droits des chapelles de l’Ordre étaient assez limités en ce qui concerne l’exercice du culte : le clergé séculier des églises locales se défendait en effet avec la plus grande énergie contre l’octroi à ces chapelles de privilèges qui eussent conduit fatalement à une réduction sensible de leurs propres bénéfices au profit de l’Ordre. Si donc, les frères du Temple obtinrent l’autorisation de construire un oratoire à Bras, il fut stipulé que celui-ci ne devait jamais avoir plus d’un autel et de deux cloches, que son desservant n’aurait pas le droit d’y infliger des pénitences, d’y admettre des femmes relevant de couches, d’y baptiser ou d’y administrer le sacrement du mariage, que seuls les Templiers et les membres de leurs maisons y seraient admis à baiser la croix le vendredi ; mais que l’on pourrait cependant en sonner les cloches pour les matines et à n’importe quelle heure pour la messe, avec modération toutefois, et à condition que la sonnerie ne précédât point celle de l’église paroissiale (5).

On peut enfin ajouter que les frères chapelains des différentes maisons se rendaient parfois dans les dépendances de ces maisons pour y officier. On trouvait là, en effet, sinon toujours une chapelle comme à Rougon, du moins quelques-uns des objets nécessaires au service du culte : 1 missel, 1 calice d’étain, 2 petits livres dont la destination n’est pas précisée (missels sans doute) et 3 nappes d’autel. C’était, à peu de choses près, ce qu’on trouva à Saint-Maxime et à Biot.

Qu’ils fussent dans des « châteaux », comme à Biot et à Montfort, ou dans des fermes, comme à Rougon, les frères du Temple n’avaient à leur disposition, par ailleurs, pour leur vie matérielle, que des objets et des effets de première nécessité.
Les meubles étaient rares. Nous n’avons guère noté à Biot, à Grasse et à Rigaud que des bancs, des coffres et des planches à usages divers (42).
La bastide de Rougon était cependant un peu mieux fournie : il y avait là quelques coffres dont deux de dimensions peu communes (si l’on en juge par ce qu’ils contenaient), deux bancs, trois dressoirs, des tables et même, fait exceptionnel, une armoire de chêne !
On note, à Brignoles, 2 tables, dont une « à manger », et 1 escabeau. Le lit proprement dit faisait partout défaut mais on sait cependant que les coffres et les planches pouvaient en tenir lieu. La literie en revanche ne manquait pas.
A Rougon on trouva 3 grosses couvertures bordées, 2 coussins, 1 oreiller, 6 draps (y compris les sacs de couchage), 1 vanne, 2 matelas : le tout appartenait en propre au Templier détaché dans la ferme ; ses deux aides couchaient sans doute à la grange, sur la paille.
A Montfort, le frère P. Borgondonius disposait de 3 matelas, 3 couvertures et 5 draps ou sacs de couchage.

Il n’est signalé partout qu’un très petit nombre d’ustensiles de cuisine : 1 saloir, 1 râpe, 1 poêle, 1 crémaillère, 2 marmites, 1 trépied, 1 tamis, 1 pichet à eau, 2 pichets à vin suffisaient au personnel de Rougon, qui avait cependant en réserve, dans des coffres, 7 cuillers de bois !
Le frère de Montfort ne possédait que le strict nécessaire : 1 crémaillère, 1 marmite, 1 gril et 1 tonnelet !

A ces rares ustensiles il convient d’ajouter, pour la seule bastide de Rougon, divers articles de ménage ou autres : 1 calen, 1 lanterne à mèche, 1 trousse de cordonnier, des lanières, des tresses ou lacets de cuir, des sacs, des besaces, 3 écheveaux de fil... et aussi, en plus grande quantité, des outils agricoles, dont il sera question dans un autre chapitre, et qui se trouvaient pêlemêle dans toutes les pièces.

On ne saurait qualifier de trousseau les quelques effets d’habillement et le linge de corps signalés : 1 chemise en toile de lin, 2 braies, 1 bonnet, 2 paires de chaussures, 1 demi-peau de daim, 1 fourrure en peau de lapin et 1 bourse de cuir à Rougon ; 1 robe de frère en peau de chèvre, 1 garnache de polanchino, 1 garnache de camelin... à Brignoles. Il est vrai que les frères avaient sur eux une partie de ce qu’ils possédaient.

Quant aux provisions conservées dans les maisons pour les quelles l’inventaire nous est parvenu, elles n’étaient pas non plus très abondantes en dehors des céréales : 15 fromages, 4 livres d’amandes, 1 sachet de noisettes, 1 boîte de safran, 1 sachet d’épices, 3 plats de lentilles, 2 gourdes d’huile, 4 coupes de vin, 1 émine de pois-chiches, 40 setiers et 1 émine de froment, 52 setiers d’orge, 3 quartiers de porc... à Rougon ; 1 cuvier de vin, 1 émine de fèves, 1 setier de pois-chiches, 1 émine de gesces, 1 émine de fèves, 2 émines de figues, 4 gourdes d’huile, 60 setiers de froment à Montfort ; 1 muid de vin à Toulon.

Deux choses frappent quand on lit les inventaires des objets trouvés dans les maisons du Temple. C’est tout d’abord l’indigence des biens mobiliers, du trousseau et de l’équipement des frères par rapport à la richesse de leurs biens domaniaux. C’est ensuite le fait que la plupart des objets furent signalés et probablement donc trouvés pêle-mêle dans les diverses pièces de leurs maisons. Il suffira de rappeler ici les inventaires des églises de Saint-Jacques à Grasse et de Saint-Maxime à Rougon ou bien encore la composition hétéroclite des grands coffres qui meublaient la dépense de cette dernière bastide.

On pourrait supposer que le désordre constaté dans les maisons de l’Ordre, en 1308, provenait de ce que les Templiers, prévenus de l’opération qui se tramait contre eux, avaient fouillé hâtivement dans leurs affaires pour en retirer ce qu’il y avait de plus précieux et le remettre à des personnes de confiance. La chose n’est pas impossible dans quelques cas, à Montfort par exemple ou à Toulon, où les inventaires se réduisent à peu de chose ; mais on ne peut l’admettre pour toutes les maisons car les frères, visiblement, furent surpris par les officiers de la cour royale qui venaient procéder à leur arrestation.

Tout cela confirme ce que nous savions déjà de la vie des Templiers de la plupart de nos maisons, à savoir que ceux-ci étaient avant tout des agriculteurs. Ils menaient comme tels une vie rustique et rude, loin de tout luxe et du moindre confort ; leurs maisons rurales et même leurs chapelles — dont nous verrons ailleurs qu’elles pouvaient être fort belles au point de vue architectural — étaient dans leur destination intérieure à l’image de cette vie : les pièces où les frères prenaient leurs repas et celles dans lesquelles ils dormaient tenaient plus souvent du grenier et de la dépense que de la cuisine ou de la chambre ; les chapelles où ces derniers allaient prier étaient dépouillées de tout ornement et servaient d’annexes aux bâtiments d’exploitation.

C’est que leurs occupations champêtres ne laissaient guère de temps aux Templiers de nos maisons. L’organisation d’une vie intérieure suppose des loisirs qu’ils n’avaient pas. En dehors de l’exploitation des terres réservées et des menus détails de l’administration de leurs autres possessions, ils avaient à s’occuper de toute sorte de travaux accessoires : leurs maisons devaient en effet bien souvent se suffire à elles-mêmes ; elles ne disposaient même pas toujours sur place des matériaux qui leur étaient nécessaires. Les frères de la maison de Saint-Maurice, par exemple, devaient aller dans les territoires voisins de La Roquette et de Quinson pour se procurer du bois (cuisine, chauffage, constructions, réparations...), pour faire de la chaux ou prendre des pierres, et même pour avoir de l’eau. Ils jouissaient à cet effet des indispensables droit d’usage (34).

Enfin, toute maison du Temple était également le centre d’une petite activité artisanale (fabrication ou réparation des ferrures, des chaussures, des peaux, travaux de couture, etc...) qui, si réduite qu’elle fût, n’en absorbait pas moins le peu de temps que l’exploitation de la terre pouvait laisser aux frères.
Sources : M. DURBEC. Joseph-Antoine. Sources : Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, tome VIII. Draguignan 1963. BNF

Sources
(1) — Cartulaire de Saint-Victor de Marseille (publié par GUERARD) II, p. 574, n° 1102.
(2) — Arch. des B. d. R., 56 H. 5279
(3) — — ibid. — B.4, f° 344/5
(4) — — ibid. — 56 H. 5314
(5) — — ibid. — 56 H. 5203
(6) — Bibliothèque de Carpentras, Mss. 1859, f° 226.
(7) — Arch. des B. d. R., 56 H. 5276
(8) — — ibid. — 56 H. 5280
(9) — — ibid. — 56 H. 5268
(10) — — ibid. — 56 H. 5282
(11) — — ibid. — 56 H. 5281
(12) — — ibid. — 56 H. 5283
(13) — — ibid. — 56 H. 5167
(14) — — ibid. — B.4, f° 185
(15) — — ibid. — 56 H. 5284
(16) — — ibid. — B. 157, f° 82—92
(17) — — ibid. — B. 155, f° 61/3
(18) — — ibid. — B. 155, f° 65
(19) — — ibid. — B. 433.
(20) — — ibid. — B. 157, f° 63
(21) — — ibid. — B. 157, f° 73
(22) — — ibid. — B. 157, f° 94/5
(23) — — ibid. — B. 157, f° 97/8
(24) — — ibid. — B. 157, f° 99—100
(25) — — ibid. — B. 157, f° 101
(26) — — ibid. — B. 157, f° 101
(27) — — ibid. — B. 157, f° 102
(28) — — ibid. — B. 157, f° 102
(29) — — ibid. — B. 4, f° 301
(30) — — ibid. — II G. 4, 19
(31) — — ibid. — 56 H. 5316
(32) — — ibid. — 56 H. 5317
(33) — BLANCARD, Archives départementales des B.d.R., Fonds H., Introduction.
(34) — Arch. des B. d. R., 56 H. 5315
(35) — Arch. des A.M., H. 886
(36) — PROU et CLOUZOT, Pouillés des diocèses d’Aix, d’Arles et d’Embrun, p. 105—109.
(37) — Arch. des B. d. R. 56 H. 5204
(38) — — ibid. — 56 H. 5205
(39) — RAYBAUD, Les Grands prieurs de Saint—Gilles... II, 315.
(40) — Arch. des B. d. R., B. 156, f° 120/1
(41) — LEONARD, Introduction au Cartulaire manuscrit du Temple, du marquis d’Albon.
(42) — DURBEC, Les Templiers dans les Alpes maritimes. (Liste analytique des documents).
(43) — Arch. des B. d. R. 56 H. 5285
(44) — — ibid. — H(OM) 123 (ancienne cote) : Montfort, f° 63 ; Rougon, f° 165 ; Hyères, f° 311 ; Peirasson, f° 314.
(45) — DURBEC, Monographie de Biot, 3 e partie, p. 28.
(46) — Arch. des B. d. R. B. 158, passim.
(47) — — ibid. — B. 156, f° 118
(48) — PAPON, Histoire de Provence, II, 271.
(49) — Arch. des B. d. R., 56 H. 5269
(50) — Nous donnons ici en bloc les cotes aux Archives des inventaires dans lesquels nous avons puisé la substance de la dernière partie du chapitre concernant le rôle et la vie des Templiers :
Arch. des B. d. R. B. 155, f° 61/3 pour Montfort
— ibid. — B. 155, f° 65/7 pour Brignoles
— ibid. — B. 433 pour Rougon et Toulon
(51) — BENOIT, Recueil des Actes des Comtes de Provence, II, 21, 30, 35, d’après les Arch. des B. d. R., B. 296, Narratio de 1203.
(52) — STERNFELD, Karl von Anjou, p. 311.
Sources : M. DURBEC. Joseph-Antoine. Sources : Bulletin de la Société d’études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, tome VIII. Draguignan 1963. BNF

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