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Maisons et Commanderies de l'Ordre du Temple en France

    Département des Ardennes

    Aussonce (08)

    Domaine du Temple, Aussonce et terres des Ferments


    Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Château-Porcien, Commune: Aussonce - 08


    Domaine du Temple, Terres des Ferments
    Domaine du Temple, Terres des Ferments


    Une autre acquisition non moins importante fut celle faite par les Templiers en juillet 1239, du chevalier Robert, seigneur de Somme-Vesle (Marne), « de Summa Vedula », et d'Isabelle, sa femme, ayant pour objet toutes les terres appelées les terres des Ferments, « terre Fermentum », que ces derniers avaient au territoire d'Aussonce, « in territorio de Ausonnoia », avec tous les droits de justice et de seigneurie.

    Merlan


    Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Château-Porcien, Commune: Aussonce - 08


    Domaine du Temple de Merlan
    Domaine du Temple de Merlan


    Il appartenait au Temple de Merlan plusieurs moulins, dont un sur la Suippe à Pontfaverger-Moronvilliers (Marne), et un autre sur l'Arne, à Hauviné (Marne), « apud Hoivineux », au milieu des marais et prairies que possédait là, en 1254, Thibaut, archevêque de Reims.
    Ces marais se trouvaient à Hauviné, entre la chaussée et les écluses du moulin des Templiers.

    Hauviné


    Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Attigny - 08


    Domaine du Temple d'Hauviné
    Domaine du Temple d'Hauviné



    Plusieurs fois des contestations s'étaient élevées entre eux et l'archevêque, à cause du débordement des eaux de la rivière. Pour mettre fin à tout débat, l'archevêque céda, en 1254, aux frères du Temple, tous ses marais, à la condition que ses hommes de la châtellenie de Béthiniville continueraient d'avoir le droit d'y faire pâturer leurs bestiaux, concurremment avec ceux du Temple. En échange de cet abandon, les Templiers cédèrent à l'archevêque une rente de 40 setiers d'avoine que leur devaient chaque année les habitants de Saint-Hilaire (Saint-Hilaire le Petit, Marne).

    La Neuville-en-Tourne-à-Fuy


    Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Château-Porcien, Commune: Aussonce - 08


    Domaine du Temple La Neuville-en-Tourne-à-Fuy
    Domaine du Temple La Neuville-en-Tourne-à-Fuy


    Le Commandeur était seigneur de Merlan et de La Neuville (La Neuville en Tourne à Fuy, près d'Aussonce Ardennes), avec la haute, moyenne et basse justice.

    Le manoir seigneurial comprenait une maison de maître, une chapelle dédiée à saint Jérôme, et des bâtiments à usage de ferme ; le tout renfermé dans une grande cour carrée. Les terres du domaine étaient d'environ 500 arpents.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

    Aussonce


    Le roy fonda des villes neuves, des villes franches pour favoriser l'affranchissement des populations.
    Personne n'avait de plus puissants motifs que les Alsontins de profiter de ces bonnes dispositions. Leur demande fut-elle écoutéee? La résolution qu'ils prirent semble iniduqer que non. Pour se soustraire à leur triste condition, les plus accablés s'en allèrent habiter la Neuville, où l'appât de la liberté les attirait, et le seigneur n'eut plus d'autre moyene d'arrêter l'émigration que d'entrer en accommadement, en accordant aux uns et aux autres des garanties. Mais le partage des habitants fut consommé et la seigneurie d'Aussonce et de la Neuville-lez-Aussonce fut abandonnée aux Templiers.
    Ces religieux vinrent bâtir le château de Merlan et une ferme sur le terroir de la Neuville au lieudit la Commanderie.
    En 1130, ils étaient décimateurs de deux communes.
    Aussonce et la Neuville participèrent aux mêmes droits et aux mêmes charges, leur vie fut en tout semblable : on les trouvera, dans la suite des temps, représentées aux états provinciaux par des députés particuliers, avec les curés des deux paroisses et le seigneur commandeur de Merlan à leur tête. Désormais, ce ne sont plus de simples agglomérations de sujets, de villageois plus ou moins asservis qui nous intéresseront, mais deux communes, sinon complètement libres, du moins jouissant d'une liberté relative et d'une administration locale assez satifaisante pour autoriser peut-être à regretter, comme M.A. Thierry, les avantages dont jouissaient nos pères.
    Sources : M. l'abbé Marcq. Histoire de Aussonce, La Neuville-en-Tourne-à-Fuy, Germigny-pend-la-Pie, Merlan. - BNF

    Possessions en Ardennes


    La seigneurie d'Aussonce et celle de la Neuville-en-Tourne-à-Fuy.
    L'ancienne chapelle de Cauroy ainsi que des vignes.
    La seigneurie de Mont-Saint-Remi.
    Des moulins à Hauviné et à Pontfaverger-Moronvilliers.
    Des terres à Chamiot (ou chamiau), hameau de Landèves et à Falaise.
    Maison du Temple de la Chambre-aux-Loups, commune de Vouziers.
    Maison du Temple de Foisches mais la ferme dite des Templiers date du XVIIe siècle.
    Sainte-Croix à Baâlons, [Erreur], Ordre de Saint-Jean dès le XIIIe siècle.


    Boux-aux-Bois (08)

    Maison du Temple de Boult-aux-Bois ou Boux et Merlan
    Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Chesne, Commune: Belleville-et-Châtillon-sur-Bar - 08


    Maison du Temple de Boult-aux-Bois
    Maison du Temple de Boult-aux-Bois


    On remarquait dans la circonscription actuelle du département des Ardennes une belle Commanderie de Malte, celle de Boult-aux-Bois, canton de Chesne-le-Populeux. Elle était très-ancienne. On voit en effet qu'en 1282, le lundi avant la Nativité de Saint-Jean-Baptiste, Thibaut de Sauyeterre, vingt-sixième abbé de Mouzon, acquit pour son monastère, de Gérard, dit le bailli de Boult, une terre située au territoire de Harricourt, près de Buzancy, nommée « Malmaison », qui fut plus tard donnée à Robert de La Marck, seigneur de Sedan, en échange d'un bien qu'il possédait à Brévilly (1).
    1. — Gallia Christiana, tome IX, col. 264, B. — Nicher. Histoire chronologique de Mouzon, Ms.

    La Chambre-au-Loup


    Domaine du Temple La Chambre-au-Loup
    Domaine du Temple La Chambre-au-Loup


    Par baux renouvelés en 1771, cette Commanderie jouissait de grands revenus, y compris une coupe annuelle de bois de 300 arpents.
    Elle en possédait d'ailleurs 3000. Plusieurs fermes en dépendaient, entre autres celle de Boult-aux-Bois, celle de Merland, paroisse de La Neuville-en-Tourne-à-Fuy, et celle de la Chambre-au-Loup, paroisse de Vouziers.

    La Commanderie de Boult-aux-Bois possédait encore dans la municipalité de Landres, un corps de ferme avec terres, prés et bois; à Rémonville, une pièce de terre ; dans la municipalité de Saint-Juvin, un petit corps de ferme ; dans celle de Nouart, quatre pièces de prés.

    Au siége de la Commanderie, à Boult-aux-Bois, se trouvaient en 1789, le château, un corps de logis de deux travées à double étage dont l'emplacement comprenait environ 60 verges de terre, et à l'extrémité, une petite maison de trois travées, couverte en ardoises, un jardin entouré de doubles haies vives en épines et charmilles, de la contenance d'environ un arpent de terre (1).
    1. — Archives det Ardennes, série Q, Domaines nationaux.
    Voici les noms des derniers commandeurs Hospitaliers de cet établissement:
    Deschesnes, commandeur, mort octogénaire à Boult-aux-Bois, dans les premiers mois de l'année 1771;
    Rogres De Lusigiun (Charles-Casimir), bailli de Champignelles, gouverneur de Rocroy en 1771, successeur du précédent. Il quitta la Commanderie de Boult-aux-Bois au mois de juin 1778 pour entrer en possession de celle de Sommereux, près Grandvillers-aux-Bois, diocèse de Beauvais, et mourut à Paris le 31 mars 1781;
    Mascranny (Louis De), qui lui succéda, fut le dernier commandeur de Boult-aux-Bois.
    Sources: Edourd Sénemaud - Revue Historique Des Ardennes, publiée par Edouard Sénemaud, archiviste du département. Tome VI, troisième année, deuxième semestre. Mézières, 1867.

    Maisons du Temple de Boux et Merlan
    Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Chesne, Commune: Belleville-et-Châtillon-sur-Bar, Commune: Aussonce - 08


    Maisons du Temple Boux et Merlan
    Maisons du Temple de Boux et Merlan


    Le double nom de Boux et Merlan porté par cette commanderie, se trouve expliqué par les lignes suivantes trouvées en tête d'un de ses terriers de 1693. « Boux et Merlan ne sont pas deux commanderies, » mais deux chefs-lieux séparés d'une même commanderie, dont le premier est dans la Basse-Champagne, et le second dans la Haute-Champagne.
    On comprend dans celle-ci tout ce qui est en-deçà de la vallée de Bourcq (1), et dans celle-là, tout ce qui est resté dans cette vallée et au-delà de la Meuse. »
    1. — Département: Ardennes, Arrondissement et Canton: Vouziers - 08
    Merlan a toujours été le siège de la commanderie; mais on a ajouté à son nom celui de Boux, du moment que les Commandeurs firent du château de Boux leur résidence habituelle.

    Nous parlerons d'abord de la maison de Merlan qui était un des plus anciens établissements du Temple en Champagne, car cette maison existait déjà vers le milieu du XIIe siècle. Il en est fait mention dans des lettres de Henri, archevêque de Reims, de l'année 1166, par lesquelles ce prélat déclare avoir donné aux frères du Temple de Merlan, « fratribus Templi de Mellanto », établis dans son diocèse, la terre de Grand-Mont, « terram de Magno monte », pour les dédommager des dégâts causés à leur moulin par le débordement des eaux du vivier de Bethiniville, « de Bithiniaca villa » qui appartenait à l'archevêque. Dans cet acte, il est dit qu'un seigneur, du nom de Gauthier Potrel, a renoncé en faveur des Templiers, à tous les droits qu'il pouvait avoir sur la terre de La Vallée, près Merlan, « super terram Vallis juxta Mellantum ».

    Le Temple de Merlan était situé dans la paroisse d'Aussonce, à deux mille toises au sud de ce village. Guy de Cérisy, et Ofelice, sa femme, par des lettres d'Alberic ou d'Aubry, archevêque de Reims, du mois de décembre 1217, donnèrent aux frères de la chevalerie du Temple la moitié de leur « villa », nommée Aussonce, « que Aussuntia nominatur », et leur vendirent l'autre moitié avec tout ce qui en dépendait, hommes, cens, justice, terrages, etc., pour le prix de 300 livres. En retour de cette concession, les Templiers abandonnèrent au chevalier de Cerisy la métairie de La Neuville, « medietatem Ville nove », près de leur grange de Merlan, « juxta Grangiam eorum de Merlen », avec tout le territoire, jusqu'à la grosse borne plantée contre le chemin, mais à la condition que la justice de La Neuville resterait appartenir comme celle d'Aussonce, aux frères du Temple.

    Avant de céder sa ville d'Aussonce aux Templiers, Guy de Cerisy avait affranchi les hommes de cette terre, et leur avait donné une charte communale. Par cette charte expédiée sous le sceau de Guillaume, archevêque de Reims, et portant la date de 1187, Guy exemptait de toutes tailles et exactions, les « manans d'Osson », à la condition qu'ils lui donneraient chaque année, à différents termes, vingt livres, monnaie de Reims, cent setiers de froment, autant de seigle; et en outre, par chaque quartier de terre arable qu'ils cultiveraient, treize deniers de cens, et par chaque arpent de vigne, deux deniers.
    Dans le cas où Ausson viendrait à être ravagé par la guerre ou l'ouragan, les jurés de la commune devaient fixer ce que serait, eu égard aux circonstances, la redevance annuelle des habitants.
    La liberté individuelle était garantie par cette clause, que nul ne pouvait être arrêté sans l'assentiment des jurés et échevins.
    Différentes peines étaient édictées contre les délits et les crimes: Un homme qui en tuait un autre, était mis lui et ses biens à la merci du seigneur. S'il ne l'avait qu'estropié, il payait 60 sols d'amende, et s'il l'avait blessé avec des armes remoulues, l'amende était de 15 sols.
    Une femme qui, en plaidant contre une autre, disait de vilains mots devant les juges, était mise à l'amende de 2 sols.

    Chaque fois qu'à l'appel du seigneur, les habitants devaient sortir en armes pour quelque expédition, ils avaient à se pourvoir pour le premier jour, de tout ce qui était nécessaire à leur subsistance. Les jours suivants, c'était le seigneur qui était chargé de ce soin.
    Le seigneur, en venant à Osson, devait être logé pendant trois jours aux frais des habitants, qui étaient tenus de fournir le foin à ses chevaux et à ceux des personnes qui l'accompagnaient

    Cette loi continua d'être en vigueur sous les Templiers de Merlan, devenus seigneurs d'Aussonce. Ce n'était pas la seule seigneurie qu'ils possédaient aux environs de leur maison. L'année avant que Guy de Cerisy leur eut cédé la terre d'Aussonce, un autre seigneur, Bauduin de Saint-Pierre, près de Betthiniville, leur avait donné toutes les terres avec les droits seigneuriaux qu'il possédait entre la rivière d'Arne et celle d'Arnelle, « inter Arnam et Arninam », à l'exception toutefois des terres du quartier de Saint-Clément, ainsi qu'il résulte de la charte de donation dudit Bauduin, du mois de décembre 1216.

    Une autre acquisition non moins importante fut celle faite par les Templiers en juillet 1239, du chevalier Robert, seigneur de Somme-Vesle (1), « de Summa Vedula », et d'Isabelle, sa femme, ayant pour objet toutes les terres appelées les terres des Ferments, « terre Fermentum », que ces derniers avaient au territoire d'Aussonce (2), « in territorio de Ausonnoia », avec tous les droits de justice et de seigneurie.
    1. —Département: Marne, Arrondissement: Châlons-en-Champagne, Canton: Marson - 51
    2. — Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Juniville, Commune: Aussonce - 08


    Il appartenait au Temple de Merlan plusieurs moulins, dont un sur la Suippe à Pont-Faverger (1) et un autre sur l'Aane, à Hauviné (2), « apud Hoivineux », au milieu des marais et prairies que possédait là, en 1254, Thibaut, archevêque de Reims. Ces marais se trouvaient à Hauviné, entre la chaussée et les écluses du moulin des Templiers.
    Plusieurs fois des contestations s'étaient élevées entre eux et l'archevêque, à cause du débordement des eaux de la rivière. Pour mettre fin à tout débat, l'archevêque céda, en 1254, aux frères du Temple, tous ses marais, à la condition que ses hommes de la châtellenie de Béthiniville continueraient d'avoir le droit d'y faire pâturer leurs bestiaux, concurremment avec ceux du Temple. En échange de cet abandon, les Templiers cédèrent à l'archevêque une rente de 40 setiers d'avoine que leur devaient chaque année les habitants de Saint-Hilaire (3).
    1. — Département: Marne, Arrondissement: Reims, Canton: Beine-Nauroy - 51
    2. — Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Machault - 08
    3. — Département: Marne, Arrondissement: Reims, Canton: Beine-Nauroy, Commune: Saint-Hilaire-le-Petit - 51


    La Neuville-en-Tourne-a-Fuy
    Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Juniville, Commune: La Neuville-en-Tourne-à-Fuy - 08


    La Neuville-en-Tourne-a-Fuy
    Domaine du Temple La Neuville-en-Tourne-a-Fuy


    Le Commandeur était seigneur de Merlan et de La Neuville, avec la haute, moyenne et basse justice. Le manoir seigneurial comprenait une maison de maître, une chapelle dédiée à saint Jérôme, et des bâtiments à usage de ferme; le tout renfermé dans une grande cour carrée. Les terres du domaine étaient d'environ 500 arpents, qui étaient affermés avec les moulins, eu 1757, 1663 livres; et en 1788, 1800 livres.

    Maison du Temple de Belleville
    Département: Ardennes, Arrondissement et Cantons: Vouziers, Commune: Belleville-et-Châtillon-sur-Bar - 08


    Maison du Temple de Belleville
    Maison du Temple de Belleville


    Boux, résidence habituelle des commandeurs, était autrefois une annexe de Belleville, qu'on nommait « Barville », tirant son nom de la petite rivière de Bar, dont un affluent traversait ces deux localités.

    La terre de Belleville dont Boux était une dépendance, fut donnée à l'Ordre du Temple vers la fin du XIIe siècle. Nous avons trouvé des lettres de Richard de la Haye, « de Haia », qui paraissent avoir été rédigées vers l'an 1190, par lesquelles ce seigneur approuvait et confirmait la donation que Richard de Lirou avait faite aux pauvres chevaliers du Temple, « pauperibus militibus Templi », de la terre de « Barreville » (aujourd'hui Belleville), touchant à La Haye, sur la rivière de Boux, « juxta Haiam super aquarn de Bo », et qu'il tenait du dit Richard de La Haie.

    Le Temple de Boux est mentionné dans une charte de l'official de Reims, de l'année 1239, contenant vente aux Templiers, par Henri, comte de Grand-Pré, de 526 arpents de bois, situés entre Chestres et Falaise, « inter Chastres et Faloise », et s'étendant depuis la rivière de l'Aisne, « a riparia Axone », jusqu'au bois du Temple de Boux, « usque ad boschum Templi de Booul », avec la justice de ces bois, pour le prix de 22 sols parisis l'arpent; et, en outre, 100 livres de même monnaie.

    Les bois que les Templiers avaient à Boux occasionnèrent, au XIIIe siècle, plusieurs procès avec les seigneurs des environs, et surtout en 1261, avec les seigneur, mayeur et échevins de Briquenay, « de Brequenaio » au sujet du droit que ceux-ci prétendaient avoir de faire pâturer leurs porcs, au moment de la glandée, dans les bois du Temple, même de ramasser les glands et de les emporter chez eux. Les Templiers qui leur déniaient ce droit, consentirent néanmoins, par forme de transaction passée devant l'official de Reims, au mois de septembre de la dite année 1261, à ce que chaque habitant de Briquenay pourrait, au temps de la glandée, faire paître dans les bois deux porcs, et le seigneur trente.

    Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
    En 1348, les frères de l'Hôpital qui avaient remplacé à Boux ceux du Temple eurent encore, à propos de ces mêmes bois, un procès avec la dame de Briquenay. Un arrêt du parlement de Paris, du mois de juin de cette-année, accorda à cette dame l'usage de « busches et de merrein » pour sa maison de Briquenay, dans les bois du Temple de Boux, et le droit d'y faire « estiver » ses bêtes aumailles de l'âge de quatre ans et plus.
    La maison de la commanderie à Boux fut presque entièrement détruite pendant les guerres du XVe siècle. Il n'en restait plus qu'une tour et le colombier, En 1598, le commandeur Oger Damour rebâtit cette maison qui figurait un château. C'était un bel et grand bâtiment de forme quadrangulaire, avec cour d'honneur et jardin entouré de murs. Près du château était la ferme, dont dépendaient 500 arpents de terre et 1,500 arpents de bois, traversés par la route de Renaix. Le château était situé au haut de Boux, sur le chemin conduisant à Belleville.
    Le Commandeur était seigneur et haut justicier de Boux; il percevait toutes les dîmes et avait la collation de la cure, dont l'église était sous l'invocation de sainte Croix.
    La terre et seigneurie de Boux rapportait, en 1788, 3,300 livres, sans y comprendre les bois, qu'on estimait alors valoir 120 livres l'arpent tous les 24 ans, par coupe de 40 arpents, ce qui donnait un revenu de 4,800 livres par an.
    Les membres dépendant de la commanderie étaient l'ancienne maison du Temple de la Chambre-aux-Loups, l'ermitage de Chamiau, la terre et seigneurie de Clairefontaine, et la maison de Ladhuy.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


    Chambre-aux-Loups (La) (08)

    Maison du Temple de La Chambre-aux-Loups


    Département: Ardennes, Arrondissement et Canton: Vouziers - 08


    Maison du Temple de La Chambre-aux-Loups
    Maison du Temple de La Chambre-aux-Loups


    Cette Chambres aux Loups était autrefois sur la paroisse de Vouziers, élection de Rethel. C'était, au siècle dernier, une ferme, avec environ 200 arpents de terre.

    Saint-Hubert



    Domaine du Temple de Saint-Hubert
    Domaine du Temple de Saint-Hubert


    Il en dépendait une chapelle, appelée la Chapelle de Saint-Hubert, chargée de treize messes par an qu'acquittait, au siècle dernier, le curé de Vouziers, qui recevait pour cela de la commanderie une rente de 25 livres.

    La fondation de la maison de la Chambre-aux-Loups (Ardennes) par les Templiers au XIIIe siècle, fut l'objet de vives protestations de la part de Hugues, comte de Rethel, qui leur reprochait de l'avoir construite dans son fief, à son insu, et sans lui en avoir demandé l'autorisation. Dans cette affaire comme dans toutes celles du même genre, on finit par s'arranger; et par des lettres de l'official de Reims, du mois d'octobre 1229, le comte de Rethel, et Mabile, sa femme, confirmèrent la possession, et accordèrent l'amortissement aux Templiers de leur maison, nommée la Chambre-aux-Loups, dans la châtellenie de Bourcq, « domus que vocatur Camera Luporum in castellania de Burgo », ainsi que des terres qu'ils avaient achetées près de leur maison, des enfants de Thiery de Sainte-Marie, de Raoul de Vaux, « de Vallibus », de Filiotte de Wouziers, « de Waseriis », de la dame de Wargny, etc. Le comte leur accorda, en outre, le droit d'usage pour leurs bestiaux dans tous les pâturages de la châtellenie de Bourcq, comme il leur confirma celui qu'ils avaient déjà à la Chambre-aux-Loups et à Tellines (à un quart de lieue de Vouziers; carte de Cassini), « apud Thelynes », village voisin.

    L'année suivante (1230), Alice, veuve de Morand de Saulces, « de Salceia », augmenta encore le domaine de la Chambre-aux-Loups, en abandonnant aux Templiers sept pièces de terre situées à l'entour de leur maison.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

    Savigny sur Aisne Ardennes


    Guyot (petit fils de Guy (Guido) de Savigny est cité les archives de la commanderie de Boult. Il reconnaît en avril 1323, que les Templier au temps qu'ils régnaient, estaient de grande ancienneté pour cause de la maison de la chambre aux loups, en possession de prendre chaque an sur les terrages de Savigny qui m'appartiennent 8 setiers (entre 150 et 300 litres) de blé (moitié froment, moitié avoine) qui doivent être versé à la maison de la chambre aux loups, laquelle appartient maintenant aux religieux hommes, au maître et aux frères de l'Hospital de Saint-Jean de Jérusalem. Guyot s'engage à payer sa part de ce terrage, soit moitié.

    La Chambre-aux-Loups



    La Chambre-aux-Loups - image OSJ
    La Chambre-aux-Loups - Sources: image OSJ


    Come (La): « En 1384, les religieux de saint Thierry déclarent:
    Item, en la ville de La Comme en Retheillois, ont les diz religieux haulte justice moyenne et basse et si a environ XL jours de terre et ne valent mie le labourage »

    Grosse ferme au Nord-Ouest du terroir. Appartenait dès 1209 à l'Abbaye de saint Thierry. Les près du même nom, sous Falaise, étaient vers la même époque aux religieux de saint Remi.
    En 1215, ils cèdent aux Templiers ce qu'ils ont à Condé, Claire Fontaine etc. Réserve faite des « Prés de la Come »

    En 1214, Henri de Vouziers cède à l'Abbaye de saint Thierry une rente sur les moulins de Vouziers, auxquels les habitants d'Ide et de Sirienne avaient le droit de franche mouture et lui accorde, pour ses troupeaux, des mêmes maisons (Suriana et Ida) la pâture dans les prés au delà de l'Aisne et le droit de parcours dans toute la seigneurie.

    Lorsque Thierry échangea les moulins avec les Templiers (1271), ils réservèrent le droit de mouture pour leurs fermiers.

    La Chambre-aux-Loups



    La Chambre-aux-Loups - image OSJ
    La Chambre-aux-Loups - Sources: image OSJ


    Le nom est encore cité dans les titres du 18e siècle. Don de Aalis, veuve de Morand de Saulx aux Templiers de Serres ans l'une (1230): « Derrière Ide », don aux mêmes du Sieur de Fonteneau de 1 jour et demi de terre au terroir de Ide, près de celui de la Chambre aux Loups.
    La Commanderie de Reims était le plus gros décimateur. Voici ce que dit un acte de 1584:

    « Sur toutes les dîmes, grosses et menues, le Commandeur a droit de prendre la moitié, un huitième moins, car sur quarante septiers de blé, le dit seigneur commandeur prend 17 septiers et demi et les 22 septiers et demi qui demeurent se partagent entre les autres parsonniers. Toutes les dîmes sont chargées:

    Les dites dîmes doivent en commun au seigneur commandeur 15 setiers de blé.
    A la Chambre aux Loups: 24 setiers de blé.
    On remarquera les parts de la Chambre aux Loups et de sainte Nourrice. La Chambre aux Loups était une possession des Templiers puis des Hospitaliers de Boult. A ce titre, ils percevaient, de grande ancienneté, dit un titre de 1323, 8 sétiers de blé sur les terrages de Savigny, redevance que les seigneurs devaient verser à la Chambre aux Loups.
    Sources: Savigny sur Aisne Ardennes


    Chamiot (08)

    Domaine du Temple de Chamiot


    Département: Ardennes, Arrondissement et Canton: Vouziers, Commune: Longwé - 08


    Domaine du Temple de Chamiot
    Domaine du Temple de Chamiot


    L'établissement que les Templiers avaient là, était une dépendance de leur maison de la Chambre-aux-Loups, et ne se composait plus, au siècle dernier, que d'une chapelle, de deux cellules, pour y loger deux ermites, avec une petite dîme sur les terres environnantes, et quelques cens et droits seigneuriaux.

    La chapelle où il y avait grande dévotion, était desservie en 1757, par le vicaire de la paroisse de Ballay (Ardennes), à qui le Commandeur donnait 25 livres par an, pour venir y dire une messe par semaine.

    Il est probable que l'ermitage de Chamiot ou Chamiau n'était qu'une partie d'un établissement plus considérable qui existait là autrefois.
    Nous trouvons que les Templiers de la maison de la Chambre-aux-Loups possédaient vers le milieu du XIIIe siècle, des terres et des bois à Falaise et à Chamiot ou Chamiau.

    Falaise



    Domaine du Temple de Falaise
    Domaine du Temple de Falaise


    Un seigneur, du nom de Robin de Fontenelles, leur donnait, en 1257, sept journaux de terre arable, au territoire de Falaise, « de Faloisia », au lieu dit au ruisseau de la Sourgue, touchant au bois de Chamiot, appartenant aux Templiers de la Chambre-aux-Loups.
    La chapelle de Chamiot ou Chamiau n'existait plus en 1788, et ses biens et revenus avaient été réunis au domaine de la commanderie.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


    Chaumontagne (08)

    Domaine du Temple de Chaumontagne


    Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Chaumont-Porcien, Commune: Seraincourt - 08


    Domaine du Temple de Chaumontaigne
    Domaine du Temple de Chaumontagne


    C'était un domaine considérable qui faisait suite à celui de Seraincourt, et qui avait dû, dès l'origine, en faire partie. Il se composait de deux fermes, dans l'une desquelles il y avait une chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, et où il se disait encore, au siècle dernier, une messe par semaine.
    Les terres qui dépendaient des deux fermes étaient de 756 arpents en labour, et 180 arpents de bois, dont une partie située sur le territoire de Foret.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


    Claire-Fontaine (Seigneurie de) (08)

    Seigneurie de Claire-fontaine


    Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Vouziers, commune: Ballay - 08


    Seigneurie de Claire-fontaine
    Seigneurie de Claire-fontaine


    La terre et seigneurie de Claire-fontaine faisait partie au XIIIe siècle, de l'alleu ou terre franche de Condé-les-Vouziers. Elle appartenait alors par tiers et indivisément aux Templiers de Reims, à l'abbé de Saint-Remi de la même ville, et à un seigneur, Gervais de Bourcq. Elle fut ensuite partagée entre eux, à l'exception des pâturages et des dîmes qui restèrent en commun, comme on le voit par des lettres de l'archevêque de Reims, de l'année 1209.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


    Condé-les-Vouziers (08)

    Seigneurie du Temple de Condé-les-Vouziers


    Département: Ardennes, Arrondissement et Canton: Vouziers - 08


    Seigneurie du Temple de Condé-les-Vouziers
    Seigneurie du Temple de Condé-les-Vouziers


    La terre et seigneurie de Claire-fontaine faisait partie au XIIIe siècle, de l'alleu ou terre franche de Condé-les-Vouziers. Elle appartenait alors par tiers et indivisément aux Templiers de Reims, à l'abbé de Saint-Remi de la même ville, et à un seigneur, Gervais de Bourcq. Elle fut ensuite partagée entre eux, à l'exception des pâturages et des dîmes qui restèrent en commun, comme on le voit par des lettres de l'archevêque de Reims, de l'année 1209. Les Templiers ne tardèrent pas à acquérir les droits et parts de leurs co-ayant droit dans l'alleu de Condé, ainsi que dans la terre et seigneurie de Claire-fontaine.

    Pierre, abbé du couvent de Saint-Remi, par ses lettres du mois de juin 1215, céda aux frères de la chevalerie du Temple, tout ce que lui et ses religieux possédaient dans l'alleu de Condé, « in alodio de Condeto », tant en bois, prés, qu'en cens et revenus seigneuriaux à Claire-Fontaine, « in villa que Clarus Fons nuncupatur », à la charge par les dits frères de rendre chaque année à l'abbé de Saint-Remi, 54 setiers de grains à la mesure de Machault (Ardennes), « ad mensuram de Machaudio », moitié froment, moitié avoine, avec vingt sols remois, à recevoir dans la maison du Temple à Tellines, « in domo Templi apud Telines », le lendemain de la saint Remi, sauf pour les vingt sols qui devaient être payés à la saint Jean-Baptiste, sous peine de cinq sols d'amende. Il est observé que cette cession ne devait pas comprendre un pré situé au lieu dit « Coma » qui devait rester appartenir aux religieux de Saint-Remi.

    Les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, après avoir remplacé les Templiers dans la possession de la seigneurie de Claire-Fontaine, en augmentèrent encore le domaine par de nouvelles acquisitions. Ils achetèrent en mai 1337, de Bertrand, sire de Ballay, et d'Agnès, sa femme, trente-deux journaux de terre, avec les droits de justice et de seigneurie, situés sur le territoire de Ballais; tenant d'un côté au ban de Verdy, de l'autre, à celui de Claire-Fontaine, et d'un bout à une ruelle au-dessus des vignes de Ballay. Cette cession, qui comprenait en outre une fauchée de pré sur Claire-Fontaine, s'était faite moyennant et pour le prix de 8 livres 5 sols tournois 6.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


    Dhuy (La) (08)

    Domaine du Temple de La Dhuy
    Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Dun-sur-Meuse, Commune: Landres-et-Saint-Georges - 08


    Domus Hospitalis Grange de La Dhuy
    Domus Hospitalis Grange de La Dhuy


    La Dhuy est aujourd'hui une ferme champêtre, située sur le territoire de Landres, canton de Buzancy, au département des Ardennes ; elle est en bordure du chemin qui conduit de Landres à Dun-sur-Meuse.

    L'ensemble de ses bâtiments constitue un grand quadrilatère, entourant une cour, d'où monte, parmi les instruments aratoires, l'odeur des fumiers et où picorent de nombreux volatiles. Ces constructions n'ont pas d'architecture remarquable, et elles ne gardent aucune trace de la primitive chapelle.
    Les propriétés qui l'encerclent forment un vaste hémicycle, dominé à l'est et au sud par le bois de la Ronlieule et le bois de Romagne.

    * * *


    Gouffre de La Dhuy
    Près de la ferme existe une source profonde qu'on a décorée du nom de Gouffre de La Dhuy. Cette source a ses légendes. On raconte qu'il y a un siècle, un homme à cheval y disparaissait totalement ; on y vit même s'engloutir un chariot attelé de six chevaux, dont on ne put jamais rien retrouver, malgré de laborieux sondages.
    Les anciens du pays disent encore qu'en 1792, les Prussiens de l'armée de Brunswick, campés à Landres, emportèrent les cloches de l'église, mais que, encombrés par leur fardeau, ils les jetèrent dans le Gouffre de La Dhuy, où elles sont peut-être encore.
    Aujourd'hui, ce gouffre n'est plus qu'une mare aux canards.
    Le ruisseau auquel il donne naissance mène ses eaux vers l'Aisne, après avoir arrosé Landres et alimenté plusieurs moulins.
    Aux premiers siècles de notre histoire, des vignes florissantes drapaient les coteaux voisins ; et il y avait en aval un moulin et un vaste étang.

    * * *


    Le polyptyque de Saint-Remi cite, parmi les possessions de cette Abbaye, Adloisda, que tous les historiens traduisent par Adhuy Polyptychum Sancti Remigii. X. Decimæ de abbalia Sancti Thimothei ad hospitium Sancti Remigii.....
    4. In pago porcensi... De Adloisda... de Baioni Villa (1).


    Ce ne fut, dès les débuts, qu'une grangia ou grange dimeresse. Les locaux étaient établis pour recueillir les redevances en grains, les droits de terrage et autres, dûs aux seigneurs, aux abbés ou à leurs voués ; ils servaient aussi à l'exploitation de leurs domaines. C'est ainsi que les sires de Landreville avaient près de Cierges (Meuse), non loin de La Dhuy, la Grange-aux-bois, dont il est fait mention dans la charte de 1277 par Gobert de Dun.

    Ces terres furent sans doute données à Saint-Rémi par Clovis, qui fit tant de libéralités à cet archevêque et à ses leudes. Et au douzième siècle, elles furent cédées aux Templiers, par donation, ou par achat aux abbés de Saint-Rémi (1).

    * * *


    Depuis la chute du royaume de Jérusalem, les Templiers s'étaient répandus en Europe. Leur immense fortune leur avait permis d'acquérir de vastes propriétés. En Champagne, ils avaient une grande situation financière, de nombreux établissements agricoles, à ce point que leur puissance avait alarmé le comte de Champagne Thibaut IV, toujours besogneux : en 1228, il voulut même saisir leurs biens, et leur contesta le droit de faire des acquisitions dans sa province, sans son consentement.

    Ils s'établirent à Belleville vers 1190 ; la terre de Boult-aux-bois, dépendance de Belleville, leur fut donnée par Richard de Liron, et cette donation fut continuée par le suzerain, Richard de la Haye. Déjà ils étaient à Merlan (1166), grâce aux libéralités de l'archevêque Henri de Reims. Ils élevèrent alors le temple de Bonlt — Bodillum in Bosco — qui fut le siège de la Commanderie de Boult et Merlan. Leur fortune s'accrut chaque jour de nouvelles acquisitions territoriales. Ils avaient des dîmes dans les villages voisins : Landres, Rémonville, Bayonville, Fossé, Nouart, Sivry-les-Buzancy, Thénorgues, Sommerance, Sain-Juvin, Cornay, Fléville (2).

    La Dhuy était membre de la Commanderie de Boult et Merlan. Le commandeur en était seigneur. Il y avait haute, moyenne et basse justice ; et pour exercer cette juridiction, il avait le droit de commettre et d'instituer tous officiers, tels que bailli, lieutenant procureur, greffier et sergent.

    Lorsqu'ils furent propriétaires de la Grangia de La Dhuy, les Templiers saisirent toutes les occasions d'agrandir leur domaine. La cense fit place à un manoir considérable. En général, ces centres agricoles étaient la résidence de quelques chevaliers, mais surtout de frères servants, qui s'adonnaient aux travaux des champs, et à l'extraction du minerai de fer. Ces frères avaient été créés lorsque les écuyers et les valets ne suffirent plus aux divers services des Templiers. Il y avait les servants d'armes, qui étaient les plus considérés, et les servants de métier, qui faisaient valoir leurs domaines.
    1. Mannier, Ordre de Malte, les commanderies du grand prieuré de France, 1872, page 300.
    — Dr 0. Guelliot, les commanderies de Boult et Merlan, in Revue de Champagne et de Brie, Tome II, 1877, pages 1-109-165.
    — Dom A. Noël, l'ordre de Malte dans le diocèse de Reims, in Alm. Matot-Braine, 1895.
    2. Belleville et Boult, canton du Chesne.
    — Landres, Remonville, Bayonville, Fossé, Nouart, Sivry, Thenorgues, Canton de Buzancy.
    — Sommerance, Saint.Juvin, Cornay, Fléville, Canton de Grandpré.
    — Merlan, écart d'Aussonce, Canton de Juniville.

    Le treizième siècle vit encore s'accroître les revenus de La Dhuy.

    Par une charte de juin 1209, Henri, seigneur de Landres, et Mathilde, sa femme, vendent aux chevaliers du Temple le quart du moulin et de l'étang de La Dhuy, dont les Templiers avaient déjà les trois quarts ; ils leur cèdent encore le cens du blé, qu'ils prenaient tous les ans sur la grange, et en outre tout ce qu'ils pouvaient avoir sur le Sart de la Cueulle (Chehueles). Milon de Germaine, comme seigneur dominant, approuve et confirme par ses lettres, cette vente, qui fut faite au prix de 20 livres, monnaie de Reims, et en plus une vache (1).
    1. Pièces justificatives, I.

    Cassini place le bois de la Cueulle à une lieue et demie à l'ouest de Landres, sur l'Agron. Ce fut ensuile le bois de Taille-gueule, territoires de Champigneule et de Grandpré.

    Pourquoi cette suggestive appellation ? Souis Louis XIV vivait à Grandpré un soudard querelleur, du nom de Gauthier. Au régiment, il se battait chaque jour et aimait à faire des estafilades sur la face de ses adversaires, d'où lui vint le nom de Taille-gueules.
    Rentré au pays, il devint garde-chasse du comte de Grandpré. Il eut un jour maille à partir avec des soldats de passage. On alla se mesurer dans le bois. Gauthier tua deux soldais et fut lui-même blessé mortellement. Au souvenir de ce drame, le bois fut appelé le bois de Taille-Gueules (2)
    . C'est aujourd'hui le Bois des Loges.
    2. Meyrac, traditions, coutumes, légendes et contes des Ardennes. Charleville 1890, page 324.

    * * *


    Nous arrivons au XIVe siècle. Alors règne en France Philippe le Bel (1285-1314), une des plus curieuses figures de l'histoire. Guillaume de Nogaret, qui fut le Cromwell de ce roi, fait de lui un portrait idyllique : il joignait, dit-il, à la beauté physique, la douceur et la piété. Flatterie d'historiographe. Car l'histoire impartiale dira que, sous ce vernis officiel, il cachait l'âme d'un tyran impitoyable. Déjà le Dante l'accablait sous ses strophes vengeresses. Il allait exercer sur les Templiers des cruautés de Pilate ; Guillaume de Nogaret fut son conseiller et l'exécuteur de ses vengeances. Ce sombre fanatique allait mettre au service du souverain son tempérament de sectaire, et épuiser sur les Templiers toutes les cruautés de la procédure inquisitoriale (Michelet).

    La milice des Templiers avait été créée pour défendre le royaume de Jérusalem ; c'étaient les gendarmes de la Palestine (1118). Alors ils avaient une règle « brève et dure » : obéissance, pauvreté, chasteté.
    Lorsque tomba Saint-Jean d'Acre (1291) le royaume de Jérusalem était perdu. L'ordre du Temple n'avait plus de raison d'être.

    Cependant ils rentraient en France avec une fortune colossale, et, s'ils étaient inutiles, ils restaient fiers, insolents, formidables, mais odieux. Les grandes puissances financière ont toujours été impopulaires. Ils étaient détestés du peuple qui les enviait en bas, el des grands seigneurs qu'ils obligeaient en haut, Et on les disait avides, sans pitié, refusant le morceau de pain du mendiant.

    On les accusa bientôt de vices infâmes, de pratiques scandaleuses contre la religion. Peut-être leurs mœurs, primitivement rigides, s'étaient-elles altérées au contact des Orientaux. Leur valetaille, disait-on, avait des vices inavouables. Puis ils enveloppaient leur existence de mystère : ils tenaient leurs réunions la nuit, comme les sociétés clandestines dangereuses. Alors le peuple de ce siècle, à l'imagination puérile, amplifia ces récits, et déversa sur eux le torrent des injures. On les traita d'hérétiques, la plus sanglante accusation qu'on pût alors porter contre un ordre religieux. Philippe le Bel et Nogaret vont spéculer sur ces superstitions. Mais il faut bien avouer que, devant ce roi sans scrupules, ils n'avaient commis qu'un crime, c'étaient d'être trop riches.

    Le royaume était épuisé par la guerre flamande. Depuis la victoire de Mons-en-Puelle (1304), les coffres du roi étaient vides — et sous les yeux de Philippe besogneux, s'étalaient les trésors des Templiers ; il fallait les perdre, c'était le seul moyen de sortir d'une situation financière désespérée. Leur prétendue hérésie allait être le prétexte officiel.

    Et le matin du 13 octobre 1307, à la même heure, par toute la France, les Templiers furent arrêtés, le grand maître Jacques de Molay le premier, tandis que les hérauts lisaient au peuple une proclamation emphatique, justifiant la conduite du roi, qui semblait prendre en main la défense de la religion, devant cette hérésie abominable. Nogaret avait silencieusement préparé ce coup de filet magistral, sans se soucier des droits de la Papauté, qui s'était réservé la juridiction des Templiers. Il fit instruire la cause par les inquisiteurs. Ce procès était jugé d'avance. Les tortures furent atroces : on leur broya les membres, on leur calcina les pieds. Il en mourut un grand nombre. Quelques-uns vaincus par la douleur, avouèrent tout ce que voulait le roi. En vain des protestations exaltées retentirent dans l'ombre des prisons (1).
    1. Cf. Les classiques : histoire de France d'Anquetil, Henri Martin, Duruy, Michelcl, Lavisse et Ranibeau (Tome III, 23e fascicule page 37 et suivantes).

    Parmi les détenus, nous trouvons Pierre de Landres, incarcéré dans la maison de l'abbé de Lagny, près de la porte du Temple de Paris. Avec lui étaient d'autres frères ardennais : P. de Membressis, P. de Verrières, Decanus de Cholilly, J. de Poilcourt, Nicolaus de Manre, Fulco de Duno...

    Tous les Templiers étaient de noble extraction, beaucoup de servants même étaient chevaliers. J'ignore si Pierre de Landres avait un blason. Il était serviens c'est-à-dire frère servant. Il fut amené devant les commissaires de Philippe le Bel le samedi 14 février 1310, dans la chambre de la cour épiscopale. On lui demanda s'il voulait défendre l'Ordre des Templiers contre les attaques dont il était l'objet. Il répondit affirmativement, et supplia instamment qu'on lui administrât les sacrements, puis qu'on lui rendît la liberté.

    Nouvel interrogatoire le mercredi 18. Il voulait s'incliner devant ses supérieurs, devant la règle du Temple. Il était prêt à élire des procureurs, pris parmi les Templiers, pour défendre la milice. Parmi ces accusés, aucun n'avoua, même sous la question, les erreurs reprochées aux chevaliers.

    Ils choisirent des procureurs qui rédigèrent leur défense. Le 7 avril, ils présentèrent aux seigneurs commissaires une adresse, qui est un beau morceau d'éloquence.

    Leur voix fut étouffée. Le roi les fit condamner par l'archevêque de Sens, et par son ministre Enguerrand de Marigny. Le 12 mai, cinquante-quatre chevaliers montèrent sur le bûcher. Sans doute Pierre de Landres fut parmi les victimes : on n'entendit plus parler de lui.

    Sans se soucier des plus véhémentes protestations, Philippe le Bel supprima l'Ordre des Templiers le 3 avril 1312. Le pape, le concile de Vienne (1311), où siégeait l'archevêque de Reims, s'associèrent à cette sanglante destruction. Le roi s'empara des biens de l'Ordre et garda les domaines jusqu'à sa mort. Alors seulement les propriétés furent transmises aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, plus tard Ordre de Malte, qui déjà possédait Saint Jean de Rametz (Villers-devant-Dun, Meuse).

    Parmi ceux qui s'humilièrent, les uns se marièrent, d'autres entrèrent dans les ordres monastiques, d'autres enfin s'adonnèrent aux travaux des champs.

    * * *


    On ignore comment finirent les Templiers de l'Argonne. Ils n'ont laissé aucun mémoire. Ils durent s'enfuir vers la frontière. La tradition veut que quelques-uns aient cherché à demeurer dans la contrée et à se retirer au fond de la grande forêt.

    Il existait, tout près de Landres et de La Dhuy, dans le bois de Romagne, en une gorge étroite appelée le Cercueil, le Cirqueu ou le Circuit, une maison perdue dans la profondeur des bois qui, au XIVe siècle, étaient des futaies impénétrables. Il en existe encore quelques vestiges. C'était un vaste bâtiment, formant un carré régulier de quatre-vingt-dix mètres de côté. Il était entouré d'un fossé de cinquante pieds de large. Dans ces fossés jaillissait une source, dite Fontaine des Capucins, et, plus bas, il y avait un étang qui portail le même nom. Aujourd'hui le sol est encore semé de tuiles courbes, d'ardoises épaisses, et de poteries diverses. On y a découvert 12 pièces de monnaie de forme quadrangulaire, de 6 lignes de largeur, où était figurées, sur l'avers une tête d'homme, sur le revers une vache. On y aurait aussi trouvé des couverts d'argent, des ustensiles de ménage et d'autres pièces de monnaie frustes.

    La tradition rapporte que c'était un couvent de Templiers ; ils s'y étaient réfugiés pour fuir la persécution. Elle ajoute même que, sur l'ordre de Philippe le Bel, ils y ont été égorgés et brûlés, sous prétexte de sortilège, et que parfois encore, au souvenir de ces supplices monstrueux, les revenants viennent errer parmi ces ruines. Mais on cherche en vain, dans les mémoires du temps, la confirmation de ces faits (1).
    1. Clouet, histoire de Verdun et du pays verdunois, Verdun, 1867. Tome III, page 86
    — Henriquet et Renaudin, géographie du département de la Meuse, 1858.
    — Biguet, monographie de Gesnes, in Journal de Montmédy du 7 avril 1896.
    — Narrateur de la Meuse, 1820, Tome XXXII, page 64.


    L'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, plus tard de Rhodes ou de Malte, était plus ancien que celui des Templiers. Ils prirent, simplement, aux yeux du peuple, la place des Templiers, dans tous leurs biens et droits seigneuriaux. Rien n'était changé à La Dhuy que l'étiquette. Et le domaine reprit sa vie agricole régulière.

    * * *


    Les Templiers construisirent de bonne heure une chapelle dans leur manoir de La Dhuy. Nous ignorons la date exacte de son érection ; mais nous avons des détails sur elle dans les dernières visites faites par les Commandeurs, particulièrement eu 1773 et 1779 (2).
    2. Archives nationales, S. 5032 et S. 5470.

    Elle subit les mêmes vicissitudes que la cense, et, comme elle, fut détruite dans les guerres du XVIIe siècle. Elle fut remise à neuf eu 1693 par le grand maître Adrien de Vignacourt.

    Elle était construite en pierres et avait environ 22 pieds de long sur 16 de large et 18 de haut, couverte primitivement en tuiles plates, plus tard en ardoises. Elle était adossée au mur de clôture à l'aspect du levant. Elle était planchette et plafonnée. L'autel était en bois ; sur cet autel étaient un crucifix de bois, dont le
    Christ était d'ébène, et deux chandeliers de bois. Le clocher n'avait plus de cloché au XVIIe siècle.
    Elle était dédiée « à l'honneur de Dieu et de Saint-Jean-Baptiste » dont le tableau était dans le contre-retable.

    En 1773, on y voyait, dans une armoire à ce destinée : un calice avec sa patène d'argent, doré en dedans ; deux burettes d'étain, une cuvette de faïence ; une aube avec sa ceinture ; trois amiets, deux corporaux, deux purificatoires, trois lavabos, un ornement rouge et un vert complets, deux nappes d'autel, un tapis de brocalelle rouge, blanc et vert, un missel romain, un « pipitre » de bois et un marchepied.
    Les ornements étaient donnés par le commandeur. Ils étaient estimés 64 livres en 1666.

    Cette chapelle était indépendante du domaine et desservie par un aumônier de l'Ordre.

    En 1773, le curé de Chennery y disait une messe tous les mardis ; il recevait pour cela 47 livres 10 sols par an (1). Plus tard le curé de Landres, qui lui succéda, ne venait officier que le premier jeudi du mois, moyennant uue rétribution de 47 livres ; les autres jeudis il célébrait une messe dans son église, pour l'acquit des fondations. En 1791, il recevait 48 livres et 6 livres pour l'entretien des cierges et des linges.
    Le commandeur de Boult était collateur à la Cure.
    1. Chennery, écart de Bayonville, commune de Buzancy.

    Cette chapelle fut détruite à la Révolution et il n'en reste plus aucun vestige. A côté de la grange dîmeresse existaient généralement un réfectoire, un dortoir et une salle capitulaire, où on observait la même discipline qu'au Temple. Nous ignorons si ces dépendances ont existé à La Dhuy.

    * * *


    Les Terriers des Templiers, ou plutôt des Hospitaliers de l'Ordre de Malte, déposés aux Archives nationales, donnent diverses descriptions de La Dhuy.

    A côté de ce domaine, entre le chemin qui va de Landres à La Dhuy et le chemin de Landres à Remonville, au sud de la ferme de la Bergerie, ces seigneurs possédaient encore deux fermes considérables, les Hauts Hazoirs et les Bas Hazoirs, qui furent détruites pendant les luttes de la Fronde, et qu'il faut aujourd'hui classer parmi les localités disparues.

    La carte de l'état-major indique toujours les Bruyères des Hazois ; Vendol écrit plus correctement Bruyères des Hazoirs. Ce bois existe encore. On aperçoit, près de lui, une cavée boisée et les restes d'une citerne : c'est certainement l'emplacement des Hazoirs.

    Dès l'année 1544, les Hazoirs avaient été donnés, par bail emphytéotique, à M. de Chamisso, seigneur d'Andevanne, et à M. de Maillart, seigneur de Landres, moyennant une redevance de 50 livres (1).
    1. Claude de Chamisse, seigneur d'Audevanne, capitaine de cinquante arquebusiers à cheval.
    — Ecu : d'argent à cinq trèfles de sable, 2, 1, 2, à deux mains dextre et sénestre de même en pointe renversées en pal.
    — Pierre de Maillart, baron de Landres, seigneur de Fléville, Curnay, Sommerance, Sivry, Sain-Marce), Gruyères, Mézicrcs en p....
    — Ecu : d'azur à l'écusson, en abysme d'argent au lion naissant de même, lampassé de gueules.


    Le terrier de 1608 constate que le hameau de La Dhuy, possède 259 arpents 89 verges, plus 8 fauchées de prés 19 verges, et est loué 270 livres tournois. A cette époque la ferme des Hauts Hazoirs contenait 332 arpents et deux petites garennes, avec 14 espaces de bâtiments ; et les Bas Hazoirs, 165 arpents, outre un manoir et des bâtiments. Les fermiers des Hauts Hazoirs étaient Claude de Chamisso, seigneur d'Andevanne el Bernardine de Brun, veuve de Prudent de Chamisso (1e février 1608) ; la deuxième ferme était louée à Charles de Maillart, seigneur de Landres, qui acheta, le 20 septembre 1602, une partie des Bas Hazoirs, venant de Henri le Fauconnier (2).
    2. Archives Nationales S. 5168.
    — Terrier du chevalier Ogier d'Amour.
    — Ecu : d'argent à trois clous de sable posés deux et un, surmontés d'un porc épic passant de même.


    En 1663, les Hauts Hazoirs constituent une seigneurie où les Commandeurs de Boult ont haute, moyenne et basse justice. La ferme possède 300 arpents, dont la plupart sont en friches. Les bâtiments ont été totalement détruits. Il y a cependant encore trois censiers qui paient à Noël 100 livres tournois. A la même époque, les chevaliers de Malte possèdent le tiers des dîmes, tant grosses que menues, de Remonville, à l'exception que l'abbé de Belval en prend le tiers dans la totalité (3).
    3. Archives Nationales S. 5469, page 214.

    Le procès-verbal des visites de 1665, sous le commandeur Adrien de Vignacourt, donne aux domaines de La Dhuy une contenance de 225 arpents et demi de terres et 8 arpents 60 verges de prés ; il accuse en outre la propriété du 1/8 des dîmes de Landres, et le 1/3 des dîmes de Sommerance.

    La Dhuy est louée 600 livres en 1666 ; les Hauts Hazoirs contiennent 300 arpents, les Bas Hazoirs 130 arpents, ce qui donne avec La Dhuy un total de 700 arpents. Tous les bâtiments de La Dhuy sont remis à neuf.

    Le chevalier Louis de Blécourt de Tincourt fait rédiger un nouveau terrier en 1696 ; c'est un volume in-folio relié à ses armes : un lion d'argent sur champ de gueules (4).
    4. Archives Nationales S. 5470, page 222, V°

    Il est procédé en même temps à un arpentage des terres. Le premier et le deux mai, cette opération est faite aux Hazoirs, en présence de Nicolas Dardart, laboureur à Remonville, fermier du commandeur, et Guyon Ponsigilon de La Dhuy ; elle constate aux Hazoirs :
    1° pièce de terre, lieudit la Rouchierce, contenant 75 arpents 40 verges 1/4.
    2° pièce de terre de la Haute Hazoy, 196 arpents 89 verges.
    3° garenne de la Haut Hazoy, 13 arpents 30 verges y compris le paquit de la Haut Hazoy.
    4° petite garenne au même lieu, 2 arpents 37 verges.
    Il y avait autrefois trois censiers et 14 espaces de bâtiments, incendiés pendant les guerres.
    Basse Hazoy : 1° 263 arpents 91 verges.
    Il y avait sept espaces de bâtiments également brûlés.
    Le 3 et le 4 mai eut lieu l'arpentage de La Dhuy.
    Description des bâtiments, granges, chapelles....
    Terre du Bochel, près du bois, de Bantheville, 23 arpents 33 verges.
    Terre des longues royes, près du ban de Landres, 82 arpents 75 verges.
    Terre: Gozart et le Chenois, près de la Haute Hazoy, 153 arpents 23 verges 1/3.
    Près de La Dhuy royé le chemin de Landres, 5 arpents 26 verges 3/4.
    Le Plessis : 3 arpents 84 verges 1/2.
    Pré du bourd royé Madame de Landres 130 verges.
    Il y avait autrefois un moulin à eau y attenant, et qui est en ruines.

    Le 15 juillet 1773, le commissaire des Hospitaliers de Boult dresse un nouvel état de ces propriétés, accompagné du vénérable Charles-Casimir de Rogres de Champignelles, plus connu sous le nom de Bailli de Champignelles, dont les armes étaient : Gironné d'argent et de gueules de 12 pièces (1).
    1. Archives Nationales S. 5032. Terrier très détaillé. On y trouve encore une visite du 29 juillet 1788.

    Il décrit avec détail la chapelle et les logements des deux censiers de La Dhuy, guidé par l'un d'eux, Charles Rochon. Il donne la mesure des granges, écuries, poulailler, four, baraques à porcs ; il parle des jardins et des arbres fruitiers. Il rappelle l'existence de deux garennes de 15 arpents.

    Alors les fermiers avaient un bail de neuf ans, passé par les sieurs Doré et Guèrin, par devant maître Boizet, notaire, le 22 novembre 1767, moyennant 800 livres, soit 400 pour chaque censier. La Dhuy avait alors 365 arpents 25 verges, autant terres, que de prés, bois et broussailles. Les Hazoirs n'étaient pas compris dans ce bail ; ils contenaient 424 arpents 73 verges, et étaient loués à M. de Landreville pour 270 livres ; celui-ci avait demandé au commandeur de Boult à en devenir acquéreur (1773) ; il devait céder, en compensation, une partie de la Seigneurie de Chatillon.
    Cet échange n'eut pas lieu, car les Hospitaliers possédaient encore les fermes en 1779.

    Le Bailli de Champignelles fit d'importantes réparations à La Dhuy vers 1773.

    Nouvelle visite en 1779, donnant des détails sur le mobilier de la chapelle, sur les logements des fermiers et les bâtiments de la ferme. Alors La Dhuy contenait 365 arpents de terre, 5 arpents 68 verges de prés ; les Hauts et Bas Hazoirs contenaient 424 arpents 71 verges de bois et pâturages. Le tout était affermé à Renesson pour 1.600 livres. Au moment de la Révolution, les fermes avec les dîmes de Landres rapportaient aux Hospitaliers 2.017 livres.

    J'ai dit que les Hospitaliers possédaient le huitième des dîmes de Landres. On en trouve la déclaration au terrier de 1696, visite du 27 juillet. Devant les commissaires comparaît le S. Gouverneur, qui déclare qu'audit seigneur Commandeur appartient un huitième de toutes les dîmes, tant grosses que menues de tout le ban et finage de Landres ; ces dîmes se perçoivent aux champs à « raison de 13 gerbes une, et les menues dîmes à la même raison, de quoi ledit seigneur est en bonne et paisible possession sans trouble... (1) » En 1779, cette portion des dîmes valait 200 livres.
    1. Archives Nationales S. 5470, page 218, V° Landres.

    * * *


    Il est intéressant de suivre la progression des revenus des nombreuses fermes et dîmes que possédait la commanderie de Boult.
    En 1495, elles rapportaient 351 livres
    En 1583, 4.800 livres
    En 1757, 15.200 livres
    En 1768, 19.700 livres
    Et en 1788, 24.952 livres.

    A la Révolution, les fermes de La Dhuy devinrent biens nationaux, comme toutes les propriétés des émigrés.

    Les archives communales de Landres possèdent la déclaration de Duval, régisseur et fondé de pouvoir du Commandeur de Boult, du 27 mai 1791. Il attribue à La Dhuy une contenance de 338 arpents, 54 verges 1/2 de terres, prés et broussailles ; 26 arpents 70 verges 1/2 de terres et bois, à la Roncheule, 5 arpents 68 verges de terres et prés au pré de Landres. En outre il accuse 424 arpents 72 perches pour les Hazoirs. Le tout affermé à Charles Rennesson de La Dhuy pour 1850 livres. Le huitième des dîmes de Landres, appartenant aux hospitaliers de Boult est affermé par bail du 30 juin 1786 au curé de Landres Nicolas Poulain pour 200 livres (3).
    3. Voir les détails, pièce justificative pour les dépenses (chapelle, bâtiments, garde).

    Le 27 avril 1793, La Dhuy a été mise à prix et adjugée provisoirement au citoyen Nicolas Collin de Chevières pour 50.000 livres ; après de nouvelles enchères, à Louis-Joseph de Raux de Mont-Blainville moyennant la somme de 60.300 livres ; il devait payer comptant le douzième dans la quinzaine, à la caisse du district, et, après ce versement, il entrait en possession réelle desdits biens « comme propriétaire incommutable sous les charges de la cédule » Quant au surplus, il s'engageait à le payer en 12 versements, avec intérêt à 5 pour 100 (1).
    1. Archives départementales des Ardennes a. 249.

    Dans la suite, La Dhuy devint la propriété du citoyen Lombard, qui déjà possédait le château de Landreville et ses dépendances.
    Plus tard, il revendit le tout au baron de Landres. L'acte qui confirme cette cession est au chartrier des Maillard de Landres, chez M. de Meixmoron de Dombasle, au château de Landreville, puis elle passa aux mains de divers acquéreurs.
    D. A. Lapierre. Revue d'Ardenne et d'Argonne : scientifique, historique, littéraire et artistique, pages 237 à 253. Sedan 1915. BNF
    Pièces justificatives : BNF


    La Dhuy ou de Landres (08)

    Maison du Temple de La Dhuy ou de Landres


    Département: Ardennes, Arrondissement et Canton: Vouziers, Commune: Landres-et-Saint-Georges - 08


    Maison du Temple de La Dhuy ou de Landres
    Maison du Temple de La Dhuy ou de Landres


    Taille-Gueulle




    Domaine du Temple de Taille-Gueulle
    Domaine du Temple de Taille-Gueulle


    La maison du Temple de La Dhuy n'était, à son origine, qu'une simple grange dimeresse qu'avaient là les Templiers, avec un moulin et un vivier. Nous avons des lettres de Milon de Germaine, du mois de juin 1209, qui portent que Henri, seigneur de Landres, et Mathilde, sa femme, ont vendu aux frères de la chevalerie du Temple, le quart d'un moulin et d'un étang, nommé La Dhuy, « quod dicitur de la Duiz » dont les autres parties appartenaient aux Templiers; plus le cens de blé que le seigneur de Landres prenait tous les ans sur la grange du Temple, et tout ce qu'il pouvait encore avoir dans le sart de Cueulle (Bois de Taille-Gueulle, sur la rivière d'Argon, à une lieue et demie à l'ouest de Landre, carte de Cassini), « in essarto de Chehueles. » Milon de Germaine, comme seigneur dominant, approuvait et confirmait par ses lettres, cette vente qui s'était faite au prix de 20 livres, monnaie de Reims, et d'une vache.
    La grange de La Dhuy fît place ensuite à une maison et à une chapelle qu'y élevèrent les Templiers, et dont ils firent le siège d'un domaine fort important.

    Boux-aux-Bois


    Département: Ardennes, Arrondissement et Canton: Vouziers, Commune: Germont - 08


    Domaine du Temple de Boux-aux-Bois
    Domaine du Temple de Boux-aux-Bois


    Le commandeur de Boux-aux-Bois était, au siècle dernier, seigneur de La Dhuy, et y avait la haute, moyenne et basse justice. Son domaine comprenait 370 arpents de labour et de pré, et 404 arpents de pâturage et de bois, dits « les hauts et bas Azoirs », le tout divisé en deux fermes, qui rapportaient, en 1788, 1 ,600 livres.

    Dans l'une des fermes, se trouvait la chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, où le curé de Landres venait dire, en 1757, la messe un jour par semaine, moyennant une rétribution annuelle de 47 livres.

    La commanderie possédait un assez grand nombre de petites dîmes à Bayonville, Sommerance, Cornay, Landres, Fleville, Sivry et autres localités des environs de La Dhuy. Elle en avait aussi du côté de Merlan, à Lavanne, Saint-Masme, Heurtregiville, et vers Ia Chambre-aux-Loups, à Savigny, Sugny, Condé, etc.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


    Mainbressy (08)

    Seigneurie du Temple de Mainbressy


    Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Chaumont-Porcien, Commune: Rocquigny - 08


    Seigneurie du Temple de Mainbressy
    Seigneurie du Temple de Mainbressy


    La terre et seigneurie de Mainbressy appartenait, au XIIIe siècle, à un nommé Robert de Mainbressy, « de Mainbreciaco », fils de Gobert, écuyer. Ce seigneur, par ses lettres du mois de décembre 1269, données sous le sceau de l'official de Reims, déclara que mû de dévotion et d'une profonde affection pour l'Ordre de la chevalerie du Temple d'Outremer, il avait fait don à la maison du Temple de Seraincourt de tout ce qu'il avait: « ès viles, et ès terrouers de Mambrecies-le-Grant et de Mambrecies-le-Petit, en terres, maisons, cens, rentes, prés, bois, eaux, moulins, justice et seigneurie. »

    Il n'y avait pas longtemps que les Templiers étaient en possession de la terre de Mainbressy, lorsque Ernould, seigneur de Rocquigny, village voisin, voulut leur imposer diverses charges et leur contester certains droits ; mais une sentence arbitrale, du mois de juin 1277, vint mettre fin à ce débat, en déclarant que Ernould n'avait pas le droit, comme il le prétendait, de pêcher au biez du moulin de Mainbressy-le-Petit, ni de faire moudre son grain au moulin du Temple ; que, d'un autre côté, le choix du mayeur de Mainbressy-le-Grand était à la nomination des Templiers, sans qu'il fût besoin de son avis préalable; et que, pour son manoir, il était tenu de leur payer une laonisine de rente par an.

    Nous avons trouvé un bail, fait le 14 mai 1355, de la maison de Mainbressy, « de Manibressi », membre alors de la baillie de Seraincourt, à frère Jehan de Bon-Œil, moyennant 34 livres tournois de rente, monnaie courante, « et pour ce qu'il n'y a aucunes vignes appartenant à ladicte maison, le Commandeur sera tenu de baillier et délivrer audit frère Jehan, chascun an, trois muys de tel vin, comme il croistra es vignes de la baillie de Seraincourt. »
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


    Merlan (08)

    Maison du Temple de Merlan


    Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Juniville, Commune: Aussonce - 08


    Maison du Temple de Merlan
    Maison du Temple de Merlan


    Le Temple de Merlan était situé dans la paroisse d'Aussonce, à deux mille toises au sud de ce village. Guy de Cerisy, et Ofelice, sa femme, par des lettres d'Alberic ou d'Aubry, archevêque de Reims, du mois de décembre 1217, donnérent aux frères de la chevalerie du Temple la moitié de leur villa nommée Aussonce, « que Aussuntia nominatur » et leur vendirent l'autre moitié avec tout ce qui en dépendait, hommes, cens, justice, terrages, etc., pour le prix de 300 livres.
    En retour de cette concession, les Templiers abandonnérent au chevalier de Cerisy la métairie de La Neuville, « medietatem Ville nove », près de leur grange de Merlan, « juxta Grangiam eorwn de Merlen », avec tout le territoire, jusqu'à la grosse borne plantée contre le chemin, mais à la condition que la justice de La Neuville resterait appartenir comme celle d'Aussonce, aux frères du Temple.

    Ces deux maisons paraissent avoir été liées l'une à l'autre, au point que le précepteur de l'une est donné parfois comme étant aussi précepteur de l'autre; toutes deux étaient du diocèse de Reims, et avaient chapelle.

    Merlan était d'ailleurs baillie du Temple et Roux était compris dans cette baillie:
    « in capella domus Templi de Mellans, Remensis diocesis de Melleuno », « de Merlans », « domus Templi de Bois, Remensis diocesis. » La carte de Cassini indique un lieu-dit la Commanderie à côté de Boux.

    Procès, tome I, page 518


    Nec hoc credebat, quia viderat recipi in capella domus Templi de Mellans Remensis diocesis, per fratrem Terricum de Boscis quondam magistrum Boscorum Templi, sunt XI anni vel circa, fratrem Godardum de Alto Vivari servientem, dicte diocesis Remensis, qui fuit captus una cum aliis, de cujus vita vel morte nunc non habet certitudinem, presentibus fratribus Johanne de Anesio Laudunensis, et Manesserio de Cormerssi Remensis diocessum, deffunctis.
    Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2 — Imprimerie Nationale — Paris — M. DCCC. LI.

    En 1287, le précepteur de la baillie de Merlan était frère Thierri, et le Procès nous apprend qu'il aurait alors procède à des réceptions en la chapelle du Temple de Boux c'est même de cette dernière maison qu'il semble avoir tiré son nom « frater Thierricus de Boscis », « Therricus Bosconnarius. »

    Procès, tome II, page 34


    Vidit eciam recipi fratrem Terricum le Petit Laudunensis diocesis, et fratrem Petrum le Bergier de Viromandia servientes quondam, simul in capella domus Templi de Bois Remensis diocesis, per fratrem Therricum quondam preceptorem tunc baillivie de Merlans, presentibus fratribus Albrico agricultore et quodam alio bergerio dicte domus qui vocabatur Petrus, sunt XXIIII anni vel circa.
    Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2 — Imprimerie Nationale — Paris — M. DCCC. LI.

    Un peu plus tard, vers 1295, Thierri reçoit au Temple de Seraincourt, maison qui dépendait sans doute de sa baillie.

    Procès, tome II, page 372


    Anno ejusdem Domini millesimo trecentesimo septimo, indicione sexta, mense novembris, ejusdem mensis die decima, pontificatus sanctissimi patris et domini domini Clementis divina providencia pape quinti anno secundo, in religiosi viri et honesti fratris Guillelmi de Parisius ordinis Predicatorum, inquisitoris heretice pravitatis auctoritate apostolica deputati, in domo milicie Templi Parisius, pro inquirendo contra quasdam personas dicti ordinis eidem delatas super dicto crimine existentis, nostrum notariorum publicorum et infrascriptorum testium presencia personaliter constitutus frater Matheus de Attrebato, etatis quadraginta quatuor annorum vel circa, juratus ad sancta Dei Evangelia ab eo corporaliter tacta in causa fidei de se et aliis dicere veritatem, et requisitus de tempore et modo sue recepcionis, dixit per juramentum suum quod receptus fuit duodecim anni sunt Dominica ante festum beati Johannis Baptiste ultimo preteritum, in domo de Saraincourt, per fratrem Thierricum de Boscis preceptorem baillivie de Melleuno, presentibus fratribus Johanne de Cella et Tierrico de Mares et quibusdam aliis de quorum nominibus non recolit.
    Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2 — Imprimerie Nationale — Paris — M. DCCC. LI.

    L'importance, assurément relative, de la commanderie de Merlan est encore attestée par divers passages du Journal du trésor du Temple; il est à remarquer toutefois que, dans ce Journal, Thierri de Boux est dit précepteur de Boux: « de preceptore de Broul, fratre Terrico », « de fratre Therrico Bosconnario, 16 livres super preceptorem Mellenti » (juillet 1296). Mémoire sur les opérations financières des Templiers, pages 176, 177, 198, 209 et 210.

    Serait-ce donc la maison de Merlan qui aurait été subordonnée à celle de Boux ? A l'appui de cette seconde supposition, on trouvera, dans le Procès, le récit d'une réception faite à Merlan, vers 1300, par Thierry, « magister Boscorum Templi ».

    Procès, tome I, page 518


    Nec hoc credebat, quia viderat recipi in capella domus Templi de Mellans Remensis diocesis, per fratrem Terricum de Boscis quondam magistrum Boscorum Templi, sunt XI anni vel circa, fratrem Godardum de Alto Vivari servientem, dicte diocesis Remensis, qui fuit captus una cum aliis, de cujus vita vel morte nunc non habet certitudinem, presentibus fratribus Johanne de Anesio Laudunensis, et Manesserio de Cormerssi Remensis diocessum, deffunctis.
    Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2 — Imprimerie Nationale — Paris — M. DCCC. LI.

    Le précepteur du Temple de Merlan, un peu avant la chute du Temple, fut frère Gaubert, cité comme étant venu à La Neuville, en 1304.

    Procès, tome I, page 407


    Ipse autem receptus fuerat in domo Templi de Nova Villa juxta Cathelanum, per fratrem Johannem Ademari, quondam militem, tunc preceptorem ballive vocate de Paganis, in festo Nativitatis beati Johannis Baptiste proximo preterito fuerunt XVIIII vel XXti anni, in capella dicte domus, inter primam et terciam, presentibus fratribus Andrea de Rocha, presbitero quondam, Hugone de Gabilone milite, quem credit esse vivum, Johanne de Aubon serviente et aliquibus aliis de quorum non recordatur nominibus, in hunc modum; nam receperunt eum ad participacionem bonorum ordinis et panem et aquam et pauperem vestitum ordinis; et fecerunt eum vovere et jurare castitatem, obedienciam, vivere sine proprio, servare secreta capituliorum; et dictus receptor tradidit ei mantellum, et ipsi astantes fuerunt eum osculati in ore; postmodum instruxit eum de multis bonis punctis ordinis et qualiter deberet dicere Pater noster et consimilia; postmodum dixit ei dictus receptor quod ipsi habebant aliquas observancias quas ipse diceret ei et non curaret, quia non erant contra animam suam, et ea poterat facere et dicere ore non corde et aliqua verba consimilia inductiva; et tunc precepit ei quod abnegaret Deum, et dictus testis fuit de hoc admiratus et causabatur; sed finaliter quia dixit quod talis modus servabatur in recepcionibus aliquorum aliorum fratrum, abnegavit ore non corde.
    Sources: Procès des Templiers, publié par M. Jules Michelet, tome 1 et 2 — Imprimerie Nationale — Paris — M. DCCC. LI.
    Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les commissions pontificales des diocèses de France.

    Maison du Temple de Merlan


    Le Temple de Merlan était situé dans la paroisse d'Aussonce, à deux mille toises au sud de ce village. Guy de Cérisy, et Ofelice, sa femme, par des lettres d'Alberic ou d'Aubry, archevêque de Reims, du mois de décembre 1217, donnèrent aux frères de la chevalerie du Temple la moitié de leur villa nommée Aussonce, « que Aussuntia nominatur » et leur vendirent l'autre moitié avec tout ce qui en dépendait, hommes, cens, justice, terrages, etc., pour le prix de 300 livres. En retour de cette concession, les Templiers abandonnèrent au chevalier de Cérisy la métairie de La Neuville, « medietatem Ville nove », près de leur grange de Merlan, « juxta Grangiam eorwn de Merlen », avec tout le territoire, jusqu'à la grosse borne plantée contre le chemin, mais à la condition que la justice de La Neuville resterait appartenir comme celle d'Aussonce, aux frères du Temple.

    Avant de céder sa ville d'Aussonce aux Templiers, Guy de Cérisy avait affranchi les hommes de cette terre, et leur avait donné une charte communale. Par cette charte expédiée sous le sceau de Guillaume, archevêque de Reims, et portant la date de 1187, Guy exemptait de toutes tailles et exactions, les manans d'Osson, à la condition qu'ils lui donneraient chaque année, à différents termes, vingt livres, monnaie de Reims, cent setiers de froment, autant de seigle; et en outre, par chaque quartier de terre arable qu'ils cultiveraient, treize deniers de cens, et par chaque arpent de vigne, deux deniers.

    Dans le cas où Ausson viendrait à être ravagé par la guerre ou l'ouragan, les jurés de la commune devaient fixer ce que serait, eu égard aux circonstances, la redevance annuelle des habitants.

    La liberté individuelle était garantie par cette clause, que nul ne pouvait être arrêté sans l'assentiment des jurés et échevins.

    Différentes peines étaient édictées contre les délits et les crimes: Un homme qui en tuait un autre, était mis lui et ses biens à la merci du seigneur. S'il ne l'avait qu'estropié, il payait 60 sols d'amende, et s'il l'avait blessé avec des armes remoulues, l'amende était de 15 sols.

    Une femme qui, en plaidant contre une autre, disait de vilains mots devant les juges, était mise à l'amende de 2 sols.

    Chaque fois qu'à l'appel du seigneur, les habitants devaient sortir en armes pour quelque expédition, ils avaient à se pourvoir pour le premier jour, de tout ce qui était nécessaire à leur subsistance. Les jours suivants, c'était le seigneur qui était chargé de ce soin.

    Le seigneur, en venant à Osson, devait être logé pendant trois jours aux frais des habitants, qui étaient tenus de fournir le foin à ses chevaux et à ceux des personnes qui l'accompagnaient.

    Cette loi continua d'être en vigueur sous les Templiers de Merlan, devenus seigneurs d'Aussonce. Ce n'était pas la seule seigneurie qu'ils possédaient aux environs de leur maison. L'année avant que Guy de Cérisy leur eut cédé la terre d'Aussonce, un autre seigneur, Bauduin de Saint-Pierre, près de Bethinville, leur avait donné toutes les terres avec les droits seigneuriaux qu'il possédait entre la rivière d'Arne et celle d'Amélie, « inter Arnam et Arninam », à l'exception toutefois des terres du quartier de Saint-Clément (Saint-Clément-sur-Arne, Ardennes), ainsi qu'il résulte de la charte de donation dudit Bauduin, du mois de décembre 1216.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


    Mont-Saint-Rémy (08)

    Seigneurie du Temple de Mont-Saint-Rémy


    Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Château-Porcien, Commune: Bignicourt - 08


    Mont-Saint-Rémy
    Seigneurie du Temple de Mont-Saint-Rémy


    La terre et seigneurie de Mont-Saint-Remy est une acquisition que les Templiers firent de Thibaut, fils de dame Mathilde de Mont-Saint-Remy, suivant des lettres de l'official de Reims, de l'année 1244. Par cet acte, le seigneur Thibaut vendit aux frères du Temple de Reims, pour le prix de 40 livres, toutes les terres, revenus, justice et seigneurie qu'il avait à Mont-Saint-Remi et qu'il tenait desdits frères. Le même Thibaut leur céda encore, en 1242, des rentes qui lui restaient dues par divers habitants de Mont-Saint-Remi, « de Monte Sancti Remigii. » Nous ne savons ce que devint la terre et seigneurie de Mont-Saint-Remi, car il n'en est plus fait mention dans aucun titre postérieur au XIIIe siècle.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


    Seraincourt (08)

    Maison du Temple de Seraincourt


    Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Château-Porcien - 08


    Maison du Temple de Seraincourt
    Maison du Temple de Seraincourt


    Le Livre-Vert nous apprend que Seraincourt était une ancienne Maison du Temple, dans le diocèse de Reims. La date de sa fondation n'est pas connue. Cette maison n'est mentionnée que dans des titres de la seconde moitié du XIIIe siècle.

    Le domaine se composait, au siècle dernier, d'un château, avec basse-cour et ferme, qui comptait près de 450 arpents de terre en labour et prairie, et 149 arpents de bois.

    Merlan


    Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Juniville, Commune: Aussonce - 08


    Domaine du Temple de Merlan
    Domaine du Temple de Merlan


    Maison du Temple, sise dans le diocèse de Reims « domus de Serenicourt », « de Seraincourt », « Serincourt », « de Serena curia », en laquelle le præceptor de la baillie du Temple de Merlan, Thierri de Boux-aux-Bois, vint en 1295.

    Boult-aux-Bois


    Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Chesne, Commune: Belleville-et-Châtillon-sur-Bar - 08


    Domaine du Temple de Boult-aux-Bois
    Domaine du Temple Boult-aux-Bois



    Procès des Templiers, tome I, pages 249


    En 1301, le précepteur de Seraincourt est frère Jean de la Celle, « de Cella »; il fut le dernier précepteur de la maison.
    In primis requisitus super primis IV articulis, de abnegacione, etc., respondit se fuisse receptum in dicto ordine in diocesi Remensi, in domo dicti ordinis vocata Serenicourt, per fratrem Johannem de Cella preceptorem dicte domus, in die omnium Sanctorum instanti erunt Vtru anni, et dixit quod quando fuit receptus, fecerunt eum venire ad capellam dicte domus, et clausis januis fuit aportatum unum missale et appertum coram eo, et fuit petitum ab eo si erat conjugatus vel alias ligatus, et cum respondisset quod non, sed quod habuerat duas uxores, fuit ei dictum per dictum fratrem Johannem de Cella quod ipse deberet vivere caste, sine proprio et sub obediencia superiorum suorum, et predicta juravit super dictum missale.

    Procès des Templiers tome II, page 372


    In domo de Saraincourt, per fratrem Thierricum de Boscis preceptorem baillivie de Melleuno, presentibus fratribus Johanne de Cella et Tierrico de Mares et quibusdam aliis de quorum nominibus non recolit.

    Procès des Templiers, tome II, pages 373


    Item frater Egidius de Ecci, etatis quinquaginta annorum vel circa, juratus eodem modo de se et aliis in causa fidei dicere veritatem, et interrogatus de tempore et modo sue recepcionis, dixit per juramentum suum quod receptus fuit sex anni sunt in festo Omnium Sanctorum nuper preterito, in domo de Serincourt diocesis Reménsis, per fratrem Johannem de Cella preceptorem dicte domus, presentibus fratribus Gerardo de Lauduno et Egidio le Moigne milite dicti ordinis, et quibusdam aliis de quorum nominibus non recolit.

    La maison de Seraincourt avait une chapelle.
    Præceptor de Seraincourt: 1301-1307, frère Jean de la Celle.
    Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les commissions pontificales des diocèses de France.


    Simonet (08)

    Maison du Temple de Simonelle, Simonet


    Département: Ardennes, Arrondissement: et Canton: Charleville-La Houillère, Commune: Damouzy - 08


    Maison du Temple de Simonelle, Simonet
    Maison du Temple de Simonelle, Simonet


    La maison du Temple de Simonelle, Simonet était située à une lieue environ de Charleville, sur la droite de la route de Mézières à Givet. Elle avait une chapelle dédiée à saint Etienne, et un moulin à eau, dont les habitants de Damouzy, village voisin, étaient baniers. Le moulin et la chapelle furent brûlés au commencement du XVIe siècle, lors du siège de Mézières, mais on les rétablit plus tard.
    Le chevalier Ferry de Conty, commandeur de Boncourt, donna, le 6 juin 1524, en arrentement pour 99 ans, la maison de Simonet avec les terres en dépendant, à un nommé Pierre du Buis, marchand à Mézières, pour 34 livres par an, mais à la charge et sous la condition qu'il réédifierait dans les premières années de son entrée en jouissance la maison avec la chapelle et le moulin.

    La Maison du Temple possédait encore plusieurs moulins au siècle dernier, situés dans divers villages:
    2. Le moulin de Mainbresson, près de Mainbressy.
    3. Le moulin d'Urcel.
    4. Le moulin de Verneuil-sur-Aisne.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

    Moulin du Temple de Simonelle, Simonet


    Département: Ardennes, Arrondissement: et Canton: Charleville-La Houillère, Commune: Damouzy - 08


    Moulin du Temple de Simonet
    Moulin du Temple de Simonet


    Teline (08)

    Domaine du Temple de Teline


    Département: Ardennes, Arrondissement et Canton: Vouziers - 08


    Domaine du Temple de Teline
    Domaine du Temple de Teline


    Pierre, abbé du couvent de Saint-Remi, par ses lettres du mois de juin 1215, céda aux frères de la chevalerie du Temple, tout ce que lui et ses religieux possédaient dans l'alleu de Condé, « in alodio de Condeto », tant en bois, prés, qu'en cens et revenus seigneuriaux à Claire-Fontaine, « in villa que Clarus Fons nuncupatur », à la charge par les dits frères de rendre chaque année à l'abbé de Saint-Remi, 54 setiers de grains à la mesure de Machault (Ardennes), « ad mensuram de Machaudio », moitié froment, moitié avoine, avec vingt sols remois, à recevoir dans la maison du Temple à Tellines, « in domo Templi apud Telines », le lendemain de la saint Remi, sauf pour les vingt sols qui devaient être payés à la saint Jean-Baptiste, sous peine de cinq sols d'amende.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


    Vouziers (08)

    Moulins du Temple de Vouziers


    Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Vouziers - 08


    Moulins du Temple de Vouziers
    Moulins du Temple de Vouziers


    L'établissement que les Templiers avaient à Vouziers, consistait en des moulins établis sur un des affluents de l'Aisne, qu'on appelait le ruisseau de Marizy.
    Ces moulins avaient appartenu aux abbé et religieux de Saint-Thiery, du diocèse de Reims ; mais comme leur entretien était fort coûteux et difficile, parce que les religieux n'avaient pas de bois dans les environs pour les réparer, et qu'ils devaient pour cela en faire venir de très-loin, on prit le parti de les vendre.

    Des lettres de Jean, archevêque de Reims, du mois de mai 1274, portent que les religieux de Saint-Thiery ont cédé, par forme d'échange, aux frères de la chevalerie du Temple de Reims, leurs moulins de Vouziers, « apud Vousiers », la rivière sur laquelle ils étaient construits, jusqu'à l'endroit appelé la Vieille-Fournelle, deux fauchées de pré situées entre les moulins et le bras des écluses, une saussaie touchant à ce pré, avec quelques cens et rentes sur des héritages, à la charge et sous la condition que les religieux de Saint-Thiery qui demeureraient dans les maisons de Surienne et d'Ydes, auraient le droit de moudre leurs grains auxdits moulins sans rien payer.

    En contre-échange, les Templiers abandonnèrent au monastère de Saint-Thiery, la rente d'un setier de froment à « Til », le quart d'un moulin près de « Hupignicourt », sur les bords de la Suippe, « super ripariam de Sopia », au lieu dit « Aube rive » (Aubevive, (Marne) arrondissement Reims), avec le droit de pêche, les cens et rentes en dépendant. De plus une soulte de 600 livres fut payée par les Templiers aux religieux.
    Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


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