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Possessions templières recueillent durant les interrogatoires des Templiers, par Trudon-des-Ormes

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    Mise au point

    Il est bien évident, que cette liste de possessions templières n'est en rien la totalité des réelles possessions de l'Ordre du Temple, ces listes ne sont qu'une infime partie de leurs biens.

    Les maisons de l'Ordre du Temple en Syrie, Chypre et France, d'après le Procès

    L'absence de toute liste des commanderies ou maisons du Temple pour la France et l'Orient, et l'incertitude qui résulte des nombreuses attributions faites sans raison valable aux Templiers, nous ont amené à l'essai de liste, forcément incomplète, que nous soumettons aux lecteurs de la Revue de L'Orient latin, tout en réclamant par avance leur indulgence.

    Si nous n'avions à citer que les maisons du Temple outre mer, notre tâche serait relativement aisée ; mais combien est-il plus difficile de dresser la liste des maisons pour un pays de l'étendue de la France ?

    Nous avouerons donc l'embarras dans lequel nous nous sommes trouvés pour énumérer les nombreuses maisons templières disséminées par toute la France. Il est vrai que toute possession du Temple faisait partie d'une grande baillie du Temple, indépendamment du diocèse dans lequel elle se trouvait comprise ; mais cette division en baillie, bien que devant son origine à un mode de division emprunté à la royauté, fut absolument distincte de celle des baillies royales. Or, le procès des Templiers ne nous renseigne qu'assez imparfaitement sur l'étendue des baillies du Temple, et d'ailleurs tout aussi imparfaitement sur les diocèses auxquels ces baillies appartenaient.

    Si donc, nous avons cru pouvoir énumérer les maisons du Temple françaises, en les groupant dans les grandes baillies et en commençant par la baillie de France proprement dite, nous devons reconnaître combien notre classement a été parfois approximatif ; nous reviendrons d'ailleurs sur le mode de groupement des commanderies adopté par nous.

    Mais il ne suffisait pas d'établir la série assez longue et souvent monotone des maisons du Temple, aussi bien en France qu'outre mer ; il était nécessaire de la faire précéder de quelques détails sur l'organisation même de l'Ordre et sur la hiérarchie qu'on y trouve établie. Que nos lecteurs soient prévenus seulement des réelles difficultés auxquelles on se heurte, toutes les fois qu'il s'agit d'une étude sur un ordre, aboli depuis tant de siècles déjà, et dont les archives, en dehors des pièces du procès et de nombreux titres de propriété, font presque défaut.

    On ne s'est guère occupé jusqu'ici de ces mille petites maisons de Templiers, qui, au début du XIVe siècle, étaient éparses sur notre sol ; à peine leur existence est-elle connue ; à peine s'est-on demandé quel genre de vie menaient ceux qui les habitaient, vie religieuse et rurale, toute de labeur, quoi qu'on ait pu dire.

    Chacune d'entre elles avait une chapelle, où se retrouvaient, à de certaines heures, les quelques Templiers qui en avaient la garde ; mais elle avait surtout un nombre plus ou moins grand de servants : "servientes, sergentes", frères du Temple d'un rang inférieur, et qui exploitaient les terres de la commanderie, pour Dieu et pour le Temple, à bien peu de frais et avec cet intérêt pour la chose du Temple qu'on aurait en vain exigé de simples mercenaires ; Celui qui gérait, qui avait la direction d'une maison du Temple, s'appelait dans les actes en latin, "preceptor", et dans les actes en français, "commandeur" ; on trouve aussi l'expression "custos domus", tantôt avec le sens de précepteur, tantôt avec celui de suppléant du précepteur. Outre le précepteur, la maison avait au moins un chapelain ; dans les maisons importantes, comme celle de Paris, le chapelain avait aussi le nom de prieur. De plus, dans beaucoup de maisons françaises, le chapelain avait la charge de la paroisse voisine de la maison ; dans ce cas il était dit "presbyter curatus".

    Il y avait aussi dans toute maison un frère clavaire, "claviger", lequel détenait les clés de la maison et de la chapelle ; on trouve également dans nombre de maisons un frère maréchal et un frère sénéchal.

    Suivant la situation et l'économie d'une maison du Temple, les frères servants sont chargés de fonctions diverses ; ils sont laboureurs, meuniers, bergers, pâtres, charpentiers, charretiers "gadrigarius, carrugarius". Il en est qui voyagent pour la maison "viator domus" ou pour l'Ordre lui-même ; c'est ainsi qu'un frère du Temple dit avoir été quatre ou cinq fois outre mer, "tanquam messagerius ordinis". D'autres sont vignerons ou vendent les vins du terroir : "frater venditor vinorum".

    Pour ce qui est du service intérieur, on trouve des frères "camerarii, celerarii, dispensatores domus", et des infirmiers "infirmerii", ces derniers dans le procès de Chypre, car certaines maisons de l'ordre étaient pourvues d'infirmeries, et nous trouvons parmi les soixante-quatorze Templiers détenus au mois d'avril 1310 en la maison du Temple de Paris, un lépreux : "frater Gaubertus de Manra, leprosus".

    Les frères sergents et servants sont fréquemment désignés dans le Procès, non par leur nom de famille, mais par le nom de la maison du Temple où ils avaient demeuré ou qu'ils avaient dirigée, car de simples sergents pouvaient être précepteurs d'une maison et même d'une baillie. Nous remarquerons à ce propos que la liste des maisons du Temple que nous avons dressée d'après le procès, tel que nous le connaissons, est loin d'être complète. Certaines d'entre elles, en effet, ne sont représentées dans les actes que par le nom du lieu d'origine ou d'habitation de tel ou tel de ces frères, et nous avons dû les passer sous silence, cette seule indication ne nous ayant pas paru assez sûre en l'absence d'une mention plus précise.

    En chaque maison, nous trouvons donc groupés autour du chef, précepteur ou commandeur, un certain nombre de frères, chevaliers, sergents et servants.

    Un groupe de commanderies formait une baillie, et leurs commandeurs ou précepteurs dépendaient du chef de cette baillie, qui portait, lui aussi, le titre de commandeur ou précepteur. Un groupe de ces baillies, lesquelles étaient souvent de très peu d'importance, composait une grande baillie. Les grandes baillies étaient celles de France, du Vermandois, du Ponthieu, de Normandie, d'Aquitaine et du Poitou, de l'Auvergne et du Limousin, etc. On les désigne parfois, mais rarement, par l'expression de Provinces, ainsi dans l'expression "preceptores provinciarum".

    Les commandeurs des maisons et des petites baillies étaient pris généralement parmi les chevaliers, et souvent même parmi des chevaliers d'un rang élevé, comme Guy Dauphin, des Dauphins d'Auvergne, ou comme Ferry, frère du comte de Savoie et précepteur du Temple en Allemagne. Mais ils pouvaient l'être aussi parmi les frères sergents. Il nous a paru que la présence de frères sergents à la tête des petites baillies et des commanderies était plus fréquente dans le nord de la France que dans le midi.

    Les commandeurs ou précepteurs des grandes baillies obéissaient à un chef unique, le visiteur de France, "visitator Francie", qui lui-même avait pour chef le Grand-Maître. Quelques passages du Procès peuvent, d'ailleurs, nous renseigner utilement au sujet de la hiérarchie observée dans le Temple. Ainsi, dans une cédule en français rédigée par l'un des Templiers détenus, nous lisons : "Li dit Maistres des baillies qui demandoient congié aus commandaurs provinciales de faire frère..." et, plus loin : "li commandaurs de baillies... au commandaur provincial". Nous citerons encore ces passages qui donnent les titres de certains dignitaires, "visitator et magnus preceptor Cipri et Normanie, Pictavie preceptores" ; ou : "Francie, Aquitanie, Cipri, Normannie preceptores...".

    Enfin, les Templiers, quels qu'ils fussent, se désignaient parfois et d'une manière générale par la langue qu'ils parlaient ; en France, ils étaient "de lingua gallicana" ou "de lingua occitana" ; si l'un d'eux, originaire du Midi, veut parler d'un frère de son Ordre, d'une maison du Nord, il le désignera, à défaut du nom, par l'épithète "gallicanus" ; c'est ainsi qu'un Templier du diocèse de Limoges, où se parlait la langue limousine, avait vu recevoir à Angers deux frères du Temple qu'il désigne comme étant "de lingua gallicana".

    On peut dire qu'il n'y avait pas d'âge pour entrer dans le Temple. On trouvera au Procès tel frère du Temple, septuagénaire, qui comptait à peine quelques années de religion, lors de la suppression des Templiers ; il en est en revanche qui revêtirent la robe et le manteau du Temple fort jeunes, surtout parmi les cadets de familles nobles. Ainsi, Gui Dauphin fut fait chevalier du Temple à onze ans. Comme autre exemple, voici un chevalier du Temple, du Noyonnais, qui n'avait guère que vingt-six ans lorsqu'il subit son interrogatoire (janvier 1311) et qui aurait été reçu dans l'ordre dès le mois de juin 1298 ou 1299, à l'âge de treize ou quatorze ans. Un autre chevalier, arrêté en 1307, n'avait que seize ou dix-sept ans ; il avait été admis cette année même, le mercredi des Cendres. Les chapelains du Temple, en général, étaient prêtres lors de leur réception, mais l'Ordre ne s'opposait nullement à ce que l'un de ses frères embrassât dans la suite la prêtrise ; tel ce prêtre qui déclarait avoir été reçu dans le Temple à l'âge de quatorze ans. Nous venons de voir combien étaient jeunes parfois les adeptes du Temple, et surtout les cadets de familles nobles, dont les parents ne consultaient pas toujours la vocation. Le testament de Guillaume VII, seigneur de Montpellier, daté du 29 septembre 1172, en est un exemple. Guillaume, qui avait trois fils, confiait le dernier aux Templiers qui ne devaient en faire un des leurs qu'après un laps de temps de six années, si toutefois aucun de ses deux frères n'était venu à mourir.

    Dans l'étude qui suit, on trouvera tout d'abord quelques renseignements sur les principaux dignitaires du Temple, mentionnés dans le Procès, et sur les chapitres de l'Ordre. Nous nous occuperons ensuite des maisons du Temple en Orient (Terre-Sainte et Chypre)). Le reste du travail sera consacré aux maisons de l'Ordre en France.

    Pour ce qui est de la France, dans l'impossibilité où, très fréquemment, nous nous sommes trouvés de savoir à laquelle des grandes baillies appartenait telle ou telle commanderie, et par conséquent, de reconstituer la géographie de ces anciennes divisions administratives, nous avons dû nous borner à grouper nos commanderies par régions, en en formant onze séries. Autant que possible, nous avons conservé à chacun des groupes ainsi composés la dénomination de l'une des grandes baillies. Mais nous devons prévenir le lecteur que l'attribution de telle commanderie à telle grande baillie a été déterminée souvent sans autre raison que notre seule appréciation.

    En quelques-uns de ces groupes régionaux plus importants, comme celui que nous désignons sous la rubrique de baillie de France, nous avons établi des subdivisions régionales également. Celles-ci, hâtons-nous de le dire, n'ont aucune prétention à représenter les anciennes petites baillies, dont, aussi bien que pour les grandes, il est à peu près impossible de circonscrire le ressort.
    Sources : Trudon des Ormes :
    Les possessions templières recueillent durant les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les comminssions pontificales des diocèses de France. La plupart de ces informations sortent des archives départementales, de la bibliothèque nationale et des textes rédigés par Michelet sur le Procès des Templiers.

    Sources: Trudon-des-Ormes, Liste des Maisons et de quelques Dignitaires de l'Ordre du Temple, en Syrie, en Chypre et en France. D'Après les pièces du Procès des Templiers. Revue de l'Orient Latin, tomes V, VI, VII. Ernest Leroux, Editeur. Paris 1897, 1898, 1899.

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