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    L'architecture de l'Ordre du Temple

    Les constructions profanes (tours, châteaux, manoirs, maisons de ville, granges, boutiques, etc.) du Temple n'offrent rien de particulièrement remarquable, mais suivent généralement le style architectural propre à l'époque; d'autant plus que de tels biens étaient, la plupart du temps, issus de dons effectués par des laïcs (rois, princes, barons, bourgeois, etc.).
    Et, lorsque les Templiers entreprenaient de modifier structurellement ces dons, une maison de ville ou un château par exemple, ils le faisaient selon le mode du temps, mais en simplifiant parfois les lignes et la décoration, et en fonction des besoins pratiques. En cela, le Temple n'agissait pas autrement que les propriétaires laïcs et ecclésiastiques.
    Quant aux fameuses commanderies rurales, rien de secret ou d'ésotérique ne présida à leur création car, là encore, beaucoup résultaient de dons. Elles sont alors semblables à n'importe quelle exploitation agricole de l'époque.
    Construites par les Templiers, ces commanderies, nommées encore « maisons » ou « granges », se conforment souvent au plan des monastères cisterciens (les liens étant très serrés entre les deux Ordres):
    Les édifices forment un carré ou un rectangle autour d'un espace central, une simple cour de ferme, communs d'un côté et écuries de l'autre, la chapelle (à partir de l'autorisation papale de 1139) au Sud, généralement tournée vers Jérusalem, réfectoire au Nord. Certaines d'entre elles comportent un cimetière et un oratoire.
    Ces bâtiments étaient complétés par la porcherie, les remises, le sellier et le réservoir d'eau.
    Parfois, surtout en contrées hostiles, la commanderie était ceinte d'un mur garni de tours d'angle et d'une entrée voûtée. Mais on rencontre aussi des commanderies composées d'un seul bâtiment long et rectangulaire, doté d'une grosse tour d'angle donnant accès aux étages supérieurs avec, parfois, une chapelle adossée au côté Sud.
    Séparées du bâtiment, on trouve les porcheries et les écuries, ainsi que, dans certaines commanderies, les ateliers des artisans travaillant pour l'Ordre.

    Il en va différemment des constructions religieuses, églises et chapelles, encore qu'en ce domaine beaucoup d'affabulations aient été proférées par maints auteurs. Certains ont avancé que ces édifices furent bâtis de manière propre à l'Ordre et aménagés pour l'exercice de « rites secrets et mystérieux. » D'où l'existence d'une symbolique architecturale templière, la fameuse « architecture templière », dont les modèles seraient les édifices à plan octogonal ou à rotonde, comme la rotonde du Temple de Paris.
    Si l'existence effective d'une architecture propre au Temple est douteuse, il n'en reste pas moins vrai qu'il est loisible de percevoir dans l'emploi de certaines formes ou dispositions un contenu symbolique lié à la conception de la spiritualité des Templiers. Mais dans ses grandes lignes et son ordonnancement, cette architecture s'inspire de l'architecture monastique de l'époque, surtout du style et des référents cisterciens.
    Rappelons que tout édifice sacré repose sur un ensemble articulé de symboles formels et autres dont le but est de mettre en relation permanente le lieu bâti sacralisé, mais néanmoins terrestre, avec le monde divin, les symboles servant à exprimer matériellement cette relation.
    Deux types d'édifices sacrés bénéficièrent de la faveur du Temple:
    L'église et la chapelle à plan rectangulaire ou basilical, d'origine paléochrétienne, affectant la forme d'un carré long, généralement orienté vers Jérusalem. L'édifice possède une nef unique munie d'une voûte tantôt d'une seule volée tantôt segmentée en trois travées en berceau sur doubleaux retombant souvent sur les cordons des murs gouttereaux. Il n'y a pas rupture entre la nef et le choeur, lequel est fermé par un chevet plat ou semi-circulaire couvert en cul-de-four ajouré de trois fenêtres longues et étroites ou triplet de style roman ou ogival, selon l'époque. Le revers de la façade est souvent percé d'une seule fenêtre étroite.
    Cette simplicité se retrouve à l'extérieur façade ajourée d'un portail simple, parfois orné de colonnettes, et d'une fenêtre médiane à l'étage, lequel se termine par un clocher-arcade. Souvent, celui-ci est remplacé par un clocher plus classique adossé à l'un des murs latéraux de l'édifice. Tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, la décoration se fait discrète et uniforme (mais des différences régionales existent) et se limitent à des feuillages, à quelques figures animalières et/ou à des crochets (Malleyrand, Grand Mas-Dieu, Cressac, Châteaubernard, Mercey, Richerenches, Jabrun, etc.), sur le modèle cistercien.

    Chapelles de Malleyrand — Cressac — Châteaubernard

    Templiers.net Templiers.net Chapelle de Chateaubernard
    Chapelle de Mallerrand   Chapelle de Cressac   Chapelle de Chateaubernard


    De l'ensemble, construit avec une remarquable économie de moyens, se dégage une belle froideur, une grandeur spirituelle de type héroïco-ascétique et virile marquant le désir évident d'imprimer le reflet de cette discipline rigoureuse qui convient à un Ordre à la fois religieux et militaire.
    Notons une absence significative celle de l'église en croix latine. Trois éléments peuvent apparaître comme symboliques:
    La forme rectangulaire du vaisseau. Symboliquement, le rectangle, construit parfois avec le Nombre d'Or, incarne l'univers créé et stabilisé (le développement complet de la manifestation), et la perfection des liens qu'entretiennent le Ciel et la Terre, à laquelle les membres de la communauté sont désireux de participer.

    Chapelle d'Avalleur

    Chapelle d'Avalleur Chapelle d'Avalleur
    Chapelle d'Avalleur


    Le triplet symbolise la Sainte Trinité, ainsi que la vie, la mort et la résurrection du Christ.

    L'ouverture unique du revers de la façade symbolise l'Unicité de Dieu, répondant ainsi à la Trinité du triplet du chevet.

    Les églises et chapelles à plan centré, bâties sur un plan circulaire, en rotonde, ou sur un plan octogonal. C'est le type d'édifice qui a donné lieu à d'innombrables supputations « ésotériques » leur attribuant un rôle initiatique pour certains membres du Temple, ou voué à des rites que les accusateurs de l'Ordre dénoncèrent comme « scélérats et impies », voire démoniaques. Si le Temple édifia effectivement ce type d'édifice, mais dans des proportions toutefois moindres qu'on ne le dit généralement, il n'en eut jamais l'exclusivité. À l'instar du Temple, les Ordres des Hospitaliers, des Teutoniques et de Saint-Lazare, entre autres, élevèrent aussi des églises et chapelles à plan centré.

    Dans le cas des Templiers, il semble que ce type de construction ait été élevé dans des lieux prestigieux de l'Ordre et dans les établissements de première importance, dont l'église avait à s'imposer par un éclat exceptionnel, prenant en quelque sorte figure symbolique. Notons qu'un certain nombre de ces édifices centrés se trouvaient dans les grandes commanderies cheftaines de provinces, comme celle du Temple de Paris pour la France; Tomar, tête de la province du Portugal; etc. On peut encore citer le Temple de Londres (province d'Angleterre), « Torres del Rio », Eunate — qui est une chapelle funéraire et un ossuaire dont l'origine templière est discutée, Vera Cruz de Ségovie, etc., mais aussi dans des commanderies plus modestes, comme Laon et Metz.

    Les rotondes de Torres Del Rio

    Torres Del Rio Rotonde Torres Del Rio
    Rotonde de Torres Del Rio

    Mais toutes sont la reproduction symbolique de deux types de construction antérieurs à l'époque templière. La rotonde s'inspire de celle, nommée Anastasie, élevée par l'empereur Constantin sur le Tombeau du Christ, le Saint-Sépulcre de Jérusalem ; tandis que le plan octogonal imite la chapelle du Rocher, l'actuelle mosquée d'Omar. Ces deux plans, exotiques en Occident, furent d'un emploi assez fréquent avant l'époque des Templiers, puisqu'on les rencontre dès les périodes paléochrétienne et constantinienne, pour se poursuivre durant les époques mérovingienne et surtout carolingienne.
    L'architecture octogonale carolingienne donna la remarquable chapelle d'Aix-la-Chapelle, ainsi que celles d'Ottmarsheim en Alsace (attribuée à tort aux Templiers), Mettlach, Bruges (Saint-Donatien) et Muizen. Le Saint Sépulcre influença le chevet de Sainte-Bénigne de Dijon et Neuvy-Saint-Sépulcre, dans l'Indre.
    En ce qui concerne le Temple, les édifices à plan centré ont généralement constitué le noyau, après ajouts, de constructions plus importantes.

    Temple de Londres

    Temple de Londres
    Chapelle du Temple de Londres

    La rotonde du Temple de Londres, consacrée en 1185, se compose d'un plan centré délimité par six arcades en cintre brisé, presque déjà gothique, portées par des colonnes à chapiteaux et déambulatoire annulaire. À l'est fut ajoutée une nef basilicale à cinq travées à collatéraux et à chevet plat.
    La coupole du Temple de Paris (détruite) fut élevée vers le milieu du XIIe siècle. L'église était une rotonde pure à six arcades soutenues par des colonnes, enveloppant l'espace central et qu'entourait un déambulatoire. Un dôme nervé coiffait la construction et des voûtains le déambulatoire.
    Au XIIIe siècle y furent greffés un long choeur sur le côté occidental et un porche sur la face orientale.

    Chapelle templière de Laon et sa rotonde

    chapelle de Laon Rotonde de Laon
    Chapelle templière de Laon et la rotonde avec l'Agnus Dei

    L'église octogonale de Laon est à juste titre considérée comme le chef-d'oeuvre templier de ce type de construction, se distinguant par une finition soignée et une composition originale et plaisante. Son plan est un octogone pur avec, à l'est, une courte travée que prolonge, de l'autre côté, une abside en cul-de-four.
    Par la suite, on y ajouta un porche carré à double étage et un clocher-arcade. La voûte est nervée, les baies sont finement moulurées et cordonnées, la chapelle comportant une corniche de petits arcs à mitre soutenus par des modillons sculptés.

    Chapelles templières de Laon et de Metz

    Chapelle des Templiers de Metz
    Chapelle templière de Metz

    Ces trois exemples suffisent à donner une idée de la diversité des plans à rotonde ou en octogone du Temple. Mais à cela pouvaient s'ajouter des apports régionaux comme en Italie; au Portugal, où s'impose le style « syriaque » ; ou en Espagne où l'influence hispano-mauresque est évidente, notamment à Torres del Rio. Sur le plan symbolique, outre leur référent respectif (Saint-Sépulcre pour la rotonde, la chapelle du Rocher ou mosquée d'Omar pour l'octogone), on peut citer les points suivants:
    L'église ou la chapelle à rotonde couverte d'une voûte (symbole céleste) et traversée par une nef et un choeur rectangulaires, comme pour le Temple de Paris, représente l'univers créé, développé et stabilisé par l'action divine, laquelle, de surcroît, la met en « mouvement », la rotonde activant symboliquement le rectangle terrestre.
    L'église ou la chapelle octogonale participe au chiffre 8. Souvent couverte d'une voûte, le symbole global se rapporte à l'établissement d'un équilibre cosmique et terrestre obtenu par la transcendance et l'action de Dieu. Symbole également de la résurrection et de l'annonce d'une vie éternelle, l'octogone rappelle aussi que celles-ci ne peuvent s'acquérir que par l'action du Ciel et l'obtention de la Grâce, symbolisée par la coupole.
    Sources: Extrait du livre de Bernard Marillier: Essai sur la Symbolique Templière. Editions Prades
    Images (Torres del Rio) de Achim Bednorz. 1997
    Autres Images, Jack Bocar

    Baucent et Gonfanon



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