Le 13 octobre 1307, sur lordre de Philippe le Bel, tous les templiers du royaume de France étaient arrêtés. Ce fut donc le cas des templiers dAuvergne et du Limousin, dont les maisons étaient fort nombreuses. Après les Etats généraux de Tours de mai 1308 et les négociations qui sensuivirent à Poitiers entre les gens du roi et le pape Clément V, un double procès sengagea : lun, contre lordre lui-même, mené par des commissaires pontificaux et qui devait aboutir à la décision de suppression prise au concile de Vienne de 1312; lautre, contre les personnes, confié à des commissions diocésaines à qui le pape en juillet 1308 avait donné mission de mener des enquêtes et de prononcer des sentences de condamnation ou de réconciliation. Seule la procédure menée dans le diocèse de Nîmes en juin-juillet 1310 avait fait, dès 1750, lobjet dune publication ; Michelet, de son côté, avait édité un autre procès conduit dans un autre contexte politique à Elne en janvier 1310. Le procès instruit dans le diocèse de Clermont contre les templiers dAuvergne et du Limousin était demeuré inédit. Conservé dans un long rouleau original, il était du plus grand intérêt vu sa date précoce (juin 1309) et le fait que la procédure reposait sur lévêque Aubert Aycelin, qui nétait autre que le neveu du cardinal Gilles Aycelin, le conseiller du roi, bien connu par son attitude dans laffaire des templiers. En outre, plus de 60 frères avaient longuement déposé, dont 49 dAuvergne et 17 du Limousin, et parmi eux 9 commandeurs. Enfin un certain nombre dentre eux avaient été ultérieurement amenés à Paris et lon avait la chance exceptionnelle de pouvoir comparer les dépositions faites à ce moment à celles quils avaient faites antérieurement.
Le Procès des templiers dAuvergne aurait dû paraître il y a déjà longtemps. En effet, cest dès 1963 quau 88e Congrès national des sociétés savantes tenu à Clermont-Ferrand (et à lorganisation duquel il avait pris une part essentielle) Roger Sève avait présenté cette documentation. Aussitôt le Comité des travaux historiques et scientifiques lui avait demandé dassurer la publication de lensemble dun dossier qui jette bien des lumières sur certains aspects de lordre du Temple. Mais Robert Fawtier lui avait, en outre, demandé déditer simultanément divers autres documents inédits concernant les procès des templiers, tant ceux des Archives nationales que dautres existant notamment à Oxford et à Barcelone. Roger Sève a alors beaucoup travaillé à cette publication, mais ses tâches de conservateur en chef des Archives dAuvergne ainsi que diverses autres activités lont empêché de mener à bonne fin lédition attendue. Après sa disparition brutale, sa fille Anne-Marie Chagny-Sève, qui avait suivi vers lEcole des chartes la voie quil avait tracée et qui avait elle-même consacré sa thèse en 1973 à lhistoire du chapitre cathédral de Clermont au Moyen Age comme son père lavait fait en 1947 à celle de la seigneurie épiscopale de Clermont, a repris louvrage abandonné. Elle la fait par piété filiale certes, mais avec la conscience de lhistorien qui a compris lintérêt dune telle source tant pour lhistoire de lAuvergne que pour celle dun ordre religieux qui pose encore bien des questions en dépit de tant de travaux qui lui ont été consacrés.
Le Bulletin philologique et historique qui, depuis la publication des Actes des congrès des sociétés savantes en séries de volumes distincts, recueillait les mémoires ou articles divers présentés hors des « thèmes généraux » de ces congrès, devait publier louvrage. Mais ce Bulletin, par le caractère nécessairement hétérogène de son contenu, nétait pas sans poser certains problèmes au Comité des travaux historiques : profitant de la réorganisation de celui-ci en 1983 et de la nouvelle dénomination de sa « Section dhistoire médiévale et de philologie », il a été décidé de mettre fin à sa publication : le dernier volume a donc recueilli, sous la date de 1982-1984, les derniers travaux. Une nouvelle série lui fait suite : Mémoires et documents dhistoire médiévale et de philologie. Celle-ci sera formée de volumes dont les uns donneront une édition documentaire accompagnée dune introduction qui pourra être plus ample que celle qui est en usage dans la Collection de documents inédits sur lhistoire de France, et dont les autres réuniront plusieurs éditions ou mémoires dont létendue ne serait pas suffisante pour donner lieu à limpression dun volume distinct de cette collection tout en dépassant notablement celle qui est normalement dusage pour les articles de revue.
Il a été jugé souhaitable douvrir cette nouvelle série des collections centenaires du C.T.H.S. par la publication du Procès des templiers dAuvergne en raison de son intérêt exceptionnel. Les auteurs lont fait précéder dune ample introduction le replaçant dans lensemble de la documentation jusquici publiée et dans le cadre de linstallation des templiers dans le centre de la France, dont le tableau précis des établissements est à cette occasion dressé. La procédure fait lobjet dune analyse méthodique qui facilitera lutilisation des pièces du procès. Mais surtout les dépositions de chacun des intéressés — quil ait accepté en tout ou partie les accusations dont lordre était lobjet ou bien quil les ait rejetées — y sont soigneusement pesées. Elles le sont spécialement sur les points qui depuis longtemps ont attiré lattention des historiens et retenu la curiosité dun large public : les dépositions ont-elles été arrachées sous la torture ? Comment se faisaient les cérémonies de réception dans lordre, qui prenaient laspect dun véritable rite dinitiation ? Y avait- il vraiment alors crachat ou miction durine sur le crucifix ? Ou encore adoration didoles et pose sur les reins dune cordelette qui les aurait touchées (alors quil sagit visiblement dun instrument de pénitence en signe de chasteté) ? Le rite se concluait-il par un baiser donné sur le nombril (voire la verge) du récepteur par le récipiendaire? Dans quelle proportion la sodomie était-elle pratiquée par les frères et sous quelle forme ? On ne pourra plus parler de ces questions et de bien dautres reproches faits à lordre sans se reporter désormais à lanalyse — quantitative et qualitative — quen a faite Anne-Marie Chagny-Sève, qui a, en outre, procédé à la confrontation systématique des dépositions faites par les intéressés en diverses circonstances devant plusieurs juges ou enquêteurs différents, et étudié, de plus, le cas particulier du commandeur dAuvergne, Humbert Blanc, qui, ayant été arrêté en Angleterre où il se trouvait en mission, a vu son procès sinstruire outre-Manche et qui a jusquau bout défendu lordre.
Louvrage a été rendu parfaitement utilisable par létablissement dun index des mots typiques renvoyant sur chacun des points de laccusation à la déposition de chaque frère, et par la rédaction dune notice biographique, aussi complète que possible, sur tous les templiers dont le nom se trouve cité dans les documents.
Il sagit donc, après tant détudes sur les templiers, trop souvent détachées des textes et flattant simplement la curiosité des lecteurs, de lédition et de létude dun des plus importants dossiers sur les procès qui furent alors faits à des hommes dont la mentalité continue à nous dérouter. Comme en bien des communautés dhommes refermées sur elles-mêmes — mais vivant ici au contact de certaines réalités « orientales » — il apparaît peu contestable que des dérives se produisirent et que des amitiés particulières prirent naissance entre certains membres, tandis que dautres conduisaient une vie plus conforme à la dignité de leur ordre. En tout cas, le Comité des travaux historiques et scientifiques est heureux douvrir par ce volume sa nouvelle série de Mémoires et documents dhistoire médiévale et de philologie.
Robert-Henri BAUTIER, Membre de lInstitut Secrétaire de la Section Dhistoire médiévale et de philologie du Comité des travaux historiques et scientifiques.
AVANT-PROPOS
A la fin de lintroduction de sa thèse, Georges Lizerand écrit : « Du côté de la France, les explorations essentielles semblent bien terminées; on pourra faire des trouvailles, il est douteux que lon fasse des découvertes » (1). Et de fait, la recherche des documents relatifs à lhistoire de lordre du Temple et à sa fin, a été consciencieusement et activement menée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Presque tous les documents essentiels ont été publiés. Cependant, il en manquait au moins un, déjà utilisé mais dune façon partielle : linterrogatoire mené par lévêque de Clermont en juin 1309. Cest ce document que jai entrepris de publier et de présenter. Il a fait lobjet dune communication au 88e congrès des sociétés savantes de Clermont- Ferrand, devant mon ancien maître Georges Tessier et le professeur André Bossuat, qui lun et lautre ont bien voulu me témoigner leur amitié.
Le Comité des Travaux historiques et scientifiques a bien voulu prendre cette publication dans une de ses collections. Mais, avant son décès, Robert Fawtier avait exprimé le vœu quy soient joints les autres documents du procès encore inédits (2).
Il me reste à remercier les membres de la Section dHistoire médiévale et de Philologie pour avoir accepté de patronner cette édition, mes confrères qui mont facilité la tâche, Melle Yvonne Lanhers, MM. Bernard Mahieu, François Maillard et Etienne Taillemite.
Je dédie ce travail à la mémoire des trois éminents historiens décédés qui avaient bien voulu sy intéresser.
Roger Sève, 1972.
1. Clément V et Philippe le Bel (Paris, 1910), p 30.
2. Ce projet na pas été retenu pour la présente édition. Les documents conservés aux Archives nationales sous la cote J 413, n° 14 à 17, 19 à 21, 23, 25, et aux Archives de Barcelone sous la cote Archives de la Couronne dAragon, 2486 A, B, C, ont été transcrits par Roger SEVE et feront lobjet dune publication ultérieure.
A sa mort, Roger Sève laissait un travail inachevé. Une transcription soigneuse qui na demandé quune révision, a permis létablissement et lannotation du texte.
Un projet dintroduction était inégalement avancé, lensemble a dû être complètement refondu. Certaines parties étaient déjà presque entièrement rédigées : la place des enquêtes épiscopales, lutilisation antérieure du texte, lanalyse des dépositions de 1309, la comparaison de celles de 1309 et 1311 ainsi que létude du rouleau 4 de Baluze.
Des notes précises, voire des passages rédigés, mont aidée à mettre au point lanalyse du document, les enquêtes antérieures et le déroulement de lenquête.
Quant aux parties relatives aux templiers en Auvergne et Limousin, à la défense de lordre, au destin des frères et au procès dHumbert Blanc, le travail était à peine ébauché ; de même pour les notices et index.
Mes remerciements sadressent tout particulièrement à M. Robert- Henri Bautier, membre de lInstitut, professeur à lEcole des Chartes, qui a accepté de suivre la mise au point de ce travail et dont les conseils ont été précieux.
Je remercie également M. Jacques Monfrin, membre de lInstitut, directeur de lEcole des Chartes, Mlle Francine Leclercq, Conservateur en chef des archives de la région dAuvergne, directeur des services darchives du Puy-de-Dôme, Mme Geneviève Hasenohr, directeur de recherche au C.N.R.S., M. Anne-Marie Legras, attachée à lI.R.H.T., et tous mes confrères sollicités qui ont toujours répondu avec une grande bienveillance.
Que tous et toutes veuillent bien trouver ici lexpression de ma profonde gratitude.
Anne-Marie Chagny-Sève, 1984.
On ne trouvera pas ici dindication bibliographique sur Philippe le Bel et son temps. Ne sont indiqués que les ouvrages qui ont directement été utiles à ce travail ; les articles ou les ouvrages qui ne concernent quun point particulier de cette étude, ou qui se rapportent aux notices biographiques, sont indiqués dans les notes.
Description du document
Ce rouleau, primitivement constitué de 18 peaux de parchemin, avait une longueur de 13,30 mètres et une largeur denviron 50 centimètres. A chaque couture reliant les peaux de parchemin, in juncturis membranarum sive pellium, les notaires Etienne Bourdon et Audin Boyer ont, ainsi quils lindiquent dans leur souscription finale, apposé leur seing manuel respectivement du côté gauche et du côté droit (2). Il se trouve actuellement découpé en trente-six feuilles (3), dont la dernière est restée vierge.
Les six premiers feuillets ont souffert dimportantes détériorations et le parchemin en est percé de trous ; les deux premiers feuillets sont largement déchirés de chaque côté, si bien que des fragments ont complètement disparu, tandis que les parties subsistantes comportent des trous ; le troisième est déchiré du côté gauche ; létat des trois feuillets suivants est meilleur ; à partir du folio 7, le manuscrit est en bon état (4).
Au dos du premier feuillet se lisent danciennes cotes (5): « n° 5, Baluze 698 », un titre : Articuli et informatio facta per dominum episcopum Clarornentensem contra Templarios, et encore cette mention écrite dans lautre sens : 1309 Arbertus episcopus Claromontensis Au dos du folio 36, apparaissent, à gauche, un autre titre plus développé : Informatio facta per episcopum Claramontensem et quosdam alios delegatos a pape Clemente contra magistrum, preceptorem et alios fratres ordinis milicie Templi Ierosolimitani, qui contra dominum nostrum Jhesum Chrystum in scelus apostasie nefandum, detestabile idolatrie vicium, execrabile facinus sodomorum et in varias hereses erant lapsi, CCCIX et, à droite, une cote darchives : C La XVII, le tout dune écriture de la fin du XVIe siècle.
Le manuscrit a été annoté à plusieurs reprises, mais aucun élément ne donne dindication sur lidentité de ces lecteurs ; les traces et corrections diverses quils ont laissées, concernent essentiellement la langue et ne permettent pas de déduire lobjet de leur recherche dans ce document.
Dans les deux premiers folios, on voit quelques mots soulignés, quelques lettres récrites. Dans la marge gauche du folio 2, deux mentions sont assez effacées : datu, en face de la date de la bulle de Clément V et Arbertus Aycelin (6), 1309 en face des lettres de citation.
Un lecteur du XVIIe siècle a fait plusieurs additions :
Au folio 3, à gauche, on lit « lettres aux vicaires de Vertaison », puis, au-dessous, « au vicaires de Montferrand, de Riom », en face des textes qui leur sont adressés.
Au fol. 4, dans la marge gauche, face à lénumération des templiers, est écrit « 68 templiers prisonniers, 19 in inquisitione auditus » ; dans cette liste, les noms des templiers sont surmontés dun numéro dordre, de 1 à 68 (7). Dans cette même marge, sous le seing manuel dEtienne Bourdon, on lit tertia pellis, notation dailleurs exacte.
Au début du questionnaire denquête, le mot articuli a été suscrit à Isti sunt articuli par ce même lecteur qui a également numéroté les questions en commettant plusieurs erreurs : certains numéros sont répétés deux fois (20, 24, 31, 35, 57, 60) ; la numérotation de deux questions a été omise (correspondant aux actuels numéros 56 et 84). Dans lédition de ce passage, une numérotation continue a été rétablie (8).
Dans le procès-verbal de linterrogatoire, les témoins sont numérotés dans la marge de gauche par le même lecteur (9). Leurs noms sont soulignés ainsi que, entre les fol. 5 et 12, quelques points de leur déposition : de illo cato, osculatus, Christum abnegare par exemple. De même tous les numéros darticles, de la première déposition jusquà la sixième sont soulignés, voire notés dans la marge pour les deux premiers témoins.
Diverses corrections ont été apportées au texte. Certaines, contemporaines de la rédaction du texte, ne sont que de simples rectifications derreurs commises dans la copie des notes :
Mots exponctués, fautes dorthographes (antraret) ou de syntaxe (qui corrigé en que, alia en alio, est en esse, sanguinis en sanguis) — pour citer quelques exemples — qui se traduisent par des surcharges, des additions ou des grattages. Quelquefois une erreur de lecture a conduit à transformer un mot : proximo en primo (14 7, 19 13), in mago en Ymago (32 1), respondit en respondens (33 1) ; la correction est parfois restée incomplète, ainsi recepit a été corrigé en recepere et non recipere (32 1).
Un autre lecteur du XIVe siècle a récrit certains mots, ajouté quelques lettres ou mots omis :
Ainsi r de perterritus (17 1), b de substande (18 11), c de cinctam (16, 36), de de declaratum (35 15) par exemple, ou, presque systématiquement à larticle 14, c de acquirere (1, 4, 7, 10, 18) ; des mots manquants ont été ajoutés : quod (4, 33), que (14), non confiterentur (11 12) adhuc (15 4) quod cum intelligebatur (20 9) fratres (23 8) sibi (33) articulo (37, 5, 38 10) citra (37, 10) interrogatus (37 fin) mare (38, 10) sunt (39 fin). Enfin quelques fautes sont corrigées, hoc erant devient her erant (36 9), precepit precipit (37 fin).
Dautres corrections sont le fait du lecteur du XVIIe siècle — sans doute celui qui a numéroté les témoins — qui a annoté le procès- verbal jusquau témoin 20.
Des mots ou lettres ont été récrits, des tildes ajoutés, des abréviations développées, des mots exponctués ou grattés (quod 1, 11, quorum 6 fin), ajoutés (ipsum 3 1, de devant conculcationem 8 2) ou transformés (de omnibus en omnes 1 7, quodam en quedam 3 10, cohoperto en cohoperta 4 6, per recipientem sur grattage, 6 6, juramentum suum en juramenta sua 11 15). Deux mots ont été systématiquement repris : dans la réponse à larticle 7, laxiori est corrigé en laetiori (1, 2, 4, 15) et dans lappréciation du comportement du témoin, vaxillavit devient vaccillavit ou vacillavit 3, 4, 7, 9, 13, 18). Dans la suite du texte, on trouve indifféremment laxiori et vaxillare.
Ce lecteur a en outre restitué des mots là où le manuscrit présentait des lacunes, par exemple dans le texte du questionnaire [pro R]edemptione (art. 7) [fratres] (art. 46), [item] (art. 57) ou bien dans les dépositions [super ter] tio (1, 3).
A la fin du procès-verbal, dans les dépositions des témoins qui nient, dautres corrections, dune encre noire, sont dune écriture du xive siècle ; elles tendent à améliorer la qualité ou la clarté de la langue :
Fuit professus dicti ordinis devient in dicto ordine (45, 66), Franco devient Francone (48), osculatus fuit remplace vraisemblablement osculabatur (52, 68) et tradita fuit, tradebatur (67) ; Arvernie est transformé en in Arvernia (51), ordinis en ordine (62), imponi en imponere (68). Lorthographe de plusieurs mots a été modifiée : c ajouté à cinctam (42, 68), s à strictiori (52, 58, 65, 68), x sur grattage à laxiori (52, 58, 62, 65, 68). Enfin, des mots ont été ajoutés dans le cours du texte afin den faciliter la compréhension : sunt, sibi, predicti (47), suam (48), contentis (50), sibi (51), ipsis articulis (52), diocesis claromontensis (55, 57), quod (62), dIsde (63), fratribus, aut (69).
Toutes les corrections du XIVe siècle ont été incorporées à lédition sans indication particulière lorsquelles rectifiaient des erreurs de copies ou des oublis sans que le sens de la phrase initiale sen trouve modifié.
La langue du document ne présente aucune difficulté particulière ; un tour de phrase peut toutefois arrêter, car lemploi des pronoms est peu clair ; on rencontre fréquemment lexpression recipiens ipsum dixit sibi (17 6), ou recipiens eum sibi injunxit (23 9), ou encore ille qui recepit ipsum injunxit ei et dixit sibi (7, 9, 24 9) ou dautres formules analogues. Le sens séclaircit grâce à la tournure que lon rencontre rarement : recipiens ipsum loquentem dixit ipsi loquenti quod... (14 4, 25 4).
Ce document devait être scellé ainsi que lannoncent les souscriptions finales, mais on ne distingue aucune trace de sceau.
Utilisation antérieure de ce texte
Le document nest pas inconnu. On peut rappeler, puisque M. Dessubré le mentionne (10), que la bibliothèque de Clermont possède dans les manuscrits de Dulaure, non pas comme le dit le bibliographe des templiers « une traduction et copie », mais des extraits faits par cet érudit, extraits fort incomplets où latin et traduction française sont mélangés (11). Ce manuscrit noffre donc guère dintérêt.
Le procès-verbal a été également utilisé par plusieurs auteurs mais dune façon discutable et incomplète ; il nest pas utile den faire un relevé complet. Il suffira de citer les travaux de H. Prutz, M. Boudet et H. Bouffet.
Lhistorien allemand Hans Prutz, dans son ouvrage bien connu sur les templiers, donne à lappendice VI (12) des extraits de procès français contre les templiers qui sont tous des textes de la première phase de laffaire, à lexception de celui de Clermont. Il utilise, dans cet appendice, notre manuscrit mais ne lédite pas totalement et confond sous le titre « Clermont 1309 » les deux rouleaux conservés dans le manuscrit Baluze 395 (13). Il cite dabord la bulle de Clément V, donne ensuite le préambule et la date du premier acte de lévêque de Clermont transcrit dans le document, et indique que plusieurs actes notariés suivent. Puis il édite la liste des comparants du 4 juin, telle quelle est donnée (14) avant la liste des articles de linterrogatoire, avec une double numérotation : une première numérotation dans lordre de la liste (15) et une seconde, donnée après le nom, qui correspond à lordre de linterrogatoire de H. Prutz ne décompte dailleurs que soixante-huit templiers au lieu de soixante-neuf (17). Il signale ensuite quaprès cette liste des comparants, vient celle des articles sur lesquels ils seront interrogés. Puis il fournit des données sur linterrogatoire de chacun des templiers, consistant au mieux en :
1° des renseignements incomplets (18) sur la réception du comparant.
2° quelques passages des dépositions faites, le reste étant résumé dune façon parfois inexacte
3° des indications sur les réceptions auxquelles le comparant a assisté
4° souvent la mention finale sur lattitude du comparant. Mais, dans au moins la moitié des cas, il se borne à fournir les seuls renseignements concernant les réceptions (19).
Il termine en transcrivant le texte de la comparution du 10 juin. Les nombreuses erreurs de lecture, portant non seulement sur beaucoup de noms propres mais aussi sur dautres passages, et les choix dextraits non justifiés rendent le travail dH. Prutz très insuffisant.
H. Prutz a été ignoré de M. Boudet et de H. Bouffet (20). Tous deux pourtant commettent, comme lui, lerreur dattribuer le rouleau 4 de Baluze à lenquête de Clermont (21).
Cest dans son étude sur Eustache de Beaumarchais que M. Boudet, à propos dun testament de 1280 où figure un legs aux templiers, entreprend de parler de ceux-ci. Son titre seul : Rôle des templiers dAuvergne dans les pratiques sacrilèges de lordre révèle son sentiment. Il sappuie uniquement sur les dépositions des templiers qui avouèrent et fait avec leurs éléments, sans paraître avoir le moindre doute sur leur valeur, une description des réceptions conforme au questionnaire denquête. Ces « pratiques sacrilèges » qui, selon lui, constituent les « petits secrets » de lordre, étaient fort courantes : « il y a une telle abondance dans les enquêtes de Clermont en 1309..., et devant la commission de Paris lannée suivante quils ne peuvent être révoqués en doute ». Lérudit auvergnat va plus loin et parle de grands secrets qui auraient eu « trait à un plan de rupture avec lEglise catholique » (22).
On retrouve là les défauts de cet érudit : respect des documents certes mais sans toujours assez de critique, imagination excessive et manque de précision qui se révèle à une multitude derreurs de détails.
Un autre érudit auvergnat, labbé Bouffet, dans son étude sur Les templiers et les hospitaliers de Saint-Jean en Haute-Auvergne, soccupe des templiers comme introduction à létude des hospitaliers, mais se réfère néanmoins à lenquête épiscopale de 130 9 (23) dont il paraît avoir eu une connaissance sommaire doù plusieurs erreurs, par exemple, sur la composition de la commission diocésaine. Il semble pourtant faire preuve dun peu plus de sens critique que M. Boudet puisquil écrit : « Ce quil y a de curieux dans ces dépositions, cest lidentité des accusations et lassurance presquinconsciente des chevaliers (24)... Aucun napporte de preuves matérielles... Rien que des accusations vagues et quon ne trouve comme par hasard, que sur les lèvres des templiers qui eurent le malheur de tomber entre les mains du roi de France. La question et la torture ne seraient-elles pas pour quelque chose dans ces aveux déshonorants pour lordre ? » (25).
Les enquêtes épiscopales
Leur place dans la procédure contre les templiers.
Pour apprécier ce document il est nécessaire de rappeler les grandes étapes de laffaire des templiers (26). Sans entrer dans ses préliminaires, énumérons brièvement les dates essentielles :
— 13 octobre 1307 : arrestation de tous les templiers de France sur ordre, tenu secret, du roi Philippe le Bel.
— octobre-novembre : interrogatoire des templiers par les gens du roi et les inquisiteurs ; aveux de plusieurs dignitaires de lordre, dont le grand-maître Jacques de Molay.
— 22 novembre 1307 : bulle Pastoralis preeminentie, de Clément V, enjoignant aux princes chrétiens larrestation des templiers de leurs Etats ;
— février 1308 : suspension par le pape de la procédure menée par les inquisiteurs et les évêques ;
— mai 1308 : réunion des Etats généraux de Tours ;
— mai à juillet 1308 : négociations de Philippe IV et de Clément V à Poitiers, à lissue desquelles sont distinguées deux sortes de crimes : ceux de lordre du Temple et ceux de ses membres, doù deux sortes de procédure :
— les unes contre lordre : des commissions pontificales sont appelées à réunir dans chaque Etat les documents propres à éclairer le Concile œcuménique, qui devra décider du sort de lordre ;
— les autres contre les membres de lordre : les enquêtes entamées par les évêques et les inquisiteurs, auxquels le pape avait rendu connaissance de laffaire le 5 juillet, doivent être poursuivies ; au vu des résultats, des conciles provinciaux jugeront les personnes ;
— 12 août 1308 : bulle Faciens misericordiam, instituant les commissions pontificales et épiscopales ;
— 1309 et 1310 : sessions des diverses commissions diocésaines ;
— 11 mai 1310 : condamnation comme relaps par le concile provincial de Sens de cinquante-quatre templiers qui avaient rétracté leurs aveux précédents ; ils sont brûlés le lendemain ;
— 1309 à 1311 : sessions de la commission pontificale denquête pour la France ;
— octobre 1311 : ouverture du concile de Vienne chargé de régler le sort de lordre du Temple ;
— 3 avril 1312 : bulle Vox in excelso, supprimant lordre du Temple par « voie de provision », avec lapprobation du concile ;
— 2 mai 1312 : bulle Ad providam, décidant la remise à lordre de lHôpital des biens du Temple ;
— 6 mai 1312 : bulle Considerentes dudum, ordonnant aux conciles provinciaux qui ne sétaient pas encore prononcés sur les personnes de Tordre, de poursuivre leur tâche en usant de miséricorde envers ceux qui avaient avoué et en appliquant les règles canoniques aux impénitents.
— 22 novembre 1312 : remise à une commission de trois cardinaux du jugement des dignitaires, que sétait réservé le pape ;
— 19 mars 1314 : sentence condamnant les dignitaires à la prison perpétuelle ; rétraction de Jacques de Molay et Guillaume de Charnai, immédiatement suivie de leur condamnation au bûcher par le conseil du roi, et de leur supplice.
Les décisions prises à Poitiers marquent un moment important de laffaire puisque les interrogatoires suspendus allaient être repris et lon peut distinguer, comme la fait Charles-Victor Langlois (27), deux phases : lune antérieure à lété 1308 et lautre, qui suit cette date.
La procédure engagée contre les templiers a fait lobjet dune étude critique de G. Roman (28) ; il fait remarquer que le rôle assigné aux évêques par la bulle Subit assidue, du 5 juillet 1308, sécarte du droit commun sur trois points : dabord « Clément V restreignait les pouvoirs des ordinaires, puisque les sentences contre les personnes devaient être prononcées par les conciles provinciaux. Cependant, les évêques conservaient le pouvoir dabsoudre et de réconcilier les pénitents, ce qui ressortissait au prononcé de la sentence. Les conciles provinciaux restaient chargés dappliquer les peines canoniques ». Dautre part, leur compétence ratione personae se trouvait élargie puisque « les templiers nétaient en principe justiciables que de lordre lui-même et du pape ». Enfin, les règles de la compétence territoriale étaient assouplies, le pape ayant autorisé les ordinaires à agir contre des templiers ressortissant à dautres diocèses. Il leur avait même permis denquêter en dehors de leurs circonscriptions (29).
Cette longue affaire qui a duré plus de quatre ans, a provoqué létablissement dun grand nombre de documents que G. Lizerand a groupé en classes « correspondant souvent chacune à un moment de la procédure » (30). On peut adopter les mêmes distinctions :
Sont de la première période de laffaire
1° les premiers documents émanant de la chancellerie du roi de France, qui consistent en un réquisitoire suivi dinstructions relatives à larrestation des personnes et au séquestre des biens de lordre, documents rédigés en grand nombre dont quelques exemplaires sont conservés.
2° des inventaires des biens des maisons de lordre, peu nombreux ; pour lAuvergne, subsiste celui de Palluet (31).
3° les procès-verbaux des interrogatoires de cette première phase, de deux sortes : les premiers, conduits par les agents du roi, nous sont rarement parvenus (32) ; ceux qui suivirent, menés par linquisiteur de France ou ses commissaires, sont plus nombreux.
4° toute une série de documents étrangers à la procédure comprenant, entre autres :
— une correspondance du roi avec les princes étrangers pour les engager à arrêter chez eux les membres de lordre.
— une correspondance du roi avec le pape mécontent de linitiative de Philippe le Bel, mais cette documentation sur les rapports du roi et du pape ne peut être complète, car une partie des négociations poursuivies alors avec Clément V semble avoir été purement orale.
— des consultations dordre juridique demandées à des corps semi-officiels, comme la Faculté de théologie de Paris, ou à des particuliers.
— des pamphlets rédigés au cours dune campagne dintimidation, par Pierre Dubois notamment (33).
5° la nombreuse série de documents qui concernent les événements de lété 1308 (de mai à août) et correspondent aux négociations et aux accords de Poitiers, et dont les principaux sont :
— les textes relatifs à la convocation des trois ordres aux Etats généraux de Tours.
— les discours prononcés aux consistoires de Poitiers par le légiste Guillaume de Plaisians.
— des propositions daccord remises au pape de la part du roi ;
— des décisions pontificales qui établissent définitivement la procédure que lon suivra dans le procès.
Sont de la seconde période de laffaire :
6° les procès-verbaux des interrogatoires dirigés par les évêques, en remplacement des inquisiteurs, contre les personnes du Temple ; malgré ce quen a écrit G. Lizerand (34), et qui étonne, plusieurs subsistent. Cest à cette catégorie quappartient le procès-verbal de linterrogatoire de Clermont qui nest pas, comme cela a été écrit (35), celui de linquisiteur ou de ses commissaires, mais bien celui de linterrogatoire dirigé par lévêque de Clermont contre les personnes du Temple détenues dans son diocèse.
7° les procès-verbaux des enquêtes menées par des commissaires pontificaux désignés pour toute une région ou tout un Etat, contre Tordre en tant quordre. Plusieurs de ces procès-verbaux nous sont parvenus, notamment celui de la commission de Paris, édité par Michelet (36).
8° une série dautres pièces rédigées à lintention du concile de Vienne ou pendant sa tenue. Pour linformation des Pères du concile, les travaux des commissions denquête furent résumés et repris ; il y eut, sans doute, des procès-verbaux des séances tenues par les commissions du concile chargées du procès ; il y eut aussi de nouvelles négociations écrites entre le roi et le pape ; il nen subsiste presque rien.
9° enfin les documents qui terminent laffaire :
— les bulles contenant les décisions finales de Clément V à légard de lordre.
— les sentences prononcées contre les personnes par les conciles provinciaux ou les évêques, dont on na plus guère de traces (37).
— des pièces concernant la dévolution des biens du Temple et leur prise de possession par les hospitaliers en 1313.
Pour le territoire actuel de la France, on ne connaît que deux autres procès-verbaux denquêtes épiscopales menées en exécution de la bulle Faciens misericordiam :
— celui du diocèse dElne, de janvier 1310, édité par Michelet (38).
— celui du diocèse de Nîmes, de juin-juillet 1310, édité par Ménard (39).
Celui du diocèse de Clermont est le premier en date puisque lenquête fut menée en juin 1309.
Les templiers en Auvergne et en Limousin
La plupart des templiers interrogés par lévêque de Clermont appartenaient aux diocèses de Clermont et de Limoges (40) ; aussi, pour faciliter la compréhension du document, est-il nécessaire de les situer dans leur cadre géographique (41) et administratif.
« Lorganisation territoriale des templiers superposait aux commanderies les districts des baylies, puis des provinces entre lesquels se répartissait létendue de chacun des royaumes chrétiens où lordre du Temple était représenté » (42). LAuvergne était Tune des quatre provinces du Temple pour la France. Elle avait à sa tête un commandeur43, commun à lAuvergne et au Limousin, appelé tantôt preceptor milicie Templi in Lemovicino et Arvernia, tantôt magister, voire preceptor seu magister Arvernie (44), le plus souvent preceptor Arvernie. E.-G. Léonard a dressé la liste des titulaires de cette charge depuis 1188 (45).
Un certain nombre dentre eux, parmi les derniers à lavoir exercée, sont cités au cours de linterrogatoire de 1309, et le grand nombre de données les concernant fait ressortir lextrême mobilité exigée par leur fonction. Laccession à cette charge semble avoir été consécutive à une carrière menée Outremer, que des lacunes dans le déroulement connu de leurs activités laissent supposer, lorsque des faits précis ne lattestent pas avec certitude.
Lordre de succession de ces commandeurs paraît certain, malgré le témoignage de Bernard de Villars (46), mais les dates extrêmes relevées pour chacun deux font chevaucher la durée de leurs fonctions ; ceci vient certainement de ce que les frères interrogés donnaient son titre de commandeur à celui dont ils parlaient, même si les faits rapportés étaient antérieurs à sa prise de fonction. De plus, lévaluation, par les témoins, du temps passé depuis les faits quils rapportent est subjective, et les dates qui en sont déduites peuvent donc être inexactes ; pourtant, en mappuyant sur quelques actes dont la date est bien assurée, et en écartant les données trop éloignées ou isolées, jai tenté détablir une chronologie, même si elle ne résout pas toutes les questions soulevées et, en labsence de documents officiels, ne peut être absolument sûre :
Raymond del Boysso, c. 1275 - 1279
Francon de Bort, 1279 - c. 1288
Raymond de Mareuil, 1288, cité aussi c. 1295 et 1298 (47)
Géraud de Sauzet, Pierre de Madic, Humbert Blanc, 1289 - c. 1291 (48) c. 1292 - c. 1301 c. 1301 - 1307
Jai délibérément écarté Hugues de Montredon, cité c. 1287 (49).
Selon L. Niepce, « les maisons des templiers étaient prieurales ou de simples commanderies. Celles-ci nétaient que des administrations confiées à quelques chevaliers ou servants qui avaient pour aumônier un prêtre de lordre... Les maisons prieurales ou préceptorales étaient plus considérables et bien plus nombreuses en chevaliers, servants et chapelains ; on y recevait des novices... Les clercs étaient soumis à un ancien prêtre, quelquefois appelé prieur, et tout ce clergé à un chevalier quon appelait précepteur ou maître » (50). Cette description, sans doute exacte dans son principe, ne recouvre pas toute la réalité des faits puisquon rencontre, parmi les frères arrêtés dans le diocèse de Clermont, des sergents commandeurs (51).
Le relevé des commanderies dAuvergne a été entrepris depuis longtemps ; le document qui a servi de base est le compte de Jean de Trie, bailli dAuvergne, pour le terme de la Toussaint 1293, de preceptoribus milicie Templi et domorum Alvernie (52).
Voici les lieux quil mentionne (53) :
— La Fulhosa, La Fouilhouze (P.-de-D., arrondissement Thiers, canton Lezoux, commune de Culhat).
— Vichac, sans doute Vichy (Allier) (54).
— Chanac, Chaynat (Puy-de-Dôme, arrondissement Issoire, canton Champeix, commune de Ludesse).
— Parinhac, Perignat (Puy-de-Dôme, arrondissement Clermont-Ferrand, commune de Aubière).
— La Marcha, La Marche (Allier, arrondissement Moulins, canton Chantelle, commune de Charroux) (55).
— Palluel, Palluet (Allier, arrondissement Moulins, canton et commune de Saint-Pourçain).
— De Turreta, La Tourette (Puy-de-Dôme, arrondissement Riom, canton Combronde, commune Yssac-la-Tourette) (56).
— La Ranzeira, La Ronzière (Puy-de-Dôme, arrondissement Issoire, canton Champeix, commune de Chadeleuf).
— La Bastida, La Bastide (Puy-de-Dôme arrondissement Issoire, canton et commune de Saint-Germain- Lembron).
— Montisferrandi, Montferrand (Puy-de-Dôme, arr., canton et commune de Clermont- Ferrand).
— De Cellis, Celles (Cantal, arrondissement Saint-Flour, canton Murat).
— La Garda, La Garde-Roussillon (Cantal, arrondissement Saint-Flour, canton Chaudes-Aigues, commune de Lieutadès).
— Isda, Ydes (Cantal, arrondissement Mauriac, canton Saignes).
— Montfort, Montfort (Cantal, arrondissement et canton Mauriac, commune : Arches).
Toutes ces maisons, à lexception de Vichy, Pérignat, La Garde-Roussillon et Montfort, sont citées dans linterrogatoire de 1309, qui mentionne en outre — Cariai (Cantal, arrondissement dAurillac, canton Vic-sur-Cère).
— Soit Le Chambon, dont lidentification a soulevé des difficultés ; celle dE.-G. Léonard étant à rejeter (57), deux paraissent plausibles :
— Soit Le Chambon (arrondissement, arrondissement Thiers, canton Courpière, commune de Courte-serre) cité dans un procès-verbal de visite en 1615-1616 (58) ;
— Le Chambon, dont L. Niepce parle à propos des hospitaliers « lieu détruit sur les bords de lAilier » (59) (Haute-Loire, arrondissement et canton Brioude, commune de Cohade), mais que deux textes, datés de 1228 et 1291, attribuent aux templiers (60). Cette dernière identification me semble la meilleure.
— Le texte de Michelet cite la grange du Monteil (Cantal, arrondissement Mauriac, canton Salers, commune de Saint-Rémy-de-Salers) (61)
— Ainsi que le lieu-dit la Vausete, qui nest quune déformation de La Ronzière (62).
Deux autres maisons appartenant aux templiers ont été relevées par A. Chassaing (63).
— Blesle (Haute-Loire, arrondissement Brioude, ch.-l. cant.).
— Farreyroles (Haute-Loire, arrondissement Brioude, canton Blesle, commune de Léotoing).
L. Niepce ajoute encore :
— Aulnat (P.-de-D., arrondissement et canton Clermont) (64).
— Tallende (P.-de-D., arrondissement Clermont, canton Veyre-Monton)
— Peut-être (65) : Bourdeille (P.-de-D., arrondissement Riom, canton Manzat, commune de Saint-Georges-de- Mons)
— Lieuson (P.-de-D., arrondissement Clermont, canton Saint-Amand-Tallende, commune de Olloix)
— Chantaduc (Haute-Loire, arrondissement Brioude, canton La Chaise- Dieu, commune de Laval)
— Dosse (actuellement Saint-Jean-de-Donne, Cantal, arrondissement et canton Aurillac, commune de Saint-Simon).
Par contre, cest à tort quil attribue aux templiers la maison dOlloix, ainsi que celle de Chanonat (66), qui appartenaient aux hospitaliers : elles figurent dailleurs dans la liste des maisons de lHôpital dans le compte de 1293.
Pour le Limousin, une grande partie des maisons du Temple est énumérée dans un « accord passé entre lévêque de Limoges et le précepteur de la milice du Temple, relativement aux chapelles des templiers dans le diocèse de Limoges », le 23 juin 1282, édité par A. Lecler (67) ; mais ce texte ne permet pas de distinguer les commanderies des simples chapelles ainsi que la justement remarqué E.-G. Léonard (68).
Notre document cite quatre maisons de cette liste :
— Blaudeix (Creuse, arrondissement Guéret, canton Jarnages) (69).
— La Croix de Mazerat (actuellement Lascroux, Creuse, arrondissement Guéret, canton et commune de du Grand-Bourg).
— Paulhac (Creuse, arrondissement Guéret, canton du Grand-Bourg, commune de Saint-Etienne de Fursac) (70).
— La Bouge (Creuse, arrondissement Guéret, canton Pontarion).
Il indique, en outre, les maisons suivantes, non citées dans le texte de 1282 :
— Bellechassagne (Corrèze, arrondissement dUssel, canton Sornac).
— Bomora est pour E.-G. Léonard Basmour (Creuse, arrondissement Guéret, canton Boussac, commune de de Bord-Saint-Georges) (71).
Tandis que L. Niepce et A. Vayssière citent respectivement:
— Basmoraux et Bosmoreau dans les dépendances de Bourganeuf (72) ; il sagit sans doute de Bosmoreau-les-Mines (Creuse, arrondissement Guéret, canton Bourgneuf).
— Brive (Corrèze).
— Gentioux (Creuse, arrondissement Aubusson, et cant).
— Limoges (Haute-Vienne), cette commanderie sappelait aussi Le Palais, car son chef-lieu était le bourg de ce nom, près de Limoges, sur la Vienne (73).
— La Montanha, lidentification par E.-G. Léonard dune localité du diocèse de Clermont nest pas à retenir. Il sagit peut-être de Montignac (Corrèze, arrondissement Brive, canton Donzenac) ou plutôt de Montaignac (Corrèze, arrondissement Tulle, canton Egletons, commune de Saint-Hyppolite) (74).
— Le Puy-de-Noix (Corrèze, arrondissement Brive, canton et commune de de Beynat) (75).
— Sandones, serait Serrandon (Corrèze, arrondissement dUssel, canton Neuvic) (76).
— Le Temple de Mons (Corrèze, arrondissement Brive, canton Ayen, commune de Varetz) (77).
Dautres pièces du procès mentionnent les commanderies suivantes, qui sont presque toutes citées dans le texte de 1282 (78).
— La Bussière-Rapy (Haute-Vienne, arrondissement Bellac, canton Chateauponsac, commune de Saint-Amand-Magnazeix).
— Chambérau (Creuse, arrondissement Aubusson, canton Saint-Sulpice-les-Champs).
— Champeaux (Haute-Vienne, arrondissement Bellac, canton Mezières-sous-Issoire, commune de Gajoubert).
— Charrier es (Creuse, arrondissement Aubusson, canton Royère, commune de Saint-Moreil) (79).
— Crabanat (Creuse, arrondissement Aubusson, canton Gentioux, commune de Feniers).
— La-Forêt-du-Temple (Creuse, arrondissement Guéret, canton Bonnat).
— Foulventous, déformé en Font Lezenfort (Haute-Vienne, arrondissement Bellac, canton Magnac-Laval, commune de Saint-Hilaire-la-Treille).
— Le Mas-Dieu (Charente, arrondissement Confolens, canton Saint-Claud : deux commanderies portent ce nom : Le Grand Mas-Dieu, qui est une commune, Le — Petit Mas-Dieu, commune de de Loubert).
— Puybonnieux (Haute-Vienne, arrondissement Limoges, canton Châlus, commune de Pageas).
— Viviers (Creuse, arrondissement Guéret, canton Châtelus-Malvaleix, commune de Tercillat).
A. Vayssière signale encore trois commanderies qui ont certainement appartenu aux templiers (80) :
— Ayen (Corrèze, arrondissement et Brive, lieu-dit Le Temple) ;
— Magnac (Haute-Vienne, arrondissement Limoges, canton Saint-Germain-les-Belles, commune de Vicq-sur-Breuilh) ;
— Mortesaigne (Haute-Vienne, arrondissement Limoges, canton et commune de Saint-Léonard- de Noblat).
Nest pas envisagée ici lidentification de localités où lexistence dune commanderie ou bien son appartenance à lordre du Temple est discutée.
Il nest pas possible davancer avec certitude un chiffre donnant leffectif des frères du Temple dans ces deux diocèses à la veille de leur arrestation ; pour tenter de lévaluer (81), on dispose des noms contenus dune part dans les textes déjà publiés (82), principalement le Procès des Templiers édité par Michelet et les procès de Poitiers et de Chypre édités par K. Schottmuller et H. Finke (83), dautre part dans linterrogatoire de juin 1309, qui mentionne des noms inconnus par ailleurs.
Pour le diocèse de Clermont (84), quarante-neuf frères sont interrogés par lévêque, douze, arrêtés dans dautres diocèses, sont venus à Paris défendre lordre, et deux autres comparaissent devant les commissaires pontificaux (85). Un autre Auvergnat est arrêté à Chypre (86), un autre est interrogé en 1308 ou 1310 (87). On connaît aussi par divers témoignages les noms de six frères qui se sont enfuis (88), et de treize autres cités comme témoins à une réception et, selon toute vraisemblance, encore vivants en 1307 (89). Le texte de 1309 permet de connaître sept autres frères (90). Nous avons ainsi les noms de quatre- vingt-onze frères qui se répartissent en dix chevaliers, onze prêtres et cinquante sergents ; pour vingt dentre eux, la qualité nest pas mentionnée et il sagit probablement de sergents.
Pour le diocèse de Limoges, les chiffres nont pas tout à fait la même signification, puisque nous ignorons le nombre de frères arrêtés dans ce diocèse. Aux dix-sept templiers interrogés par lévêque de Clermont, on peut ajouter deux frères arrêtés à Cahors (91), un autre interrogé en 1308 ou 1310 (92) ; dix autres frères ont déposé lors du procès de Poitiers (93), lun dentre eux et vingt et un autres templiers se retrouvent à Paris pour défendre lordre ; dix-sept autres frères du diocèse de Limoges ont déposé devant les commissaires pontificaux (94) et deux se sont enfuis95 ; on dénombre enfin vingt-neuf témoins à une réception dont sept noms sont cités par linterrogatoire de 1309 (95). Sont donc connus quatre-vingt-dix-sept frères, soit vingt chevaliers, huit prêtres et quarante-deux sergents ; vingt-sept ne sont pas qualifiés.
Il semble donc, daprès ces chiffres, quun peu plus de la moitié des templiers du diocèse de Clermont aient été arrêtés dans leur diocèse dorigine, puisque quarante-neuf frères seulement sont interrogés par lévêque.
Mais ces chiffres doivent être utilisés avec prudence, car ils reposent en partie sur des témoignages dont les rares recoupements sont parfois contradictoires. De plus, les sources dont nous disposons ne permettent pas toujours de connaître les frères qui, interrogés dans le diocèse où ils ont été arrêtés, ne sont pas venus à Paris que ce soit pour défendre lordre ou pour déposer devant les commissaires pontificaux ; cest le cas de dix-sept des templiers arrêtés dans le diocèse de Clermont. Sur ces dix-sept frères, neuf (97) ne sont cités par aucun témoin et ne seraient pas connus sans linterrogatoire mené par lévêque de Clermont.
Les enquêteurs de Clermont
Lévêque de Clermont était alors Aubert Aycelin, nommé par le pape le 11 août 1307 (98), à la suite dune longue vacance du siège qui durait depuis septembre 1304 et de difficultés qui sétaient levées au sein du chapitre cathédral pour pourvoir à cette vacance.
Aubert Aycelin appartenait à une illustre famille dAuvergne. Neveu de Jean Aycelin, qui fut évêque de Clermont de 1297 à 1301, il létait également dHugues Aycelin, de lordre des frères prêcheurs, qui devint cardinal en 1287, et de Gilles Aycelin, qui fut prévôt de la cathédrale de Clermont avant de devenir, en 1290, archevêque de Narbonne (99). On sait que Gilles Aycelin joua un rôle important pour soutenir les thèses royales dans laffaire des templiers. Au consistoire public du 29 mai 1308 à Poitiers, par exemple, il intervint dans un sens qui leur était tout à fait défavorable et demanda le châtiment de lordre (100). Pendant les absences de Nogaret, et notamment le 27 février 1310, il recevait provisoirement la garde du grand sceau royal (101). Cest également lui qui fut désigné pour présider la commission pontificale chargée pour la France de recueillir les témoignages au sujet de lordre (102).
Le titulaire du siège de Clermont était ordinairement un fidèle soutien de lautorité royale et en recevait un appui non moins fidèle. Il était aussi, comme évêque, un important seigneur féodal pour qui la protection du roi nétait pas sans importance (103). Cette protection, Philippe le Bel avait eu loccasion de lexercer, en 1308, en faveur dAubert Aycelin dans une affaire où sopposaient ses droits féodaux aux prétentions du comte Dauphin (104) ; le roi manda à son bailli dAuvergne de ne pas appuyer de son autorité une prestation dhommage réclamée par le comte (105).
Lhistorien H. Prutz pense quAubert Aycelin aurait été, dans une certaine mesure, à labri des soupçons de complaisance envers le roi parce quil avait obtenu sa dignité sans intervention du roi (106). H. Bouffet, au contraire, soutient que cétait une créature de Philippe le Bel ; il avance, en outre, quil fut hostile aux templiers, « le nombre considérable de pièces quil fit examiner par la commission pontificale le prouve » (107). En fait, il nétait peut-être pas une créature du roi, mais ses liens familiaux et ses intérêts devaient le porter à soutenir les desseins de la royauté (108).
Conformément aux instructions du pape, lévêque sadjoignit, pour lassister au cours de lenquête deux membres du chapitre cathédral (Etienne Chausit, abbé, et Pierre de Chalus, chanoine), deux frères prêcheurs (Guillaume Vital et Jean de Rinhac), et deux frères mineurs (Arbert de Thinière et Astorg de Mareugheol) (109). Il est tentant de penser que lévêque de Clermont choisit des clercs qui avaient représenté leurs communautés aux Etats généraux de 1308 ; malheureusement les procurations du chapitre et des couvents des dominicains et des franciscains de Clermont ont disparu (110) et rien ne permet de confirmer ou dinfirmer cette hypothèse. Leurs noms semblent indiquer que tous étaient dorigine auvergnate. Je nai trouvé aucun renseignement sur les quatre religieux : on en possède quelques-uns sur les deux chanoines. Etienne Chausit, chanoine depuis 1287 au moins, fut abbé du chapitre de 1302 à 1322 (111) ; Pierre de Chalus, legum professor, chanoine depuis 1302, fut official en 1302-1303 et mourut en 1331 (112).
Le document napporte aucun renseignement complémentaire, ni sur la personnalité de chacun des membres de la commission diocésaine, ni sur la façon dont ils menèrent lenquête ; le procès- verbal ne mentionne aucune intervention des enquêteurs, et on ne peut donc savoir quelle part personnelle prit lévêque à cet interrogatoire.
Analyse du document
Le procès-verbal débute par la transcription de lexpédition de la bulle Faciens misericordiam, datée de Poitiers le 12 août 1308, adressée à larchevêque de Bourges et à ses suffragants (112.bis). Par cette bulle, le pape, ne pouvant procéder personnellement à lenquête, mandait à chacun des évêques, en ce qui concerne sa cité et son diocèse, de sadjoindre deux chanoines de léglise cathédrale, deux frères prêcheurs et deux frères mineurs choisis par lui, et, après avoir fait citation publique dans les lieux où cela lui paraîtrait devoir être fait, de mener lenquête contre les personnes de lordre du Temple qui nauraient pas encore été entendues par le pape lui-même ou les inquisiteurs, et qui résidaient dans le diocèse, même sils venaient dailleurs ou sy trouvaient par hasard. Linterrogatoire devait porter sur les articles transmis avec la bulle et sur dautres qui paraîtraient utiles aux évêques. Le pape ajoutait que, les enquêtes terminées, un concile provincial devrait se réunir pour prononcer une sentence dabsolution ou de condamnation des personnes. Les enquêteurs pourraient assister, sils le désiraient, à lenquête et au jugement du concile.
Le texte de la bulle est suivi de la désignation des clercs que lévêque devait sadjoindre selon lordre du pape.
Le procès-verbal se continue par la transcription des lettres épiscopales prescrivant de citer solennellement et publiquement à comparaître personnellement devant lui, le 4 juin à lheure de prime, les templiers que lon dit sêtre enfuis de la cité et du diocèse ou sy cacher et den rendre compte par actes authentiques, actes également reproduits in extenso.
Ces documents sont, dans lordre
— une première lettre de lévêque, adressée aux curés des églises Sainte-Croix, Notre-Dame-du-Port, Saint-Genès et Saint-Pierre de Clermont, leur mandant de procéder à la citation le jour de lAscension (8 mai), lettre datée de Cournon le mardi avant lAscension (6 mai).
— lacte constatant lexécution des instructions épiscopales par chacun des quatre curés pendant la célébration de la messe paroissiale en présence, dans chacune des églises, dun certain nombre de clercs appelés comme témoins (113), acte établi le jour même et souscrit par quatre notaires.
— une seconde lettre de lévêque, adressée aux mêmes quatre curés de Clermont, leur mandant de faire une nouvelle citation le mercredi après loctave de la Pentecôte (28 mai), lettre datée de Beauregard le lundi après loctave de la Pentecôte (26 mai) (114).
— lacte constatant lexécution de ces instructions par chacun de ces quatre curés, acte souscrit par trois notaires.
— trois autres lettres de lévêque, toutes datées du même mercredi après loctave de la Pentecôte (28 mai), mandant à leurs destinataires, le chapelain de Vertaizon, les chapelains de Montferrand et Riom, et les chapelains de Nonette et Auzon, de citer les templiers résidant dans leurs paroisses à comparaître devant lui à Clermont, le 4 juin, cest-à-dire le mercredi de la semaine suivante. Ces lettres ont reçu, selon lusage, le sceau des destinataires à titre daccusé de réception.
Il est vraisemblable que Vertaizon, siège dune châtellenie de la seigneurie épiscopale et site dun fort château, Montferrand, Riom, Nonette et Auzon, sièges de prévôtés royales (115) et dont les châteaux pouvaient renfermer des prisonniers, étaient les lieux de détention des templiers, arrêtés, depuis octobre 1307, en Auvergne (116). Ceci est dailleurs confirmé, pour Montferrand et Riom, par les dépositions faites devant la commission pontificale (117).
Après la copie de ces divers documents vient la liste nominative des templiers, que leurs gardiens avaient ordre damener à Clermont pour comparaître le 4 juin. Les noms de ces templiers ne sont pas donnés dans le même ordre ni toujours sous la même forme que dans le texte de linterrogatoire proprement dit et les qualifications se complètent réciproquement. Remarquons pourtant que lordre adopté ici, comme celui de linterrogatoire, donne en premier lieu les noms des templiers qui ont reconnu les faits reprochés à lordre, puis les noms de ceux qui les ont niés, tous diocèses dorigine confondus.
Ils étaient au nombre de soixante-neuf, dont quarante-neuf du diocèse de Clermont, dix-sept du diocèse de Limoges, deux du diocèse de Bourges et un du diocèse de Genève, se répartissant en dix chevaliers (quatre de Clermont, cinq de Limoges, un de Genève), sept prêtres (six de Clermont, un de Limoges) et cinquante-deux frères sergents. Parmi eux, neuf exerçaient les fonctions de commandeur (dont trois chevaliers et deux prêtres).
Les templiers qui ne comparaissent pas sont réputés contumaces (118).
Ce 4 juin, lévêque fait prêter au présent serment sur les saints Evangiles. Il procède ensuite à linterrogatoire de chacun singulariter et secrete, selon lordre des articles du questionnaire expédié avec la bulle Faciens misericordiam et intégralement transcrit.
Linterrogatoire eut lieu, non pas dans le palais épiscopal comme cela a été écrit, mais dans un édifice de Clermont dénommé le « palais » (119), bâtiment que lon na pas encore localisé avec précision et qui venait dêtre acquis par lévêque Aubert Aycelin (120).
Les dépositions se suivent dans un ordre qui classe, dune part ceux qui avouent au nombre de quarante (cinq prêtres, trois chevaliers, trente-deux frères sergents), dautre part ceux qui nient au nombre de vingt-neuf (deux prêtres, sept chevaliers, vingt frères sergents). Parmi ceux qui exerçaient les fonctions de commandeur, cinq avouent (dont deux prêtres), quatre nient (dont trois chevaliers).
Ainsi, plus des 2/3 des prêtres et les 3/5c des sergents avouent, contre seulement 1/3 des chevaliers.
On constate encore que la proportion des frères niant est plus forte dans le diocèse de Limoges (10 sur 17) que dans celui de Clermont (18 sur 49).
Au vu de ces chiffres, on peut se demander quelle part dinfluence ont eu, dans le choix de leur attitude, le rang que les inculpés occupaient dans la hiérarchie de lordre, leur degré dinstruction ou létat desprit qui régnait dans leur commanderie dorigine.
Voici, dans lordre de linterrogatoire, quels sont les templiers interrogés (121) ; lorsque la qualité nest pas indiquée, il sagit de sergents.
Les quarante premiers, classés comme ayant avoué, sont :
1. Bernard de Villars, prêtre, du diocèse de Limoges, commandeur de la Roche-Saint-Paul.
2. Jean Senaud, du diocèse de Clermont, commandeur de la Foulhouze.
3. Jean Adam, du diocèse de Clermont, commandeur de la Tourette.
4. Jean de Menât, prêtre, du diocèse de Clermont (122).
5. Jean Dalmas, dArtonne, du diocèse de Clermont.
6. Hugues de Jenzat, du diocèse de Clermont.
7. Etienne du Cellier, du diocèse de Clermont (123).
8. Guillaume Tixier, prêtre, du diocèse de Clermont, curé de Celles.
9. Guillaume de Mazayes, chevalier, du diocèse de Clermont.
10. Pierre dAuteyrac, du diocèse de Clermont.
11. Hugues Charnier, commandeur de Saint-Pourçain, du diocèse de Clermont.
12. Guillaume de Born, chevalier, du diocèse de Limoges.
13. Barthélemy Vassales, prêtre, du diocèse de Clermont.
14. Roger de La Roche, du diocèse de Bourges.
15. Guillaume Brughat, du diocèse de Limoges.
16. Bernard dAuzon, du diocèse de Clermont.
Cest dans les réponses à cet article 12 que lon trouve la plus grande variété dans les dépositions des vingt-neuf autres templiers.
Quelques-uns se contentent de nier ou, comme Bertrand de Sartiges (41), disent quils pouvaient se confesser à nimporte quel prêtre. Un certain nombre de frères avoue linjonction de se confesser aux prêtres de lordre accompagnée de la précision quau cas où ils nen trouveraient pas, ils pouvaient se confesser à qui ils voudraient (44, 45, 50, 51, 54, 57, 59, 60, 61, 66, 67, 69) ; quatre font une mention spéciale des carmes (46, 47, 56, 64) ; deux précisent que pour se confesser à des prêtres étrangers à lordre il fallait la permission du supérieur (53, 63).
En fait, la règle spécifiait (art. 354) que le templier ne devait se confesser quau frère chapelain, sauf en cas de nécessité ou en labsence du chapelain ou encore avec permission. Il ny a donc rien de particulier à conclure de cet article sinon que la pratique ne suivait pas toujours très exactement la règle, ce qui na rien que dhumain.
Art. 13. — Sur le treizième article reprochant davoir négligé de corriger ces erreurs et de les dénoncer à lEglise, et aussi de navoir pas quitté lordre, les quarante premiers templiers en reconnaissent le bien-fondé, mais disent de ne pas y avoir persévéré car ils ny consentaient pas de cœur (1, 2, 3, 8, 9, 14, 19, 20, 25, 26, 31, 36, 37), plusieurs avancent sen être confessés à des prêtres dont ils donnent souvent le nom (4, 5, 6, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 18, 21, 22, 23, 24, 28, 32, 33, 34, 35) voire à des évêques : le patriarche de Jérusalem (10, 27), lévêque de Gibelet (29, 30), mais rien ne permet de savoir si ces confesseurs étaient vivants ou morts en 1309 ; la plupart nont rien dit ni rien fait par peur et, précisent certains, pour ne pas « perdre la maison » cest-à-dire être exclu de lordre (4, 10, 21, 27, 32) ; un seul, Jean Senaud (2), a dit à quelques frères que le reniement était chose mauvaise.
Pour les vingt-neuf autres, ou bien cet article fait partie de ce quils rejettent en bloc, ou bien, comme Bertrand de Sartiges (41) ils affirment quil ny avait pas derreurs dans lordre, ou bien comme douze dentre eux ils disent quils ne connaissaient pas les erreurs et ne les connaissent toujours pas (46, 47, 48, 51, 52, 56, 57, 58, 62, 65, 67, 68).
Art. 14. — Sur le quatorzième article concernant le serment de travailler au profit de lordre par tous moyens, justes ou injustes, sans quil y ait péché, la plupart des quarante premiers templiers avouent quil leur fut enjoint, lors de leur réception, de faire des acquisitions pour lordre par tout moyen (sans toutefois faire intervenir la notion de péché), sauf un qui nie cela (1) et un qui dit ne pas sen souvenir (21).
Certains apportent des restrictions à cet aveu : ou bien ils ne comprenaient pas quils pouvaient agir injustement (5, 16, 28, 33), ou bien cela ne leur a pas été spécifié (7, 8, 10, 14, 18, 19, 22, 24, 25, 30, 31, 35, 36, 37), ou bien ils ne se souviennent pas que cela leur ait été dit (6, 12, 17, 23, 29, 34) ; quelques-uns ajoutent en avoir entendu parler par dautres frères (4, 11, 15, 27, 32). Rares sont ceux qui font intervenir la notion de péché : Bernard de Villars (1) élude la question posée sur ce point en répondant quil na pas entendu autre chose que ce quil vient de déposer.
Les vingt-neuf autres nient simplement cet article : Bertrand de Sartiges (41) toutefois déclare quils pouvaient acquérir de façon juste et non autrement.
Art. 15. — Sur le quinzième article relatif à la notoriété de ces faits et à leur aveu par un grand nombre, beaucoup des quarante premiers templiers reconnaissent lexactitude du contenu de larticle sans réserve, mais dans leur majorité ils restreignent cet aveu à ce que contient leur déposition. On peut voir là une mesure de prudence élémentaire.
Les vingt-neuf autres nient tout.
Quant aux QUESTIONS COMPLEMENTAIRES, celle qui concerne les circonstances propres à chaque réception a été jointe au premier article ; à ce stade de linterrogatoire, des questions sont posées sur leur présence à dautres réceptions et, le cas échéant, leurs circonstances (169). On remarquera toutefois quil nest pas possible de tenir pour vrai tout ce qui en est dit puisque Barthélemy dUssel (33) affirme navoir assisté à aucune réception alors que Robert Martin (37) le donne comme présent à sa propre réception.
Au sujet de lorigine des erreurs, les quarante premiers disent nen rien savoir ou ne fournissent pas de réponse ; quelques-uns ajoutent ne pas croire que cela remonte au début de lordre (9, 20, 26). Seul Bernard de Villars (1), après avoir dit nen rien savoir, questionné sur ce quil pense, explique quà son avis ces erreurs se sont introduites dans lordre par le biais du serment prêté selon la règle, à ce quil dit, dobserver les décisions prises par le maître de lordre ou ses délégués.
Au sujet du lieu de conservation des idoles, la plupart des quarante nen savent rien ou ne fournissent pas de réponse ; quelques-uns cependant ajoutent avoir entendu dire que ce serait Outremer, (6, 12, 17, 23, 29, 34, 39), et lun (29) précise dans le trésor ; un autre (2) dépose avoir entendu dire quil y avait une idole à Montpellier, mais aucun ne se souvient du nom de ses informateurs.
On peut noter des divergences entre les réponses à cette question et celles faites à larticle 10 : plusieurs frères qui disent ne rien savoir au sujet de la conservation des idoles, et mis à part ceux qui avaient déposé nen avoir entendu parler que depuis leur arrestation, ont auparavant déclaré quil y en avait Outremer (1, 3, 4, 9, 20, 26, 27) et même indiqué la dénomination de lidole (13, 38).
Ces questions complémentaires font partie de ce qui est rejeté en bloc par les vingt-neuf autres.
Lattitude de la plupart des templiers interrogés est appréciée par le rédacteur à la fin du compte rendu de chaque déposition, mais de façon diverse. Cest celle du premier et principal témoin qui reconnaît les charges qui est décrite le plus longuement : discret et prudent, il a déposé sans changer de couleur, sans chercher à inventer, sans mûrir ses réponses, sans varier ni parler de façon obscure, et sest déclaré prêt à répéter ses dires devant quiconque, publiquement ou en secret, et à faire ce que lui enjoindra lEglise à la miséricorde de laquelle il sen est remis. Tout, jusquà la description du comportement, semble destinée à mettre en valeur cette déposition la plus favorable à laccusation. Sil est noté pour trente et un autres quils sen remettent à la miséricorde de lEglise, pour quelques-uns, il ny a rien de plus (8, 19, 25, 31, 36). Les remarques concernant les autres sont plus ou moins explicites. Elles sont parfois uniquement dordre spirituel, portant sur la contrition manifestée (6, 14, 16, 17, 23, 26, 27, 29, 34, 38, 39, 40), ou sur une profession de fidélité à la foi catholique (11), ou sur lexpression conjointe des deux sentiments (12, 15, 37). Elles sont parfois aussi dordre matériel, mais accompagnent toujours le repentir des erreurs proférées et signalent soit simplement labsence de variation ou dhésitation (7, 18, 24, 30, 35) soit en outre la clarté et la netteté de la déposition de lintéressé (3, 4, 5, 9, 20).
Il ny a aucune appréciation sur huit des templiers qui ont avoué (2, 10, 13, 21, 22, 28, 32, 33), et pourtant Ton sait que lun deux (21) sest repris en répondant au premier article du questionnaire.
Rien nindique quel a été le comportement des templiers qui ont nié alors queux aussi peut-être ont déposé de façon claire, sans changer de couleur, sans mûrir leurs réponses et sans hésitation.
Ainsi, lanalyse de ces dépositions permet de dégager limportance relative de chacun des articles. Si les réponses aux deux premiers ont, aux yeux des enquêteurs, une valeur essentielle, — puisque cest la reconnaissance ou le rejet du reniement du Christ et du crachat sur la croix qui a déterminé le partage des frères en deux groupes, — les réponses aux articles dont le contenu sapparente aux accusations portées dans les procès de sorcellerie ont également fait lobjet dune grande attention. Quant aux articles qui concernent les divers aspects de la vie des frères au sein de lordre, ils ont servi aux enquêteurs à obtenir des aveux par la façon habile dont les réponses ont été sollicitées : en sappuyant sur des faits réels quils ont présentés en les déformant, ils ont fait supposer et avouer aux templiers des raisons cachées ; en les invitant à dire quelle proportion dentre eux participait aux erreurs, et à reconnaître leur négligence à les corriger, ils ont fait pression sur les frères ; ils ont enfin exploité leur ignorance réelle de certains actes en leur donnant une autre dimension et en reprenant des bruits qui couraient et que les frères répétaient.
Les templiers auvergnats et la défense de lordre.
Quel fut le sort des templiers après leur interrogatoire par lévêque de Clermont ? Tous ceux qui avouèrent semblent avoir été absous et réconciliés par lui, puisque tel était le cas de ceux qui comparurent devant la commission pontificale au printemps de 1311 ; ils nen restaient pas moins détenus.
Quant à ceux qui nièrent, ils furent amenés à Paris peu après le commencement des travaux de la commission pontificale qui se situe comme lon sait à la mi-novembre 1309. Ce transfert nalla dailleurs pas sans réticence de la part des autorités, comme dans dautres diocèses, notamment pour les frères détenus à Montferrand (170).
Dès le 7 février 1310, trente-deux templiers venus du diocèse de Clermont comparaissent devant la commission171 ; on comptait parmi eux deux prêtres (46, 63), sept chevaliers (41, 42, 53, 55, 59, 61, 66) et un frère sergent commandeur (58) ; aux vingt-neuf niant sajoutaient trois frères qui avaient reconnu devant lévêque de Clermont la majeure partie des crimes quon leur imputait (15, 17, 23). Tous refusèrent de reconnaître les accusations portées et se déclarèrent prêts à défendre lordre. Un certain nombre dentre eux, dont les sept chevaliers, comparurent à nouveau le 14 mars 1310172 pour entendre la lecture des articles du questionnaire denquête. La plupart dentre eux participèrent à la grande assemblée où, le 28 mars 1310, dans le verger de lévêque de Paris, leur fut proposée la constitution de procureurs 173. Les différentes visites effectuées par les notaires pour organiser cette défense permettent de situer les lieux de détention des templiers venus dAuvergne : les sept chevaliers se trouvent à labbaye Sainte-Geneviève (174), quinze frères sont détenus dans la maison de Richard de Spoliis, rue du Temple (175), huit autres dans la maison de Clairvaux, rue Saint-Martin (176), tous mêlés à des frères venus dautres diocèses ; deux nont pu être trouvés (177).
La publication de Michelet permet de retrouver à Paris dautres templiers du diocèse de Clermont arrêtés et interrogés dans dautres régions, venus eux aussi défendre leur ordre (178). Douze dentre eux sont présents au verger : Jean Sapiende, Jean de Luguet, Géraud Gaudet, Robert vigier, sergent, Henri Honorelli, Etienne de Paray, Guillaume de Tulhas, Jean de Buffevent, sergent, Jean Robert, prêtre, Robert de Boliens, Hugues de Seyssel, chevalier, et Guillaume Boton, sergent (179). Onze de ce groupe, dont le prêtre et le chevalier, ont été amenés de Bourges (180), on ne sait doù vient Robert de Boliens. Trois dentre eux sont détenus dans la maison de Jean Rosseli près de Saint-Jean-en-Grève (181). Tous ont affirmé leur volonté de défendre lordre, Jean Robert ajoute même quil a entendu de nombreux frères en confession sans rencontrer ces erreurs (182).
Ces templiers participent, pour une part qui ne peut être précisée, à la rédaction de cédules présentées à la commission pontificale ; Guillaume de Chamborent, Bertrand de Sartiges et Robert Vigier viennent avec dautres frères, le 1er avril, affirmer leur volonté de défendre lordre et présenter un texte qui démontre que la procédure engagée nest pas valable, demande que les frères soient soustraits aux menaces des gens du roi, que ceux qui ont répudié lordre soient confiés à lEglise, quon interroge les prêtres qui ont confessé les mourants ; il analyse enfin les procédures possibles (183). Le 3 avril, un groupe de frères, parmi lesquels se trouvent ceux détenus rue du Temple, envoie une délégation dont font partie Bernard Charnier et Jean de Bellefaye présenter un long texte en langue vulgaire exposant la vie exemplaire que menaient les frères et expliquant pourquoi leur ordre ne peut être corrompu (184).
A partir de ce moment, on voit intervenir dans le cours du procès quatre défenseurs de lordre (185), au nombre desquels figurent deux des chevaliers soumis à linterrogatoire de lévêque de Clermont : Bertrand de Sartiges, qui était commandeur de Carlat au diocèse de Clermont, et Guillaume Chamborent, commandeur de Blaudeix au diocèse de Limoges. Ils comparaissent le 7 avril avec leurs associés, Pierre de Bologne et Renaud de Provins, et dautres frères, et remettent à la commission « un beau mémoire qui est à la fois le plus pressant réquisitoire contre les procédés des agents du roi et une défense qui vaut celle des érudits modernes » (186).
Une autre cédule en langue doc est ensuite présentée au nom des frères détenus dans la maison de Richard de Spoliis (187).
Les quatre défenseurs intervinrent encore à plusieurs reprises : le 11 avril, ils sont présents lors des premières comparutions ; le 23 avril, ils protestent à nouveau contre les pressions exercées sur les templiers ; le 5 mai, ils expriment leur méfiance envers les faux témoins qui se glissaient parmi les frères ; le 10 mai, ils protestent contre la tenue imminente du concile provincial de Sens (188). Pierre de Bologne et Renaud de Provins, convoqués devant le concile de Sens, disparurent comme défenseurs de lordre (189). Le 17 décembre 1310, à la reprise de lactivité de la commission suspendue de mai à décembre, nos deux chevaliers réclamèrent la présence à leurs côtés des deux autres procureurs car, disaient-ils, eux-mêmes étaient illettrés. Il leur fut répondu que leurs associés avaient volontairement renoncé à défendre lordre. Se sentant isolés, sans conseils, les deux chevaliers ne voulurent pas poursuivre leur mission de crainte de nuire aux appels préalablement interjetés par les quatre procureurs (190).
Ainsi, le bûcher décidé à Sens eut des répercussions très importantes sur les travaux de la commission. Ces frères, venus spontanément à Paris en février 1310 pour défendre leur ordre, nont jamais comparu devant la commission à lexception de Raynart de Bort ; « en fait, conlut G. Lizerand, à partir de la fin de 1310, la commission est devenue la chose du roi » (191). Elle nentendit plus que des témoins à charge, la plupart dentre eux réconciliés avec lEglise, après confession, abjuration et absolution. Certains des templiers interrogés par lévêque de Clermont ont ainsi été amenés de la prison de Riom au printemps 1311 pour déposer devant les commissaires pontificaux ; nous allons revenir sur leurs dépositions.
Dautres templiers du diocèse de Clermont ont également été entendus par les commissaires (192) : Jean de Buffevent et Robert Vigier ont comparu respectivement les 6 et 8 février 1311 (193). Ces deux frères sergents, décidés dans un premier temps à défendre lordre, ont quitté le manteau de lordre au concile de Sens et ont été absous et réconciliés par lévêque de Paris. Jean de Buffevent cite un dialogue digne dintérêt au sujet des rites de réception : le reniement et les crachats ne seraient pas imposés secundum religionem mais pro trufa (194).
Linterrogatoire de Robert Vigier donne un témoignage précis sur des tortures quil a subies à Paris lors dun interrogatoire précédent, et dont trois frères seraient morts (195).
Un autre templier originaire du diocèse de Clermont comparaît le 6 avril 1311 : Geoffroy de Montchausit, sergent, portant encore manteau et barbe, a été absous et réconcilié par larchevêque de Tours (196).
Le chevalier auvergnat Guy Dauphin comparaît le 18 janvier 1311 devant la commission pontificale ; il se présente sans manteau ni barbe, selon lordre des prélats du concile de Sens, absous et réconcilié par lévêque de Paris (197). Cet interrogatoire, beaucoup plus détaillé que celui qui avait eu lieu un peu plus de trois ans auparavant, le 19 octobre 1307, mené au Temple, juste après larrestation des frères, par linquisiteur Guillaume de Paris (198), revient sur la majeure partie des aveux passés alors, aveux obtenus on sait de quelle cruelle façon en ce diocèse (199).
Comparaison des dépositions de 1309 et de 1311
Ayant confronté les dépositions faites devant la commission pontificale, H.-Ch. Lea écrit (200) que les confessions recueillies par les évêques présentent des caractères différents selon les diocèses et que lon peut former des catégories distinctes avec les pénitents des divers prélats. Il appuie ses conclusions sur la présomption que les templiers comparaissant devant les commissaires pontificaux restaient aussi fidèles à leur première version que leur mémoire le leur permettait, puisquils faisaient effort pour que leurs dépositions concordent avec celles quils avaient prononcées devant les évêques. Mais il na pu comparer diverses dépositions dun même individu, car aucun des templiers interrogés par les évêques dont le procès- verbal denquête était publié (celui de Nîmes par exemple), ne la été par la commission pontificale.
Le fait que vingt et un des templiers interrogés par lévêque de Clermont le furent un an et demi à deux ans plus tard par les commissaires pontificaux permet de comparer les témoignages de chacun, ce que nous allons faire en suivant lordre de linterrogatoire de 1309.
Sur ces vingt et un templiers interrogés en 1311, vingt avaient avoué les erreurs et avaient été absous par lévêque de Clermont, et un seul les avait niées et navait encore été absous par quiconque.
Ils ont été amenés à Paris en deux groupes successifs, à un mois et demi dintervalle (201). Le premier se présente devant la commission pontificale le 29 mars ; il comprend deux chevaliers, deux prêtres, quatre frères sergents commandeurs et deux sergents.
Le 1er avril, mêlé à un groupe de frères dautres diocèses, se présente Raynard de Bort, chevalier, qui avait nié à Clermont les faits reprochés à lordre et avait participé à sa défense. Le second groupe, venu dAuvergne, comparaît le 19 mai ; il ne comprend que des sergents.
Cette répartition des témoins pose à lévidence le problème du choix des frères qui ont comparu devant la commission, choix dont on ignore les auteurs, les critères, les circonstances, mais dont on peut supposer quil ne doit pas grand-chose au hasard.
On remarque aussi que les dix frères du premier groupe sont revêtus du manteau de lordre et que huit dentre eux portent encore la barbe, alors que tous les frères du second groupe se présentent sans manteau et barbe rase. Est-ce une attitude délibérée ou quelque événement sest-il produit entre temps ? La question reste posée.
Voici les noms des comparants (202)
Noms Date Editions Michelet, tome II.
1 — Bernard de Villars (29 mars, page 121-125)
2 — Jean Senaud (31 mars, page 136-141)
3 — Jean Adam (31 mars, page 141-143)
6 — Hugues de Jenzat (19 mai, page 234-236)
7 — Etienne du Cellier (21 mai, page 243-245)
8 — Guillaume Tixier (30 mars, page 129-132)
9 — Guillaume de Mazayes (29 mars, page 125-127)
11 — Hugues Charnier (1er avril, page 143-146)
14 — Roger de La Roche (1er avril. page 148-151)
16 — Bernard dAuzon (1er avril. page 146-148)
18 — Etienne dEgletons (22 mai, page 254-256)
19 — Pierre Blanc (21 mai, page 245-248)
20 — Guy de Chatanède (29 mars, page 127-129)
24 — Michel Dupuy (22 mai, page 252-254)
26 — Jean de Menât (30 mars, page 133-136)
28 — Guillaume Avril (19 mai, page 236-238)
29 — Pierre Maurin (19 mai, page 238-241)
32 — Jean Sarrazin (21 mai, page 250-252)
34 — Pierre de Bonnefont (21 mai, page 248-250)
36 — Durand Charnier (21 mai, page 241-243)
42 — Raynard de Bort (2 avril, page 151-154)
Bien que les vingt premiers protestent ne pas vouloir sécarter de leur déposition faite devant lévêque de Clermont, ajoutant que ce quils diraient en plus ou moins ne devait pas leur nuire (203), on relève des différences parfois très nettes et dont certaines sont surprenantes.
Quelques-unes de ces divergences ont déjà été relevées par J.-M. Raynouard qui avait vu lintérêt de cette comparaison (204).
1. — Ainsi, Bernard de Villars (205) cite quelques noms de ceux qui assistaient à sa réception, une fois cinq, une fois quatre, et parmi eux, il ny en a quun dont le nom apparaisse dans les deux dépositions. Interrogé sur sa présence à dautres réceptions, il cite une fois trois réceptions, lautre fois deux, mais ce ne sont pas les mêmes. Devant lévêque, il rapporte quil a vu envoyer en Sardaigne par le visiteur de France, Geoffroy de Vichy, de crainte quil ne parle trop, un frère qui nen est pas revenu, mais il nen souffle mot devant les commissaires pontificaux. Mieux encore, il dit à ceux-ci sêtre confessé des choses illicites quil vient davouer à un frère mineur de Limoges, mais il nen a rien dit à lévêque. Sil a dit à ce dernier quil a vu un frère reçu dans lordre être baisé par celui qui le recevait in spina dorsi, il ne parle devant les commissaires pontificaux que de baisers sur la bouche, ajoutant toutefois avoir entendu dire par quelques frères, après son arrestation, que les frères reçus baisaient ceux qui les recevaient in ano. Enfin, chose qui ne peut relever dune défaillance de mémoire, il dit à lévêque quil na pas été question, lors de sa réception, domission des paroles sacramentelles pendant la messe, car il nétait pas prêtre, et quil ne fut invité à les omettre que quatre ans après lorsquil devint prêtre, alors que devant les commissaires pontificaux, il dit que le récepteur lui permit de devenir prêtre et lui enjoignit domettre alors les paroles du canon Hoc est enim corpus meum (206).
2. — Jean Senaud se réfère souvent dans sa déposition de 1309 à celle du premier témoin et napparaît pas comme un homme ayant beaucoup de personnalité, alors que sa déposition devant la commission pontificale le 31 mars 1311 est vivante, riche danecdotes et de commentaires explicatifs. Les deux dépositions offrent dailleurs un grand nombre de différences ; il dit, en 1309, avoir assisté à une réception (Outremer) alors quen 1311 il en cite quatre (deux Outremer, une en Italie et une en Auvergne) mais non pas celle mentionnée en 1309, ajoutant quil ne se souvient pas avoir assisté à dautres réceptions parce quil sy soustrayait par ruse. En 1311, il navance pas ce quil avait déposé devant lévêque, savoir quHugues de Bochatel lui avait dit Outremer quil était enjoint aux prêtres de lordre domettre les paroles sacramentelles à la messe. En 1311, en revanche, il parle du baiser sur lanus et donne son explication de cette rumeur (207), alors quen 1309, il se contente de dire quil nen a jamais vu. Au sujet du pouvoir dabsolution des présidents de chapitre, il affirme à lévêque que les dignitaires de lordre disaient pouvoir absoudre de tous péchés ceux qui étaient présents au chapitre, tandis que devant les commissaires pontificaux il pense quil sagissait des désobéissances, comme de ne pas se lever le matin. On relève une contradiction et une omission au sujet de lidole : tandis quen 1309 il prétend avoir entendu dire que la cordelière lavait touchée, en 1311, il affirme ne jamais lavoir entendu dire; en 1309, il a entendu dire quil y avait une idole à Montpellier, mais en 1311, il nen souffle mot ; en revanche, il répète le conte selon lequel un seigneur de Sidon avait aimé une demoiselle et après sa mort lavait fait exhumer pour la posséder, sans aller jusquà laisser entendre, comme Antoine Sicci, de Verceil (208), que la fameuse tête fut le fruit de ces amours posthumes (209).
Il affirme en 1309 navoir jamais persévéré dans lerreur en esprit, mais ne parle pas de sa confession à un augustin, pénitencier du pape Martin comme en 1311. Il navait pas davantage évoqué en 1309 ses conversations Outremer à propos des réceptions, alors quil rappelle en 1311 un entretien avec Pierre de Madic, chevalier, qui lui répondit quil était trop curieux et quétant sergent il devait être sourd, muet et aveugle.
3. — Jean Adam se réfère souvent dans sa déposition à celle du premier témoin. Mais les différences entre ses deux dépositions sont minimes : un témoin cité ici, omis là dans le récit de sa réception ou de celle à laquelle il a assisté. Une seule différence sensible : en 1309, il avoue un baiser sur le nombril nu et en 1311, dans la région du nombril par-dessus les vêtements. Son souvenir des dates de réception est bon.
Ce témoin paraît avoir meilleure mémoire.
6. — Hugues de Jenzat ne varie guère dans ses dépositions. Il ny a rien à redire à la date de sa réception. Il précise les lieux et noms des réceptions auxquelles il a assisté, trois en Poitou, comme il lavait dit devant lévêque, mais alors il ne se souvenait pas des noms ; le temps de détention lui a peut-être permis de raviver ses souvenirs. La seule différence sérieuse est quil a dit à lévêque avoir reçu lors de sa réception un baiser sur la bouche et un baiser sur le nombril par-dessus les vêtements, alors quen 1311 il parle bien du baiser sur le nombril, mais ne se souvient pas du baiser sur la bouche ; ce fait est curieux, car ses souvenirs semblent plus précis en 1311. La comparaison de ses deux dépositions fait surtout ressortir des omissions : en 1311, il ne reprend pas ce quil a avoué en 1309, savoir quil avait entendu dire quil y avait une tête Outremer, que la cordelière lavait touchée et que pour cette raison il ne lavait portée que deux mois ; bien mieux, il dit en 1311 quil se procurait cette cordelière où il voulait, doù lon peut déduire quelle navait pas touché lidole ; il ne rappelle pas non plus en 1311, quil sétait confessé de ces erreurs à un prêtre de lordre, Guillaume Chauvet.
7. — Etienne du Cellier a des souvenirs plus précis en 1311 quen 1309. Devant lévêque, le procès-verbal se réfère souvent à la déposition du témoin précédent. On relève une omission : il ne reprend pas en 1311, quil avait entendu dire Outremer (où il est allé comme messager, daprès sa déposition de 1311), quil y avait une tête didole. Il se contredit quelque peu à propos des baisers : en 1309, il dit avoir été baisé sur la bouche et sur le nombril nu ; en 1311, avoir été baisé sur le nombril par-dessus les vêtements, mais pas sur la bouche, autant quil sen souvienne. Quant à son assistance à des réceptions, il en cite deux avec détails en 1311, dont lune récente (dans lannée précédant leur arrestation), alors quen 1309, il dit navoir assisté à aucune réception.
8. — Guillaume Tixier, curé de Celles, se réfère souvent en 1309 à la déposition de Bernard de Villars. Il ny a rien à redire à son souvenir sur la date de sa réception. On relève une omission : en 1309, il ne dit pas à lévêque sêtre confessé de ces erreurs, alors quen 1311, il raconte en détail que dans les huit jours de sa réception, il sen est confessé à un prêtre de sa paroisse qui na pas voulu labsoudre, et dans les huit jours suivants en a été absous par un frère mineur de Saint-Flour. Deux contradictions : 1) en 1309, il dit quil lui fut enjoint domettre les paroles sacramentelles (ce quil ne fit pas) et, en 1311, il dit avoir célébré selon la forme de lEglise et navoir pas entendu prescrire le contraire ; 2) en 1309, il dit ne pas savoir quand les erreurs avaient commencé dans lordre et, en 1311, il avoue avoir entendu dire fréquemment par des frères de lordre que ces erreurs avaient été introduites après le décès du grand-maître Guillaume de Beaujeu (survenu en 1291).
Son récit de la réception de Guillaume de Mazayes est confirmé par la déposition de ce dernier.
9. — Guillaume de Mazayes, chevalier, se réfère souvent lui aussi, en 1309, à la déposition de Bernard de Villars. En ce qui concerne sa réception il ne dit pas en 1311, comme il lavait affirmé en 1309, avoir été baisé sur le ventre nu. En revanche, il na pas fait allusion devant lévêque à une confession de ses erreurs, alors quen 1311 il dit sêtre confessé dans les trois semaines de sa réception à un frère mineur de Saint-Flour ; pourtant, il avait été reçu environ un an et demi seulement avant larrestation ; il ajoute, en 1311, quil avait été donat pendant vingt ans.
11. — Hugues Charnier a des souvenirs assez imprécis. Il a été reçu très jeune dans lordre, alors quil avait environ douze ans, une trentaine dannées auparavant — il est donné comme âgé de quarante- cinq ans en 1311. Sil se souvient avoir été reçu par le commandeur dAuvergne, il lappelle Raymond del Boysso en 1309 et Pierre de Dumo en 1311 (210). Il a vu recevoir à Tortose par Aymar de Peyrusse un frère Jean, quil appelle de Saint-Paul en 1309, Lo test de Apulia en 1311. En 1309, il na pas mémoire des autres réceptions auxquelles il a assisté, alors quen 1311, il se souvient dune réception survenue vingt ans auparavant au temple de La Ronzière du diocèse de Clermont. De même pour les reproches faits, il admet le baiser sur le ventre nu en 1309 et nen souffle mot en 1311 ; il ne se souvient pas en 1309 quon lui ait parlé du crime de sodomie, expliquant ce silence par sa jeunesse, mais avance froidement en 1311 quà sa réception il lui a été dit quil pouvait commettre ce péché ; il ajoute quil ne croit pas quil eût été perpétré dans lordre, alors quen 1309 il prétendait avoir entendu dire que quelques frères en étaient soupçonnés. Devant lévêque il rapportait dautres on-dit, par exemple quil ne leur avait pas été enjoint de travailler par nimporte quel moyen au profit de lordre, mais quil avait entendu dire cela par la suite, alors que devant la commission pontificale il précise quil était expressément défendu dacquérir injustement. En 1311, il ne parle pas de confession des erreurs avouées, mais, en 1309, il avait dit sen être confessé à plusieurs reprises.
14. — Roger de La Roche, du diocèse de Bourges, ne se souvient plus très bien du nom de son récepteur quil appelle en 1309 Amblard de Faus, commandeur de Lamaids où il a été reçu, et, en 1311, Pierre de Faus, prêtre, agissant sur ordre de Francon de Bort. Sil avoue avoir renié le Christ en 1309, il nen parle plus en 1311. De même, il dit, en 1309, quon lui a affirmé être du statut de lordre de ne pas croire au sacrement de lautel, mais ne parle pas, en 1311, de cette affirmation. Sa déposition de 1311 touche dailleurs à moins de points de linterrogatoire, mais elle est plus précise sur les réceptions auxquelles il a assisté.
16. — Les deux dépositions de Bernard dAuzon sont à peu près identiques, mais celle de 1311 est plus complète sur divers articles. Il donne notamment une formule dabsolution des transgressions à la règle employée à la fin des chapitres. Une seule contradiction : en 1309, il répond négativement à la question de son assistance à la réception dautres frères, alors quen 1311 il en cite trois, en donnant les lieux, les dates, les noms des récepteurs et de quelques assistants : deux sétaient passées Outremer, à Sidon et à Tripoli, et une à La Foulhouse, au diocèse de Clermont, huit ans auparavant en présence de deux de ses co-interrogés : Jean Senaud (2) et Etienne du Cellier (7) ; il semble quil aurait pu en 1309 se souvenir de cette dernière tout au moins. Il a dit à lévêque sêtre confessé plusieurs fois des erreurs, mais nen souffle mot aux commissaires pontificaux, peut- être par oubli, peut-être parce que les commissaires enquêtaient sur lordre et non les personnes ; dautres pourtant ont signalé aux commissaires pontificaux leur confession personnelle de ces erreurs.
18. — Les dépositions dEtienne dEgletons, homme paraissant très simple à la commission pontificale, ne se contredisent pas. La déposition de 1311 est plus précise sur certains points (il donne par exemple les noms de frères ayant assisté à sa réception), incomplète sur dautres. A cet égard on peut noter quil ne reprend pas le « on-dit », rapporté en 1309 et entendu Outremer, quil y avait dans une maison du temple quoddam capud. Une seule contradiction : en 1309, il dit navoir pas assisté à la réception dautres frères ; en 1311, il affirme avoir vu recevoir Etienne Lajarousse, prêtre du diocèse de Clermont, douze ans auparavant, alors quen 1309, ce dernier parlait de dix-sept ans, soit sept ans de différence.
19. — De même la déposition de Pierre Blanc en 1311 est aussi plus précise sur certains points que celle de 1309 mais elle ne la recouvre pas entièrement. Il semble en 1311 plaider non coupable. Il ne parle alors que dun baiser sur la bouche et non de baiser sur le nombril nu. Il ne répète pas le bruit rapporté en 1309 et entendu « depuis larrestation » selon lequel, Outremer, il y avait une « tête ». Une contradiction : il a dit, en 1309, navoir pas assisté à la réception dautres frères et, en 1311, avoir vu recevoir à Chaynat, seize ans auparavant, Jean de Montmalhon, chevalier, par le récepteur même qui lavait reçu. Il est clair que le témoin interrogé par la commission pontificale immédiatement avant lui, et qui le cite parmi les assistants à cette réception, Etienne du Cellier, lui avait rafraîchi la mémoire.
20. — Les dépositions de Guy de Chatanède, chevalier limousin, sont intéressantes à comparer. Pour ce qui concerne le pouvoir dabsolution des dignitaires, il répond en 1309 ne rien savoir, car il na jamais participé à un chapitre (il avait été reçu vers septembre 1305), mais, en 1311, il avance avoir entendu dire quà la fin des chapitres, les laïcs les présidant donnaient des absolutions, sans quil sache si elles portaient sur les peines ou sur les péchés. A propos des baisers, il fait un récit identique en 1309 et 1311, savoir que lorsque le récepteur commença à lever ses vêtements pour lembrasser sur le nombril, les assistants dirent que cela suffisait et on sen tint là. Au sujet de la sodomie, il raconte en 1309 quil lui fut prescrit, quand un frère lui demanderait de coucher avec lui, de le faire, quil pensait que cétait sans péché et que ce nest quensuite quil comprit, daprès ce quil entendit, quil y fallait donner un autre sens (211); il ne donne pas cette explication en 1311, se contentant dune affirmation générale. En 1309 encore, il avoue quil lui fut dit que sil révélait les préceptes et statuts de lordre il serait puni de prison perpétuelle, mais en 1311, il nest question que de dévoiler les secrets des chapitres sans quil sache la qualité de la peine. Sa mémoire ne semble pas très fidèle puisquen 1309 il affirme navoir pas assisté à la réception dautres frères, alors quen 1311 il dit avoir été présent à celle dHumbaud de la Boissade, dans le mois de sa propre réception, mais à part un nom, il ne peut donner ceux des présents, et même lorsquon lui cite celui de Guillaume de Chamborent, chevalier, lun des quatre défenseurs de lordre, donné par lintéressé comme présent à sa réception, il dit ne pas sen souvenir. On a là un mélange de précision et dincertitude assez édifiant sur la fidélité des dépositions.
24. — Michel Dupuy se contredit plusieurs fois dune déposition à lautre. Si lon peut considérer comme complémentaires les réceptions auxquelles il dit avoir assisté et qui ne sont pas les mêmes en 1309 et en 1311, il nen va pas de même dautres aveux. En 1309, il avoue un baiser sur le nombril nu, qui devient, en 1311, baiser sur la poitrine par-dessus les vêtements. De même en 1309, il dit quon lui a indiqué lors de sa réception comme étant des statuts de lordre la possibilité dunion charnelle entre frères, alors quen 1311, il précise quil avait appris cette permission de frères de lordre, par ouï-dire, quà son avis cétait là un mensonge, et il ajoute que le récepteur ne lui avait rien dit de cela. En veine de sincérité, semble-t-il, il dit que linjonction de ne se confesser quà des prêtres de lordre nétait pas observée. Il semble que le témoin se sente plus à laise devant les commissaires pontificaux, plus libre de dire ce quil pense vraiment.
26. — Jean de Menât, commandeur de La Marche, précise en 1311 que, sil a craché sur la croix et renié le Christ, cest à cause de sa jeunesse (alors quinquagénaire, il avait été reçu trente-deux ans auparavant à la Saint-Barthélemy, soit en 1279, à lâge denviron dix-huit ans). Il affirme en 1311, à propos de labsolution au chapitre, quil sagissait des désobéissances mais que les frères croyaient être absous des péchés véniels ou mortels découlant de ces désobéissances, quia erant simplices. A propos des baisers, il ne parle en 1311 que de baiser sur la bouche et non sur le nombril. Toujours en 1311, il avance à propos de lhomosexualité, avoir entendu dire quun prêtre de lordre, défunt, perpétrait ce crime avec des gens qui nétaient pas de lordre. Quant à la punition de ceux qui révéleraient les secrets, il ne parle pas en 1311, de prison mais seulement de grave punition. Au sujet de la persévérance dans Terreur, il lexplique en 1311, quod peccatum detinebat eos. Il nest pas fait allusion en 1311 à la possibilité de travailler au profit de lordre par nimporte quel moyen, quil avait affirmée en 1309, peut-être parce que la question na pas été posée ou parce que le rédacteur du procès-verbal a omis de noter ce point. Enfin en 1309, il dit avoir été présent à deux réceptions ; il cite aussi en 1311 deux réceptions, mais ce ne sont pas les mêmes et cependant, il affirme navoir pas assisté à dautres.
28. — Guillaume Avril, vieux sergent qui a été sept ans Outremer, ne semble pas avoir bonne mémoire. Pour sa réception, il ne cite pas les mêmes assistants (dont deux Auvergnats en 1311) ni le même récepteur : en 1309, çaurait été le commandeur de Pouille, en 1311 un chevalier auvergnat Pierre de Griferio. Deux contradictions sont dautre portée. Devant lévêque il avance quil lui a été enjoint, lors de sa réception, de ne se confesser quà des prêtres de lordre, alors quaux commissaires pontificaux il rapporte un bruit : on disait dans lordre quon ne pouvait, sans permission, se confesser à dautres quà des prêtres de lordre. En 1309, il a dit navoir pas assisté à la réception dautres frères ; en 1311, il raconte quil a été présent à une réception au temple de Celles, dans lannée précédant leur arrestation, et cite parmi les présents Guillaume de Mazayes et Guillaume Tixier, ajoutant quil ne se souvient pas avoir été présent à dautres réceptions ; le nom de Guillaume de Mazayes aurait dû lui rappeler quil avait également assisté à la réception de ce chevalier, puisque lintéressé le cite parmi ceux qui étaient présents à sa réception, témoignage recoupé par celui de Guillaume Tixier. A propos de lidole qui aurait été détenue Outremer, il dit en 1309 et 1311 nen avoir jamais entendu parler ; cependant en 1311 il ajoute à cette dénégation le récit dune fable apprise Outremer : anciennement, avant linstitution de lordre, une tête apparaissait de temps en temps en mer, dans le gouffre appelé de Setalias (212), et après lapparition de cette tête, les navires situés en ce lieu disparaissaient.
29. — Les deux dépositions de Pierre Maurin sont tout à fait parallèles, celle de 1311 est toutefois plus précise. Il ne se souvient plus, en 1309, à quelles réceptions dautres frères il a assisté et, en 1311, en mentionne une et cite des noms, ce qui est confirmé par la déposition de Michel Dupuy (24). Il ajoute en 1311, en ce qui concerne le profit de lordre, quavec les Sarrazins, on pouvait user de nimporte quel moyen. Au sujet de sa confession des erreurs à lévêque de Gibelet, il précise en 1311 son nom : Pierre de Cahors, o.f.m. (213), le lieu : Château-Pèlerin et la réaction de lévêque qui fut stupéfait. Quant à lidole, on relève une contradiction à propos de la cordelière qui aurait touché la fameuse tête, daprès ce que lui avaient dit quelques frères : il dit en 1309 ne lavoir conservée que six jours ; en 1311, au contraire, ce nest quau bout de deux ou trois ans, après avoir appris du chevalier Pierre de Vienne quune tête était conservée dans le trésor du Temple et que les cordelières avaient touché cette tête, quil ne voulut plus la porter ; il précise même que son interlocuteur lui avait dit que cétait une tête de saint Pierre ou de saint Biaise, alors quà lévêque il avait déclaré ne savoir ni de quoi ni comment elle était faite.
Si ce témoignage paraît au premier abord inspirer confiance ces dernières allégations font douter de sa valeur.
32. — Jean Sarrasin, du diocèse de Bourges, a varié dans sa déposition devant lévêque de Clermont si bien que le procès-verbal note ces hésitations sur plusieurs articles et ajoute que finalement, interrogé à plusieurs reprises, il sen tint aux déclarations enregistrées. Ainsi, à propos du reniement, il a dabord dit ne pas se souvenir davoir renié le Christ, avant de lavouer. Or en 1311, il avoue simplement, sans quune hésitation soit notée ; plus loin pourtant, il affirme quau lendemain de sa réception il aurait préféré être mort plutôt que davoir fait les choses illicites quil a faites. Est-ce par honte quil avait hésité à avouer en 1309 ? Ou bien nhésite-t-il plus en 1311 parce quil voulait sen tenir à sa déposition antérieure ? On note cependant des omissions ou des contradictions entre les deux dépositions. Sa déclaration de 1311 quil aurait préféré la mort, ne lentraîne pas à dire quil sétait confessé de ses erreurs à un frère mineur, confession cependant rappelée devant lévêque. En 1309, il avance quil lui fut enjoint sous menace de prison, de ne pas révéler les secrets, alors quen 1311, il dit simplement croire à une grave punition pour ceux qui auraient fait ces révélations. En 1311, il prétend que son récepteur lui dit quil pouvait pratiquer la sodomie, alors quen 1309, il nie que cela lui ait été dit et avoue seulement avoir entendu dire ensuite que tel était le précepte de lordre.
34. — Pierre de Bonnefont ne se contredit pas dune déposition à lautre, sinon sur un point de détail ; en 1309, il dit navoir porté la cordelière que deux jours, et en 1311, une huitaine de jours. Sil na pas continué à la porter, cest parce quil avait appris quelle avait touché une tête que les templiers avaient Outremer. En 1311, il précise quil avait appris cela du prêtre templier auvergnat Jean Robert, et aussi quil navait pas entendu parler de cette idole, sinon par ce prêtre et depuis son arrestation. Il ne dit pas avoir assisté à dautres réceptions, bien quEtienne Laroussille le cite comme témoin à la sienne, mais pense que les mêmes choses illicites sy passaient, car il ne croit pas quune telle nouveauté ait été faite pour lui seul, dit-il en 1311.
36. — Les témoignages de Durand Charnier ne se contredisent guère lun lautre. Les seules différences notables sur des points comparables portent dune part, sur la façon dont il avait eu connaissance de la possibilité de se confesser, avec permission, à dautres prêtres que ceux de lordre : en 1309, celui lui avait été prescrit lors de sa réception; en 1311, il lavait entendu dire; dautre part, sur la conformité de la procédure des réceptions : en 1309, il cite une réception à laquelle il a assisté en disant ne pas savoir sil y a eu reniement et baiser parce que récepteur et reçu se mirent à lécart : en 1311, il dit que cela se faisait communément parce quil la vu faire à la réception de Pierre de Moncel. En 1311, il insiste sur ces erreurs en disant que son oncle Durand Charnier, deux mois après sa réception, lui dit que le Christ nétait pas mort pour nos péchés mais pour les siens, ce qui le troubla si fort quil fit des reproches à son oncle. Un autre témoin de sa réception, Jean Senaud, dit que Pierre de Madic, le récepteur, pleurait en lui prescrivant des pratiques illicites.
42. — Un seul templier qui devant lévêque avait rejeté les accusations formulées, est interrogé par la commission pontificale, le chevalier Raynard de Bort. Sa déposition de 1311 amène à penser que sa fermeté a été quelque peu ébranlée. Plus complète que celle rapportée par le procès-verbal de linterrogatoire de Clermont, elle ne la contredit pas ; tous les points communs sont identiques avec toutefois une différence : en 1309, il avait nié le crachat sur la croix, il lavoue en 1311, précisant quaucune autre malhonnêteté nintervint au cours de sa réception. Quant au reste, les renseignements complémentaires fournis par son interrogatoire parisien ne contiennent rien qui ne saccorde avec ses dénégations de 1309, même pas le fait quil dise avoir entendu les hospitaliers reprocher aux templiers par manière de plaisanterie, des baisers in ano au cours des réceptions. Ce quil dit de la réception de Bertrand de Sartiges à Tortose, plus détaillé que le procès-verbal dinterrogatoire de ce dernier en 1309, ny apporte aucune contradiction : aucune des pratiques illicites nintervint au cours de cette réception car, pendant quelle se déroulait, on appela aux armes à cause dun assaut des Sarrazins et le jour et la nuit se passèrent à les combattre.
Ainsi, pas un des vingt et un templiers concernés ne reste totalement fidèle à la déposition quil a faite devant lévêque.
Omissions, qui sont peut-être dues à une manière différente de mener linterrogatoire, variations et contradictions ressortent de cette comparaison des témoignages de 1309 et 1311.
Une partie des différences relevées est liée à la perception du temps quont les témoins ; ainsi en 1309, à propos de leur date de réception, la moitié des témoins exprime en chiffres ronds le nombre dannées quils estiment sêtre écoulées (214). Si une étude critique exhaustive est difficile, on relève deux cas où les divergences des témoignages sont notables : alors quun frère (63) date de dix-sept ans auparavant sa réception (soit en 1292), un témoin dit en 1311 « il y a douze ans », soit en 1299 ; dans lautre cas, la différence est plus grande : deux frères (38, 39) disent, en 1309, avoir été reçus « il y a quarante ans », soit en 1269, alors quun témoin affirme en 1311 avoir assisté à leur réception environ vingt ans auparavant, soit vers 1291.
Sur les vingt et un frères qui sont interrogés en 1311, et donc amenés à préciser à nouveau la date de leur réception, on constate que quatre dentre eux seulement ont eu une conscience exacte du temps écoulé et donnent la même date (6, 9, 26, 34) ; trois se contentent de la même approximation, « il y a trente ans » (11, 14), « il y a huit ans » (36) ; neuf frères ont eu conscience que du temps avait passé depuis linterrogatoire de Clermont, mais lont mal évalué, ajoutant à la date donnée en 1309 un an (18, 20, 32), trois ans (1, 7, 8, 19, 24) ou quatre ans (3) ; trois autres sont passés dun chiffre rond : vingt ou trente ans, à un autre : vingt-cinq ou trente-cinq (16, 28, 42) ; deux enfin laissent apparaître une mauvaise perception du temps écoulé, à moins quils aient simplement oublié la date donnée en 1309, puisque lun passe de trente-quatre ans en 1309 à trente-deux ans en 1311 (2), et que lautre dit vingt-six ans en 1309 et vingt-cinq en 1311 (29). Ces derniers exemples montrent bien que la précision à lunité nest pas un gage de fiabilité.
En revanche, tous les frères qui sexpriment sur ce point ont une mémoire précise du moment de lannée où ils ont été reçus : 1er dimanche de Carême, Pâques, Ascension, fête de saint Jean-Baptiste, par exemple (215).
Quelques événements saillants peuvent à loccasion servir de points de repères, ainsi lannée de larrestation (certaines réceptions sont datées par rapport à ce fait), la chute de Saint-Jean-dAcre (216).
Toutes ces différences posent le problème de la fidélité de la mémoire, mémoire dactes réels passés, mémoire aussi déventuels mensonges, sans doute réfléchis au cours des longues heures de détention et proférés au cours des interrogatoires antérieurs : quelques années plus tard, le frère na peut-être plus le souvenir exact de ceux qui ont été effectivement dits et de ceux qui nont été que pensés. De plus, lopportunité de dire ou de taire certains faits peut apparaître sous un jour différent en 1309 et en 1311, en fonction du temps écoulé et des déclarations faites par les autres.
La collation des divers témoignages fait apparaître que les divergences portent sur tous les articles du questionnaire, à lexception de ceux pour lesquels nous avons constaté que tous étaient daccord soit pour en rejeter (art. 3, chat) soit pour en admettre (art. 7, serment, 8, clandestinité) lessentiel. Cest à propos des articles, 1 et 2 quil y a le moins de variations : un seul templier parmi les vingt et un nobserve pas à cet égard la même attitude dans les deux dépositions (14 pour lart. 1, 42 pour lart. 2). Au sujet de lomission des paroles de la Consécration (art. 4) les deux prêtres qui sont au nombre des vingt et un (1 et 8) se contredisent formellement, quoique dune manière différente, dune déposition à lautre. On relève de même quelques contradictions (2, 20) à propos du pouvoir dabsolution des présidents de chapitres (art. 5). Le nombre des divergences portant sur les baisers lors des réceptions (art. 6) est bien plus grand, tant à propos de ceux donnés sur le nombril (3, 24) que de ceux donnés sur la bouche ; si plusieurs frères qui, devant lévêque, avaient avoué diverses sortes de baisers ne reconnaissent plus devant les commissaires pontificaux que le baiser sur la bouche (1, 9, 11, 19, 26), dautres au contraire, ce qui surprend, ne parlent pas de celui-ci en 1311 (6, 7). Linvitation à pratiquer la sodomie (art. 9) donne lieu à une diversité analogue ; reconnue devant lévêque et non devant la commission pontificale par lun (24) cest exactement le contraire pour dautres (11, 22). Sur le contenu de larticle 10, certains, contrairement à ce quils avaient fait en 1309, ne mentionnent pas en 1311 le lieu de conservation de lidole (2, 6, 7, 18, 19) ou le fait que la cordelière laurait touchée (2, 6) ; dautres varient (216) quant à la durée du port de cette ceinture (29, 34). La peine quauraient entraînée déventuelles révélations (art. 11) nest pas qualifiée en 1311, alors quen 1309, il sagissait de prison aux dires de plusieurs (20, 26, 32). La question portant sur lidentité du mode de réception amène un templier à se contredire (36). Lobligation de se confesser à des prêtres de lordre (art. 12) formellement avouée en 1309 devient un on-dit en 1311 (28, 36), et la confession personnelle des erreurs (art. 13) est tantôt avouée à lévêque et non aux commissaires pontificaux (6, 11, 16, 32), tantôt à ceux-ci et non à lévêque (1, 2, 8, 9). De même, linjonction dacquérir par tous moyens (art. 14), reconnue en 1309 ne lest pas en 1311 (11, 26), ou bien, niée devant lévêque, est alors limitée aux Sarrazins (29). Mais cest la question relative à lassistance aux réceptions dautres frères qui, sans même tenir compte des erreurs sur les noms des participants, provoque le plus de variations car souvent, les faits cités ne sont pas les mêmes en 1309 et 1311 (1, 2, 7, 11, 16, 18, 19, 20, 24, 26, 28, 29).
Comment dans ces conditions croire que ces dépositions correspondent à la réalité des faits, reflète la vérité ? Aux yeux de J.-M. Raynouard, ces contradictions sont si frappantes quelles amènent à « refuser la moindre croyance à légard des faits sur lesquels ils ne se contredisent pas » (217).
Lanalyse détaillée quil ma fallu faire au préalable laisse apparaître que les réponses sont en partie dictées par les questions posées, que beaucoup de faits sont avancés sur des on-dit, sur des bruits qui courent (la mention audivit dici revient souvent), que ces bruits ont couru dans les lieux de détention, et que certains qui ne savaient rien lors du premier interrogatoire racontent au cours du second ce quils « ont entendu dire », observation qui vaut également pour le temps écoulé entre larrestation de 1307 et linterrogatoire de 1309. Enfin les frères saccusent plus facilement, chargent davantage lordre en 1309 quen 1311, ceci quels que soient lâge ou le nombre dannées passés au sein de lordre de celui qui dépose218. Cette différence de comportement vient sans doute des conditions dans lesquelles se sont déroulés les interrogatoires. En 1309, les enquêtes confiées aux évêques étaient destinées à juger les personnes ; aussi les templiers, emprisonnés depuis près de deux ans et déjà soumis à des interrogatoires, étaient davantage enclins à se conformer aux souhaits des enquêteurs. En 1311, leur situation personnelle, à lexception du dernier, est assurée, ils sont réconciliés avec lEglise. Lenquête cette fois-ci a pour but de juger lordre ; les frères sont vraisemblablement mieux informés quà Clermont de la situation219 : ils doivent au moins savoir quun certain nombre dentre eux sont déjà venus défendre lordre devant ces mêmes commissaires, dont lattitude est certainement bienveillante, même si les gens du roi exercent une pression réelle. Aussi les frères, moins impliqués personnellement, se sentent-ils plus en confiance. Sils disent tous ne pas vouloir défendre lordre ni sécarter en aucun cas de la déposition faite devant lévêque de Clermont, sans doute ne veulent-ils pas non plus, peut-être aussi par respect envers la mémoire de ceux dentre eux qui sont morts, accabler leur ordre.
Le destin des templiers
Les renseignements que lon possède sur le destin personnel des frères sont rares.
On sait, grâce aux témoignages recueillis par la commission pontificale que quelques-uns sont morts avant 1311, notamment parmi les plus âgés : ainsi Robert Courteix et Bonefous de Tallende 22°, et probablement Bertrand Amblard (221).
Ceux qui avaient avoué étaient toujours emprisonnés en 1311 puisque cest de Riom que furent amenés les vingt et un dentre eux qui comparurent (222).
Quant à ceux qui avaient nié, après avoir tenté de défendre lordre en venant à Paris, ils ont été renvoyés dans différentes prisons (223) : on trouve ainsi mention, en 1311, de Boson Coheta à Riom, dEtienne Lajarousse ainsi que Gautier de Messi à Paris. Deux autres Auvergnats, Hugues de Seyssel et le prêtre Jean Robert sont détenus à Issoudun.
On sait également que Guillaume Brughat, Pierre de Montagnac, Bernard Charnier et André Jacob vivaient encore en mars 1311 (224). Pierre du Breuil nétait pas à la prison de Riom, mais le témoin pense quil vit encore (225) tandis quune incertitude pèse sur le sort de Jean de Sornac (226).
Quel fut leur destin après cette date ? On est réduit aux conjectures. On sait que la décision prise au concile de Vienne (227) de supprimer lordre par voie de provision fut rendue publique le 3 avril 1312 par la bulle Vox in excelso (228) ; les conciles provinciaux avaient été habilités par la constitution Considerantes dudum, du 6 mai 1312, à juger les templiers inculpés ; en cas de verdict dinnocence et de soumission à lEglise, ils devaient fixer le montant dune pension viagère allouée sur les biens du Temple et les inviter à entrer dans un monastère ; ils devaient appliquer aux impénitents et aux relaps les peines canoniques (229). « Philippe nintervint pas dans ces procès parce quil se désintéressait du sort des simples prisonniers, et parce quen France il en restait bien peu qui neussent pas été réconciliés » (230).
Quen fut-il dans la province ecclésiastique de Bourges dont faisait partie le diocèse de Clermont ? Je nai trouvé aucune trace dun concile provincial qui se serait occupé des templiers (231).
En 1315, date qui pourrait convenir, un concile sest réuni à Bourges post beatissime Marie Virginis nativitatem, non sine sumo spirituali utilitate cleri et populi indique Mansi (232), mais aucun document nen précise lobjet exact. Un autre concile provincial sest tenu en 1319 à Clermont, cette fois, mais il y fut surtout question de la création de lévêché de Saint-Flour (233).
Seul labbé Bouffet écrit quun concile « fut présidé par larchevêque Eloi Colonna..., 1311 » mais ne cite aucune source234 ; un seul élément peut faire penser que ce renseignement est exact : les frères amenés dAuvergne en mai 1311 se sont tous présentés devant la commission pontificale barbe rase et sans le manteau de lordre. Mais il est hasardeux, en labsence dautres éléments, de considérer ce fait comme une preuve de la tenue dun concile avant leur transfert.
Il semble bien quà Clermont comme ailleurs le règlement définitif de la question traîna en longueur ; des bulles datées du 18 mars 1317 rappelèrent aux métropolitains de France leurs obligations au sujet des pensions 235 qui, trop libéralement accordées ont dû être réduites notamment dans le diocèse de Clermont ; le pape nommait pour cela un dignitaire du chapitre cathédral, le prieur des frères prêcheurs et le gardien des frères mineurs de la cité épiscopale 236. Enfin, le pape Jean XXII enjoignit aux prélats de faire comparaître devant eux les templiers et de leur donner trois mois pour entrer dans un monastère dont ils suivront la règle et où leur sera payée leur pension (237).
Aucune source ne permet de vérifier lapplication de ces mesures. Le dépouillement des lettres communes de Jean XXII a seulement permis de retrouver les noms portés par quatre frères, Pierre du Breuil, Guillaume de Brugeria, Etienne du Cellier et Pierre de Monta- gnac (238) impliqués dans le procès de Clermont ; mais rien ne permet daffirmer avec certitude quil sagit bien des templiers et non de clercs homonymes.
Conclusion
Linterrogatoire de Clermont nous paraît de grand intérêt (239). Outre son utilité pour les études régionales auxquelles il fournit des données sur le personnel du diocèse de Clermont ou les dignitaires, frères et maisons du Temple des diocèses de Clermont et Limoges, il nest pas sans éclairer lhistoire générale.
Cest en effet un élément nouveau, puisque mal utilisé jusqualors, pour létude de laffaire des templiers ; son apport nest pas négligeable tant par les rectifications de noms quil permet, pour un dossier dont une pièce essentielle a été éditée dune façon défectueuse, que pour lanalyse de la procédure suivie dans les enquêtes épiscopales. Même sil nest pas, à certains égards, aussi riche que le procès-verbal denquête du diocèse de Nîmes, qui donne des renseignements sur les diverses phases de laffaire depuis larrestation en 1307, il prend un relief particulier par la comparaison quil permet, et quà ma connaissance il est le seul de sa catégorie à permettre, entre les dépositions faites par une vingtaine de templiers à des dates différentes et devant des enquêteurs différents. Et cette comparaison montre combien sont fragiles les conclusions sur la culpabilité de lordre, tirées uniquement de ces témoignages qui varient selon le temps et les lieux.
Les différences portent sur presque tous les articles, elles sont cependant plus rares pour ce qui concerne le reniement et les crachats sur la croix. Et, à dire vrai, si lon met à part les questions qui sexpliquent par une déformation de faits réels, ou celles qui nont visiblement dautre but que de faire pression sur les comparants, les autres apparaissent à la lecture des témoignages comme non fondées, ainsi celles qui ont trait à ladoration dun chat, à lomission des paroles de la consécration, à la recommandation de lhomosexualité, aux idoles ; il nen reste pas moins que le reniement et les crachats sur la croix font problème (239). Aussi, bien des historiens sont-ils partagés à cet égard au point que la culpabilité des templiers (240) peut paraître rester « au nombre des mystères éternellement débattus de lhistoire » (241).
Sans vouloir rouvrir ce débat auquel ont participé tant dhistoriens éminents, je voudrais simplement noter quelques points que souligne le procès de Clermont. Tout dabord, les interrogatoires de ceux qui avaient reconnu les faits incriminés ont été particulièrement mis en valeur dans les procès-verbaux. Celui de Clermont nous en offre un exemple patent : les enquêteurs, prévenus quils étaient contre lordre et ses membres, ne serait-ce que par toutes les rumeurs qui circulaient dans le royaume de France (242), prêtaient une oreille bien plus favorable aux templiers qui reconnaissaient les accusations formulées quà ceux qui les repoussaient.
Ensuite, les difficultés quont rencontrées les templiers auvergnats qui ont voulu défendre leur ordre, que ce soit simplement pour se rendre à Paris ou, pour Bertrand de Sartiges et Guillaume de Chamborent, pour remplir la mission confiée par leurs frères, démontrent la volonté du roi et de son entourage dempêcher cette défense.
Enfin, laffirmation par la plupart des templiers auvergnats, devant la commission pontificale, de leur intention de ne pas sécarter de la déposition faite devant lévêque de Clermont, confirme leur désir de ne pas se dédire par crainte des conséquences, même si en fait ils y réussissent mal ; en effet, les aveux obtenus par les agents royaux, spécialement ceux portant sur le reniement (243), avaient été confirmés devant les commissaires de lInquisition appelés après coup (244) ; lintervention de linquisiteur leur apportait la sanction canonique, et les frères savaient bien quil en résultait pour eux limpossibilité de se déduire sans risque de se parjurer, dêtre condamnés comme relaps et voués au bûcher (245).
Ces éléments font douter de la culpabilité des templiers auvergnats ; lattitude du commandeur dAuvergne, Humbert Blanc, fournit une autre indication : arrêté en Angleterre, il a toujours refusé de reconnaître les accusations portées contre lordre, et a gardé tout au long de son procès la même attitude courageuse.
Un doute avait déjà été exprimé par des contemporains du procès ; le dominicain Pierre de La Palu, interrogé par la commission pontificale le 19 avril 1311, déposa avoir assisté à linterrogatoire de nombreux templiers, dont les uns reconnaissaient nombre derreurs contenues dans le questionnaire et les autres les rejetaient, et affirma que bien des indices lui faisaient penser quil fallait accorder plus de créance aux dénégations quaux aveux (247). De même le cistercien Jacques de Thérines écrit en 1312, « si tout cela nest que mensonge, comment se fait-il que les principaux membres de lordre... aient avoué de telles turpitudes, de telles horreurs... mais alors, si cela est vrai, comment se fait-il que... beaucoup de templiers se soient laissé volontairement brûler, en rétractant leurs premier aveux, alors quils savaient pouvoir échapper au supplice en renouvelant simplement ces aveux ? » (248).
Dans un procès où tout poussait à laveu, la ferme attitude des niant et la rétractation de certains avouant paraissent avoir plus de force que les aveux même nombreux. Aux yeux de Roger Sève, linnocence de lordre apparaissait certaine, même si le caractère des frères ne fut pas toujours à la hauteur des circonstances. Dailleurs, lhistoire récente, depuis la seconde guerre mondiale, a modifié notre appréciation des événements de cette nature 249 et éclaire dune lumière révélatrice le malheureux destin de lordre du Temple et de ses membres.
Index analytique des matière
Réceptions— assistance à (art. 1, fin), 63, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 84, 111,
123, 133, 137, 143, 146, 149, 152, 154, 180, 183, 186, 195, 210, 212, 214 ;
— date, 82-83.
— déroulement (art. 1), 18, 46, 55-56, 60, 63, 72, 75, 76, 78, 79, 81, 94, 96,
111-112, 116, 118, 121, 124, 127, 130, 133, 135-136, 138, 140-141, 144, 147,
150, 152, 154-155, 157, 160, 163, 165, 167, 170, 173, 175, 178-179, 181, 183,
186, 189-190, 192, 195, 197-198, 199-200, 202-203, 205, 208, 210, 212, 214-
215, 216, 218, 220, 221, 222, 223, 224, 225-226, 227, 228, 229, 230, 231, 232,
233, 234, 235, 236, 237, 238, 239, 240, 241, 246, 247, 249, 250, 251-252, 255,
257, 259, 260, 261, 262, 263
— mode habituel (art. 11), 46, 47, 49, 81, 84, 110, 115, 126, 129, 132, 142,
145, 149, 152, 156, 157, 159, 162, 171-172 174, 177, 188, 191, 194, 201, 204,
207, 210, 235, 242, 254, 255, 267 ;
— v. clandestinité, secret.
Réconciliation, 64, 65, 66-67, 69, 70, 86 :
— v. destin des frères.
Règle de l'ordre
— v. statuts.
Rejet des erreurs
— v. erreurs.
Relaps, 90
Religieux
— v. carmes, cisterciens, frères mineurs, frères prêcheurs, hospitaliers.
Reniement du Christ (art. 1), 44, 46, 55, 65, 69, 76, 78, 80, 96, 107-108, 112,
117, 118, 120, 121, 124, 127, 130, 133, 135-136, 138, 141, 144, 147, 150, 152,
155, 157, 160, 163, 165, 167, 170, 173, 175-176, 179, 181, 184, 186, 190, 192,
195, 197, 200, 203, 205, 208, 210, 212, 215, 216, 218, 254, 260, 261, 266.
Roi d'Angleterre, Edouard II, 245, 247.
Roi de France, Philippe le Bel, 19-22, 33-34, 47, 50, 65, 69, 71, 84-86, 89, 94, 245.
Rumeurs, 50, 54, 65, 72, 73, 75, 76, 77, 78, 79, 80, 84-85, 89, 115, 120, 121, 126,
130, 132, 133, 137, 145, 146, 149, 151, 153, 156, 157, 162, 163, 172, 174, 177,
178, 179, 180, 182 183, 185, 188, 189, 194, 195, 196, 197, 199, 202, 204, 207,
209, 211, 213, 215, 216, 220, 245.
Sacrements (art. 4), 54, 56-57, 119, 122, 129, 134, 144, 147, 155, 158, 161, 163,
173, 176, 179, 190, 193, 196, 203, 206, 208 ;
— de l'autel, 48, 49, 56-57, 72, 73, 75, 76, 83, 108, 113, 119, 125, 128, 136,
138-139, 141, 150, 153, 155, 168, 170, 181, 184, 187, 200, 249, 252, 261, 262,
267.
— v. foi catholique.
Sacrilèges, 18, 19, 108, 109.
— v. crucifix, reniement.
Sarrazins, 79, 81, 84.
Sceau, 16, 44, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 223, 243, 244
Secrets
— des chapitres, 221, 222, 224, 226, 227, 228, 229, 230, 231, 232, 233, 234,
235, 236, 237, 238, 239, 240, 242, 249, 252 ;
— à garder (art. 8, 11), 47, 61, 77, 80, 100, 110, 112, 116, 123, 126, 129, 132,
135, 138, 140, 142, 144, 145, 147, 149, 152, 156, 157, 159, 160, 162, 165, 167,
169, 170, 171, 173, 174, 175, 177, 181, 183, 185, 186, 188, 190, 191, 192, 194,
197, 200, 201, 202, 204, 205, 207, 210, 212, 221, 223, 224, 225, 227, 231, 232,
233, 235, 240, 242, 252, 260, 267.
Sentence 20, 85, 90, 243, 247, 259.
Serment
— lors des comparutions générales, 107, 242 ;
— pendant l'interrogatoire, 111-244, passim ;
— en cause d'inquisition, 267, 268 ;
— prêtés dans le passé (art. 7, 11, 14), v. départ de l'ordre, secrets,
statuts.
Sodomie
— v. homosexualité.
Sorcellerie, 49-50, 65.
Soumission à l'église, 118, 124, 127, 133, 135, 137, 140, 150, 152, 154, 157, 160,
163, 165, 167, 170, 178, 180, 183, 186, 195, 197, 199, 208, 210, 212, 214, 216,
218, 220, 243.
— v. foi catholique, réconciliation.
Souscriptions, 44, 100-102, 243, 244.
Statuts de l'ordre, 48, 59, 61, 62, 76, 78, 80, 116, 117, 118, 121, 124, 125, 126,
127, 128, 129, 131, 134, 135, 136, 137, 138, 142, 144, 145, 148, 152, 153, 155,
156, 157, 159, 160, 161, 164, 167, 170, 173, 174, 175, 176, 179, 181, 182, 183,
184, 185, 187, 188, 189, 190, 191, 192, 193, 194, 196, 197, 198, 200, 201, 202,
203, 204, 205, 206, 209, 210, 211, 212, 213, 215, 217, 219, 220, 230.
Suspicion, 46, 48, 109, 115, 122, 125, 128, 131, 139, 142, 145, 148, 156, 158, 161,
169, 171, 174, 177, 185, 187, 190, 193, 201, 203, 206, 224, 225, 228, 233, 238,
240, 253, 255, 256, 267.
Templiers
— âge, 75-78, 79, 84 ;
— effectif, 30-33 ;
— liste nominative, 38, 41-43, 71, 106, 107 ;
— qualités, 30-33, 40, 66, 106-107.
Tête
— v. idole.
Torture, 43, 50-51, 65, 67-68, 69, 85, 89, 96, 243, 245, 246.
Transgressions à la règle
— v. absolution.
Variations, 70, 72, 78, 89, 200 ;
— v. attitude du déposant, mémoire.
Visiteur de France, 72, 108, 116, 133, 150, 152, 154, 170;
— v. H. de Péraud ; G. de Vicherio ; G. de Villars.
Sources numérique: (fichier PDF) Excerpts-Numilog
Notes
4. Certaines déchirures du parchemin antérieures à son utilisation ont été cousues.
5. Il na pas été possible de les interpréter ; les anciens inventaires du fonds de lévêché aux archives départementales du Puy-de-Dôme ne mentionnant pas ce document, ni pour les cotes plus récentes, larticle de L. AUVRAY, « La collection Baluze à la Bibliothèque Nationale », dans Bibliothèque de lEcole des chartes, t. LXXXI (1920), p. 93-174.
6. Je ne suis pas très sûre de cette lecture ; on distingue avec certitude Ay, peut-être un e, loti.
7. Le chiffre 68 sexplique par loubli de Bonafous de Tallende ; le chiffre 19 est moins clair, on peut simplement souligner que ce lecteur a annoté le document jusquau dix-neuvième interrogatoire. Cette numérotation nest pas reproduite dans lédition de ce passage.
8. Les questions sont numérotées ainsi que les articles, que le scribe a regroupés en paragraphe et qui sont indiqués dans lédition, entre crochets.
9. Cette numérotation comporte elle aussi une erreur, notre 46, Pierre Rose, a été omis ; on retrouve donc le chiffre 68.
10. M. DESSUBRE, Bibliographie de lordre des templiers (Paris, 1928), p. 129, n° 517.
11. Ms 623. Sur les folios de ce manuscrit (fol. 131-164) concernant linterrogatoire, seuls les 21 premiers contiennent ces extraits (fol. 131-151), les autres sont blancs.
12. Entwicklung und Untergang des Tempelherrenordens (Berlin, 1888), p. 324 à 364.
13. Le rouleau 4 est utilisé p. 327 ; linterrogatoire de 1309 es* utilisé p. 328 à 334.
14. A partir de Ad quam diem quartam..., p. 328.
15. Ce numéro est reproduit après le nom de chaque templier dans le procès- verbal de linterrogatoire de chacun, mais non sans erreurs.
16. Cette numérotation ne va pas sans omissions ni erreurs ; ainsi Pierre Aureille et Bonafos de Tallende figurent sous le même n° 38 (p. 328). On lit également « 42. Stephano Lagarrosa, curato. 43. Disde dicto Bosi..., » au lieu de « Stephano Lagarrosa, curato dIsde ; dicto Bosa... »
17. Ce qui sexplique à la fois par le fait relevé à la note ci-dessus, et par lomission dun templier, P. Blanc (19), dans la partie relative aux dépositions elles-mêmes, où P. Aureille et B. de Tallende sont bien distingués. Cette erreur a été reprise à sa suite dans le livre de M. BARBER, The Trial of the Templars (Cambridge University Press, 1978), p. 115 et note 57.
18. Ainsi pour le second il donne le nom du récepteur mais non ceux des assistants, pour le troisième ceux des assistants mais non celui du récepteur, etc.
19. H. Prutz appuie sa conviction de la culpabilité de lordre sur les diverses cérémonies de la réception. Cest sans doute pour cela quil ne cite pas les réponses aux autres articles. Voir le compte rendu critique publié par Ch.-V. LANGLOIS dans la Revue historique, t. 40 (1889), p. 17c notamment.
20. M. BOUDET, « Dans les montagnes dAuvergne de 1260 à 1325 : Eustache de Beaumarchais seigneur de Calvinet et sa famille », dans la Revue de la Haute- Auvergne, 1899-1900 et tirage à part, Aurillac, 1901. H. BOUFFET, « Les templiers et les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem », dans Revue de la Haute-Auvergne, 1914-1916. Seule la première partie de ce travail, t. XVI (1914), p. 89-107 concerne les templiers.
21. M. BOUDET, p. 124 du tiré à part ; H. BOUFFET, Opuscule cité, t. XVI (1914), p. 106.
22. M. BOUDET, Opuscule cité, p. 125, 124.
23. H. BOUFFET, Opuscule cité, p. 103-106.
24. Lauteur désigne là les templiers en général et non ceux dentre eux qui étaient nobles.
25. Ibid., p. 105.
26. On en trouvera un exposé clair dans G. MOLLAT, Les papes dAvignon (Paris 1949), p. 367-389 et dans Jean FAVIER, Philippe le Bel (Paris, 1978), chapitre XIV à XVI. Sur les motifs de Philippe le Bel, voir encore Joseph R. STRAYER, The reign of Philip the Pair (Princeton University Press), 1980, p. 287-293.
27. Ch.-V. LANGLOIS, Les derniers Capétiens, dans lHistoire de France... publiée sous la direction dE. LAVISSE, t. III, lre partie (Paris, 1901), p. 183 et 187.
28. G. ROMAN, Le procès des templiers, essai de critique juridique (Montpellier, 1943), p. 42.
29. Voir lenquête menée à Clermont au sujet dHumbert Blanc, à la demande de lévêque de Londres, ci-après, appendice 1.
30. G. LIZERAND, Le dossier de laffaire des templiers, dans la collection des Classiques de lhistoire de France au Moyen Age (Paris, 1923), p. XIII-XVI.
31. Archives nationale, M 1 n° 10. Compte rendu par Guillaume Bernard, de sa gestion de la commanderie qui lui a été confiée, entre le 13 octobre 1307 et le 5 septembre 1308.
32. G. LIZERAND dit quils ne nous sont pas parvenus (Opuscule cité, p. XIII). L. MENARD, Histoire civile, littéraire et ecclésiastique de la ville de Nîmes... (Paris, 1750), que G. Lizerand cite à cette même page, nous a pourtant conservé (preuves, p. 195 et sq.) le procès-verbal de linterrogatoire de quarante-cinq templiers, enfermés à Aigues-Mortes, effectué par le chevalier du roi Oudard de Maubuisson, du 8 au 11 novembre 1307 et confirmé devant les deux commissaires de linquisiteur de France le lundi 13 novembre, et celui de linterrogatoire de quinze templiers, détenus à Nîmes, par le même agent royal, le 16 novembre 1307, confirmé devant les inquisiteurs le lendemain 17. Il est vrai que ces textes sont contenus dans le procès-verbal de linterrogatoire des templiers détenus à Alès effectué en juin-juillet 1310 par le commissaire de lévêque de Nîmes. Ces documents publiés par Ménard sont les rouleaux 6 et 7 de Baluze, actuellement à la B.N., coll. Baluze, 396.
A propos de linterrogatoire dAlès, il nest sans doute pas inutile de signaler que létude de RIVIERE-DEJEAN, « Les templiers, leur procès à Alais », dans Les Mémoires et comptes rendus de, la Société scientifique et littéraire dAlès (tome XXI, 1895, page 155 et sq.) est fort décevante. On est mieux renseigné à son sujet par ce quen a écrit A. CHASSAING dans son introduction au Cartulaire des templiers du Puy-en-Velay (Paris, 1882), sous le titre « Procès des templiers du Velay «, page XX-XXX.
33. Sur ce personnage, voir larticle que lui a consacré Charles SAMARAN dans lHistoire littéraire de la France, tome XLI (Paris, 1981), n° 21, page 62-64 et les travaux auxquels il renvoie.
34. G. LIZERAND, Opuscule cité, page XV.
35. G. LIZERAND, Opuscule cité, page XIII-XIV.
36. Procès des templiers, tome I (1841) et tome II (1851), dans la Collections, de Documents inédits sur lHistoire de France. Cette publication sera dans le cours de cette étude indiquée : MICHELET, tome I ou tome II.
37. On a cependant, pour le diocèse de Nîmes (MENARD, preuves, p. 215-219), les lettres de lévêque du 28 octobre 1312, lequel, ayant reçu commission du cardinal évêque de Tusculum datée dAvignon le 25 octobre, pour absoudre les templiers qui avaient avoué, délégua pour ce faire G. de Saint-Laurent, curé de Durfort, qui avait déjà mené lenquête, et lacte par lequel les templiers sont relevés par ce commissaire de lexcommunication encourue, et réintégrés dans le sein de lEglise le 8 novembre.
38. Tome II, page 421 à 515.
39. Opuscule cité, preuves, p. 166-195.
40. Sur les soixante-neuf frères interrogés, quarante-neuf étaient originaires du diocèse de Clermont et dix-sept de celui de Limoges.
41. Voir à ce sujet la présentation du Groupe de recherches sur les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui, à lInstitut de Recherche et dHistoire des Textes, prépare un répertoire topo-bibliographique des maisons de lHôpital et du Temple en France, dans la Revue dhistoire de lEglise de France, t. LXVII (1981), p. 188-189.
42. Le procès des templiers, traduit, présenté et annoté par R. OURSEL (Paris, 1955), p. 245-246 n. 7 et n. 8.
43. Le terme « précepteur » souvent utilisé, ne convient pas ; « maître » est réservé au grand-maître de lordre ; léquivalent de preceptor ou magister, que lon rencontre dans les textes en langue vulgaire, est « coumandeor », « comandour »
44. Pierre de Madic, témoin 26 fin.
45. E.-G. LEONARD, Introduction au cartulaire manuscrit du Temple... (Paris, 1930), p. 165-166.
46. MICHELET, II, 124, Fratres Petrus de Madico, Gerardus de Sauzeto et Raymundus de Marolio, preceptores Alvernie successive.
47. E.-G. Léonard le cite dès 1292. Ce nom est désormais assuré, grâce au témoignage de Durand Blanchier, 25 1. E.-G. Léonard le situe après Géraud de Sauzet, mais 1288 est une date certaine (H. PRUTZ, Opuscule cité, p. 367, et comte de TOULGOET-TREANNA, « Les commanderies de Malte en Berry », dans Mémoires de la société des antiquaires du Centre, t. XXXI (1907-1908). p. 126), tandis que les deux autres dates reposent sur des témoignages.
48. Un commandeur est appelé Jean de Sauzet (4 4), mais il sagit manifestement dune erreur pour Géraud qui est cité dans la même déposition à larticle 1.
49. Témoin 43 ; ce titulaire nest absolument pas sûr ; E.-G. Léonard ne le mentionne pas, dautres témoins le disent commandeur de Pouille vers 1294 (31 1) et lun deux précise de Barletta (H. FINKE, Papsttum und Untergang des Templerordens, t. II (Munster, 1907), p. 350).
50. L. NIEPCE, Le Grand Prieuré dAuvergne, ordre des hospitaliers de Saint- Jean de Jérusalem (Lyon, 1883), p. 80.
51. A. TRUDON DES ORMES, Listes des maisons et de quelques dignitaires de lordre du Temple en Syrie, en Chypre et en France, daprès les pièces du procès, (Paris, 1900), a essayé de distinguer les simples commanderies des maisons plus importantes en analysant les réceptions qui sy sont déroulées (nombre, qualité du récepteur et des assistants).
52. Il est conservé aux Archives nationales (cote K 496, n° 4, rouleau) et a été édité par A. CHASSAING, Spicilegium brivatense, recueil de documents historiques relatifs au Brivadois et à lAuvergne (Paris, 1886), p. 212.
53. Dans les identifications qui suivent, Puy-de-Dôme est abrégé Puy-de-Dôme.
54. Voir note dA. CHASSAING citée par L. NIEPCE, Opuscule cité, p. 238.
55. Philippe TIERSONNIER, « La préceptorie puis commanderie de La Marche », dans Bull, de la Société démulation du Bourbonnais, 1923, p. 543-576.
56. R. BOUSCAYROL, « La commanderie de La Tourette », dans Amitiés riomoises, 1968, n° 21, p. 1 à 7.
57. Opuscule cité, p. 171.
58. Arch. dép. Rhône, 48 H 138.
59. L. NIEPCE, Opuscule cité, p. 228. Le manuscrit porte Chambot ; il ne sagit pas du Chambon mais de Chamberot ainsi que la justement noté A. CHASSAING dans son édition (Spicilegium, p. 213).
60. A. CHASSAING, Spicilegium, p. 31 et 191.
61. L. NIEPCE, Opuscule cité, p. 293.
62. Comparer MICHELET, I, 415 et II, 280.
63. Cité par L. NIEPCE, Opuscule cité, p. 225 n. 3.
64. Opuscule cité, p. 296, n. 2.
65. Opuscule cité, p. 226.
66. Opuscule cité, p. 326 n. 2 et p. 296 n. 2.
67. Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. LIV (1904), p. 493-503.
68. Opuscule cité, p. 167 et 168.
69. Andrée LOURADOUR, « La commanderie de Blaudeix », dans Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. XXXV, fasc. 1 (1963), p. 40-58.
70. A. LOURADOUR, « La commanderie de Paulhac », dans Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. XXXVI, fasc. 2 (1967), p. 490-502 et t. XXXVII, fasc. 1 (1969), p. 212-216.
71. Opuscule cité, p. 169.
72. L. NIEPCE, Opuscule cité, p. 287 et A. VAYSSIERE, Lordre de Saint-Jean de Jérusalem en Limousin (Tulle, Limoges, 1884), p. 35-36.
73. A. VAYSSIERE, Opuscule cité, p. 107. Pour A. TRUDON DES ORMES, il sagit de deux commanderies distinctes, op cit., p. 40.
74. Tibor PATAKI, « Lordre de Malte en Bas-Limousin », dans le Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. 93 (1971), p. 87.
75. Julien LHERBEIL, « La commanderie de Puy-de-Noix sur le plateau de Roche-de-Vic », dans Bull, de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. 93 (1971), p. 75-79.
76. A. VAYSSIERE, Opuscule cité, p. 78-79.
77. Lidentification dE.-G. Léonard est inexacte ; voir larticle de Tibor PATAKI, Opuscule cité, p. 84 et P. DUBOST, « La commanderie du Temple de Mons », dans Bull, de la Société de la Corrèze, t. LUI (1931), p. 237-251.
78. A lexception du Mas-Dieu et de Puybonnieux.
79. A. LOURADOUR, « La commanderie de Charrières », dans Mém. de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. XXXV, fasc. 3 (1965), p. 674-690.
80. Opuscule cité, p. 14.
81. Pour ce décompte, nous avons retenu dune part les frères expressé- ments dits « vivants », dautre part, lorsquil nest fait état daucune certitude, ceux qui sont présents à une réception postérieure à 1300 ou qui sont reçus dans lordre après 1290 ; avant ces dates, en labsence de précision sur leur âge, leur situation est trop incertaine. Pour nombre dentre eux, le document de 1309 permet détablir lappartenance à un diocèse ou de préciser une date. Sauf indication contraire, les références renvoient à lédition de Michelet.
82. Louvrage de T. BINI, « Dei tempieri e dei loro processo in Toscana », dans Atti délia Reale Accademia Lucchese, vol. XIII (1845), p. 400-506 ne contient pas, comme cela a été écrit, une liste de sept cents noms de templiers, mais les dépositions de six frères, reçues en Toscane en 1311, ainsi que dautres documents antérieurs au procès. Aucun nom dAuvergnat ne sy trouve cité.
83. K. SCHOTTMULLER, Der Untergang des Templerordens (Berlin, 1887), t. II et H. FINKE, Papsttum und Untergang des Templerordens (Munster, 1907), t. II.
84. Une liste des templiers de la fin du XIII* siècle a été dressée par labbé H. BOUFFET, Les templiers en Haute-Auvergne, t. XVIII (1916), p. 145 à 147, mais il nindique pas les frères qui sont déjà morts au moment du procès, en cite quelques-uns qui appartiennent à dautres diocèses, et commet quelques erreurs de date.
85. Pour leurs noms et leur rôle, voir ci-après les templiers auvergnats et la défense de lordre.
86. K. SCHOTTMULLER, Opuscule cité, p. 211, Perceval de Saint-Aubin, chevalier ; il est dit à tort du diocèse de Bourges ; il dit avoir été reçu à La Marche par son oncle Humbert Blanc.
87. H. FINKE, Opuscule cité, p. 355, Vital de Chardasac du Puy, prêtre reçu au Chambon.
88. Voir note 118.
89. Jean dAuvergne, prêtre (I, 548), Jean lAuvergnat, sergent (II, 154), Robert de Blois, sergent (II, 147), Etienne du Breuil (I, 418), Golfier Garin, prêtre (II, 181), Pierre dHerment, sergent (II, 219), Robert de La Marche (SCHOTTMULLER, II, 211), Etienne de Montaigu (II, 234), Durand Pignol, prêtre, (I, 512), Hugues Pougnet, sergent (II, 188), Robert de Salvaniac, sergent (II, 144), Pierre Vigne, sergent (II, 181, cité comme mort II, 252), Guillaume Viverols (II, 242).
90. Barthélémy de Chargnat (27 fin), Bertrand de Chavagnac, chevalier (32 1), Pierre Gorfol (36 fin), Robert Laurens (17 1, 27 fin, 36 1), Pierre Piot (9,
I, 25 fin, 61). Deux frères reçus dans lordre vers 1289 sont vraisemblablement encore vivants en 1307 : Gui Aucher (24 fin) et Jean Tamaynh (24 fin).
91. H. FINKE, Opuscule cité, Etienne Ebrard du Puy (II, 316) et P. de Senasel (II, 317).
92. Gautier de Nonagerio, chevalier, commandeur de Chambéraud, H. FINKE, Opuscule cité, II, 353.
93. Les dépositions de huit dentre eux sont données par K. SCHOTTMULLER : Guillaume Aimerici, sergent, commandeur de Champeaux, loncle (II, 25), Géraud Béraud, chevalier (II, 66), Aimeri Chamerlent, sergent (II, 44), Pierre de Claustre (II, 16), Pierre de Conders, chevalier, commandeur de Gentioux (II, 48), Guillaume Malmon, chevalier, commandeur de Magnae (II, 26), Guillaume de Reses, chevalier (II, 19), Géraud de Saint-Martial commandeur de Charrières (II, 64). Deux autres sont cités par H. FINKE: Gui Brughat (II, 333) et Ymbert de Comborn, commandeur de Paulhac et de Croix-de-Mazerat (II, 332). La forte proportion de frères de ce diocèse présents à Poitiers sexplique dune part par la proximité géographique, dautre part par la brutalité des méthodes employées dans ce diocèse dont les témoins font état.
94. Voir note 178 et 192.
95. Gui dArzac, sergent (II, 123) et Hugues de Latapetra, sergent (II, 179).
96. Voici les noms cités dans les textes : Barthélemy dAllassac, prêtre, commandeur de Mons (FINKE, II, 317), Guillaume dArzac, sergent, commandeur de Bellechassagne (II, 123, dit mort II, 152), Guillaume Aymerici, sergent, le neveu (II, 123), Guillaume de Brevasa, sergent (I, 604, 617), Bernard La Brosse de Brive (II, 180), Adémar la Brugière, sergent (II, 134, dit mort II, 229), Pierre de Coderex, sergent (I, 614, 20 1), Hélie Galabru, sergent (I, 614, 617), Robert Guillaume, sergent, commandeur de Puybonnieux (II, 227), Bertrand La Marche, sergent (I, 235), Gui de Maumont, chevalier (I, 604, 617, II, 127), Aymeri de Malvaleix, sergent, commandeur du Mas-Dieu (I, 608, 611, II, 230), Aymeri de Malvaleix junior, sergent (II, 230), Pierre de Malvaleix, sergent (SCHOTTMULLER, II, 66), Guillaume de Petralevada (II, 149), Jean de Pratemi, chevalier (I, 235), Gui de Pressae, chevalier (II, 123), Pierre de Remeys, prêtre, curé de Blaudeix (II, 86, 128, 229), Martin Ribaud (FINKE, II, 317), Hélie Vigier, (II, 141, FINKE, II, 317).
Linterrogatoire de 1309 donne les noms suivants : André de Latapetra (1 1), Gautier de Montelacgerio (66), sont sûrement vivants. Sont vraisemblablement vivants Pierre Bessera (121), Robert de Caulet (15 1), Robert Grieu (1, 49), Aimeri de Malvaleix (1 1, 53) et Marcon de Oleto (15 1).
97. Pierre Aureille, Durand Blanchier, Jean Dalmas dArtonne, Vital Fabre, Robert Martin, Pierre Pic, Barthélémy dUssel et Barthélémy Vassal du diocèse de Clermont, Guillaume de Born du diocèse de Limoges.
98. Le 11 août, Clément V informe de cette nomination le chapitre de Clermont (Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G arm. 2, sac E, c. 7b) et le roi (Archives nationale, J 708, c. 281). Aubert Aycelin prête serment de fidélité au roi le 22 août (Gallia Christiana, t. II, éd. de 1873, col. 284) et serment de respecter les personnes et biens du chapitre cathédral le 19 novembre 1307 (Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G, arm. 2, sac E, c. 7a).
99. Sur ces liens familiaux, voir J.-A. Mc NAMARA, Gilles Aycelin, the servant of two masters, (Syracuse University Press, 1973), p. 8-18.
100. G. LIZERAND, Clément V et Philippe le Bel (Paris, 1910), p. 125 et J.-A. Mc NAMARA, Opuscule cité, p. 160-167.
101. G. LIZERAND, ibid., p. 194. Sur le mécanisme du scellement des actes, voir Robert-Henri BAUTIER, « Diplomatique et histoire politique, ce que la critique diplomatique nous apprend sur la personnalité de Philippe le Bel », dans Revue historique, t. CCLIX (1978), p. 18.
102. Il sacquitta de cette tâche difficile avec équité mais refusa néanmoins de prendre parti au moment de la réunion du concile de Sens ; voir MICHELET, I, 262 et J. FAVIER, Philippe le Bel, p. 471.
103. Roger SEVE, « La seigneurie épiscopale de Clermont des origines à 1357 », dans Revue dAuvergne, t. 94, n° 2 (1980), p. 235-244 (151 à 160 du tiré à part).
104. Sur lévolution de ce nom de personne en nom commun de dignité féodale, voir P.-F. FOURNIER, « Le nom du troubadour Dauphin dAuvergne et lévolution du mot Dauphin en Auvergne au Moyen Age », dans Bibliothèque de lEcole des chattes, t. XCI (1930), p. 91-99.
105. Arch. dép. Puy-de-Dôme, IG, 1. 26, 167. Mandement daoût 1308.
106. H. PRUTZ, Entwicklung und Untergang, p. 181. A la n. 1, il renvoie à une lettre de recommandation du pape au roi pour Aubert, du 11 août 1307.
107. H. BOUFFET, Les templiers... en Haute-Auvergne, t. XVI (1914), p. 103, n. 1.
108. Cest lavis de Pierre CHARBONNIER dans Le diocèse de Clermont, (Paris, 1979), p. 78. .
109. Les inquisiteurs avaient été autorisés à sassocier aux évêques mais ne paraissent pas avoir utilisé cette permission, G. ROMAN, Opuscule cité, p. 38.
110. Cf. G. PICOT, Documents relatifs aux Etats Généraux et assemblées réunis sous Philippe le Bel (Paris, 1901), coll. des Documents inédits sur lhistoire de France. Un chanoine de Clermont, Foulque Ballat, qui avait représenté les consuls de Saint-Flour aux Etats généraux (PICOT, ibid., MXII, p. 680-681) figure au nombre des notaires qui assistaient la commission pontificale en 1309 (MICHELET, I, 15).
111. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G, arm. 3, sac C, supplt 3 ; Anne-Marie CHAGNY- SEVE, Le chapitre cathédral de Clermont des origines à 1560, son organisation, sa vie, ses membres, thèse dactylographiée, Ecole nationale des Chartes, 1973, fasc. 3, p. 91 ; A. TARDIEU, Histoire de la ville de Clermont-Ferrand, t. I (Moulins, 1870-1871), p. 258 et 252. Il fut aussi délégué du chapitre à un concile provincial tenu à Clermont en 1319. (Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G, arm. 2, sac A, c. 17).
112. A. TARDIEU, Opuscule cité, p. 258 et 599 et Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G, arm. 6, sac A, c. 24 ; A.-M. CHAGNY-SEVE, Opuscule cité, fasc. 3, p. 76.
112 bis. Le pape Clément V a promulgué, au cours de lété 1308, de nombreuses bulles concernant les templiers. Deux dentre elles, datées du même jour, commencent par Faciens misericordiam, mais ont des dispositifs légèrement différents. La première demande aux prélats denquêter contre lordre du Temple, selon les articles transmis avec la bulle (Regestum Clementis papae V., t. III, p. 284-287, n° 3402 ; elle a été publiée par MICHELET, I, p. 2-7 et traduite par R. Oursel, Le procès des templiers, p. 47-50). La seconde, dont lobjet est identique, reprend en outre les termes de la bulle Cum per nos (publiée par C. Port, Le livre de Guillaume Le Maire, p. 423-424) relative à la composition de la commission diocésaine denquête ; elle prévoit aussi la réunion dun concile provincial pour juger les personnes (Regestum Clementis papae V., t. III, p. 312, n° 3514 ; elle a été publiée par C. PORT, Opuscule cité, p. 435-441). Ces deux bulles ont été envoyées à larchevêque de Bourges (in e.m.), cest la seconde de ces bulles qui est reprise dans ce document.
113. Nombre de ces clercs étaient des choriers du chapitre cathédral de Clermont ; ainsi, parmi les témoins du 8 mai : Guillaume le Segresta, Hugues Chapoleyr et parmi ceux du 28 mai, Jean Renoux, Pierre Boudet et Jean dAubusson. Géraud de Fredeville et Pierre Richard sont également choriers puisque les curés de Sainte-Croix, au nombre de deux pour assurer une semaine sur deux le service divin, étaient toujours choisis parmi les choriers. La chapelle Sainte-Croix était, au sein de léglise cathédrale, le siège dune paroisse. Il est très vraisemblable, étant donné ce quétait leur rôle, que tous les clercs présents lors des citations faites à Sainte-Croix aient été des choriers. Parmi les témoins présents dans les trois collégiales, se trouvaient certainement dautres choriers, car des liens nombreux existaient entre elles et le chapitre cathédral. Ainsi, Etienne de Lacmeuilh assiste à la citation le 8 mai à Saint- Pierre et le 28 mai à la paroisse Sainte-Croix. Dailleurs, si les prénoms diffèrent, bien des noms de famille — André, Balbet, Borei, Chassagne, Fabre, de Lacmeuilh, Rausier, de Vie, de Vaux — se retrouvent dans ce clergé clermontois au xive siècle. Sur toutes ces questions, voir A.-M. CHAGNY-SEVE, Le chapitre cathédral de Clermont, fasc. 1 et 3.
114. Ce jour était la veille de la Fête-Dieu.
115. Voir les comptes du bailli dAuvergne de 1299 publiés par A. CHASSAING, Spicilegium, p. 248-249, 253 et 259. Pour Vertaizon, R. SEVE, Opuscule cité, p. 180 et 182 (96 et 98 du tiré à part).
116. Les archives communales de ces différentes localités ne gardent pas de trace du passage des templiers. Le château de Nonette a servi de prison depuis le xnr siècle, voir H. SALVETON, Histoire de Nonette (Clermont- Ferrand, 1927), p. 78.
117. Voir par exemple pour Montferrand, MICHELET, I, 144 ; pour Riom, MICHELET, II, 125, 134, 138, 147 etc.
118. On peut connaître grâce aux dépositions faites devant la commission pontificale, quelques-uns des templiers dAuvergne qui senfuirent au moment de larrestation : Robert Charnier (MICHELET II, 138), Aimeri George, commandeur de La Ronzière (II, 144), Jean Atgier, sergent (II, 147), Humbert Charnier (II, 241), Humbert Blanc, chevalier, commandeur dAuvergne était alors, en 1311, détenu en Angleterre (II, 130, 147, 248, 250), voir appendice 1. Hugues Daray, signalé en fuite (H. FINKE, Opuscule cité, II, 74) est peut-être un chevalier auvergnat (voir 55). Selon une tradition orale, certains frères se seraient réfugiés dans les grottes de Jonas, situées sur la commune de Saint- Diéry (Puy-de-Dôme, arrondissement Issoire, cant. Besse).
119. Lédifice en question, dénommé le « palais », est-il lancien château des comtes dAuvergne, abandonné par ceux-ci au XIIIe siècle et distinct de lhôtel de Boulogne, comme le veut M. BOUDET («Le quartier et la rue des notaires à Clermont au Moyen Age », dans Revue dAuvergne, 1889, p. 406, 412, 418) et comme inciterait à le faire croire le texte de la vente dAubert Aycelin ? ou bien le château et lhôtel de Boulogne ne font-ils quun, ainsi quinclineraient à le penser le Dr Balme et G. Rouchon (P. BALME, « La paroisse de N.-D. du Port », dans lAuvergne littéraire, n° 51 (1930), p. 76; G. ROUCHON, « Notre-Dame de Clermont », ibid., n° 73 (1934), p. 124) ? Le palais aurait été hors des murs de la ville (Arch. comme de Clermont, C III b la, texte de 1356, renseignement obligeamment communiqué par M. Fournier que je remercie ici, et A. TARDIEU, Histoire de la ville de Clermont-Ferrand, t. I, p. 703). Il faut en tout cas le situer vers lactuel hôtel de ville, puisquune porte de la ville, la porte de lancienne enceinte romaine de Clermont ouverte au nord de la cité, ou une porte voisine, sappelait porte du Palais, notamment en 1290, 1316, etc. (P.-F. FOURNIER, « Lenceinte romaine de Clermont », dans Revue dAuvergne, 1949, p. 116 et n. 2, et P.-F. FOURNIER, « Lenceinte romaine, complément », dans Nouvelles recherches sur les origines de Clermont-Ferrand, Clermont 1970, p. 494) à moins que plusieurs édifices naient été désignés sous ce nom.
120. Arch. dép. Puy-de-Dôme, 3G, arm. 18, supplt 5 : obligation de lévêque au chapitre cathédral pour prêt de 240 marcs dargent in emptionem domus que in Claromonte palatium vulgariter appellatur, du 20 septembre 1308. La Gallia Christiana, t. II (éd. de 1873), instrum, col. 92-93, et daprès elle, A. TARDIEU, Opuscule cité, page 702, la datent à tort de 1312 qui est lannée du vidimus de cet acte, mais lacquisition est correctement datée de septembre 1308 dans le texte même de la Gallia (ibid. col. 284). Cette maison fut achetée le 30 septembre 1308 (HUILLARD-BREHOLLES, Titres de la maison ducale de Bourbon, t. I (Paris, 1867), n° 1208, p. 208) au comte de Forez Jean I (1278-1333) et à sa femme Alix de Viennois à laquelle elle avait été donnée en dot par contrat de mariage du 28 mars 1296 (HUILLARD-BREHOLLES, ibid., n° 957, p. 169 ; texte partiel dans J.-M. de LA MURE, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, t. III (Paris, 1968), preuves, n° 84 bis, p. 78-81, sans le passage concernant cette maison de Clermont) par son père Humbert Ier, dauphin de Viennois, seigneur de La Tour. Humbert de Viennois était le frère de Guy de La Tour, évêque de Clermont de 1250 et 1286 et de Hugues de La Tour, sénéchal de Lyon et abbé du chapitre cathédral de Clermont de 1278 à 1286. Lacte dacquisition de 1308 précise que cette maison avait appartenu à Hugues de La Tour, sénéchal de Lyon. Or celui-ci lavait reçue en don de son oncle, lévêque de Clermont, Hugues de La Tour (1227-1249), prédécesseur de Guy (Arch. dép. Puy-de-Dôme, IG, 1. 26, c. 2, acte dhommage de juin 1295) ; lacte de 1295 en donne les confins, dont à lest murum civitatis.
121. Jai pris le parti :
1. de franciser les noms puisque aussi bien on trouvera les formes latines dans le texte.
2. de numéroter les individus afin de faciliter les références en évitant de multiplier les notes.
Des érudits auvergnats ont déjà fourni la liste des templiers interrogés par lévêque de Clermont, mais dune façon inexacte. J.B. BOUILLET donne au t. VII de son Nobiliaire dAuvergne (Clermont, 1853), p. 243-246, une liste de 66 noms, donc incomplète et dont un nom ne se retouve pas dans notre document (Pierre dAuzon). A. TARDIEU, donne aussi dans son Histoire de Clermont-Ferrand au t. I, p. 4849, une liste de 71 noms, soit deux de trop, résultat de 3 doublets (Guillaume de Chambonnet et Guillaume de Chamborant, Jean Jaornat et Jean de Sornat, Imbert Lafont et Imbert de Tulle) et dune omission (Bonafous de Tallende).
122. Dit aussi « dAigueperse » (MICHELET, I, 418). Il ne faut pas confondre ce templier et son homonyme (26). Les deux sont bien distincts sur la liste des templiers comparant devant lévêque le 4 juin. Dans linterrogatoire de Michel du Puy (24) devant la commission pontificale les deux apparaissent : lun déjà interrogé par cette commission ny est pas qualifié de prêtre (II, 253), cest notre n° 26 ; lautre, prêtre, alors détenu à Riom (II, 254), et non interrogé par la commission est notre n° 4.
123. Ce doit être lui qui est nommé St. de Pena dans la liste de comparution du 4 juin.
128. Ce fait matériel souligne une fois encore lintérêt exclusif que Philippe le Bel portait aux aveux.
129. Texte, 1 15.
130. Etienne Bourdon est certainement le même que le chanoine de Saint- Genès qui, en tant que notaire, souscrivit le procès-verbal de lenquête de 1309, à laquelle il assista. Aux côtés de linquisiteur il remplissait peut-être le même office notarial.
131. Victor FAVYE, Histoire dune commune, Montferrand 1191-1731 (Clermont, 1922), page 46, dit que tous les templiers ont été transférés à Poitiers ; ce sont seulement trois députés de Montferrand, D. Dornho, page de Riom et page de Chalus qui partirent non pas à Poitiers mais à Tours, selon les instructions de Philippe le Bel ; voir Archives communales de Montferrand, CC 159. J. SEMONSOUS, Pages dhistoire de la Basse-Auvergne (Saint-Etienne, 1938), page 91-92 a commis lerreur de prendre ces envoyés pour des templiers.
132. Encore que lévêque de Nîmes ait interrogé plusieurs templiers le 22 avril 1308 (MENARD, opule cité, preuves, page 181).
133. Voir, par exemple, en une toute autre matière, « une enquête sur la monnaie de Clermont à la fin du XIIIe siècle », publiée par André BOSSUAT dans le Bulletin philologique et historique [jusquà 1715], 1942-1943, page 1-93. Lors de cette enquête de 1282-1287, linterrogatoire des témoins fut fait daprès une série darticles.
134. Titre identique dans le procès dElne (MICHELET, II, 423), analogue dans celui de Nîmes (MENARD, preuves, page 170 : isti sunt articuli super quibus inquiretur contra fratres ordinis milicie Templi).
135. H. FINKE avait déjà attiré lattention sur ce point, Papsttum und Untergang...., tome I, page 235 et n. 2.
136. H.-Ch. LEA, Histoire de lInquisition au Moyen Age, traduit par S. REINACH, tome III (Paris, 1902), page 313. Ce chiffre de quatre-vingt-sept viendrait-il du questionnaire publié sous un titre dailleurs erroné par K. SCOTTMULLER, Der Untergang des Templerordens, tome II, page 149 à 152 ? Ce texte ne comporte pas notre numéro 76, concernant la négligence à dénoncer les erreurs à lEglise.
137. MICHELET, tome I, 89-96 : Isti sunt articuli super quibus inquiretur contra ordinem milicie Templi.
138. Cette confusion a été reprise par G. ROMAN, opule cité, page 39 : « La base des interrogatoires était la même pour les enquêteurs de tous les diocèses ainsi que pour les commissions pontificales. Elle consistait en une liste de cent vingt-sept articles joints à la bulle Faciens misericordiam. »
139. Le questionnaire utilisé pour les autres enquêtes épiscopales était certainement identique. Pour le diocèse de Nîmes on ne trouve que quelques rares variantes de forme (par exemple absence dun item à lart. 50) dans MENARD, opuscule cité, preuves, page 170-171. Pour le procès de Chypre, on trouve quelques différences : des variantes de forme, des inversions de mots voire darticles (62 et 63), des restitutions qui ne correspondent pas à notre texte (19, 61) un article omis (76) ou même de simples erreurs peut-être dues à la leçon du manuscrit ; mais le sens général reste le même (K. SCHOTTMULLER, opule cité, page 149-152).
En revanche, pour le diocèse dElne, MICHELET (II, 423) renvoie au questionnaire publié au tome I, page 89-86 qui est celui de lenquête contre lordre ; il na pas dû collationner les deux questionnaires.
140. MENARD, preuves, page 197 a : veritatem examinent omnimodo quo poterunt, etiam ubi faciendum viderint per tormenta, et si veritatem confiteantur depositiones redigant in publica monimenta.
141. Lordre du roi darrêter les templiers, du 14 septembre 1307, était accompagné dun Modus executionis, dun Modus inquirendi et dune liste des Articuli eorum errorum (texte latin dans MENARD, opule cité, preuves, page 196-197 ; texte français dans G. LIZERAND, Le dossier..., page 24-29). Ces articles correspondent aux articles 1, 2, 4, 6, 9, 10 du questionnaire de 1308.
142. Les frères interrogés reprendront pourtant cette affirmation. Cf. note 166.
143. G. ROMAN, opuscule cité, page 40.
144. Norman COHN, Démonologie et sorcellerie au Moyen Age, fantasmes et réalités (Payot, 1982), page 117 ; le chapitre V, « Lécrasement des chevaliers du Temple », page 101 à 128, est consacré à létude de ce problème.
145. Pierre-François FOURNIER, Magie et sorcellerie, essai historique (Moulins, 1979), page 70.
146. Robert DELORT, « Létrange destin des chats », dans lHistoire, n° 37 (mai 1983), page 44-59.
147. Il est intéressant dexaminer les gravures sur bois qui, bien que plus tardives, reprennent les mêmes thèmes ; P.-F. FOURNIER, opuscule cité, page 19, 79, 146 et 189 notamment.
148. P.-F. FOURNIER, opule cité, page 160.
149. N. COHN, opule cité, page 128.
150. Elles sont publiées dans le Livre de Guillaume Le Maire, édité par Célestin PORT, Collection de documents inédits, Mélanges historiques, tome II (1877), page 446-448. Voir également G. LIZERAND, Le dossier..., texte IX, page 139
151. H. PRUTZ, opule cité, page 180.
152. Dans les montagnes dAuvergne, page 125 du tiré à part.
153. H.-Ch. LEA, opule cité, tome III, page 345.
154. Clément V, et Philippe le Bel, page 147. A la note 3, il cite H. PRUTZ, n° CXXXVI, page 327. Son renvoi nest pas clair. Ou il renvoie à un passage qui ne concerne pas Clermont, ou il cite seulement la première page du passage concernant Clermont.
155. Il nen fut pas de même dans le diocèse de Limoges : plusieurs témoins se plaignent de mauvais traitements notamment au procès de Poitiers, voir K. SHOTTMULLER, opuscule cité, tome II, page 49, 65, 67.
156. Lors de la présentation orale de cette étude au 88e congrès national des sociétés savantes à Clermont, le 5 avril 1963, par Roger Sève, Charles Perrat avait remarqué cette rapidité ; les journées devaient être bien remplies puisque le 4 juin, la comparution eut lieu à prime, soit vers 6 heures du matin (texte page 103) ; si lon admet environ dix heures dinterrogatoire par jour, le temps moyen consacré à linterrogatoire de chacun de ceux qui avouèrent dut être de trois quarts dheure.
157. Témoins 6, 7, etc. Les exemples sont très nombreux pour les frères avouant seulement.
158. Guillaume de Celles (8), également présent à la réception de Guillaume de Mazayes, na pas été interrogé.
159. MICHELET, II, 256.
160. On constate que ce sont presque toujours les mêmes dépositions qui, pour certains articles, font référence soit aux propos du premier témoin interrogé (2, 3, 8, 9, 19, 20, 25, 26, 36, 37), soit à ceux du frère qui précède immédiatement (7, 13, 18, 24, 30, 35), plus rarement aux deux (14, 31).
161. Elle occupe matériellement un folio et demi, alors que les dépositions des autres témoins avouant sont denviron un demi folio.
162. Voir 21 1, 32 6.
163. Texte, 24 10.
164. Les instructions royales de septembre 1307 prévoyaient bien de faire garder particulariter et divisim les templiers arrêtés, mais on ne connaît pas de précisions de ce genre par la suite. Près de deux ans sétaient écoulés depuis. Dautre part, dans ses instructions, lévêque de Paris envisage de faire convaincre les templiers qui nient par un templier qui avait avoué (G LIZERAND, Le dossier..., page 142-143). Ces instructions épiscopales laissent en outre apparaître une différence de traitement entre les deux catégories.
165. La règle cite trente et une fautes entraînant la perte de lhabit (La Règle du Temple publiée pour la Société de lHistoire de France par H. DE CURZON (Paris, 1886), art. 233 à 266).
165 bis. Certains ajoutent que le récepteur disait que le baiser aurait dû être sur le nombril nu.
166. Hoc tenetur facere juxta statuta ordinis est-il prétendu en 1307 (MENARD, preuves, page 197 a).
167. Il était dailleurs courant pour les corps religieux dimposer à leurs membres de garder certaines choses secrètes. Ainsi, lors de sa réception, tout nouveau chanoine de Clermont prête serment de ne révéler à quiconque les secrets du chapitre dont il aura été ordonné quils soient tenus cachés, secreta capituli que celari jussa facerint alieni non pandam » (Archives départementales Puy-de-Dôme, 3G supplément 15, folio 27, colonne a ; texte de la fin du XIIIe siècle).
168. Familiarité quexplique Jean Senaud (2) à lart. 5 par loctroi aux carmes par les templiers du Château-Pèlerin du dixième de leurs victuailles.
169. Pour le témoin 1 et 2, ce point a également été inclus dans le premier article.
170. MICHELET, tome I, 144 : « Dixit etiam quod multi voluissent venire ad defensionem ordinis sed non permittitur eis, hec dicens expresse de fratribus apud Montem Ferrandi in Advernia detentis.
171. MICHELET, tome I, page 58-59. On compte trente-trois templiers dans le texte donné par Michelet — chiffre que reprennent certains auteurs comme Albert OLLIVIER, Les Templiers (Le Seuil, 1958), page 156 —, mais il y a un doublet: Bonetus Sansanholi et Bonetus Cassagnoli ne font quun, cest Bonitus Guanhols (51). Parmi les vingt-neuf templiers qui avaient à Clermont rejeté laccusation, trois sont malaisément identifiables. Mais il est à noter que beaucoup de noms de lédition Michelet sont déformés. Cest pourquoi je pense que Saint de Gardia, prêtre, est Saint Laghariossa (63), Guillaume de Boncino, Guillaume Rossi (68) et Johannes de Zelzils, J. Saornat (52) qui avait été reçu au temple de Gensit (voir sa déposition). Les vingt-neuf templiers, qui à Clermont avaient nié, semblent donc bien être allés à Paris. Parmi les trente-deux templiers amenés de Clermont, il y en avait en outre trois qui avaient avoué, dont deux sont aisément identifiables : Guill. dEspinassa (17) dont le nom est déformé (de Spri- massa) et Girbertus La Posta (23) ; le troisième lest moins facilement ; Guillelmus Bremaz du diocèse de Limoges est sans doute Guill. Brughat (15).
172. MICHELET, tome I, page 89 et 96-99. Lautre groupe est celui des frères détenus dans la maison de Clairvaux.
173. MICHELET, tome I, page 105 et sq. Seuls Pierre Rose et Guillaume de Puy-Minaud nont pu être retrouvés. Bertrand de Sartiges, non cité y assistait sûrement (cf. MICHELET, I, 113). Galterius de Marri, dioc. Ebroicensis, cité dans un groupe dAuvergnats est vraisemblablement Gautier de Messi du diocèse de Genève.
174. MICHELET, tome I, page 124.
175. MICHEIET, tome I, page 131 ; Bernard Charnier, oublié page 131 est cité page 140.
176. MICHELET, tome I, page 160.
177. Pierre Rose et Guillaume de Puy-Minaud, soit queffectivement ils ne soient pas notés, soit que la déformation de leurs noms nait pas permis leur identification.
178. Elle permet également de retrouver vingt-deux autres frères du diocèse de Limoges qui sont présents à Paris : Pierre Maliani, sergent, vient de Tours (I, 62), Itier de Lombiaco, chevalier, Guillaume de Sauzet, Hélie Aymerici, sergent, Hélie de Chalistrat, prêtre, Gui de Gorse, Etienne de La Mon, Aymeri Chamerlant et Itier de Breveza viennent de Poitiers (I, 75 à 77) ; P. de Teillet, prêtre, vient du diocèse de Cahors (I, 82) ; P. de Clargor du diocèse de Rouen (I, 86) ; Aymond de Pratemi (I, 89), Guillaume Galabru, sergent, commandeur de Viviers, Geoffroy Galabru, Hélie de Celles, Robert de Bernoys, Clément de Saint-Hilaire, prêtre, Bernard La Porte, Aymeri La Tour, sergent et Olivier de Manso-Sereno, sergent, sont amenés du diocèse de Bourges (I, 98 et 99) ; Jean Jacosi vient du diocèse du Mans (I, 230) ; on ne sait doù vient Guillaume Lancelot, sergent (I, 119).
Tous veulent défendre lordre, à lexception dAymon de Pratemi qui y renonce, dAimeri Chamerlent qui ne veut sécarter de sa déposition faite à Poitiers et de Gui de Gorse, Etienne La Mon et Itier de Brevesa qui émettent quelques réserves. Seize dentre eux sont présents au verger.
Les lieux de détention sont connus pour quatorze dentre eux : le groupe venu de Bourges est dans la maison du prieur de Cornay (I, 125) à lexception de Robert de Bernoys non cité et Aymon de Pratemi dans celle de Jean Rosseli (I, 138). Se trouvent dailleurs dans ces deux endroits les frères du diocèse de Clermont également venus de Bourges. Pierre Maliani est détenu dans la maison de Guillaume de la Huce (I, 113) ; cinq frères sont à labbaye Sainte-Geneviève (I, 119).
179. MICHELET, tome I, page 99 à 112. On relève dans cette liste un treizième templier dit du diocèse de Clermont, Guillaume de Scoralha, mais il sagit vraisemblablement dune erreur, car ce personnage est dit ailleurs du diocèse de Toulouse, il vient de cette ville (I, 74), est détenu avec dautres frères de ce même groupe (I, 125).
180. MICHELET, tome I, page 89 et I, 98-99. Jean de Buffevent est dit page 89 du diocèse de Nevers mais son interrogatoire (I, 509) le dit du diocèse de Clermont; un doute peut toutefois subsister car sa réception a eu lieu dans le diocèse de Nevers.
181. MICHELET, tome I, page 125 et tome I, page 138.
182. MICHELET, tome I, page 99.
183. MICHELET, tome I, page 126-128.
184. MICHELET, tome I, page 139-144 traduit par R. OURSEL, Le procès des templiers, page 85-89.
185. Les notaires se font accompagner par eux à partir du 5 avril, MICHELET, tome I. page 154-161.
186. MICHELET, tome I, page 165 et G. LIZERAND, Le dossier..., page IX.
187. MICHELET, tome I, page 169.
188. MICHELET, tome I, page 172, 174, 201, 232-233, 259.
189. Les trois autres avaient réclamé en vain, le 18 mai, la présence de Pierre de Bologne, MICHELET, I, page 281.
190. MICHELET, tome I, page 286-287.
191. Clément V et Philippe le Bel, page 159.
192. R. OURSEL, opuscule cité, page 264, a dénombré quatorze templiers originaires du diocèse de Clermont ; en fait, on en compte dix-neuf, quinze venants de Clermont et quatre dautres diocèses. Guibert Roger nappartient pas au diocèse de Clermont comme il est dit à tort (II, 151) mais à celui de Rodez où il a été reçu et où il est commandeur (II, 169).
Quant aux frères du diocèse de Limoges, vingt-et-un ont comparu devant les commissaires pontificaux, à savoir les quatre frères venant de Clermont, onze frères absous par lévêque de Limoges : Gui les Chaussandes, sergent (II, 225), Jean Fabre, sergent (I, 614), Hugues de Faure, chevalier (II, 220), Etienne Las Gorsolas, sergent (I, 604), Hugues la Hugonie, sergent (I, 616), Bosco de Malvaleix, sergent (II, 228), Pons de Malvaleix, sergent (I, 611), Jordan Pauta, sergent (II, 227), Pierre Pufandi, sergent (II, 231), Géraud de Rocamadour, prêtre (I, 602), Gui de La Roche-lAbeille, prêtre (II, 219).
Jean Durand, sergent (II, 91) et Géraud Judicis de Augnihaco, sergent (II, 82), ont été absous par lévêque de Poitiers ; ils sont même cités comme appartenant à ce diocèse (II, 52). Pierre de Nobiliaco, sergent (II, 214) a été absous par lévêque de Saintes. Raymond de Vassignac, chevalier, vient de Bourges (I, 233) ; on laurait empêché de venir défendre lordre (I, 101). Humbaud de la Boissade, sergent (II, 85) et Guillaume de Vernège, chevalier (II, 178) ne sont pas encore réconciliés avec lEglise.
193. Jean de Buffevent, MICHELET, tome I, page 509-511 et Robert Vigier, tome I, page 512-514.
194. MICHELET, tome I, page 510. Ce passage a été traduit par R. OURSEL, opuscule cité, page 192-193.
195. MICHELET, tome I, page 514 ; cest par erreur quil est dit de Chartres page 511. En revanche, Pierre de Blois est bien de Chartres et non de Clermont comme il est faussement indiqué, tome I, page 514.
196. MICHELET, tome II, 181. Il est appelé de Monchanson, II, 165. Les Archives départementales dIndre-et-Loire ne possèdent aucun renseignement complémentaire.
197. MICHELET, tome I, 415420, partiellement traduit par R. OURSEL, opuscule cité, page 187-188.
198. MICHELET, tome II, page 280.
199. Voir par exemple M. BARBER, The Trial..., page 57.
200. Ibidem, opuscule cité, tome t. III, page 330.
201. Des frères faisant partie du premier groupe signalent comme étant détenus à Riom, Durand Charnier (MICHELET, tome II, page 125, 138),
Guillaume Avril (II, 139) et Etienne du Cellier (II, 147) qui comparaissent au mois de mai.
202. Ils sont cités ici dans lordre de leur interrogatoire de Clermont et accompagnés du numéro qui leur a été alors attribué. A la suite de leur nom, sont indiquées la date de leur interrogatoire et la référence à lédition de Michelet.
203. Les 29 mars (MICHELET, tome II, page 121-122) pour partie dentre eux et 19 mai (tome II, page 233-234) pour les autres.
204. J.-M. RAYNOUARD, Monuments historiques relatifs à la condamnation des chevaliers du Temple (Paris, 1813), page 254 à 256 a relevé quelques points des dépositions de Guy de Chatanède, Guillaume Avril, Hugues Charnier, Etienne dEgletons et Pierre de Bonnefont dont les noms sont déformés.
205. Sappelle-t-il Bernard ou Bertrand ? Il est appelé Bertrand en 1311. Il y a eu quelque part erreur dun rédacteur des procès-verbaux.
206. A ce propos R. OURSEL, Le procès des templiers, page 224-225, sur la seule déposition de B. de Villars (appelé Bertrand de Villiers) devant la commission pontificale, quil compare à celle de Gui de La Roche, prêtre du diocèse de Limoges, (MICHELET, tome II, page 219-220) le suspecte fortement de faux témoignage.
207. MICHELET, tome II, page 139 et R. OURSEL, opuscule cité, page 206-207. La prosternation des frères lun derrière lautre aurait fait supposer à qui les voyait à travers les trous des portes quils se donnaient des baisers malhonnêtes.
208. MICHELET, tome I, page 645.
209. Salomon REINACH analyse les origines de cette histoire dans « La tête magique des Templiers », Revue dhistoire des religions, tome LXIII (1911), page 25-39.
210. En fait, seul le prénom diffère puisque « del Boysso » et « de Dumo » sont léquivalent roman ou latin de « du Buisson », ce que na pas remarqué RAYNOUARD, opuscule cité, page 2.
211. Sur les habitudes médiévales, voir le chapitre « Comment dormir » dans Norbert ELIAS, La civilisation des mœurs (Calmann-Lévy, 1973), page 263 à 275. La même remarque est faite par Aimeri de Bures, MICHELET, tome I, page 317.
212. Il sagit du golfe dAntalya en Turquie ; la forme Satalia est donnée comme courante dans les sources occidentales par Fr. TAESCHNER, Encyclopédie de lIslam (1960).
213. Les ouvrages que jai pu consulter ne donnent aucun nom dévêque de lancienne Byblos vers 1283 ou 1286, années où il aurait été reçu daprès ses dépositions ; quoi quil en soit, lexactitude du nom de lévêque, quil ny a pas de raison particulière de mettre en doute, ne serait pas une preuve de la véracité de son affirmation.
214. Ce phénomène est dailleurs courant ; voir à ce sujet Françoise AUTRAND, « Les dates, la mémoire et les juges », dans Le métier dhistorien au Moyen Age, sous la direction de Bernard GUENEE (Paris, 1973), page 157-182 et la communication de J.-P. DELUMEAU au 13e congrès des historiens médiévistes de lenseignement supérieur, à Aix : « La mémoire des gens dArezzo et de Sienne à travers des dépositions de témoins (VIIIe et XIIe siècles) »
215. 2e dimanche de Carême (42), Pâques (14, 36), Ascension (3), 1e dimanche après la Pentecôte (2), Saint Jean-Baptiste (1, 8, 11, 24, 29, 37), Assomption (9), mi-août (6), Saint-Barthélemy (26), début septembre (20), Toussaint (34), dimanche avant Saint-Martin dhiver (19), Saint-Martin dhiver, (18, 32), Noël (10, 21).
216. MICHELET, tome II, page 139 ; ce dernier fait permet de dater un chapitre général tenu à Nicosie.
217. J.-M. RAYNOUARD, opuscule cité, page 255.
218. La majeure partie des vingt et un frères interrogés en 1311 a été reçue dans lordre entre 18 et 25 ans, exception faite de quatre frères reçus entre 33 et 45 ans, dun très jeune (15 ans) et dun autre exceptionnellement âgé (72 ans). Leur âge en 1311 varie de 30 à 60 ans (80 reste une exception) et le nombre des années passées au sein de lordre va de 5 à 35 ans. On constate là encore que tous les frères donnent leur âge en chiffres ronds ; voir F. AUTRAND, opuscule cité, page 158-160.
219. Les informations circulaient en effet relativement bien, puisque les frères auvergnats savent, lors de leur déposition devant la commission pontificale, quHumbert Blanc est détenu en Angleterre ; ce dernier, interrogé à Londres le 4 mars 1310, précise quAudin de Vendat, frère niant quil a reçu dans lordre, se trouve à Paris.
220. MICHELET, I, 512. Ces deux frères avaient été reçus vers 1269.
221. Bien que qualifié alors de chevalier, il sagit sans doute du même personnage, car il est présent en Terre Sainte à la même période.
222. Voici les noms des avouant emprisonnés à Riom : Pierre dAuteyrac (MICHELET, tome II, 125, 130), Guillaume Reynier (II, 134), Durand de Lastic (II, 138, 248), Pierre de Moncel (II, 242), Jean de Menât, prêtre (tome II, 254), Etienne des Clos (II, 87).
223. B. Coheta (II, 222), E. Lajarousse (II, 255), G. de Messi (II, 244), H. de Seyssel (II, 246), J. Robert (II, 248, 253).
224. page de Montinhac (tome II, 134), B. Charnier (tome II, 130). A. Jacob (tome II, 181), G. Brughat (tome II, 86).
225. MICHELET, tome II, page 243-244.
226. MICHELET, tome II, page 150.
227. Lévêque de Clermont, Aubert Aycelin, y assistait, Semaine religieuse du diocèse de Clermont, 8 juin 1901, page 441.
228. G. LIZERAND, Clément V et Philippe le Bel, page 268.
229. G. MOLLAT, « Dispersion définitive des templiers après leur suppression », dans Comptes rendus des séances de lAcadémie des Inscriptions et Belles-Lettres (Paris, 1952), page 376.
230. G. LIZERAND, Clément V et Philippe le Bel, page 346.
231. Alfred GANDILHON, « La ville et le diocèse de Bourges, aperçu dhistoire religieuse », extrait du Dictionnaire dhistoire et de géographie ecclésiastique, col. 178 à 211, ainsi que Guy DEVAIIALY, Le diocèse de Bourges (Letouzey et Ané, 1973) citent comme premier concile au xiv siècle un concile réuni en 1336.
232. MANSI, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, tome XXV (Venise 1782, Paris 1803), col 551-552.
233. Archives départementales Puy-de-Dôme, 3G, armoire II, sac A, c. 17 ; Etienne Chausit, entre autres, y représente le chapitre cathédral. Voir J.-B. CHAMBAT, « Conciles tenus en Auvergne », dans Bull, historique et scientifique de lAuvergne, tome XXXV (1971), page 131-132.
234. Les Templiers... en Haute-Auvergne, tome XVI (1914), page 107.
235. G. MOLLAT, opuscule cité, page 377. Pour celle adressée à larchevêque de Bourges, voir Lettres communes du pape Jean XXII analysées... par G. MOLLAT, n° 3186.
236. Ibid., Lettres communes, n° 8721.
237. Archives départementales du Rhône, 48 H 24, vidimus du 19 mai 1319.
238. Lettres communes, n° 3985, 54570, 57671 et 64087. Ces frères se trouvent respectivement dans les diocèses de Limoges, Poitiers, Tulle et Saint-Flour (alors démembré du diocèse de Clermont).
239. Lors dun colloque tenu à Madrid en mai 1983, sur Les ordres militaires dans la Méditerranée occidentale (XIIe et XVIIIe siècles), les principales conclusions de cette étude ont fait lobjet dune communication qui sera publiée dans les actes, A.-M. CHAGNY-SEVE, « Laffaire des templiers en Auvergne : linterrogatoire de 1309 »
240. Pour H. PRUTZ ils sont une preuve de la culpabilité de lordre ; R. OURSEL (opuscule cité, page 226) et J. FAVIER (Philippe le Bel, page 443 et 446) admettent lexistence de cette pratique alors quelle paraît sans fondement à H.-Ch. LEA, (Histoire de lInquisition, III, 323) en raison de la diversité contradictoire des témoignages.
241. H.-Ch. LEA, opuscule cité, t. III, page 397. G. MOLLAT fait remarquer que la question « ne se pose que pour la portion française de lordre du Temple », article « Templier », du Dictionnaire Apologétique de la foi catholique, Paris, Beauchesne, vol. 4 (1928), col. 1596.
242. G. LIZERAND a noté à ce sujet (Clément V et Philippe le Bel, page 78-80) quon reprochait aux templiers «leur mendicité..., leur recrutement..., la jalousie quils témoignaient aux hospitaliers..., leur fortune..., leur orgueil... On incriminait leurs mœurs ; on les accusait daimer la bonne chère, de boire, de manquer à leur vœu de chasteté... On leur reprochait enfin de tenir leurs réunions secrètes » Une trace de cette hostilité est relevée en Auvergne lors dune enquête sur le connétable faite à Riom, un témoin indique le 17 septembre 1263 que « des templiers avaient occupé des biens du comte de Poitiers » ; voir Enquêtes administratives dAlphonse de Poitiers, arrêts de son parlement tenu à Toulouse et textes annexes, 1240-1271, édités par Pierre-François FOURNIER et Pascal GUEBIN (Paris, 1959), page 143, col. b.
243. Advertendum est quod commissarii mittant regi... copiam depositionis eorum qui confitebuntur dictos errores, vel saltem abnegationem, articulum principalem. (MENARD, preuves, page 197 b). Les ordres du roi furent exécutés à la lettre, G. LIZERAND, Clément V et Philippe le Bel, page 100-101.
244. Commissoriis inquisitoris subsequenter vocatis. Cette confirmation devant les inquisiteurs eut lieu à Nîmes le lendemain et à Aigues-Mortes le surlendemain, car le lendemain était un dimanche.
245. G. MOLLAT, Les pays dAvignon (Paris, 1912), page 254.
247. MICHELET, tome II, 195 ; G. LIZERAND, Le dossier..., page 191-193.
248. N. VALOIS, « Deux nouveaux témoignages sur le procès des templiers », dans Comptes rendus des séances de VAcadémie des Inscriptions et Belles Lettres, 1910, page 239-240.
249. Remarque faite par M. MELVILLE, La vie des templiers (Paris, 1951), page 270 : « Ni les arrestations massives, ni les accusations truquées, ni les aveux arrachés par la torture ne nous sont étrangers »
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VALOIS (Noël), « Deux nouveaux témoignages sur le procès des templiers », dans Comptes rendus des séances de lAcadémie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1910, page 229-241.
BERTRAND (A.), « Lordre de Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte en Bourbonnais », dans Bull, de la Société démulation et des Beaux- arts du Bourbonnais, 1899 et 1900.
BOUDET (Marcellin), « Dans les montagnes dAuvergne de 1260 à 1325 : Eustache de Beaumarchais seigneur de Calvinet et sa famille », dans Revue de la Haute-Auvergne, tome I (1899), page 81-113, 161-202, 257-312 ; tome II (1900), page 1-35 (tiré à part, Aurillac, 1901).
BOUFFET (Abbé Hippolyte), « Les templiers et les hospitaliers de Saint-Jean en Haute-Auvergne », dans Revue de la Haute-Auvergne, tome XVI (1914), page 89-131 et 201-235, t. XVII (1915), page 66-87, 172-193 et 315-341, tome XVIII (1916), page 40-60 et 131-147.
BOUILLET (Jean-Baptiste), Nobiliaire dAuvergne, 7 vol., Clermont-Ferrand, 1847-1853.
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FOURNIER (Gabriel), Châteaux, villages et villes dAuvergne au XVe siècle daprès larmorial de Guillaume Revel, Paris, Genève, 1973.
Histoire du diocèse de Clermont, sous la direction dAbel POITRINEAU, Paris, 1979.
LECLER (Chanoine André), « Accord passé entre lévêque de Limoges et le précepteur de la milice du Temple..., 23 juin 1282 », dans Bull, de la Société archéologique et historique du Limousin, tome LIX (1904), page 493-503.
NADAUD (Abbé Joseph), Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges, publié par le chanoine A. Lecler, Société archéologique et historique du Limousin, 1858, 4 volumes.
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La Bibliothèque nationale conserve, dans la collection Baluze, sous le n° 395, un gros volume contenant, sous la même reliure, deux rouleaux de parchemin, autrefois numérotés 4 et 5 ; ces rouleaux ont été découpés et les morceaux reliés les uns à la suite des autres. Le rouleau, autrefois numéroté 5 (1), est le document authentique contenant le procès-verbal de linterrogatoire dirigé par lévêque de Clermont contre soixante-neuf templiers, arrêtés et détenus dans son diocèse.
Description du document :
Ce rouleau, primitivement constitué de 18 peaux de parchemin, avait une longueur de 13,30 mètres et une largeur denviron 50 centimètres. A chaque couture reliant les peaux de parchemin, in juncturis membranarum sive pellium, les notaires Etienne Bourdon et Audin Boyer ont, ainsi quils lindiquent dans leur souscription finale, apposé leur seing manuel respectivement du côté gauche et du côté droit (2). Il se trouve actuellement découpé en trente-six feuilles (3), dont la dernière est restée vierge.
Les six premiers feuillets ont souffert dimportantes détériorations et le parchemin en est percé de trous ; les deux premiers feuillets sont largement déchirés de chaque côté, si bien que des fragments
1. Létude du premier de ces rouleaux est lobjet de lappendice 2. Roger Sève a démontré quil sagit dun instrument de travail aux mains dun membre de la commission pontificale denquête.
2. A lexception de la dernière jointure — entre les peaux 17 et 18 — car elle est recouverte par la mention de publication du notaire Audin Boyer (fol. 35) ; les trois seings manuels se trouvent à gauche.
3. Le découpage du rouleau en feuillets est postérieur à la numérotation des templiers par un lecteur du XVIIe siècle, car la mention primus testis se trouve à la fin du fol. 4 alors que son nom est à la première ligne du fol. 5 et de la même façon, testis au bas du fol. 22 a été coupé du numéro 28 auquel il était suscrit et qui se lit en haut du folio 23.
Pour toute recherche dans les Archives du Comité, sadresser aux Archives nationales, 60, rue des Francs-Bourgeois, 75141 PARIS CEDEX 03.
Pour tout renseignement relatif à la rédaction des publications du Comité des travaux historiques et scientifiques, écrire au Comité, 3-5, bd Pasteur, 75015 PARIS
MÉMOIRES ET DOCUMENTS DHISTOIRE MÉDIÉVALE ET DE PHILOLOGIE
Publiés par la Section dHistoire Médiévale et de Philologie du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques.
LE PROCÈS DES TEMPLIERS DAUVERGNE (1309-1311)
Edition de linterrogatoire de juin 1309 par
Roger SÈVE Conservateur en chef des archives de la région dAuvergne et Anne-Marie CHAGNY-SÈVE Directeur des services darchives de la Nièvre PARIS Editions du C.T.H.S. 1986
ISBN 2-7355-0108-6
C.T.M.S., Paris, 1986
Sources numérique: (fichier PDF) Excerpts-Numilog