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Tancrède de Hauteville

Tancrède de Hauteville
Blason famille de Hauteville

Les annales de la chevalerie n'offrent point de modèle plus accompli que Tancrède. Ce héros, Sicilien d'origine du côté de son père, et Normand du côté de sa mère Emma, fille de Tancrède de Hauteville, n'eut guère d'autre passion que celle de la vertu et de la gloire.
Etranger à tous les intérêts de la politique, il ne connut d'autre loi que la religion et l'honneur, et fut toujours prêt à mourir pour leur cause. Voici le portrait qu'un historien contemporain tracé de ce digne émule de Godefroi de Bouillon.
« Le haut rang de ses parents n'inspira aucun orgueil au jeune Tancrède. Les richesses de son père ne le portèrent pas à la mollesse. Il surpassa les jeunes gens de son âge par son adresse dans le maniement des armes, et les vieillards par la gravié de ses manières. Chaque jour il offrit aux uns et aux autres un nouvel exemple de vertu. »

Scrupuleux observateur des préceptes de Dieu, il mettait tous ses soins à retenir les leçons qu'il entendait et à les répéter dans les conversations avec ses égaux. Il évitait de n'offenser personne, et pardonnait aisément à ceux qui l'offensaient.
« Tancrède était le premier à louer l'adresse ou la valeur de ses adversaires. Il disait qu'il fallait combattre ses ennemis et non les déchirer. Il ne parlait jamais de lui-même mais il brûlait de faire parler de lui. Pour y parvenir, il préférait les veilles au sommeil, le travail au repos. Aussi chaque jour acquérait-il de nouveaux titres à la gloire. »

« Dans les combats, il ne comptait pour rien les blessures, et n'épargnait ni son sang ni celui de l'ennemi ; une seule chose cependant, l'inquiétait et l'agitait sans cesse : il ne savait comment accorder les droits de la guerre avec les préceptes de Dieu, car le Seigneur ordonne de présenter la joue à celui qui nous frappe, et la loi de la guerre défend d'épargner même son parent. Cette opposition entre la doctrine de Dieu et les maximes du monde avait en quelque sorte enchaîné le courage de Tancrède, et lui faisait préférer une vie paisible à l'activité guerrière : mais lorsque, en 1096, le pape Urbain II eut promis la rémission des péchés aux chrétiens qui iraient combattre les infidèles, il se réveilla de sa léthargie. Enflammé d'une ardeur incroyable en voyant qu'il s'agissait de faire servir son épée à la gloire du christianisme, il se mit à préparer tout ce qui lui était nécessaire et se réunit à son cousin Bohémond, prince de Tarente, pour aller rejoindra l'armée des croises. »

Les deux guerriers avaient débarqué en Epire. Tancrède, qui cherchait une occasion d'exercer sa valeur, se portait tantôt en avant, pour découvrir les embûches de l'ennemi, tantôt l'arrière-garde, pour écarter les pillards.
Là où il y avait des périls à affronter et de la gloire à recueillir, on était toujours sûr de rencontrer Tancrède.
Cependant, l'armée sicilienne était arrivée sur les bords de la rivière Verdari. Comme la rapidité du courant paraissait à tous un obstacle au passage, et que la masse d'ennemis qui couvrait l'autre rive ajoutait a la terreur des croisés, Tancrède, pour mettre un terme à toute hésitions, pousse son cheval dans le fleuve et le traverse, suivi seulement d'un petit nombre de chevaliers. Assailli, à l'autre bord, par une multitude de Grecs, il s'ouvre un passage l'épée à la main, et fait rouler dans la poussière tous ceux qui osent l'approcher.

A la vue de cette prouesse gigantesque, l'armée de Bohémond, restée sur l'autre rive, pousse des cris d'enthousiasme, et, en un clin d'œil, la rivière est traversée. Six cents pèlerins, femmes, vieillards, malades ou blessés, étaient seuls restés de l'autre côté. Les Grecs tombèrent sur cette troupe sans défense, qui se mit à pousser des cris déchirants.
Aussitôt Tancrède revient sur ses pas, repasse le fleuve à la tête de deux mille hommes, et taille en pièces ses indignes ennemis.

Peu de temps après, au siège de Nicée, Tancrède se couvrit de gloire aux yeux de toute l'armée chrétienne. Pendant que les croisés livraient un assaut à la ville, cinquante mille cavaliers sarrasins s'étaient précipités sur la partie du camp où le comte de Toulouse venait de dresser ses tentes. Les chrétiens, surpris, commençaient à lâcher pied, lorsque Tancrède, qui combattait à l'autre extrémité de la plaine, accourt à bride abattue il s'élance au milieu des escadrons musulmans, frappe d'estoc et de taille, renverse tout ce qui se présente devant lui. Un guerrier turc veut arrêter la furie indomptable du croisé. Tancrède se dresse sur ses étriers et abat d'un seul coup la tête du Sarrasin. Un grand cri s'élève ; les chrétiens reprennent courage les Turcs, attaqués avec fureur, sont culbutés, taillés en pièces !

Lorsque, après le combat, Tancrède, couvert de sang et de poussière, rentra dans le camp, une immense acclamation le récompensa de son dénouement, et rendit hommage à la valeur surhumaine dont il venait de faire preuve.

Cette victoire de Nicée fut signalée par une action horrible : les croisés, imitant la coutume barbare des guerriers arabes, coupèrent les têtes de leurs ennemis restés sur le champ de bataille, et, les attachant à la selle de leurs chevaux, ils les apportèrent au camp, qui retentit à cette occasion des cris de joie du peuple chrétien ! Des machines lancèrent plus de mille de ces tètes dans la ville, où elles répandirent la consternation. Mille autres furent renfermées dans des sacs et envoyer à l'empereur de Constantinople, qui reçut avec enthousiasme ce sanglant tribut des seigneurs dont il avait reçu l'hommage féodal !

Apres la prise de Nicée, Bohémond, qui avait promis à l'empereur Alexis de lai amener son vaillant cousin, se rendit en effet à Constantinople avec Tancrède. Celui-ci ne consentit à faire au prince qu'un hommage conditionnel. « Si vous voulez commander aux croisés, lui dit-il, mettez vos soins à leur être utile : comptez sur l'obéissance de Tancrède, tant que vous prouverez votre zèle pour l'armée du Christ. »

L'empereur ayant invite Tancrède à lui faire savoir quel présent lui serait agréable, ce dernier lui répondit qu'il accepte avec plaisir la tente impériale. Or, cette tente était un ouvrage admirable, une sorte de palais rempli de toute espèce de richesses. La plaisanterie ne fut pas du goût d'Alexis ; il s'emporta contre son hôte, et finit par lui dire : « Je ne le juge digne d'être compté ni parmi mes amis ni parmi mes ennemis ! Et moi, répondit Tancrède, je vous trouve digne d'être mon ennemi et non pas mon ami ! »

Après cela, le fier croisé n'avait plus qu'a quitté Constantinople pour échapper à la vengeance de son perfide ennemi. Tancrède se hâta, en effet, de sortir de la ville. Des messagers de l'empereur furent aussitôt expédié pour l'arrêter, mais il sut déjouer les pièges d'Alexis et rejoignit l'armée chrétienne, dans les rangs de laquelle il allait s'illustrer par de nouvelles prouesses.

Tandis que les croisés faisaient le siège d'Antioche, Tancrède et Baudouin, frère de Godefroi de Bouillon, furent envoyés à la découverte pour protéger les colonies chrétiennes et obtenir d'elles des secours et des vivres. Tancrède, qui marchait le premier, arriva sous les murs de Tarse, ville célèbre de l'antiquité où saint Paul avait reçu le jour. Les Turcs, qui défendaient la place, consentirent à arborer la drapeau des chrétiens sur les murailles, si, dans un laps de temps très court, ils n'étaient pas secourus.

Sur ces entrefaites, arriva Baudouin avec sa troupe : les deux guerriers s'embrassent et passent la nuit en paix. Mais, au lever du jour, la vue du drapeau de Tancrède arboré sur les tours de Tarse excite la jalousie de Baudouin et de ses Flamands. Il prétend que sa petite armée est la plus nombreuse et que la ville doit lui appartenir.

Après de violents débats, Tancrède eut la générosité de laisser sa conquête à son ambitieux adversaire, et alla s'emparer de Malmistra. (1)
1. Mopsueste ou Mopsus, Mamistra, Mopsucrenae, est une ville antique de Cilicia Campestris1 sur le Pyramos (l'actuel Ceyhan Nehri), fleuve coulant à 20 km d'Antioche de Cilicie (l'actuelle Adana). La ville s'est appelée Misis, et s'appelle Yakapinar depuis les années 1960.
Sources : Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Mopsueste

Bientôt Baudouin arriva sur ses traces. A sa vue, Tancrède et ses chevaliers ne peuvent plus contenir leur ressentiment un combat s'engage entre les soldats chrétiens : lutte fratricide, qui, le lendemain, arrachai des larmes amères aux deux partis !
Tancrède, après avoir conquis plusieurs villes, vint rejoindre l'armée chrétienne sous les murs d'Antioche, dont elle faisait alors le siège. Il intercepta tous les chemins, de manière qu'aucun habitant n'osait sortir de la ville.

Etant un jour en embuscade vers les montagnes de l'occident, Tancrède surprit plusieurs milliers de cavaliers turcs qui allaient aux fourrages : sept cents hommes restèrent sur le champ de bataille, et le vainqueur put envoyer au légat du pape les têtes de soixante-dix chefs, dont plusieurs étaient tombés sous ses coups. Le légat avant fait compter soixante-dix marcs au vaillant capitaine, celui-ci s'empressa d'aller payer ses dettes. Il avait coutume de dire qu'il n'avait qu'un trésor dont il fit cas : ses soldats ! « Peu m'importe, ajouta-il, de manquer d'argent, pourvu qu'ils en aient ! Qu'ils remplissent leurs bourses, je prends pour moi les soins, les fatigues, la responsabilité, tout ce qu'il y a de plus pénible. Lorsque ses troupes étaient épuisées par les combats du jour ou quelque pénible entreprise de nuit, il les dispensait de faire leur service ; mais lui, rien ne le pouvait dispenser du sien : il veillait sur ses soldats comme une mère sur ses enfants ; en ce qui le concernait, nulle précaution !
Un jour qu'il parcourait la campagne, suivi d'un seul écuyer, il rencontra plusieurs Sarrasins qu'il n'hésita pas à attaquer : tous ceux qui osèrent l'attendre éprouvèrent la force invincible de son épée. Saisi d'admiration, l'écuyer du guerrier chrétien se répandait en éloges envers son maître ; mais lui, dont la simplicité et la modestie égalaient l'héroïsme, il supplia son serviteur de garder le silence sur les prouesses dont il venait d'être témoin : exemple tout nouveau parmi les guerriers, fait observer le chroniqueur, et que les historiens ont placé, avec raison, parmi les faits les plus merveilleux de la chevalerie chrétienne !

Cependant la ville d'Antioche, assiégée depuis plusieurs mois, venait d'être livrée aux chrétiens par le traître Pirous. Lorsque Tancrède, qui était, selon sa coutume, occupé à battre l'estrade pour intercepter toutes les communications avec la place, apprit par les fuyards que le drapeau de Bohémond flottait sur les tours de la cité, il s'exhala en plaintes contre son cousin, qui lui avait en quelque sorte ravi l'honneur de monter l'un des premiers sur les remparts. Mais il ne tarda pas à trouver une autre occasion de signaler son courage.

Quelques jours s'étaient à peine écoulés depuis la prise d'Antioche, que déjà une innombrable armée se mettait en marche pour l'arracher aux chrétiens. Tout le Korassan dit Mathieu d'Edesse, la Babylonie, la Mélie, une partie de l'Asie Mineure et tout l'Orient, depuis Damas et le bord de la mer jusqu'à Jérusalem et l'Arabie, s'étaient mis en mouvement. Kerboga, prince de Moussoul, commandait l'armée des musulmans. Plein de mépris pour les chrétiens, véritable modèle du farouche Circassien de la Jérusalem délivrée, Kerboga avait juré, par le prophète, de vaincre et d'exterminer les chrétiens.
Antioche, où régnait horrible famine, fut donc bientôt entourée par des masses innombrables de guerriers ivres de vengeance.

Les historiens chrétiens et musulmans rapportent que les barons chrétiens, qui ne commandaient plus qu'à des espèces de fantômes, proposèrent à Kerboga de lui abandonner la ville à la seule condition qu'il permettrait aux croisés de sortir de la place avec armes et bagages.
Cette demande ayant été rejetée, les portes d'Antioche s'ouvrirent et les chrétiens allèrent se ranger dans la plaine, en face des infidèles. Les musulmans, qui s'étaient flatté « de broyer le peuple de Dieu entre deux meules, » furent enfoncés du premier choc par les escadrons de Tancrède, qui « semblable à un léopard se rassasiant de sang au milieu d'une bergerie, » faisait un carnage affreux dans les rangs ennemis.

« Quinze mille Sarrasins se rallièrent toutefois, jetèrent sur la réserve des chrétiens que commandait Bohémond. Mais Tancrède a deviné leur manœuvre, il rallie ses escadrons disséminés et s'élance au secours de son cousin, dont la troupe commençait à plier. Cette charge vigoureuse change aussitôt la face du combat les Sarrasins, jusque-là victorieux, tournent bride et mettent le feu à la paille et aux herbes sèches dont la plaine est jonchée, pour arrêter la poursuite des chrétiens. Mais nul obstacle pour Tancrède ; suivi de quelques chevaliers, montés comme lui sur des chevaux qu'ils viennent d'enlever à l'ennemi, il suit les fuyards à la trace et « les fauche comme l'herbe des prés. »

Au siège de Jérusalem, qui eut lieu moins d'une année après la victoire dont nous venons de parler, Tancrède déploya la même activité et se signala par des prouesses non moins éclatantes.
Dans la nuit qui précéda l'arrivée de l'armée chrétienne sous les murs de la sainte cite, une troupe de cavaliers sarrasins s'était avancée au-devant des croisés.
Baudouin du Bourg, avec ses chevaliers, marcha à leur rencontre. Accablés par le nombre, les chrétiens allaient succomber lorsque Tancrède accourut de Bethléem où il venait de planter l'étendard victorieux de la croix. Après avoir poursuivi les musulmans jusque sous les remparts de la place, le héros normand, devançant tous ses compagnons, se rendit seul sur le mont des Oliviers, qui n'est séparé de la ville que par la vallée de Josaphat. Pendant que, du haut de cette colline, le chevalier contemplait avec un saint respect la cité promise à la valeur et à la piété des chrétiens, il fut tout-à-coup assailli par cinq musulmans qui sortaient de la ville. Tancrède ne chercha pas à éviter le combat. Trois Sarrasins tombent sous ses coups, les deux autres s'enfuient, et, sans hâter ni ralentir sa marche, le chevalier normand rejoint le gros de l'armée qui s'avançait vers la sainte cité en chantant ces paroles d'Isaïe : Jérusalem, lève les yeux et vois le libérateur qui vient briser tes fers !

Dès le lendemain de leur arrivée, les croisés s'occupèrent de former le siège de la place. Le duc de Normandie Robert, comte de Flandres, et Tancrède campèrent vers le septentrion, depuis la porte de Saint-Etienne.
Le jeudi 14 juillet 1099, avant le lever du soleil, un bruit de clairons et de timbales se fit entendre dans le camp des chrétiens ; tous les croisés coururent aux armes toutes les machines de guerre s'ébranlèrent à la fois et l'attaque commença sur toute la ligne.
Rien ne saurait donner une idée, disent les chroniques, de l'ardeur et de l'impétuosité des chrétiens ; les flèches, les javelots, l'huile bouillante, le feu grégeois pleuvaient sur les bataillons serrés ; mais on eût dit que leur corps était à l'épreuve du fer et que la flamme n'avait point de prise sur eux. Apres douze heures de lutte, la nuit vint séparer les combattants.

Le lendemain, les chrétiens s'élancèrent à l'assaut avec plus de furie encore que la veille. On entendait de tous côtés siffler les flèches et les javelots ; des pierres énormes, lancées par les machines, s'entrechoquaient dans les airs avec un bruit épouvantable.
Cependant la victoire restait indécise. Vers le milieu du jour toutes les machines des chrétiens étaient en feu.

Un grand nombre de chevaliers avaient trouvé la mort au pied des remparts. Mais tout-à-coup le combat change de face. Les croisés ont cru voir paraître, sur le mont des Oliviers, un chevalier revêtu d'armes resplendissantes et qui, agitant son bouclier, semblait donner aux assiégeants le signal pour entrer dans Jérusalem.

Godefroi de Bouillon et Raymond de Toulouse, qui l'aperçoivent en même temps et des premiers, s'écrient que c'est saint Georges qui vient combattre pour les croisés.
L'armée tout entière est saisie d'une ardeur extraordinaire. Tous les guerriers qui combattaient sur la plate-forme de leurs grandes tours de bois laissent tomber le pont-levis de ces machines sur les remparts, et ils les escaladent en un clin d'œil. Suivi des deux Robert, Tancrède se précipite dans l'intérieur de la ville au cri de « Dieu le veut ! Dieu le veut ! »

Nous avons dit plus haut que, peu de semaines après la prise de la cité sainte, le soudan du Caire avait fait marcher contre les chrétiens une armée formidable et qu'une bataille terrible avait été livrée dans les plaines d'Ascalon. Ce fut Tancrède qui, ce jour-là, à la tête d'une vaillante troupe de chevaliers normands, siciliens et flamands, enfonça le centre de l'armée égyptienne, où combattaient les Azeparis ( ?), hommes horribles et tout noirs qui frappaient les boucliers des chrétiens avec des boules de fer et brisaient la tête des chevaux.

Après cette victoire, la plupart des chefs de la croisade reprirent la route de l'Occident. Seul, le pieux et chevaleresque Tancrède ne voulut pas déserter le poste du danger et de l'honneur. Compagnon fidèle et dévoue de Godefroi de Bouillon, il fut chargé par lui de s'emparer de Tibériade et de plusieurs autres villes situées dans le voisinage du lac de Génésareth (1). Pour prix de ses exploits, il obtint la possession du pays qu'il venait de conquérir et qui, dans la suite, fut érigé en principauté.
1. Génézareth, Génésareth, Ginosar ou Kinneret est le nom d'une importante ville des âges de bronze et du fer située sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade, mentionnée dans l'Ancien Testament, dans le Tanakh et dans les évangiles. Les plus anciennes traductions de la Bible la nomme alternativement Kinnereth ou Chinnereth. Le nom a évolué dans le temps pour devenir Génézareth et Ginosar.

S'il faut en croire l'historien Albert d'Aix, Tancrède, après la mort de Godefroi, aurait voulu placer la couronne de Jérusalem sur le front de son cousin Bohémond, au préjudice de Baudouin, le frère du duc de Lorraine. Baudouin, à son tour, disputa à Tancrède la possession de la Galilée, et le fit citer à son tribunal comme un vassal insoumis.

La réponse de Tancrède fut des plus laconiques ; elle peint au vif l'orgueilleuse et rude fierté des chevaliers de cette époque : « J'ignore, dit-il en s'adressant au messager de Baudouin, si ton maître est roi de Jérusalem ! » Et il ne fit pas plus de cas d'une seconde sommation. A la fin, pourtant, on fit appel au dévouement de Tancrède, et il se laissa fléchir.

A peu de temps de là, des députés d'Antioche vinrent conjurer Tancrède de se rendre dans leur ville pour la gouverner pendant la captivité de Bohémond. Le prince de Tibériade se rendit aussitôt à leurs prières, convoqua la milice de la province, fortifia Antioche, Sulmistra, Malmistra, Barse et Andana, qui avaient secoué le joug des chrétiens. Tancrède s'empara ensuite de Laodicée, après une année de siège, et lorsque Bohémond sortit de prison, son vaillant cousin lui rendit sa principauté agrandie et florissante.

Cependant Baudouin du Bourg, comte d'Edesse, ayant été fait prisonnier où Tancrède Et des prodiges de valeur et sauva une partie de l'armée chrétienne, le héros normand fut choisi pour gouverner le comté, dont les Sarrasins étaient en partie les maîtres. Bloqué dans sa capitale, Tancrède se décide à sortir de la ville à la tête d'une poignée de braves ; il s'avance en silence jusqu'au camp ennemi, et, lorsqu'il est tout près, il fait sonner les trompettes et lance ses escadrons sur les infidèles, qu'ils enfoncent du premier choc.

Un peu plus tard, Bohémond s'étant décidé à aller chercher du secours en Occident, Tancrède fut de nouveau placé à la tête de la principauté d'Antioche. Chaque jour de son gouvernement fut signalé par une victoire ; il s'empara de plusieurs villes de la Syrie et de la Cilicie, rendit Alep tributaire d'Antioche et se fit craindre et respecter de tous les satrapes les Turcs et des Arméniens.

La prise du château de Vitulum (?), dans les montagnes du Djiblah (?), fut le dernier exploit de Tancrède.
A son retour à Antioche, il tomba malade et mourut peu de jours après (1112), laissant dans le monde, dit Guillaume de Tyr le souvenir impérissable de ses hauts faits, et, dans l'Eglise, la mémoire éternelle de sa piété et de sa charité.
Et, en effet, Tancrède fit admirer à l'Orient les vertus héroïques d'un véritable chevalier français. Après Godefroi de Bouillon, aucun guerrier de l'Occident n'acquit, auprès des chrétiens et même des infidèles, un plus éclatant renom de générosité, de franchise et de loyauté.
Sources : Bescherelle, Louis-Nicolas. Les grands guerriers des croisades ; augmenté d'un Précis historique des croisades, page 100 à 112. Limoges 1879.
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