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Quelques personnages qui ont participés aux Croisades

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Croisés du Maine

Robert le Bourguignon
Renaud de Château-Gontier
Patrice II de Chaources ou Sourches
Guy, Nicolas et Payen de Sarcé
Guillaume II de Braitel
Raoul, vicomte de Beaumont
Bernard II
Rotrou, fils du comte du Perche
Gautier Chesnel
Raoul de Prez de Ceton
Hugues II de Juillé
Payen de Chevré
Robert, vicaire, D'Assé
Hamon de La Hune
Foulques de Mathefelon
Guillaume de Montenay
Bernard de Montmorillon dit Quatrebarbes
Pierre de Champchevrier
Sire de Chevillé
Guérin de Tennie
Foulques de Maillé
Geoffroy et Jean de La Ferrière

2e croisade
Philippe, seigneur du Perche-Gouet
Geoffroy, fils de Juhel II, en 1158.
Geoffroy de Mayenne, croisé en 1158, il signa un acte devant Acre en 1190.
Foulques Riboul, pèlerin de Palestine.
Maurice II de Craon, croisé en 1165.
Juhel de Mayenne :
Signa un acte devant Acre en 1190, pour des prêts demandés octroyés à des gentishommes manceaux, provenant de négociants de Gênes et de Pise :
Jean d'Andigné.
Guillaume de Chauvigné.
Juhel de Champagné.
Bernard de la Ferté.
François de Vimarcé.
Guillaume de Quatrebarbes.
Geoffroy de la Planche.
Hervé de Broc, attesté par une charte de Richard Cœur-de-Lion en 1191.
Robert III de Sablé, fut élu Maître du Temple, devant Acre en 1192, fils de Robert II.
Hamelin et Geoffroy d'Anthenaise, compagnons de Robert de Sablé.
Maurice II de Craon.
Robert III, comte d'Alençon, seigneur du Sonnois.
Nicolas de Mailly, 1198.
Renaud de Montmirail, 12 avril 1204, mort en 1205 sous les murs d'Andrinople.
G. de Beaumont, compagnon de Renaud de Montmirail.
Rotrou de Montfort.
Hugues de la Ferté, en 1202, pour la deuxième fois.
Guillaume de Cressun, un juif converti, en 1211.
Raoul II de Beaumont, 1216-1219.
Julien, prêtre, 1211.
Herbert Torel, il mourut au cours du voyage, 1207.
Gilles I de Mailly, fin 1245.
Dreux de Mello, une première fois en 1239 et une deuxième fois avec Saint-Louis en 1249.
Gilles II de Mailly, avec la croisade de Saint-Louis.

Peut-être simple pèlerin
Homme de Noyen, nommé, Léomer, surnommé Musard
Engebault

Croisés du Maine

Des croisades jusqu'à nos jours. 1e La première Croisade et les croisés du Maine (1095-1147)
Le Saint-Sépulcre, nous l'avons vu, avait attiré les regards et les cœurs avec une force toujours croissante, malgré la violence des tempêtes, en raison même des outrages qu'il avait subis. Ce pauvre petit carré de terrain, tant de fois déjà bouleversé, et dont la pieuse vénération était marchandée aux enfants du Christ au prix de l'or et des avanies, occupait plus que jamais, à la fin du XIe siècle, l'attention de l'Occident. Le Croissant humiliait la Croix là même où Notre-Seigneur l'avait arrosée de son sang ; le Coran s'étalait, avec son fanatisme haineux, là où l'Evangile avait ou son sublime dénouement ; l'Islamisme écrasait de ses exactions les disciples du Sauveur dans un pays qui était leur glorieux berceau. D'ailleurs, à côté de l'humiliation, il y avait pour l'Europe chrétienne un danger menaçant : l'empire de Mahomet touchait aux portes de Constantinople, et une bien faible barrière s'opposait à la plus terrible des invasions. Chaque fois qu'arrivaient dans nos contrées, par la bouche de nombreux pèlerins, les bruits des profanations exercées aux Lieux-Saints et en Palestine, ils provoquaient, avec une douloureuse émotion, des désirs de vengeance. Le moment vint où ces sentiments longtemps refoulés débordèrent enfin, et ce furent des flots humains, poussés par l'unique souffle de la foi, que l'Occident chrétien déchaîna contre l'Orient infidèle. Malgré des ombres inévitables, les croisades sont bien un des plus beaux spectacles que présente l'histoire. Ce n'est pas la volonté farouche ou la vulgaire ambition d'un César qui rassemble et meut ces multitudes, c'est une pensée supérieure aux intérêts terrestres, c'est le cri de l'amour : Dieu le veut !

Tel est le cri qui retentissait à Clermont, il y a huit siècles, vers la fin de 1095. La France, dernier rempart du monde chrétien, s'apprêtait à jouer dans ces évènements le rôle plein de grandeur qui lui valait plus tard le nom de « véritable soldat de Dieu » Nous savons du reste que l'honneur de ce magnifique mouvement des croisades revient à trois de ses enfants : Gerbert, Pierre l'Ermite et Urbain II. Nous n'avons point à décrire ici les épisodes de cette conquête qui livra aux soldats du Christ la terre sanctifiée par sa vie et par sa mort ; mais il nous sera permis de rechercher quelle fut la part prise par notre Maine dans la délivrance du saint tombeau dont nous faisons l'histoire.

Ce ne furent pas seulement les échos du concile de Clermont qui arrivèrent dans nos contrées pour y susciter le même enthousiasme et les mêmes dévouements. Le pape vint en personne y propager le feu sacré, allant frapper à la porte des abbayes et des châteaux et recruter des croisés parmi les plus puissants seigneurs.
Le 14 février 1096, il était à Sablé, où il confirma les privilèges et possessions du monastère Saint-Nicolas d'Angers, dont il avait, peu de jours auparavant, consacré la basilique (1). De là, il se rendit au Mans, où il séjourna trois jours entiers, les 16, 17 et 18 février. L'évêque Hoël, qui avait été avec l'auguste Pontife à Plaisance et en Auvergne, le reçut avec les plus grands honneurs, et le séjour du Vicaire de Jésus-Christ dans notre vieille cité cénomane devint, pour toute la région, une ère nouvelle, qui servit à dater certains actes publics, comme nous le voyons dans nos cartulaires (2).

Il est certains que les chevaliers manceaux répondirent avec empressement à l'appel de Dieu ; en grand nombre ils revêtirent le signe sacré et partirent pour la Terre Sainte. Mais, hélas ! La plupart de ces noms que nous aimerions à connaître sont tombés dans l'oubli. C'est ainsi que de tout temps l'histoire, en enregistrant avec gloire celui des grands capitaines, a perdu le souvenir des obscurs soldats qui combattirent sous leurs ordres et préparèrent le triomphe. Quelques-uns de ces noms ont cependant échappé à la poussière du tombeau ; nous les retrouvons dans les vieilles chartes qui furent comme le testament de ces hommes courageux, au moment solennel, mais douloureux, où ils quittaient tout, biens, famille, patrie, pour courir, au milieu de mille dangers, à la conquête d'une terre qu'ils allaient, à l'exemple du Maître, arroser de leur sang. Ces parchemins sont de simples, mais admirables monuments de la foi de ces croisés qui, avant le dernier adieu, recommandaient leur âme, leur noble entreprise et tous ceux qui leur étaient chers, aux prières des religieux, faisant aux monastères de pieuses et larges donations. Ces gentilshommes qui tant de fois déjà s'étaient réunis dans un cloître ou une demeure seigneuriale pour confirmer par leur présence quelque contrat, confondent maintenant leurs noms dans les mêmes glorieuses annales. C'est dans nos vieux cartulaires, et uniquement à cette source, que nous avons puisé ceux qui vont suivre. Il en est d'autres assurément dont nous ne prétendons point contester les titres ; mais n'ayant pu les contrôler par nous-même, nous laissons aux savants historiens de notre province le soin de les établir... ou de les démolir. La critique actuelle, en effet, nous a montré avec quelle prudente sagacité, quelle sûre méthode il faut aborder ce terrain ; elle ajustement dépouillé plus d'un nom d'une gloire usurpée (3). Les historiens se sont souvent copiés les uns les autres ou n'apportent que des documents insuffisants.
Quel était le but d'Urbain II en se rendant à Sablé ? Celui, croit-on généralement, d'engager le puissant seigneur de cette ville à prendre la croix. Et en effet, dans les premiers mois de l'année suivante, 1097, ROBERT LE BOURGUIGNON partait, pour la Terre Sainte. Quatrième fils de Renaud I de Nevers, comte d'Auxerre, et d'Adélaïde, fille du roi de France Robert I, il était à la fois chef de la seconde maison de Craon et tige de celle de Sablé. Elevé à la cour des comtes d'Anjou, il avait épousé Avoise, appelée aussi Blanche, fille de Geoffroy-le-Vieux, seigneur de Sablé, et qui, après le décès de son frère, en devint l'unique héritière. Il avait contracté une seconde alliance avec Berthe, fille de Guérin de Craon, veuve de Robert de Vitré. Sa puissance et son influence étaient grandes. Aussi son départ avec RENAUD DE CHATEAU-GONTIER fit-il sensation : cette année et cette circonstance mémorables sont mentionnées dans la notice d'un don de Guérin du Bignon au Gèneteil (4). Avant de prendre le chemin de Jérusalem, il se rendit à Marmoutier, où il fut reçu avec de grands honneurs, se recommanda aux prières des moines, et confirma certains dons faits précédemment (5). Il mourut sans doute au cours de l'expédition en 1098.

Une autre illustre famille de notre pays fut aussi représentée à cette première croisade. PATRICE II DE CHAOURCES ou SOURCHES (6) jeta dès la première heure son cri de : Dieu le veut ! Mais avant d'entreprendre ce grand voyage au-delà des mers, il voulut attirer sur lui et sur les siens les bénédictions du ciel. Il vint au chapitre de la Couture, avec son fils Hugues, demanda les prières des religieux, confirma et fit approuver par celui-ci tous les dons faits par leurs ancêtres à l'abbaye. Les moines s'engagèrent en retour à chanter, pour le père et pour le fils, trois cents messes, qu'ils avaient d'ailleurs promises à Hugues de Saint-Célerin, parent ou peut-être même père de Patrice, avant sa mort (7). Une nouvelle ratification faite par Hugues de Sourches au même monastère fut consentie par l'évêque Hoël, qui apporta une dernière consécration à ces actes par l'imposition du signe de la croix (8).

« Nous croyons qu'il s'agit ici, non d'une simple bénédiction épiscopale, mais bien de la remise à Patrice de Sourches et peut-être aussi à son fils Hugues, de la croix de drap rouge, insigne que les croisés portaient attaché sur l'épaule (10) » Patrice eut le bonheur de revoir le Maine, où nous le retrouvons, avec son fils Payen, concédant vers 1100 aux moines de la Couture le droit de patronage sur les églises de Brûlon, de Bernay et de Saint-Mars-sous-Ballon (11).

Sceau d'un Braitel
Sceau d'un Braitel



Dans cette année d'héroïque enthousiasme suscité par Urbain II, on vit trois frères arborer ensemble le signe sacré, et leur mère elle-même ratifier leur sacrifice. Le dix des kalendes de juillet, 22 juin 1096, les trois chevaliers, Guy, NICOLAS et PAYEN de SARCE (12), vassaux de Saint-Vincent, avant de voler à la défense des Lieux-Saints, engagèrent leur fief, du consentement de leur mère Elisabeth et de Robert leur frère bâtard, entre les mains de l'abbé Rannulfe et des religieux du monastère, qui leur donnaient en retour vingt deniers mansais (13).

Un de leurs amis et compagnons d'armes, Guillaume II de Braitel (14), seigneur de Lombron, Courgains et Saosnes, qui leur avait servi de témoin dans cet acte, avec deux de ses frères (voir fig. 15), partagea leur noble ardeur et les suivit au-delà des mers. Près de vingt ans après, dans le courant de 1116, il revint en compagnie de Raoul, vicomte de Beaumont, son cousin (15). Il rapportait, de Jérusalem à l'Eglise du Mans une précieuse relique qu'un chanoine du Saint-Sépulcre, nommé Adam, originaire du Maine, lui avait confiée. C'était une croix dans laquelle étaient encastrées deux autres plus petites formées du bois de la vraie croix. A la partie supérieure de la seconde était une pierre du Mont des Oliviers, à droite une pierre du Gethsémani, à gauche une pierre du Gabbatha, à la partie inférieure une pierre du rocher du Calvaire. Cette croix contenait en outre une pierre plus importante du Saint-Sépulcre, L'évêque Hildebert, entouré de son clergé et suivi d'une foule immense, déposa religieusement dans la cathédrale, durant les solennités pascales, le trésor qui lui était envoyé (16). Cette expédition et cette longue absence de Guillaume ont peut-être donné naissance à la naïve légende que racontent les anciens de Lombron (17), et dont le héros serait un sieur de Lauresse, un Montmorency (18).

Il partit un jour pour la croisade, laissant au château sa femme et ses deux jeunes fils. Après sept années écoulées sans entendre parler de son seigneur et maître, celle-ci choisit un nouvel époux. Cependant le croisé revint, rapportant un morceau de la vraie croix, qu'il avait, par crainte d'être dépouillé, inséré et cousu sous la peau de sa cuisse. En quittant Jérusalem, il s'était écrié : Où ma cuisse s'ouvrira La vraie Croix restera, et il avait fait vœu de déposer son trésor dans l'église dont les cloches se mettraient en branle à son passage. Arrivé au pays du Maine dans un piteux état, il fut traîtreusement désarçonné, et la mule qu'il montait, s'enfuyant à toute bride, galopa droit à Lauresse, emportant la valise du chevalier, avec les reliques, un os de sainte Catherine et une fiole d'huile des lampes du Saint-Sépulcre, qu'elle renfermait. Les fils du châtelain étonnés, reconnaissant la mule de leur père, et redoutant un malheur, s'enviennent sur la route de Connerré, où ils ne rencontrent qu'un vieillard qu'ils prennent pour un mendiant et un fou. Celui-ci traverse Pont-de-Gennes sans entendre le son d'une cloche, et continue son chemin dans la direction de la Chapelle-Saint-Rémy. Tombant de fatigue, il s'évanouit, la plaie de sa cuisse livre passage au morceau de la vraie croix, et les cloches de la Chapelle sonnent à toute volée. Il laisse à l'église la précieuse relique, puis rentré dans son manoir, il le cède à ses fils et se retire dans un logis nommé la Blosserie. Après y avoir vécu comme un saint, il y mourut et fut, suivant sa volonté, enterré dans le cimetière Saint-André de Pont-de-Gennes, où il repose encore sous le fût de la colonne, dans laquelle est encastré son glaive, jadis terreur des infidèles.

Tombeau d'un croisé
Tombeau d'un croisé
Fig. 16. — Tombeau d'un croisé (XIIe siècle), dans le cimetière de Pont-de-Gennes (Sarthe).



Aurions-nous donc le tombeau du noble croisé dans le très curieux monument que ce cimetière garde précieusement aujourd'hui ? Ce qui est certain, c'est qu'il peut fort bien remonter au XIIe siècle et offre un intérêt archéologique de premier ordre. Il a tout droit à une place dans cette étude ; aussi en avons nous fait prendre un dessin très exact que nous présentons ici (fig. 16). C'est un cercueil de pierre entouré de moulures toriques malheureusement un peu effacées. Sur le couvercle, sont sculptées en relief deux croix pattées, au pied fiché. A l'une des extrémités se dresse la tête énorme d'un monstre aux larges oreilles, aux écailles pointues et serrées, pressant entre ses dents le fût d'une colonne en pierre, haute de 1 m 40 et surmontée d'un bourrelet, que les paysans appellent le Bourdon. En soulevant ce bourdon assez lourd, puisqu'il est également en pierre, on voit une tige de fer, insérée dans la colonne, et qui servit vraisemblablement à sceller la croix depuis longtemps disparue. A l'autre extrémité, ou aux pieds du croisé, le tombeau est protégé par une bordure de pierre, surmontée d'une rosace, dans laquelle est inscrite une croix pattée. A la demande d'un savant archéologue de la contrée, M. le vicomte S. Menjot d'Elbenne, il a été classé parmi les monuments historiques et entouré d'une grille.

M. E. Rey y verrait plutôt le tombeau d'un seigneur des Monts, de Montibus, famille qui paraît avoir possédé Lauresse depuis le XIe siècle jusqu'au commencement du XIVe. Il s'agirait alors du seigneur direct de Lauresse, et non du seigneur suzerain de la maison de Braiteau. La charge de connétable de la principauté d'Antioche semble avoir été héréditaire dans cette famille, dont on voit trois membres la posséder successivement durant les XIIe et XIIIe siècles. Roger des Monts souscrit, le 19 avril 1140, un acte de Raymond de Poitiers, prince d'Antioche, comme connétable de ce prince (19). Raoul des Monts paraît, avec ce titre, de 1186 à 1194, et Roger, son fils, entre les années 1194 et 1216 (20).

Sceau des Bernard
Sceau des Bernard



Non loin de là, sur les confins du Maine, une terre qui a gardé jusqu'à nos jours le nom de ses anciens seigneurs, La Ferté-Bernard, voyait un de ceux-ci consacrer à la défense des Lieux-Saints l'ardeur guerrière, l'exubérance d'un caractère remuant et indépendant, propre à ceux de sa race comme en général aux chevaliers de ce temps-là. Quelques sceaux nous ont conservé les armes des Bernard (fig. 17), deux lions passants, et leur effigie, c'est-à-dire une représentation très en usage après le XIIe siècle : un cavalier franchissant ; en d'autres termes, un guerrier bardé de fer, armé de l'épée et de l'écu sur un cheval lancé au galop et dévorant l'espace, comme le coursier des légendes. « BERNARD [II] (21) ne resta pas sourd aux exhortations du saint pontife [Urbain II]. Comme beaucoup de Manceaux, il revêtit le signe sacré, la croix d'étoffe rouge, et partit pour la Palestine avec Rotrou, fils du comte du Perche, Gautier Chesnel et Raoul de Prez de Ceton, et beaucoup de leurs vassaux. Il fut assez heureux pour être du petit nombre (un sur trente environ) de ceux qui revirent la France, après une longue absence et des exploits aussi incroyables que leurs maux » (22). Un des voisins de Bernard, Payen de Mondoubleau, s'engagea dans l'armée des croisés avec Guy Le Duc, comme nous le voyons par une charte de Saint-Vincent (23).

Le nord de notre diocèse actuel ne resta pas en retard sur les autres contrées, et fournit son contingent à la phalange des braves: Hugues II de Juillé (24), Payen de Chevré (25) et Robert, vicaire, D'ASSÉ (26), qui, avant de partir, firent des dons aux moines de Saint-Vincent. Il y avait à Bazougers (Mayenne) un chevalier, nommé Hamon de La Hune, qui, « soucieux de son âme, et pour acquérir la vie éternelle aussi bien que pour obtenir le salut de ses parents », après avoir déjà « donné à Dieu et à ses saints martyrs Vincent et Laurent la dîme de sa terre de la Cressonnière (en Saint-Jean-sur-Mayenne) », leur fit de nouvelles largesses avant d'aller à Jérusalem. Les actes de donation sont datés de juillet-août et décembre 1096 (27).

Enfin nous mentionnerons aux confins du Maine et de l'Anjou FOULQUES de Mathefelon. « Quand il se croisa en 1100, il avisa l'abbé de Saint-Nicolas d'Angers de retenir pour lui toute la dime d'Azé, et cela du consentement de Samuel, son frère, et de Hugues, son fils. La même année et dans la même circonstance, il donna à l'abbé de Saint-Aubin le patronage de l'église de la Cropte (28) ». Comme Hugues de Juillé, il était de retour en France en 1112, époque vers laquelle il maintient un don fait par Hugues, son fils, aux religieuses du Ronceray (29).

Faut-il ranger parmi les croisés ou parmi les pèlerins cet « homme de Noyen, nommé Léomer, surnommé Musard », qui, voulant aller à Jérusalem, vendit aux moines de Saint-Vincent sa maison et certaine terre ? (30). Nous ne savons. Il en est de même de cet Engebault dont les sentiments de foi sont si bien exprimés dans un acte de donation également faite à Saint-Vincent (31).

Tels sont les noms que nous avons relevés nous-même dans les documents les plus authentiques. S'il faut en croire certains historiens de la noblesse du Maine aux croisades, on en devra ajouter plusieurs autres à cette liste : Adrien et Louis d'Averton, Guillaume de Montenay, Bernard de Montmorillon dit Quatrebarbes, Pierre de Champchevrier, un sire de Chevillé, Guérin de Tennie, Foulques de Maillé, Geoffroy et Jean de La Ferrière, etc. (32).

Nous n'avons ni le temps ni les éléments nécessaires pour nous établir juge en une matière aussi délicate, qui sort d'ailleurs du cercle ordinaire de nos études. Nous serions reconnaissants à ceux de nos confrères ou amis qui ont l'habitude de compulser nos vieilles archives de vouloir bien nous signaler les noms des vaillants défenseurs du Saint-Tombeau qu'ils rencontreront, avec les titres vraiment historiques qui appuient leur gloire.

L'ouest de la France, notre province du Maine en particulier, s'associa donc généreusement à l'élan qui, sous la direction de vaillants capitaines, entraînait les autres contrées vers le Saint-Sépulcre : le nord, sous les comtes de Blois et de Vermandois ; le sud, sous le duc Raymond de Saint-Gilles ; la Lorraine, sous le duc Godefroy de Bouillon et ses frères ; la Flandre, sous le comte Robert.

Mais quelle pouvait être la marche de cette immense armée, forte de plus d'un demi-million d'hommes, la plus magnifique qu'on eût vue depuis longtemps en Europe et en Asie ? Le plan de campagne qui semble avoir été arrêté avant le départ en 1096, fut très habilement conçu : s'appuyer sur l'empire grec pour ébranler la puissance musulmane en Asie Mineure ; pénétrer avec son aide aussi loin que possible à travers ce pays, se diriger vers le Taurus, puis s'ouvrir la route de la Palestine ; conquérir toute la Syrie avec une partie de l'Arabie Pétrée ; mettre ainsi, d'un côté, le grand désert de Palmyre entre les Etats des Khalifes de Bagdad et les colonies chrétiennes, de l'autre, le désert du Sinaï entre celles-ci et l'Egypte ; diviser par là même le colosse musulman en deux parties, et établir le royaume du Christ dans des frontières naturelles qui le défendraient contre les efforts de l'islamisme (33).

Telle fut, en effet, la marche des croisés. Leur point de ralliement était Constantinople. Franchissant le Bosphore, ils s'avancèrent contre Nicée, qu'ils enlevèrent aux Seldjoukides, le 19 juin 1097.
Des frontières de la Cilicie, le gros de l'armée se dirigea vers le nord-est, en tournant le Taurus, tandis que le plus faible contingent, sous la conduite de Baudouin et de Tancrède, traversait la Cilicie et s'emparait de Tarse.
Les deux parties, ralliées près de Mérasch, sur la frontière orientale de l'Asie Mineure, se séparèrent de nouveau, la plus forte marchant vers le sud, dans la direction d'Antioche, pendant que Baudouin se dirigeait vers l'est, pour gagner les Arméniens, et faire d'Edesse le boulevard oriental de Jérusalem.
Après bien des souffrances, des pertes et un siège de neuf mois, la grande armée prit Antioche (juin 1098).
Fortifiée par de nouvelles recrues arrivées d'Europe, elle traversa Béryte (Beyrouth), Sidon et Tyr, et s'avança vers la ville sainte. A la vue de ces murailles, qui renfermaient le tombeau du Sauveur, objet de tous leurs désirs, les soldats de la croix, au milieu des acclamations de joie, tombèrent à genoux et baisèrent cette terre sacrée.
Malgré les difficultés du siège, Jérusalem devenait le prix de leurs glorieux efforts, le 15 juillet 1099, un vendredi, à trois heures du soir. Godefroy de Bouillon, qui le premier avait escaladé les murs, fut élu roi, avec le titre de défenseur du Saint-Sépulcre.
Le nouveau royaume chrétien fut organisé sur le modèle des Etats féodaux de France ; on fonda une maison de chanoines pour quarante membres, et des hospices pour les pauvres et les pèlerins. Mais une des premières préoccupations des vainqueurs fut de reconstruire la basilique du Saint-Sépulcre.
Sources : Legendre, Alphonse. Le Saint-Sépulcre depuis l'origine jusqu'à nos jours et les croisés du Maine, essai historique. Le Mans 1898 BNF

Notres première croisade
1. « Die XVI kalendas Martii, id est Februarii 14, Urbanus Sablolii, quod oppidum est in Andegavensium et Cenomannorum finibus situm, dato diplomate confirmavit privilegia et possessiones monasterii Sancti Nicolai Andegavensis, cujus basilicam ante paucos dies manibus suis consecraverat » Th. Ruinart, Vita B. Urbani II Papœ, Migne, Patr, lat., tome CLI, colonne 196.
2. « Anno dominice Incarnationis MXCVI, eo videlicet anno quo Urbanus papa fuit Cenomannis... — Notum sit omnibus futuris et presentibus, quod anno incarnationis Dominice MXCVI, eo videlicet anno quo Urbanus papa adventu suo occiduas illustravit partes.... » Cartuiaire de S. Vincent, colonne 168, 190.
3. Cf. A. Angot, Les croisés de Mayenne en 1158 : étude critique, Laval, 1896 ; Les croisés et les premiers seigneurs de Mayenne ; origine de la légende, Laval, 1897.
4. « Donum ab utrisque partibus factum est in capitulo Sancti Nicholai, anno ab incarnatione 1097, indictione ejusdem monasterii IIIa, anno quo Rotbertus Burgundus et Rainaldus de Castro Gunterii Hierosolimam petierunt, feria secunda Quadragesimæ, presentibus et concedentibus duobus fratribus Warini, Goffrido et Marolio » Cartulaire du Geneteil, folio 317.
— Cf, Bertrand de Broussillon, La Maison de Craont Paris, 1893, tome I, page 20, 50.
5. Cf. J. Mabillon, Annales Ordinis St Benedicti, lib. LXIX, 57, Paris, 1713, tome V, page 376.
6. « Patricius ou Patricus de Cadurcis » Cadurcæ ou Cadurci ; Cadurciæ ; Cahourcæ ; Caorsus ; Caurciæ ; Caorchiæ ; Caortiæ ; Cadulcæ ; Chaortium.
— Chaources ; Chources ; Chourses, aujourd'hui Sourches.
— Cf. Th. Cauvin, Géographie ancienne du diocèse du Mans, Paris, 1845, page 90. La forme moderne a prévalu depuis le commencement du XVIIe siècle. Le château de Sourches, en Saint-Symphorien, reconstruit à la fin du XVIIIe siècle par l'architecte Pradrel, est une des plus belles habitations de nos contrées et est la propriété de M. le duc des Cars. M. l'abbé A. Ledru en a écrit l'histoire : Le château de Sourches au Maine et ses seigneurs, in-8°, Paris et Le Mans, 1887.
7. « Patricus volens mare transire in Culturæ capitulo veniens filium suum Hugonem secum adduxit, et se et filium orationibus commendavit monachorum. Hugo vero filius ejus annuit monachis hoc quod pater suus et ejus antecessores eis dederant, et cum patre suo donum super Sancti Petri altare misit. Munachi autem tam pro patre quant pro filio trecentas missas cantaverunt, quas ipsi Hugoni de Sancto Celerino morienti spoponderant » Cartulaire de la Couture, pages 31-32.
8. « Hoc donum annuit Hœllus Cenomanensis episcopus et episcopali auctoritate, signum crucis imponendo, corroboravit » Cartulaire de la Couture, page 32.
9. Ce sceau, rare et curieux monument du XIIe siècle, représente Hugues de Braitel, frère puîné de Guillaume (?). Hugues est à cheval, la tête couverte d'un casque conique à nasal. Sa main gauche tient les rênes et couvre la poitrine d'un écu triangulaire, son autre main brandit une épée à large lame. Le chevalier est debout sur ses étriers. Le vêtement qui couvre ses cuisses flotte en arrière, laissant les jambes à découvert. Autour du personnage on lit cette légende :
+ SIGILLVM HVGONIS B....L DE AMBOSI
(Sceaux des Archives Nationales, n° 155S) cire rouge).
— Cf. S. Menjot d'Elbenne, Les sires de Braitel au Maine, page 40.
10. A. Ledru, Le château de Sourches, page 27.
11. Cartulaire de la Couture, page 42.
12. Sarciacum, Sarcé, aujourd'hui du canton de Mayet, autrefois paroisse de l'archidiaconé de Château-du-Loir, doyenné d'Oisé.
13. « Notum sit omnibus futuris et presentibus, quod anno incarnationis Dominice MXCVI, eo videlicet anno quo Urbanus papa adventu suo occiduas illustravit partes, quoque etiam innumerabiles turbas populorum admonitione sua, immo vero Dei suffragante auxilio, Jerosolimitanum iter super paganos adire monuit, quidam miles Sancti Vincentii, Wido nomine de Sarciaco cum fratribus suis Nicholao atque Pagano, Rannulfum abbatem monachosque Sancti Vincentii deprecaturus adiit ut totum fevum suum, quod de Sanctis martinbus et abbate et fratribus apud Sarciacum tenebat, in perpetuum retinerent sibique inde XX nummorum Cenomanensium darent... »
« Factum est hoc in Capitulo Sancti Vincentii, X° kal. juin, sicut viderunt et audierunt testes subscripti : Elisabeth, mater eorum, Nicholaus, Wido atque Paganus, filii ejus et Robertus bastardus, frater eorum, Gaufridus filius Rogerii, Willelmus de Braitello, Hugo, Gaufridus, fratres ejus et Odo bastardus, Richardus, filius Harengoti, Wido frater ejus, Berardus de Siliaco... » Cartulaire de S. Vincent, col. 190.
14. Willelmus de Braitello. — Braitel, alias Braetel ou Brestel, est aujourd'hui Bresteau, hameau de la paroisse de Lombron, à droite de la route qui conduit de ce village à Torcé. Dominé par les hautes collines de Montrentain et de Crémilly, il se dérobe dans les profondeurs des bois. Les paysans le décorent du titre de ville, et les noms de rues que portent encore les lieux environnants semblent établir l'existence d'une cité aujourd'hui disparue. Une motte féodale, ceinte d'un double fossé, s'élève encore dans le champ du château.
— Cf. S. Menjot d'Elbenne, Les sires de Braitel de la famille Papillon, Le Mans, 1875, page 14.
— Le fief de Braitel étendait sa juridiction sur neuf paroisses.
15. « Le vicomte Raoul est vraisemblablement Raoul, vicomte du Lude, frère du vicomte Hubert et fils puîné de Raoul, fondateur du prieuré de Vivoin, ou Raoul, vicomte de Beaumont, petit-fils de ce dernier, qui fonda, en 1109, l'abbaye d'EtivaL » S. Menjot d'Elbenne, Les sires de Braitel au Maine, du XIe au XIIIe siècle, Mamers, 1876, page 38, note 3.
16. Gesta Pontificum Cenomanensium, Ms. Bibliothèque du Mans, n° 244, folio 100. Cf. S. Menjot d'Elbenne, Les sires de Braitel au Maine, pages 38-39.
17. Cf. S. Menjot d'Elbenne, Le tombeau d'un croisé, Mamers, 1884.
18. Lauresse est un manoir reconstruit au XVIIe siècle par les Montmorency, et relevant autrefois des châtellenies de Montfort et Bresteau. Il s'élève sur le coteau qui borde l'Huisne, au nord-est de Montfort-le-Rotrou, et possédait anciennement une chapelle octogone du Saint-Sépulcre, démolie au commencement de ce siècle. Il est actuellement habité par M. le baron E. G. Rey, le savant auteur de plusieurs publications importantes sur l'époque des croisades : Etudes sur les monuments de l'architecture militaire des Croisés en Syrie et à Chypre, grand in-4°, Paris, 1871 ; Les familles d'Outre—Mer de Du Cange, grand in-4°, Paris, 1869 ; Les colonies latines de la Syrie aux XIIe et XIIIe siècles, in-8°, Paris, 1883, etc.
19. Cf. E. de Rozière, Cartulaire du Saint-Sépulcre, Migne, Patr., lat. tome CLV, col. 1185.
20. Note de M. E. Rey.
21. Bernard II de la Ferté est cité, avec sa femme Aimée, dans un acte dressé à propos d'un différend relatif à l'église de Cormes et que le pape termina au Mans. Cf. D. Piolin, Histoire de l'Eglise du Mans, tome III, Pièces justificatives, page 676.
22. L. et R. Charles, Histoire de la Feriè-Bemard, in-8°, Mamers et Le Mans, 1877, Page 33.
23. « Sciendum est quod Girardus, cognomine Dux, et filii ejus, Wido scilicet et Gaufridus, et frater ejus, Beringerius concesserunt nobis monachis Sancti Vincentii calumpniam quam faciebant de terra Widonis de Brueria et acceperunt inde V s., quos habuit Wido, major filius, cum pergeret ad Jérusalem cum Pagano de Monte Dublelli. Gaufridus vero frater ejus VI d. sibi accepit. » Cartulaire de S. Vincent, col. 384.
24. « Hec omnia supradicta concessit nobis Hugo junior, filius predicti Hugonis, ipso anno quo Jerosolimam perrexit, et habuit pro hac re XX s. Cenomanensium denariorum », Cartulaire de S. Vincent} col. 293.
— Hugo de Juliaco, « Juliacus ; Juleium ; julliacus ; Juilleium ; Juillé, paroisse du grand archidiaconé, du doyenné de Beaumont, au N. de cette ville, sur la gauche de la Sarthe » — Th. Cauvin, Géographie ancienne du diocèse dit Mans, page 356.
Hugues de Juillé et Robert, son frère, étaient fils de Witerne de Juillé et d'Ameline. Le premier était marié en 1097 à Julienne, dont il eut des enfants. Hugues et Robert assistaient en 1112 à l'établissement des moines de Saint-Aubin d'Angers, au prieuré de Locquenay. Cf. D. Piolin, Histoire de l'Eglise du Mans, tome III, Pièces justificatives, page 698.
25. « Quod dignum est inemorie dan, necesse est litteris tradi ; quare donum quod Paganus de Chevreio fecit de III minatis terre monachis Sancti Vincentii, cum perrexit Jérusalem, huic scripto commendamus » Vers 1096. — Cartulaire de S. Vincent, col. 423. — Chevré, fief en Dangeul, sur le ruisseau de la Gandelée.
26. « Opere pretium est, ut non solum presentium, verum etiam subsecutorum, memorie reducatur quod Robertus vicarius priusquam Jérusalem pergeret, gloriosis martiribus Vincentio et Laurentio suisque servitoribus, totam suam partem decime Aciacensis ecclesie, ejusdemque primicias, panes, candelas, totumque cymiterium, excepta quadam domo, dono dedit, partemque sibi propriam decime duorum molendinorum » Vers 1096. — Cartulaire de S. Vincent, col. 301.
27. « Notificare volumus presentibus atque futuris, quod quidam miles, nomine Hamo de Huna, dedit Deo et Sanctis martiribus ejus Vincentio atque Laurentio decimam de quodam bordagio terre que vocatur Cressumneria, cum primiciis ad eam pertinentibus, videlicet ob salutem anime sue et parentum suorum... Post non multum vero temporis, supradictus Hamo, non immemor anime sue et ob vitam eternam sibi acquirendam, antequam Jérusalem iret quo tendere volebat, decimam de Huna, quam habebat et pater suus tenuerat, dedit Deo et Sancto Vincentio cum primiciis illius terre, recepitque XX solidos a monachis causa caritatis. Hoc actum fuit in domo monachorum apud Bazogers, in adventu Domini IV die ante natale Domini... » Cartulaire de S. Vincent, col. 266.
28. Note que nous devons à l'obligeance de M. l'abbé A. Angot. Voir aussi Ed. Bilard, Analyse des documents historiques conservés dans les archives du département de la Sarthe in-4°, Le Mans, page 44.
29. Cf. Bertrand de Broussillon, La Maison de Laval, tome I, page 74.
30. « Notum fieri volumus presentibus atque futuris, quod quidam homo de Noviomo, nomine Leomerus, cognomento Musardus, habens voluntatem eundi Jerosolimam, vendidit monachis Sancti Vincentii domum suam et XVI denarios de censu et terram quam tenebat de Gradulfo de Monte Busoti » Fin du XIe siècle. — Cartulaire de S. Vincent, col, 222.
31. « Quam [quoniam] in meis multis et magnis delictis Deum parcentem michique spacium penitentie tribuentem consideravi, timens quod pondus peccatorum meorum faciat me expertem celestis regni, ego Ingelbaudus illud Sepulchrum volo petere de quo redemptio nostra, morte superata, voluit resurgere. Quod si ipse Deus in hac peregrinatione michi finem dederit, dono Sancto Vincentio V quarterios vince qui sunt in consuetudine Alberici Escarboti, dando X d. de censu ad festurn S. Johannis ; et hoc post mortem meam et uxoris mee, et tali tenore facio istud, quod si ego volo esse monachus, sim propter hoc » Vers 1096. — Cartulaire de S. Vincent, col. 69.
32. Cf. H. de Fonrmont, L'Ouest aux croisades, Nantes et Paris, 1867, tome III ; (Anonyme), Etudes sur le Maine : noblesse du Maine aux croisades, Le Mans, 1859.
33. Cf. E. G. Rey, Essai sur la domination française en Syrie durant le moyen âge, in-4°, Paris, 1866, page 14.

Sources : Legendre, Alphonse. Le Saint-Sépulcre depuis l'origine jusqu'à nos jours et les croisés du Maine, essai historique. Le Mans 1898 BNF

Dernière Croisade

Les Croisés du Maine, de la seconde à la dernière Croisade
Comme les Israélites rebâtissant, au retour de la captivité, les murailles de Jérusalem, les croisés durent tenir le marteau d'une main et l'épée de l'autre (1). La reconstruction et l'embellissement du Saint-Sépulcre ne leur firent pas perdre de vue la défense du territoire sacré qu'ils venaient de conquérir. Combattre les infidèles, protéger les pèlerins, sans compter le soin des malades et l'office divin, telle fut la glorieuse mission qu'acceptèrent les deux Ordres qui naquirent à ce moment, les chevaliers de Saint-Jean et les Templiers. Ce fut la chevalerie élevée à la hauteur de la vie monastique, formant comme une armée régulière et permanente de croisés. N.-S. au saint Tombeau eut ses gardes du corps. De bonne heure, jusque dans nos pays, de riches fondations furent faites en faveur de ces saintes milices, dans lesquelles s'engageaient en même temps une foule de seigneurs manceaux. En peu d'années, les deux grands Ordres militaires possédèrent de nombreux établissements dans notre diocèse (2).

Notre Maine eut la gloire de donner aux Templiers leur second grand maître. A Hugues de Payens succédait, vers 1137, Robert le Bourguignon, petit-fils de celui que nous avons mentionné à la première croisade, fils de Renaud de Craon et d'Agnès de Vitré. Après avoir tenté une riche alliance en Aquitaine, il partit pour la Palestine, où il entra dans l'Ordre du Temple. Il était digne par sa bravoure, la noblesse de son sang et de sa vie (3), de commander les preux qui juraient de ne jamais fuir en présence des ennemis, lorsque ceux-ci ne seraient pas plus de trois contre un, ou plutôt qui ne demandaient jamais combien il y avait d'ennemis, mais seulement où ils étaient.
En 1138 ou 1139, il livra le désastreux combat de Thécua (4), où périrent de nobles guerriers, parmi lesquels Eudes de Montfaucon (5).
En 1148, il est cité parmi les chevaliers de Terre Sainte qui se joignirent à l'armée de Louis VII.
Le 24 juin de cette même année, il figure à Acre avec les prélats et barons, dans l'assemblée où l'on décida le siège de Damas (6).
Le XI grand maître du Temple appartenait aussi à notre province : ce fut Robert III de Sablé, dont nous parlons plus loin, à propos de la troisième croisade.

Peut-être pourrions-nous également rattacher à notre pays un sénéchal du Temple, Guillaume de la Guierche (de Guirchia), qui souscrit, avec ce titre, le 26 juillet 1160, un acte du roi Baudouin III, et, vers la même époque, deux chartes de Bertrand, grand maître de l'Ordre, établissant des privilèges en faveur du Saint-Sépulcre.

C'est ainsi que la jeune noblesse, qui gaspillait son temps à la chasse et dans les tournois, vint grossir, principalement sous l'instigation de saint Bernard, le nombre des défenseurs des Lieux-Saints. Du reste, il fallait veiller et combattre : l'ennemi rôdait autour des frontières, cherchant à reprendre le terrain perdu.

Pendant ces deux siècles de lutte pour le Tombeau du Sauveur, l'Occident ne cessa de verser en Palestine des contingents d'hommes dévoués, qui venaient remplir les vides occasionnés par la mort ou le retour des autres croisés. A certains moments, un cri d'alarme retentissait, et des phalanges se soulevaient dans les diverses contrées de l'Europe. Mais, en dehors de ces grands mouvements qui portent plus spécialement le nom de croisades, il y eut comme des élans partiels qui, de temps en temps, entraînaient quelques poignées de braves. Les yeux fixés sur le Saint-Sépulcre, la piété de nos pères était toujours en éveil.

En 1140, Philippe, seigneur du Perche-Gouet (7), prenant la croix après son père Hervé, s'engageait, avant de partir, à défendre les hommes de Lavaré (8) et les remettait à la garde de Théobald ou Thébaud de Dangeau (9)

Mais, quelques années plus tard, l'Occident apprenait avec une profonde tristesse que le prince Zenghi de Mossoul s'était emparé d'Edesse (13 décembre 1144), boulevard des possessions chrétiennes, que son fils Noureddin détruisait complètement en 1146.
A la voix d'Eugène III, qui écrit aux princes chrétiens, et de saint Bernard, qui prêche la nouvelle croisade, l'enthousiasme religieux et l'esprit de pénitence deviennent universels en France et en Allemagne. Louis VII et, après de longues résistances, Conrad III avec son neveu Frédéric Barberousse, sont entraînés. Le roi allemand part de Ratisbonne à Pâques de l'année 1147, se dirigeant à travers la Hongrie, vers Constantinople, tandis que l'armée française, sortie de Metz à la Pentecôte, arrivait dans l'empire grec en suivant aussi la route de terre. Au milieu de souffrances causées par l'infidélité des Grecs, les attaques des Turcs, les épidémies, les troupes affaiblies arrivent devant Nicée, puis les deux rois se rencontrent (1148) à Jérusalem. Après une tentative infructueuse contre Damas, partout poursuivis par la trahison et les revers, ils rentrent sans gloire en Europe. Noureddin envahit la majeure partie du territoire de Raymond II, prince d'Antioche. Bientôt après disparaissaient les plus ardents promoteurs de cette seconde croisade, l'abbé Suger, Eugène III et saint Bernard.

En 1158, partait de nos pays un petit groupe de croisés. Sur la foi de Gilles Ménage, dans son Histoire de Sablé, on avait cru jusqu'ici à la fameuse croisade de Mayenne. Un document fort curieux donnait un récit détaillé de la cérémonie qui aurait eu lieu, le 10 avril 1158, dans l'église Notre-Dame de Mayenne, à l'occasion du départ pour la Terre Sainte de Geoffroy, fils de Juhel II, entraînant à sa suite plus de cent seigneurs, l'élite de la noblesse du Maine, de l'Anjou et de la Bretagne, dont les noms étaient soigneusement relatés. Trente-cinq seulement seraient revenus en France, le 7 novembre 1162, après de cruelles fatigues. M. l'abbé Angot a mis fin à cette légende en montrant ici l'œuvre d'un faussaire intéressé (10) « Pourtant, dit-il, ne subsiste-t-il rien de la croisade Mayennaise ? Il reste ce seul point, que Geoffroy DE Mayenne se croisa en 1158. Le fait est mentionné dans uue charte postérieure de son père. Cette charte des archives de Savigny, le seigneur de Goué la connaissait et il l'a prise comme base de son roman. Bien d'autres chevaliers manceaux se croisèrent individuellement au XIIe et aux XIIIe siècles. Ils font souvent à cette occasion des largesses, des restitutions ou des emprunts aux abbayes, qui en consignent le souvenir dans leurs annales (11) » C'est précisément le cas d'un autre « pèlerin de Palestine », Foulques Riboul, qui, vers la même époque, faisait, avant de partir, certaines concessions à l'abbaye de la Couture (12).

Menacée du côté du nord, la conquête des croisés ne l'était pas moins du côté du sud, c'est-à-dire de l'Egypte. Le pape Alexandre III ne cessait, au milieu de ses propres embarras, de travailler pour la Terre Sainte. Le 14 juillet 1165, il adressa de Montpellier une proclamation aux princes et aux fidèles, les appelant au secours de Jérusalem. C'est pendant ces années que Maurice II de Craon se croisa pour la première fois. Ce fait, connu par la mention que contient la charte 231 de La Roë de la première cour tenue par lui à Poiltrée, après son retour de Jérusalem, est en outre attesté par dix pièces importantes, qui appartiennent toutes à l'année 1169. Ce sont les authentiques des reliques rapportées par Maurice et remises par lui à la collégiale de Saint-Nicolas et au prieuré de La Haye-aux-Bons-Hommes (13). Notre croisé rentra en France après le mois de mars 1170.
Pendant ce temps-là, Henri II convoquait au Mans une assemblée de tous ses états du continent, dans le but d'y régler une levée de deniers, taxes et aumônes, destinés à secourir les chrétiens d'Orient.

Mais, depuis 1169, les incursions des Sarrasins avaient accru les périls du royaume fondé par Godefroy de Bouillon.
En 1173, Saladin s'emparait de Damas et étendait partout sa puissance. Pour comble de malheur, la discorde allait croissant parmi les chrétiens. Guy de Lusignan avait des démêlés avec le prince d'Antioche, dont le connétable, en 1186, était Raoul de Monts. Battu et fait prisonnier dans une grande bataille près du lac de Tibériade, il eut la douleur de voir la sainte croix elle-même tomber aux mains des infidèles (juillet 1187). Peu de temps après, Ascalon, puis Jérusalem étaient enlevées par Saladin. Pendant que Conrad de Montferrat défendait Tyr, Guy, redevenu libre, formait une petite armée, et, dès le mois d'août 1189, assiégeait avec courage et persévérance la forteresse de Ptolémaïs ou Saint-Jean d'Acre (14).

C'était la désolation. Après ses prédécesseurs, qui avaient déployé une infatigable activité, Clément III organisa la troisième croisade. Partout, on entendait répéter : « Faisons pénitence, sauvons Jérusalem ; » on recueillait des contributions, on établissait la dîme saladine (15). La France et l'Angleterre se signalèrent surtout par leur enthousiasme. Philippe-Auguste et Richard Cœur-de-Lion, prenant la voie de mer, arrivèrent l'un après l'autre en Palestine (mars-avril 1191). Le siège de Ptolémaïs fut poussé avec ardeur. Malheureusement, une funeste division régnait entre le roi Guy, Richard d'Angleterre et Conrad de Montferrat, appuyé par le roi de France. Déjà, en octobre 1190, le duc Frédéric de Souabe était venu avec ses troupes devant Acre, mais, après avoir vu les siens ravagés par la famine et par la peste, il succomba lui-même le 20 janvier 1191. Enfin, le 12 juillet, la ville se rendit sous de dures conditions, et reprit un aspect chrétien.

S'il fallait en croire certains documents cités par D. Piolin, nous connaîtrions les noms de plusieurs chevaliers manceaux qui prirent part à ce siège mémorable. Ce sont deux actes de cautionnement faits devant Acre, l'un le lendemain de la fête de saint Rémy 1190, par Geoffroy de Mayenne, l'autre en septembre 1190, par Juhel de Mayenne pour des sommes d'argent empruntées par leurs compagnons d'armes à des négociants de Gênes et de Pise. Ces gentilshommes manceaux et angevins seraient :
Jean d'Andigné
Guillaume de Chauvigné
Juhel de Champagne
Bernard de la Ferté
François de Vimarcè
Guillaume de Quatrebarbes
Et Geoffroy de la Planche (16).

Malheureusement ces pièces ne sont pas d'une authenticité incontestable (17). Ainsi en est-il d'une charte de Richard Cœur-de-Lion datée d'Acre, le 21 juillet 1191, et attestant la présence d'Hervé de Broc à la troisième croisade (18). Le plus ancien sceau connu de cette famille est celui Guillaume de Broc (1302)

Sceau de Guillaume de Broc
Sceau de Guillaume de Broc



Le Maine cependant eut certainement la gloire d'être représenté dans cette expédition, comme dans les autres. Le plus illustre représentant fut Robert III de Sablé. Fils de Robert II et d'Hersende d'Anthenaise, il avait épousé Clémence de Mayenne, dont il était veuf quand il partit pour la Terre Sainte. Entré bientôt dans l'ordre du Temple, il fut élu grand maître, au camp devant Acre, en 1190.
Le 10 février 1192, il fut témoin dans cette ville d'une donation faite par le roi Guy de Lusignan à l'ordre Teutonique.
Le 13 octobre de la même année, il souscrivit la confirmation par le roi Richard d'Angleterre des privilèges accordés aux Pisans par Guy de Lusignan.
Il mourut le 28 septembre 1196 (19).
On signale comme l'ayant accompagné les deux frères Hamelin et Geoffroy d'Anthenaise (20).

Maurice II de Craon ne pouvait voir partir ses voisins sans sentir renaître son ardeur guerrière. Il voulut donc prendre une seconde fois le chemin de la Terre Sainte. Si aucun acte émané de lui ne signale son premier départ, le second est attesté par plusieurs documents. Nous avons d'abord et avant tout un curieux testament, l'un des monuments les plus importants pour l'histoire du droit à cette époque reculée, puis la convention avec la Roë du 22 mai et la ratification de tous les dons faits à la collégiale de Saint-Nicolas de Craon (21). Maurice revint en France et fonda le prieuré de la Haye-aux-Bons-Hommes près Craon. Il mourut le 12 juillet 1196.

Sceau de Robert III
Sceau de Robert III



C'est vers la même époque que dut se croiser également Robert III, comte d'Alençon et Seigneur du Sonnois (1191 à 1217). Dans une charte signée de son sceau (fig. 21), nous le voyons, au retour d'une expédition en Palestine, donner à l'abbaye de Perseigne plusieurs saintes reliques avec des parcelles de la vraie croix ; il les dépose sur l'autel, pour remercier Dieu et la bienheureuse Vierge Marie d'avoir bien voulu accorder la victoire à ses armes et à celles de ses guerriers, de leur avoir permis d'échapper aux embûches de leurs ennemis et aux périls d'une longue traversée (23). Dans une autre, scellée au couvent de Perseigne en mars 1214, il exprime le désir d'être inhumé là, auprès de son frère Jean ; il recommande qu'on y ramène son corps en quelque endroit que la mort vienne le frapper, quand même ce serait en Palestine (24).

Après la prise d'Acre, Philippe-Auguste reprit le chemin de la France. Le 1er septembre 1192, un armistice de plusieurs années fut conclu avec Saladin : les chrétiens conservaient Antioche, Tripoli et la côte de Tyr jusqu'à Jaffa, et les pèlerins pouvaient aller librement à Jérusalem. Malgré cela, l'Europe chrétienne ne perdait pas de vue la Palestine. Saladin était mort le 3 mars 1193, et son royaume morcelé. Peu de temps après mourait le sultan d'Iconium.

Innocent III prépara une nouvelle croisade. On vit alors partir, en 1198, un Nicola de Mailly, qui, avec Jean de Nesle et Thierry de Flandre, eut un rôle important à remplir ; tous trois commandèrent la flotte de Flandre en 1202 (25).
Prêchée avec beaucoup de zèle par Foulques de Neuilly, cette quatrième croisade eut pour chefs Boniface, comte de Montferrat, et Baudouin, comte de Flandre, qui firent leur jonction à Venise. Le 12 avril 1204, les Latins s'emparèrent de Constantinople et y fondèrent un éphémère empire. A cette expédition appartiennent, parmi les nôtres, Renaud de Montmirail, qui trouva la mort sous les murs d'Andrinople en 1205, G. de Beaumont, son compagnon (26), et Rotrou de Montfort (27), Hugues de la Ferté, avant de prendre, en 1202, pour la seconde fois, le chemin de Jérusalem, après avoir déjà concédé aux moines de Saint-Pierre de La Ferté un droit de pêche dans les eaux courant des Moulins-Neufs à celui de Chavanz, leur donnait un supplément de vingt-quatre sous aux vingt-six par lui payés aux mêmes religieux pour la dîme de son four (28). On vit, en 1211, un juif nouvellement converti, Guillaume Cressun, possesseur d'une fortune assez considérable, entreprendre, pour le salut de son âme, le pieux pèlerinage de Jérusalem (29).

Après tout ce qu'il avait déjà fait pour la Palestine, Innocent III prit encore d'importantes mesures au concile de Latran (1215). Outre les sommes considérables qu'il remit au patriarche de Jérusalem et aux grands maîtres des ordres de chevalerie, il s'obligea, lui et les cardinaux, à payer la dîme, exigea du clergé la vingtième partie de ses revenus pendant trois ans, et accorda de grands privilèges aux croisés. Sa mort (1216) anéantit ce projet.

Malgré ces encouragements, les princes chrétiens restaient inactifs. Après de faibles avantages remportés par André II, roi de Hongrie (1217), une expédition fut entreprise par le duc Léopold d'Autriche et Jean de Brienne contre l'Egypte, qui menaçait surtout la Palestine. Damiette fut prise en novembre 1219, mais les croisés ne surent pas tirer parti de cette victoire. Le sultan répara ses pertes, et, en 1221, ils furent obligés d'acheter le droit de se retirer librement, après avoir rendu la ville.

Pendant ces années, 1216-1219, le Maine vit plus d'un départ pour la Terre Sainte. Raoul III de Beaumont, qui avait juré de servir fidèlement Philippe-Auguste, consentait, avant de prendre la croix, à livrer son fils aîné Richard II à la garde du roi et de Guillaume des Roches, sénéchal d'Anjou ; de plus tous ceux qui gardaient les forteresses de la vicomté de Beaumont devaient jurer de ne les rendre qu'au roi ou à son commandement (30). Un prêtre, nommé Julien, donnait, en se croisant, au chapitre de Saint-Julien du Mans certains biens meubles et immeubles qu'il tenait lui-même de sa sœur (31). On cite également un certain Hurbert Toret, qui, parti pour Jérusalem, dut mourir au cours de ce voyage (32).

Frédéric II, empereur d'Allemagne, protégé par le pape Innocent III dans sa lutte contre ses compétiteurs, avait, en retour, fait vœu d'aller combattre les infidèles. Ce ne fut cependant que sous le coup de l'excommunication qu'il se décida à partir. Il arrivait devant Ptolémaïs le 7 septembre 1228. Un traité conclu avec le sultan Mélek el-Qamel (19 février 1229), instituant une trêve de dix années et laissant aux chrétiens leurs possessions actuelles, tel fut le résultat de cette croisade. L'empereur entra ensuite à Jérusalem, où il plaça lui-même la couronne royale sur sa tête. On ne tarda pas à voir les inconvénients du traité.
En 1230, Jérusalem était assaillie et saccagée par une horde de Sarrasins fanatiques.
Le 13 novembre 1239, les chrétiens perdaient la bataille d'Ascalon. Bientôt les ordres de chevalerie et les barons du royaume ne furent plus en état de résister au sultan d'Egypte.
Jérusalem était à jamais perdue, malgré les tentatives de Grégoire IX et de ses successeurs.
L'antique ardeur pour les croisades s'était éteinte en Occident. Au milieu de l'assoupissement général, un seul cœur redonna le branle au saint enthousiasme. Ce fut encore un cœur français, celui du plus saint de nos rois, Louis IX. Pendant l'année 1244, atteint d'une grave maladie, le pieux monarque fit vœu, s'il guérissait, d'entreprendre une nouvelle croisade, et demanda la croix à Guillaume, évêque de Paris. A la fin de juin 1245, au concile de Lyon, beaucoup de grands seigneurs imitèrent son exemple et s'engagèrent à le suivre en Terre Sainte. Parmi eux on remarquait Gilles I de Mailly, dont il nous reste un sceau placé au bas d'une charte du mois de mars 1239 : d'un côté, est une croix pattée et pommettée, avec ce reste de légende : .... E MAILI ; au contre-sceau se trouvent un écu portant trois maillets et la légende : S' GUILLE : DE MAILLI (33).

A peine eut-il recouvré la santé, saint Louis se mit en devoir de lever une armée (1248), dont fit partie un seigneur de Mayenne. Dreux de Mello, qui déjà s'était croisé en 1239 (34) s'embarqua une seconde fois, en 1248, à la suite du saint roi, avec lequel il aborda à Chypre au mois d'août ; il y mourut avant le départ des croisés, qui ne quittèrent l'île que le 30 mai 1249. Dreux de Mello avait épousé Isabeau de Mayenne, petite-fille du croisé de 1158, fille de Juhel III, qui lui-même prit la croix contre les Albigeois (35).

L'expédition commença par l'Egypte, source de l'oppression pour la Palestine. Damiette fut prise (1249) ; mais bientôt Louis IX tombait entre les mains du sultan. Obligé de payer très cher sa rançon et de rendre Damiette, il obtint la liberté de parcourir en pèlerin la Terre Sainte.

En rentrant en France (1254), saint Louis ne renonçait pas totalement au pieux dessein qui venait d'échouer une première fois. Après les avantages remportés par Bibar, sultan d'Egypte, qui, en 1268, s'était emparé d'Antioche, Clément IV fit prêcher une nouvelle croisade. Aussitôt le roi rassemblant ses seigneurs, met sous leurs yeux la couronne d'épines du Sauveur, et prend la croix des mains du légat. Le 17 juillet 1270, sa flotte arrive devant Tunis, d'où l'Egypte recevait de nombreux secours. La ville succombe ; malheureusement, d'affreuses épidémies déciment l'armée, et, le 25 août, le saint roi lui-même emporte au ciel, avec la couronne de ses vertus, les regrets de l'univers chrétien.

L'illustre famille de Mailly fut encore glorieusement représentée dans cette dernière croisade. Parmi les seigneurs qui accompagnèrent saint Louis, on cite Gilles II de Mailly. Il est ainsi mentionné sur une liste de chevaliers croisés : « Cy sont les chevaliers qui deurent aler avec sainct Loys oultre mer, et les convenances qui furent entre eulx et le roy, l'an mil CCLXIX ... Monsieur Gilles de Mailly, soy dixiesme de chevaliers, trois mil livres, et passage et retour des chevaulx, et mangera à court (36) » Une autre liste de 1270 donne cette variante : « Mi sires Gilles de Mailli, lui cuinsième, VI mille libres, lui tiers de bannerés (37) »

Nicolas IV fit tous ses efforts pour ranimer le feu sacré, il envoya lui-même une grande somme d'argent et vingt vaisseaux, mais il ne put ébranler chez les rois de France et d'Angleterre, d'Aragon et de Sicile, un courage désormais abattu.
Le 18 mai 1291, Ptolémaïs, qui était comme la clef de la Terre Sainte, était définitivement perdue pour les chrétiens. Bientôt après tombaient Tyr, Sidon et Béryte.
Les persévérants et pressants appels des papes demeurèrent sans écho. Après deux siècles de luttes admirables, malgré bien des défaillances, le Tombeau du Sauveur restait pour longtemps, sinon, hélas ! Pour toujours, aux mains des infidèles.
S'il nous a été doux de constater dans la basilique du Saint-Sépulcre, refaite par les croisés, une page d'architecture marquée au coin du génie français, il n'est pas moins glorieux pour nous de voir la part prise par notre patrie dans les guerres sublimes que nous venons de résumer. Commencées sous l'impulsion de cœurs français, elles eurent pour dernière victime celui de nos rois qui pouvait offrir au Dieu du Calvaire le plus beau sacrifice de vertus et de dévouement.
Du début à la fin de cette lutte de la foi et de l'amour contre l'infidélité et la barbarie, la fille aînée de l'Eglise n'a cessé de prodiguer ses richesses et le sang de ses enfants. Le monument élevé à La Chapelle-du-Chêne sera donc bien le monument de la piété et de la valeur d'un peuple dont l'histoire a été si justement appelée Gesta Deiper Francos Il rappellera en particulier la mémoire des croisés manceaux dont la liste trop abrégée (38) vient de passer sous nos yeux. Avec les plus touchants souvenirs de notre sainte religion, nous sentirons revivre au milieu de nous nos plus précieuses gloires de famille.
Sources : Legendre, Alphonse. Le Saint-Sépulcre depuis l'origine jusqu'à nos jours et les croisés du Maine, essai historique. Le Mans 1898 BNF

Notes deuxième Croisade
1. II Esd., IV, 17.
2. Cf. D. Piolin, Histoire de l'Église du Mans, tome IV, page 24, 27.
3. « Vir piæ in Domino recordationis, miles eximius et in armis strenuus, nobilis carne et moribus, dominus Robertus, cognomine Burgundio, natione Aquitanicus, magister militiæ Templi » Guillaume de Tyr, Historia rerum transmarin, lib. XV, cap. VI, Migne, Patr. lat., tome CCI, col. 617.
4. Aujourd'hui Khirbet Teqou'a au sud de Bethléhem. C'est l'ancienne Thécué de la Bible, la patrie du prophète Amos.
5. Cf. Guillaume de Tyr, locution cité.
6. Cf. Guillaume de Tyr, Histoire rerum transmar, lib. XVII, cap. I, II, col. 673, 674 ; E. Rey, l'Ordre du Temple en Syrie et à Chypre ; Les Templiers en Terre Sainte, Arcis-sur-Aube, 1888. (Extrait de la Revue de Champagne et de Brie).
7. Le Perche-Gouet ou Bas-Perche, aujourd'hui en partie dans le département d'Eure-et-Loir, avait pour chef-lieu Montmirail.
8. Lavaré, Lavareium paroisse anciennement de l'archidiaconé de Montfort et du doyenné de La Ferté, aujourd'hui du doyenné de Vibraye.
9. « Ego Philippus, heres terre Gœti et dominus, tam futuris quam presentibus notifico.... Et insuper quod in eodem anno ego crucem habens Iherusalem ire debebam, eis in pactum habui et in manu cepi quod qui post motionem meam terre mee curam gereret, sive Theobaldus Daniolii sive alius, sicut et meos vice mea eos garentiret, custodiret et defenderet. Et ita eos ad defendendum pro posse suo in manu cepit Theobaldus Daniolii, in cujus cuslodia ego Iherusalem proficiscens dereliqui. Preterea, ne hoc factum a Herveo domino et patre meo, si de Iherusalem rediret, vel alio in terre dominio, si ego non redirem, mihi succedente, posset quassari et in irritum duci, et ne amplius de castelli infractione ab alio post me possent accusari, finem (sic) quam mecum fecerunt de omnibus rebus et pactum quod eis habui, munitione et caractere mei sigilli confirmavi. — Hujus rei testes.... Matheus, prior de Lavare tunc temporis, in cujus prioratus tempore compositio facta fuit, anno ab Incarnatione Domini MCXXXX » Cartulaire de la Couture, page 55-56.
10. Cf. A. Angot Les croisés de Mayenne en 1158 ; étude critique, Laval, 1896 ; Les croisés et les premiers seigneurs de Mayenne ; origine de la légende, Laval, 1897.
11. A. Angot, Les croisés de Mayenne en 115, page 16.
12. « Ego Fulco Ribole omnibus, presentem cartulam inspecturis salutem. Noverit universitas omnium tam futurorum quam presentium quod cum in Jerusalem, causa peregrinationis, iter arriperemus, caritatis intuitu et mei vel meorum parentum remedio peccatorum, unum convivium, quem pater meus super decimam de Siliaco reclamaverat eL ego ipse reclainabam, abbatie et monachis de Cultura libere et quiete dimisi et concessi... » v. 1158. Cartutaire de la Couture, page 71.
13. Cf. Bertrand de Broussillon tome I, page 72 ; n° 137-146 du Cariulaire, pages 100-106.
14. Pour la description et l'histoire de cette ville célèbre, voir notre article Accho dans le Dictionnaire de la Bible de M, Vigouroux, tome I, colonne 108-112 ; E. Rey, Les colonies franques de Syrie, Paris, 1883, page 451 ; Supplément à Vétude sur la topographie de la ville d'Acre au XIIIe siècle, extrait des Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de France, tome XLIX, Paris, 1889.
15. Voir dans D. Piolin, Histoire de l'Eglise du Mans, tome IV, page 188, ce qui se fit en particulier dans notre pays à ce sujet.
16. Cf. D. Piolin, Histoire de l'Eglise du Mans, tome IV, Pièces justificatives, pages 560, 561.
17. Cf. Bertrand de Broussillon, La Maison de Craon, tome I, page 78, note 1.
18. Cf. A. Ledru, Histoire de la Maison de Broc, Mamers, 1898, page 5, note 3.
19. Note de M. E. Rey.
20. Cf. Bonneserre de Saint-Denis, Notice historique et généalogique sur la Maison d'Anthenaise, in-8°, Angers, 1878, page 24, 23.
— Anthenaîse, Altanosa, Altanosia, Altenesa, etc., aujourd'hui La Chapelle Anthenaise, anciennement paroisse de l'archidiaconé et du doyenné de Sablé, actuellement du diocèse de Laval.
21. « Post captionem igitur sanctæ civitatis Jérusalem a paganis factam, sub Salaadino rege Babiloniæ, ego Mauritius [de Creon], cum regibus et principibus Christianis crucem meam tollens ut irem post Christi vestigia et desiderans Ierosolimitanæ terræ pro facultate mea subcurrere, pacem et benevolenciam abbaciæ et canonicorum prius querere volui quam iter meæ peregrinationis arriperem, et in capitulum de Rota veni et ecclesiæ de Rota et canonicis in eleemosinam concessi et in perpetuum confirmavi quod quicquid ipsi usque ad tempus hujus meæ peregrinationis adquisierant in tota terra mea in futuro tenerint omnibus annis omnino libere et quiete ab omnibus servitiis quæ ad me et ad meos heredes pertinebant... » Cf Bertrand de Broussillon, La Maison de Craon, tome I, page 83, 114.
22. Ce sceau, reproduit d'après Gaignières, paraît être fort rare. Le cliché nous a été gracieusement prêté par notre savant ami, M. G. Fleury. Voir Cartulaire de l'abbaye de Perseigne, page 78.
23. « Ego Robertus cornes Alenconis, dominus Sagonie, omnibus presentibus et futuris salutem in Domino. Noveritis me sanctissimas reliquias videlicet de ligno sancte crucis cum multis aliis reliquiis super altare abbatie de Persenia obtulisse et in nomine Dei et Beate Marie, qui mihi et bellatoribus meis victoriam dederunt in partibus sancte terre et de periculo inimicorum meorum et de tormento maris me et meos libere et honorifice liberaverunt, eas reliquias et grangiam meam de Sicca-Noa cum domibus, terris, pratis et aliis pertinentiis suis Capeilanis meis videlicet monachis dicte abbatie et successoribus suis dedisse... » Cartulaire de l'abbaye de Perseigne, publié par G. Fleury, in-4°, Mamers et Le Mans, 1880, page 24.
— Sagonia, Sagonium, le Sonnois. « Le Sonnois comprend le territoire des doyennés de Sonnois et de Lignières ; partie de celui des doyennés de Ballon, Beaumont, Fresnai et Bonnétable. Saône, Saint-Rémi-du-Plain, et Mamers en ont été successivement le chef-lieu. Il est difficile de poser d'une manière certaine les limites de ce pays. » Th, Cauvin, Géographie ancienne du diocèse du Mans, Paris, 1845, page 490.
— Perseniay Perseigne, abbaye des religieux de l'ordre de Citeaux, fondée, en 1145, dans la forêt de Perseigne, paroisse de Neufchâtel.
24. « ... Neminein etiam bonorum latere volumus nos tam speciali amore Persenie abbatiam diligere ut ibidem, Deo annuente, juxta ossa dilecti fratris nostri Johannis nobis elegerimus sepulturam. Unde mandamus et mandando precipimus omnibus hominibus et fidelibus nostris ut ubique citra mare Jerosolimitanum nobis dies extremus vitam clauserit omnimode corpus nostrum ad predictam abbatiam referre satagant, et sicut proposuimus juxta fratrem nostrum sepulture nos tradant... Actum apud Perseniam anno Incarnationis dominice millesimo ducentesimo decimo quarto, mense martio » Cariulaire de l'abbaye de Perseigne, page 32.
25. « En une ile que l'on apele Saint-Nicholas... vint une estoires (flotte) de Flandres par mer où il ot moult de bone gent armée. De cele estoire fu chevetains (capitaines) Jehan de Neele, chastelains de Bruges, et Thierris qui fut fils le conte Phelippe, et Nicholas de Mailli » , J. de Villehardouin, De la conqueste de Consianiinoble, édit, de la Société de l'Hisioire de France, par M. Paulin Paris, Paris, 1838, page 15, n° XXX. — A. Ledru, Histoire de la Maison de Mailly, Paris, 1893, tome I, page 46.
— Bien que la Maison de Mailly n'appartienne pas originairement au Maine, elle a depuis longtemps dans notre pays de nobles représentants ; c'est pour cela que nous la mentionnons ici.
26. « R., dominus Montis-Mirabilis, universis fidelibus, Salutem. Notum sit omnibus quod, cum essem apud Montem-Mirabilem, arripiens inde iter meum proficiscendi, Deo volente, Jerosolimam, abbas Sancti-Karileffi, qui habet prebendam in ecclesia Beati-Juliani Cenomanensis, et Philippus de Ebriaco, ejusdem ecclesiæ canonicus presbyter, optulerunt michi, per dilectum militera meum G, de Bello-Monte, orationes ecclesie Beati-Juliani, hoc modo ; scilicet, quod, singulis diebus, in missa dominica, fiet oratio propria pro me et pro meo comitatu ; in duabus sinodis, singulis annis, usque ad complementum biennii, fiet deprecatio pro me et pro eis qui mecum sunt, et nominatim pro G. de Bello-Monte, socio meo, et cantabit unusquisque sacerdos, in synodo consutitus, unam missam pro me et pro hiis qui mecum sunt, et unaquæque abbatia unum trigintale, et, si de me humanitus contigerit, tantumdem facient pro me canonici, quantum facerent pro uno canonicorum suorum... Actum, anno gratie, M° CC° secundo » Livre blanc, n° DCXX, page 382.
— « Avec ces deux contes (Thibault, comte de Champagne, et Louis, comte de Blois et de Chartres), se croissèrent deux mult halt baron de France, Symon de Montfort et Rananz de Mommirail. Mult fut gran la renomée par les terres, quand cil dui hait homes sencroisièrent. De Villehardouin.
27. « Rotrodus, juvenis de Monte-Forti, omnibus ad quos littere iste pervenerint, Salutem in Domino. Universitati vestre notum facio, quod ego de fractione cymeteriorum de Gres, de Sancto-Quintino et aliorum, ad jus Cenomanensis ecclesie pertinentium, a canonicis ejusdem ecclesie veniam humiliter petii et accepi, et promisi firmiter sub religione jurisjurandi in eodem capitulo corporaliter prestiti, quod nullam vim in eis de cetero sum facturus, nec heres meus vel aliquis alius, in quantum potero impedire. Canonici vero ecclesie me iter Jerosolimitane peregrinationis arripientem in orationibus ecclesie receperunt » Commencement du XIIIe siècle. Livre blanc, n° XXVI, page 14.
28. « Ego Ludovicus, comes Blesis et Clarimontis, notum facio universis quod Hugo de Firmitate dedit monachis Sancti Petri de Firmitate piscationem quam habebat in aqua a moiendinis novis usque ad molendinum de Chavanz integre et libéré perpetuo possidendam. Preterea Iherusalem profecturus secunda vice, attendens quod XX. VI. solidi, quos pro decima furni sui, dictis monachis annuatim reddebat, ad justam illius décime solutionem non sufficiebant, pro salute sua et Beatricis uxoris sue, et patris sui et matris sue, et aliorum antecessorum suorum, adjecit in elemosinam predictis XXti VI solidis, prefata uxore sua concedente, XXti IIIIor solidos, volens et instituens, ut de cetero, pro decima nemoris et furni memoratis monachis annuatim Livre solidi ab ipso, et ab eis qui post ipsum furnum eumdem possessuri sunt reddantur in perpetuum... » 1202. Documents Chappée.
29. Universis presentem paginam fnspecturis C. archidiaconus et officialis Cenomanensis, salutem in Domino, Noverit universitas vestra quod, cum Willelmus Cressun conversus ex judeis iter Jerosolimis vellet arripere, ut saluti anime sue proficeret, pluribus bonis viris astantibus instantissime a nobis petiit, quod litteras nostras testimoniales cujusdam sue dîspositionis Laurentie uxori sue tradere d ignare mur... » 1211. Cartulaire de la Couture, page 169.
30. Cf. E. Hucher, Monuments funéraires et sigillographiques des Vicomtes de Beaumont au Maine, dans la Revue historique et archéologique du Maine tome XI, page 357, note 1.
31. « ... A die vero qua prefatus presbyter [Julianus] qui cruce signatus est, iter Jerosolimam arripiet, prefatum capitulum dictarum rerum habebit custodiam, et omnes redditus et obvenciunes et fructus inde perceptos ad opus sepe dicti presbyteri, donec redierit vel de morte ipsius certus nuncius extiterit, fideliter custodiet, eidem. si redierit, vel illius mandato, si obierit, cum omni integritate reddendos. Actum, anno Domini M° CC° septimo decimo, dominica post Translationem beati Martini » Livre blanc, n° CLXI, page 88.
32. Cf. Cariulaire de la Couture, page 199.
33. Cf. A. Ledru, Histoire de la Maison de Mailly, tome I, page 60 ; tome II, page 25.
34. « Omnibus.... Guido, Dei gratia Antisiodorensis episcopus, salutem. Notum facimus quod cum canssimus avunculus noster Droco de Melloto, dominus Locharum et Meduanæ, crucesignatus vellet in Terræ Sanctæ subsidiura proficisci, idem Droco et Elisabet, uxor ejus, in nostra præsentia constituti recognoverunt quod, cum alias, videlicet anno 1239, mense julio, idem Droco crucesignatus vellet in Terras Sanctæ subsidium transfretare, in perpetuam elemosinam legaverunt, dederunt et concesserunt monachis Fontis-Danielis C solidos cenomanenses annui redditus, pro anniversariis dictorum Droconis et Elisabet, die obitus ipsorum.... Datum anno Domini 1248, die Veneris proxima ante festum Beatæ Mariæ Magdalenæ » Cartulaire de l'abbaye cistercienne de Fontaine-Daniel, publié et traduit par A. Grosse-Duperon et E. Gouvrion, Mayenne, 1896, page 206.
35. Cf. A. Angot, Les croisés et les premiers seigneurs de Mayenne, page 6, note 1.
36. Cf. Recueil des Historiens de Francet tome XX, page 306.
37. Cf. A, Ledru, Histoire de la Maison de Mailly, tome II, page 32.
38. Nous tenons à répéter ici que nous n'entendons aucunement donner dans cette étude la liste complète des croisés manceaux, ni déposséder certaines familles d'une gloire à laquelle elles croiraient pouvoir prétendre.

Sources : Legendre, Alphonse. Le Saint-Sépulcre depuis l'origine jusqu'à nos jours et les croisés du Maine, essai historique. Le Mans 1898 BNF

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