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Les seigneurs de Giblet

Plus de vingt-cinq ans se sont écoulés depuis l'époque où je terminais l'impression des Familles d'Outremer de Du Cange.
Au moment où le ministère de l'Instruction publique décida la mise sous presse de cet ouvrage, mon plan d'achèvement s'écartant, pour la Syrie sainte, du cadre tracé par le célèbre érudit, il fut convenu que toute cette partie des additions serait réservée pour un appendice, destiné à venir compléter et rectifier, au besoin, ce répertoire historique, aussitôt que de nouvelles découvertes auraient étendu nos connaissances sur les principautés latines de Syrie.
Ne me faisant aucune illusion sur les lacunes existant dans les Familles d'Outremer ou sur les erreurs qui ont pu se glisser dans ce livre, je n'ai cessé, depuis ce temps, de m'occuper de cette partie de ma tâche, et le volume d'additions et de corrections à l'œuvre primitive est aujourd'hui terminé.
J'en détache pour la Revue de l'Orient latin le chapitre cou-sacré aux rectifications et compléments relatifs aux seigneurs de Giblet.
Dans ce travail j'ai dû refondre, à peu près complètement, en y faisant d'importantes additions, le texte des Familles d'Outremer jusqu'au tableau occupant la page 325, auquel j'ai encore apporté certaines modifications. Les seigneurs de Piles, issus de la maison de Giblet, qui occupent la page 328 du travail de Du Cange, demeurent tels que je les ai donnés primitivement.
Enfin, pour le texte des pages 329 à 336, formant un chapitre, que Du Cange a intitulé Autres Seigneurs du surnom de Giblet, je l'ai repris en mettant en œuvre tout ce que j'ai pu réunir de documents nouveaux sur ces divers membres de la famille de Giblet, dont la filiation ne peut s'établir d'une manière absolument régulière et suivie.
Sources : E. REY, Revue de l'Orient Latin, tome II, pages 398-402, Paris 1895.

Première branche des Gibelet

Le 26 juin 1109, Bertrand de Saint-Gilles concéda à l'église Saint-Laurent, cathédrale de Gènes, la ville de Giblet, dont il venait de se rendre maître, le château de Roger le Connétable et le tiers de Tripoli. Des concessions analogues avaient été faites à la république de Gênes par Bohémond Ier, prince d'Antioche, dans cette ville, au Soudin, et par Tancrède à Laodicée.
Guillaume Embriac figure le premier parmi les commissaires génois à qui la ville fut alors remise.
Les consuls génois paraissent avoir cédé la ville de Giblet, â titre de fief héréditaire, mais soumis à une redevance, à : Guillaume Embriac, qui avait pris une part très active à la première croisade, notamment au siège de Jérusalem. Guillaume fut la souche des seigneurs de Giblet.
Il avait un frère nommé Nicolas; ce dernier reçut, dans les mêmes conditions, les immeubles concédés à la république de Gênes par les princes d'Antioche au Soudin et à Laodicée, et nous le voyons souscrire, au mois de décembre 1127, la confirmation de ces privilèges par le prince Bohémond II, avec les grands officiers de la principauté d'Antioche.
Ce Nicolas paraît avoir eu deux fils : Hugues et Obert, qui, en 1144, se disaient cousins « consanguinei » de Guillaume II Embriac, seigneur de Giblet, et lui juraient fidélité .
Au mois de janvier 1147 les consuls de Gênes reconnaissent avoir reçu 300 livres des héritiers de Nicolas Embriac, pour les biens appartenant à la république de Gènes, au Soudin, à Laodicée et à Antioche, qui lui ont été concédés moyennant une redevance. Ces héritiers se nomment Hugues et Nicolas Embriac, et, en janvier 1154, les consuls de Gènes leur renouvellent pour vingt-neuf ans, à eux et à leurs héritiers, la concession des biens qu'ils occupent à Antioche, à dater du jour de la Purification de la présente année 1154.
On ignore le nom de la femme de Guillaume Embriac, que je désigne sous le nom de Guillaume Ier.
La date de la mort de celui-ci nous est inconnue.

Hugues Ier Embriac, son fils, seigneur de Gibelet, souscrit, en 1127 (8), un acte de Pons, comte de Tripoli. Il épousa une dame nommée Adelis ou Adelasie. Elle était déjà veuve en 1135, quand elle donna au Saint-Sépulcre une rente annuelle de 12 besants et 120 litres d'huile pour l'âme de son mari.
De ce mariage étaient issus plusieurs fils, dont l'aîné :
Guillaume II Embriac figure à l'acte dont je viens de parler.

Le 13 décembre 1139, il souscrit avec les autres feudataires un acte de Raymond II, comte de Tripoli.
Guillaume paraît encore comme témoin, en 1142 et au mois d'août 1145, dans deux actes du même prince ; en 1151, il figure au même titre, dans un acte d'Armensende de Château-Neuf.

La commune de Gènes confirma à Guillaume Embriac, en 1154, la possession de Giblet et celle de biens appartenant à la république dans la ville de Laodicée ( ?) : « in Lezhiam »
En 1159, il est cité comme ayant des biens à Laodicée.
En 1157 Guillaume Embriac, seigneur de Giblet, vend, avec le consentement de Sanche, sa femme, et de Hugues son fils, une maison sise à Tripoli.
De son mariage avec Sanche, Guillaume II eut quatre fils : Hugues qui lui succéda; Bertrand, Raymond et Guillaume, qui furent les chefs des quatre branches de la maison de Giblet, et une fille, nommée Agnès, mariée à Guarmond Ier, seigneur du Bessan, ce qui concorde avec les anciens chapitres XV et XVI du Lignage (voyez Familles d'Outremer, pp. 250 et 325). La concordance des dates s'établit beaucoup mieux avec le texte primitif qu'avec celui qui fait épouser à Guarmond Ier du Bessan une fille d'Hugues de Giblet, seigneur du Besmedin, et d'Agnès de Ham.
Les trois branches cadettes ayant pour auteur Raymond, Bertrand et Guillaume, feront l'objet de trois chapitres qui trouveront place à la suite de la branche aînée de la maison de Giblet.

Hugues II, fils de Guillaume II et de Sanche, souscrit, comme seigneur de Giblet, le 15 juin 1163, un acte de Raymond III, comte de Tripoli, relatif à des maisons possédées à Laodicée par les Amalfitains.
En mars 1168 il accorde franchise commerciale entière aux Génois dans la seigneurie de Giblet.
Hugues souscrivit encore, en décembre 1174, avec Raymond, son frère, un acte de Raymond II, comte de Tripoli, et, peu après, il concéda, avec le consentement de ce prince, de concert avec Raymond, son frère, et Hugues, son fils, une terre à l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem. Parmi les témoins, de ce dernier acte figurent Henry et Renaud de Giblet, mais je ne saurais dire s'ils appartenaient à la famille ou si ces deux chevaliers étaient simplement fixés dans la ville de Giblet.
La redevance due à la cathédrale de Gênes par la seigneurie de Giblet parait être demeurée en souffrance, car le pape Alexandre III écrivit, le 25 avril 1179, à Hugues, pour l'inviter à solder à cette église ce qu'il lui devait pour son fief.
Le 9 août de la même année, Hugues II fut témoin, avec les autres feudataires du comté, d'un acte de Raymond II de Tripoli, relatif à une maison possédée dans cette ville par les Pisans.
Nous ignorons le nom de la femme d'Hugues II Son fils :

Hugues III, dit le Boiteux, que nous voyons souscrire des actes de son père, de 1177 à 1184, date à laquelle il parait lui avoir succédé dans la seigneurie de Giblet, ne semble pas avoir été plus exact que son père à s'acquitter envers l'église de Gênes, car, le 11 mars 1186 le pape Urbain III lui écrit à ce sujet et demande en même temps à Raymond, comte de Tripoli, de veiller à ce que la rente de Saint-Laurent de Gênes soit régulièrement payée par le seigneur de Giblet.
De son mariage avec Étiennette de Milly, fille de Henry de Milly, frère de Philippe, seigneur de Naplouse, Hugues eut deux fils : Guy, qui lui succéda; Hugues, décédé sans enfants en 1205, et deux filles : Plaisance, qui fut femme de Bohémond IV, prince d'Antioche et comte de Tripoli, et Pavie, mariée à Garnier Alaman.

Guy Ier, fils d'Hugues III et d'Étiennette de Milly, souscrit, le 7 mars 1186 comme seigneur de Giblet, un acte de Guy de Lusignan, roi de Jérusalem, en faveur de l'ordre Teutonique.
C'est de son temps que les Sarrasins s'emparèrent de Giblet, en 1187, à la suite de la bataille de Hattin ; mais grâce à l'habileté de sa mère qui avait réussi à se mettre en relations avec l'émir commandant Giblet, cette ville lui fut rendue en 1197.
C'est lui, je crois, que l'on voit figurer, le 26 août 1199 avec ses oncles Bertrand, Raymond et Guillaume de Giblet, comme témoins de l'acte par lequel Bohémond IV rétablit la paix avec les Pisans, qui lui payèrent une indemnité de 8,000 besants pour les dommages qu'ils avaient exercés dans le comté de Tripoli.
En janvier 1212, Guy Ier concéda à l'Hôpital 1,000 besants de rente qu'il avait reçus de Bohémond IV pour dot de sa femme.
En 1217, il prit part, avec Bertrand Ier de Giblet (troisième branche), son oncle, et Guillaume, fils de Hugues de Giblet, seigneur du Besmedin, son neveu, à la croisade d'André II, roi de Hongrie. Ce seigneur paraît avoir été extrêmement riche, car, au mois de septembre de l'année suivante, il prêta 50,000 besants au duc d'Autriche pour le déterminer à rester au siège de Damiette.
Le 2 novembre 1217, il concède un privilège commercial aux Vénitiens.
En 1228, il prit parti pour l'empereur Frédéric II contre les Ibelins et prêta à ce prince 30,000 besants sarrasins lors de son arrivée à Chypre.
En mars 1233, il souscrit un privilège de Bohémond V en faveur des Pisans.
De son mariage avec Alix d'Antioche, sœur de Bohémond IV, il eut trois fils : Henry, qui lui succéda ; Raymond, chambellan du prince d'Antioche, et une fille, Agnès, mariée à Barthélémy, seigneur du Soudin. Bertrand son troisième fils, ne nous est connu que par la charte de fondation de l'abbaye de Saint-Serge, près de Giblet, où il figure au mois de septembre 1238.

Henry, fils de Guy Ier et d'Alix d'Antioche, paraît avoir eu bientôt des démêlés avec le comte de Tripoli, car on le voit figurer, en octobre 1252, parmi les gentilshommes du comté à qui Thomas Bérard, grand maître du Temple, accorda un sauf-conduit pour leur permettre de se rendre à Tripoli sans avoir rien à craindre de Bohémond.
Le 22 février 1256 Henry, seigneur de Giblet, est choisi par Bohémond IV, prince d'Antioche, et le grand maître Guillaume de Châteauneuf comme arbitre chargé, avec Geoffroy le Tort et le grand commandeur Hugues de Revel, de trancher les différends qui s'étaient élevés entre le prince et l'Hôpital.
Le 14 avril 1259, Henry souscrit à Mont-Pèlerin, comme seigneur de Giblet, la vente du casal de Boutourafig et de quinze pièces de terre, faite â l'Hôpital par Hugues de Giblet, père de feu Bertrand II, à la suite du meurtre de ce dernier.
Le 1er mai 1262 il est témoin, au palais de Tripoli, de la convention arrêtée entre le comte Bohémond VI et le grand maître Hugues de Revel, tendant à ce que tout différend qui s'élèverait désormais entre eux fût réglé par arbitrage.

Henry avait épousé Isabelle, fille de Balian d'Ibelin, seigneur de Barut, et sœur de Jean II d'Ibelin-Barut, dont il eut quatre fils et une fille. L'aîné est Guy II, qui suit. Viennent ensuite, sans que l'on sache dans quel ordre, Balian et Baudouin, morts sans postérité. Balian me semble être le même personnage qu'Amadi désigne sous le nom de Balian d'Ibelin, sire de Giblet, qui mourut le 26 août 1313 et fut enterré à Sainte-Sophie de Nicosie. Le quatrième fils de Henry, qui portait le nom de Jean, épousa la fille d'Hugues Salaman dont il eut deux enfants morts en bas âge. Quant à la fille, elle devint la femme de Balian le jeune, seigneur de Sagette.
La date de la mort de Henry de Giblet ne nous est pas exactement connue, mais elle doit être très voisine de l'année 1271.

Guy II, dit d'Ibelin, fils de Henry et d'Isabelle d'Ibelin, rentra en possession, le 2 juin 1271, de quarante-quatre chartes de privilèges déposées par son père chez les Hospitaliers.
Guy prit le surnom d'Ibelin du chef de sa mère, ce qui a causé parfois des confusions au sujet de ce seigneur avec des homonymes de la famille d'Ibelin.
Au mois de janvier 1273, il donna à l'Hôpital le casal de Maouf avec toutes ses dépendances.
Le 1er octobre 1274 il fit un testament par lequel il mit sa personne, ses biens et ses héritiers sous la protection de l'ordre de l'Hôpital, instituant sa fille Marie son héritière, dans le cas où il mourrait sans enfants, et lui donnant pour tuteur Bertrand de Giblet, son oncle.
Nous savons qu'au début, Guy II était très attaché à Boémond VII, comte de Tripoli, dont il était devenu le cousin germain par son mariage avec Marguerite, fille de Julien, seigneur de Sagette; mais il advint que Guy voulut marier son jeune frère Jean avec la fille d'un riche feudataire du comté de Tripoli, nommé Hugues Salaman. Boémond VII approuva d'abord cette union, puis, à l'instigation de Barthélémy Mansel (?), évêque de Tortose, régent du comté, qui désirait obtenir la main de la jeune fille pour son neveu, le comte de Tripoli devint contraire au mariage qui eut lieu malgré son opposition.
Guy s'empressant de se saisir du fief apporté en dot par sa belle-sœur, le comte de Tripoli le cita devant la haute Cour.
Guy, qui était affilié, comme confrère, à l'ordre du Temple, se rendit, en toute hâte, à Acre, pour solliciter l'appui du grand maître, Guillaume de Beaujeu, fort irrité alors du récent pillage de la maison du Temple de Tripoli par les sergents du comte durant les troubles qui s'étaient produits dans cette ville, vers 1275, à l'occasion de la querelle survenue entre Boémond VII et Barthélémy, évêque de Tortose, régent du comté, d'une part, et Paul de la Segnia, évêque de Tripoli, oncle du comte, de l'autre.
A la demande de Guy, le grand maître amena des troupes à Giblet, puis, de concert avec le seigneur de cette ville, s'avança jusqu'aux portes de Tripoli et détruisit le château du Boutron.
Quand Guillaume de Beaujeu fut de retour à Acre, laissant quelques chevaliers de son ordre à Giblet, le comte de Tripoli s'avança vers cette ville avec des forces assez nombreuses ; mais Guy de Giblet se portant à sa rencontre lui infligea un sanglant échec. Ce combat eut lieu près du casal de Dôma, entre le Puy du Connétable et le Boutron. A la suite de cet événement une trêve d'un an fut conclue entre les deux parties.
A peine la trêve expirée, les hostilités reprirent, en 1279, et le château de Nephin fut assiégé par les Templiers et le seigneur de Giblet. Après une nouvelle bataille perdue par le comte de Tripoli, ce dernier se résigna, le 16 juillet, à conclure la paix avec l'ordre du Temple, par la médiation de Nicolas de Lorgne, qui venait d'être élu grand maître de l'Hôpital.
Cette paix fut malheureusement plus apparente que réelle, et le Temple ne cessa d'exciter Guy à s'emparer de Tripoli. Celui-ci, après deux tentatives infructueuses, se lança, le 12 janvier 1282, dans une nouvelle entreprise.
Il débarqua près de Tripoli; mais ne trouvant pas au rendez-vous les adhérents sur lesquels il comptait, et se voyant abandonné de ceux-là-mêmes qui l'avaient poussé à agir, il se réfugia avec ses deux frères, Jean et Baudouin, son cousin Guillaume de Giblet, fils de Bertrand II (troisième branche), André de Clapières, X. Porcellet et plusieurs autres à la maison de l'Hôpital où il fut aussitôt assiégé par le comte de Tripoli. Il se rendit à lui sur la promesse d'avoir la vie sauve, promesse garantie par le commandeur de l'Hôpital. Mais, en dépit de cette capitulation, Guy de Giblet et ses compagnons furent conduits à Nephin où, après une procédure sommaire, Guy, Baudouin et Jean ses frères, ainsi que Guillaume de Giblet, leur cousin, et André de Clapières, furent emmurés dans un souterrain, où ils moururent de faim dans les derniers jours du mois de février.
Guy fut le dernier seigneur qui posséda Giblet.
Boémond VII fit alors occuper cette ville par ses troupes ; mais, en 1289, elle fut prise par les Égyptiens.
De son mariage avec Marguerite de Sagette, Guy laissait deux fils : Pierre qui suit, Sauve, mort jeune; et deux filles : Marie, qui épousa Philippe d'Ibelin, sénéchal de Chypre, et Catherine, mariée à Jean d'Antioche.

PIERRE de GIBLET, fils de Guy II et de Marguerite de Sagette, paraît s'être retiré à Chypre, car, en 1307, nous le voyons figurer parmi les chevaliers demeurés fidèles au roi Henry II.
L'année suivante, il est, avec Balian d'Ibelin le Malguarni, un des quatre chevaliers laissés à ce roi. Pierre de Giblet était alors pourvu de l'office de baile des casaux du roi. Cette charge lui fut enlevée, dans les premiers mois de l'année 1310, par le prince de Tyr, qui la confia à Balian de Montgisard.
Quand, à la suite du meurtre du prince de Tyr (5 juin 1310), le roi Henry recouvra sa couronne, au mois d'août de la même année, Pierre de Giblet fut chargé par Ague du Bessan de prendre possession du château des Cerines, au nom du roi.
Il avait épousé Douce de Gaurelée, veuve en premières noces de Jean de Piquigny. Nous ignorons s'il y eut postérité de ce mariage.

Deuxième branche des Giblet

RAYMOND de GIBLET, second fils de Guillaume II, souscrit avec son frère Hugues, au mois de décembre 1174 un diplôme de Raymond, comte de Tripoli, en faveur de l'Hôpital.
Durant les années 1181-1183, il paraît dans plusieurs actes de Raymond II comte de Tripoli, et de Boémond III d'Antioche, comme connétable de Tripoli.
En avril 1185, il assiste à la confirmation par le même prince d'un échange de casaux entre l'Hôpital et Raymond de Trois Clés.
Au mois de février 1186 , il donne à l'Hôpital le casal de Messarkoun. Cet acte est passé à Antioche en la chancellerie et avec le consentement de Boémond III.
Raymond souscrit à la même époque la confirmation par ce dernier prince de la cession à l'Hôpital du château Brahim, d'Aleïka et d'autres localités qui sont remises à l'Ordre par Bertrand de Margat.
Le 8 février 1197, il fut témoin à Acre de la vente à l'ordre Teutonique des casaux d'Aguille et du Fierge par Amaury de Lusignan, roi de Jérusalem. Le 21 août 1198 (8), Raymond de Giblet le jeune et Bertrand, son frère, souscrivent un acte de Boémond III, prince d'Antioche et comte de Tripoli.
Aux mois d'août et d'octobre de la même année, Raymond paraît encore à Tyr et à Acre comme témoin de trois actes du roi Amaury.
La date de la mort de Raymond de Giblet nous est inconnue. Nous savons qu'il épousa une dame d'Antioche, nommée Eve. De ce mariage il ne paraît avoir eu qu'un fils :
JEAN de GIBLET, qui, en 1259, devint maréchal du royaume de Jérusalem.
Jean fut fait prisonnier, l'année suivante, a l'échauffourée causée par Etienne de Saisy, maréchal du Temple, et dut payer 20,000 besants pour sa rançon. Il paraît être mort vers 1263.
Nous savons qu'il fut marié deux fois. En premières noces, il épousa une fille de Gautier de Césarée qui le rendit père d'Isabelle. Cette dernière, dit le Lignage, devint la femme de Guillaume Felangier. Ne s'agirait-il pas ici plutôt de Lother Filangieri, maréchal du royaume de Jérusalem pour l'empereur Conrad et frère du baile impérial en Syrie ? Car, en 1242, à la suite de la capitulation de Tyr et de la retraite des impériaux, Lother se retira à Antioche, où Boèmond V lui fit le meilleur accueil. On sait également que grâce à la bienveillance de ce prince, il y contracta un riche et noble mariage et demeura dans cette ville jusqu'à sa mort.
De son mariage avec Isabelle de Giblet, Lother n'eut qu'un fils, nommé Ithier , connu seulement par le Lignage et qui fut tué à Tripoli.
En secondes noces, Jean de Giblet épousa Jeanne de Lanelée, dont il eut deux fils : Balian et Jean, qui paraissent être morts sans postérité, ainsi qu'une fille Euphémie, mariée à Jean de Soissons.
C'est ici que s'arrête la descendance de Raymond de Giblet, second fils de Guillaume II de Giblet.

Troisième branche des Giblet

BERTRAND Ier de GIBLET, troisième fils de Guillaume II, souscrit, au mois de janvier 1193, un acte de Geofroy de Donion, grand maître de l'Hôpital.
Le 26 août 1199, il figure avec ses frères, Raymond et Guillaume, ainsi qu'avec son neveu, Guy Ier, seigneur de Giblet, au nombre des témoins de l'acte par lequel les Pisans s'engagent à payer à Boémond IV, comte de Tripoli, une somme de 8,000 besants comme compensation des ravages qu'ils ont exercés dans le comté.
Il épousa, vers 1186, la princesse Dolète, sœur de Léon Ior, roi d'Arménie.
Nous le voyons encore paraître en 1206 comme témoin d'un acte de Geofroy le Rath, grand maître de l'Hôpital.
En 1217 , il prit part, ainsi que Guillaume de Giblet, fils de Hugues, seigneur du Besmedin, et Guy Ier, seigneur de Giblet, ses neveux, à la croisade d'André II, roi de Hongrie. Le 23 juillet de la même année, il souscrit, à Nicosie, un acte de Bertrand de Margat.
De son mariage avec Dolète, il eut un fils, Hugues, qui suit :
HUGUES de GIBLET, fils aîné de Bertrand Ier, prit parti en 1229 pour l'empereur Frédéric II.
Il souscrit, au mois de juin de cette année, la donation du casal de Clavodie, faite à l'ordre Teutonique par Henry Ier de Lusignan, roi de Chypre.
En janvier 1236, il figure à Tripoli au nombre des témoins de la confirmation de la vente des casaux de Zekkanin et d'Arabia au même ordre, et au mois d'août 1243, il souscrit une donation de son cousin, Jean de Giblet, fils de Raymond de Giblet, seigneur du Besmedin.
Le 14 avril 1259, à la suite, je crois, du meurtre de son fils Bertrand, il vend à l'Hôpital le casal de Boutourafig et divers lots de terre qu'il possédait aux environs de Tripoli. Il avait épousé Marie Porcellet dont il eut un fils :
BERTRAND II de GIBLET, qui prit part à la croisade de saint Louis et assista au siège de Damiette. Il refusa de s'associer à la guerre contre les Génois d'Acre, ce qui irrita vivement contre lui Boémond VI, comte de Tripoli.
En 1258, il fut à la tête de l'attaque dirigée contre Tripoli par les seigneurs de Giblet et du Boutron et blessa d'un coup de lance le comte Boémond VI dans une sortie. Peu de temps après, Bertrand périt dans un guet-apens que lui tendirent des paysans syriens à l'instigation du comte de Tripoli .
De son mariage avec Béatrix du Soudin il laissa quatre enfants, dont deux fils :
Barthélémy, qui suit, et Guillaume, qui ne nous est connu que par les Lignages, mais qui est bien le même, il me semble, que celui emmuré à Nephin en 1282, avec Guy de Giblet, son cousin; et deux filles : Lucie, mariée à Jean du Boutron en 1297, et Marguerite, qui épousa Baudouin d'Ibelin.
C'est d'eux, je crois, qu'il est fait mention, au mois d'octobre 1252, dans une lettre de sauvegarde de Thomas Bérard, grand-maître du Temple (8).
BARTHELEMY de GIBLET, fils de Bertrand II et de Béatrix du Soudin, épousa Helvis de Scandelion, dont il eut deux fils et une fille.
Le 17 octobre 1286, à Tripoli, il reconnaît avoir reçu de l'ordre de l'Hôpital de Notre-Dame des Allemands une somme de 3,500 besants sarrasins.
L'année suivante, il devint maire et chevetain de la commune de Tripoli, qui s'établit à la suite de la mort de Boémond VII, et il fut tué au moment de la prise de cette ville par les Musulmans, le 26 avril 1288.
De son mariage avec Helvis de Scandelion, il avait eu deux fils, Bertrand, qui suit, et Hugues, et une fille, Agnès.
Peu de temps avant sa mort, il avait résolu de marier l'aîné de ses fils :
BERTRAND III de GIBLET, à une des filles laissées par Guy II, et Agnès, sa fille, à Pierre, fils du même seigneur ; mais la prise de Tripoli paraît avoir empêché ces deux unions, car Hugues, son second fils, ayant épousé Catherine, fille de Grégoire de la Roche, maria ensuite Agnès de Giblet, sa sœur, à Gauvain de la Roche, son beau-frère.

Quatrième branche des Giblet (Seigneur de Besmedin)

GUILLAUME Ier de GIBLET du BESMEDIN (1165-1199), quatrième fils de Guillaume II Embriac, ne nous est connu que par le Lignage . Il épousa Fadie, fille de Manassès d'Hierges, connétable du royaume de Jérusalem; de ce mariage, il eut un fils :
HUGUES de GIBLET (1170-1220), premier seigneur du BESMEDIN (village aujourd'hui nommé Bordj-Beschmezïn, et situé dans le canton du Koura), épousa Agnès, fille de Gérard de Ham, connétable de Tripoli, dont il eut quatre fils et une fille. L'aîné des fils, RAYMOND de GIBLET du BESMEDIN (1220-1253), épousa, en premières noces, Marguerite, sœur de Pierre, seigneur de Scandelion et succéda à son père dans la seigneurie du Besmedin.
GIRARD, prit de sa mère le surnom de Ham et mourut sans postérité (1225).
GUILLAUME, sur lequel je reviendrai bientôt, marié à Anne de Montignac, fut l'auteur de la branche cadette des Giblet, seigneurs du Besmedin
ADAM devint, d'après le Lignage , seigneur d'Adelon, ce qui me semble difficile à admettre, à moins de circonstances qui nous seraient encore inconnues.
AGNES, la fille, épousa Thierry de Tenremonde et en eut un fils, Daniel, et une fille, Marguerite.
RAYMOND de GIBLET du BESMEDIN eut de son premier mariage, un fils, Jean, qui épousa Poitevine, fille du maréchal de Tripoli, et deux filles, Eschive, mariée à Raymond Visconti, et Agnès, qui ne nous est connue que par les Lignages et paraît être morte jeune.

JEAN Ier de GIBLET, dont il a été question ci-dessus, n'eut de son mariage avec Poitevine qu'une fille, qui épousa Bertrand de Montolif.
Raymond ayant épousé en secondes noces, Alix, fille du seigneur du Soudin, en eut trois fils : Hugues, Henry et Bertrand; et deux filles : Suzanne et Marie.
Hugues, Bertrand et Suzanne moururent jeunes. Marie épousa Guy de Montolif.
HENRY devint seigneur du BESMEDIN. Après avoir échappé au massacre qui suivit la prise de Tripoli, le 26 avril 1288, il se retira à Chypre.
En 1299, il accompagna en Syrie Guy d'Ibelin, envoyé au-devant du khan des Tartares, et il prit part à l'occupation de Tortose et de l'île de Rouad par les Templiers. Il paraît avoir été assez mêlé aux événements amenés par l'usurpation du prince de Tyr.
Appelé comme témoin, le 5 mai 1310, à l'enquête ouverte à Chypre contre l'ordre du Temple, Henry de Giblet déclara sous la foi du serment, devant l'évêque de Famagouste, qu'il ne savait que du bien des Templiers et qu'en 1288 il les avait vus combattre vaillamment à la défense de Tripoli.
A la suite du meurtre du prince de Tyr (5 juin 1310), il fut témoin de l'accord conclu entre la reine mère et le connétable, et il se trouvait au nombre des quarante chevaliers qui vinrent à Nicosie pour soutenir la reine; mais il fut bientôt interné par Ague du Bessan au casal de Tricomo clans le Carpas.
Venu à Nicosie pour attendre le retour du roi et lui faire sa soumission, il descendit à l'archevêché et y fut assassiné, dans la nuit du 9 septembre 1310. Il fut enterré au monastère de Saint-François.
De son mariage avec Marguerite, fille de Baudouin de Morf, seigneur de Cueillies, il eut un fils, Jean, qui suit, et une fille, Marie, connue seulement par le Lignage

JEAN II de GIBLET, fils de Henry et de Marguerite du Morf, seigneur du BESMEDIN, fut témoin à Nicosie, le 3 juin 1306 G, du traité conclu entre Amaury, prince de Tyr, régent du royaume, et la république de Venise.
L'année suivante, le prince de Tyr le fit interner au casal de Coracou, avec d'autres chevaliers dont il se défiait.
En 1308, Jean de Giblet prit ouvertement parti pour le prince de Tyr et fut un des chevaliers qui s'établirent en armes devant le palais du roi (8).
A la suite de la mort du prince de Tyr, Ague du Bessan, lieutenant du roi, fit arrêter Jean de Giblet et voulait l'envoyer à Rhodes; mais, à la demande de la reine mère, il fut autorisé à demeurer en Chypre.
Le 5 octobre 1315, il assista au traité de mariage de Fernand de Majorque et d'Isabelle d'Ibelin.
M. de Mas Latrie lui attribue une lettre adressée à Jacques II, roi d'Aragon, entre les années 1310 et 1324, où il exprime sa reconnaissance envers Henry II de Chypre.
Jean de Giblet est encore mentionné le 21 février 1338, dans le traité conclu alors à Nicosie, entre le roi Hugues IV et la république de Gênes. Mais on ne saurait dire s'il vivait encore à cette époque.
De son mariage avec Marguerite du Plessis, il n'eut qu'une fille nommée Marie.

GUILLAUME II de GIBLET, troisième fils de Hugues, seigneur du Besmedin, est très probablement le même qui souscrit, en décembre 1204, un acte de Boémond IV, prince d'Antioche, et, en février 1207, un acte de Julienne, dame de Césarée. Mais c'est bien certainement lui qui, en 1217, prit part, avec Bertrand Ier de Giblet, son oncle, à la croisade d'André II, roi de Hongrie, et qui, pendant le siège de Damiette, en 1219, fut chargé de traiter de la paix avec le sultan Malek el Kamel.
Il obtint alors des conditions avantageuses pour les chrétiens ; malheureusement, le légat par ses exigences empêcha la conclusion du traité.
Nous savons qu'il mourut antérieurement à 1243.
Guillaume de Giblet avait épousé Anne de Montignac, dont il eut trois fils et quatre filles (8) : Eudes et Girard morts jeunes et Jean, qui suit; quant aux filles, Estefenie épousa Amaury le Bernier, Marie fut femme d'Amaury le Flamenc, Femie et Agnès moururent jeunes et sans avoir été mariées.

JEAN III de GIBLET, fils de Guillaume et de Jeanne de Montignac, que le Lignage dit avoir été seigneur de Saint-Foucy est probablement celui qui figure, le 18 novembre 1241, parmi les témoins de l'accord conclu entre Boémond IV, prince d'Antioche, et Pierre de Ville Bride, grand maître de l'Hôpital.
En août 1243, Jean, fils de feu Guillaume de Giblet, concède à l'Hôpital de Jérusalem un droit de mouture à son moulin, dit de la Mer, à Tripoli.
Jean de Giblet eut, de son mariage avec Gillette d'Angiller, un fils, qui suit, et deux filles, Marie et Eschive. Ces dernières ne nous sont connues que par le Lignage.

GUILLAUME III de GIBLET, fils de Jean et de Gillette d'Angiller , d'abord chevalier stipendié au service du roi Henry II, à qui il demeura fidèle, fit partie de la maison de ce prince jusqu'à sa mort, survenue le 30 mars 1324. Il semble avoir été membre, avec Hugues de Beduin, Hugues de Lusignan, connétable de Chypre, et Thomas de Piquigny, baile de la Secrète, du conseil de régence établi alors, en attendant le couronnement du roi Hugues II, qui eut lieu le 15 avril suivant.
Il souscrit comme témoin, le 16 février 1329, le traité conclu par le roi Hugues IV avec la république de Gênes.
Nous ignorons le nom de sa femme. Il fut père de :
JEAN IV de GIBLET, qui prit part, en 1365, à l'expédition de Satalie (8) et fut l'un des seize seigneurs chargés par le roi Pierre Ier, le 16 janvier 1368, de la revision des assises du royaume de Chypre.
Au mois d'octobre 1372, au moment des troubles de Famagouste, il fut envoyé par le roi avec Jean de Gorab et Hugues de Mimars au podestat des Génois de cette ville.
En 1373, il s'efforça d'empêcher l'admission des Génois dans le château de Famagouste.
Le 30 avril de l'année suivante, il fut emmené comme otage à Gênes, avec l'élite de la noblesse chypriote.

Autres Seigneurs du surnom de Giblet

Il est évident qu'il exista encore d'autres branches de la famille de Giblet ; mais la filiation ne nous en est pas connue.

Dans un acte du Cartulaire du Saint-Sépulcre, de 1135, Adélasie, veuve de Hugues Ier de Giblet (première branche), mentionne, dans les termes suivants, outre Guillaume II, son fils aîné, l'existence d'autres fils : Pro salvatione mea ac filiorum meorum .

Il y a donc lieu de penser que les nombreux membres de la famille de Giblet que nous connaissons et que je vais énumérer ici, mais qui n'ont pu trouver place dans les arbres précédents, descendaient des frères cadets de Guillaume II.

ETIENNE de GIBLET fut père de :
RENIER, dit le vieil, qui souscrit, en 1160, un acte de Hugues, seigneur de Césarée, en faveur de l'ordre de Saint-Lazare.
L'année suivante, il souscrit encore un acte du même seigneur, établissant une rente de 25 besants sur les revenus de la citerne de Caco.
C'est probablement ce personnage qui est cité par Philippe de Novare, comme un homme sage, subtil et bon plaideur, et qui fut envoyé en 1195 par le roi, Amaury à l'empereur Henry VI, pour obtenir de lui le titre de roi de Chypre. Il souscrivit encore deux actes de ce prince, en 1195 et 1197. Il paraît avoir reçu de vastes fiefs en Chypre et laissa quatre fils : Amaury, Arneis, Renier le jeune et Josselin.
Nous savons qu'avant sa mort, leur père partagea entre eux ses fiefs. Renier reçut celui de Pistachi; Josselin celui d'Avegore. Quant a Amaury, l'aîné, il reçut celui de Piles, ce qui permettrait, peut-être, sans trop de témérité, de le considérer comme ayant été le père de Jean de Giblet, seigneur de Piles, dont la descendance occupe tout le tableau de la page 328 des Familles d'Outremer. Celle de Josselin s'y trouve page 240.

On voit aussi en 1165 un :
HENRY de GIBLET, qui souscrit deux actes de Roger, chevalier de Cayphas, et de Vivien, seigneur de cette ville. Il figure, en décembre 1174, cette fois en compagnie d'un autre membre de cette famille, nommé :
RENAUD de GIBLET, parmi les témoins d'un acte de Hugues III, seigneur de Giblet.
- Ce Renaud et Henry de Giblet, qui précède, sont déjà cités plus haut, mais je ne puis assurer s'ils étaient membres de la famille des seigneurs de Giblet ou s'ils portaient le nom de leur lieu d'origine ?

HENRY OU ERNEIS de GIBLET, bailli de la Secrète, fut laissé, en 1232, par Jean d'Ibelin à la tête du gouvernement de Chypre, pendant sa campagne en Syrie contre les Impériaux. C'est, je crois, le même qui est cité par Loredan à la page 119.

PHILIPPE de GIBLET souscrit, le 2 décembre 1233, à Nicosie, le traité conclu entre le royaume de Chypre et la république de Gênes.

RAYMOND de GIBLET fut fait sénéchal de Jérusalem par l'empereur Frédéric II et baile du royaume au nom de son fils Conrad. Il fut dépossédé de ce titre en 1239.

HENRY de GIBLET, archidiacre de Nicosie et chancelier du royaume de Jérusalem (1328-1330).

RENIER de GIBLET ne nous est connu que par la dalle tumulaire de sa femme Simone, fille de Guillaume Guers, décédée le 5 novembre 1351. Il m'a été impossible d'établir aucune filiation parmi ces membres de la famille de Giblet.

HENRY de GIBLET, dit le MENIKIOTE, du nom de la seigneurie de Menico, près d'Akaki, qu'il possédait dans le district de Morpho, en Chypre, prit part, au mois de juillet 1361, à la conquête de Satalie (Guillaume de Machaut, Prise d'Alexandrie.) Il est envoyé, au mois de juin 1365, à Venise, par Jean de Lusignan, prince d'Antioche, gouverneur du royaume en l'absence de son frère, pour prévenir le roi Pierre Ier que la flotte l'attendait à Rhodes. Avant de quitter l'Occident, le roi envoya Henry de Giblet à Gênes, avec une galère, pour y confirmer la paix avec la république. A son arrivée dans cette ville, Henry trouva le podestat, Jacques Salvago, qui se préparait à aller rejoindre le roi avec trois galères. Ils se rendirent ensemble à Rhodes, d'où le roi envoya Henry de Giblet à Nicosie, afin d'y annoncer officiellement la paix faite avec les Génois. Après avoir rempli cette mission, il retrouva la flotte royale et assista, le 9 octobre 1365, à la prise d'Alexandrie.
C'est vers cette époque qu'il paraît avoir été revêtu de la charge de vicomte de Nicosie. Le 16 janvier 1368, il fut au nombre des chevaliers désignés par le roi Pierre Ier, pour réviser le texte des assises du royaume.

Les bruits, répandus sur la conduite de la reine pendant l'absence de son mari, avaient profondément irrité le roi, qui traita sans ménagements la noblesse chypriote ; celle-ci commença à conspirer.

Le 8 janvier 1369, Henry de Giblet chassait avec deux beaux lévriers turcomans qu'il avait donnés à son fils Jacques, quand le jeune comte de Tripoli, fils du roi Pierre, voyant passer ces chiens en eut envie et les fit demander au fils du vicomte, qui les lui refusa en accompagnant son refus de paroles blessantes pour le prince et la famille royale.

Le roi, informé de cet événement, fit demander les chiens à Henry de Giblet, qui, prenant le parti de son fils, ne voulut pas les lui remettre. Le roi fit prendre les lévriers, et il en résulta un incident à la suite duquel le roi enlevait à Henry de Giblet la charge de vicomte de Nicosie et l'envoyait à Baphe, pendant qu'il faisait mettre aux fers Jacques de Giblet, son fils, et l'obligeait à travailler aux fossés de la tour Marguerite. Marie de Giblet, fille d'Henry et sœur de Jacques, alors veuve de Jean de Verny, fut obligée de se réfugier au monastère de Notre-Dame de Tortose, pour échapper au roi qui voulait la remarier à un tailleur, serf de Raymond de Babin, nommé Caras : sans égard pour l'asile, le roi l'en fit arracher et mettre à la torture. Cette dernière violence exaspéra l'aristocratie, et elle adressa des représentations fort vives au roi, qui n'en tint aucun compte. Alors, le 16 janvier, à minuit, les chevaliers se rendirent aux prisons et mirent en liberté les enfants d'Henry de Giblet ; puis, à l'aube, les conjurés se rendirent au palais, et, le 17 janvier 1369, Henry de Giblet fut un des meurtriers du roi.

Le 22 novembre 1373, l'amiral de Campo Fregoso, ayant envahi l'île de Chypre au nom de la république de Gênes, fit décapiter, à Nicosie, Henry de Giblet et les autres meurtriers de Pierre 1er.

JACQUES de GIBLET, fils de Henry qui précède, fut témoin, le 16 août 1395 de l'acte par lequel le roi de Chypre, Jacques Ier, donnait à Jean de Lusignan, seigneur de Barut, le pouvoir de traiter en son nom. Le 7 juillet 1403, il paraît encore en même qualité au traité de paix conclu entre le même prince et la république de Gênes.

HENRY de GIBLET, que je suis bien tenté de considérer comme fils du précédent, fut nommé gouverneur de Nicosie, en 1426, par le cardinal de Lusignan, à la suite de la bataille de Cherokitia et de la prise du roi par les Égyptiens.
Il fut ensuite chargé avec Badin de Nores, maréchal de Jérusalem, de réprimer le soulèvement des paysans et les troubles qui s'élevèrent dans l'île durant la captivité du roi.

DOMINIQUE et TRISTAN de GIBLET se retirèrent au château des Cerines en 1461, avec Louis de Savoie et la reine Charlotte. Quand tout espoir fut perdu pour cette dernière, Tristan se rallia à Catherine Cornaro ; mais, suspect à la république de Venise, il fut arrêté et mourut en 1488, pendant qu'on le conduisait en Occident.

JEAN de GIBLET, également dévoué à la reine Charlotte, tenta, en 1473, d'amener un soulèvement en faveur de cete princesse contre le roi de Chypre, Jacques II (le Bâtard), mais il dut fuir pour échapper aux poursuites de Jean Perez, comte du Carpas.

Je ne saurais dire si ce dernier Jean de Giblet est le même à qui le roi Jacques II accorda en 1464 un fief, en même temps qu'à un autre membre de la maison de Giblet nommé MOSE (Moïse ?) de GIBLET; ni si on doit rattacher à cette famille MUTIO ZIMBLET, qui périt en 1570, au moment de la prise de Nicosie par les Turcs.

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