La Maison de Milly durant les Croisades
Blason de la Maison de Milly
Trois cents ans avant les chrétiennes vaillantises de Godefroy de Bouillon, le pape Jean VIII avait proclamé « que les victimes de la guerre sainte étaient des martyrs, et que leur sang, versé les armes à la main, entraînait la rémission de leurs péchés (1) » Guy de Milly, époux de Stéphanie de Flandre, accompagna le comte de Flandre, son seigneur et parent, à la première croisade et fit souche en Palestine d'une grande et glorieuse dynastie féodale, investie par les rois de Jérusalem des principautés de Naplouse (Samarie), de Montréal et de l'Arabie Pétrée.
Philippe de Milly, fils aîné de Guy, fut grand-maître des Templiers;
Garnier de Milly, dit « de Naplouse », tué à la bataille de Tibériade, fut grand-maître des Hospitaliers.
Vingt chevaliers du nom de Milly, outre Guy, Philippe et Garnier, se comptent parmi les défenseurs de la Terre Sainte :
Alfred, mort à la première croisade;
Henri, dit le Buffle, et Guy, dit le Français, frères du dit Philippe;
Baudouin, Raymond et Bohémond le Buffle (1150-1175);
Rainier, fils aîné du dit Philippe (1150-1178);
Etienne le Français, appelé aussi Etienne de Naplouse (1158-1168);
Guérin de Naplouse, chevalier du Temple (1175);
Baudouin le Français.(1178);
Pierre, sire de Milly, en Beauvaisis (1146);
Sagalon et Robert, templiers (1147-1179);
Robert, chevalier champenois, croisé en 1179 et 1189;
Sagalon, sire de Milly (Beauvaisis), et Pierre son fils aîné (1190);
Guillaume, sire de Milly en Gâtinais (1220);
Jean, chevalier et Trésorier du Temple (1214-1229);
Gautier de Milly (Champagne), en 1241;
Barthélemy, templier;
Foulques de Milly, aussi chevalier du Temple et commandeur de Sérier (1270-1309);
Pontus, Pierre et Jean, croisés 1372 pour aller au secours de l'Ordre Teutonique;
Pierre, chevalier de Rhodes en 1397;
Jacques, grand-maître des Hospitaliers en 1454;
Pierre, chevalier de Rhodes en 1472;
François de Milly de Thy, chevalier du même ordre (1547);
Puis plusieurs chevaliers de Malte, de 1602 jusqu'à nos jours.
Quel saisissant exemple de la perpétuité des traditions héroïques, de la constance héréditaire dans le dévouement à Dieu, dans le culte de l'honneur, dans l'esprit de chevaleresque sacrifice ! Historiquement, le cycle des croisades était depuis longtemps fermé, que cette race de preux bataillait toujours contre les Infidèles : tel, Antoine de Milly de Thy, commandant l'armée navale des Vénitiens, tué en 1669 en défendant Candie contre les Turcs.
Notons qu'à la chute du royaume de Jérusalem, les descendants de Henri de Milly, surnommé le Buffle, passèrent au service des rois de Chypre, où nous trouvons en 1374 Jacques le Buffle, chevalier, et j'incline à rattacher au même estoc « Nicolas de Milias », chevalier chypriote, vivant un siècle après (2).
Fidelis sed infelix ! C'est la devise des Milly de Thy ; elle pourrait être, comme pour tant d'autres maisons d'ancienne chevalerie : Plus d'honneur que d'honneurs ! Et pourtant, combien d'honneurs depuis neuf cents ans! Dès le XIIe siècle, les sires de Milly comptent parmi les châtelains de France, tant en Gâtinais qu'en Beauvaisis. Sous Philippe-Auguste, ils ont trois chevaliers bannerets.
A Jérusalem, dès la conquête, ils prennent rang parmi les hauts barons du royaume.
C'est la seule famille qui ait donné un grand maître à la chevalerie du Temple et deux grands maîtres aux Hospitaliers.
Pendant toute la période féodale, ils paraissent dans les chartes avec les qualifications les plus relevées : sire, monseigneur, noble et puissant seigneur. Au XIe siècle, ils ont un sénéchal de Champagne; au XIIIe, des baillis d'Amiens, d'Arras, de Mâcon, du comté d'Eu...
1. Archives de l'Orient latin, t. I, p. 2
2. Inventaire, 639,801.
Sources : Inventaire des titres de la Maison de Milly, par Le Vicomte Oscar de Paoli, président du Conseil Héraldique de France. Paris 1888