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Quelques sceaux des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
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Sceaux d'Aragon et de Castille

En étudiant, dans un précédent travail, les sceaux de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, nous exprimions le regret de n'avoir rencontré aucun type sigillographique des langues de Castille et d'Aragon. Depuis cette époque, nous avons eu la bonne fortune de combler cette lacune, et c'est le résultat de recherches entreprises à cet effet dans les dépôts d'archives de la péninsule Ibérique que nous nous proposons aujourd'hui de faire connaître, complétant ainsi, pour l'Espagne et le Portugal, notre Note sur les sceaux de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (1).
1. Mémoires de la Société des antiquaires de France, XLI (1881), pages 52-85.

Les sceaux, dans les dépôts d'archives, pourtant si riches, de la péninsule Ibérique, sont extrêmement rares ; soumise aux conditions climatériques des pays chauds, la cire de ces fragiles monuments a été exposée à des chances de destruction beaucoup plus grandes que dans les pays du Nord, et cette circonstance explique le petit nombre de ceux qui sont parvenus jusqu'à nous ; à peine un ou deux exemplaires des principaux types ont-ils subsisté, rendant par cela même infiniment précieuses ces épaves destinées à une prompte disparition.

L'ordre de l'Hôpital, dans la péninsule Ibérique, formait deux langues, celles d'Aragon et de Castille, à la tête desquelles était placé le grand commandeur d'Espagne (magnus magister ou preceptor in quinque regnis Hispanie). La langue d'Aragon se subdivisait en trois grands prieurés : Amposte (châtellenie), Navarre et Catalogne ; celle de Castille comprenait le grand prieuré de Castille et Léon et celui de Portugal. Enfin les Hospitaliers possédaient en Aragon un très ancien établissement, destiné aux religieuses Hospitalières, le monastère de Sigena, fondé en 1187 par Sancia, reine d'Aragon ; il subsiste encore aujourd'hui, avec la même destination et sur l'emplacement même que lui avait assigné sa fondatrice.

Un document, qui se place aux environs de l'année 1320, et qui a servi de base à notre précédent travail (2), énumère et décrit les sceaux des dignitaires espagnols de l'ordre :
« Le grant comandor d'Espaigne, dit-il, bulle d'une bulle avec 1 aigle de cire vert.
Le chastellain d'Anposte bulle de cire vert avec 1 chastell.
Le prior de Navarre bulle de sa bulle.
Le prior de Castelle, avec 1 castel o cire noire.
Le prior de Catulia bulle de cire vert, la meite del rey d'Aragon, el altre meytet, 1 crois. »
2. Idème, page 54. Nous avions cru pouvoir faire remonter ce texte jusqu'au milieu du XIIIe siècle ; mais la mention du prieur de Catalogne, qui y figure, détruit cette hypothèse, le grand prieuré de Catalogne n'ayant été constitué que le 26 juillet 1319.

Nous nous proposons, en décrivant les sceaux que nous avons rencontrés, d'étudier en quelle mesure les indications données par l'auteur de ce texte se trouvent confirmées par l'examen des monuments sigillographiques que nous avons recueillis.

I. — GRAND-COMMANDEUR D'ESPAGNE
Les archives d'Alcala de Henarès (Ordre de Saint-Jean, langue d'Aragon, liasse 716) nous ont conservé un sceau du grand-commandeur G. Artiga, appendu à un acte du 13 mars 1235, concernant un jugement arbitral rendu à l'occasion de biens sis à Torres.
Il est rond, en cire jaune clair, de 0m060 de diamètre, et porte au centre un croissant surmonté d'une étoile ; la légende, entre deux cercles concentriques, est :
[S. FRAT]RIS G P'CEPTORIS YSPANN[IE]
Il est scellé sur double queue de peau.
Pas de contre-sceau.

Sceau 7

Ici l'auteur de notre document est en défaut ; la cire est jaune et non verte ; l'aigle est remplacée par un croissant et une étoile ; mais on peut supposer, sans témérité, qu'en 1235 ni le type de l'avers ni la couleur de la cire n'étaient encore fixés comme cela eut lieu plus tard.

II. — CHATELAIND'AMPOSTE
Nous connaissons un sceau du châtelain d'Amposte, Raymond de Ripell, appendu à un acte du 9 décembre 1276 par lequel l'Hôpital acense à Fortun Otger un moulin à Pina (Alcala de Henarès, langue d'Aragon, liasse 529).
Ce sceau est rond, de OnO62 de diamètre, portant au centre un château à trois tours, et comme légende, entre deux cercles concentriques :
† S. CASTELLANI EMPOSTE
Il n'y a pas de contre-sceau.
Il est suspendu sur lacs plats de chanvre ; ceux-ci sont rayés blanc et jaune ; sur le blanc sont des raies transversales grises, probablement bleues autrefois, et sur le jaune des raies brunes.
Le sceau, de cire foncée (brune ou verte), est noyé dans une masse de cire blanche épaisse d'au moins un centimètre.

Sceau 8

Ici les indications du texte sont exactes pour le type et probablement pour la couleur de la cire, qu'il est difficile de préciser dans l'état actuel du monument. Toujours est-il qu'un vidimus rencontré à Alcala, dans la même liasse que le sceau de Raymond de Ripell, spécifie qu'une charte de 1385 était scellée d'un sceau de la châtellenie en cire verte.

III. — GRAND-PRIEURDE NAVARRE
Nous avons rencontré deux sceaux de ce dignitaire, dont voici la description :
1° Sceau de J. Enneguez, appendu à un document du 13 mars 1235 (Alcala de Henarès, langue d'Aragon, liasse 716) (3).
Il ne reste que la moitié inférieure du sceau, qui était en cire jaune clair, en forme de vesica piscis ; il est suspendu sur double queue de peau.
Le fragment subsistant porte la partie inférieure d'une croix et la légende :
.... RIORIS NAI .......
Il n'y avait pas de contre-sceau.

Sceau 9

2° Sceau de Garentan de Huesca, appendu à un document du 27 août 1338 (Alcala de Henarès, langue d'Aragon, liasse 660), par lequel l'Hôpital acense à Inigo Lopez les biens que la commanderie de Cizur possédait à Imarcoain.
Il est rond, de 0m031 de diamètre, en cire rouge noyée dans une masse de cire blanche d'un centimètre et demi environ d'épaisseur, et retenu par des cordelettes de chanvre ; son état, très fruste, permet à peine de distinguer un écu entouré d'un lobe à six côtés ; la légende semble être :
S. FRIS GARENTANIDE OSCHA ... VARRE
Le document auquel nous avons déjà recouru ne dit rien du type et de la couleur de la cire des sceaux des prieurs de Navarre ; il semble, d'après les deux exemplaires que nous avons examinés, que ni l'un ni l'autre n'étaient fixes dans le prieuré de Navarre.
3. Voir plus haut l'analyse de cet acte, scellé des sceaux du grand-commandeur G. Artiga et du prieur de Navarre.

IV. — GRAND-PRIEUR DE CATALOGNE
Les sceaux de deux grands-prieurs de Catalogne nous sont parvenus ; ce sont :
10 Sceau de Pierre-Arnaud de Peres Tortes, appendu à une charte du 18 septembre 1355 (Archives de S. Gervasio de Cassolas, 13 arm. de Barbera, sac. J, n° 83), par laquelle le grand-prieur concède à Johannet Dardarich l'office de scribe de la cour et du château de Barbera et des localités d'Ollers et d'Apiera.
Il est rond, de 0m040 de diamètre, en cire verte noyée dans une masse de cire brune, et pend sur cordelettes plates de couleur bleu verdâtre, blanc jaune et rouge brique.
Il n'y a pas de contre-sceau.
Au centre, un écu mi-parti, portant une croix et les barres d'Aragon ; l'écu est entouré d'un lobe à huit côtés, se détachant sur un fond délicatement orné de palmettes et de fleurettes.
La légende, entre deux cercles concentriques, est :
† : S : DE : FRARE : P : A : D : PERES : TOR...... D : D : P : DE : CATALVNYA : (4)
4. Le T et l'Y sont en caractères onciaux.

Sceau 10

2° Sceau de Geoffroy de Canadal (Archives de S. Gervasio de Cassolas, 29 arm. d'Alguayre, sac. D, n° 4), pendant sur lacs plats de cordonnet vert à une confirmation, de janvier 1421, de l'élection de Blanquina de Villalongue en qualité de prieure du monastère d'Alguayre.
L'acte est rédigé, sur l'ordre du grand-prieur, par un notaire, qui y a appendu le sceau du grand-prieuré ; il est revêtu de la mention « visa prior », ordinaire à cette époque dans les actes émanant du grand-prieuré de Catalogne.
Il est en cire brune, rond, de 0m060 de diamètre.
Au centre, un écu mi-parti d'une croix et des barres d'Aragon.
La légende, entre deux cercles concentriques, est fruste.
Il n'y a pas de contre-sceau.

Sceau 11

Ces deux exemplaires, sauf la couleur de la cire de l'un d'eux, permettent de contrôler l'exactitude des renseignements donnés par l'auteur du texte que nous avons cité en ce qui concerne les grands-prieurs de Catalogne.
Encore se peut-il que la cire brune, et non verte, du sceau de 1121 s'explique par ce fait que nous sommes, semble-t-il, en présence du sceau du grand-prieuré et non de celui du grand-prieur.

V. — GRAND-PRIEUR DE PORTUGAL
Les archives de Lisbonne (Torre do Tombo, lay. 1, liasse 6, n° 8) nous ont conservé le sceau d'un prieur de Portugal (probablement Menendo Goncalves), pendant sur lacs de peau à une charte du 3 janvier 1231, par laquelle l'Hôpital et le Temple concluent divers accords au sujet de biens sis à Villa-Plana, Barceosa et Monte-Redondo.

Sceau 12

Il est rond, en cire rouge vermillon, de OmO32 de diamètre.
Il porte une croix, et comme légende :
† PRIORIS PORTVGALLENSIS
Pas de contre-sceau.

VI. — PRIEURE DE SIGENA
Les archives du monastère de Sigena ne possèdent plus que deux sceaux, très frustes, appendus à une charte, du 10 novembre 1351, par laquelle la prieure et le couvent donnent le moulin d'Ontinena à un habitant de cette localité. Du texte de ce document, rédigé en espagnol, il résulte que c'étaient ceux de la prieure et du couvent. Nous avons heureusement retrouvé aux archives d'Alcala (langue d'Aragon, liasse 131-132, Traslado o copia... II, 191) la description, faite à la fin du XVIIIe siècle, de deux sceaux appendus à un acte émanant du monastère de Sigena ; celle-ci, combinée avec notre examen personnel des deux monuments subsistants, nous permettra d'en préciser les données principales :
1° Sceau de la prieure Urraque Artall Corneyll.
Ovale, cire rouge dans une masse de cire brune, lacs de cordonnets jaunes, bleus et blancs ; on y voit une figure de femme, accostée d'un écusson.
La légende est fruste ; elle devait être :
S.... (Ici le nom de la prieure) PRIORISSE DOMVS SEXENE.

2° Sceau du couvent. Rond, cire brune, lacs de cordonnets jaunes, bleus et blancs ; il représente un agneau avec une banderole.
Légende fruste ; elle devait être :
S. SUBPRIORISSE, SGVARDII ET CONVENTVS SEXENE.
Le rédacteur de cette description ajoute que l'infante Blanche d'Aragon (1321-1327), prieure de Sigena, assigna comme sceaux aux prieures du monastère la grand-croix de l'Ordre, cantonnée des barres d'Aragon et des lis de France, avec, sur le tout, la couronne royale de la fondatrice du couvent, la reine Sancia d'Aragon. Cette assertion doit être exacte pour les époques postérieures, mais le sceau de la prieure Urraque Artall Corneyll, qui succéda à Blanche d'Aragon, est là pour démontrer que cette modification ne fut pas introduite au moment que lui assigne cet auteur.

En résumé, les sceaux décrits ici confirment dans son ensemble, sauf quelques divergences que nous avons indiquées et qui peuvent s'expliquer, les données du texte sur lequel nous avons établi cette étude. Nous avons en outre eu la bonne fortune de signaler les sceaux des grands-prieurs de Navarre, sur lesquels le texte ne s'expliquait pas, et ceux du grand-prieur de Portugal et du couvent de Sigena, sur lesquels il était muet. Malheureusement, nos recherches ne nous ont pas permis de retrouver le sceau du grand-prieur de Castille ; peut-être un hasard heureux comblera-t-il un jour ou l'autre cette lacune. Quoi qu'il en soit, les résultats auxquels nous sommes parvenus méritaient, nous semble-t-il, d'être signalés, puisqu'ils précisent un point, jusqu'à présent resté dans l'ombre, de la sigillographie de l'ordre de l'Hôpital.
Sources : Delaville Le Roulx, Joseph. Mélanges sur l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, page 341. Paris 1910 - BNF

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