Hospitaliers   Maisons ou Hôpitaux   Hospitaliers

Hôpitaux et Maisons de l'Ordre de Malte
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Tachoires   (32)

Département: Gers, Arrondissement: Mirande, Canton: Pouy-Loubrin - 32


Domus Hospitalis Tachoires
Domus Hospitalis Tachoires


Cette paroisse, très ancienne, posséda longtemps une Commanderie des Chevaliers de Malte, dépendante de Toulouse. Il en est souvent fait mention dans les archives de la Haute-Garonne (préfecture). Elle s'élevait au lieu-dit encore la Commanderie, sur la rive gauche de l'Arratz, à gauche de la route de Seissan à Simorre, à la naissance de la route de Tachoires à Mont-d'Astarac.

Le siège de la paroisse était autrefois à un kilomètre à l'est de l'église actuelle, dédiée à saint Pierre, sur le sommet d'un tumulus qui sert toujours de cimetière. Il fut transféré, il y a une cinquantaine d'années, sur le penchant de la colline où on le voit en ce moment, et qui domine, à l'ouest, la petite vallée de l'Arrats.

L'inscription romane ou patoise gravée sur une pierre encastrée dans le mur méridional de l'église provient de l'ancien édifice du cimetière et rappelle sans doute la date d'une restauration.

On y lit : 1551 e lo 5 ion deu més dé mai (1551 et le cinquième jour du mois de mai).
Sources : Bulletin de la Société archéologique, historique littéraire et scientifique du Gers, page 72. Auch 1956 - BNF

Tachoires
En 1234, un membre de la famille de Lavedan fait don de la seigneurie de Tachoires aux Templiers puis après la dévolution des biens de l'ordre du Temple, Tachoires devient un membre de la commanderie de Bordères des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem au sein du grand prieuré de Toulouse cédé en bail emphytéotique au seigneur Augier d'Ossun dès 1324.
Antoine du Bourg, Ordre de Malte : Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France. - BNF


Tallard   (05)

Département: Hautes-Alpes, Arrondissement et Cantons: Gap - 05


Domus Hospitalis Tallard

Domus Hospitalis Tallard


Les Templiers avaient des biens dans cette paroisse, entre autres, une maison forte située à l'angle des murailles du bourg qui regarde le cimetière ; dès 1279, elle portait le nom de Temple.

L'ordre de Saint-Antoine en Viennois y possédait également un hôpital nommé la Maison de l'Aumône, il le céda aux chevaliers de Saint-Jean par acte du 16 mai 1311.
L'ordre de Saint-Jean possédait lui-même, à Tallard, dès le XIIIe siècle, un domaine et une chapelle sous le titre de Saint-Martin, qui dépendait de la commanderie de Gap.
Le 23 août 1215, Tibour et Raimbaud d'Orange donnèrent aux chevaliers de Saint-Jean la seigneurie majeure de Tallard ; ces chevaliers absorbèrent, au commencement du
XIVe siècle, toutes les possessions appartenant aux autres ordres hospitaliers, Templiers ou Antonins, et échangèrent, en 1319, leurs possessions de Tallard, Montmellian, Saint-Julien, Montfort et Régusse, contre le comté d'Alife, au royaume de Naples, avec Arnaud de Trians. Cet acte confirmé par le comte de Provence, le 7 mai 1323, fut passé par Elion de Villeneuve, grand-maitre de l'ordre.
En 1667, l'ordre de Saint-Jean ne possédait plus rien dans la paroisse de Tallard.
En 1318 et 1319, un chevalier nommé Bérial de Baux prend le titre de précepteur ou commandeur de Tallard, mais il est douteux qu'il y ait jamais eu une véritable commanderie de Saint-Jean à Tallard, et ce chevalier était probablement un simple administrateur créé à cause de l'importance des possessions de l'ordre de Saint-Jean dans ce mandement.
Tallard dépendait de la commanderie de Gap.

L'ordre de Saint-Antoine possédait à Tallard un hôpital nommé hospital seu eleemosina il le céda, le 16 mai de cette année, aux chevaliers de Saint-Jean.
En 1536, une maladrerie existait dans cette paroisse.
Je renvoie à l'article du mandement de Tallard pour ce qui concerne le bourg de Tallard, siège de l'administration et de la justice de la vicomté. Les chevaliers de Saint-Jean créèrent à Tallard un châtelain ; en 1300, le titulaire se nommait Rostaing de Clermont.

En 1268, le 11 juillet, Féraud de Barras, prieur de Saint-Gilles, de l'ordre de Saint-Jean, concède aux habitants de Tallard une charte de liberté par laquelle il s'engage à ne leur imposer, aucune taxe nouvelle et il règle l'administration de la justice.
1279, 13 février, ces privilèges sont confirmés à Saint-Gilles.
Sources : Roman, Joseph. (Page 164). Tableau historique du département des Hautes-Alpes. Etat ecclésiastique, administratif et féodal antérieur à 1789, histoire, biographie, bibliographie de chacune des communes qui le composent. Paris Grenoble 1887 - BNF


Temple-sur-Lot (Le)   (47)

Commanderie de Brulhes ou Le Temple-sur-Lot
Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement: Villeneuve-sur-Lot, Canton: Sainte-Livrade-sur-Lot — 47


Commanderie de Brulhes ou Le Temple-sur-Lot
Commanderie de Brulhes ou Le Temple-sur-Lot


Brulhes de nos jours le Temple-sur-Lot, portait jadis le nom de Temple-de-Brulhes, de Bruillhes ou de Breuil (les trois termes signifiant garenne ou petit bois).

Comme nous pouvons le constater par les titres que prenaient les commandeurs du Temple de Brulhes, ils jouissaient d'une sorte de suprématie sur les maisons de l'Ordre de la contrée, et cet établissement était devenu le centre d'une circonscription administrative, désignée sous le nom de « baillie d'Agenais. » Nous avons vu plus haut dans l'étude sur les commanderies de Castelsarrasin et de Golfech, que cette prérogative amena dans la suite une guerre dans le sein même de l'Ordre et comment le chevalier B. del Thor, commandeur de Brulhes, ayant revendiqué à titre de successeur des Maîtres de la baillie d'Agen, le membre de Golfech, s'en était emparé par la violence et fut obligé par le Grand-Maître à le restituer au commandeur de Castelsarrasin. Malgré cet échec, la commanderie du Temple de Brulhes ne cessait pas d'être importante, surtout lorsque plus tard on lui adjoignit l'hôpital de Salvaignas et ses nombreuses dépendances.

Une discussion contre « noble et puissant homme, Honorat de Savoie, comte de Villars et seigneur de Montpezat », qui disputait au commandeur la haute justice de la ville de Dominipech, fut terminée par une sentence du Présidial d'Agen, qui, le 15 novembre 1557, consacra les droits de l'Ordre sur cette juridiction.

Grâce à la force de ses murailles, le Temple de Brulhes, situé loin des places protestantes, paraît avoir été préservé de tout désastre pendant la période, des guerres religieuses.

Toutefois si nous n'avons pas à enregistrer la dévastation de la commanderie, nous pouvons constater que l'esprit de révolte et d'insubordination avait commencé à se propager parmi la population. Profitant de l'absence des commandeurs, retenus au-delà des mers par le service de la religion, les vassaux s'émancipaient, peu à peu ils oubliaient leurs devoirs; des abus menaçaient de se transformer en droits, grâce à la prescription. Aussi quand messire Denys de Polastron la Hillière, commandeur de la Cavalerie, de Bordères, et du Temple de Brulhes et ambassadeur de l'Ordre auprès du Saint-Siège, voulut à son retour en France, visiter sa commanderie de l'Agenais, fut-il surpris à la vue de ses paysans parcourant ses forêts, « avec des quantités de chiens, lévriers et furets », les mains armées d'arquebuses, et chassant tout comme de nobles seigneurs. Le chevalier tenta inutilement d'interposer son autorité, pour remédier à ces abus; ses vassaux se mutinèrent et des bandes révoltées allèrent dévaster ses récoltes. Effrayé de ces symptômes, le commandeur réclama la protection royale contre ses turbulents vassaux; le 12 mars 1625 le roi Louis XIII chargeait Jean Rigal, commandeur de Goutz, d'aller placer sur la terre et juridiction du Temple de Brulhes les panonceaux fleurdelisés.

Les archives font encore mention d'une affaire assez étrange qui vint, vers la même époque, solliciter l'intervention de ce même Commandeur. Vers le milieu du XVIe siècle, le pape Paul IV avait autorise et encouragé la fondation à Rome d'un hôpital, appelé du « Saint-Esprit-en-Saxe », et destiné à servir d'asile aux enfants trouvés. Grâce à la protection pontificale, cet établissement ne tarda pas à devenir prospère; des donations dans les différents pays de la catholicité vinrent accroître son importance et l'Ordre religieux qui s'y fonda pour le service des pauvres tâcha de calquer son organisation sur celle de l'Ordre de Saint-Jean. Des Commanderies furent constituées par lui dans divers pays, notamment à Montpellier. Sur ces entrefaites arriva dans nos contrées un Personnage nommé Olivier de Latran, qui prit les titres de chevalier du Saint-Esprit-de-Saxe, commandeur de Montpellier et visiteur général de son Ordre en France; il parcourait le pays, recevant les voeux des personnes qui témoignaient le désir de se consacrer à Dieu et aux pauvres de son hôpital. Non content de cela, il fit signifier à plusieurs commandeurs de Malte dans le Midi, une bulle du pape Grégoire XV, qui abjurait à l'hôpital du Saint-Esprit plus de 200 établissements appartenant à d'autres Ordres. Le Temple de Brulhes était comprit dans cette liste. Muni de cette pièce, il fit mettre sous séquestre les biens qui lui était adjugés par la bulle. Malgré l'assurance de ses prétentions et la bulle qui les appuyait, le sieur de la Terrade ne parvint pas convaincre ceux qu'il voulait dépouiller. Les autorités civiles et religieuses furent saisies de plaintes contre lui. Les preuves de son imposture et de la fabrication de cette bulle par un faussaire ayant été suffisamment établies, Olivier de la Terrade fut enfermé dans les prisons de Fort-l'Evêque. C'est là, « qu'à travers les grilles de son cachot » lui fut communiqué par les délégués pontificaux une bulle du cardinal Jean Garcia « vicaire général pour le fait des hôpitaux », par laquelle il lui fut interdit de prendre le titre de commandeur du Saint-Esprit et de conférer l'habit de l'Ordre à personne (22 juin 1626).

Réunie vers le commencement du XVIe siècle à la Commanderie de la Cavalerie, celle de Brulhes n'en fut détachée qu'au milieu du siècle suivant. On lui adjoignit à la même époque l'ancienne commanderie de Salvaignas, qui avait été fondue dans celle de Golfech. Cette adjonction rendit au temple de Brulhes son ancienne importance. Ses dépendances étaient nombreuses dans les environs; c'étaient Dominipech, paroisse située dans la juridiction de Montpezat, Sainte-Quitterie d'Agen et son annexe, Sainte-Foy de Jérusalem, Salvaignas, Saint-Sulpice de Ribalède et Saint-Jean de l'Herme, Saint-Caprais et Saint-Jean de Villedieu.

Donnons avant de terminer la description du fort du Temple, telle qu'elle nous est fournie par le procès-verbal de la visite de 1669:

« Plus pocède et jouit au dict lieu du Temple ung grand et beau chasteau bien logeable; il est attaché par ses murailles à ung fort entouré de murailles; dans lequel fort y a 30 maisons ou logettes; sur le portail duquel fort y a une garite grande et fort eslepvée, bastye de bricques, pour la deffence d'icelle; et tout le dict fort est entouré d'une muraille de bricques, appartenante au Commandeur. Au coing duquel fort y a une grande tour bastye de bricques; laquelle tour appartient au Commandeur; quantes fois on y faict le service de pigeonnier, et, en temps de guerre, elle sert pour la deffense du fort, estant situé en ung lieu fort avantageux pour ce faire. Dans le dict chasteau, en montant au hault du degré, on y rencontre une petite tour, autour d'une chambre faicte en cul de lampe, et une garite qui défend l'entrée du dict fort et flanque le chasteau, qui va respondre à une autre des dictes tours, qui est sur le coing du chasteau; d'où l'on entre aussy dans l'autre tour, qui est sur la porte du dict chasteau; laquelle le défend avec les autres tours qui se flanquent l'une à l'autre; sur lequel hault du chasteau, y a quelques petites chambres que les habitants tiennent pour y entrer en temps de guerre. »

Commandeurs Hospitaliers
1312-1319. Bernard d'Arles.
1323-1325. Hugues de Lemosi.
1316-1347. Raymond de Labaut.
1348-1349. Bernard de Lautrec.
1358-1372. Bernard del Thor.
1372-1393. Raymond de Belpech.
1462-1473. Bernard de Vellac.
1475-1496. Bernard de Gros.
1408-1506. Tannequin de Bussel.

(De 1508 à 1650, réunion du Temple de Brulhes à la Cavalerie).

(En 1650, rétablissement de la Commanderie du Temple de Brulhes).

1650-1669. François d'Esparbès-Lussan.
1675-1681. Pierre du Pont de Gau.
1688-1689. Conrad de Raymond-Pomeyrol.
1693-1705. Jean de G^uérin-Castelet.
1719-1720. Louis-Joseph du Gasc.
1723-1731. Octave de Galléan
1737-1733. Charles de Vignes-Parizot.
1753-1756. François de Pallavicini.
1765-1766. François de Glandevès-Castellar.
1780-1788. Bernard de Polastron-la-Hillière.

Liste des Commandeurs du membre de Dominipech
xxxx-1505. Pierre de Raffin.
xxxx-1509. Hugues d'Albinh.

Liste des Commandeurs du membre de Sainte-Foy
xxxx-1478. François de Mayron.
Sources: Grand-Prieuré de Toulouse, M.A. Du Bourg (1883)


Teyssonge ou Tessonge   (01)

Teyssonge ou Tessonge
Département: Ain, Arrondissement: Bourg-en-Bresse, Canton: Treffort, Commune: Saint-Etienne-du-Bois - 01


Domus Hospitalis Tessonge
Domus Hospitalis Tessonge


L’archiprêtré de Treffort fait partie du diocèse de Lyon entre 1032 et 1515, sauf durant quelques années.

Sur la paroisse de Saint-Etienne-du-Bois, archiprêtré de Treffort, l’hôpital de Tessonge dépend de la Commanderie de Laumusse.
Il exerce des droits sur les paroisses de Viriat, Saint-Etienne, Saint-Didier-d’Aussiat, Dommartin, Etrez, Cuet, Jayat, Saint-Jean-sur-Veyle, Certines, Meillonnas, Jasseron, Bourg, Lent.
Au XVIIe siècle, il ne reste de l’hôpital de Tessonge que la chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste.
Sources: Musée du diocèse de Lyon

Hôpital de Tessonge
— Villa Taxoniaci; confinium Tessongiaci; sancta domus Jherosolimitani hospitalis de Tayssongia, Tayssongia, Taxongia, Taissongia, Taissongi, Tayssongi, Teyssongnia, Teissongia, Teyssonge, Teyssonges, Teissonge.
— Maison de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, cinquième membre de la commanderie de Laumusse.
— L’acte le plus ancien que je connaisse concernant cette maison est une vente consentie, au mois de janvier 1252, par noble Berard de Beyviers, « au commendeur et aux frères de l’hôpital de Jérusalem de Theissonges, » au prix de 9 livres de la monnaie de Mâcon, de cens et de services assignés sur le mas de la Vieille-Ronge, paroisse d’Etrez.
— Les possessions des hospitaliers de Tessonge s’étendaient sur les communes de Saint-Etienne, de Saint-Didier-d’Aussiat, de Dommartin, d’Etrez, de Cuet, de Jayat, de Saint-Jean-sur-Veyle, de Certines, de Meillonnas, de Jasseron, de Bourg et de Lent.
— Parmi leurs principaux bienfaiteurs on compte Jean de Genost, chevalier, qui leur fit un legs très-important en 1304.
— Au XVIIe siècle, l’hôpital de Tessonge ne consistait plus qu’en une chapelle, sous le vocable de saint Jean-Baptiste.
— Comme village (villa), Tessonge est mentionné dès la fin du XIe siècle. Vers l’an 1100, Bérard de Châtillon, évêque de Mâcon, s’y rendit, accompagné de ses chanoines, pour traiter avec Hugues de Thoire, qui revendiquait comme siens certains fonds dépendant de l’église épiscopale de Saint-Vincent.
— Archives du Rhône, fonds de Malte, titres Tessonge.
— Visite de Malte de 1650, fº 195.
— Inventaire de 1627, fº 77 et suivant.
— Archives de l’Ain, terrier Tessonge.

Topographie historique du département de l’Ain, ou Notices sur les communes, les hameaux, les paroisses, les abbayes, les prieurés, les monastères, accompagnée d’un précis de l’histoire du département depuis les temps les plus reculés jusqu’à la Révolution. Par Guigue, Marie-Claude. Editeurs: Gromier ainé (Bourg-en-Bresse), A. Brun (Lyon), Dumoulin (Paris) 1873.

Teyssonge ou Tessonge


Domus Hospitalis Teyssonge
Domus Hospitalis Teyssonge


En 1262, les Templiers possédaient une commanderie à Tessonge.
Que s’était-il passé dans l’intervalle ? Une simple substitution. Il est, en effet, fort admissible que les moines de Saint-Claude placèrent leurs domaines de Bresse sous la garde des Templiers, et qu’ils établirent ceux-ci à proximité par la cession de leur prieuré de Tessonge.

La donation aurait eu lieu, entre la bulle de Léon IX et le diplôme de Frédéric Barberousse de 1184, qui ne mentionne plus ce lieu parmi les possessions de l’abbaye.
Les Templiers se bornèrent à prendre possession du prieuré qu’ils fortifièrent. Ils ne construisirent pas de château.
A leur suppression, Tessonge passa aux chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.
Le village portait toujours le nom de Tessonge, en 1563. La population se composait de 25 à 30 habitants, formant dix groupes ou familles, les Chanus, Mangettes, Manissier, Thyvent, Vavre, Rongier, Filiad alias Johanton, Gonin, Mathieu-Conflon, et Tisserand. Les cinq dernières existent encore (1).

Au XVIIe siècle, l’hôpital de Tessonge ne consistait plus qu’en une chapelle, sous le vocable de Saint-Jean-Baptiste, épargnée peut-être, parce qu’elle était le but d’un pèlerinage (2). Il n’est rappelé, de nos jours, que par les décombres nivelés de son enceinte, un rectangle allongé d’environ 55 mètres sur 30, qu’entouraient des fossés (3), et par deux lieux dits, les Bois du Commandeur et la Trace du Commandeur, appliqués l’un à une section de la forêt, l’autre à un chemin qui la recoupe sur toute sa longueur.
1. Archives de l’Ain, H. 923. Terrier de Tesonge, 1563, tome II, folios 582-679.
2. M. François Gonin, propriétaire aux Petites Mangettes, qui m’a donné la plupart des détails qui suivent, n’a pu préciser l’objet ni l’époque du pèlerinage. On venait y prier, m’a-t-il dit, pour « les veaux et dans les premiers jours de mai, » probablement le 6 mai, fête de Saint-Jean-Porte-Latine.
3. Le puits de la commanderie se trouve sous les décombres, l’orifice fermé d’une dalle, et, près de l’enceinte, était le cimetière, où furent, inhumés les religieux et les chevaliers décèdes à Tessonge. On y a découvert de nombreux ossements.
D’autres ossements ont été exhumés sur l’emplacement de la chapelle.


De son côté, la chapelle est détruite ; il en reste seulement quelques ruines sans caractère, que la végétation recouvre, dans une prairie, rendue marécageuse par les eaux de la fontaine qui manquent d’écoulement (1).
1. Elle a été démolie vers 1828 ; le propriétaire voulait en utiliser les matériaux. On l’appelait encore chapelle de Tessonge. D’après le calibre des briques, c’était une construction du XIIe siècle.

Le nom ethnique de Tessonge s’est effacé à son tour, et le lieu, qui fut la villa Tassonas, n’a d’autre dénomination, parmi les habitants du pays, que celle tout à fait moderne et vulgaire, de Grandes et de Petites Mangettes.
Ces lieux-dits figurent sur la carte de Cassini. Ils sont situés dans le bois de Teysosnge.

Les pèlerins ne continuèrent pas moins de venir prier sur ses ruines. Depuis une quarantaine d’années, le concours s’est ralentit beaucoup ; aujourd’hui il a définitivement, cessé.
Le marais, qui en avoisine les restes, présente l’aspect d’un ancien bassin.
Les Templiers de Laumusse prétendaient même à la propriété de la maison de La Chaux, située aux portes de Cuisery (6).

L’Ordre du Temple avait, à trois kilomètres de Bâgé, à Laumusse (2), sa grande commanderie de Bresse dont dépendaient : les temples d’Escopet (Vernoux) (3), de Saint-Martin-du-Châtel (4), de Curtaringe (5) (Viriat).
1. Les Etablissements des Templiers et des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte, par Guigue, dans la Revue de la Société littéraire, historique et archéologique de l’Ain (tome I, année 1872).
2. Laumusse, commune de Crottet, canton de Pont-de-Veyle (Ain).
3. Escopet, commune de Vernoux, canton de Saint-Trivier-de-Gourtes (Ain), signalé en 1614-1615 dans une visite de Laumusse, comme possédant « une chapelle et une maison » Archives du Rhône, H. 137.
4. Saint-Martin-du-Châtel, « maison de bois et torchis » 1614-1615. Archives du Rhône, H. 137.
5. Curtaringe, commune de Viriat, canton de Bourg (Ain).
6. Anonyme. — Notice sur le pèlerinage de N. D. de la Chaux. Lyon. Chanoine, 1854, page 13.


L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem avait, dans da paroisse même de Bâgé-la-Ville, l’importante commanderie d’Epaisse (2), dont dépendaient les maisons de la Vavrette (3) (Bâgé-la-Ville), de Tegssonges (4), de Saint-Etienne-du-Bois, (5), déjà citées en 1225, de Bocarnoz (6) (Coligny), de Saint-Jean-près-Bourg, (7) et de Sémon (8), dans la forêt du Miroir (canton de Cuiseaux - Saône-et-Loire).
Plus tard, les chevaliers de Saint-Jean transportèrent leur chef d’Ordre en Bresse, à Laumusse, après la remise à leur Ordre des biens des Templiers, faite par sentence du juge de Bâgé du 5 novembre 1312 (9).
2. Epaisse, commune de Bâgé-la-Ville, canton de Bâgé (Ain).
3. La Vavrette, id. id.
4. Teyssonges, commune de Saint-Etienne-du-Bois, canton de Treffort (Ain).
5. Saint-Etienne-du-Bois, canton de Treffort (Ain).
6. Bocarnoz, commune de Coligny, canton de Coligny (Ain).
7. Tous ces établissements avaient encore chacun une chapelle lors de la visite faite en 1614-1615.
8. Semon, commune de Champagnat (Saône-et-Loire) et de Cuiseaux (Saône-et-Loire).
9. Archives du Rhône, H. 25.


Enfin, en dehors des commanderies environnant l’ancienne capitale de la Bresse, il faut en ajouter d’autres situées sur la limite de la Bresse et des Dombes ou en Dombes même, nous voulons parler :
1. — De la commanderie de Villars (2), de l’Ordre du Temple dont dépendaient, entre autres établissements, le temple de Molissole (3) (Druillat). Cette commanderie et ses dépendances furent unies en 1312 à la commanderie des Feuillets.
2. — De la commanderie des Feuillets (4), de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem,, dont dépendaient déjà, avant 1312, les maisons de la Cochère (5) (la Tranclière), de Cocieux (6) (Sainte-Croix), de Biolay (7) (commune de Relevant), sans compter plusieurs établissements situés en dehors de la Bresse et des Dombes.
2. Villars, commune de Saint-Trivier-sur-Moignans (Ain).
3. Molissole, commune de Druillat, canton de Pont-d’Ain (Ain).
4. Les Feuillets, Feuillées, commune de Châtenay, canton de Chalamont (Ain).
5. La Cochère, commune de la Tranclière, canton de Pont-d’Ain (Ain).
6. Cocieux, commune de Sainte-Croix, canton de Montluel (Ain).
7. Biolay, commune de Relevant, canton de Saint-Trivier-sur-Moignans (Ain).

Sources : Annales de la Société d’émulation, agriculture, lettres et arts de l’Ain. Page 147. Bourg-en-Bresse 1906 BNF

Teyssonge
— Hameau commune de Saint-Etienne du Bois.
— In villa Taxoniaco, 11000.
— Villa Tessongiaci, 1186 (Guichon, Bresse et Bugey)
— Domus Hospitalis de Tayssongiis, 1268 (Archives du Rhône, titres de Laumuse, Teyssonge, chap. II, n° 1)
— De Tayssongia, 1272 (Ibidem, chap. II, n° 1)
— Domus Hospitalis Jerosolimitani de Teyssongia, 1292 (Ibidem, cha. I, n° 1)
— Taxongia, 1310 (Ibidem, chap. I, n° 7)
— Teysongia, 1378 (Archives de la Côte-d’Or, B 574, folio 29 r°)
Dès le milieu du XIIIe siècle, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem possédaient dans ce village une maison de leur ordre qui, après la suppression de l’ordre des Templiers, devin le cinquième membre de la commanderie de Laumusse.
Au XVIIe siècle, l’hôpital de Teyssonge ne consistait plus qu’en une chapelle, sous le vocable de Saint-Jean Baptiste.
Sources: Dictionnaire topographique du département de l'Ain, rédigé par M. Edouard Philipon. Paris, Imprimerie Nationale MDCCCCXI. BNF

Je suis partagé : Teyssonge ou Tessonge était-il un bien des Templiers ou des Hospitaliers ?
Si j’en crois le dictionnaire topographique du département de l’Ain, Teysonnge devrait être une possession des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Et contredit par Annales de la Société d’émulation, agriculture, lettres et arts de l’Ain.
Si vous avez des informations précisent qui prouve l’appartenance de ce lieu à l’un ou l’autre des deux ordres, merci de me le faire savoir.


Thévalles   (53)

Commanderie de Thévalles
Département: Mayenne, Arrondissement et Canton: Laval - 53


Domus Hospitalis Thévalles
Domus Hospitalis Thévalles


L'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, aussi nommé ordre de Malte, possédait au siècle dernier, dans le diocèse du Mans, dépendant du Grand Prieuré d'Aquitaine, dont le siège était à Poitiers, plusieurs commanderies, dont une des plus importantes parait avoir été celle de Thévalles, fondée par les seigneurs de Laval, et située paroisse d'Avesnière (1).
1. Les autres Commanderies dépendant de l'Ordre de Malte situées dans le diocèse du Mans étaient :
1° Commanderie d'Arteins, dans le Bas-Vendômois.
2° Commanderie de Guéliant, paroisse de Moitron. (Sarthe).
3° Commanderie de Quittay, paroisse de Saint-Georges-de-Buttavent.
4° Commanderie de Launay.
Elle se composait de trois membres Thévalles, chef-lieu de la commanderie.
Le Breil-aux-Francs, ancienne propriété des Templiers, réunie à Thévalles à une époque indéterminée et située paroisse d'Entrammes.
Département: Mayenne, Arrondissement et Canton: Laval - 53
Chevillé, situé paroisse du même nom.
Département: Sarthe, Arrondissement: La Flèche, Canton: Brûlon - 72


Les deux premières, ainsi que celle de Thévailes, étaient données à des Chevaliers ; les deux dernières, moins importantes, étaient réservées aux chapelains et servants d'armes.

Les revenus de cette commanderie s'élevaient, suivant Expilly, à 4.500 livres et à 7.000 livres, en 1696, d'après M. La Beauluère (2).
2. Aux revenus des terres énumérées ci-dessous venaient s'ajouter celui des biens situés à Chevillé ou dans les environs, et le produit des dîmes perçues dans un grand nombre de paroisses dont la liste se trouve dans la déclaration des biens de cette commanderie, faite en 1575, par le titulaire à cette époque, J. Peloquin.

La liste des commandeurs, publiée par Cauvin dans son Supplément à la Topographie du diocèse du Mans (3), contient vingt-six noms qui doivent être réduits à vingt-cinq, les chevaliers Leroux, Henri (1729) et de la Corbinière (1740) n'étant en réalité qu'un seul et même personnage (4).
3. Le Mans, Monnoyer, 1843, in-12, page 67.
4. Victor-Henri de la Corbinière, reçu le 17 octobre 1701, d'azur au lion d'or armé, lampassé et couronné de gueules (abbé Vertot, Histoire des Chevaliers de l'Ordre de Malte, tome VII).
Victor Henri Roux (Montrée de 1727).
Victor le Houx de la Corbinière (Décret de l'ordre de Malte de 1765).
Même observation en ce qui concerne la liste donnée par M. La Boaulière dans sa Notice historique sur la commune d'Entrammes.
(Laval, Godbert, 1855, in-8, pages 30 et 31).
Cette liste est plus complète encore et contient 34 noms, mais les numéros 29, Victor-Henri Le Roux, 1729 ; 30, le Chevalier de la Corbinière, 1741 et 31, Henri le Roux, 1749, sont toujours le même personnage, ainsi que le démontrent les pièces que nous reproduisons ci-dessous.


Les propriétés de cette commanderie situées dans la partie du diocèse du Mans qui forme aujourd'hui le département de la Mayenne, les seules qui doivent nous occuper ici, comprenaient, outre les habitations de Thévalles et du Breil-aux-Francs, un certain nombre de métairies qui se trouvent déjà portées dans la déclaration des biens de la commanderie faite en 1575 par le commandeur J. Peloquin et reproduite par Cauvin. (Locution citée, pages 68 et suivantes)

Le château de Thévalles parait avoir été, pendant plusieurs siècles, le lieu choisi par les commandeurs pour leur résidence, mais l'état de délabrement dans lequel se trouvaient au XVIIe siècle les bâtiments servant d'habitation aux chevaliers pourvus de cette commanderie, les détermina à aller se loger au château du Breil-aux-Francs, où décédait, en 1702, le commandeur Gabriel Dubois de la Ferté, enterré dans la chapelle où se voit encore aujourd'hui sa pierre tombale portant son épitaphe et ses armoiries (5). Nous en donnons plus loin la reproduction estampée avec la plus grande exactitude.
5. La vie de messire Gabriel Dubois de la Ferté, gentilhomme angevin, chevalier de Malthe, commandeur de Théval près Laval, a été publiée par Joseph Grandet, curé de Sainte-Croix d'Angers. 1 volume in-12 de xx-177 pages, plus 6 folios non numérotés pour la table et le privilège. Paris, Pierre de Launay, 1712, avec un portrait de F. Chéreau.
Au bas de ce portrait est gravé le quatrain suivant.
De la croix du Sauveur je tire ma noblesse.
J'en fus le Religieux, l'Enfant et le Soldat.
J'en fis tous mes plaisirs et toute ma richesse.
Par elle je vainquis le Grand Turc aux combats.
Cet ouvrage a été analysé par M. Célestin Port pour la rédaction de l'article qu'il a consacré au chevalier de la Ferté dans son Dictionnaire Historique, Géographique et Biographique de Maine-et-Loire, tome II, page 70.

Dubois de la Ferté (Gabriel), fils d'Antoine D., sieur des Forges et de la Bizolière, et de Marie Guaisdon, né à Angers, le 10 août 1644, fut, par suite d'une difficulté de parole qui l'éloignait du monde, destiné à l'ordre de Malte. Il y fut reçu le 26 octobre 1660, n'ayant pas même les 16 ans exigés pour l'inscription, revint le mois suivant en France et y fit trois campagnes à titre de gendarme de la maison du roi, retourna à Malte seulement en 1669, d'où le Grand Maître l'envoya au siège de Candie, revint en France en 1674, où il assista à la bataille de Sénef, retourna faire ses vœux en 1678 et suivit dès lors la vie régulière de l'ordre, tenant la mer le plus souvent contre les infidèles. En 1685, il fut nommé provéditeur, puis capitaine de vaisseau jusqu'en 1696 où il vint prendre du repos en la commanderie de Théval près Laval. Il mourut le 27 décembre 1702 dans un séjour de passage au Breil-aux-Francs, annexe de sa commanderie, où on a retrouvé sa tombe.
Gabriel Dubois de la Ferté, reçu le 26 octobre 1660, de gueules à trois croix pattées d'argent. Diocèse d'Angers.
(Abbé Vertot. Histoire des Chevaliers de l'ordre de Malthe, tome VII.)


Nous ignorons si son successeur, Charles Charbonneau de la Forte-Ecuyère, se décida à venir habiter ce logis qui lui-même était en fort mauvais état. Mais, à la mort de celui-ci, le chevalier Victor Henri de la Corbinière, devenu titulaire de la commanderie, s'empressait, avant d'en prendre possession, de faire constater sa situation par des experts.

Le procès-verbal de montrée, que nous possédons, se compose de 44 folios. Il est écrit sur papier timbré et débute ainsi :
« Le lundi dixième jour de mars mil sept cent vingt-sept.
« Nous, Jean Hesnard, maçon, René Coquillard, charpentier, et François Gaultier, couvreur, demeurant à Laval, paroisse de la Trinité, certifions à tous qu'il appartiendra, qu'à la requête de frère Victor Henri Roux, commandeur de Thévalles, en présence de Louis Frin, de l'ordre de Malte (6), son procureur général, suivant sa procuration attestée de Rozières, notaire royal, le premier janvier mil sept cent vingt-sept, experts commis par le sieur Charles (sic) Frin, en ladite qualité de procureur dudit sieur commandeur de Thévalles, maisons et terres en dépendant, pour procéder à la montrée et visite des bâtiments et terres dépendant de ladite commanderie de Thévalles, avons vu et remarqué, etc... »
6. Sans doute le chapelain de la commanderie. Celui-ci devait célébrer la messe dans la chapelle tous les jours sauf le dimanche et recevait pour cet office des émoluments s'élevant à la somme annuelle de 150 livres. (Abbé Foucault. Les Seigneurs de Laval, page 88).

Suit la description des divers bâtiments dépendant de la commanderie situés aux environs de la ville de Laval, avec l'estimation des travaux à exécuter pour les mettre en état.

Le château de Thévalles, comprenant l'habitation du commandeur, avec chapelle et sacristie, le cimetière, la prison et les bâtiments de service, étables, fournil, cellier et pigeonnier, est tellement délabré que l'ensemble des travaux qui devront y être faits pour le rendre logeable, s'élèveront à la somme de 5,512 livres, 16 sous, 12 deniers. En effet, les pignons tombent, les murs sont lézardés, les carrelages sont pourris, et c'est à peine s'il en reste des vestiges. Les portes, même celles de la prison, n'ont plus de serrures ; les fenêtres n'ont plus de vitres et la toiture doit être refaite presqu'en entier ; enfin les murs de clôture, notamment celui du cimetière, sont en grande partie écroulés.

Pierre tombale
Reproduction d'après un estampage
HIC IACET
GABRIEL DV BOIS DE LA FERTÉ
EQVES ORD.S. IOANN. HEROSOLIM.
COMMANDATOR DE THEVALE,
QVEM TERRA MARIQVE ZELVS FIDEI
ET MORVM SANCTITAS
COMMENDABILEM FECERE.
5EMPER SIBI PARCVS,
PAVPERIBVS NVNQVAM,
VERE PAVPERVM PATER.
PIERRE TOMBALE DE GABRIEL DU BOYS DE LA FERTÉ
Au Breil-aux-Francs, près Laval - BNF

Les experts visitent ensuite la métairie voisine de la Chouannière pour laquelle les dépenses s'élèveront à la somme de 546 livres 19 sous (7).
7. La Chaurimyère (Déclaration de 1575). - La Chouannière (Dictionnaire topographique du département de la Mayenne).

Le 11 mars ils se transportent au Breil-aux-Francs.
Bien que le château, comprenant la tour de l'escalier au rez-de-chaussée, la grande salle, la cuisine et la cave ; au premier étage trois chambres, dont une est dite chambre du trésor, et diverses autres constructions, savoir une chapelle avec sacristie, l'écurie, le chenil, le pigeonnier, le cellier et les bâtiments de la ferme, paraisse en meilleur état, les travaux à exécuter atteindront le chiffre de 8773 livres 11 sous, dont 1883 livres 3 sous applicables à la ferme.

Ils visitent ensuite diverses métairies, la Roussière (8), paroisse de Parné, la Bouhourdière, même paroisse (9), la Cocherie, paroisse de Bonchamp (10), qui ont aussi un besoin urgent de réparations. Les travaux sont estimés à 3641 livres 10 sous pour la première, 800 livres 17 sous pour la seconde, et 2955 livres pour la troisième.
8. (Déclaration de 1575).
9. (Déclaration de 1575).
10. La Rocherie (Déclaration de 1575).


Le 13 mars les experts se rendent à la métairie de l'Eraudière, commune de Quelaines, pour laquelle on devra dépenser 3848 livres. (11)
11. Non comprise dans la déclaration de 1575. Les Raudières Dictionnaire, topographique du département de la Mayenne).

Le 15 mars l'expertise continue, après un jour de repos, sans doute un dimanche, et on se rend à la chapelle Saint-Jean de-l'Hôtellerie, située paroisse de Grenoux (ancienne paroisse : Laval) (12).
La chapelle Saint-Jean n'est pas mieux conservée que les autres bâtiments de la Commanderie. Les murs, tant de la chapelle elle-même que du clocher en pinade, doivent être recrépis, les lambris sont à renouveler en grande partie. Le carrelage est usé et ruiné enfin la toiture est à refaire en entier. Le tout pourra coûter environ 809 livres.
12. Non comprise dans la déclaration de 1575.
Une de nos parentes, décédée en 1880, très âgée, se souvenait d'avoir été conduite, étant enfant, dans cette chapelle où l'on exposait sur l'autel chaque année, le jour de la Saint-Jean, une tête en cire représentant le chef décollé de Saint-Jean-Baptiste.
Cet édifice est compris aujourd'hui dans l'enclos du pensionnat de Haute-Follis. Depuis 50 ans environ il a cessé de servir de chapelle et a été converti en classe (Renseignement fourni par M. l'abbé Jausson, aumônier du pensionnat de Haute-Follis).
D'après M. l'abbé Foucault, cette chapelle aurait été détruite à l'époque de la Révolution. (Les Seigneurs de Laval, page 88).
Le village placé autour de la chapelle fait aujourd'hui partie de la commune de Laval à laquelle celle de Grenoux a été annexée. Mais la rue qui le traversait en a conservé le souvenir et porte encore le nom de rue Saint-Jean.


On visite ensuite la maison dite le Palais de Thévalles, placée en la ville de Laval, paroisse de Saint-Vénérand. Ce palais bien humble, où les officiers de la Commanderie rendaient la justice, comprenait uniquement la salle d'audience et une petite pièce à côté. (13) Les réparations qu'il sera nécessaire d'exécuter s'élèveront à la somme de 407 livres 5 sous, et à 343 livres pour une petite maison attenante.
13. La Juridiction de la Commanderie de Thévalles, qui s'étendait sur plus de 40 paroisses, ressortissait à la barre épiscopale de Touvoie.
Nous n'avons pu retrouver la situation exacte de ce Palais.
Nous lisons dans les Essais historiques sur la ville de Laval et ses environs de M. Duchemin de Villiers (page 250, note 56) que « le Commandeur de Thévalles avait une maison, pour lui-même dans la ville, rue Renaise, à gauche en descendant, en face la rue des Béliers. » Il n'est pas question de cette maison dans le procès-verbal de montrée que nous venons d'analyser, soit que cette habitation n'appartînt plus au XVIIe siècle aux Commandeurs de Thévalles, soit qu'ils ne l'aient jamais occupée qu'à titre de locataires. Elle n'est du reste pas comprise dans la Déclaration de 1575.


Les experts s'aperçoivent qu'ils ont négligé de visiter les étangs dépendant de la Commanderie et situés près de Thévalles et du Breil-aux-Francs. Ils s'empressent de faire cette visite et fixent à 1802 livres les sommes à dépenser pour la réfection tant des conduites d'eau que des chaussées.

Puis ils closent, le 5 avril 1727, leur procès-verbal qui est signé René Coquillard, F. Gaultier, Jean Hesnard et L. Frin, de l'ordre de Malte.

Le surlendemain, 7 avril, ils affirment la régularité de leurs opérations devant le sénéchal de la Commanderie.
« Du dix-septième jour d'avril mil sept cent vingt-sept, par devant nous, François Leballeur, sénéchal des Commanderies de Thévalles, sont comparus en leurs personnes, Jean Hesnard, maçon, René Coquillard, charpentier, et François Gaultier, couvreur, tous experts, auxquels nous avons fait donner par nous, Pierre Chatizel, greffier des dites Commanderies, lecture de leur procès-verbal de montrée ci-dessus et des autres parties, en présence de M. François le Clerc, sieur du Moullin, procureur fiscal des dites Commanderies, et, le serment pris d'iceux tels experts, ont dit qu'il contenait vérité et ont signé avec nous, juge susdit et soussigné, les dits jour, mois et an que dessus. »
Signé: « Le Balleur, Chatizel, Jean Hesnard, François Gaultier, F. Clerc. »

Le chiffre total des dépenses que devait entraîner la mise en état des bâtiments dépendant de la Commanderie de Thévalles s'élevait à la somme énorme pour l'époque de 23.440 livres, trois sous. Aussi le nouveau commandeur dut-il renoncer à faire exécuter tous ces travaux.
Il se borna à faire dans les fermes les réparations les plus urgentes et à rendre le château du Breil-aux-Francs susceptible d'être habité. Quant au château de Thévalles, dont la destruction avançait chaque jour, il n'entreprit même pas de l'entretenir, laissant le temps compléter sa ruine.

A la mort de Victor le Roux de la Corbinière, la Commanderie de Thévalles fut donnée au chevalier Alexis Binet de Montifroy qui, à son tour, de concert avec le Commandeur Jacques de Brémond, Receveur du Grand Prieuré d'Aquitaine, fit procéder, au mois d'août 1763, à une expertise dont furent chargés deux autres chevaliers, Claude Eugène de Beaureau et François-Louis de Cumont (14).
14. François-Louis-Auguste de Cumont, chevalier profès de Saint-Jean-de-Jérusalem, commandeur de Saint-Jean et de Sainte-Catherine de Nantes, inhumé à Angers, le 6 septembre 1779, âgé de 72 ans.

Ceux-ci, prenant en considération l'état de ruine dans lequel se trouvait le château de Thévalles, furent d'avis qu'il y avait lieu de l'abandonner, afin de pouvoir consacrer les revenus modiques de la Commanderie à l'entretien de celui du Breil-aux-Francs, devenu depuis longtemps déjà la résidence des commandeurs.

C'est seulement le 14 août 1765 que le chevalier Binet de Montifroy sollicita du Grand Maître de l'Ordre de Malte l'autorisation nécessaire. Sa requête, soumise au Grand conseil de l'Ordre, fut répondue favorablement par un décret que nous reproduisons ci-dessous. Il est écrit sur une feuille de papier in-folio, laquelle porte encore des traces du sceau de cire noire qui y avait été apposé.

FRATER EMMANUEL PINTO
Originale

TRADUCTION
Frère Emmanuel Pinto, par la grâce de Dieu humble Grand Maitre de la maison sacrée des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et de l'Ordre Militaire du Saint-Sépulcre de Notre Seigneur et protecteur des Pauvres de Jésus-Christ, à tous et à chacun de ceux qui verront, liront ou entendront nos présentes lettres, salut :
Nous faisons savoir et attestons que le décret ci-dessous transcrit a été extrait du registre des délibérations, conservé en notre chancellerie, sur lequel les décrets de même nature sont d'ordinaire notés et enregistrés. Nous avons ordonné d'extraire et rédiger celui-ci sous cette forme authentique pour que la même foi pleine et entière lui soit accordée en tous lieux, tant en justice qu'autrement, dont la teneur est ainsi qu'il suit :

Le quatorzième jour d'août 1765, lecture faite de la lettre suppliante du commandeur Frère Alexis Binet de Montifroy, de la vénérable langue française et du Prieuré militaire d'Aquitaine, dont la teneur est ainsi qu'il suit :
Altesse éminentissime.
Le Chevalier Frère Alexis Binet de Montifroy, commandeur de la Commanderie de Thévalles, très humble serviteur et très obéissant religieux de votre Altesse éminentissime, expose révérencieusement que, quand cette commanderie fut devenue vacante par la mort du commandeur frère Victor le Roux de la Corbinière, le receveur du vénérable prieuré d'Aquitaine, le commandeur Jacques de Bremond, ayant appris par le fermier de ladite commanderie l'état dans lequel elle se trouvait, il se crut, pour remplir sa mission, dans l'obligation de faire visiter la susdite commanderie et de faire dresser un procès-verbal de cet état, ce qu'il fit exécuter au mois d'août 1763 par les chevaliers commandeurs, frère Claude Eugène de Beaureau et frère François-Ludovic de Cumont, avec l'assistance de l'agent Ragot. Desquels visite et procès-verbal, il résulte que le vieux château de Thévalles se trouve dans le plus déplorable état, presqu'entièrement ruiné et depuis de longues années abandonné, de telle sorte que les commissaires susdits conseillèrent la suppression de ce château, à la réserve de l'habitation du régisseur et de la chapelle, avec d'autant plus de raison que depuis près de cent ans les commandeurs de cette commanderie ont préféré prendre pour leur résidence un autre château [dit] le Breuil (le Breil-aux-Francs) dépendant de cette commanderie comme mieux conservé, ainsi qu'il résulte du procès-verbal annexé à cette lettre. C'est pourquoi le suppliant se permet de recourir a la bienveillance de Votre Altesse Eminentissime pour vous supplier humblement de daigner, ainsi que votre sacré conseil, lui accorder l'autorisation nécessaire pour la suppression de la partie susdite de ladite commanderie, afin de pouvoir, avec plus d'utilité, employer son faible produit à réparer les autres biens de cette commanderie notablement détériorés et de votre grace...

Nous, Grand Maitre des Hospitaliers de Jérusalem, ordonnons que cette supplique soit communiquée à notre procureur du Trésor commun et de la vénérable langue française. Donné en notre palais le 19e jour de juillet 1765. G. Belli, auditeur.

Nous, Grand Maître des Hospitaliers de Jérusalem, ordonnons que cette supplique soit transmise à notre Conseil vénérable. Donné en notre palais, le douzième jour d'août 1765. Frère Charles Ferruggia, auditeur.

Nous, Eminentissime et Révérendissime seigneur Grand Maître, et notre Conseil vénérable, vu la délibération de langue vénérable prise le trentième jour du mois de juillet dernier, et aussi le chirographe des vénérables procureurs du Trésor commun, déposé le cinquième jour du mois courant, avons accordé et octroyé d'un vote unanime la faculté demandée, de façon toutefois à ce que la chapelle et l'habitation du régisseur demeurent intactes.

Et parce que telle est la vérité. C'est pourquoi, en témoignage de cette décision, notre Bulle magistrale en cire noire a été apposée sur le présent décret.
Donné à Malte, en notre Conseil, les jours, mois et an sus-indiqués.
Enregistré en la Chancellerie
Le porteur de l'Aigle, François Guedes, vice-chancelier.

En exécution de ce décret, le commandeur Alexis Binet de Montifroy abandonna complètement le château de Thévalles dont la destruction avançait rapidement faute d'entretien. Ses successeurs, les chevaliers Achille-Charles-Alexis de Kérouard, 1768, et Jean-Henri de la Laurencie, 1775, imitèrent son exemple. De telle sorte qu'à l'époque de la Révolution, le château, vendu comme bien national, se trouvait vraisemblablement déjà dans l'état où nous le voyons aujourd'hui, à la sortie du village du même nom, sur la droite de la route d'Angers, et ne comprenant plus que les pièces réservées pour l'habitation du fermier ou régisseur.
Suivant M. l'abbé Foucault (Les Seigneurs de Laval, pages 88 et suivantes) la chapelle, qui existait encore en 1789, aurait été détruite pendant la Révolution.
Sources : E. Querdau-Lamerie. Procès-verbaux et documents. Département de la Mayenne, Commission historique et archéologique, tome II, page 235 à 248. Laval 1883. - BNF

Commanderie de Thévalle
L'acte le plus ancien connu, quoique non daté, qui concerne les Hospitaliers de Thévalle est le don fait par Guy, fils d'Adam, Agnès, sa femme, Jean et Jeanne, ses enfants, de tout ce qu'il possédaient au-delà du ruisseau de Thévalle, ultra aquam (et non agnam) de Thévalla.

A cette époque, la commanderie est dite de Laval, peut-être l'établissement primitif était-il à Saint-Jean de l'Hôtellerie ; le don qui précède aurait décidé de la fondation de Thévalle. Guénard, seigneur du lieu, ratifia l'acte de son vassal.

Guy V de Laval au XIIe siècle créa en faveur du nouvel hôpital une foire de trois jours à la fête de la Décollation de Saint-Jean-Baptiste, lui laissant la moitié de toutes les recettes et le droit d'étalage. Un officier du seigneur percevait la taxe, et celui des Hospitaliers portait la bourse.

Les religieuses d'Avesnières furent obligées en 1169 de reconnaître l'exemption dont jouissait dans leur fief comme ailleurs les terres des chevaliers en vertu des privilèges de leur ordre, se contentant de recevoir chaque année deux setiers de seigle, un setier d'avoine, et une livre d'encens.

On connait quelques autres libéralités:
— Don fait aux frères hospitaliers par Philippe de Saint-Denis, chevalier, de tout le droit de dîme que lui et son père possédaient dans les paroisses de Meslay et du Bignon, 1220.
— Don fait aux mêmes par Mathieu du Verger et Jeanne sa femme, de cinq sols de cens et de deux setiers de seigle à prendre sur le tenement de Bois-Gamast, etc. Mai 1237.
— Des droits sur l'étang et le moulin de Jouanneau, sur l'écluse d'Etrogné, et sur le moulin que les frères y pourraient établie, 1237.
— Acte par lequel Thibault de Mondamer assigne sur la métairie de la Haye-Guyon, en la paroisse d'Arquenay, une rente de dix sols qu'il devait au commandeur du Breil aux Francs ; septembre 1274.
— Don d'une rente de trois sols aux Templiers du Breil aux Francs, 1293.
— Plaintes du commandeur de Thévalle contre les violences et les entreprises da seigneur de Laval sur sa juridiction ; sans date (fin du XIIIe siècle) en français.

Mais ce qu'on connait ainsi par des actes isolés n'est rien à comparer aux rentes, aux domaines, aux fiefs qui formèrent plus tard la dotation de la commanderie de Thévalle, après l'annexion de la commanderie du Breil-aux-Francs et de la commanderie de Chevillé.

La commanderie de Thévalle avait des domaines dans quarante paroisses. Ses revenus, suivant Expilly, étaient estimés 4 500 livres.

Commandeurs: Avant 1312
Gervais, qui avec Jean, commandeur d'Artins, reçut le don de Guy, fils d'Adam, XIIe siècle.
Bernard de la Rochère, du temps de Guy VI de Laval.

Commandeurs: Après 1312
Jean Lemoine, 1353-1360.
Nicolas Séguin, 1395.
Guillaume Levoyer, 1411.
Alain de Boiséon, 1452.
Jacques de Chasteau Challon, 1477.
Guytereau, 1488-1493.
Léon Jau, 1512.
Louis Gourdeau, 1521.
François de Sousselles, 1527.
Léon Goullard, 1533.
René Lecirier, 1564.
Louis de la Roche dit la Boullaye, 1570.
Bertrand Peloquin, 1575.
Jean Grignon, 1578.
Claude de Liniers, 1592.
Adam Bellanger, 1594-1619.
Urbain de Salles, sieur de l'Escoublère, 1620.
Antoine Thomasset, sieur de la Boislinière, 1653.
Charles de Villiers, sieur de Lauberdière, 1668.
Charles du Plantis Landereau, 1675.
Charles Charbonneau de la Forte Ecuyère, 1704.
Victor-Henri Leroux, 1729.
Le chevalier de la Corbinière, 1741.
Alexis Binet de Montiffroy, 1765.
Achille-Charles-Alexis de Keronard, 1768.
Jean-Henri de la Laurencie, 1775.

On ne sait pas à quelle date la commanderie de Chevillé fut rattachée à celle de Thévalle. En 1353, Jean Lemoine était commandeur de l'une et de l'autre.
Sources: Commanderie de Thévalle, dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910 — Sources numériques: Wikipedia

L'argilière de Thévalle
La fabrication des vases à l'oeil de perdrix eut certainement plusieurs centres, car la matière, les types, l'ornementation des spécimens que nous connaissons, ne se ressemblent pas.

M. E. Moreau, à la suite d'une découverte de nombreux fragments faite par M. Léon Delaunay au lieu de la Hardelière, près de l'écluse de Cumont, désigna avec raison le village de Thévalle comme le principal atelier de cette industrie. Le village est ancien, chef-lieu d'une commanderie de l'ordre du Temple (ce doit-être une erreur), connu de temps immémorial par l'exploitation d'un banc d'argile, que surmontaient aussi le bourg et l'église romane de Saint-Pierre-le-Potier, et les fours des Gaudinieres. La terre à l'état de cuisson parfaite est rouge, sans mica.
Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, IIe série, tome XXVI, page 358. Le Mans 1911


Thairé   (17)

Commanderie de Thairé
Département: Charente-Maritime, Arrondissement et Canton: La Rochelle - 17


Domus Hospitalis Thairé
Domus Hospitalis Thairé


L’Exploitation seigneuriale au XVIIIe siècle dans la commanderie de Thairé-d’Aunis
Résumé
Dans une paroisse de l’Aunis, Thairé, les Chevaliers de Malte possédaient une commanderie dont une importante partie était tenue par un vassal, le seigneur de Dirac.

Par l’établissement, à intervalles plus ou moins réguliers, de papiers terriers, le Commandeur se bornait à la défense de ses droits seigneuriaux. C’est la bourgeoisie du village ou de la ville voisine, La Rochelle, qui, détenant la majeure partie des tenures, tirait le profit de l’exploitation du sol à l’aide de journaliers.

Au contraire, les seigneurs vassaux veillaient personnellement à l’exploitation de leur domaine. L’un d’eux, au milieu du XVIIIe siècle, fera preuve d’un remarquable esprit d’entreprise en faisant assécher en quelques mois cent vingt hectares de marais pour y fonder deux nouvelles métairies.

A la veille de la Révolution ce sont des intendants qui géreront le domaine déserté par le dernier seigneur de Dirac.

Thairé-d’Aunis était une paroisse mouvante de la châtellenie de Rochefort-sur-Charente. Elle s’étendait sur le versant sud de l’anticlinal qui sépare le marais poitevin des marais littoraux de l’Aunis.
Une population d’environ 800 habitants se répartissait en de rares fermes, métairies ou « cabanes », en un hameau : La Fondelaye ; en un village : Mortagne la Vieille ; en un bourg : Thairé-d’Aunis.

La commanderie de Thairé-d’Aunis
Ce domaine appartenait aux Chevaliers de Malte, héritiers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem à qui avaient été dévolus les biens des Templiers, lors de l’abolition de cet ordre.

Aux archives départementales de La Rochelle est déposé un terrier, avec plans coloriés, qui a été établi en 1785 (1). Il apporte des précisions sur l’étendue des terres relevant directement de la commanderie, sur celles relevant de seigneuries vassales, sur le parcellaire, la nature des cultures, les bâtiments d’exploitation, les habitats et enfin sur les redevances seigneuriales et les devoirs des vassaux. Des fragments d’un papier terrier précédent permettent d’utiles comparaisons (2).

étendue du domaine
Les fiefs dont la Commanderie avait perdu la seigneurie utile pour ne conserver que la directe, avec les droits honorifiques qui y étaient attachés, ne sont pas représentés sur les plans qui accompagnent le terrier. De ce fait, la mouvance de la seigneurie ne peut être délimitée avec exactitude. Il serait d’ailleurs vain d’en rechercher les limites précises puisque les auteurs du terrier reconnaissent eux-mêmes (3) : « Il est certain que beaucoup de domaines se trouvent hors de la possession de la commanderie. »

La récapitulation des surfaces des différentes tenures figurant sur les plans donne environ 250 hectares. Certains indices permettent d’estimer que les fiefs en possession des seigneurs vassaux devaient dépasser cette quantité.

Le parcellaire
Ne s’accommodant pas d’un paysage bocager, les vignes s’étendaient en openfield, en parcelles de faible étendue, de formes géométriques généralement rectangulaires. A l’ouest, dans la vallée humide d’un petit ruisseau, le Pontreau, le bocage s’établissait en petites parcelles aux formes sinueuses.

Les cultures
Le terrier montre la place prépondérante de la culture de la vigne.
Il faut noter l’absence de fermes ou de métairies. Le moulin à eau du Pontreau est le seul écart qu’on puisse mentionner. Dans certains fiefs, les tenanciers étaient tenus de cultiver la vigne à l’exclusion de tout autre production. Le terrier, à propos du Fief-le-Roy, précise : « Ce canton est sujet au septein des fruits y croissant pour droits de terrage et de complant dus (....) à chaque levée de récolte annuelle et sans chaumage, comme nature de fief de vigne ou la culture doit être permanente. »

Les bâtiments d’exploitation
C’est dans le bourg même de Thairé que se trouvaient les bâtiments d’exploitation et les habitats. Une feuille du terrier donne le plan détaillé du village, très resserré sur lui-même, aux ruelles tortueuses, aboutissant à des queureux, c’est-à-dire à des cours communes autour desquelles se distribuaient les habitats. Les bâtiments d’exploitation agricole, très rares, comportaient essentiellement des chais pour loger les récoltes de vin et les bâtiments annexes nécessaires à la vinification et à la distillation, ou bien encore des écuries pour les chevaux utilisés pour les transports, plus comme bêtes de somme que comme animaux de trait.
Laissant de côté les logements attachés aux bâtiments d’exploitation, domicile de ceux que le terrier qualifie de marchand ou de sieur, attardons-nous aux habitats où vivait la classe la plus nombreuse, celle des « laboureurs à bras. » Ce terme désigne les journaliers travaillant à la culture de la vigne qui s’effectuait alors exclusivement à la main. Leur logement ne comportait généralement qu’une pièce où la famille vivait pêle-mêle avec quelques animaux domestiques. Un rapport très circonstancié d’un médecin, chargé d’enquêter sur une maladie épidémique qui avait décimé la population au milieu du XVIIIe siècle fournit les détails réalistes sur l’inconfort, le manque total d’hygiène et la grande misère qui régnaient en ces « tanières » (4).

Les tenanciers
La distinction que nous venons d’établir entre les rares logements joints aux bâtiments d’exploitation et les nombreux taudis des laboureurs à bras, témoigne d’une inégalité dans la distribution des tenures.

Quelques bourgeois de Thairé, ou des bourgeois rochelais ayant dans le village une résidence secondaire, détenaient la plupart des terres accensées. Cependant, il convient de noter que la majorité des laboureurs à bras, malgré leur dénuement, possédaient quelques lopins de terres ou d’ouches où, mettant à profit les temps morts de la culture de la vigne, ils tiraient une partie de la subsistance de leur famille.

Les redevances seigneuriales
Les cens et terrages n’étaient pas uniformes. On est frappé par la diversité de la nature de ces redevances et par la disparité des taux, même pour des parcelles voisines ; elles étaient payables, tantôt en espèces, tantôt en nature, parfois en espèces et en nature. Pour la vigne, le complant était généralement du sixième ou du septième des fruits. Certaines tenures franches de fruits n’étaient soumises qu’à un cens léger en argent. Dans un préambule, les auteurs du terrier constatent qu’il n’y a aucune base pour fixer les droits de la commanderie. A défaut du premier terrier dont ils ne connaissent pas l’origine, ils s’appuient pour vérifier les déclarations des tenanciers sur le plus ancien en leur possession, celui de 1654.

Le rôle de la commanderie dans l’exploitation des terres.
Il apparaît, d’après le terrier, que le rôle de la commanderie dans l’exploitation du domaine était purement passif, se bornant à la perception des cens, terrages et complants et à l’établissement, à intervalles plus ou moins réguliers, de papiers terriers pour asseoir ses droits, les défendre et au besoin les améliorer. Une fois le terrier arrêté, le commandeur n’était plus représenté que par un mandataire remplissant les fonctions de receveur d’un lointain bénéficiaire.

C’est la bourgeoisie, tant villageoise qu’urbaine, qui, possédant la majeure partie des tenures, les exploitait et tirait le profit du domaine en faisant cultiver la vigne par une main-d’œuvre salariée, chichement payée, celle des laboureurs à bras.

La châtellenie de Dirac
Avec la châtellenie de Dirac, apparaît un autre aspect de l’exploitation des domaines où les seigneurs jouaient un rôle plus actif.

Ce domaine était tenu depuis le XVIe siècle pour une famille de Saint-Georges dont plusieurs représentants à Thairé ont porté le titre de comte. Un descendant, à la fin du XVIIIe siècle, fera ériger cette terre au rang de marquisat.

Cette famille possédait de nombreuses seigneuries en Aunis et Saintonge et notamment celle de Saint-Vivien dans une paroisse voisine. Dans cette étude ne sera retenue que l’exploitation des terres de Thairé.

Lors de l’établissement du terrier de 1785, le marquis de Dirac avait refusé de fournir, non seulement le dénombrement des domaines qu’il tenait à foi et hommage lige, mais aussi les déclarations des tenures roturières. Dans les observations qui accompagnent le terrier il est précisé : « Le marquis de Dirac paraissait en 1785 vouloir s’affranchir de toute vassalité envers la commanderie et il n’avait voulu fournir aucun titre, aucune déclaration pour l’établissement du nouveau terrier », pour pallier cette carence, le terrier rappelle le dénombrement qui avait été rendu dans un terrier précédent.

Ce dénombrement comprenait :
— la châtellenie de Dirac, tenue « à foy et hommage lige, au devoir d’un marc d’argent à muance de seigneur, et au tiers d’yceluy à muance de vassal »
— les fiefs du moulin de Dirac.
— le fief de dessus la Cour.
— le fief des Vieilles-Boinotes.
— le fief Jarry.
— les fiefs de l’Houé.
— le tiers des fiefs de la Grande et de la Petite Couture.
— le tiers du fief de Thairé.
— la Collinerie.
— le tiers de la Halle.

A titre roturier le seigneur de Dirac détenait d’autres pièces de vignes dans le domaine de la commanderie, dont 7 hectares d’un seul tenant au fief Bouribeau.

Enfin, au Sud de la paroisse de Thairé s’étendait un marais de 120 hectares, appelé le fief des Arennes, mouvant de la seigneurie de Voutron et tenu à foi et hommage lige au devoir d’un lévrier blanc. Ce fief jouxtait aussi la seigneurie de Saint-Vivien appartenant aux Saint-Georges.

A quelle date et en quelles circonstances les Templiers ou les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ont-ils été amenés à concéder la vassalité de la terre de Dirac et des autres fiefs ? Le caractère archaïque de certains devoirs autorise à remonter à une période assez haute : tel le devoir d’une maille d’or apprécié 22 sols 6 deniers à muance d’homme, dont étaient chargés les fiefs de l’Houé, etc. (6), qui laisse supposer que l’inféodation remonte au XIVe siècle (7).
Comment se présente l’exploitation des domaines tenus par les seigneurs de Dirac ?

Une partie des terres échappait à l’exploitation directe : ce sont celles des tenanciers. L’absence de papier terrier de la châtellenie de Dirac ne permet pas d’en apprécier l’importance, mais le dépouillement du registre du contrôle des actes (8) révèle un nombre non négligeable de déclarations de censitaires.

A l’instar des bourgeois, les Saint-Georges exploitaient directement leur domaine libre. Bien des faits le prouvent, notamment les terres tenues roturièrement dans le domaine direct de la Commanderie. En outre, le témoignage d’une exploitation à grande échelle nous est apporté par l’inventaire dressé lors de la vente du château de Dirac comme bien national (9).
Dans les servitudes, les bâtiments réservés à l’exploitation vinicole comportaient : deux grands chais avec pressoirs et treuil à « fût », deux grands foudres de bois (....) contenant 350 barriques, une cave voûtée, une brûlerie propre à placer quatre chaudières, un timbre (10) en pierre, doublé de plomb, contenant 53 barriques servant à remplir les pipes des chaudières, etc.

Enfin les registres paroissiaux (11) livrent les noms et les professions des personnes attachées au service des Saint-Georges : on y relève des intendants, des hommes d’affaires (surtout à la fin du XVIIIe siècle), mais pas de domestiques agricoles gagés ou de métayers. Les Saint-Georges, comme les bourgeois, utilisaient des laboureurs à bras, payés à la journée ou à la tâche.

Au début du XVIIIe siècle les seigneurs de Saint-Georges gèrent personnellement leurs terres. L’un d’eux, le comte Hector de Saint-Georges a fait preuve d’un esprit d’entreprise remarquable en procédant, en 1739, à l’assèchement du fief des Arennes, marais couvrant 120 hectares. Sept lettres permettent de suivre l’exécution de ce travail (12).

Au préalable, il lui fallait obtenir un arrêt du Conseil d’état pour mettre fin à une longue procédure qui avait opposé le seigneur de Voutron aux ancêtres des Saint-Georges, et aussi « l’inertie des bureaux » c’est-à-dire les lenteurs administratives. Il s’y emploie avec bonheur. Bien en cour, il fait des démarches personnelles auprès du Chancelier et auprès du contrôleur général, M. d’Ormesson.

Le 13 mai il expose ses projets dans une lettre à M. de Barentin, intendant de la généralité de La Rochelle : « Il conviendrait que tout puisse être consommé au commencement de juin ; je ferai incontinent rendre sur place les matériaux (...). Je compte employer deux cents hommes, au moyen de quoi, tout pourra être fini le 1er novembre »

Dans une autre lettre, il morigène son notaire qui a fait preuve de négligence, en des termes qui évoquent le vers de Molière : « Comme en termes galants ces choses-là sont dites. »

Le 24 octobre, à 4 heures du matin, il écrit à M. de Barentin : « J’aurais besoin que ce jour fût de 60 heures (...) mon écluse est finie ; nous enverrons l’eau douce à l’Océan ; on commencera à labourer lundi ; mes colons emménagent aujourd’hui. »

Selon un commentateur de la coutume de La Rochelle, un seigneur ne déroge pas en cultivant ses terres. Certes Hector de Saint-Georges, qui fut un grand seigneur, n’a pas dérogé en s’occupant de l’exploitation de son domaine. A travers ses lettres, nous voyons apparaître un fin lettré (il cite Horace), un seigneur bien en cour et un homme d’action. On s’émerveille de voir que, en quelques mois, 120 hectares de marais ont été asséchés par le creusement de canaux et de fossés, qu’une écluse a été construite pour régulariser le cours de l’eau, que des ponts et deux métairies ont été édifiés et les terres ensemencées. Veillant aux moindres détails, on comprend que le comte ait exprimé le souhait que les journées fussent de 60 heures et formulé le désir de mettre sa tête « à l’ombre de ses charmilles, à la fraîcheur de ses fontaines. »

Il y aurait beaucoup à dire sur son petit-fils, le marquis de Dirac, capitaine au régiment de Royal-Cavalerie. A 25 ans il est si couvert de dettes que son père, pour sauvegarder le patrimoine familial, fera établir un testament en « substitution »

A la fin du XVIIIe siècle, ce sont des intendants et des fermiers généraux, ces derniers choisis généralement parmi les bourgeois de Thairé, qui gèrent le domaine. Sous la Révolution, les procès-verbaux dressés lors de l’adjudication du fermage du domaine montrent des bâtiments et du matériel en mauvais état. Enfin, le fait que les fermiers généraux, qui appartenaient à la bourgeoisie locale, aient acquis des terres lors de leur vente comme biens nationaux, prouve bien que, à la fin du XVIIIe siècle, le véritable profit de l’exploitation des terres seigneuriales des Saint-Georges avait été accaparé par les bourgeois.

A Thairé, tout au long du XVIIIe siècle, on assiste à une main mise progressive de cette bourgeoisie sur l’exploitation des terres, soit par exploitation directe, soit en affermant les revenus des terres seigneuriales. La culture de la vigne facilitait, par ailleurs, leur entreprise.
Sources : GABET Camille. Actes du 93e Congrès national des sociétés savantes : Tours, 1968. Section d’histoire moderne et contemporaine. Agriculture, industrie, commerce, études diverses, tome III, pages 15 à 22. Tours 1968. BNF

Vous pouvez voir sur le site des Archives départementale de Charente-Maritime, le terrier de Thairé

Notes
Sur la carte de l’IGN, il y a une du Temple à Thairé, est-ce une rue qui représente l’ordre du Temple ?
1. Archives départementale de Charente-Maritime, E 7 ; Terrier de la commanderie de Bourneuf et Thairé, grand in-folio, 1058 pages et 73 plans coloriés, dont 304 pages et 17 plans pour Thairé.
2. Archives départementale Charente-Maritime, E 8; Terrier de la commanderie de Thairé, in-folio 52 feuillets papier.
3. Terrier de 1785, opuscule cité, note sur le fief du Bois-des-Mottes de Bouribeau.
4. Archives départementales Charente-Maritime, D 12, folio 36 : rapport du médecin Destraydieux en date du 26 décembre 1771.
6. Terrier.
7. Les mailles furent frappées de 1308 à 1411.
8. Archives départementales de Charente-Maritime, C 5046-5047 : contrôle des actes des notaires et écritures privées, bureau de Thairé, 1712-1715.
9. Archives départementales de Charente-Maritime, Q 107, 5e registre, 2e affiche.
10. Timbre : bassin taillé dans la pierre ; très commun en Aunis et Saintonge.
11. Archives départementales de Charente-Maritime, registres paroissiaux de Thairé, années 1772, 1774, 1777, 1778.
12. Archives départementales de Charente-Maritime, C 175 : Intendance, marais de Vourron : lettres du seigneur de Saint-Georges (7 pièces).


Thoreilles-le-Defend   (21)

Domus Hospitalis Thoreilles-le-Défend
Département: Côte-d'Or, Arrondissement: Beaune, Canton: Arnay-le-Duc, commune: Viévy — 21


Domus Hospitalis Thoreilles-le-Défend
Domus Hospitalis Thoreilles-le-Défend


En 1271, Ponce de Saulx, chevalier, et sa femme Isabelle, dame du Défend, donnent aux Hospitaliers de Champignolles des rentes en bleds assignées sur les fonds qu'ils possédaient à Thoreilles.

La commanderie de Beaune, eu outre des membres décrits ci-dessus, possédait un tiers des seigneuries de « Painblanc », de « Pasquier » et de « Villeneuve-les-Voudenay », des rentes en grains assignées par l'un de nos ducs sur le « meix de l'hôpital de Velars », près Pouilly-en-Auxois, sur les moulins de « Bourguignon, d'Aignay et Badet », près Beaune sur la rivière de « la Bouzoise », des droits de dîmes sur « Thury » et sur « Mursanges », des terres écartées sur « Montceau », « Cussy-la-Colonne » et « Thomirey »; et enfin des rentes en vin sur « Vollenay », « Bligny-sous-Beaune » et « Pernant. »

Fond de la commanderie de Beaune H 1224: Tarreilles, Terrreilles, 1272.
Sources: César Lavirotte — Mémoire Statistique sur les Etablissements des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne — Membre de la Société française pour la conservation des Monuments — 1852.

Thoreilles-le-Défend, hameau sur la commune de Viévy.
— Torrelle, 1265 (La Ferté, H 567)
— Tarreilles, 1272 (Fonds de la commanderie de Beaune, H 1224)
— Thorroille, 1275 (La Ferté, H 567)
— Tourroilles, 1327 (Ibidem)
— Torrailles, 1331 (Ibidem)
— Tourrailles, 1345 (Ibidem)
— Terroilles, 1397 (B 11513)
— Torroilles, 1442 (B 11515)
— Torroillot, 1461 (B 11517)
— Torroillottes, 1470 (B 11518, folio 148 vº)
— Toirillotte, 1574 (C 5128 bis, folio 57 vº)
— Thoralles, Thorelles, 1578 (B 10671)
— Theurrailles, 1625 (C 4739, folio 18 vº)
— Thorey le Deffend, Thoreille le Deffend, Thureil le Deffend, 1689 (B 10871)
— Thoreil-le-Défend, 1783 (Nouveaux Etats Généraux, folio 332 vº)
— Toreille-le-Deffend, XVIIIe siècle (Carte de Cassini)
— Thoreilles et le Deffend sont distincts.
Sources: Dictionnaire topographique du département de la Côte-d'Or, rédigé par Alphonse Roserot. Paris Imprimerie Nationale, MDCCCCXXIV.


Tigery   (91)

Domus Hospitalis Tigery
Département: Essonne, Arrondissement: évry, Canton: Epinay-sous-Sénart, Commune: Lieusaint — 91


Domus Hospitalis Tigery
Domus Hospitalis Tigery


La maison qu'on appelait le plus souvent l'Hôpital de Tigery, était un fief où l'Ordre avait la haute, moyenne et basse justice. Le domaine se composait d'une ferme située sur le chemin de Tigery à Sénart avec cent arpents de terre. Il s'y trouvait une chapelle nommée la chapelle de Saint-Genefort, où l'on disait la messe une fois par semaine.

Tigery était le plus ancien membre du Prieuré de Saint-Jean-en-L'Isle. Dans la bulle du Pape Honoré qui confirme, en 1225, la réunion de cette maison au prieuré qu'on venait de fonder; il est dit que Tigery était alors tenu par un frère de l'Ordre du nom de Durand qui devait en jouir jusqu'à son décès.

Le revenu de la maison de Tigery était en 1757 de 500 livres.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

Chapelle de Tigery
Ce Hameau considérable du Doyenné du vieux Corbeil est situé sur deux Paroisses ; savoir celle de Saint Germain de Corbeil et celle d'Ethioles. Il est environ à sept lieues de Paris, et à une seulement de Corbeil, vers le levant d'été de cette dernière ville, dans une plaine où l'on ne voit que des terres labourables. Il n'y a point de vignes. Dans les bonnes années l'arpent porte jusqu'à 160 gerbes, il est fort peu éloigné de la forêt de Sénart, n'étant qu'à un quart de lieue de la grande route de Paris à Melun, laquelle traverse cette forêt.

Il y a sur le territoire de Tigery deux Chapelles. La plus ancienne appartient à la Commanderie de Saint Jean-de-Corbeil, dans une ferme de laquelle elle se trouve. C'était un petit Hôpital de l'Ordre des Hospitaliers, dont François Guérin de Montaigu, Grand Maître de l'Ordre confirma la possession aux Prêtres de l'Hôpital Saint-Jean-de-Corbeil vers l'an 1228. Sa situation est dans la pente douce du vallon qui regarde le septentrion. On la dit titrée de Saint Guinefort qu'ils prononcent Genefort dans le lieu. On n'y fait point d'office ; mais le Fermier est chargé d'y faire dire quelques Messes, on n'y célèbre point non plus la fête du Saint. Derrière cette Chapelle, à la distance de huit ou dix toises, est une fontaine dans une petite profondeur. On y vient en pèlerinage et on en trouve l'eau bonne contre la fièvre.

L'autre Chapelle est beaucoup plus considérable mais aussi plus nouvelle. Elle est dans le Village à l'entrée d'une avenue d'arbres qui conduit au Château, toute bâtie de belles pierres de taille et couverte d'ardoise, fort élevée et isolée, ayant nombre égal de fenêtres de chaque côté. L'Autel est isolé, et sur le retable est en relief de hauteur naturelle, l'Annonciation de la Sainte Vierge qui est aussi représentée aux vitres. Il y a de plus un autre Autel dans le fond, adossé au mur. Au-dessus de cet Autel est une statue de Sainte Anne soutenue par une pierre ornée d'un écusson supporté par deux Anges, et entouré d'une branche de palmier et d'une d'olivier, ayant dans son champ une porte de Ville ou de Château, avec la herse, trois tours au-dessus et trois étoiles au-dessus des tours. Cette belle Chapelle est de même que le Château sur la partie du territoire de Tigery, comprise dans l'étendue de la Paroisse d'Ethioles. La tradition porte qu'elle avait été destinée pour quelques Religieux Récollets, ou autres, auxquels on voulait en donner la desserte, et que le dessein de ceux qui l'ont fait bâtir était d'y mettre leur Couvent à côté, et qu'elle aurait été Chapelle castrale comme en d'autres Châteaux ; mais qu'aujourd'hui elle n'est que Chapelle domestique du Château de Tigery. En ce cas il faut avouer qu'elle est la belle et la plus vaste de toutes les Chapelles de ce genre, qui soient dans le Diocèse.

Le Château de Tigery est très beau et a plusieurs marques de la bâtisse des anciens temps ; aussi les Seigneurs de Tigery sont-ils Vicomtes de Corbeil, dignité qui dans les siècles reculés avait été attachée aux Seigneurs de Fontenay au-dessus de Corbeil, d'où lui reste le nom de Fontenay-le-Vicomte. Le premier Seigneur qui paraisse dans les titres, est Richer de Tigery, qui vivait sous le Roi Henri I, vers l'an 1050.
La Tour de Tigery est une seconde Seigneurie située à Tigery, et Fief mouvant de la Vicomté de Corbeil.
Sources: Dictionnaire Historique De La Ville De Paris Et De Ses Environs: Dans lequel on trouve la Description des Monumens et Curiosités de cette Capitale, l'établissement des Maisons Religieuses, celui des Communautés d'Artistes et d'Artisans, le nombre des Rues et leur détail historique, page 712. - Livres numériques Google


Tombe-Issoire (La)   (75)

Fief de l'Hôpital La Tombe-Issoire
Département: Paris, Arrondissement et Canton: Paris, Quartier: Parc-de-Montsouris, Petit-Montrouge, 14e arrondissement 75014 — 75


Fief de l'Hôpital La Tombe-Issoire
Localisation: Fief de l'Hôpital La Tombe-Issoire


C'était, dès le principe, une simple grange, que l'Hôpital avait là pour y renfermer les récoltes d'une partie de ses terres aux environs de Paris. Il est probable que cette grange fut celle que Guillaume Des Barres donna, en 1191 au frère Anselme, prieur de l'Hôpital de France, par des lettres qui sont rappelées plus haut.

Nous trouvons après, un autre seigneur du nom d'Hugues Pilet de Beauvoir, « de Bello videre », qui déclare dans une charte de l'official de Paris, du mois d'octobre 1231, vendre et donner en partie, aux frères de l'Hôpital de Jérusalem, à Paris, tout ce qu'il possédait à Lourcines, « apud Lorcines », sur ce territoire, et autour de la grange de l'Hôpital, située contre la Tombe-Issoire, « circa granchiam Hospitalis sitam juxta Tumbam Isaure »

Cette grange, devenue ensuite une ferme, se transforma en un domaine seigneurial, lorsqu'elle fut séparée, comme nous l'avons dit, du fief de Lourcines. Elle était située près du grand chemin de Paris à Montlhéry, et ses terres se trouvaient en grande partie sur le territoire de Montrouge.

Dans un bail de 1466, Renaud Gorre, commandeur de l'Hôpital, déclare affermer pour neuf ans à Germain Amaury, laboureur à Chassenay, « la maison hostel et métairie de la Tombe Isoire; laquelle maison avec étables, grange, cour, jardin fermé de murs, située près le moulin à vant, avec sept vingts arpens de terre labourable; icelles terres sises en un clos qui est audit hostel, au terrouer d'iceluy et de Montrouge et à l'environ, avec dix arpens de prez à Chantilly et Savigni-sur-Orge, au fermage de quatre muids de grains, scavoir: deux muids et demi de blé et un muid et demi d'avoine, un septier de grosses fèves et quatre douzaines de pigeons, sous la réserve, par le bailleur, de la jouissance d'une petite maisonnette dans le clos de l'Hostel. »

Détruite par un incendie, en 1490, la maison de la Tombe-Issoire ne fut point reconstruite. Les terres qui en dépendaient furent données partie à bail, partie à cens ou rente perpétuelle, et l'ancien domaine reçut alors le nom de Seigneurie du Petit-Montrouge.
La plus grande partie de ces terres était en vigne au XVI siècle. Elles étaient situées aux divers chantiers ou lieux dits Piquehouc, Chassegnay, Haute-bonne, l'Orme au Maire, Auxerre, les creuses voies, la carrière verte, les closeaux, les joncs marins, les marjolaines, le petit clos Morisse, le grand clos Morisse, le froid cul du Gorrol, le clos Mignon, la croix Saint-Jacques, et les Reculelles (Terrier de 1520, Archives nationales S 5681.)

Le fief de Lourcines et la seigneurie du Petit-Montrouge rapportaient, en 1783, 1250 livres.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)


Tor-Boulbonne   (31)

Commanderie de Tor et Boulbonne
Département: Haute-Garonne, Arrondissement: Muret, Canton: Cintegabelle — 31


Commanderie de Tor et Boulbonne
Commanderie de Tor et Boulbonne


On pourrait situer les biens des Hospitaliers de Saint-Jean en Cintegabelle et en Mazères, on peut voir sur la carte de Cassini au sud-ouest de Cintegabelle, l'abbaye de Boulbonne. Près de Mazères le hameau de « Le Tor le Haut » et au sud « Le Thor le bas. »
Il ne reste visiblement auvune trace du passage des Hospitaliers, je situe Boulbonne, puisque les possessions devaient être pas très éloignées de cette abbaye.

Dans la plaine formée par les alluvions de l'Hers et de l'Ariège, qui l'enserrent et vont se réunir à son extrémité, s'élevait jadis un modeste établissement de l'Ordre de Saint-Jean, non loin de la célèbre abbaye cistercienne de Boulbonne.
L'acte de fondation n'existe pas dans les archives, mais, grâce à certaines indications recueillies dans des documents postérieurs, nous pouvons reconstituer en partie l'histoire de son origine.

Sous la suzeraineté des comtes de Foix, plusieurs grands seigneurs, qu'un acte désigne, en se servant du nom du plus connu d'entre eux, « Viri Jordaneuses », Jourdain de l'Isle, Izarn de Verfeil, Othon et Augier de Calmont, possédaient dans ce territoire une immense étendue de pacages et de bois.
Dans la seconde moitié du XIIe siècle, ils accordèrent aux Hospitaliers la liberté pleine et entière de faire paître leurs troupeaux, de couper du bois, de défricher les forêts dans toute l'étendue de « la bolbone (peut-être BoulbèneDomus Hospitalis BoulbèneDomus Hospitalis Boulbène - 1) » et d'y construire des maisons et une ville.
1. Terre composée principalement d'argile et de sable, composant le sol de la région du Sud-Ouest de la France, plus particulièrement de la vallée de la Garonne

Les Hospitaliers s'empressèrent de créer sur les lieux un établissement d'exploitation qui prit le nom de « Boulbarme » comme sa puissante voisine, l'abbaye ; ils se proposaient sans doute de profiter du dernier privilège qui leur avait été concédé ; et de fonder une ville pour y attirer les vassaux dont ils avaient besoin.
Mais les circonstances vinrent leur faciliter la besogne et leur épargner les difficultés et les dépenses d'une telle entreprise. Excités par l'exemple de libéralité qui venait de leur être donné, deux frères, chevaliers de SaverdunDomus Hospitalis SaverdunDomus Hospitalis Saverdun, Guillaume et Arnaud de Villemur, donnèrent à Guillaume Raymond, Prieur de l'Hôpital de Toulouse, et à Bernard de Gavaldan, précepteur de celui de Boulbonne, un petit village qui leur appartenait au lieu nommé « le ThorDomus Hospitalis le ThorDomus Hospitalis le Thor » ; ils fournirent pour garants de cette donation Raymond-Roger, comte de Foix, Arnaud de Marquefave, Sicred de Léran, Pierre de Durban, Pons d'Adhêmar, Raymond de Pech-Auriol, Pierre de Galdin, et tous les autres chevaliers de la ville et des faubourgs de Saverdun (milites et barriani Saverduni). Les seigneurs de Villemur mettaient pour seule condition « que les Hospitaliers ne céderaient de maisons sises au Thor à aucun, des chevaliers de Saverdun ni à leurs hommes. » Cet acte, qui eut pour témoin Raymond, abbé de Saint-Sernin, fut passé au mois de février 1192 (1193).

Au commencement du siècle suivant, d'importantes donations accrurent la prospérité de l'hôpital de Boulbonne ou du Thor, nom que la commanderie porta depuis lors indifféremment.
En 1211, cet établissement reçut de Vidal de Montaigut, la forteresse de Camarade que ce dernier avait reçu en 1186 du seigneur Arnaud de Lisle.

Mais le comte de Foix éleva dans la suite des réclamations sur la validité de cette donation et revendiqua pour lui la possession de cette place dont l'importance était très considérable. A la suite de longues discussions à ce sujet, l'abbé de Saint-Sernin et Martin de Saint-Gilles, précepteur de l'hôpital de Narbonne eurent choisis comme arbitre par le Grand-Prieur Guillaume de Villaret et par Roger Bernard, comte de Foix (le jour des Kalendes de juin 1271). Nous ignorons quelles furent les satisfactions données à l'Ordre de Saint-Jean, mais le château de Camarade fut adjugé au comte et figure dans la suite parmi les seize châtelleries du pays de Foix.

Bernard de Durfort et son frère Pons d'Adhémar, donnèrent à Bernard de Durban, précepteur de Boulbonne, la moitié de la ville et du château de Bonnac, « En dessous de Le Vernet-de-Canteraines carte de Cassini » ainsi que de la seigneurie qu'ils avaient sur tout ce territoire (août 1212). Cette ville dut être échangée dans la suite par les hospitaliers contre quelque autre possession, car elle ne figure plus parmi les dépendances de Boulbonne; nous la voyons plus tard entre les mains des rois de France qui la revendirent dans le XIVe siècle à la famille de ses anciens seigneurs.
De l'hôpital de Boulbonne dépendait encore:
SaverdunHôpital de SaverdunHôpital de Saverdun (Département: Ariège, Arrondissement: Pamiers, Canton: Saverdun — 09)
Et des biens à Cintegabelle et AignesCintegabelle et AignesCintegabelle et Aignes.

Pendant le XIIIe siècle, la tranquillité des hospitaliers fut plus d'une fois troublée: ils eurent à soutenir, non plus seulement des luttes litigieuses au moyen d'arguments plus ou moins spécieux ou de bribes d'anciennes chartes, mais une guerre véritable. Quoique séparés par toute la longueur de la plaine, l'abbaye et l'hôpital de Boulbonne étaient encore trop rapprochés, leurs possessions et leurs droits étaient trop confondus, pour que la paix fut longtemps possible. Aussi voyons-nous arriver le précepteur devant l'official toulousain, pour exposer les griefs qu'il avait contre les moines; il nous les montre armés de bâtons et même d'épées, détruisant les cabanes des vachers de l'hôpital, blessant les frères, dévastant les moissons, s'associant avec des seigneurs du voisinage, pour venir piller les bâtiments agricoles et enfin cherchant à empêcher par tous les moyens les hospitaliers de jouir des privilèges concédés par les nobles seigneurs Jourdains dans le siècle précédent. La dernière partie de ce document, cité par M. Roschach dans son étude intitulée Foix et Comminges, a disparu et avec elle la sentence du juge, qui dut entendre des plaintes analogues de la part des Cisterciens et qui réussit, sans doute, à faire cesser entre les deux établissements une guerre dont nous ne retrouvons plus de traces dans les siècles suivants.

Après la réunion du comté de Toulouse à la couronne, les commissaires royaux le parcoururent en entier avec la mission de réformer les abus et de faire cesser les usurpations d'autorité qui auraient pu se produire. Nous les trouvons faisant leur enquête au sujet des droits de justice du lieu de Boulbonne. Tous les témoins ayant été unanimes à affirmer que ce droit appartenait aux hospitaliers, la possession leur en fut confirmée par les commissaires. Mais, soit que les habitants de cette localité fussent d'une vertu exceptionnelle, soit peut-être plutôt à cause de leur petit nombre, ce droit ne devait pas ajouter beaucoup aux revenus de la Commanderie. Nous pouvons tirer cette conclusion d'un document assez intéressant, conservé par exception dans les archives: c'est le compte des recettes faites pendant plusieurs années consécutives par le tribunal de Saint-Jean de Boulbonne; nous y voyons que, sur sept années, six ne fournissent aucune cause, et par suite, aucune amende et que la modique somme de 18 sols toisas constitue la recette de 1284; les appointements des juges se montaient chaque année à 30 sols de la monnaie qui avait cours, somme considérable en égard au peu d'affaires qu'ils avaient à juger.

Dans les premières années du XVe siècle, cette Commanderie avec ses nombreuses dépendances, fut réunie à celle de Caignac. La période des guerres religieuses fut particulièrement désastreuse pour ces contrées où les protestants possédaient plusieurs places, Saverdun, Mazères, Calmont, etc.
La petite ville de Saint-Jean du Thor disparut dans cette période ; sa fin tragique nous est racontée en quelques mots dans le passage suivant du dénombrement de la Commanderie de CaignacDomus Hospitalis CaignacDomus Hospitalis Caignac en 1657: « Auquel lieu (Saint-Jehan del Thor) entiennement y avait une esglise qui fust ruynée et mise à sac par les préce tendus religionnaires réformés dont la ville de Mazères estoit infestée, l'est encore en partie ; en laquelle esglise, le sieur Commandeur estoit tenu de faire faire le service divin ; et à rayson et deffault de ceste esglise et despuis sa ruyne, le dict service se faict aux paroissiens du dict dixmaire, par le curé de l'esglise de Saint-Sernin de Calmont, auquel le dict sieur Commandeur, suyvant la trasse de ses ancêtres fait de paution la somme de 60 livres, sans obligation pourtant. »

La destruction de la ville dut accompagner celle de son église ; aujourd'hui il ne reste plus de cet ancien établissement de l'ordre de l'Hôpital, qu'un simple hameau.

Liste des Commandeurs de Thor-Boulbonne.
--------1193. Bernard de Gavaldan.
--------1205. Guillaume Raymond.
--------1212. Bernard de Durban.
--------1230. Bernard-Amiel de Pailhès.
1242-1244. Bertrand de Fraxines.
1248-1258. Sicard de Miramont.
--------1272. Bernard d'Aure.
--------1276. Albert de Rousset.
1277-1279. Pierre de Tournel.
1280-1295. Bernard de Miramont.
1305-1308. Pierre de Tournel. (2e fois)
--------1309. Guillaume Chaste.
--------1315. Pierre de Clermont.
--------1316. Bertrand de Pérelhe.
--------1320. Antoine de Chavanon, Prieur de Navarre.
--------1323. Roymond de Valmale.
--------1370. Roger d'Hautpoul.
--------1398. Jean du Plantier.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883

Thor Boulbonne
Au treizième siècle une famille seigneuriale portait le nom du fief de Miremont. Sicard de Miremont, chevalier de Saint Jean-de-Jérusalem fut précepteur des Hospitaliers de Boulbonne, pendant plus de quarante ans, si les nombreuses chartes qui nous ont conservé sa mémoire portant les dates extrêmes de 1248 et de 1290 ne désignent qu'une seule personne (archives départementales de la Haute-Garonne; ordre de Malte Saint Jean del Thor, Boulbonne, Caignac). On admire encore la magnifique statue sépulcrale du chevalier de Miremont dans l'église de La-Grâce-Dieu, petit village voisin qui posséda jusqu'à la Révolution une ancienne abbaye de femmes de l'ordre de Fontevrault. (Les religieuses de La-Grâce-Dieu jouissaient de la seigneurie spirituelle et temporelle de la paroisse; elle nommait leur curé et faisaient rendre leur justice par leur juge. Elles avaient leur prison dans les dépendances du monastère — archives départementales — Intendance 1744) Sources: Miremont


Tortebesse   (63)

Commanderie de Tortebesse
Département: Puy-de-Dôme, Arrondissement: Clermont-Ferrand, Canton: Herment — 63


Commanderie de Tortebesse
Commanderie de Tortebesse


1. Chef.
— Tortebesse, dans l'Auvergne, à une lieue d'Herment, ressort de Riom. « Revenu 2200 livres »

Tortebesse
— Tortabessa (1239-1321), c'est-à-dire, bessa (bois de bouleau) torta (tort);
— La « sainte maison de l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem de Tortabessa » (1266).
— Commanderie de l'ordre de Malte de la langue d'Auvergne.
— En 1189, Wautier, sire de Villemontée (de la maison d'Autier), voulant aller en Terre-Sainte, vendit la seigneurie de Tortebesse aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. En conséquence, dès cette époque, lesdits chevaliers en firent le chef-lieu d'une commanderie qualifiée dans le principe hôpital, selon l'usage des temps (1239, 1246).

Les membres
C'est-à-dire les dépendances de cette commanderie étaient:
— 1. Traslaigues, (canton de Pontaumur).
— 2. La Forest, (même canton).
— 3. Glavent, près d'Olby (canton de Rochefort).
— 4. La Mazière aux Bons-Hommes (Creuse).
— 5. Courteix, près de Dontreix (Canton de Pontaumur).
— 6. Lastic (canton de Bourg-Lastic).
— 7. Saint-Julien-Puy-la-Vèze (canton de Bourg-Lastic).
— 8. Les Martres de Veyre.

Les biens de cette commanderie comprenaient
— Un domaine à Tortebesse (affermé 100 livres en 1698; 370 livres en 1765; 1,100 livres tournois en 1770);
— Les bois de Saint-Jean-Calixte et du Clergeat, dans les environs de Tortebesse;
— Plusieurs cens, rentes sur Tortebesse, Lastic, Le Droulet, Le Blanchier, Saint-Julien-Puy-la-Vèze, Montsepy, Ribieras, Coussat, Le Malard, Arfeuilholes (Chez Empette), la Vilatte (près Crocq, Creuze), les Villevaux, Heume-le-Franc, Feydet, etc.
— En 1728, tous les domaines de la commanderie et leurs dépendances étaient affermés 3,900 livres tournois.

Bienfaiteurs de la commanderie
— P. Chalvetz, chapelain de Sauvagnat (1239).
— Robert de Bort (1246).
— Guillaume d'Ebbes et sa femme (1245).
— Guillaume de Plagnes (vers 1250).
— Guillaume de Rochedagoux, seigneur dudit lieu (1257).
— Guillaume de Chaslus, chevalier, (1257).
— Richard de Chaslus et son frère (1260).
— Albert de Chaslus, chevalier, seigneur de Cisternes (avant 1283).
— Jean, comte de Dreux, seigneur de Montpensier, d'Herment, du Montel-de-Gelat (1324); etc.

— La commanderie de Tortebesse avait une chapelle à Chamalière en 1658. Elle avait droit de justice haute, moyenne et basse. On montre encore la croix, dite de la justice, où s'élevait le gibet avant 1789.

Châtelains (baillis) de Tortebesse
— Jean Textorix, lieutenant de la sénéchaussée d'Auvergne, 1573.
— Jean Mangot, 1620.
— François Deseymards, 1668.
— Antoine Mège, 1670-1698.
— Annet Mège, 1720-1738.
— Antoine-Marien Mège, 1752-1753.
— Jean-Marien Peyronnet, 1768.
— Etienne Tardif, 1779.

— Au N.-E. de Tortebesse, on remarque une fontaine très-ancienne, à construction à plein-cintre, dite de Saint-Jean; dans le cimetière, belle croix en pierre portant, à sa base, les armoiries du commandeur Raymond de Foudras (1661-1680) qui offrent 3 fasces d'argent sur fonds d'azur et, dans la partie supérieure, une magnifique croix de Malte.


L'église
Eglise de Tortebesse
Eglise de Tortebesse — Sources: Notre-Famille.com


— Elle est en style roman et du XIe siècle. Le clocher a été refait en entier avec flèche en 1868; antérieurement, il n'y avait qu'un campanille à deux cloches: l'une de 1685, l'autre de 1713. On voyait, dans l'église, de curieuses tombes aux armes des commandeurs qu'un curé fit disparaître sous prétexte de réparations. On avait trouvé, sous l'une d'elles, une épée de chevalier de Malte, des écus d'or à la couronne du temps de Louis XI et une pièce de même métal frappée aux armes de David de Bourgogne, évêque d'Utrech (1470). Le commandeur de Tortebesse nommait à la cure du lieu.

Commanderie de Tortebesse
Tortebesse, chef-lieu de la commanderie de ce nom, était situé en Auvergne et dans le diocèse de Clermont ; c'est aujourd'hui une commune du canton d'Herment.
Un de ses membres, appelé Courleix ou Corleix, était compris dans le diocèse de Limoges et appartenait à la Combraille.
Il était situé entre le Cher et la Pampeluze, à un quart de lieue d'Auzances, et consistait en une église paroissiale, dédiée à saint Eustache, dont le commandeur de Tortebesse avait la collation, et en une petite chapelle, placée sous le vocable de saint Jean.

L'église était couverte en chaume il y pleuvait partout. Elle était desservie par un curé moyennant une maigre pension de cinq setiers de seigle, mesure d'Auzances. Le commandeur ne percevait que le quart des dîmes ; il en tirait quatre setiers de seigle et huit setiers d'avoine. Les rentes produisaient dix livres, dix-neuf setiers de seigle, treize setiers d'avoine, etc.
Elles se levaient sur les villages de Courleix, de la Chaumette, de Courdemange, du Replat, etc. La haute justice de Courleix appartenait à Mlle de
Montpensier.
Ce membre rapportait, en 1617, quatre-vingt-quatre livres.

La Mazière-aux-Bons-Hommes
De la commanderie de Tortebesse dépendait également le membre de La Mazière-aux-Bons-Hommes, qui était alors compris dans le diocèse de Clermont, mais qui appartient aujourd'hui à la Creuse et par conséquent au diocèse de Limoges. L'ordre de Malte possédait là une église paroissiale, trois étangs, une métairie, la justice haute, moyenne et basse et des cens et des rentes.
Sources : A. Vayssière. Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze. Tulle 1884. - BNF

Anciens curés
— Michel Jarle, 1573-1600.
— Jean Bellot, 1602-1606.
— Annet Barrier, 1633-1637.
— Charles Mège, 1669-1673.
— Jacques Ribeyrolle 1674, mort en 1722.
— Gabriel Ravel, 1723, mort en 1729.
— Antoine Barbat, 1729-1733.
— Jean Bosse, 1734-1762.
— Antoine Ribbes, 1762-1779.
— François Romane, 1781-1789.

— En 1591, il y eut à Tortebesse un coup de main des ligueurs qui aurait mieux convenu à des chefs de bandits qu'à des guerriers dont le nom avait acquis du renom.
— Tortebesse fut longtemps la résidence d'un notaire, résidence qui a été transférée à Herment en 1865.

Voyez
— Archives départent, du Puy-de-Dôme. Inventaire des titres des comraanderies de la langue d'Auvergne.
— Archives départent, du Rhône, titres de la commanderie de Tortebesse.
— Statistique monument du Puy-de-Dôme, par Bouillet, le dessin de la croix de Tortebesse.
— Ambroise Tardieu, Histoire d'Herment.
— Imberdis, Histoire des guerres religieuses en Auvergne.
Sources: Ambroise Tardieu, Grand Dictionnaire du Département du Puy-de-Dôme — Moulins, 1877

2. Membre — Hôpital de La Forêt-du-Temple
Département: Creuse, Arrondissement: Guéret, Canton: Bonnat — 23


Commanderie La Forêt-du-Temple
Commanderie La Forêt-du-Temple


— La Forest-du-Temple, en Basse-Auvergne, à 3 lieues d'Herment, à une lieue de Pontaumur, à demi-lieue du château de Cisterne, diocèse de Clermont, ressort de Riom. « Revenu 660 livres »

La Forêt-du-Temple
Département: Creuse, Arrondissement: Guéret, Canton: Bonnat — 23
— Cette commune avait été supprimée par ordonnance du 20 juin 1836, et son territoire réuni à celle de Mortroux, mais elle a été de nouveau érigée en 1883.
— Domus fracrum de Templo a la Forest, vers 1185. (Chartier d'Aubepierre)
— Capella de la Forest, 1282. Ordre du Temple (Archives de la Haute-Vienne, carton O Domina, fol. 70 vº)
— Paroisse de la Forest, 1692, de la Forest du Temple, 1691. (Registres paroissiaux)
— La Foret du Temple était en 1282 de la paroisse de Nouziers, dans l'ancien archiprêtré d'Anzème; elle fut ensuite érigée en cure, dont le patron était saint Biaise.
— Le commandeur de Vivier y faisait les nominations. A la fin du siècle dernier on y comptait 230 communiants ce qui suppose environ 310 habitants. La cure était desservie par les Cordeliers de Boisferu.
— L'église qui est du XIe siècle avait perdu sa voûte en 1616.
— Par une convention du 23 juin 1282 entre Gilbert de Malemort, évêque de Limoges, et l'ordre des Templiers, il fut réglé que la chapelle de La Forêt, qui de toute antiquité avait dépendu de l'église matrice de Nouziers, continuerait à lui être soumise aux conditions suivantes: chaque année la chapelle payerait cinq sols à l'église matrice le jour de Noël, et que les habitants iraient processionnellement à cette église tous les ans, le lendemain de Pâques, pour y faire les offrandes que leur dicterait leur piété.
— Le curé qui desservait l'église de La Foret recevait, à titre de gages, huit setiers de blé mesure d'Aigurande et trente livres.
— Le commandeur possédait en ce lieu: une maison, une grange, des terres, une forêt, un étang appelé l'étang du Vivier, et le moulin de La Forêt.
Sources: Dictionnaire Topographique, Archéologique et Historique de La Creuse, par A. Lecler, Limoges 1902

3. Membre — Domus Hospitalis La Mazière
Département: Creuse, Arrondissement: Aubusson, Canton: Crocq, Commune: La Mazière-aux-Bons-Hommes — 23


Domus Hospitalis La Mazière
Domus Hospitalis La Mazière


— La Mazière (La Mazière-aux-Bons-Hommes), à 4 lieues du chef, à une de la ville de Crocq. « Revenu 660 livres »

La Mazière-aux-Bons-Hommes
— La Mazière-aux-Bons Hommes est le chef-lieu d'une commune dans le canton de Crocq, arrondissement d'Aubusson.
— On trouve ce nom écrit exactement comme aujourd'hui, dans le Terrier de Saint-Bard en 1533, et dans les registres paroissiaux de Chard en 1675. Le qualificatif de aux Bons-Hommes donné à ce lieu, vient de ce que, anciennement, les moines de Grandmont habitant le château voisin de Cherbaudy, étaient appelés les Bons-Hommes.
— Avant le Concordat, cette paroisse était du diocèse de Clermont et de l'arohiprêtré d'Herment. Son patron était saint Jean. Le commandeur du lieu avait droit de présentation pour la cure.
— Michel Gilbert était curé de la Mazière-aux-Bons-Hommes en 1713.
— Après la Révolution, cette paroisse fut jointe à celle de Basville. Léonard-Jean-Baptiste— Léopold Périgaud en fut nommé curé en 1846. Pierre Sagnardon en 1871. Pierre Filleul en 1876. Lucien Soucliard en 1890.
— La Mazière-aux-Bons-Hommes était un membre de la commanderie de Tortebesse.
— L'ordre de Malte possédait là l'église paroissiale, trois étangs, une métairie, la justice haute, moyenne et basse.

Liste de ses commandeurs dressée par M Ambroise Tardieu
— Amblard de l'Horme, 1247.
— Guillaume de Saint-Didier, 1253.
— Hugues de Chaslus, 1283.
— Ponce de Faye, 1293-1308.
— Robert Bertrand 1306-1311.
— Raynald de Laschamps, 1321-1325.
— Robert de Chaslus, 1344-1349.
— Jean d'Entremont, 1365-1371.
— Pierre Merle 1403.
— Jean de Vauzé ou de Veauce, 1409-1445.
— Jacques de Milly, 1145.
— Pierre de Bouillé du Charriol, 1447-1457.
— Béraud d'Andieu, 1470-1472.
— André Rolland, 1472-1530.
— Guy de Blanchefort, 1499.
— Gabriel du Chier, 1537-1543.
— Guillaume Coppier, 1546-1555.
— Hugues de Viliars de Blancfossé, 1559.
— Guy de Thianges, dit du Crozet, 1570-1573.
— Jacques de Chauvigny de Blot, 1573-1594.
— Louis de Sauzet, dit d'Estignères, 1604-1612.
— Jean-Louis d Estaing, 1612.
— Guillaume le Groing, 1612.
— Philibert le Groing de Villebouche, 1616.
— Carles de Fassion de Sainte-Jav, 1627— 1635.
— François Foucaud de Beaupoil de Sainte-Aulaire, 1642-1658.
— Raymond de Foudras de Coutanson, 1661-1680.
— Léon de Charry des Gouttes, 1681-1688.
— Garnaud, 1689.
— Louis Claude de Lesiang, 1689-1713.
— Antoine de Pons, 1716-1729.
— Léonard d'Ussel, 1730-1739.
— Joseph de Fassion de Sainte-Jav, 1740-1747.
— Annet-Joseph de Beaumont-Brizon, 1748-1750.
— Antoine-Joseph de Laube, 1750-1758.
— Nicolas-Claude Martin d'Autier, 1772.
— Claude-Marie de Sainte-Colombe de Laubépin, 1764-1770.
— Charles-Abel de Lorras, 1771-1780.
— Du Peyroux, 1784.
— Armand-Jean-Louis de La Queuille, 1788.
Sources: Dictionnaire Topographique, Archéologique et Historique de La Creuse, par A. Lecler, Limoges 1902

4. Membre — Domus Hospitalis Tralaigues
— Tralaigues ou Traslaygue, dans les montagnes de la Basse-Auvergne, diocèse de Clermont, à demi-lieue du Monteil de Gelat. « Revenu 216 »

Tralaigues
Département: Puy-de-Dôme, Arrondissement: Riom, Canton: Pontaumur — 63


Seigneurie de Trailaigues
Seigneurie de Trailaigues


— Terlège, (1266).
— Traslaigues, (1789)
— La cure était à la nomination du commandeur de Tortebesse avant 1789.
— Saint-Jean était le patron de la paroisse.

Seigneurs
— La seigneurie de Trailaigues appartenait des l'année 1245, à la commanderie des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem de Tortebesse qui l'ont possédée jusqu'en 1789.
— En 1245, Guillaume d'Ebbes et sa femme donnent « à la maison de Traslaigue », (c'est-à-dire à la commanderie de Tortebesse qui avait une maison à Tralaigue) tous les droits qu'ils avaient dans le village de Tralaigues.
— En 1260, Richard de Chaslus et son frère firent échange de tout le droit qu'ils avaient sur l'étang de Tralaigue au profit de la commanderie de Tortebesse qui leur céda d'autres droits.
— Jean de Dreux, seigneur d'Herment, de Montpensier et du Montel-de-Gelat, accorda « à la maison de Traslaigue » (à la commanderie de Tortebesse), en 1324, un droit d'usage et de chauffage et celui de glandage pour vingt cochons dans la forêt de Roches.
— Jacques de Chaslus, seigneur de Vialleveloux, vendit la dîme de Tralaigue vers 1486.
— Voyez Ambroise Tardieu, Histoire d'Herment, pages 102, 251.
Sources: Dictionnaire Topographique, Archéologique et Historique de La Creuse, par A. Lecler, Limoges 1902

5. Membre — Domus Hospitalis Courleix
Département: Creuse, Arrondissement: Aubusson, Canton: Auzances — 23


Domus Hospitalis Courleix
Domus Hospitalis Courleix


— Coreleys, en Combrailles, diocèse de Limoges, à demi-quart de lieue de la ville d'Auzance. « Revenu 110 livres »

Coreleys
— Courleix (moulin), commune d'Auzances.
— Paroisse de Coreleys.
— Courelleix près Auzances, 1504 (terrier d'Evaux).
— Paroisse de Courlais, 1661 (Registre d'Evaux).
— Courleix, paroisse, 1726 (F. et boni, de Combr.).
— 1761, 1781 (Archives d'Auzance).
— Courleix ou Corlet était, dès 1211, une annexe de la commanderie de Tortebesse, près d'Herment, Puy-de-Dôme.
— Le 21 mars 1473, le commandeur de Tortebesse la donna en jouissance à Jean Challamel, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem.
— Il y avait une église paroissiale, dont il reste à peine quelques vestiges près du pont. Elle était dédiée à saint Eustache.
— Le 7 septembre 1784, un décret d'union supprima la paroisse de Courleix et l'unit à celle d'Auzances.
— Il y avait aussi une petite chapelle sous le vocable de saint Jean.
— En 1616 l'église était couverte en chaume.
— Le commandeur de Tortebesse avait la collation de la cure.
— La haute justice appartenait au seigneur d'Auzances.
Sources: Dictionnaire Topographique, Archéologique et Historique de La Creuse, par A. Lecler, Limoges 1902


6 Membre — Domus Hospitaliss Martres-de-Veyre
Département: Puy-de-Dôme, Arrondissement: Clermont-Ferrand, Canton: Veyre-Monton — 63


Domus Hospitalis de Martres-de-Veyre
Domus Hospitalis de Martres-de-Veyre


— Saint-Jean-les-Martres-de-Veyre, dans la Limagne, à 9 lieues du chef, à 2 lieues de Clermont. « Revenu 360 livres »

Les-Martres-de-Veyre
— Les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem avaient des droits féodaux aux Martres-de-Veyre dès l'an 1457.
— Ils possédaient par indivis avec le seigneur du lieu, les moulins banaux, dont les produits se partageaient, en 1757, entre M. De Tane, seigneur de Martres-de-Veyre.
Sources: Ambroise Tardieu, Grand Dictionnaire du Département du Puy-de-Dôme — Moulins, 1877

7. Membre — Domus Hospitalis Glavin
Département: Puy-de-Dôme, Arrondissement: Clermont-Ferrand, Canton: Rochefort-Montagne, Commune: Olby — 63


Domus Hospitalis Glavin
Domus Hospitalis Glavin


— Glavent, à 6 lieues des Martres, à une lieue et demie du chef. « Revenu 50 livres »

Glavin ou Glaves, hameau, commune d'Olby.
— Glavant (1510).
— Lieu inconnu à Chabrol (Coutumes d'Auvergne).
— En 1253, Guillaume de Saint-Didier, précepteur de Tortebesse, transigea avec Marguerite, veuve d'Amblard de Plagnes (de Planis), chevalier, touchant deux setiers de seigle légués à la préceptorerie de Tortebesse sur la dîme du Montel, près de Glavent, par Guillaume de Plagnes.
Sources: Ambroise Tardieu, Grand Dictionnaire du Département du Puy-de-Dôme — Moulins, 1877

8. Membre — Domus Hospitalis Lastic
Département: Puy-de-Dôme, Arrondissement: Clermont-Ferrand, Canton: Bourg-Lastic — 63


Domus Hospitalis Lastic
Domus Hospitalis Lastic


Lastic, à demi-lieue du chef en la paroisse du Bourg de Lastic.

Lastic
— Lastic, chef-lieu de commune (depuis 1872); village, auquel le chef-lieu de canton dont il depend (Bourg-Lastic), a pris le nom, depuis le XVIe siècle, en qualité de voisin et pour avoir une dénomination qui empêche de le confondre avec d'autres bourgs.
— En 1850, on a trouvé des briques à rebord de l'époque gallo-romaine, dans un champ placé au nord de ce village, près de l'ancien chemin d'Herment.

La chapelle
— C'était une annexe de l'église paroissiale de Bourg-Lastic qui possédaient les fonts baptismaux; mais comme cette chapelle avait été bâtie par les commandeurs de Tortebesse, seigneurs du lieu, ils la faisaient desservir par un prêtre de leur choix; toutefois, en 1741, le curé de Bourg-Lastic prétendit avoir usé de ce droit, ce qui donna lieu à un procès qui, en 1745, était pendant devant le parlement de Paris; mais le 26 mai de cette année, un arrêt du Conseil donna gain de cause au commandeur de Tortebesse.
— Voici les noms de quelques prêtres chapelains de Lastic
— Michel Tixier, 1708; Michel Passelaigue, 1725-1728; Flayat, 1734; Pierre de Bal, 1741-1763; Tixier, 1791.
— En 1415, Jacques Pradinat, curé de Bort (Corrèze), renonça à cette chapelle en faveur de la commanderie de Tortebesse.
— En 1700, l'évêque de Clermont visita cet oratoire qu'il trouva couvert d'une charpente et sans voûte. Le prélat ordonna aux habitants du lieu d'y faire une voûte, ce qui fut mis à exécution et terminé en 1702, ainsi que le prouve la même date placée au-dessus de la porte d'entrée.
— La chapelle de Lastic a été érigée en église paroissiale à l'époque du Concordat (1802).

Seigneurs
— Les commandeurs de Tortebesse de l'ordre de Malte, ont été seigneurs de Lastic; en cette qualité, ils y percevaient la dîme.
— En 1789, le seigneur de Préchonnet levait des percières dans la paroisse, redevance qui s'élevait alors à 24 setiers.
— En 1253, Bertrand de Granges, chevalier, rendit foi-hommage au chapitre cathedral de Clermont, pour les droits féodaux qu'il prélevait à Lastic.
— Il y avait, dans ce village, une dîme appelée, avant 1789, la dîme des Mangot (parce qu'elle provenait de la famille Mangot) et qui, en 1698, appartenait à Gabriel Johannel, bourgeois de la ville d'Herment, et en 1745 à ànnet Peyronnet, seigneur du Puy-Vidal, bourgeois de la même ville.
Sources: Ambroise Tardieu, Grand Dictionnaire du Département du Puy-de-Dôme — Moulins, 1877

9. Membre — Domus Hospitalis La Peize
Département: Puy-de-Dôme, Arrondissement: Riom, Canton: Saint-Gervais-d'Auvergne — 63


Domus Hospitalis La Peize
Domus Hospitalis La Peize


— La Peyse, à une lieue de Saint-Gervais à 8 lieues du chef, en pays de Combraille.
— Sur la carte de Cassini il y a un lieu qui pourrait être celui là: M. Léopold Niepce, La Peyse — Cassini, La Peize ce trouve à la gauche de Saint-Gervais-d'Auvergne, son nom actuel est La Peize

Annexe de Tortebesse — Domus Hospitalis Beauffessoux
Département: Puy-de-Dôme, Arrondissement: Riom, Canton: Saint-Gervais-d'Auvergne, commune: Saint-Priest-des-Champs — 63


Domus Hospitalis Beauffessoux
Domus Hospitalis Beauffessoux


— C'était une dépendance de la commanderie des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem (Malte), de Tortebesse (près d'Herment, Puy-de-Dôme) et de son annexe de la Peize (voir la Peize).
En 1365 Jean d'Entremont ou d'Autremone, commandeur de Tortebesse, obtînt du roi Charles V, une lettre de maintenue pour percevoir le droit de mortaille, dans le mas de Beauffessoux, sur les biens de Plumage et Huguette de Beauffessoux, morts sans hoirs.
Sources: Ambroise Tardieu, Grand Dictionnaire du Département du Puy-de-Dôme — Moulins, 1877
Charges. 842 livres »


Toul   (54)

Commanderie de Toul
Département: Meurthe-et-Moselle, Arrondissement et Canton: Toul — 54


Commanderie de Toul
Commanderie de Toul


L'oratoire de Saint-Jean était desservi autrefois par un prêtre de l'ordre de Malte. Il fut bâti près de l'hôtel de ce nom pour la commodité des commandeurs, qui, s'ennuyant à la campagne, se retirèrent dans la ville et transférèrent à cet oratoire l'office qui se faisait auparavant dans la chapelle de LibdeauDomus Hospitalis LibdeauDomus Hospitalis Libdeau.

On lit dans le Dictionnaire Topographique du département de la Meurthe-et-Moselle: Il y avait à Toul, une commanderie de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Malheureusement, il n'y a pas plus d'indication.
Sources: Henri Lepage — Communes de la Meurthe, journal historique des villes, bourgs, villages, hameaux et censes de ce département. Volume II, Nancy 1853. (Livre numérique Google)

Le commandeur Frère de Pernes
Le Baume du commandeur apparaît en France en 1694 dans l'Histoire générale des drogues, traitant des plantes, des animaux et des minéraux de Pierre Pomet (1658-1699). Celui-ci tient la formule de M. de Pimodan, lieutenant du roi de France à Toul. Or Toul est le siège d'une commanderie de l'Ordre de Malte dont le commandeur est M. de Pernes, à qui l'invention du Baume est classiquement attribuée par les ouvrages sur les médicaments et ceux sur l'Ordre de Malte. C'est donc vraisemblablement à Toul que s'est effectué un premier échange de la formule.

Toutefois, qu'avons-nous comme preuves de l'invention du baume par le commandeur ? La composition du médicament, plusieurs de ses autres noms, l'origine géographique de la majorité des plantes et drogues qui constituent la formule initialement publiée, l'appartenance de son inventeur présumé à Ordre de Malte, dont on sait les activités en Terre Sainte et en Méditerranée, me laissent penser que l'origine du Baume est peut-être toute autre.

Qu'est ce qu'un baume ?
Le nom de baume paraît avoir été donné à l'origine à des compositions auxquelles étaient attribuées des vertus souveraines, c'est-à-dire qu'elles possédaient au plus haut degré. Puis le nom s'est étendu à des préparations liquides odorantes généralement alcooliques, et plus tard encore à des substances naturelles odoriférantes. D'usage externe, les baumes sont vulnéraires, fondants et résolutifs, c'est-à-dire qu'ils sont destinés à hâter la guérison des plaies, des blessures et des ulcères, à amollir, dissoudre, dissiper et évacuer les humeurs, et à faire disparaître l'inflammation.

La préparation et les indications du Baume du commandeur
Pomet écrit: « Prenez: baume sec 1 once; storax en larmes 2 onces; benjoin en larmes 3 onces; aloës cicotrin, myrrhe tryée, oliban en larmes, racines d'angélique de Boëme, fleur de millepertuis, de chacun demi-once; l'esprit de vin 2 livres, le tout battu et mis dans une bouteille bien bouchée au soleil pendant la canicule. Et, au bout de ce temps, on passe le tout au travers d'un linge et on s'en sert pour les maladies ci-dessous déclarées. »

La première indication mérite d'être détaillée: « Premièrement il n'y a point de coup de fer ou de feu, pourvu que la plaie ne soit pas mortelle qu'on ne guérisse dans huit jours, en y mettant de ce baume, soit avec une plume, cotton ou injection; pourvu encore que l'on pense la playe avec baume, et qu'il n'y ait point eu d'autres appareils [...] il ne s'y fera point de pus [...] il fait grande douleur, mais cela ne dure pas un Ave Maria, et puis on n'en sent plus. » Le Baume est donc d'abord un médicament vulnéraire.

Les autres indications sont les plaies et les traumatismes, mais aussi: « la colique, la goutte, la petite vérole, les hémorroïdes, les fluxions, les maux des yeux et de l'estomac », et encore; « Il provoque les ordinaires aux femmes et arrête leurs pertes de sang, [...] », enfin « les fistules, les flux de ventre et de sang, enfin l'encloueure des chevaux [...] » Les indications du Baume sont donc multiples, surtout en usage externe et pour les blessures et les plaies. C'est sans doute une des conséquences de son origine. Mais il a aussi des usages internes comme on vient de le voir, à la dose de cinq ou six gouttes dans du vin ou du bouillon.

Le Commandeur de Pernes et Monsieur de Pimodan
Dans les publications qu'il a consacrées au Baume, Bouvet indique avoir identifié celui qui est considéré comme l'inventeur de ce médicament: Frère Gaspard de Pernes (vers 1634-avant 1696), commandeur de l'Ordre de Malte, approximativement entre 1680 et 1690, pour les commanderies de Xugney et de Libdeau, dont le siège est à Toul. L'obtention d'une commanderie nécessite une certaine ancienneté et d'avoir servi sur les navires de l'Ordre pendant l'équivalent de deux années contre les Turcs et les Barbaresques, ce qui est bien sûr l'occasion d'être blessé et donc d'avoir besoin des soins des chirurgiens et des médicaments préparés par les apothicaires de l'Ordre.

Comment tenter d'expliquer la transmission de la formule du Baume, de l'Ordre de Malte à M. de Pimodan, lieutenant du roi de France à Toul de 1673 à sa mort en 1718, puis de ce dernier à M. Pomet à Toul, il n'est pas étonnant que des personnages officiels comme Charles-Christophe de Rarécourt de La Vallée de Pimodan (1640-1718) et Gaspard de Pernes se connaissent. Leurs hôtels sont dans la même rue. Des membres de la famille Pimodan entreront dans l'Ordre, et le lieutenant du roi a pu s'informer des conditions d'entrée et de la vie des chevaliers, des malades et des blessés, puis des traitements et des médicaments. Quelqu'un de son entourage a pu se blesser et il aurait pu avoir alors recours à la pharmacopée de l'Ordre... Quant à M. Pomet, il écrit tenir la recette de M. de Pimodan, mais nous ignorons comment ils ont pu se connaître. Leur relation se situe sans doute à Paris. Mais ceci n'explique ni le lieu, ni la raison de leur rencontre.
Sources: Extrait d'un article sur la pharmacie réalisé par M. Pierre Labrude — Réflexions et hypothèses sur l'origine possible du Baume du commandeur de Pernes


Toulouse Grand-Prieuré   (31)

Grand Prieuré de Toulouse
Département: Haute-Garonne, Arrondissement et Canton: Toulouse — 31


Hôtel Saint-Jean de Toulouse
Sources: Photo J.-F. Peiré, Drac Midi-Pyrénées Hôtel Saint-Jean de Toulouse


Prieurés de l'Ordre de Saint-Jean dépendant du Grand-Prieuré de Saint-Gilles, avant l'érection de celui de Toulouse.
Les domaines que les Hospitaliers reçurent dans le principe, furent organisés par eux en commanderies confiées pour un temps plus ou moins long à des religieux de l'Ordre, qui étaient chargés d'en surveiller l'administration et d'en faire passer une partie des revenus au trésor commun. Mais l'éloignement de la Palestine, la difficulté des communications, amenèrent bientôt une modification dans cette organisation primitive. Dès les premières années du XIIe siècle, nous voyons qu'à Saint-Gilles, une des plus anciennes et des plus importantes maisons de l'Ordre sur le continent, résidait un lieutenant du prieur de Jérusalem; et vers 1113, son autorité, complètement organisée, s'étendait sur tous les domaines de l'Ordre compris entre le Rhône et l'Océan. Le résultat de la création du Prieuré de Saint-Gilles, fut de provoquer immédiatement un développement très considérable de la puissance des Hospitaliers dans nos contrées. Les comtes de Toulouse leur témoignèrent depuis ce moment une faveur qui ne se démentit point dans la suite, exemple qui fut suivi par la plupart de leurs principaux vassaux.
Comme preuve de l'immense développement que prit l'Ordre dans la contrée dès son origine, nous publions parmi les pièces justificatives, les extraits d'un vieux cartulaire de ses possessions datant des premières années du XIIe siècle. On y remarque que la plupart des donations consistent en églises dont les noms n'existent plus de nos jours, avec des espaces de terrains plus ou moins considérables pour y construire des villes ou « salvetats. » Ce cartulaire conservé dans les archives de la commanderie de Saint-Clar, concerne principalement la contrée avoisinante et surtout le pays de Comminges

Le Grand-prieuré de Saint-Gilles, fut divisé dans le principe en autant de prieurés partiels qu'il comprenait de contrées différentes. C'est ainsi que nous trouvons des prieurs du Carcasses, du Toulousain, du Rouergue, de l'Agenais, du Bordelais, du Quercy, du Périgord, etc., mesure décentralisatrice nécessitée par la difficulté des communications à cette époque. Chacune de ces circonscriptions était partagée en un certain nombre de préceptoreries « Le mot Préceptorerie était synonyme de Commanderie. Il était même employé plus ordinairement dans le principe et ne disparut qu'au XVIe siècle », dont le nombre allait toujours en croissant, avec celui des villes ou châteaux donnés à l'Ordre et dont l'administration était confiée, comme nous l'avons dit plus haut, à des Hospitaliers; ces précepteurs étaient, ou des chevaliers revenus de leurs expéditions d'Outremer, ou des chapelains, ou des frères servants. Ces deux dernières classes étaient même les plus nombreuses dans les premiers temps; car la guerre Sainte réclamait un très grand nombre de bras, et les chevaliers étaient, immédiatement après leur entrée dans la sainte milice, envoyés rejoindre leurs frères de Palestine.

Dans ces temps de foi vive et de vitalité profonde, on dirait que la faiblesse est chose inconnue; tout y revêt un caractère d'énergie et de virilité qui peut surprendre à juste titre des siècles plus civilisés, mais moins forts. Dans cette foule que le désir de visiter les saints lieux, jetait sans cesse d'Occident en Orient, on pouvait compter un grand nombre de femmes, qui s'armaient elles aussi du bourdon des pèlerins et n'étaient arrêtées dans leur entreprise, ni par les fatigues ni par les périls qui semblaient devoir la leur interdire. Aussi, pendant que se fondait l'hôpital de Saint-Jean, une noble dame romaine du nom d'Agnès, créait dans son voisinage un établissement analogue et soumis au premier, pour servir d'asile aux femmes chrétiennes qui voudraient y chercher un refuge. Cet exemple avait été suivi sur le continent, et la plupart des maisons de l'Ordre comptèrent dans leur sein un certain nombre de soeurs Hospitalières. Elles étaient employées au service des pauvres femmes, et, sous l'autorité du prieur ou du commandeur, formaient une catégorie complètement distincte dans le personnel de l'hôpital. Elles faisaient en général partie de la classe des religieux de l'Ordre, qu'on désignait sous le nom de « donats » et soeurs données; c'étaient des personnes de l'un ou l'autre sexe, qui, en même temps qu'elles faisaient donation d'une certaine partie de leurs biens, promettaient de ne pas entrer dans un autre Ordre que dans celui de l'hôpital, à qui on accordait d'attendre dans une vie moitié séculière, moitié religieuse, le moment où elles désireraient revêtir le manteau d'Hospitalier et qu'on admettait dans la participation de tous les biens spirituels et temporels de l'Ordre en deçà et au-delà de la mer. Exceptionnellement les « donats » pouvaient parvenir aux dignités de l'Ordre; nous voyons même en certaines circonstances figurer à la tête des circonscriptions des soeurs commanderesses, quand leur illustre origine leur donnait une véritable influence dans le pays et que l'Ordre voulait témoigner sa reconnaissance pour les bienfaits qu'il en avait reçus.

Le précepteur était obligé de payer au Trésor de l'Ordre, une rente annuelle dont le taux était fixé proportionnellement aux revenus de sa commanderie, et qu'on désignait sous le nom de « responsion »; il était de plus chargé d'instruire dans les devoirs de leur profession les religieux nouvellement admis dans l'Ordre; au-dessous de lui, dans chaque maison un peu importante, nous trouvons d'autres dignitaires, dont les principaux étaient le chapelain et le chambrier.

Les principales questions d'administration étaient réglées dans des chapitres, ou assemblées de précepteurs, tenus tous les ans à époque fixe dans la maison prieurale de Saint-Gilles. Mais les distances trop considérables et la difficulté des communications empêchaient la plupart du temps les précepteurs de se rendre à ces chapitres. Aussi voyons-nous les Grands-Prieurs, occupés sans cesse à se transporter dans les différentes circonscriptions soumises à leur autorité, en faire la visite et convoquer sur divers points des chapitres partiels composés des précepteurs de la contrée.

La seule modification que nous ayons à signaler dans cette organisation jusqu'au XIVe siècle, est la suppression du titre de Prieur dans les provinces du Grand-Prieuré de Saint-Gilles, titre qui fut remplacé par celui de Vice-Prieur donné au précepteur le plus ancien ou le plus considéré dans chaque circonscription.

Devenus plus puissants, les Frères de Saint-Jean, cherchaient à augmenter leurs privilèges dans le domaine spirituel, et à se soustraire plus complètement à la juridiction épiscopale. L'évêque de Toulouse, après avoir essayé vainement de s'opposer à ces empiétements, porta ses plaintes au Saint-Siège. Une bulle d'Alexandre IV, vint ordonner à Féraud de Baras, Grand-Prieur de Saint-Gilles, et aux Frères de la Langue de Provence, de mettre un terme par une transaction, aux discussions qu'ils avaient déjà depuis longtemps, avec Raymond évêque de Toulouse et son chapitre . En conséquence, les deux parties remirent la décision de l'affaire à l'arbitrage de Guillaume l'écrivain, précepteur de Montpellier et vice-prieur du Toulousain, et de Guillaume d'Ysarny, archiprêtre de Rieux. Dans leur sentence rendue le 4 mai 1254, ces arbitres désignèrent les églises qui devaient être soumises à la juridiction ecclésiastique de l'Ordre; c'étaient: Sainte-Marie de Puysiuran, Saint-Martin de Pébrens, Gaulège, Saint-Antoine du Pin, Saint-Saturnin de Renneville, Saint-Etienne de Caignac, Saint-Jean de Caprescorjade, Rival, Saint-Remy de Toulouse, Saint-Jean de Garidech, Saint-Bibian, Saint-Thomas, Saint-Boisse de Bersac, Saint-Jean de Lèguevin, Sainte-Foy de Bozelaigue, Saint-Jean de Fronton, Saint-Saturnin de Noye, Saint-Jean de Montaigut, Saint-Pierre de Bousquet, Sainte-Marie de Reyniès, Sainte-Raffinie, Saint-Saturnin de Montpelerin, Saint-Jean de Vaysse, Saint-Pierre de Clermont, Saint-Jean et Saint-Thomas d'Orgueil, Saint-Saturnin de Verlhac, Saint-Jacques de Castelsarrasin, Sainte-Marie de « Lima », Saint-Médard, Saint-Jean de l'Isle; Mauza, Fajolles, Saint-André de Cortibals, Saint-Léonard du Burgaud, Saint-Michel de Bociac, Sainte-Marie de Onez, Sainte-Marie de Belleserre, Sainte-Anastasie, Saint-Pierre de Pelleporc, Saint-Martin de Poucharamet, Sainte-Marie de Campbernard, Saint-Pierre et Sainte-Barbe près de Castelnau-de-Picampeau, Sainte-Marie de Plagne, Saint-Jean de Fonsorbes, Saint-Jean de Condomol, Serres, Saint-Martin de Marignac, Saint-Pierre et Saint-Jean de Cunans, Saint-Jean de Bolbone, Saint-Vandille-d'Aignes, Saint-Laurent de Gabre, Saint-Sulpice, Saint-Etienne de Caumont (près de Saint-Sulpice); Sainte-Marie d'Aderulède (id).

Les Hospitaliers, possédaient en outre, des portions de la dîme dans les paroisses de Marienville, Sainte-Marie de Cortelles, Sainte-Colombe de Vecinac, Sainte-Boisse (sous Avignonet); Sainte-Marie de Venastville, Saint-André de Berelles, Graville, Saint-Julien, Saint-Michel de Lanès, Campferrand, etc.

Les arbitres décidèrent que l'évêque ni ses successeurs ne pourraient prétendre à aucun droit canonique sur les paroisses de la première catégorie, conformément aux privilèges de l'Ordre mais que de leur côté, les Hospitaliers devraient renoncera certaines de leurs prétentions contraires aux règlements ecclésiastiques, tels que l'institution des curés.

Ne terminons pas cet aperçu rapide, sur les Prieurés de l'Ordre de Saint-Jean dans le Midi, sans dire un mot d'une charte concédée par Alphonse de Poitiers comte de Toulouse. C'était au moment où ce prince, accompagné de sa femme la comtesse Jeanne, préparait à Aymargues, près d'Aigues-Mortes, son départ pour la croisade, où ils devaient finir leurs jours; voulant attirer sur leur expédition les bénédictions du ciel, il adressa à son aimé Guillaume de Villaret, Drapier de la maison de Saint-Jean de Jérusalem, et lieutenant du grand-maître dans le prieuré de Saint-Gilles, une charte dans laquelle il confirme les donations octroyées à l'Ordre, ou les acquisitions faites par lui dans le Toulousain, l'Agenais, le Quercy, l'Albigeois, le Rouergue et dans les autres parties du comté de Toulouse, ne se réservant sur ces possessions que l'Incours des biens des hérétiques, le droit de « cavalcade », et le « ressort » c'est-à-dire, le droit de pouvoir recevoir les appels des causes jugés par les tribunaux suprêmes du Prieuré. Le comte avait eu des discussions avec les Hospitaliers au sujet des juridictions de Renneville, de Fronton, de Noye et de Saint-Sulpice de Lézat. La dernière partie de la charte contient l'abandon que fait le comte de toutes ses prétentions à ce sujet. S'associant à la pieuse libéralité de son noble époux la comtesse Jeanne approuva toutes ses dispositions et son sceau fut appendu à côté de celui du comte. (Juin 1270).

Baillies de l'Ordre du Temple, dépendant de la maîtrise de Saint-Gilles, avant la suppression des Templiers.
Comme nous venons de le voir pour les Hospitaliers, les Templiers établirent le centre de leur autorité dans le midi de la France, à Saint-Gilles où ils possédaient une maison et qui leur présentait des avantages sous le rapport des communications avec l'Orient. Du reste leur organisation provinciale semble avoir été calquée sur celle des Hospitaliers. Ils partagèrent leur maîtrise de Provence en un certain nombre de baillies, à la tête desquelles se trouvaient placés les maîtres du Toulousain, de l'Agenais, etc. La même modification que nous venons de signaler -pour l'Ordre de l'hôpital, se produisit précisément à la même époque dans celui du Temple: vers 1250, en même temps que les prieurs partiels des provinces de l'hôpital, nous voyons disparaître les maîtres des baillies du Temple, et être remplacés par des lieutenants du maître de Saint-Gilles.

Grand-Prieuré de Toulouse (1315-1790).
Ainsi que nous l'avons fait remarquer plus haut, les deux Ordres du Temple et de l'Hôpital étaient trop semblables, trop également puissants et trop en présence sur tous les points pour ne pas se nuire réciproquement. Tant que la guerre de Palestine avait duré, tant qu'il y avait eu des pèlerins à protéger et à recueillir, des croisés à seconder dans leur entreprise, tant qu'on avait eu l'espoir maintenant déçu de conserver à la chrétienté le berceau de sa foi, la reconnaissance pour les services rendus par ces chevaliers, avait empêché de mettre en question leur utilité. On voyait les deux milices se partager les postes les plus dangereux et lutter ensemble à qui s'exposerait d'avantage, à qui répandrait le plus de sang pour le service de la foi; on ne s'était pas demandé si une seule n'aurait pas suffi à la tâche. Mais les guerres saintes prirent fin; l'Europe avait dépensé un enthousiasme et une énergie incroyables dans ces expéditions immenses qu'elle avait jetées successivement depuis près de deux siècles en Orient; elle avait déjà beaucoup perdu de sa foi et paraissait se résigner à la perte de ses illusions sur la conquête de Jérusalem. Dès lors on sentit que pour contenir les Musulmans dans l'Orient, dont on renonçait à leur disputer désormais la possession, un seul des deux Ordres était bien suffisant; il devait arriver infailliblement que l'un d'entre eux fût absorbé par l'autre.

On a accusé les chevaliers de Saint-Jean, d'avoir intrigué pour obtenir la perte de leurs rivaux dont ils auraient convoité les dépouilles. Mais il me semble que beaucoup d'autres causes indépendantes de toute participation de leur part, devaient amener ce résultat et qu'il est complètement inutile, pour l'expliquer, de faire peser sur cet Ordre une accusation contre laquelle vient protester le noble caractère du grand-maître qui était alors à sa tête. « Foulques de Villaret avait même combattu dans un mémoire envoyé au Pape le projet de réunion des deux Ordres, réunion qu'il savait devoir se faire en sa faveur (Vertot, livre IV) »

Après avoir vaillamment arrosé de leur sang le champ de bataille de la Mansourah, les Templiers avaient considéré leur mission comme terminée en Orient. Laissant à peine quelques garnisons au-delà des mers, ils s'étaient retirés sur le continent, où, derrière les murailles de leurs nombreuses citadelles ils jouissaient des immenses richesses accumulées dans leurs trésors. Cette molle oisiveté, succédant brusquement à leur vie de luttes héroïques, avait fait dégénérer l'Ordre de sa pureté primitive.
« Soldats délaissés, sentinelles perdues; s'écrie Michelet, faut-il s'étonner si, au soir de cette bataille de deux siècles, les bras leur tombèrent. »
« La chute est grave après les grands efforts. L'âme, montée si haut dans l'héroïsme et la sainteté, tombe bien lourde en terre... »
« Malade et aigrie, elle se plonge dans le mal avec une faim sauvage, comme pour se venger d'avoir cru. (Histoire de France, livre V, chapitre III) »

Quoiqu'il en soit le peuple était naturellement conduit à comparer ces chevaliers arrogants, qui faisaient servir à leur ambition ou à leurs jouissances les donations pieuses des fidèles et dont l'existence restait enveloppée d'un sombre mystère, aux Hospitaliers, à qui ils avaient abandonné presque entièrement le poids de la guerre contre les infidèles et que leurs luttes incessantes protégeaient contre les défaillances des Templiers. D'ailleurs soumis à l'autorité absolue de leur grand-maître et ne reconnaissant d'autre pouvoir temporel que le sien, ces derniers formaient en France, où avait été transporté le siège de l'Ordre, une puissance assez considérable pour inspirer de l'ombrage à la royauté.

Nous ne nous arrêterons pas sur cette sombre tragédie qui ne rentre pas dans le cadre de cette étude toute spéciale et dont les lugubres épisodes sont dans toutes les mémoires. Un grand nombre de Templiers échappèrent à l'immense holocauste de tout leur Ordre; ils furent, quand le calme se fut rétabli, repartis dans différents monastères. Nous trouvons en effet dans les archives, une bulle que le pape Jean XXII, adressa d'Avignon le 16e jour des kalendes de janvier de la 3e année de son pontificat (15 décembre 1318) aux évêques de France, pour les avertir qu'un certain nombre de Frères de l'Ordre supprimé du Temple, « avaient repris les vêtements laïques et que quelques-uns, se plongeant dans les voluptés du monde, avaient pris des femmes avec lesquelles ils vivaient publiquement » et pour leur ordonner d'employer contre eux, s'ils ne se soumettaient pas au premier avertissement, la censure ecclésiastique, de supprimer la pension qu'on leur fournissait pour leur entretien et enfin de les faire entrer, soit comme frères, soit comme pénitents dans différents monastères.

L'âpreté avec laquelle le roi, Philippe-le-bel s'empara tout d'abord de l'argent contenu dans les trésors du Temple et le triste état de ses finances ont fait douter à beaucoup que, dans cette affaire, l'amour de la justice, la haine du crime et le zèle de la religion eussent été les seuls mobiles qui l'eussent déchaîné d'une manière si impitoyable contre un Ordre, que la veille encore il couvrait de sa plus éclatante protection.
En 1310, nous le voyons dépêcher d'Avignon son chambellan, Enguerrand de Marigny, qui se rendit à Carcassonne, pour se faire remettre tout l'argent des trésors des maisons du Temple dans le midi et revint vers son maître avec cette riche proie. Mais ce n'étaient pas de simples revenus, c'étaient les domaines des Templiers qui faisaient l'objet de ses convoitises et il les avait fait mettre tout d'abord sous le séquestre royal. Aussi ce fut avec un désappointement, qu'il ne chercha pas à dissimuler, qu'il vit le concile de Vienne adjuger cette riche dépouille à l'Ordre de Saint-Jean. Ce ne fut qu'après bien des tergiversations et des pourparlers que les Hospitaliers purent en obtenir la remise par les employés royaux; encore furent-ils obligés pour cela de verser au trésor de la couronne de fortes sommes, sous le prétexte de l'indemniser des frais du long procès des Templiers. Ce ne fut guère, qu'en 1330, que la question fut définitivement conclue, et que l'ordre de Saint-Jean put jouir sans conteste des biens immenses qui venaient de lui être adjugés.

Cet accroissement de possessions dût forcément amener une division dans les circonscriptions de l'Ordre de Saint-Jean. Le Grand prieuré de Saint-Gilles, trop considérable désormais pour être confié à une seule administration fut divisé en deux parties; la partie occidentale en fut détachée pour former le Grand prieuré de Toulouse (1315). Cette nouvelle circonscription comprenait les domaines de l'Ordre situés dans le haut Languedoc, la Guyenne, la Gascogne, la Bigorre, la Biscaye, le comté de Foix; tandis que la Provence, le bas Languedoc, l'Albigeois, le Rouergue, le Quercy continuaient à faire partie du Grand-Prieuré de Saint-Gilles. « La bulle d'érection du Grand-Prieuré de Toulouse n'existe pas dans ses archives. »

Le premier Grand-Prieur de Toulouse fut Pierre de l'Ongle, chancelier de l'Ordre, un des membres les plus distingués et les plus dévoués de son conseil. Pendant toute la durée de sa charge, il eut à lutter de tous côtés pour faire rentrer dans le domaine de l'Ordre les biens des Templiers. Les administrateurs séculiers, à qui ils avaient été confiés pendant la durée du séquestre, n'oubliaient rien pour convertir en propriétés définitives les biens dont ils n'étaient que les fermiers temporaires. Forcé par les plaintes du Grand-Prieur de Toulouse et du Grand-Maître, Elyon de Villeneuve, de mettre un terme à des abus, qu'il tolérait sans peine en faveur de ses courtisans, détenteurs des principaux fiefs en question, Charles IV accorda le 31 mai 1324 des lettres patentes, ordonnant la remise de toutes ces possessions, notamment de la maison de Toulouse avec ses dépendances, régie par Raymond de Soubiran et celle de Vahours qui l'était par Bertrand de Roquenégade, chevalier.

Outre ces difficultés, les Hospitaliers en rencontrèrent bien d'autres, avant de jouir paisiblement de l'héritage qu'on venait de leur attribuer. Le procès des Templiers et son dénouement avaient excité bien des convoitises, tous ces seigneurs laïques ou même ecclésiastiques, qui avaient assisté au partage de la riche dépouille, étaient mis en goût. Ils trouvaient que la ruine d'un Ordre puissant était chose profitable, et n'auraient pas mieux demandé que d'étendre une opération qui avait paru si fructueuse. C'est ce qui peut expliquer le déchaînement de haines et de jalousies qui eut lieu à cette époque contre l'Ordre de Saint-Jean et qui se traduisit par des agressions de toute nature. Le pape Jean XXII, à la requête du grand-maître, s'empressa de porter secours aux Hospitaliers par une bulle datée du 27 septembre 1316:
« Ayant appris, dit-il, que quelques archevêques, évêques, clercs, personnes ecclésiastiques, tant régulières que séculières, ainsi que des marquis, des ducs, des comtes, des barons, des nobles, des chevaliers et des universités de cités, de villes, de villages et autres laïques, ont fait occuper les possessions, terres et droits des Hospitaliers, tuer les vassaux, les hommes et les personnes de cet hôpital ou les emmener prisonniers, » le Souverain Pontife délégua l'évêque d'Agen, l'abbé de Moyssac, et le Prévôt du chapitre de Nîmes, pour protéger en son nom les chevaliers de la Langue de Provence et leur faire restituer ce qu'on leur avait enlevé; il enjoint, en terminant, à ses commissaires d'employer contre les récalcitrants l'excommunication et s'il était nécessaire, le recours au bras séculier.

Nous venons de voir que la succession des Templiers avait été chèrement achetée par l'Ordre de Saint-Jean, si chèrement même que son trésor s'en trouvait pour le moment complètement épuisé. Et pourtant il approchait alors d'une crise, qui allait nécessiter l'exercice de toutes ses forces vives. L'invasion musulmane, arrêtée et réprimée quelque temps par l'effort des croisades, allait recommencer son mouvement formidable. L'Europe, déchirée en tous sens par des guerres incessantes, était hors d'état de prêter une oreille bien attentive au bruit de ce flot lointain, qui menaçait d'engloutir à la fois la chrétienté et la civilisation. C'est alors que commença le rôle héroïque et vraiment admirable des chevaliers de Saint-Jean. Jusqu'ici leur dévouement s'est trouvé perdu au milieu de tant d'autres, qu'il a pu passer inaperçu. Mais maintenant, seuls sur leur rocher, ces enfants perdus de l'Europe ne se laissent pas effrayer par la grandeur de la tâche. Constamment en lutte avec les forces écrasantes d'une puissante nation, ils ne cèdent qu'à la dernière extrémité. Chassés de leur poste avancé, ils ne se découragent pas et vont reformer en arrière leurs rangs éclaircis, mais sans cesse reconstitués, et soutiennent, pendant toute la durée du moyen-âge, une lutte héroïque, qui sauve le monde civilisé de la barbarie hurlant à ses portes.

A la vue de la pénurie du Trésor, le grand-maître de Villeneuve s'adressa à ses chevaliers pour augmenter les « responsions » sur tous les biens de l'Ordre et au Pape, qui lui accorda l'autorisation d'aliéner une portion de ces domaines pour la somme de 193,000 florins d'or. Voyant la difficulté d'exécuter immédiatement ces mesures et la détresse de l'Ordre, Pierre de l'Ongle, Grand-Prieur de Toulouse, Emmery de Thurey, Grand-Prieur de Saint-Gilles, et Odon de Montaigut, Grand-Prieur d'Auvergne, offrirent généreusement en 1318 les revenus entiers de leurs Prieurés pendant 2 ans, ce qui permit au Grand-Maître de pourvoir aux dépenses les plus urgentes.

Ce fut peu de temps après que ce même Grand-Maître vint visiter le Prieuré de Toulouse et tint à son retour un Chapitre général à Montpellier (1330). Il y modifia divers statuts de l'Ordre au sujet de la discipline intérieure des couvents, et réforma un grand nombre d'abus qui s'étaient introduits chez les chevaliers de Saint-Jean. Un registre en langue romane conservé aux archives du Prieuré contient ces diverses ordonnances; il commence par ces mots:
« In nomine Domini. Amen. Aïsso les establimens fayt et ordenat al Capitol de Montpellier per l'honorable Religios Helio de Vilanova e per lo cosselh delos prodes homes de la mayso. En l'an de la Incarnacion de Nostre Senhor XIII cent et XXX, à XXIV jorns del mes de otobret.

Le Grand-Maître profita aussi de la tenue du Chapitre général pour y organiser les circonscriptions et les commanderies du nouveau Grand-Prieuré. La commanderie de Puysubran fut déclarée « Chambre magistrale »; c'est-à-dire qu'elle appartenait au Grand-Maître, qui la faisait administrer par un procureur. Le Grand-Prieur n'eut dans son apanage primitif que la commanderie de Toulouse à laquelle on avait adjoint plusieurs dépendances du Temple de cette ville, et qui forma ainsi la première Chambre Prieurale. Dans la suite, on modifia cet ordre de choses en augmentant le nombre des Chambres Prieurales ainsi que nous le verrons dans le courant de cette étude.

Pour récompenser les services rendus par un homme qu'il aimait et estimait, Elyon de Villeneuve avait nommé Pierre de l'Ongle au Grand-Prieuré de Saint-Gilles, vacant par la mort d'Emmery de Thurey, de sorte que cette immense étendue de possessions se trouva de nouveau réunie dans les mains du Chancelier. Après la mort de Pierre de l'Ongle, arrivée en 1334, le Pape écrivit au Grand-Maître pour l'engager à ne plus réunir les deux Prieurés sous la même main, de peur des inconvénients qui avaient motivé leur séparation.

Ce ne fut que sous le successeur de Pierre de l'Ongle que fut complètement terminée l'affaire des biens des Templiers, car nous voyons le Grand-Prieur, Aycard de Miramont, déléguer le précepteur de la maison de Toulouse pour aller prendre possession de quelques fiefs du Temple détenus encore par les officiers royaux (1339).

Signalons, parmi les chevaliers qui gouvernèrent le Grand-Prieuré de Toulouse, Raymond de Lescure, qui joua un rôle important dans l'histoire de son Ordre. Doué d'une grande prudence et d'une bravoure à toute épreuve, il fut employé par le Grand-Maître dans plusieurs missions diplomatiques et se signala par de brillants faits d'armes. Ses services lui valurent les dignités de Grand-Commandeur, Grand-Prieur de Toulouse, lieutenant du Grand-Maître et administrateur du trésor de l'Ordre. Il signala son administration dans le Prieuré par les soins qu'il prit de faire élever ou réparer et agrandir les fortifications d'un grand nombre des villes soumises à son autorité. Se conformant à l'esprit de son Ordre, ce fut lui qui demanda et obtint, comme nous le verrons ailleurs, l'érection de l'ancien Temple de Toulouse en un hôpital destiné aux pauvres pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Quelques années après, Raymond de Lescure terminait glorieusement sa carrière dans une expédition qu'il commandait contre la garnison turque de Macri (1411).

Son successeur, Bertrand d'Arpajon, qui, malgré les prescriptions précédentes, réunit les deux Prieurés de Toulouse et de Saint-Gilles, s'occupa activement de faire respecter les anciens privilèges de l'Ordre. A sa requête, le nouveau Parlement de Toulouse rendit un arrêt qui déclara les Hospitaliers exempts de tous droits de péage, de leude et autres impositions, tant dans les villes que dans les ports de rivières ou de mer (13 mai 1429).

Le 29 mai 1453, un événement formidable vint jeter le trouble et la stupeur parmi les nations européennes. Les Turcs, s'élançant des côtes de l'Asie, venaient de planter le croissant sur les murs de Constantinople. Désormais l'ennemi de la chrétienté avait pris pied sur son territoire et de sa nouvelle position il était une perpétuelle menace pour sa sécurité. Il semblait, du reste, qu'elle fût une proie bien facile à saisir dans l'état de déchirement où nous venons de la voir plongée. Parmi tous ses états ébranlés sur leurs bases, pas un ne pouvait se lever pour la défense de tous et offrir une barrière sérieuse à l'Islamisme vainqueur. Dans cette détresse universelle, tous les regards se tournèrent vers cette petite île, poste perdu au milieu des mers, où une poignée de chevaliers de toutes les nations, oubliant leurs querelles particulières pour ne plus songer qu'à la défense de la chrétienté, attendait bravement le flot terrible de l'invasion musulmane. Pour lui procurer les moyens de repousser l'ennemi, les Papes ne cessent à cette époque de prodiguer à l'Ordre de Saint-Jean les témoignages de leur faveur. C'est ainsi qu'Eugène IV, pour faciliter la rentrée des « responsions » dans le trésor de l'Ordre, charge les évêques de surveiller par eux-mêmes cette opération (1440), que Sixte IV accorda aux Français toutes les indulgences qu'on gagne à Rome l'année sainte, à la condition de donner à l'Ordre le quart des sommes qu'ils auraient dépensé pour faire ce pèlerinage. Charles VII, qui venait de reconquérir la plus grande partie de son royaume, voulut lui aussi, malgré l'épuisement de ses finances, contribuer à une oeuvre dont il comprenait l'intérêt véritablement européen. Par ses lettres patentes du 1er avril 1445, il exempta les biens de l'Ordre de la taxe consentie à Bourges en 1440 par l'Assemblée générale du clergé sur toutes les possessions ecclésiastiques.
« Il fait cette concession, est-il dit dans l'acte, en considération les grandes pertes et dommatges que nos bien aimés les Beligieux de l'Ordre de Saint-Jehan, fondé en nostre Royaulme ont eu et soustenu à l'occasion des guerres et divisions d'icelluy nostre Royaulme, à l'occasion desquelles leurs rentes, revenus et possessions sont moult diminués et amoyndris et aussy leurs esglises, hospitaulx, maysons et métairies, tournées en grandes ruynes et désolation... »
Mais la véritable raison était le danger qui menaçait Rhodes dans ce temps-là plutôt que les désastres de la guerre qui avaient frappé les autres biens du clergé de France tout aussi bien que ceux de Saint-Jean. Au nombre des privilèges les plus précieux des religieux de Saint-Jean était le droit de n'être justiciables que des tribunaux de leur Ordre; faveur qui leur avait été concédée dans l'origine et confirmée plusieurs fois dans la suite, qu'ils conservaient avec un soin jaloux, mais qu'ils étaient souvent obligés de défendre contre les empiétements de la magistrature du royaume. Nous trouvons dans les archives de cette époque plusieurs témoignages de ces luttes. Ainsi en 1430, Durand du Faur, chevalier, viguier de Narbonne, Pierre d'Yssault, juge de cette môme ville, Jean Spondelherii, bailli d'Ouveilhan, et Raymond Valentin, notaire et officier du roi, firent saisir frère Jean de Raymond, précepteur de Peyrusse (commanderie située dans leur juridiction et dépendant à cette époque du Prieuré de Toulouse), qui était accusé de certains crimes, et le firent enfermer dans la prison du roi; requis par l'Ordre d'avoir à le remettre à son tribunal, ils s'y refusèrent, s'empressèrent d'instruire son procès, et, après sa condamnation, de le faire suspendre à un gibet. Pierre de Rota, doyen de Saint-Agricole à Avignon, chargé par le pape de veiller aux intérêts de l'Ordre dans toute l'étendue de la Langue de Provence, enjoignit à ces officiers, sous peine d'excommunication et en requérant même au besoin le concours du bras séculier, d'enlever de leurs propres mains le corps du frère de Raymond du gibet, où il était resté attaché, de le faire ensevelir décemment et avec honneur et de faire satisfaction à l'Ordre pour cette offense. Le viguier et ses assesseurs, ayant refusé d'obtempérer à cet ordre furent frappés d'interdit par P. de Rota; ils en appelèrent au pape Martin V, qui évoqua l'affaire à son tribunal. Malheureusement les archives ne contiennent pas la sentence; mais il est à supposer que la Cour de Rome dut saisir avec empressement cette occasion de proclamer les immunités ecclésiastiques, si contestées à cette époque, et sanctionner les foudres de son délégué contre les juges récalcitrants.

Quelques années plus tard, le Grand-Prieur Pons de Malevielle vit se renouveler ce débat sous une forme analogue et parvint à faire respecter ses privilèges. Il s'agissait d'un religieux, R. Gétule, qui, s'étant rendu coupable de quelques excès et violences à Fontenille en Périgord avait été traduit devant le Parlement de Bordeaux. Le Grand-Prieur réclama énergiquement contre la compétence de ce tribunal et obtint en effet la remise de l'accusé dans les prisons de l'Ordre; après quoi, cet accusé s'étant évadé et refusant de comparaître devant le chapitre provincial pour y être jugé, Pons de Malevielle ordonna à tous les frères de l'Ordre de s'emparer de la personne du fugitif, partout où ils le rencontreraient.

L'administration du fisc faisait aussi des tentatives souvent renouvelées pour prélever des impositions sur les possessions de l'Ordre, malgré les privilèges concédés; et ce ne fut que grâce à la vigilance et à l'énergie des divers Grands-Prieurs, que les droits de l'Hôpital ne furent pas entamés. L'un d'entre eux, François Flotte, obtint du roi François Ier la confirmation des privilèges de l'Ordre par lettres patentes du 5 janvier 1518.

Du reste toutes les ressources de l'Ordre de Saint-Jean allaient lui devenir indispensables. Après s'être relevés de leur premier échec contre Rhodes, les Turcs aspiraient à prendre leur revanche et à laver leur honte dans le sang de ces chevaliers. A la nouvelle de l'armement formidable qui se préparait, le Grand-Maître, Philippe de Villiers de l'Isle-Adam, appela tous ses chevaliers au poste d'honneur et de péril et on y vit accourir aussitôt tous ceux qui étaient en état de porter les armes. Nous n'avons pas à faire ici l'historique de ce siège mémorable, après lequel le Grand-Maître suivi des quelques survivants de cette lutte héroïque n'abandonna à l'ennemi qu'un monceau de décombres arrosés de sang. Nous dirons seulement que parmi les chevaliers dont les noms sont inscrits à cette belle page de l'histoire brille au premier rang le Grand-Prieur de Toulouse, Gabriel de Murât de Lestang-Pomeyrol, grand commandeur, lieutenant du Grand-Maître; on le distinguait toujours, soit dans le conseil, soit dans le combat; il pérît d'une chute dans une tranchée, le 4 septembre 1522.

Son successeur fut frère Désiré de Tholon le Saint-Jal, bailli de Manosque, qui s'était grandement distingué comme chef de l'artillerie pendant le siège. Il gouverna le Grand-Prieuré de Toulouse jusqu'à sa nomination à la Grande-Maîtrise, qui eut lieu le 1er novembre 1535. Il était à Toulouse quand il reçut la nouvelle de son élection; il se mit en route pour se rendre à Malte, tomba malade à Montpellier et y mourut le 26 septembre 1536.

Si le courage des chevaliers avait été admirable pendant cette terrible période, il n'en est pas moins vrai que la discipline s'était relâchée de sa sévérité primitive. L'esprit d'indépendance s'était propagé parmi ces religieux que nous venons de voir si prodigues de leur sang et de leur dévouement, de nombreux abus s'étaient glissés, principalement parmi les Hospitaliers de la Langue de Provence, si nous en pouvons juger d'après une bulle adressée le 23 décembre 1526 à l'official de Saint-Etienne par le pape Clément VII, à la requête du Grand-Maître de l'Isle-Adam. Ce dernier s'était plaint de ce que, contrairement aux statuts qui défendaient aux frères et aux précepteurs de voyager sans la permission de leur supérieur, plusieurs Hospitaliers des prieurés de Saint-Gilles et de Toulouse, portant l'habit de l'ordre et jouissant de ses privilèges, « ne craignaient pas d'enfreindre cette prescription et de mener une vie fort éloignée de la religion, refusant d'obéir aux juges délégués par le Saint-Siège... » Le Pape, considérant que là ou la discipline est méprisée, la religion est exposée au naufrage, ordonna d'employer l'excommunication contre les délinquants, chevaliers, chapelains, ou servants d'armes, quelque fut leur rang, fussent-ils même pourvus de bénéfices ecclésiastiques.
Diverses modifications dans les commanderies du Prieuré, opérées à cette époque, de nombreux membres détachés des circonscriptions existantes pour être affermés séparément et augmenter ainsi les revenus de l'ordre, témoignent du zèle des grands-prieurs et de la pénurie du trésor, alors épuisé par les dépenses du siège de Rhodes et un peu plus tard par celles de la prise de possession de Malte et de la mise en état de défense de cette île, jusque-là complètement ouverte à toutes les attaques des ennemis. La nécessité de ces fortifications ne tarda pas à se faire sentir, car, en 1565, les Turcs vinrent mettre le siège devant le nouvel établissement des Hospitaliers. Grâce à la valeur du Grand-Maître de la Valette et de ses chevaliers, les infidèles furent forcés, après un siège long et meurtrier, de regagner leurs vaisseaux.

Ce fut du reste le dernier choc que les chevaliers eurent à supporter de l'invasion musulmane. Réduit à une décrépitude hâtive par ses moeurs, son gouvernement et sa religion, l'Empire turc vit de jour en jour sa vitalité et ses forces s'évanouir et ne tarda pas à cesser d'être un épouvantail pour le reste de l'Europe. Dès lors le rôle de l'Ordre de Saint-Jean va se réduire beaucoup; son action se bornera désormais à capturer quelques navires turcs et à faire la chasse aux corsaires de la Méditerranée. Avec le sentiment de la haute mission qu'il avait à remplir, il n'est pas longtemps avant de perdre son ancien esprit. Pleins comme leurs devanciers d'une bravoure qui ne cherchait qu'une occasion pour se démontrer, les chevaliers ne trouvaient pas dans les luttes désormais insignifiantes de l'Ordre de quoi satisfaire leur activité. Après avoir passé quelques années de leur jeunesse à faire des courses sur les vaisseaux de la Religion, ils retournaient sur le continent pour jouir des revenus de leurs commanderies et n'avaient plus de rapports avec l'Ordre que pour obtenir de nouvelles faveurs. C'est alors que l'on vit les souverains de la chrétienté s'immiscer dans le gouvernement de Malte et faire distribuer les grandes dignités de l'Ordre à leurs courtisans ou aux membres de leurs familles.

Du reste, l'utilité de cette institution ayant ainsi diminué, on ne tarda pas à vouloir lui retirer une partie de ses privilèges concédés précédemment. Mais la noblesse était tout entière trop intéressée à la conservation d'un Ordre qui n'ouvrait ses portes que pour elle, pour ne pas prendre énergiquement sa défense. Elle préférait pour ses fils le manteau à la croix rouge de chevalier de Malte, fort peu gênant du reste à cette époque, à la robe de bure de moine. Les considérations, les honneurs et les riches commanderies attendaient le pauvre cadet de famille dont le plus clair du patrimoine consistait en parchemins suffisants pour lui donner entrée dans la milice de Saint-Jean. Aussi dans le cahier présenté par les députés de la noblesse du Languedoc aux Etats généraux de 1614, pouvons-nous lire une supplique très-pressante à ce sujet avec l'exposé naïf de leurs motifs:
« Votre Majesté est aussi très-humblement suppliée de vouloir bien maintenir et conserver ceux de l'Ordre et Religion de Saint-Jean de Jérusalem en la jouissance de leurs biens et privilèges et faire lever et cesser tous les troubles et empêchements qui leur sont donnés au préjudice de leurs dits privilèges, successivement confirmés par les Rois vos prédécesseurs et même par Votre Majesté, tant pour les grands et signalés services qu'ils rendent à la République chrétienne, comme aussi par la décharge d'une infinité de maisons nobles de votre royaume, qui se trouvent grandement décorées et relevées par les grandes et belles charges, à quoi la piété et la vaillance font arriver journellement leurs enfants et avec un grand avantage sur toutes les autres nations. »
Cette requête fut couronnée de succès puisque nous trouvons les privilèges de l'Ordre confirmés par Louis XIII, en 1621 et plus tard par Louis XIV en 1651.

A cette époque le Grand-prieuré de Toulouse était passé par une crise très agitée. La terrible période des guerres religieuses, si désastreuse pour toute la France, l'avait été surtout pour nos provinces du Midi, où les protestants avaient leurs principaux centres. Naturellement les chevaliers de Saint-Jean étaient les champions les plus dévoués de la grande cause catholique et les places fortes de l'Ordre jouèrent un rôle important dans cette période tourmentée. A la tète du Grand-prieuré, nous trouvons un homme qui s'est conquis une place dans l'histoire. C'est Antoine-Scipion de Joyeuse, dont la famille était à la tête du parti catholique et qui avait lui-même inspiré la terreur aux huguenots du Languedoc. Après la mort de son frère aîné Anne duc de Joyeuse, à Coutras, pour empêcher l'extinction d'une race illustre et chère à l'Eglise, le pape Sixte V le délia de ses engagements dans l'ordre de Malte, et le rendit à la vie séculière et au commandement des armées catholiques du Midi.

La Ligue rencontrait de vives sympathies parmi les Hospitaliers. Nous en donnerons comme preuve le passage suivant que nous traduisons dans la relation latine de la mort du président Duranti (1589), publiée par un témoin occulaire et citée par Dom Vaissette.
« Ayant résolu de le faire périr misérablement dans un bref délai et ne pouvant accomplir assez commodément leur dessein chez les Dominicains, ils résolurent de le conduire dans la grande tour (immanent turrim) de Saint-Jean, appartenant aux chevaliers de Malte, pour le soumettre à une garde plus sévère et plus sûre..., ils disaient pour prétexte qu'il vivait trop librement chez les Jacobins, qui, touchés par le malheur de ce grand homme, le visitaient plus fréquemment qu'il ne convient à des geôliers. »

On comprend sans peine avec quel acharnement les Huguenots tâchaient de nuire aux chevaliers de Saint-Jean et dévastaient leurs possessions, quand les circonstances le leur permettaient. Aussi la désolation était-elle générale dans les domaines de l'Ordre, surtout quand dans le voisinage s'élevait quelque place protestante. Les villages étaient brûlés, les moissons saccagées, les habitants massacrés. C'est ce lugubre tableau que vient dérouler devant nos yeux messire André de Puylobrier, chevalier de Saint-Jean, Commandeur de Condat et receveur de l'Ordre au Grand-Prieuré de Toulouse, dans les réclamations qu'il adresse à Jean de la Valette-Cornusson, sénéchal de Toulouse, le 14 mars 1588.
« L'Assemblée générale du clergé de France avait voté dans sa séance du 3 juin 1586 un subside de 1, 300,000 livres tournois, impôt dans lequel les « Rhodiens » figuraient pour 37,857 livres. Le Receveur demanda un dégrèvement pour la commanderie de Condat, dévastée par les garnisons de Turenne, Bergerac, Sainte-Foy-la-Grande et Castillon; pour la commanderic d'Argenteins, ravagée par les protestants de Nérac et de Casteljaloux; pour celle de Caignac, ruinée par les hérétiques de Pamiers, Mazères et Saverdun; pour celles de Golfech, de Renneville, de Caubins et Morlas, de Gouts, de Gabre et de Capoulet, qui avaient été aussi mises à sac par les garnisons des environs. Cette réclamation, dont la vérité fut affirmée par un grand nombre de témoins, fut accueillie favorablement et un jugement rendu le 16 mars 1588 par MM. les Trésoriers généraux de France déchargeait les commandeurs de ces circonscriptions de leurs parts dans cet impôt.

Citons parmi les Grands-prieurs de Toulouse, Alexandre de Vendôme, fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrée, prince doué, comme son frère César, d'un esprit inquiet, de talents assez remarquables et d'une ambition qui fit son malheur; sa naissance et ses mérites l'avaient fait revêtir malgré sa jeunesse des premières dignités de l'Ordre. Il avait été nommé général des galères de la Religion et envoyé, en 1615, comme ambassadeur d'obédience auprès du pape Paul V. En 1619, il échangea le Grand-Prieuré de Toulouse contre celui de France, dignité qui lui permettait le séjour de la cour de son frère, qu'il croyait devoir être favorable à ses desseins ambitieux et qui devait emmener sa perte quelques années plus tard.

C'étaient du reste de riches et puissants seigneurs que ces Grand-Prieurs de Toulouse, appartenant tous aux principales familles du royaume, ils exerçaient leur juridiction sur une grande province et jouissaient d'énormes revenus. Petit à petit, le nombre des fiefs, qui, sous le nom de chambres prieurales, composaient leur domaine particulier, s'était augmenté et avait atteint des proportions si considérables que le Conseil de l'Ordre s'en préoccupa vers le milieu du XVIIIe siècle et en détacha quelques commanderies.

Le Grand-Prieuré de Toulouse était possédé par le baron de Sade au moment de la révolution française dont le flot niveleur emporta cette institution avec un si grand nombre d'autres. Cet Ordre, français par son origine, tirant de la France son lustre et ses revenus, fut mortellement frappé par ce coup; il sentait ses destinées liées à celles de la monarchie et de la noblesse française. Retirés sur leurs rochers de Malte, les chevaliers attendaient avec un sombre découragement leur fin qu'ils sentaient approcher. Elle ne se fit pas longtemps attendre. Quand en 1799, Bonaparte, en allant en Egypte, voulut s'emparer de Malte et porter le dernier coup à ce respectable vestige d'un passé héroïque, il y eut un simulacre de résistance contre cette inqualifiable tentative. Après en être sorties pour la forme, toutes ces épées rentrèrent dans le fourreau; tous ces fronts se courbèrent sous le coup qui les frappait avec une résignation qu'ils n'auraient point connue dans les siècles précédents.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883

Liste des Prieurs du Toulousain (1115-1315)
1106-1121. Gérard, diacre.
--------1134. Bernard Hugo.
1145-1146. Forton.
1147-1143. Bernard de Puysiuran.
1154-1161. Bernard d'Azillan.
1162-1163. Pons de Lordat.
1163-1160. Guiraud de Corneillan.
1166-116S. Raymond Petit.
1168-1169. Foulques de Nesse.
1169-1170. Guiraud de Saint-André.
1170-1171. Raymond de Clavel.
1172-1173. Raymond de Verdun.
1174-1175. Pierre de Saint-André.
1177-1180. Pierre d'Alsen.
1181-1183. P. de St-André. (2e fois).
1184-1185. Raymond Garsie.
1185-1183. Pons de Lordat (2e fois).
1186-1188. R. Garsie. (2e fois).
1188-1191. Guillaume Raymond.
1193-1194. Sicred de Léran.
1194-1195. Aymeric (2e fois).
1195-1198. Pierre d'Hélie.
1198-1199. Guill. Raymond (2e fois).
1199-1201. Sanche Garsie d'Aure.
1201-1202. Aymeric. (3e fois).
1202-1203. G. Raymond. (2e fois).
--------1205. Sanche Garsie d'Aure. (2e fois).
1206-1207. Bertrand de St-André.
1207-1209. Pierre Barravi.
1210-1211. Sanche Garsie d'Aure (3e fois).
1212-1215. Bernard de Capoulège.
1215-1219. Guillaume l'Ecrivain.
1219-1225. Bertrand de Cobirac.
1227-1236. Sanche de l'Epée.
1236-1240. Pierre de Cayrane.
1240-1244. Guillaume de Barége.
1245-1246. Pierre de Cayrane (2e fois)
1247-1248. Jourdain de Saint-André.
1250. (Etablissement des Vices-Prieurs du Toulousain).
1250-1255. Guillaume L'Ecrivain, précepteur de Montpellier.
1256-1260. Pierre de Montbrun.
1260-1266. Bernard d'Aure, précepteur de Rayneville.
1267-1272. Pierre du Port, précepteur de Saint-Sulpice.
1272-1278. Albert de Roset, précepteur de Poucharamet.
1278-1280. Pierre de Corneillan, précepteur de Bolbone.
1280-1282. Guillaume Arnaldi, précepteur de Toulouse.
1282-1309. Pierre de Florence, précepteur de Toulouse.
1309-1310. Bernard do Maurin précepteur de Toulouse
1310-1311. Aymeric de Tarin, précepteur de Toulouse.
1311-1313. Pierre de Caylus.
1313-1315. Guillaume de Rotbald.

Liste des Prieurs de l'Agenais et du Bordelais.
--------1155. Etienne Ayquilin.
--------1202. Wilhelm de Montmaureu.
1215-1220. Wilhelm Amanieu de Bouglon.
1220-1221. Hélie de Marinhac.
--------1223. Hélie de la Rivière.
1225-1228. Pierre de Loupe.
1235-1236. Sans-Arcis.
1243-1251. Jourdain de St-André.
--------1257. Arnaud de Botenac.
1265-1284. Ermengaud des Aguilhiers, vice-prieur.
1288-1289. Raymond Prévost.
1301-1306. Bertrand de Savinhac, vice-prieur.

Maîtres du Temple dans la baillie de Toulouse.
--------1134. Gérard de Nocura.
--------1148. Deus de Hugo.
--------1150. Guillaume de Verdun.
--------1162. Dieudonné de Girbert.
--------1164. Durand.
1165-1167. Pierre d'Astugue.
1167-1179. Pierre de Toulouse.
1180-1183. Pierre Bérenger.
1184-1191. Raymond Oalric.
1192-1198. Guillaume de la Mothe.
1201-1204. Fourtanier d'Astiage.
1204-1205. Bermond.
1205-1208. Bertrand de la Salle.
1211-1212. Pierre de Castelnau.
1212-1213. Bermond (2e fois).
1213-1214. R. Guizoard ou Chézoard.
1214-1215. Guillaume de la Roque.
1215-1218. Guillaume Catel.
1218-1219. Bertrand de la Roque.
1221-1224. Arnaud de Toulouse.
1225-1228. Raymond Focald.
1228-1229. Pierre de Dieu.
1229-1230. Hugues Carbonnel.
1230-1232. Rigald des Roches.
1233-1236. Martin de Nesse.
1237-1244. Guillaume de Bruguières.
1244-1245. Hugues de Marmande.
1245-1250. G. de Bruguières (2e fois)
En 1250 suppression de la maîtrise de Toulouse.

Maîtres du Temple Baillie d'Agen.
--------11... Fort Sans de Vidalhac.
1155-1158. Augier de Bédeisan.
1159-1165. Hélie de Focald.
1l65-1170. Pierre de Stugues.
1170-1175. Jourdain de Corbarrieu.
1176-1180. Gaston de Castelmaurou.
1230-1236. Forlamer do Séados.
1233-1213. Arn. Raymond de la Mothe.
1245-1262. Guillaume-Bernard d'Aspet
1233-1275. Arnaud d'Auron.
1276-1285. Pierre de Sombrun.
1286-1290. Cenebrun de Pins.
1290-1295. Bertrand de la Selve. Lieutenant du maître.
1298-1300. G. de Bernard. Lieutenant du maître.
1305-1306. Ratier de Lemosin.

Maîtres du Temple Baillie du Périgord
--------1223. Hélie de la Barthe.
--------1240. Raymond Ayz.
--------1273-1306. Géraud de Lavergne.

Liste de la baillie du Temple Bordelais
--------1170. Wilhelm Panet.
--------1264. Guy de Basemville.
--------1269. Jean Le Français.


Liste des Grands-Prieurs de Toulouse
1315-1332. Pierre de l'Ongle, chancelier de l'Ordre, grand-prieur de Saint-Gilles.
1332-1339. Aycart de Miramont.
1340-1316. Marquiot de Gozon (1e fois)
1346-1347. Esconte de Ryaterio, grand-prieur de Navarre.
1347-1360. Marquiot de Gozon (2e fois)
1360-1368. Raymond de Saviu.
1371-1380. Gaucher de la Bastide-Rolland.
1390-1390. Pierre d'Hauterive.
1391-1395. Jean de Lautar.
1395-1411. Raymond de Lescure, grand commandeur.
1412-1427. Pierre du Tilleuil, grand commandeur.
1127-1431. Galhot de Montot.
1432-1435. Hugues Ricard.
1436-1448. Bertrand d'Arpajon, grand prieur de Saint-Gilles.
1418-1453. Bérenger de Gozon.
1453-1475. Pierre de Montlezun.
1475-1476. Pierre de Raffin.
1476-1484. Pierre de Ferrand.
1484-1483. Pons de Malavitulae, grand commandeur.
1490-1512. Jean de Ranguis, grand commandeur.
1512-1520. François Flotte.
1520-1521. Jean de Johanis.
1521-1522. Gabriel de Murât de Lestang de Pomeyrols, grand commandeur.
1523-1536. Didier de Tholon de Saint-Jal, Grand-Maître en 1536.
1536-1541. Pierre de Grâce.
1514-1532. Foulques de Charitad.
1552-1555. Claude de Gruel de la Bourelh.
1555-1559. Pierre de Beaulac-Tres-bons.
1570-1575. Balthazar des Comtes de Vintimille.
1575-1581. Mathurin do Lescur-Romegas, Prieur d'Irlande, général des Galères.
1581-1589. Ant.-Scipion de Joyeuse.
1591-1595. J.-Pierre de Montauban Viguedenar.
1595-1597. Jean de Soubiran Arifat.
1597-1610. Raymond de Gozon Melac.
1613-1619. Alexandre de Vendôme frère naturel de Louis XIII.
1620-1622. Jean de Mars Livière.
1622-1630. Joachim de Montaigut-Fromijières, Gouverneur de Metz et du pays Messin.
1630-1645. Georges de Castellane d'Aluys.
1646-1655. Henri de Merles-Beauchamp.
1656-1662. Denys de Polastron-la-Hillière.
1664-1668. Horace de Blacas d'Aups.
1668-1672. Antoine de Roubin-Granson.
1673-1688. François Paul de Béon-Masses-Cazaux.
1689-1701. Frédéric de Berre-Collongue.
1702-1708. Gaspard de Pontèves-Bargène.
1719-1731. Octave de Galléan.
1732-1734. René du Pré.
1735-1743. Charles d'Ayguières-Frignand.
1744-1746. Antoine de Robin Barbentane.
1747-1748. Chnrles de Roquefort Marquein, général des Galères.
1749-1756. Henri-Louis de Chalvet-Rochemontès.
1757-1767. François-Antoine d'Albertas, dauphin de St-Mayme.
1768-1772. Louis-Hippolyte de Varagne-Belesta-Gardouch.
1773-1786. René de Léaumont.
1788-1792. Richard Jérôme, baron de Sade.

Liste des Receveurs Généraux de l'Ordre dans le Grand Prieuré de Toulouse.
« Ces dignitaires jouaient un rôle important dans l'administration du Prieuré, jusques vers le milieu du XVe siècle, on les désignait sous le nom de Trésoriers. »

Trésoriers
1315-1330. Bernard de Gironde.
1330-1350. Jean des Affaires.
1351-1360. Pons de Raffaud.
1360-1375. Arnaud-Bern. Ebrard.
1377-1380. Bernard de Lupia.
1330-1388. Pierre de Salinier.
1400-1410. Arnaud de Vise.
1419-1420. Durand de Maljean.
1421-1438. Etienne de Raffin.
1440-1450. Arnaud de Piton.
1451-1452. Pierre du Puy.
1453-1464. Antoine de la Font.

Receveurs Généraux
1477-1490. Oddet de las Graulas.
1497-1502. Bertrand d'Esparvès de Lussan.
1511-1514. Bernard de Goulard.
1524-1530. Géraud de Massas.
1537-1545. Philippe du Broc.
1547-1548. P. de Beaulac Tresbons.
155S-1582. François de Doncet Massaguet.
1563-1566. Hugues de Loubens-Verdalle.
1569-1570. Etienne d'Arzac.
1570-1579. Jean de Maignant-Montégut.
1586-1583. A. de Martin Puylobrier.
1600-1605. René de Chabaud-Tourette.
1614-1615. Pierre de Blancard Naites.
1618-1620. Georges de Castellane.
1626-1627. Denis de Polastron la Hillière.
1628-1638. Phil.-Emmanuel de Chaubaud-Tourette.
1640-1646. Melchior de Barras-Clamens.
1648-1650. Jacques de Pichon.
1653 1656. J. Paul de Béon-Masses-Cazaux.
1661-1663. J. Paul de Cardailhac d'Ouzon.
1664-1615. François des comtes de Vintimille.
1671-1673. L. d'Estuard de Besaure.
1678-1694. J. F. de Robin Barbentane.
1696-1712. Claude de Seignoret de Fabrezan.
1730-1733. Octave de Galléan.
1740-1750. Joseph de Chalvet Rochemontès.
1750-1775. J. Sébastien de Varagne Gardouch Bélesta.
1780-1789. J. Gabriel de Lordat.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Tourny   (58)

Domus Hospitalis Tourny
Département: Nièvre, Arrondissement: Château-Chinon, Canton: Luzy, commune: Fléty — 58


Domus Hospitalis Tourny
Domus Hospitalis Tourny


Tourny, dans la Nièvre, membre de Beugnet, est maintenant un hameau de la commune de Fléty. Il a toujours appartenu aux hospitaliers. D'après la tradition orale, un bâtiment surmonté d'un toit à la Mansart serait un des restes bien remanié de la commanderie.
Sources: Georges CHATARD — Bulletin de la Société d'Emulation du Bourbonnais fondée en 1845. Tome 70 4e trimestre 2000.


Tours-sur-Marne   (51)

Domus Hospitalis Tours-sur-Marne
Département: Marne, Arrondissement: Reims, Canton: Beine-Nauroy — 51


Domus Hospitalis Tours-sur-Marne
Domus Hospitalis Tours-sur-Marne


Il dépendait de la maison de Prunay un petit domaine à Tours-sur-Marne. C'était une ferme avec quelques terres et des bois.

Un noble personnage, du nom d'Eustache de Conflans, avait donné en 1195, aux frères de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem, quatorze journaux de terre arable qu'il avait à Tours-sur-Marne, « apud Turres super Matronam », et tous les bois qu'il possédait à BouzyDomus Hospitalis BouzyDomus Hospitalis Bouzy, « apud Bozeias », et à AmbonnayDomus Hospitalis AmbonnayDomus Hospitalis Ambonnay « apud Ambonai » avec tous ses droits de justice et de seigneurie.

La ferme qui était une grange dès l'origine, leur avait été concédée par un chanoine de Reims, Pierre de Grenons, ainsi qu'il résulte de ses lettres du mois de décembre 1247.

Le domaine de Tours cessa d'appartenir à l'Hôpital, qui l'accorda au XVe siècle, à cens et rente perpétuelle à diverses personnes.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

Bouzy, canton d'Ay.
— Ecclesia de Bauseis, 1299 (Fonds de La Neuville-au-Temple, C, 5)
Sources: Dictionnaire Topographique du département de la Marne, par Auguste Longnon. Paris Imprimerie Nationale M. DCCC. XCI

Commanderie de Crilly


Commanderie de Crilly
Commanderie de Crilly


Crilly, ferme commune d'Arbonnay
— C'est une ancienne maison de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem
— Domus Hospitalis de Cliveio, 1224 (Archives Nationales S 5037, 14)
— Domus Hospitalis Jherosolomitani Clinii, Remensis dyosesis, 1248 (Ibidem, 20)
— Cliveyum, 1270 (Avenay, c, 2)
— Clineyum, 1282 (Archives Nationales S 5037, 4)
— Clini, 1316 (Ibidem, S5035, 12)
— Cliny de lez Ambonnay, 1366 (Ibidem 15)
— Crilly le Moulin, 1720 (Saugrain, tome I, page 469)
— Clivet, Crilly, 1830 (Cornet-Paulus)
Sources: Dictionnaire Topographique du département de la Marne, par Auguste Longnon. Paris Imprimerie Nationale M. DCCC. XCI


Trausse   (11)

Département: Aude, Arrondissement et Canton: Carcassonne, Commune: Caunes-Minervois - 11


Domus Hospitalis Trausse
Domus Hospitalis Trausse


« Au terroir de La Trausse (alias la Troce) Campi de Traucia (1196).
In loco vocato Trausa (1295).
Trauso (1600) proche Narbonne »
L'hôpital Saint Jean avait acheté en 1146 « la troisième partie de deux tiers d'un champ »
En 1291, le Commandeur acheta « encore « toute la condomine sise au terroir de Narbonne, local dit « à La Troce, pour le prix de 7,000 sols tournois » (4).
L'acquisition, à en juger par le prix d'achat, était importante ; les faveurs du roi vinrent en augmenter la valeur.
4. Narbonne, Inventaire archives de Saint-Jean, I, 3 et II, 8.

En 1290 en effet, Philippe, roi de France « amortit la susdite condamine franche et allodiale en la possession de laquelle le Commandeur fut confirmé, moyennant la finance payée au roi. »
Pierre Arnaud de Fraysse, juge « de Narbonne reçut au nom du roi et donna quittance de cinquante-quatre livres tournois » (1).
1. Narbonne, inventaire archives de Saint-Jean, I. 9 et 10. — Ce malheureux officier de justice fut condamné à être noyé dans la rivière d'Aude et ses biens furent confisqués, à suite de vols, concussions, corruptions et empoisonnements.

Les biens de l'Ordre dans ce terroir furent inféodés. Le 14 juin 1642, Maître Jean Sarda, chanoine de Saint-Paul, chapelain et fermier des droits seigneuriaux de la Commanderie Saint Jean de Narbonne, donnait au sieur Daudé « quittance de 80 livres, savoir 40 livres pour le droit de lods et vente d'une pièce de terre de la contenance de quatre moujades, située au terroir de Narbonne, terme anciennement appelée Trausse, acquize par M. de Lastours lors de l'achat de la métairie de Condom et par lui vendue au sieur Daudé. » (2)
2. Archives Favatier, Bessières notaire à Narbonne, liasse unique.
Sources : Abbé Sabarthès. Mémoires de la Société des arts et des sciences de Carcassonne, tome VII. Carcassonne 1894. - BNF


Treconnas   (01)

Domus Hospitalis Treconnas
Département: Ain, Arrondissement: Bourg-en-Bresse, Canton: Ceyzériat, Commune: Ceyzériat — 01


Domus Hospitalis Treconnas
Domus Hospitalis Treconnas


— Homines de Tracona, Trecona, Treconas.
— Ce hameau existait déjà au XIIIe siècle. Les hospitaliers de Tessonges y étaient possessionnés.
— Archives de l'Ain, titres de Ceyzériat.
— Inventaire de Laumusse de 1627, fº 158.

Topographie historique du département de l'Ain, ou Notices sur les communes, les hameaux, les paroisses, les abbayes, les prieurés, les monastères, accompagnée d'un précis de l'histoire du département depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Révolution. Par Guigue, Marie-Claude. Editeurs: Gromier ainé (Bourg-en-Bresse), A. Brun (Lyon), Dumoulin (Paris) 1873.


Trignan   (07)

Département: Ardèche, Arrondissement: Privas, Canton: Saint-Marcel-d'Ardèche - 07


Commanderie de Trigan
Plus d'informations sur la chapelle de Trigan


La baronnie d'Aiguèse, au nord-est du domaine de Saint-Paulet-de-Caisson, sur les flancs de riches coteaux, s'étagent les hameaux de Trignan (Artignan), anciennes possessions de la commanderie de Saint-Jean de Jérusalem, dans la vallée du Merlangon, et le village de
Saint-Just, le Legenate gaulois.
Sources: L. Bruguier-Roure — Dans le Gard — Société française pour la conservation et la description des monuments historiques, page 155. Paris 1890. — Bnf

Chapelle Saint-Sulpice de Trignan


Chapelle Saint-Sulpice de Trignan
Chapelle Saint-Sulpice de Trignan


L'histoire de cette chapelle est mal connue, peu de documents ayant été trouvés. Elle aurait été construite au XIIe siècle par les seigneurs de Baladun (ou Balazuc, famille de Pons de Balazuc, chroniqueur de la première croisade), sur l'emplacement d'un lieu de culte du VIIIe ou IXe siècle duquel proviendraient la plupart des pierres de remploi.

Dès le XIIIe siècle, elle est passée sous la dépendance des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui avaient installé, à la fin du XIIe siècle, une commanderie à Saint-Jean d'Artignan, à un kilomètre au sud-est.
Cette commanderie se trouvait près d'un gîte d'étape des pèlerins du Puy à Saint-Gilles. Elle a été réunie, en 1383 à celle de Jalès, jadis tenue par les Templiers dont l'ordre avait été supprimé par le pape en 1312, et le commandeur s'est alors installé à Jalès.


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