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Etudes sur les Ordres des Hospitaliers, Malte et Rhodes
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L'Implantation des Hospitaliers dans le diocèse de Saintes — Chapitre I

Ordre du Temple et ordre de l'Hôpital XIIe-XIIIe siècles
On pourrait penser qu'il n'est rien de plus facile que de répondre à une première question sur les origines de l'implantation, dans le diocèse de Saintes, des ordres militaires : chronologie et localisation des fondations, poids respectif de l'ordre du Temple et de l'ordre de l'Hôpital, organisation des deux ordres, jusqu'au procès qui aboutit, au début du XIVe siècle, à la suppression du Temple et au rattachement de ses maisons à l'Hôpital. Nous disposons, en effet, pour cette période, d'importantes compilations et éditions de documents. De 1894 à 1906 Delaville Le Roulx a publié, en quatre forts volumes, environ 5 000 documents constituant un Cartulaire général des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (1100-1310). Dès 1841-1851 était paru, sous le nom de Jules Michelet, l'édition du Procès des Templiers (1), qui permit à Trudon des Ormes de dresser une liste des maisons du Temple (2). Parallèlement à Delaville Le Roulx le marquis André d'Albon avait entrepris de réunir un cartulaire général de l'ordre du Temple. Il mourut prématurément en 1912, et seuls parurent le premier volume de son travail et une table des sommaires des actes (3). Du moins ses copies, remises à la Bibliothèque nationale, sont-elles à la disposition des érudits (4). Elles ont d'ailleurs servi de base à un nouvel état, plus complet, des possessions de l'ordre, publié en 1930 par E.-G. Léonard (5). Si nous ouvrons ce dernier ouvrage, nous trouvons citées, pour le diocèse de Saintes, les maisons de La Rochelle, des Epeaux, de Villeneuve, de Châteaubernard, de Civrac, du Deffend, du Mung, et, avec une mauvaise identification, de Bernay, Goux, Laumagne — il s'agit en fait de le Mung — tandis qu'un précepteur de « Baines » est nommé sans localisation. Il manque d'ailleurs plus de la moitié des maisons. Pour l'Angoumois on trouve de même Angoulême, le Fouilloux, Villegats, Vouthon, le Dognon, alors que cette dernière maison relève en fait du diocèse de Saintes, et que dans une étude récente Charles Daras recense dix maisons templières pour le petit diocèse d'Angoulême (6). Il est donc utile de faire un premier point de nos connaissances sur la question (7).

Il faut d'abord renoncer à dresser une chronologie des différentes fondations des deux ordres. Au XIIe siècle seule la commanderie du Temple et la maison de l'Hôpital de Saint-Jean du Perrot, à La Rochelle sont attestées par des textes sûrs, la première en 1139 (8), la seconde en 1188 (9). Pourtant les Eglises templières et hospitalières qui subsistent remontent souvent au XIIe siècle. On peut seulement dire que le Temple de La Rochelle est probablement le plus ancien établissement du diocèse, et que toutes les fondations remontent aux XIIe-XIIIe siècles. Rien, en effet, ne paraît autoriser à proposer une date plus récente pour telle ou telle maison. L'ordre de l'Hôpital aura d'ailleurs assez à faire au début du XIVe siècle pour incorporer les maisons du Temple, et la guerre de Cent Ans ne s'est guère montrée favorable à des fondations ecclésiastiques dans une région particulièrement marquée par les hostilités.

On peut affirmer que les ordres militaires n'ont nullement, dans le diocèse de Saintes, recherché les principaux centres du temps. Il n'y aura pas d'établissement à Saintes, à Saint-Jean-d'Angély, à Pons, à Cognac. Reste le cas de La Rochelle, mais la première mention de la maison du Temple, 1139, est aussi le premier acte connu sur cette ville neuve qui commence alors seulement son essor foudroyant. La Rochelle ne doit pas avoir à l'époque beaucoup plus d'importance que le port de Beauvoir en Bas-Poitou où Hugues de Pains, fondateur de l'ordre, reçoit une rente, avant son retour en Terre Sainte, en 1130 (10). Sur la Charente Fonsèche est à l'écart de Tonnay-Charente, le Mung est bien isolé sur la rive opposée en face de Saint-Savinien, Châteaubernard est de même à quelque distance de Cognac. Et que dire du plus grand nombre de ces maisons qu'il faut aller chercher dans les coins les plus reculés du pays, dans de modestes écarts, voire totalement isolées, comme à Chierzac, à Guizengeard, ou à Angles. Rarement, semble-t-il, l'installation d'une commanderie n'aura entraîné la formation d'une nouvelle paroisse, comme à Beauvais-sur-Matha, à Chepniers, à Courant et sans doute à Bourgneuf. Le plus souvent la chapelle templière ou hospitalière est en retrait, comme aux Epeaux, sur l'actuelle commune de Meursac où les Templiers s'établirent à trois cents mètres du bourg, au lieu appelé aujourd'hui la Commanderie. Par là les ordres militaires dans le diocèse peuvent être rapprochés des ordres nouveaux, cisterciens, grand-montains ou autres, qui, à la même époque recherchent des établissements à l'écart des centres urbains.

* * *

Quant à l'importance respective des établissements templiers et hospitaliers, aucune hésitation sur la prédominance du Temple n'est possible puisque, sous réserve de quelques maisons pour lesquelles on a seulement une probabilité, on peut attribuer vingt-quatre maisons au Temple pour six à l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem. En Aunis la commanderie du Temple de La Rochelle est incontestablement l'établissement le plus important. En 1139 la reine Aliénor donne aux chevaliers de l'ordre les moulins qu'elle y possède, leur accorde une franchise complète pour toutes les maisons comprises à l'intérieur de leur clôture, les autorise à recevoir toute donation, les exempte de toutes taxes sur la circulation de leurs marchandises (11). Dès le milieu du siècle la maison du Temple est devenue un des « points de repère » de la ville, et Eble de Mauléon y fait donation à l'abbaye de Vendôme de biens à Saint-Georges d'Oléron (12). En 1205 on y cite nommément neuf frères, dont le précepteur et le chapelain (13), alors que le nombre de douze frères est un maximum pour une commanderie. Les Templiers sont largement possessionnés à La Rochelle, et l'évêque de Saintes pourra même dire en 1222 qu'ils possèdent « la majeure partie de la ville » (14), ce qui entraînera d'ailleurs des conflits aigus avec le corps de ville, l'évêque, le roi (15). Grâce à leurs exemptions ils développent en même temps un fructueux commerce, notamment de vin, même pendant les périodes d'hostilité franco-anglaise (16). Il est, en outre, incontestable qu'ils ont eu une activité « bancaire » notable, que les archives anglaises permettent d'évoquer pour le début du XIIIe siècle : paiement, pour le roi Jean, de la libération d'otages du comte de la Marche en 1214 (17), versement au comte d'Eu, sur ordre du roi Jean, de 30 000 livres poitevines en cinq ans (18), dépenses du roi Henri III pour la défense de sa terre de Poitou en 1219 et 1221 (19), convention entre Henri III et le comte de la Marche en 1224 (20), et encore, en 1281, gestion d'un legs de 1 500 livres constitué par Gui de Lusignan pour la Terre Sainte (21). Au cœur de la ville la commanderie formait un enclos bien protégé (22), ouvert par une porte que cite un acte de 1216, et comprenant une vaste église dont des fouilles récentes ont mis à jour les fondations. Les rues de la Commanderie, du Temple, des Templiers, affirment encore aujourd'hui, dans le plan de la ville, la présence de ce qui fut le plus important établissement ecclésiastique de la ville nouvelle des XIIe-XIIIe siècles.

Les Templiers de La Rochelle eurent aussi des possessions autour de la ville : dans la région de Marans où ils passaient contrat en 1270 avec les abbés de Maillezais et de Saint-Léonard pour creuser un canal qui recueillerait les eaux superflues et stagnantes de leurs marais respectifs (23), une pièce de vigne du côté de Marsilly (24), un pré entre Péreault et Nuaillé (25), une pièce de vigne devant un treuil dit « aux Templiers », du côté d'Angoulins (26), treuil, hébergement, vignes et terres à Thairé (27), prés sur la Charente (28). Des documents du fonds d'archives du Grand Prieuré d'Aquitaine citent aussi des biens templiers à Thairé en 1297, 1300, 1302 (29), et en 1319 l'évêque de Saintes invite les fidèles de son diocèse à contribuer à la reconstruction de l'église Notre-Dame alors en ruines (30). Celle-ci est toujours debout, dans une reconstruction de la fin du Moyen Age, auprès d'une rue de la commanderie et d'une place de l'Hôpital. La maison de Thairé a eu assurément une origine templière. La pièce de vigne donnée au Temple en 1257 par Pierre Cornuau, d'Angoulins, et sa femme est située devant le treuil aux Templiers dit « Repose Damoiselle » et près de vignes appartenant aux Templiers. On peut penser à une origine templière pour la maison de Sèchebouc qui sera située précisément dans ces environs mêmes (31) alors que la maison de Sèchebouc n'est pas expressément citée avant le XIVe siècle. Le procès des Templiers mentionne encore pour l'Aunis la chapelle de la maison du Temple de Bernay (32). Il existe deux lieux de ce nom sur la commune de Marans, à droite de la route menant de Marans à Saint-Jean-de-Liversay, le Grand et le Petit Bernay, près du marais Saint-Michel. Il ne peut guère s'agir que du Grand-Bernay, même si aucun reste de chapelle n'y apparaît aujourd'hui visible.

La commanderie de Bourgneuf, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de La Rochelle, sera une des principales maisons de l'Hôpital aux XIVe-XVe siècles, mais elle n'est connue, avant la suppression du Temple, que par un document du 24 juin 1242, par lequel le roi d'Angleterre, Henri III, au plus fort de la guerre qui l'oppose à son cousin le roi Louis IX, lui accorde sa protection jusqu'à la Toussaint suivante (33).

Entre Saintonge et Poitou les implantations templières sont rares. Un frère Guillaume de La Cabane est mentionné au cours d'une réception de deux frères en la chapelle du Mung par le précepteur de La Rochelle (34). On peut faire le rapprochement entre ce nom et la maison de la Cabane, connue par les documents des XIVe-XVe siècles, et proposer en conséquence pour celle-ci une origine templière, sans se dissimuler qu'il ne s'agit que d'une hypothèse, car le nombre de lieux-dits « la Cabane » est important dans la région et en particulier dans cette zone forestière qui isole Aunis et Saintonge du Poitou (35).

Dans la région de Saint-Jean-d'Angély, au nord-est, les Templiers ont, en 1308, un moulin à eau à Goux. Le dossier d'archives fait ensuite état, en 1337, d'un procès avec l'abbé de Saint-Jean-d'Angély au sujet de la « maison ou grange de Goux, paroisse de Saint-Loup ». La maison de Goux se trouvait, en effet, dans le fief de l'abbaye, et celle-ci avait déjà protesté lorsque, en 1291, les Templiers de La Rochelle y avaient acquis des biens sans en fournir l'état dans l'année. Peut-être la fondation de la maison de Goux ne se situe-t-elle qu'à la fin du XIIIe siècle (36). Il ne reste aujourd'hui à Goux aucun souvenir des Templiers.

En limite des trois diocèses de Saintes, Poitiers et Angoulême, Beauvais-sur-Matha est situé sur le haut d'une colline d'où l'on domine un large horizon paisiblement vallonné, « Beau voir ». L'acte par lequel Louis VII aurait donné aux Templiers le château et la châtellenie de Beauvais en 1151 est un faux manifeste (37), mais l'église Notre-Dame a encore une belle façade d'un style roman tardif (38), flanquée d'un puissant clocher du XIVe siècle qui écrase quelque peu la nef et le chœur à chevet plat. Un précepteur, frère Hélie de Vitrac, est mentionné en 1231 (39). La commanderie est citée également en 1295 dans le testament d'un bourgeois de la ville (40) et, à diverses reprises, dans le procès des Templiers (41), la difficulté étant l'identification du nom à partir d'orthographes fantaisistes, Basresio, Baresio, Bavesio, « Banes ». On a manifestement eu de la peine à latiniser un nom dont la forme courante, et peut-être originelle, devait être en langue vulgaire. A peu de distance la chapelle Saint-Martin de la maison du Temple de Barbezières, élevée sur une terre de l'abbaye de Saint-Amant-de-Boixe (42), sert aujourd'hui d'église paroissiale. On a là encore un simple plan rectangulaire, maintenu lors de la reconstruction de l'abside à la fin du XVe siècle ; la façade, avec clocher-arcade, a été reconstruite, en 1875, dans l'esprit des constructions de l'ordre (43).

Autour de Cognac on dénombre trois nouvelles commanderies. La plus importante est, au sud, celle de Châteaubernard. L'église Saint-Jean remonte au milieu du XIIe siècle et pourrait être donnée en exemple de la sobriété des chapelles templières : façade occidentale nue, avec portail en plein cintre sans le moindre ornement et pignon interrompu pour porter le clocher-arcade à deux baies ; plan rectangulaire, et donc chevet plat, qui s'ouvrait à l'est par trois fenêtres (44). Comme on l'a déjà observé à Goux avec Saint-Jean-d'Angély, et comme il se passa aussi à Barbezières avec Saint-Amant-de-Boixe, les Templiers eurent à régler des différends avec des moines plus anciennement établis dans le pays, ici ceux de l'abbaye de Fontdouce, à propos des moulins de Javrezac (45). La commanderie avait maisons à Cognac, moulin à Beaulieu-sur-le-Né, censive en la paroisse de Bouteville, c'est-à-dire des biens situés jusqu'à plus de 20 kilomètres (46). On y recevait des frères dans une des pièces de la commanderie, et on y pratiquait l'aumône et l'hospitalité prévues par la règle, ajoutant même les reliefs des repas à la dixième partie de chaque fournée de pain (47). La maison d'Angles, citée en 1295 (48), se trouvait dans la vallée du Né, à environ deux kilomètres de l'église paroissiale de Salles-d'Angles. Elle a toujours dû être étroitement liée à la grande commanderie voisine, et ce n'est sans doute pas un hasard si la chapelle Saint-Jean est très proche de celle de Châteaubernard tant par le plan que par les dimensions (49) ; les trois fenêtres symboliques du chevet plat y sont cependant au même niveau, ce qui n'était pas le cas à Châteaubernard (50). Au nord de Cognac, sur la commune de Richemont, on trouve encore, en venant de Cherves, à droite « la Templerie », à gauche « la Commanderie ». Le fonds des Hospitaliers aux Archives de la Vienne, ignore Richemont, et on ne peut être assuré de l'existence ancienne d'une maison des Templiers en ce lieu (51).

Hospitaliers diocese de Saintes

Dans le sud-est du diocèse de Saintes les maisons sont nombreuses, parfois difficiles à localiser, et on hésite, pour certaines, à les attribuer au Temple ou à l'Hôpital Saint-Jean. Ce ne sont, dans l'ensemble, que de modestes établissements. Viville, au nord de Barbezieux, relève de l'ordre du Temple, mais sa touchante petite église Saint-Jean-Baptiste, dont les parties les plus anciennes remontent à la fin du XIIe siècle, se termine exceptionnellement par une abside en hémicycle (52). La commanderie du Dognon a d'abord été localisée sur la commune de Blanzac (53). Le procès des Templiers qui la cite à de nombreuses reprises sous les formes Dompnho, Dempuho, Dompuho, Dompno, la situe toujours, à une exception près54, dans le diocèse de Saintes, ce qui exclut Blanzac. Le cadastre vient conforter la localisation sur la commune de Cressac (55), car on y trouve le lieu-dit le Temple, proche de la Motte du Dognon (56), et c'est aussi à cet endroit que Cassini place la commanderie. On a beaucoup écrit sur la chapelle Saint-Jean de Cressac, non en raison de son architecture, qui est celle-là même, toute de sobriété, des chapelles templières — plan rectangulaire, triplet surmonté d'un oculus éclairant le chœur à l'est — que pour ses fresques de la fin du XIIe siècle, où s'affrontent croisés et sarrasins en Terre Sainte (57). De nombreux membres de l'ordre furent reçus dans la chapelle, et on pratiquait dans la commanderie l'hospitalité, et les aumônes trois fois par semaine (58).

On ne peut hésiter sur le rattachement au Temple de la maison du Deffend, sur l'actuelle commune du Tatre, qui est mentionnée, ainsi que sa chapelle, dans le procès des Templiers (59). Il existe une seconde maison au Tatre, distinguée seulement par des textes ultérieurs, mais la chapelle Saint-Jean qui date du XIIIe siècle et conserve le plan rectangulaire traditionnel dans l'ordre (60), est là pour attester l'ancienneté de la fondation. Son appartenance au Temple semble d'autant plus probable que les Templiers avaient encore, à proximité immédiate, une autre maison, Saint-Jean d'Auvignac. Le fonds du Grand Prieuré d'Aquitaine conserve la vente, en novembre 1275, d'une pièce de terre, paroisse de Saint-Hilaire, à Renaud Fabre, fils d'Arnaud, « de lo Vinhac » (61). Du XIIIe siècle aussi date un autre document, conservé dans le cartulaire du prieuré de Barbezieux, par lequel les moines cèdent aux templiers ce qu'ils possèdent dans le moulin de Auviniaco (62). On peut hésiter sur la situation de cette maison templière car 0 n'y a pas de lieu conservant le nom d'Auvignac, alors qu'on trouve le Vignac au nord de la commune de Barbezieux, Loubignac au sud de l'ancienne commune de Saint-Hilaire aujourd'hui rattachée à Barbezieux. La première localisation paraît la plus probable. A peu de distance il faut encore citer une maison templière à la Lande. Un traité entre Adémar, abbé de la Couronne, et Itier de Rifaucon est passé en 1218 non dans le prieuré Saint-Georges de Rifaucon, dépendance de la Couronne, mais dans la maison des Templiers de la Lande (63). Un acte du cartulaire de Barbezieux cite également un domaine situé sur la paroisse de Reignac, « non loin du moulin des Templiers de la Lande » (64). Il y aurait donc eu probablement deux maisons de l'ordre sur la commune de Barbezieux-Saint-Hilaire et deux sur la commune du Tatre.

Plus au sud la chapelle Saint-Jean-Baptiste de Guizengeard, isolée dans les bois, se présente comme une construction de la fin du XIIe siècle, avec une simple nef et un chœur rectangulaire plus étroit (65). Elle semble relever elle aussi de l'ordre du Temple, tout comme la chapelle qui avait

été édifiée à Mélac (sur la limite des départements de la Charente et de la Charente-Maritime) (66).

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Quatre maisons appartiennent aux ordres militaires sur trois communes contiguës du canton de Montlieu, en limite donc des diocèses de Saintes et de Bordeaux : Bussac, Chepniers, Chierzac, Lugéras. La seule certitude est ici le rattachement de Chierzac à l'ordre du Temple, car un commandeur y est nommé en 1304-1305 (67). La petite chapelle isolée au nord de la commune de Bédénac, « sur une sorte de tertre qui semble élevé de main d'hommes », est un édifice des XIIe-XIIIe siècles à plan rectangulaire, avec une seule fenêtre au chevet, placé sous le patronage de Notre-Dame (68). Il y a probabilité d'un rattachement à l'ordre de l'Hôpital pour Chepniers, et absence de renseignement pour Bussac et Lugeras. Du moins dans ce dernier cas une chapelle abandonnée, au plan rectangulaire simple, nous renvoie-t-elle encore une fois aux XIIe-XIIIe siècles (69).

A Civrac, sur la commune de Mirambeau, le Temple a une maison où un précepteur est mentionné en 1290 (70). Il subsistait il y a plus d'un siècle, « entre Civrac et la ville l'emplacement d'une chapelle » près d'un hameau appelé la Commanderie (71).

La commanderie des Epeaux, commune de Meursac, est sans doute la plus importante maison du Temple au sud de la Charente. A l'écart du bourg, au hameau de la commanderie, subsiste encore un beau corps de bâtiment d'habitation et la trace de la chapelle, ensemble en cours de restauration et qui ne manque pas de caractère. Le procès des Templiers mentionne plusieurs réceptions de frères dans la chapelle et la chambre de la commanderie et fait état des exactions de l'un des précepteurs qui aurait extorqué indument plus de 500 livres à ses sujets (72). La commanderie avait son intérêt très évidemment tourné vers la Gironde. Les trois premiers actes qui la mentionnent, en 1227, 1231, 1232, sont relatifs à des contestations avec les seigneurs de Didonne et de Royan : droit de chasse prétendu par Guibert de Didonne et son frère dans les bois des Templiers, terrains du Temple sis à Royan devant le château d'Hugues de Taunay, seigneur de Royan, asile donné par les Templiers, en leur maison de Beloire, à des clercs et des hommes appartenant à des Eglises relevant des terres d'Hugues de Taunay, seigneur de Didonne et de Talmont (73). Dans un acte de 1303 on voit encore la commanderie en relation avec le seigneur de Conac et de Mortagne (74), et c'était sans doute par la Gironde que les Templiers des Epeaux pratiquaient ce commerce du vin que le roi Henri III leur permit, en octobre 1242, en dépit des hostilités qu'il poursuivait contre le roi de France, permission promptement retirée d'ailleurs parce que détournée au profit d'intérêts particuliers (75). Les Templiers avaient encore une maison à Villeneuve, sur la paroisse Saint-Romain de Benet, citée en 1278 et 128176, mais il n'en reste plus trace sur le terrain. La dernière maison templière qu'on puisse citer est celle du Mung, sur la rive gauche de la Charente et fortement en retrait en face de Saint-Savinien. Le procès des Templiers la mentionne, ainsi que sa chapelle, sous les formes de « la Mahn », « Laman » (77), et un précepteur y est connu en 1231 (78). Il se peut toutefois que la maison des Templiers du Mung se soit trouvée sur la paroisse limitrophe de Geay, là où subsistent les restes romans de la chapelle de l'Hôpiteau (79).

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L'ordre de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem est beaucoup moins bien représenté que l'ordre du Temple dans le diocèse de Saintes aux XIIe-XIIIe siècles, puisque la proportion est de un pour quatre. L'établissement le plus ancien et le plus important des hospitaliers est celui de La Rochelle, où ils disposent, près du port, de l'îlot du Perrot, qui constituera, autour de leur église Saint-Jean, une des cinq paroisses de la ville nouvelle. Le Perrot leur a été donné par la reine Aliénor, et confirmé par le roi Richard à la fin du XIIe siècle (80). L'implantation de la commanderie reste encore parfaitement repérable dans le plan de La Rochelle. Elle correspond à l'emplacement de l'actuel évêché, et va de la rue du Perrot à la place du maréchal Foch, qui n'est autre que l'espace occupé jadis par le cimetière de Saint-Jean du Perrot, tandis que le clocher de Saint-Jean reste le seul témoin architectural ancien de la commanderie.

Des Hospitaliers, dépendait aussi la maison de Fonsèche, à la sortie orientale de Tonnay-Charente. Elle est connue dès 1229 par un acte qui est le plus ancien document original de la région en langue française, et elle apparaît comme située un peu à l'écart du bourg de Fonsèche (81). La rue de la commanderie rappelle aujourd'hui le souvenir des Hospitaliers.

Les Hospitaliers avaient encore deux maisons dans la région de Saint-Jean-d'Angély. Au nord-est celle de Courant est mentionnée dans une charte de novembre 1291 à propos de ses droits sur la forêt d'Essouvert (82). L'église, remaniée à plusieurs reprises, garde encore des éléments du XIIe siècle, et l'on retrouve le plan rectangulaire et le chevet droit, avec baie gothique aujourd'hui bouchée. Au nord-est l'ordre a une maison aux Eglises-d'Argenteuil, où le grand-maître, Foulque de Villaret, délivre deux actes le 1er septembre 1308 (83). L'église hospitalière Saint-Martin, distincte de l'actuelle église paroissiale Saint-Vivien, était à la nomination du commandeur de Courant. Elle est aujourd'hui disparue (84).

Tout à fait au sud l'église de Chepniers semble devoir être plutôt rattachée à l'Hôpital, même si son actuel patronage de saint Jean de Chypre (85), — Jean l'Aumônier, né à Chypre, patriarche d'Alexandrie au début du VIIe siècle, donné pour le patron des hospitaliers — n'est sans doute pas son patronage d'origine. L'église est un édifice plus important que beaucoup de chapelles templières, avec plan rectangulaire et décor très sobre, mais voûtes d'ogives (86). Il existe à Chepniers un lieu-dit Moulin de l'Hôpital.

Sur le Breuil-du-Pas, commune de Saujon, aucun document n'existe avant le XIVe siècle. Un texte du XVe siècle dit la commanderie « de bien ancienne et notable fondacion, jadis fondée pour et en l'onneur de Dieu et de monseigneur saint Jehan de Jherusalem » (87). La toponymie a gardé un lieu-dit l'Hôpiteau.

Les maisons du Temple étaient réparties entre seize provinces, dont une pour l'Aquitaine, celle-ci figurant déjà vers 1139-1140 dans la règle française sous la forme de « Peito », c'est-à-dire de Poitou. On peut suivre régulièrement les maîtres du Temple « en Poitou » (vers 1166, 1180), puis « en Aquitaine », cette dernière dénomination, apparue en 1173, devenant habituelle au XIIIe siècle (88). Leur siège régional était à Poitiers, entre la Grand-Rue et l'actuelle rue de la cathédrale, paroisse Saint-Léger, au moins depuis le milieu du XIIIe siècle (89). Le maître du Temple en Aquitaine avait autorité sur la Bretagne, le Maine, l'Anjou, la Touraine, le Poitou, l'Aunis, la Saintonge, l'Angoumois, le Périgord, le Bordelais (90). On rencontre aussi en Saintonge le visiteur de l'ordre que l'on voit saisi, par l'évêque de Saintes, d'abus commis par le précepteur des Epeaux (91). Chaque maison était dirigée par un précepteur, et au Dognon celui-ci a été assisté un temps d'un lieutenant (92). On trouve deux exemples de précepteurs qui se trouvent à la tête d'une maison notable et d'une maison modeste située à proximité, les Epeaux et Villeneuve en 1281 (93), Châteaubernard et Angles en 129594. La mobilité semble être de règle : P. Bos est précepteur de Châteaubernard en 1227, du Mung en 1231, des Epeaux en 1232, de La Rochelle en 1250 (95). Sans doute est-il parent du frère Lemeriez Boez, maître de la chevalerie du Temple en Aquitaine fin XIIe siècle, maître du Temple de Poitiers en 1205, et de frère Bos ou Boez — le même ? — précepteur du Temple de La Rochelle de 1207 à environ 1218 (96). Hugues Raynaud est successivement à la tête de Chierzac puis de Civrac, enfin des Epeaux (97), tandis que son frère, Hélie Raynaud, est précepteur du Dognon (98). Hugues de Narsac passe de Châteaubernard et Angles aux Epeaux (99), Pierre Thibaud de Châteaubernard aux Epeaux (100). Les exemples ci-dessus, auxquels on peut joindre celui de Pierre de Legé et de Guillaume de Legé, les deux derniers commandeurs du Temple de La Rochelle (101), inclineraient à faire penser qu'il y a aussi des recrutements privilégiés dans certaines familles.

Quant à l'organisation de l'Hôpital, elle est plus simple ; seulement huit langues, jusqu'en 1462 dont l'une pour l'ensemble de la France. La place des maisons du diocèse de Saintes y est modeste. La commanderie de La Rochelle y tient la première place, celle des Eglises-d'Argenteuil peut accueillir la visite du grand maître de l'ordre.

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L'ordre de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem aux XIVe-XVe siècles

Aux termes d'un long procès, sur lequel, même aujourd'hui, il est difficile de se prononcer, tant sont évidentes et complexes les implications politiques d'une procédure en apparence uniquement religieuse, la bulle Vox clamantis du 22 mars 1312, lue en l'assemblée conciliaire de Vienne le 3 avril suivant, supprimait l'ordre du Temple, et le 2 mai suivant la bulle Ad providam Christi « unissait à perpétuité ses biens à ceux de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem » (102). Dès l'année suivante un inventaire de ces biens était dressé : trois de ceux-ci, instrumentés à la diligence de frère Hugues de Theyl, maître de la maison de l'Hôpital de La Rochelle, nous sont conservés pour les commanderies poitevines de la Lande de Parthenay, d'Ensigné et de Cenan (103). La « langue » de France, correspondant au prieuré de France, fut divisée en trois grands prieurés de France, d'Aquitaine et de Champagne (104). Le prieuré d'Aquitaine, qui fut créé en juin-juillet 1317, peut-être à la suite de désaccords intervenus au sein de l'ordre à cette date (105), eut son siège à Poitiers, en la maison même qui avait abrité le chef-lieu de la province templière d'Aquitaine (106). Le Grand Prieuré d'Aquitaine correspondait d'ailleurs de près à cette province même puisqu'il couvrit comme elle Bretagne, Maine, Anjou, Touraine, Poitou, Saintonge et Angoumpis, mais il engloba en plus le Berry, et abandonna le Périgord et le Bordelais. Toutefois les chapitres généraux qui réunissaient les commandeurs du Grand Prieuré d'Aquitaine ne se tinrent presque jamais à Poitiers aux XIVe et XVe siècle (107). Le lieu de réunion ordinaire est à Angers, un texte précisant même : « dans l'enceinte des maisons de l'antique Hôpital » (108). C'est là sans doute un témoignage de la façon pragmatique dont se fit la fusion : installation du siège régional au Temple de Poitiers, maintien des réunions générales à l'Hôpital d'Angers.

Sur l'organisation de l'ordre de l'Hôpital après l'absorption des maisons du Temple nous disposons d'un document d'un intérêt exceptionnel : l'enquête réalisée sur les instructions du pape Grégoire XI (109), à la date d'octobre 1373, c'est-à-dire à un moment où le pays est exsangue à la suite d'environ quarante ans d'hostilités franco-anglaises, où le connétable de France, Du Guesclin, vient de reprendre La Rochelle et Saintes aux Anglais, mais où ceux-ci occupent encore Cognac et Merpins. Certaines notations de l'enquête doivent donc être confrontées aux renseignements que l'on peut trouver dans le fonds d'archives du Grand Prieuré d'Aquitaine.

L'enquête présente treize commanderies principales, dont quatre n'ont pas d'autres maisons en leur dépendance. La plus importante par le nombre des personnes qui y vivent et par le chiffre des revenus est l'ancienne maison du Temple de La Rochelle. On sait qu'il y a une commanderie magistrale annexée à la dignité de Grand maître par Grand Prieuré. Cette commanderie magistrale est précisément, pour le Grand Prieuré d'Aquitaine, l'ancien Temple de La Rochelle. Un fragment de mémoire du milieu du XIVe siècle le dit « en gouvernement nuement et sans moyen du grand mestre de Roddes » (110), ce que l'enquête de 1373 exprime sous la forme : « camera Magistri Hospitalis ». La commanderie magistrale du Temple de La Rochelle est à cette date habitée par un précepteur, cinq frères de l'ordre — quatre prêtres et un sergent d'armes —, cinq donnés, et, semble-t-il, un serviteur, une servante, un charpentier (111). Attachés étroitement à la maison, les donnés — condonad — ne portaient pas l'habit de l'ordre et ne faisaient pas profession comme les frères. Ici deux sont prêtres — peut-être les chapelains cités aussi dans le texte —, deux clercs, le dernier est laïc. L'église du Temple n'était pas paroissiale, mais elle était assurément ouverte aux fidèles de la ville, car les « oblations » qui y étaient présentées figurent au chapitre des revenus pour 35 livres. Cinq maisons étaient comprises dans la « baillie » du Temple de La Rochelle. Bernay avait à sa tête un gouverneur, et était habitée également par un ou plusieurs desservants de la chapelle (112) et par trois serviteurs. A la Cabane ne demeuraient qu'un frère, qualifié de chapelain, un serviteur et une servante. Un procès au sujet du droit d'usage, chauffage, pâturage et panage de la commanderie dans la forêt de Benon, en 1457, apporte une utile précision sur le classement des maisons de l'ordre selon qu'elles ont ou non une chapelle. Au procureur fiscal de Benon qui soutenait que « ledit lieu de la Cabane n'estoit que une grange et qu'il ne sauloit estre que une mestoyerie », le commandeur réplique : « le contrayre est vray, car d'ancienneté il y souloit avoir une chapelle garnie d'aulter, et y a encores gens en vie qui l'ont veu enders (?) et qui y ont veu chanter et vestir des frères dudit ordre de Saint Jehan de Jherusalem » (113). Comme à la Cabane, la maison de Sèchebouc a pour gouverneur un frère chapelain, assisté d'un serviteur et d'une servante. On connaît encore un commandeur à Sèchebouc en 1461 (114). Il est de coutume alors de donner à ferme la maison du Mung, mais elle est, du fait des guerres, inhabitable. De même la maison du Goux est entièrement dévastée et ne rapporte plus rien. Elle n'est qualifiée que de « grange » en 1337, mais en 1465 les Hospitaliers soutiennent, au cours d'un procès contre le seigneur des Landes, qu'ils sont « seigneurs d'un très bel et ancien houstel appellé l'oustel de Goux, situé et assis en la parroisse de Saint Lou en la seneschaucée de Xainctonge » ; un administrateur en est connu en 1394, un commandeur particulier au XVe siècle. Toutefois la maison est généralement sous la responsabilité d'un commandeur d'une commanderie importante. Qu'un frère soit dit au milieu du XVe siècle commandeur de l'hôpital de le Mung sur Charente signifie sans doute que, comme dans le cas précédent (115), ces petites maisons sont tantôt administrées de loin comme des domaines de l'ordre, tantôt confiées à quelque modeste frère qui les habite alors. On retrouvera cette situation à Viville et au Breuil-du-Pas.

La commanderie de Saint-Jean du Perrot à La Rochelle a des revenus trois fois et demi moins importants que sa voisine du Temple. Si le précepteur n'est pas encore constitué dans les ordres sacrés, les deux frères de l'ordre sont prêtres, et le personnel de la maison comprend en outre un prêtre, un acolyte, un clerc, des « séculiers » qui probablement ont la charge de l'église, qui est paroissiale et dessert un quartier « populeux » ; ses revenus représentent d'ailleurs environ 20 % des revenus de la maison. Il y a également serviteurs et servante. Ici ressources et dépenses s'équilibrent, ce qui n'est pas le cas au Temple de La Rochelle, et la situation récente a dû être aisée, car il est mention à la fois de maisons nouvellement acquises en ville et d'un « treuil » récemment acheté à Remigon. Le « treuil », nom qui a laissé de nombreuses traces dans la toponymie de la région est une exploitation viticole, avec notamment pressoir. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une commanderie, si bien que la baillie du Perrot n'a qu'une maison en sa dépendance, celle de Fonsèche, où habitent un chapelain, un serviteur et une servante, et où est mentionnée une chapelle qui a alors besoin de réparations. On aura donc, pour cette baillie, respecté les anciennes appartenances à l'ordre de l'Hôpital au XIIIe siècle.

La deuxième commanderie par ordre de richesse — la moitié du Temple de La Rochelle — dans le diocèse, n'est en fait pas le Perrot, mais Bourgneuf en Aunis. Le précepteur y est un chevalier, et il a sous ses ordres trois frères « obédienciers », dont deux sont sergents, un donné laïc, trois serviteurs, une servante. Une chapelle y est mentionnée. La baillie de Bourgneuf comprend une maison, Thairé, et deux « membres », Péreault et le Treuil-aux-Boeufs, qui ne sont autres que des exploitations agricoles avec terres arables, vignes, et, pour le premier, marais. La petite commanderie de Thairé tantôt aura son commandeur, tantôt sera sous l'autorité du commandeur de Bourgneuf (116). C'est un des accès, au sud, vers La Rochelle. Aussi les Hospitaliers feront-ils au XIVe siècle, du clocher de l'église de Thairé, une véritable petite forteresse, qu'on peut encore admirer aujourd'hui.

A l'est Beauvais-sur-Matha fut aussi une des forteresses de l'ordre, et l'enquête mentionne expressément le coût « de la protection et garde de la fortification » de cette maison, construite trente ans plus tôt. Dans les années qui suivront un breton, Guillaume du Hallois, y sera capitaine pour le commandeur, et causera bien des maux au pays d'environ avec les vingt valets de guerre auxquels il commandera (117). L'église de la préceptorie est paroissiale. Demeurent à Beauvais le précepteur, qui est chevalier, six frères et cinq donnés. Parmi les frères l'un est dit prêtre, un autre diacre, un troisième chevalier, tandis que les trois derniers sont sergents ; le dernier nommé n'a que seize ans et se prépare à recevoir les ordres sacrés. Un des donnés est prêtre, trois sont qualifiés de laboureurs (laboratores), et le cinquième est fournier. La préceptorie a cinq membres, trois avec chapelle : le Fouilloux, Boixe, Angoulême, deux sans chapelle, et donc probablement de simples domaines, Sallerit et Bourcelaine. Depuis deux ans ces cinq maisons ne sont plus habitées, du fait de la guerre, ce qui peut-être explique l'importance du personnel à Beauvais, le plus proche refuge. Les trois premières appartiennent au diocèse d'Angoulême. La commanderie du Fouilloux est mentionnée à plusieurs reprises dans le procès des Templiers, avec d'ailleurs des hésitations qui la font placer parfois dans le diocèse de Saintes ; il reste encore aujourd'hui debout la partie orientale de sa chapelle, qui sert de grange (118). Au lieu-dit la commanderie, les murs de la chapelle, récemment dégagés de la végétation qui les envahissaient, rappellent l'existence de la petite maison du Temple de Boixe (119). La petite chapelle Saint-Jean du modeste établissement templier d'Angoulême a été démolie en 1588 pour permettre l'aménagement de la fortification extérieure du château (120). On ne possède aucun renseignement sur la maison de Sallerit diocèse de Poitiers —, en notant qu'il n'est plus question de la toute proche maison de Barbezières, qui appartenait au diocèse de Saintes ; on ne sait rien sur Bourcelaine, seul membre de Beauvais, en 1373, situé dans le diocèse de Saintes.

Au nord de la Charente deux petites préceptories gardent leur individualité. Aux Eglises-d'Argenteuil, où est mentionnée la chapelle, le précepteur, fait prisonnier l'année précédente par les Anglais, maltraité, obligé de se racheter à prix élevé, vit la plupart du temps chez des amis, tant en raison de l'insécurité de sa maison que de l'exiguïté de ses ressources. Trois frères habitent à Courant, le précepteur, un prêtre, un sergent. L'église y est paroissiale. La préceptorie a dans sa dépendance une grange à Pont-de-Cessé.

Au sud de la Charente la commanderie des Epeaux est l'établissement hospitalier le plus notable, mais ses ressources n'atteignent pas cent livres par an. Une forteresse y a été élevée, puis a été détruite par les Anglais et enfin relevée par le précepteur, frère Jean de Columviliers, un chevalier âgé de 36 ans (121). Il n'a avec lui qu'un prêtre et un donné. Dans la dépendance des Epeaux l'enquête de 1373 ne mentionne qu'une maison avec chapelle, Villeneuve, qui n'est plus habitée depuis deux ans, et deux maisons sans chapelle, Beloire et Rétaud. Nous avons vu que Beloire est mentionnée parmi les biens templiers dès le début du XIIIe siècle. Les documents nous confirment la possession, par les Epeaux, d'un fief et de différents biens à Rétaud au XIVe et au XVe siècle (122).

A une dizaine de kilomètres à l'ouest de Villeneuve la maison du Pas, sur la paroisse de Saujon, a un précepteur propre, assisté d'un frère, et tous les deux sont prêtres.

Dans tout le sud-est du diocèse la situation est dramatique du fait de la guerre, et la description qu'en permet l'enquête de 1373 s'en ressent. A Civrac, près de Mirambeau, le précepteur, qui est prêtre, est assisté d'un autre frère prêtre, d'un serviteur, d'un clerc et d'une servante. Il a sous son autorité la maison de Chierzac et sa chapelle, ainsi qu'une grange à la Lande de Lorignac (123). A peu près toutes les maisons, dit l'enquête, sont détruites « du fait des guerres ». La préceptorie de Bussac a six membres. Avec le précepteur, qui est prêtre, habite un donné, prêtre également. A la maison, toute proche, de Lugéras n'habite qu'un pauvre homme avec sa femme, et dans celle, aussi voisine, de Chepniers, dont l'église est paroissiale, aucune résidence n'est mentionnée. Pour les quatre autres maisons qui dépendent de Bussac, — Mélac, la Grolle, Grand-Vaux, Lussac —, le refrain est le même : « Nul n'y demeure, en raison des guerres et des mortalités ». Rainguet écrivait, en 1864, qu'une vaste plaine, autrefois stérile et nommée la Grand-Vaux existait au nord-est de Jonzac, entre Saint-Maurice-de-Tavernolle et Réaux, et que dans cette dernière commune on voyait l'hôpital de la Grand-Vaux ou Grande Vallée dont la chapelle existait encore, mais transformée en bâtiment de servitude (124). Un lieu-dit l'Hôpital peut être relevé à Réaux. Quant à Lussac, il s'agit probablement de la commune de ce nom, à fort peu de distance de là, mais au nord-ouest de Jonzac.

Au Deffend le précepteur est un sergent d'armes, assisté d'un donné, qui est clerc. En relèvent les maisons de Viville, d'Auvignac, de Guizengeard, de la Lande. Il ne se trouve dans le ressort aucun frère qui ait reçu les ordres sacrés. Deux proches maisons ont des précepteurs particuliers. Au Dognon le précepteur, frère sergent, a avec lui un chapelain et une vieille femme donnée. L'aumône trois fois par semaine fait partie des charges, mais celles-ci dépassent si manifestement les revenus que personne ne veut prendre à ferme les biens de la maison. Il en est de même à la préceptorie de Châteaubernard où n'habitent qu'un précepteur, chevalier, âgé de 80 ans, et un frère, prêtre, de 70 ans. Les Anglais occupent alors Cognac et Merpins, et cette situation particulière explique le peu de renseignements fournis, pour cette région, par l'enquête de 1373.

Celle-ci ne donne pas un tableau tout à fait complet. Nous avons vu qu'elle omettait Barbezières près de Beauvais, et il n'y est pas question non plus de la commanderie de Saint-Jean d'Angles (125), de celle du Tatre (126), de celle de Richemont, ni d'« une maison et commendise de Margot », membre de Saint-Jean du Perrot, sur la paroisse de Saint-Cyr-du-Doret, mentionnée il est vrai pour la première fois en 1402 (127). Le tableau est, par ailleurs, probablement faussé par la date de l'enquête, les hostilités ayant fait rage dans la région toute entière en 1372-1375. Tel quel pourtant, c'est le seul document qui autorise une présentation générale.

Il ne s'agit pas pour autant d'une situation figée. Les documents ultérieurs nous montrent toujours la prédominance des commanderies du Temple et de Saint-Jean du Perrot à La Rochelle, de Bourgneuf, de Beauvais-sur-Matha et des Epeaux : une nomenclature des commanderies du Grand Prieuré d'Aquitaine transcrite par le bénédictin Dom Fonteneau au XVIIIe siècle, et par lui datée du XVe siècle, n'a même retenu que ces cinq maisons (128), cadre qui a dû subsister jusqu'au XVIIIe siècle puisqu'il articule le fonds du Grand Prieuré aux Archives départementales de la Vienne.

Au XVe siècle les cumuls se multiplient, et il devient impossible de dresser à un moment donné une carte des commanderies principales et de leurs différents « membres » ou « filles ». Pourtant il ne semble pas que les variations soient importantes par rapport au siècle précédent.

Les commanderies principales n'ont pas changé, leurs ressorts ne sont sans doute pas tellement différents. La complexité vient de ce que le même commandeur se trouve à la tête de plusieurs commanderies tandis que les maisons secondaires sont ou ne sont pas expressément mentionnées, ont ou n'ont pas, selon les époques et les circonstances, de gouverneurs propres. En 1453 frère Guillaume Languille est dit commandeur de Civrac, Bussac et le Deffend (129) ; en 1455, 1456, 1457 il s'intitule commandeur de Civrac, Bussac, le Deffend, Viville, Auvignac, la Lande, le Tatre (130), c'est-à-dire qu'il énumère les différents membres de la maison du Deffend, sur lesquels il a sans doute autorité déjà en 1453. Un document du 10 août 1458 le présente comme commandeur de Civrac, Bussac, le Deffend, Viville et leurs membres (131), un autre texte, du 30 octobre suivant, semble restreindre son autorité à Civrac et Viville (132). On sait pourtant par des pièces postérieures qu'il dirige toujours Bussac et le Deffend. En 1461 il récompense un religieux de l'ordre, Thomas Philippe, qui, après avoir servi à Nantes, s'est montré pendant huit ans un loyal serviteur de Civrac et du Deffend, en lui confiant, sa vie durant, le gouvernement de la maison de Viville, membre dépendant de la commanderie du Deffend (133). Une dernière mention le présente, en 1463, comme à la tête de Civrac, Bussac et le Deffend (134). Il aura gardé le même pouvoir pendant au moins dix ans, en dépit des variations dans la présentation de ses charges. Après lui frère Philippe de Puyvinaud, chevalier, est dit en 1466 commandeur du Deffend, de la Lande et du Tatre, c'est-à-dire d'une commanderie principale et de deux de ses membres, puis il se trouve à la tête de Civrac, Bussac et le Deffend135, ensemble auquel présidera ensuite frère Guyon Du Bouchet, chevalier. Un texte ajoutera à la titulature les trois « membres » de Chierzac, Lugeras, le Tatre, dont on peut bien penser qu'ils sont de toutes façons sous l'autorité le premier de Civrac, le deuxième de Bussac, le troisième du Deffend, même lorsqu'ils ne sont pas expressément cités.

On comprend que les commanderies du Civrac, de Bussac et du Deffend soient regroupées sous le même commandeur car il ne s'agit que de modestes commanderies, peu éloignées les unes des autres. Mais frère Philippe de Puyvinaud qui les administre en 1470-1471, est en même temps commandeur de Saint-Jean de Saumur et de Moulins près Loudun (136). De même son successeur Guyon Du Bouchet a aussi les Epeaux sous son autorité (137). François Du Bois, qui sera prieur d'Aquitaine en 1457, est en 1450 commandeur des Eglises-d'Argenteuil et de Champgillon en Bas-Poitou, en 1451 des Epeaux et de Champgillon (138). Frère Bertrand Jameron lui succède aux Epeaux en 1453, dirige, au moins de 1456 à 1466, les trois commanderies des Epeaux, du Temple de La Rochelle et de Bourgneuf, est toujours à la tête des deux dernières en 1467, et est dit, selon les documents, également commandeur de telle ou telle maison secondaire, le Pas, Villeneuve, Goux, Thairé (139). Ainsi dans la seconde moitié du XVe siècle un très petit nombre de frères domine toute l'organisation des Hospitaliers dans le diocèse de Saintes : en 1455-1460 deux commandeurs pour les commanderies principales du Temple de La Rochelle, de Bourgneuf, des Epeaux, de Civrac, de Bussac, du Deffend, tandis qu'on trouve des commandeurs particuliers pour Saint-Jean du Perrot à La Rochelle, Beauvais, Châteaubernard, Courant, Eglises-d'Argenteuil, avec de fréquents regroupements occasionnels, Beauvais et Châteaubernard, Eglises-d'Argenteuil et Courant (139.bis), Saint-Jean du Perrot et Beauvais (140).

Si la structure générale de l'ordre, telle qu'elle nous était révélée par l'enquête de 1373 — treize commanderies, dont cinq plus importantes que les autres — n'a donc guère changé, les cumuls, rares au XIVe siècle, se sont multipliés. La baisse des revenus des maisons de l'ordre, que l'enquête de 1373 nous montre dès cette époque considérable (141), en est assurément une des raisons. Peut-être aussi l'ordre a-t-il quelque difficulté de recrutement pour trouver les chevaliers ou notables frères qui pourront diriger les principales maisons. Quelle qu'en soit la raison, ou plutôt les raisons, ces cumuls se traduisent pour la plupart des maisons par une absence habituelle du commandeur, et donc l'obligation de multiplier les lieutenants, les procureurs. Frère François Du Bois, prieur en Aquitaine, désigne en 1457 cinq procureurs généraux (142). En juin 1468 le chapitre provincial est tenu à Angers par frère Gui de Melay, précepteur de la Guerche, lieutenant et vicaire général « in spiritualibus et temporalibus » du prieur d'Aquitaine (143). En Saintonge Philippe de Puyvinaud, commandeur de Civrac, de Bussac et du Deffend, a pour procureur Jean Sauguin, écuyer, en 1470, et constitue en 1471 pour ses procureurs frère Jean Pastoureau, précepteur de Courant, frère Jean Arnoul, qui sera commandeur de Châteaubernard et de Saint-Jean d'Angles (144), frère Philippe Caillaud, commandeur, l'an suivant, de Viville, et un prêtre (145) ; en 1474 frère Jean Simon est « fermier et gouverneur de la commanderie et église Saint-Jehan du Perrot de La Rochelle pour le commandeur » Hélie Du Bois (146).

Il est une autre raison, cette fois fort valable, de l'absence des commandeurs, ou du grand prieur : la lutte contre les infidèles. La dernière place des chrétiens en Terre Sainte, Acre, était tombée en 1291. Foulque de Villaret, élu grand-maître de l'ordre de l'Hôpital en 1308, s'empara de Rhodes le 15 août 1309. L'île devint alors le siège de l'ordre des Hospitaliers, le point le plus avancé de la chrétienté face aux infidèles, et elle résistera, grâce à la valeur des chevaliers, à de nombreux assauts, notamment en 1444-1449 et en 1480, jusqu'à ce qu'un dernier l'emportât en 1522. L'ordre de l'Hôpital était un ordre militaire. Ses commandeurs nous apparaissent à diverses reprises comme des hommes de guerre (147), et quelques trop rares documents nous les montrent faisant périodiquement de longs séjours à Rhodes pour participer en personne à la lutte entre les Musulmans d'Egypte ou les Turcs. Bertrand Jameron, commandeur de Bourgneuf, du Temple de La Rochelle et des Epeaux est allé combattre à Rhodes « à trois reprises contre les mécréants, une fois pendant deux ans et les autres fois davantage » (148). Le prieur d'Aquitaine, frère François Du Bois, a lui aussi passé la mer avec Jameron « et tous les chevaliers de la religion pour aller à Rodes », et il y a été tué ainsi que « plusieurs autres notables chevaliers de ce royaume, et les autres sont encore par delà, qui cotidiannement combatant pour la foy contre les Turcs »149. Antoine Chabot, chevalier de l'ordre, demeure « ou couvent de Rodes par bien long temps », aidé financièrement par son frère Louis, seigneur de Jarnac (150). Le grand prieur d'Aquitaine est parfois dit « à présent absent notoirement », « absentis et in remotis notorie agentis » (151), ce qui doit se comprendre là aussi par un nouveau départ pour Rhodes.

La présence des grands prieurs et des chevaliers à Rhodes s'explique aussi par la centralisation de l'ordre. C'est le Grand Maître qui nomme le Grand prieur d'Aquitaine et les commandeurs des différentes maisons du Grand Prieuré, ceux-ci nommant eux-mêmes les « commandeurs particuliers » (152). C'est ainsi que sera nommé à Rhodes, par le Grand Maître assisté des frères de la langue de France, le commandeur de la petite commanderie saintongeaise du Breuil-du-Pas (153), alors que le commandeur du Deffend nomme lui-même le commandeur particulier de Viville, « membre » dépendant du Deffend (154). De même chaque maison de l'ordre doit « pension au grant commandeur et maistre de Rodes pour l'entretènement des gens de guerre qur sont avec lui nuyt et jour pour soustenir et garder la loy et la foy crestienne » (155). Cette « responsion » est fort élevée si l'on considère les chiffres contenus dans l'enquête de 1373 : 27 % des revenus pour la baillie de Saint-Jean du Perrot de La Rochelle, 26 % pour la baillie de Bourgneuf, 22 % pour la baillie du Temple de La Rochelle. On doit cependant préciser immédiatement que le commandeur du Perrot reconnaît ne payer que 54 francs au lieu des 100 requis, ce qui ramène ici le taux à 14%. Les chapitres provinciaux se réunissent régulièrement, chaque année semble-t-il, vers le mois de juin et à Angers. La terminologie n'a guère changé. Le terme de commandeur, employé dès le XIIIe siècle (156), se généralise au XVe siècle, sans pour autant remplacer totalement celui de précepteur, le plus usuel au XIVe siècle. L'appellation habituelle pour chaque établissement est celui de « maison », mais on trouve aussi « préceptorie » (preceptoria), et plus rarement et tardivement « commanderie ». On ne trouve pas en Saintonge le terme de « morée » employé en 1470 et 1471 pour les maisons de Saumur et de Moulins qui sont alors aux mains d'un commandeur saintongeais (157). Si l'on ne considère que les actes de la pratique, on constate la fermeté avec laquelle les Hospitaliers défendent leur indépendance vis-à-vis de l'évêque de Saintes, du fait de la sauvegarde spéciale qui les fait relever directement du roi (158). Plus encore les voit-on combattre sans cesse pour faire « reconnaître leurs franchises et exemptions, du paiement de la dîme (159), de l'obligation du guet et garde (160), de la taxation pour les tailles seigneuriales, les aides royales, le chargement du vin au port de La Rochelle (161). Un ordre militaire privilégié, centralisé, structuré, avec des maisons d'importance très variable mais qui en principe doivent se suffire à elles-mêmes, du moins au sein d'un même ressort pour celles qui ont des « membres » dans leur dépendance, tel apparaît l'ordre de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem à la fin du Moyen Age, après l'absorption de maisons templières beaucoup plus nombreuses et importantes que les maisons hospitalières au XIIIe siècle. Il faut encore se demander comment il va supporter le temps de crises que représente la guerre de Cent Ans dans une des régions de France les plus exposées par sa situation en frontière des possessions anglaises. Le hasard qui préside pour une part à la conservation des documents amène à privilégier, pour cette étude, le cas d'une des plus modestes commanderies saintongeaises, celle du Breuil-du-Pas.
Sources: Robert Favreau — La commanderie du Breuil-du-Pas et la guerre de Cent Ans, dans la Saintonges méridionale. Jonzac 1986

Notes

1. En deux volumes, dans la « collection des documents inédits sur l'histoire de France »
2. Liste des maisons et de quelques dignitaires de l'Ordre du Temple en Syrie, en Chypre et en France d'après les pièces du Procès, Paris, 1900 (extraits de la Revue de l'Orient latin, tome V, VI et VII, 1897-1899).
3. Cartulaire général de l'Ordre du Temple (1119 7-1150), Paris, 1913 ; Fascicule complémentaire contenant la table des sommaires des actes et l'identification des noms de lieux, Paris, 1922.
4. Bibliothèque nationale, nouv. acq. lat. 1 à 71.
5. Gallicarum militiae templi domorum earumque praeceptorum seriem secundum Albonensia apographa in Bibliotheca nationali Parisiensi osservata, Paris, 1930.
6. Les Templiers en Charente. Les commanderies et leurs chapelles, Poitiers, 1981 (« Société archéologique et historique de la Charente ») ; limites du diocèse dans Jean Burias, « Géographie historique du comté d'Angoulême (1308-1530) », dans Mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente, année 1955.
7. Il est apparu utile de donner ce premier état, même si ce travail porte essentiellement sur les XIVe et XVe siècles, en raison des difficultés qu'il y a à se repérer dans les actuelles publications. Il pourra être notablement affiné à partir de recherches sur le terrain, d'une étude toponymique poussée, d'une quête systématique de documents, y compris les textes postérieurs au Moyen Age. La base en est le fonds du Grand Prieuré d'Aquitaine conservé aux Archives départementales de la Vienne. Dans le temps même où cet état était dressé un chercheur rochelais, Jean-Claude Bonnin, publiait à La Rochelle, en 1982, une étude sur Les commanderies templières et hospitalières du pays d'Aunis, en 1983 sur Les Templiers et leurs commanderies en Aunis, Saintonge, Angoumois 1139-1312, travaux malheureusement non pourvus de références aux documents utilisés. Egalement en 1983 une exposition sur les Templiers en Saintonge et en Aunis a été présentée à Saintes. Pour faciliter l'établissement du catalogue le texte de ce présent chapitre a été adressé à Mlle Anne-Marie Legras. Je regrette que le catalogue n'ait finalement pas été rédigé et ait été remplacé par une synthèse sur Les commanderies des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Saintonge et en Aunis, (Paris, 1983), qui fait pour partie double emploi avec ce chapitre. Je me dois cependant d'ajouter que je dois beaucoup de remerciements à Mlle Legras pour ses précieuses observations.
8. L. Meschinet de Richemond, « Chartes de la commanderie magistrale du Temple de La Rochelle (1139-1268) », dans Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, I, 1874, nº I, pp. 25-26 (acte de la reine Aliénor) ; Champollion-Figeac, Documents historiques inédits tirés des collections manuscrites de la Bibliothèque royale..., II, Paris, 1843, nº X, p. 24, « Coll. de documents inédits sur l'histoire de France » (acte de Louis VII).
9. Richemond, « Chartes de la commanderie magistrale du Temple... », nº II, pp. 26-27 (1188).
10. « Cartulaire de Coudrie », éd. L. de La Boutetière, dans Archives historiques du Poitou, II, 1873, pp. 153-155.
11. Cf. supra, note 8.
12. « Cartulaire saintongeais de l'abbaye de la Trinité de Vendôme », éd. Ch. Metais, fans Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, XXII, 1893, nº LVII, pp. 95-96.
13. « Chartes de la commanderie magistrale. . . », nº VIII, p. 34.
14. W.W. Shirley, Royal and Other Historical Letters Illustrative of the Reign of Henry III, I, 1216-1235, Londres, 1862, nº CLVIII, p. 182 : maximam partem obtineant villae.
15. A. Champollion-Figeac, Lettres des rois, reines et autres personnages des cours de France et d'Angleterre depuis Louis VII jusqu'à Henri IV tirées des archives de Londres par Bréquigny, I, Paris, 1839, nº XXIV, pp. 31-32 (« Coll. des documents inédits sur l'histoire de France ») ; W. W. Shirley, Royal and Other Historical Letters…, I, nos CLVIII et CLIX, pp. 181-183 ;Th. Rymer, Foedera…, t, I, Londres, 1816, p. 169 ou Louis-Etienne Arcère, Histoire de la ville de La Rochelle et du pays d'Aulnis, La Rochelle, II, 1757, p. 662.
16. Patent Rolls of the Reign of Henry III Preserved in the Public Record Office. A.D. 1225-1232, Londres, 1903, p. 24, 29, 105, 368 ; Calendar of the Patent Rolls Preserved in the Public Record Office. Henry III. A.D. 1232-1247, Londres, 1906, p. 309, 330, 333.
17. Th. Duffus Hardy, Rotuli litterarum patentium in turri londinensi asservati, t. I, pars I, Londres, 1835, p. 116 b.
18. Ibid., p. 121 b.
19. Patent Rolls of the Reign of Henry III Preserved in the Public Record Office. A.D. 1216-1225, Londres, 1901, p. 199, 313, 314.
20. Ibid., p. 431.
21. « Chartes et documents poitevins du XIIIe siècle en langue vulgaire », éd. Milan S. La Du, II, Archives historiques du Poitou, LVIII, 1964, nº 412, pp. 341-344.
22. Père B. Coûtant, « La Rochelle. La commanderie magistrale du Temple, l'hôtel de ville, les rues des Gentilshommes, de la Grille et Dupaty », Cahier nº 4, La Rochelle, 1974, avec détail du plan de l'ingénieur Masse en 1689.
23. Louis-Étienne Arcère, Histoire de la ville de La Rochelle. .., I, 1756, pp. 134-135, et II, p. 631.
24. « Chartes et documents poitevins.. . », éd. La Du, I, Archives historiques du Poitou, LVII, 1960, nº 119, pp. 200-202.
25. Ibid., I, nº 120, pp. 202-203 ; Péreault, commune Longèves.
26. Ibid., I, nº 114, pp. 192-193.
27. Ibid., I, nº 121, p. 203 ; Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/295.
28. « Chartes et documents poitevins. .. », éd. La Du, I, nº 117, pp. 197-198.
29. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/295.
30. Ibid. : cum igitur ecclesia nostra Beate Marie de Tayre, nostre diocesis, quasi in tota parte sua refici et rehe-dificari oporteat, prout per inspectionem nobis constitit evidenter, opere quamplurimum sumptuose. . .
31. Sèchebouc, commune Châtelaillon, cf. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/825, en 1485, domo de Siechebouc in parrochia de Chastellaillon in Alnisio.
32. Michelet, tome II, p. 186.
33. Calendar of Patent Rolls Preserved in the Public Record Office. Henry III. A.D. 1232-1247, Londres, 1906, p. 309 (L'éditeur identifie à tort ce Bourgneuf à Bourgneuf-en-Retz). La villa que vocatur Burgus novus Templi est citée dès 1224 (Layettes du Trésor des chartes, éd. Al. Teulet, t. II, Paris, 1866, nº 1661, p. 36) référence aimablement communiquée par Mlle A.M. Legras.
34. Le procès des Templiers, éd. Michelet, II, p. 14.
35. La Cabane, (près de Poléon, Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/962) commune de Saint-Georges-du-Bois, canton de Surgères. On trouve cinq noms de la Cabane dans la partie sud-ouest de la vaste commune de Marans, et la nomenclature des hameaux, écarts ou lieux-dits de la Charente-Maritime (édition 1968, I.N.S.E.E.) en dénombre 71 pour le département.
36. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/964 : domus Templi apud Gouz. Goux, commune de Saint-Loup, canton de Tonnay-Boutonne ; Léonard situait Goux, commune de Pérignac, canton de Pons.
37. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/212.
38. R. Crozet, dans Dictionnaire des Eglises de France, III, Paris, 1967, c. 21.
39. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/419 et 442.
40. Testament de Guillaume Le Court, du 27 août 1295, édité par G. Babinet de Rencogne, « Testaments sain-tongeais », dans Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, I, 1874, p. 166.
41. Le procès des Templiers, éd. Michelet, II, p. 19, 189. Michelet écrit toujours « Banes ».
42. Cartulaire de l'abbaye de Saint-Amant-de-Boixe, éd. André Debord, nos 161, 167, 173 (Poitiers, 1982, « Société archéologique et historique de la Charente »).
43. Ch. Daras, Les Templiers en Charente.. ., pp. 34-35.
44. Ibid.,pp. 101-103 ; Jean George, /.es Eglises de France. Charente, Paris, 1933, p. 68.
45. Accord passé au cloître de Saint-Léger de Cognac en 1220, édité par L. Redet, « Chartes concernant les commanderies de Châteaubernard et d'Angles près de Cognac », dans Bulletin de la société archéologique et historique de la Charente, 4e série, t. V, 1867, nº I, pp. 65-68 (copie sur papier) ; ce document et tous ceux édités par Rédet en cet article sont conservés aux Archives départementales de la Vienne sous la cote 3 H 1/224.
46. Ibid., nº II-V, pp. 68-78 ; originaux, le dernier classé à part dans le carton des sceaux, nº 164.
47. Le procès des Templiers, éd. Michelet, I, p. 273.
48. « Chartes concernant les commanderies de Châteaubernard et d'Angles… », éd. L. Rédet, nº IV, pp. 71-74.
49. Ch. Daras, Les Templiers en Charente…, pp. 104-109 : la chapelle a, à l'extérieur, 18,96 m de long et 9 m de large.
50. Ch. Connoué, Les Eglises de Saintonge. IV. Cognac et Barbezieux, Saintes, 1959, p. 148.
51. J. Nanglard, Pouillé historique du diocèse d'Angoulême, Angoulême, t. III, 1900, p. 530, et Ch. Daras, Les Templiers en Charente..., p. 100 donnent Saint-Jean comme patronage à cette maison que le premier situe au nord-ouest du bourg, sur les confins de la paroisse Saint-André-des-Combes.
52. J. George, Les Eglises de France, Charente, p. 287 ; R. Crozet, L'art roman en Saintonge, p. 112 ; Ch. Daras, Les Templiers en Charente..., pp. 74-77.
53. Par Trudon des Ormes, et à sa suite par Léonard (op. cit., p. 103).
54. Le procès des Templiers, éd. Michelet, II, p. 199, Engolismensis diocesis.
55. Etablie par La Martinière, dans le Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente, 1908-1909, p. XCIII.
56. R. Façon, « Recueil des lieu-dit de la Charente », dans Mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente, année 1964, p. 116.
57. R. Crozet, L'art roman en Saintonge, pp. 36-37, 43-44, 52, 70, 92, 95, 102, 120 ; Ch. Daras, Les Templiers en Charente..., pp. 79-87.
58. Le procès des Templiers, éd. Michelet, I, p. 265, 268 ; II, p. 171, 205.
59. Le procès des Templiers, éd. Michelet, II, p. 21, 202.
60. Ch. Daras, Les Templiers en Charente..., pp. 88-90 ; J. George, Les Eglises de France. Charente, p. 269, date l'édifice de la fin du XIIIe siècle ; Ch. Connoué, Les Eglises de Saintonge. IV. Cognac et Barbezieux, p. 90 parle de la fin du XIIe avec remaniement au début du XIIIe siècle.
61. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/440.
62. « Cartulaire du prieuré de Notre-Dame de Barbezieux », dans Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, XLI, 1911, nº 520, p. 142.
63. « Chartes saintongeaises de l'abbaye de la Couronne 1116-1473 » recueillies par G. Babinet de Rencogne, publiées par P. de Fleury, Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, VII, 1880, nº 44, p. 106 et 108. Rifaucon se trouvait sur la paroisse de Xandeville, à l'ouest de Barbezieux et tout près de Saint-Hilaire.
64. « Cartulaire du prieuré de Notre-Dame de Barbezieux », nº 399, p. 112.
65. Ch. Daras, Les Templiers en Charente..., pp. 91-92. On ne peut pas confondre, comme le fait l'auteur, la Lande et Guizengeard, que distingue expressément l'enquête de 1373.
66. Ch. Daras, Les Templiers en Charente..., p. 92. Mélac ou Mellac, cne de Sauvignay (Charente). Le nom du Temple figure dans la toponymie de la commune voisine de Boresse-et-Martron (Charente-Maritime).
67. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/437, samedi avant la Saint Grégoire 1304.
68. P.-D. Rainguet, Études historiques, littéraires et scientifiques sur l'arrondissement de Jonzac (Charente-Inférieure), Jonzac et Saint-Fort-sur-Gironde, 1864, pp. 390-391. L'église fait 23,60 m sur 7,50 m.
69. Dossier du Secrétariat Régional de l'Inventaire des Monuments et richesses artistiques de la France.
70. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/434.
71. P.-D. Rainguet, Études historiques ... sur l'arrondissement de Jonzac, p. 265.
72. Le procès des Templiers, éd. Michelet, I, p. 199 ; II, pp. 210-211. Le nom est cité sept fois dans le procès avec sept orthographes différentes.. .
73. Chanoine Tonnellier, « Chartes inédites concernant les maisons du Temple des Epeaux, de Meursac et de Saint-Jean du Perrot de La Rochelle », dans Mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente, année 1961-1962, nos I, II, III, pp. 255-257, d'après Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/425, 419 et 442. Beloire est sur la commune de Meschers.
74. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/423.
75. Calendar of the Patent Rolls Preserved in the Public Record Office. Henry III. A.D. 1232-1247, Londres, 1906, p. 330 et 333 ; Tonnellier, op. cit., nos IV-V, pp. 257-258.
76. Tonnellier, op. cit., nos VII et VIII, p. 259, d'après Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/425.
77. Michelet, tome II, p. 14.
78. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/419 et 442.
79. Ch. Connoué, Les Eglises de Saintonge. II. Saintes (2e série) et Marennes, Saintes, 1955, p. 58. Je remercie Mlle A.-M. Legras d'avoir attiré mon attention sur cette probable localisation. Une assiette fiscale de 1425 cite d'ailleurs ensemble : « la paroisse de Le Mun et l'Ospitai » (Bibl. nat., ms. fr. 23913, fol. 10).
80. Meschinet de Richemond, « Chartes de la commanderie magistrale du Temple de La Rochelle... », nº 11, pp. 26-27 (1188), et pp. 32-33 (1190) ; Delaville le Roulx, Cartulaire général des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, t. I, 1100-1200, Paris, 1894, nº 895, pp. 567-568.
81. La Du, « Chartes et documents poitevins du XIIIe siècle en langue vulgaire », I, nos 107 et 108, pp. 183-185 ; Rédet, « Anciennes chartes françaises conservées aux Archives du département de la Vienne », dans Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. 15, (3e série, t. V), 1854, pp. 84-87.
82. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/428.
83. Delaville le Roulx, Cartulaire général des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, t. IV, 1301-1310, Paris, 1906, nº 4816 et 4817, pp. 189-193 : Actum et datum in domo nostra Ecclesiarum de Argentolio, diocesis Xanctonensis.
84. Arch. dép. de la Vienne, carton 27, nº 1, pancarte de Rochechouart (1402), p. 50 ; l'assiette fiscale de 1425 distingue aussi Saint-Vivien et Saint-Martin aux Eglises d'Argenteuil (Bibl. nat., ms. fr. 23913, fol. 13).
85. P.-D. Rainguet, Etudes historiques sur . . . Jonzac, pp. 398-399.
86. R. Crozet, L'art roman en Saintonge, Paris, 1971, pp. 111-112.
87. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/427.
88. « Cartulaire de Coudrie », éd. L. De La Boutetière, dans Archives historiques du Poitou, II, 1873, pp. 161, 163-164. Le dernier maître, Geoffroi de Gonneville est dit soit précepteur d'Aquitaine et de Poitou, soit précepteur d'Aquitaine, soit précepteur de Poitou (Le procès des Templiers, éd. Michelet, passim).
89. Arch. nat., J 191, et copie d'Albon, Bibl. nat., nouv. acq. lat. 38, fol. 2 : in domo nostra Pictavis, que fuit defuncti Sorunnet, sita prope ecclesiam Sancii I.eodegarii Pictavensis ; Enquêtes administratives d'Alfonse de Poitiers, éd. Foumier-Guébin, Paris, 1959, p. 39 : dicto Tempio quamdam domum quam habebat apud Pictavim, que sita est ante ecclesiam Beati Leodegarii.
90. Léonard, Gallicarum militiae Templi domorum..., pp. 97-98.
91. Le procès des Templiers, Michelet, I, p. 199.
92. Le procès des Templiers, Michelet, I, p. 268.
93. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/425.
94. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/224.
95. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/224, 419, 442.
96. Meschinet de Richemont, « Chartes de la commanderie magistrale du Temple de La Rochelle », nos VIII, IX, XIV, p. 34, 37, 42 ; Rotuli litterarum patentium in turri Londinensi osservati, éd. Thomas Duffus Hardy, vol. I, pars 1, Londres, 1835, p. 116 b et 121 b.
97. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/437 — Le procès des Templiers, éd. Michelet, II, p. 22, 202.
98. Le procès des Templiers, éd. Michelet, II, pp. 6, 21-22.
99. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/224.
100. Le procès des Templiers, éd. Michelet, II, p. 6, 22.
101. R. Favreau, « L'épitaphe de Pierre de Legé, commandeur du temple de La Rochelle (+ 1269) », dans Revue de la Saintonge et de l'Aunis, t. VIII, 1982, pp. 33-36.
102. Regestum Clementis papae V. Annus Septimus, par des moines de l'ordre de S. Benoît, Rome, 1887, nº 7885, p. 68.
103. Documents inédits pour servir à l'histoire du Poitou, publiés par la Société des Antiquaires de l'Ouest, Poitiers, 1876, nº XXIV-l, pp. 92-94, et nº XXV-2, pp. 94-96, pour la Lande de Parthenay et Ensigné ; le procès-verbal de Cenan figure à la Bibl. nat., ms. lat. 9035, pièce 31 (référence aimablement fournie par Mademoiselle A.-M. Legras).
104. Delaville le Roulx, Cartulaire général..., Paris, 1.1, 1894, introduction.
105. Madeleine Limouzineau, « L'organisation d'un prieuré de l'ordre de Malte aux XVIIe et XVIIIe siècles, d'après le prieuré d'Aquitaine », dans Positions des thèses de l'École nationale des chartes, Paris, 1949, p. 126. La date de juin-juillet 1317a été établie par Mlle Legras.
106. En 1363 est citée, paroisse Saint-Léger, la maison des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem aussi appelée le Temple (Arch. dép. de la Vienne, 1 H 1/9). Les Hospitaliers n'avaient pas eu d'établissement à Poitiers avant le XIVe siècle.
107. On ne connaît pour le XIVe-XVe siècle qu'un seul chapitre tenu à Poitiers, le mercredi après la Saint Barnabe 1360 (id. 3 H 1/794). Le chapitre général se tint en l'hôtel prieural d'Aquitaine à Poitiers aux XVIIe-XVIIIe siècle (M. Limouzineau, op. cit., pp. 126-127).
108. Chapitres généraux à Angers : 15 juin 1390 (Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/841) ; 19 juin 1392 (id. 3 H 1/272) ; 30 août 1396 (id. 3 H 1/428) ; 7 mai 1446 (id. 3 H 1/419) ; 7 mai 1457 (id. 3 H 1/438) ; 1er juin 1461 (id. 3 H 1/427) ; 4 mars 1471 (id. 3 H 1/437 et 438).
109. Jean Glénisson, « L'enquête pontificale de 1373 sur les possessions des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem », dans Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. 129, 1971, pp. 83-111 ; « Les biens des Hospitaliers dans le diocèse de Saintes en 1373 », dans Recueil de la Société d'archéologie et d'histoire de la Charente-Maritime et Groupe de recherches archéologiques de Saintes, t. XXV, 1973, pp. 127-135. Grâce à l'obligeance de M. Jean Glénisson et de sa collaboratrice à l'I.R.H.T., Mlle Anne-Marie Legras, j'ai pu utiliser la transcription de cette enquête pour le diocèse de Saintes. Qu'ils en soient ici vivement remerciés (Original : Archives vaticanes, Castel S. Angelo, AA, Arm. C, 268). Cette enquête doit être publiée dans son ensemble par l'I.R.H.T.
110. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/938.
111. Dans le cas présent on ne peut déterminer avec sûreté le personnel de la commanderie, qui est donné en deux endroits différents, et sous des formes différentes.
112. Une lacune dans le parchemin nous fait ignorer le chiffre des chapelains. Le gouverneur n'est pas indiqué comme prêtre.
113. Arch. dép. delà Vienne, 3 H 1/962.
114. Id., 3 H 1/427.
115. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/964.
116. Id., 3 H 1/295.
117. Id., 3 H 1/212.
118. le procès des Templiers, II, pp. 234-235 ; Ch. Daras, I.es Templiers en Charente, pp. 25-26.
119. Ch. Daras, op. cit., p. 24.
120. Rédet, « Document inédit relatif au Temple d'Angoulême (9 septembre 1588) », dans Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente, 4e série, t. VII, 1867, pp. 79-90 ; Ch. Daras, op. cit., pp. 21-22.
121. La lecture du nom est très difficile dans l'enquête, mais un document de 1371 précise la présence de ce précepteur aux Epeaux (Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/423).
122. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/423.
123. Aucune mention n'est faite de cette grange dans l'ouvrage de Rainguet sur l'arrondissement de Jonzac.
124. P.-D. Rainguet, Études historiques... sur l'arrondissement de Jonzac, p. 209 et 224. Le nom de lieu est attesté dès 1124 dans les « Chartes saintongeaises de l'abbaye de la Couronne 1116-1473 » publiées par Paul de Fleury dans les Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, VII, 1880, nº 116, p. 238 (voir aussi nos 119 et 121, p. 242 et 244).
125. La commanderie est mentionnée dans un texte de 1490 (Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/224).
126. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/438.
127. Id., 3 H 1/838.
128. Bibl. mun. de Poitiers, Dom Fonteneau, t. XLII, p. 211.
129. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/434.
130. Id., 3 H 1/438.
131. Ibidem.
132. Id., 3 H 1/419.
133. Id., 3 H 1/435.
134. Id., 3 H 1/434.
135. Id., 3 H 1/437 et 438.
136. Id., 3 H 1/438. Il est commandeur de Moulins de 1466 à 1478.
137. Id., 3 H 1/423 et 437.
138. Id., 3 H 1/419 ; en 1366 frère Robert de Saint-Riquier était aussi commandeur de Beauvais et de Champgillon (id., 3 H 1/4).
139. Id., 3 H 1/419, 423, 425, 441, 964, 965.
139 bis. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/224 et 428.
140. Id., 3 H 1/825 et 826, frère Hélie Du Bois, chevalier, le 26 avril 1474 et le 5 janvier 1485.
141. Voir l'étude de Jean Glénisson sur « Les biens des Hospitaliers dans le diocèse de Saintes en 1373 ».
142. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/438.
143. Id., 3 H 1/825. La formule « in spiritualibus et temporalibus » est celle-là même employée pour les vicaires généraux d'un évêque.
144. Id., 3 H 1/224.
145. Id., 3 H 1/437 et 438.
146. Id., 3 H 1/825.
147. Il faut attendre 1508 pour trouver, à Saint-Jean du Perrot, un commandeur qui se dise « docteur en décret », frère Louis Péreau (id., 3 H 1/824).
148. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/964, enquête de 1466.
149. Ibid.; voir aussi 3 H 1/962.
150. Bibl. mun. de Poitiers, Dom Fonteneau, t. XVII, pp. 589-590. Louis Chabot verse plus de 6001. à son frère.
151. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/224,6 juin 1433 ; 3 H 1/825, 8 juin 1468.
152. Id., 3 H 1/938.
153. Id., 3 H 1/427, cf. p.
154. M., 3 H 1/435.
155. Id., 3 H 1/427, cf. p.
156. Contrairement à ce que dit l'abbé Guillotin de Corson (Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dits chevaliers de Malte en Bretagne, Nantes, 1902, p. XX et XLI) sur l'ignorance du terme de commandeur chez les Templiers et l'emploi tardif du terme par les Hospitaliers.
157. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/437 et 438.
158. Id., 3 H 1/423, procès en 1420 contre l'évêque de Saintes. Voir les lettres de sauvegarde octroyées par le roi au prieur, aux commandeurs et aux frères de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem du prieuré d'Aquitaine le 16 avril 1377 (« Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France », éd. P. Guérin, dans Archives historiques du Poitou, XXI, 1891, nº 607, pp. 24-27).
159. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/419, en 1454.
160. Id., 3 H 1/428,441,838.
161. Id., 3 H 1/441, 938.

Sources: Robert Favreau — La commanderie du Breuil-du-Pas et la guerre de Cent Ans, dans la Saintonges méridionale. Jonzac 1986

La commanderie du Breuil-du-Pas — Chapitre II

La commanderie
Le Breuil est aujourd'hui un petit bourg de la commune de Saujon, à droite de la route qui mène à l'Eguille. Des sarcophages à chaque extrémité de la rue centrale rappellent seuls l'ancienneté de l'habitat. A gauche de la route Saujon-l'Eguille on trouve les quelques maisons du hameau du Pas, et à quelques centaines de mètres une maison appelée l'Hôpiteau. Les textes parlent tantôt de la commanderie du Breuil-du-Pas, tantôt de la commanderie du Pas, mais aucun reste ni souvenir de la commanderie n'existe au Breuil ni au Pas. La maison des Hospitaliers a dû se trouver au lieu-dit l'Hôpiteau, que la carte de Cassini distingue fort bien, sous la forme « l'Hôpital », de Breuil et du Pas du Breuil. L'enquête de 1373, qui précise rarement l'appartenance ancienne des maisons « que condam fuit Templi », « olim hospitalis antiqui » — indique, pour la maison du Pas, qu'elle est dudit Hôpital, que est dicti Hospitalis, et un mémoire de 1460 déclare la commanderie fondée en l'honneur de Saint-Jean-de-Jérusalem (162). On doit noter, d'un autre côté, qu'une déclaration des biens de la commanderie dans la châtellenie de Royan, vers la même date, mentionne la possession d'un « fié du Temple sive des Hospitalliers » (163). Si documents et toponymie nous inclinent à retenir une fondation hospitalière, un doute subsiste donc, et comme il ne reste plus de trace visible de la commanderie, que nous savons en tout état de cause avoir été une des plus petites du diocèse de Saintes, on voit donc le paradoxe qu'il y a à s'attacher à faire revivre cet établissement hospitalier.

La commanderie était installée au bord des marais de l'estuaire de la Seudre et ses biens paraissent presque entièrement compris entre le Breuil et la côte, de Vaux-sur-Mer à Meschers, c'est-à-dire dans les châtellenies de Royan et de Didonne164, avec également quelques revenus à Arvert et à Château-d'Oléron. On trouvait parmi ces biens, outre droits et rentes divers, une trentaine de pièces de terre, quatre hébergements, sept fiefs, des maisons, un moulin, quelques marais, et très peu de bois, prés et vignes. Le premier nom de précepteur, frère Philippe d'Orléans, en 1339, est aussi la première mention de l'« hôpital du Pas »16S. Frère Eudes d'Orléans, commandeur des Epeaux de 1322 à 1353, dit aussi commandeur de Villeneuve — membre dépendant des Epeaux en 1343, préside en outre à la maison de Fonsèche de 1337 à 1350 (166). En août 1351 et en janvier 1353 on le trouve également à la tête du Breuil-du-Pas (167), et c'est la première fois qu'on verra le commandeur des Epeaux avoir aussi le Pas sous son autorité. On peut penser qu'il y a là un exemple de ces grandes familles dont traditionnellement des membres s'engagèrent dans l'ordre de l'Hôpital, d'autant plus qu'on connaît également la présence d'un frère Jean d'Orléans au Temple de La Rochelle en 1373.

Au plus tard en 1360 le Pas a à nouveau son commandeur particulier, frère Jean de Bois-Martin (168). C'est lui qui figure encore comme précepteur dans l'enquête de 1373. Celle-ci nous apprend qu'il est prêtre, âgé de 50 ans, et que son compagnon, frère Jean Tybaut est également prêtre et de même âge. Mais à cette date ils ont à peine de quoi subvenir à leurs besoins, et personne n'ose plus s'aventurer jusqu'à eux en raison de la présence des ennemis du roi de France en la tour de Broue, au château de Mortagne et sur mer. L'affirmation de l'enquête surprend en ce qui concerne Broue. On sait, en effet, que les Anglais avaient tenu la mère du duc Louis de Bourbon prisonnière en la tour de Broue, possession de Simon Burleigh, sous la garde de Ciquot de la Saigne. Mais lors de la campagne qui aboutira à la reprise de La Rochelle et de Saintes, dans la seconde quinzaine d'août 1372, le duc, aidé du connétable Du Guesclin, aurait, d'après son chroniqueur, obtenu la reddition de Broue (169). Il faut peut-être envisager une erreur de chronologie chez le héraut des hauts faits du duc de Bourbon, à moins que le rédacteur de l'enquête ne fasse référence, de façon imprécise, à un état de fait encore très troublé à la fin de 1373, bien que la reconquête par les Français soit assurée depuis plusieurs mois. Thomas Bourdin sera à la fin du siècle commandeur du Breuil-du-Pas. Il est mentionné en 1373 comme un jeune clerc de 20 ans en la maison du Temple de La Rochelle qu'avait dirigée comme commandeur en 1355-1361 frère Jean Bourdin, sans doute son parent (170).

En 1405 frère Jean L'Abbé est « gouverneur et administrateur de l'ospital de Brueil du Pas » (171), et son neveu Jean Merceron l'aide à l'exploitation du domaine de la commanderie. Il s'occupe activement des intérêts de la maison, est assez présent sur les lieux pour qu'un habitant de Brie le choisisse comme parrain de son fils, et il a sans doute fait campagne au Moyen Orient contre les Turcs car on l'appelle, au port de Riberou près de Saujon, « Osman l'Abbé » (172). Il a été aussi, en 1405 commandeur et administrateur des Epeaux, mais on trouve frère Jean Léon à la tête des Epeaux aussi bien en 1398 qu'en 1407 et 1408 (173), et on ne peut donc affirmer qu'il y a eu au temps de Jean L'Abbé union durable des Epeaux et du Pas. Jean L'Abbé paraît être demeuré au Breuil-du-Pas au moins une quinzaine d'années, avant de devenir commandeur des Eglises-d'Argenteuil. Frère Guillaume Du Pois lui succède pour un temps fort bref, sans faire résidence semble-t-il, et en se contentant de rares visites. Du Pois est sans doute le Guillaume de Puteo, commandeur des Epeaux, qui, comme procureur du prieur d'Aquitaine, rappelle en 1420, contre l'évêque de Saintes, l'exemption de la juridiction de l'ordinaire pour son ordre (174). Frère Philippe Gaston ne garda la commanderie du Pas que trois ou quatre ans, y vint plusieurs fois, sans y faire lui non plus résidence. Il était assisté d'une jeune clerc de vingt ans, qui demeurait d'ailleurs à Riberou et non au Pas, et qui levait les rentes et revenus de la commanderie (175). Frère Gaston devait être lui-même fort jeune car il devient ensuite commandeur de Thairé où il sera encore cité en 1457 (176).

Frère Gaston était parti parce que la maison du Breuil-du-Pas ne fournissait plus assez de ressources pour vivre. Une vingtaine d'années durant personne ne s'occupa plus de la commanderie totalement ruinée par la guerre. Puis, vers 1440, on en parla à Rhodes avec le Grand Maître, et à la requête de celui-ci les frères de la langue de France donnèrent la commanderie du Breuil-du-Pas, ainsi que celle de Vouthon à frère Philippe de La Boissière. Curieuse décision. Le Breuil et Vouthon étaient distants de plus de 130 kilomètres, l'une et l'autre maisons étaient désertes et il n'y avait personne qui voulut s'en charger. Simple valet du Grand Maître, Philippe de La Boissière ne savait pas lire et n'était même pas religieux profès. Il remplit cette dernière condition dans l'année et s'en vint prendre sa nouvelle charge. Pour la commanderie de Vouthon, où subsistent la chapelle Saint-Martin et des restes des bâtiments conventuels (177), nous n'avons gardé qu'un acte du nouveau commandeur, une autorisation à un particulier de ne pas faire cuire au four banal (178). L'activité de Philippe de La Boissière paraît s'être déroulée presque entièrement autour du Breuil-du-Pas. Toute la contrée, abandonnée, était recouverte de bois et buissons, et on chassait le sanglier dans l'enceinte même de la commanderie, elle-même envahie, ainsi que l'église, de « forts buissons ». Philippe de La Boissière mit plus de onze jours pour approcher de la maison qui venait de lui être confiée. Aussi dut-il se fixer à quelques kilomètres de là, à Mornac, la plus proche ville fortifiée (179). Vers la terre, sur la hauteur, l'église fortifiée du prieuré-cure Saint-Nicolas (180) était un des points forts de la ville, tandis que de l'autre côté le château et sa grosse tour surveillaient le cours paresseux de la Seudre. Frère Bertrand Jameron, commandeur de Bourgneuf et du Temple de La Rochelle était alors lieutenant du capitaine de Mornac, et il confia au commandeur du Pas la garde de la tour de Mornac. Deux ou trois ans plus tard Philippe de La Boissière montait à la tour pour surveiller « un grant effroy » qui se faisait sur la rivière, mais il tombait de l'échelle et restait toute la nuit sans soin. Malgré les traitements des barbiers le choc qu'il avait eu à la tête le laissa si totalement sourd qu'il ne pouvait plus même entendre le bruit des cloches. Lorsque le calme revint dans la région Philippe de La Boissière fit réparer un appentis au Breuil-du-Pas, y installa son frère Jean et son ménage, et commença à se démener pour faire rentrer l'argent dû à la commanderie. Mais comme il ne savait pas lire et n'entendait rien, les poursuites judiciaires désordonnées dont il fatiguait ses débiteurs devinrent si pénibles qu'en 1454 le juge de Saujon interdit aux sergents de la cour de faire quelque ajournement ou exploit que ce fût à la requête du commandeur ou contre lui (181).

Les Hospitaliers finirent par s'inquiéter d'une situation quasiment bloquée. Lors d'un chapitre général frère Bertrand Jameron, commandeur à cette date du Temple de La Rochelle, de Bourgneuf et des Epeaux, fit désigner comme nouveau responsable du Pas le commandeur de la Cabane, membre dépendant du Temple de La Rochelle, frère Aimeri Bonneau. Celui-ci apparaît en 1454 comme prêtre, religieux de l'ordre et procureur de Jameron dans une cause qui intéresse précisément un bien du Breuil-du-Pas (182). Commandeur de la Cabane en 1455-1458 (183), Bonneau avait dû s'employer activement à relever une maison « par long temps inhabitable pour la vymaire de la guerre », et il s'était fait remarquer par la vigueur des actions judiciaires qu'il avait engagées. Il demeura commandeur du Breuil-du-Pas pendant près de quarante ans, jusqu'à sa mort, puisque nous avons son testament en date du 28 janvier 1492 où il se dit « feble de corps et au lit malade » en sa commanderie, et que nous le trouvons cité une dernière fois en mars 1494, tandis qu'un nouveau commandeur, Pierre Du Seuylet, apparaît en juin de la même année. Il avait gardé la maison de la Cabane au moins un certain temps puisqu'il en porte le titre de commandeur en 1466 (184). Les archives témoignent de son activité dans la reconstitution du temporel du Breuil-du-Pas, et son âpreté dans le procès qui l'opposa au seigneur de Rioux en 1459-1461 est une des raisons qui expliquent l'intérêt du dossier qui nous a été conservé.

* * *

Procès avec le seigneur de Rioux

Une généalogie des Beaumont, conservée dans un manuscrit de la Bibliothèque municipale de La Rochelle (185), énumère successivement Renaud, Guillaume et Geoffroi de Beaumont comme seigneurs de Rioux dans la première moitié du XIVe siècle. Les pièces d'archives dont nous disposons ne correspondent pas à ce schéma. En 1321 Guillaume Jourdain figure comme tuteur d'un autre Guillaume Jourdain mineur, seigneur de Rioux. Probablement est-ce ce dernier qui, valet, agit en tant que seigneur de Rioux, en 1335, et qui, chevalier, remet en décembre 1353 le dénombrement de sa seigneurie à Foulque de Matha, seigneur de Didonne (186). La petite seigneurie de Rioux, à quinze kilomètres au sud de Saintes, relevait en effet de Taillebourg à cause de Didonne. Par l'acte ci-dessus de 1353 il semble que le seigneur de Rioux suit la cause française puisque Foulque de Matha vient de s'emparer par la force, et à grands frais, sur le soudan de la Trau, rallié aux Anglais, de cette seigneurie de Didonne que le roi Jean lui a donnée en récompense, en octobre 1350. Pourtant le seigneur de Rioux aura ses biens confisqués pour rébellion et donnés, en juin 1356, au même Foulque de Matha (187). Rioux était voisin de six ou sept kilomètres de la commanderie des Epeaux, et ce fut au commandeur des Epeaux et du Breuil-du-Pas, frère Eudes d'Orléans, que s'adressa Guillaume Jourdain pour remédier à des difficultés d'argent : le 19 mai 1351 il constitua sur tous ses biens, à perpétuité, une rente de 20 livres, payable le tiers en blé, le tiers en vin, le tiers en argent, chaque année à la commanderie du Breuil-du-Pas (188). Le recours à « l'emprunt » par un petit seigneur affronté aux problèmes de la guerre auprès d'une maison religieuse qui n'a pas encore été touchée par les premières hostilités de la guerre de Cent Ans n'a rien pour surprendre. On notera seulement l'importance de la somme empruntée, et l'aisance de trésorerie que cela représente pour la commanderie du Pas. Dix ans plus tard Guillaume Jourdain est toujours aussi désargenté, puisque le nouveau commandeur du Breuil-du-Pas, Jean de Bois-Martin, lui réclame des arrérages de 200 écus d'or et plus, ce qui veut dire qu'il n'a pas payé du tout la rente. Guillaume Jourdain reconnaît sa dette, avance qu'il n'a pu jouir de ses biens du fait de la guerre qui sévit entre les rois de France et d'Angleterre depuis un long temps, et compose finalement, pour les arrérages, à la somme de 80 écus d'or (189).

Guillaume de Beaumont, écuyer, est seigneur de Rioux au moins entre 1390 et 1412 (190). Sa situation financière n'était pas meilleure que celle de Guillaume Jourdain cinquante ans plus tôt. Le commandeur du Breuil-du-Pas, frère Jean L'Abbé, ne pouvait toujours pas être payé de ce qui lui était dû, et une rencontre eut lieu, pour régler l'affaire, en l'église Saint-Martin de Saujon, en présence de plusieurs témoins. Le seigneur de Rioux reconnut sa dette, composa pour les arrérages à la moitié des soixante livres dues, et offrit de s'acquitter de la majeure partie de cette composition en remettant au commandeur une paire de bœufs — estimée 22 livres et demie — qu'il possédait à Rioux, ce qui fut fait. Son fils aîné Itier, que l'on connaît comme seigneur de Rioux de 1421 à 1441 (191), a toujours les mêmes difficultés financières, et il semble même s'être réfugié à Vaux, en la châtellenie de Royan. Au temps où il est chargé de la commanderie du Pas frère Philippe Gaston lui réclame à son tour rente et arrérages, et envisage même de faire saisir le moulin de Vaux qui assure au seigneur et à sa femme juste assez de revenus pour n'être pas entièrement ruinés ; l'abbé de Vaux s'entremet alors et s'efforce de faire régler amiablement le différend en invitant les parties à sa table. Par la suite et pendant quarante-cinq ans (192) la rente n'est plus payée.

Pendant ces années de désordre général qui marquent la première moitié du XVe siècle dans cette région frontière, diverses personnes se sont emparées des biens de la commanderie et les ont occupés sans titre. Bien des archives du Breuil-du-Pas ont été détruites ou dispersées. Après que les Anglais eurent été chassés du Bordelais en 1453, frère Philippe de La Boissière se lança dans une remise en ordre de la commanderie. Entre autres il fit ajourner devant la cour de Saujon un « bon homme, laboureur d'Arvert », pour une rente d'un quart de froment et ses arrérages. Le laboureur glissa alors au commandeur qu'il pourrait lui faire connaître certaines lettres, dont il aurait grand profit, pourvu qu'il voulut bien lui abandonner les arrérages en question. Philippe de La Boissière n'entendit naturellement rien, mais le lieutenant de Mornac qui l'avait accompagné réussit à lui faire comprendre qu'il devrait demander des lettres d'excommunication contre quiconque retiendrait par devers lui des titres de sa commanderie. Les lettres furent bientôt obtenues et publiées dans les Eglises de Saujon, Mornac, Chaillevette, et peu après le prieur de Chaillevette et le curé de Mornac apportaient à frère Philippe quatre titres appartenant à la commanderie, dont des « lettres anciennes et authentiques » établissant le droit du commandeur à percevoir une rente de 20 livres du seigneur de Rioux. Frère Philippe les prit et les mit en son arche. Elles allaient servir au nouveau commandeur, frère Aimeri Bonneau, pour réclamer la dette.

Le seigneur de Rioux, Jean de Beaumont, écuyer, avait succédé à son père Itier vers 1445 et il restera à la tête de la seigneurie au moins jusqu'en 1481 (193). Mais Itier avait un frère Jean, qui avait épousé Huguette de Coucis, sœur du seigneur de Burie, et une sœur, qui avait épousé ce même seigneur de Burie, Pierre de Coucis. A son tour, Jean, le fils aîné, eut un frère Méry, et une sœur Isabeau, qui épousa Guillaume de Montboyer. La seigneurie de Rioux restait en titre à l'aîné mais elle était démembrée par les successions selon la coutume de Saintonge qu'un texte du début du XVIe siècle précise ainsi : « La coustume de Xaintonge est telle que tout se part par teste, sinon que l'aisné prend ung quint denier par préciput et avantage par dessus ses mainsnez » (194). Itier de Beaumont a donc eu la moitié de Rioux plus un quint, et son fils aîné Jean aura, sur cette part, lui aussi une moitié plus un quint. Ce droit coutumier qui interdit le maintien des grandes seigneuries explique l'intervention, dans le procès, de Jean de Beaumont l'oncle, et de Méry de Beaumont, le frère, alors même que Jean de Beaumont, le fils aîné d'Itier, reste, au titre de seigneur de Rioux, la partie adverse du commandeur du Breuil-du-Pas (195).

La prescription est de quarante ans, et ce sera l'argument majeur de la défense. De son côté Aimeri Bonneau soutient que la guerre suspend la prescription et que les événements, notamment l'accident survenu à son prédécesseur, ont interdit aux Hospitaliers de faire valoir leurs droits. Il sera donc amené à insister sur les malheurs de la guerre et des divisions internes et sur la ruine totale de la région. Pourtant il avait pris soin d'obtenir du roi des lettres le relevant de la prescription pour vingt ans supplémentaires, le 26 février 1460, et il établit donc que depuis soixante ans la rente a bien été un temps payée par les seigneurs de Rioux. Dès lors le procès est instruit par le lieutenant général du sénéchal de Saintonge, maître Jean Brun (196), et par son assesseur au siège de Saintes, Guillaume de Montgaillard (197). Il n'y fallut pas moins de douze journées successives et un arbitrage (198) avant le jugement du 15 juin 1461 qui décida que le seigneur de Rioux Jean de Beaumont et son oncle du même nom seigneur de Vaujompes, seraient tenus de payer désormais chaque an à Noël 10 livres de rente au commandeur du Breuil-du-Pas. Frère Aimeri Bonneau ne voulut pas accepter la décision et obtint du roi des lettres de relèvement pour déception. D'un nouvel accord en 1495, confirmé par le chapitre général du prieuré d'Aquitaine en juin 1496 il ressort que Pierre de Beaumont, seigneur de Rioux, se reconnaît débiteur envers la commanderie du Breuil-du-Pas de 12 livres, payables moitié à la Toussaint, moitié à la Pentecôte, mais le seigneur de Rioux s'acquittera fort mal de son engagement puisqu'il sera poursuivi en justice en octobre 1509 pour des arrérages échus de dix ans (199).

Outre les différentes pièces mentionnées ci-dessus le dossier comprend quatre pièces maîtresses : le mémoire présenté par Aimeri Bonneau le 9 septembre 1460, en 61 articles dont la première partie justifie la cause du demandeur tandis qu'à partir de l'article 35 le commandeur répond aux propositions de la partie adverse ; les dépositions des douze témoins présentés par Aimeri Bonneau, les 6 et 13 novembre 1460 et le 18 février 1461 ; les dépositions des sept témoins produits par la défense le 7 janvier 1461, document dont l'original a disparu mais qui nous est conservé par une copie faite au XVIIIe siècle à l'époque où monseigneur Léon de Beaumont était évêque de Saintes et s'intéressait à l'histoire de sa famille (200) ; enfin les réponses, point à point, qu'Aimeri Bonneau oppose aux témoins de son adversaire le 19 avril 1461. L'intérêt de ce dossier, pour lequel on dispose des arguments des deux parties adverses, est de nous éclairer sur l'histoire d'une petite commanderie saintongeaise et d'une modeste famille seigneuriale au sud de Saintes, mais surtout de nous donner un tableau riche en détails de la situation dans la Saintonge méridionale pendant la dernière partie de la guerre de Cent Ans.
Sources: Robert Favreau — La commanderie du Breuil-du-Pas et la guerre de Cent Ans, dans la Saintonges méridionale. Jonzac 1986

Notes

162. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/427. Cf. p. 72.
163. Id., 3 H 1/441.
164. État des biens de la commanderie dans les châtellenies de Didonne (3 H 1/426) et de Royan (3 H 1/441). Baux et pièces diverses ne s'en écartent guère. Lieux identifiés : Vertin, Vaux, Saint-Palais, Royan, Médis, Semus-sac, Toussaugé, Musson, Trignac, Puyrenaud, Meschers.
165. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/426, 25 juin 1339.
166. Id., 3 H 1/419, 441, 841, 964. Fonsèche est ordinairement réuni à Saint-Jean-du-Perrot.
167. Id., 3 H 1/426 et 419.
168. Id., 3 H 1/427 ; voir aussi en février 1368, 3 H 1/441.
169. La chronique du bon duc Loys de Bourbon, éd. A.-M. Chazaud, Paris, 1876, p. 92 (Société de l'Histoire de France) ; R. Delachenal, Histoire de Charles V, t. IV, Paris, 1928, p. 431.
170. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/295, 957 et 427, déposition en 1460-1461 du plus âgé des témoins, qui a 75 ans (cf. infra, p. 91).
171. Id., 3 H 1/426, 20 septembre 1405.
172. Bibl. mun. de Saintes, ms. 533, nº 9.
173. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/426, 442, 419.
174. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/423.
175. Bibl. mun. de Sainte, ms. 533, nº 9.
176. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/295.
177. Ch. Daras, Les Templiers en Charente . . ., pp. 58-61.
178. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/1000.
179. On retrouve encore aujourd'hui le tracé de l'enceinte dans le plan de la ville, et une rue près du port est appelée rue de la Vieille Porte.
180. Prieuré de l'ordre de Saint-Augustin, relevant de Saint-Ruf.
181. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/427 : « aujourd'uy a esté fait inhibicion aux sergens de la court de céans de non adjourner ne faire aucuns exploix à la requeste de frère Phelippez de La Boessère, commandeur de Pas, ne aussi contre luy, pour cause de ce qu'il est sourt et entend riens ».
182. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/426.
183. Id., 3 H 1/212 et 962.
184. Id., 3 H 1/426 et 427.
185. Ms. 609, fol. 66v-67.
186. Bibl. mun. de La Rochelle, ms. 1555, fol. 26v, 29v, 20v, copie et analyses de titres concernant notamment la famille de Beaumont, par l'abbé Théodore Grasilier.
187. « Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France », éd. P. Guérin, dans Archives historiques du Poitou, XVII, 1886, p. 199, nº 1.
188. L'acte d'origine n'a pas été conservé mais est mentionné dans le dossier.
189. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/427, 9 novembre 1360. C'est le premier titre conservé, celui qui sera remis à la fin de la guerre au commandeur par des particuliers, à la suite d'une menace d'excommunication.
190. Bibl. mun. de La Rochelle, ms. 1555, fol. 21v, 25v, 26v, 28, 31v, 33r-v.
191. Id., fol. 26,27,32,67.
192. Le mémoire d'Aimeri Bonneau précise : quarante-cinq ans à la Saint Martin 1459 (Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/427).
193. Bibl. mun. de La Rochelle, ms. 1555, fol. 20v, 28v.
194. Arch. nat., 1 AP 201, nº 241. Voir aussi, Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier général, Paris, IV, 1724, p. 886 (Usance de Saintonge entre mer et Charente, titre VI, Des successions).
195. La généalogie des seigneurs de Rioux, telle qu'elle résulte des pièces du procès et des titres complémentaires (Bibl. mun. de Saintes, ms. 533, nº 9), semble pouvoir être présentée ainsi :
197. Guillaume de Montgaillard est licencié en lois, et assesseur en 1460 et 1461 ; il est dit en 1463 également bachelier en décret et conseiller du roi, et il agit comme juge de la cour commune de la rivière de Seudre pour Jacques de Pons et pour le prieur de Sainte-Gemme, Jean de Masse (Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/441).
196. Licencié en lois, conseiller du roi, Jean Brun est cité comme lieutenant général entre 1455 et 1461 (Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/427, 432, 440, 841). Il succédait à Hélie du Chalar, aussi licencié en lois, mentionné dans le procès, lieutenant général dès février et avril 1424 (Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/428) et au moins jusqu'en 1440 (G. Dupont-Ferrier, Gallia Regia ou État des officiers royaux des bailliages et des sénéchaussées de 1328 à 1515, Paris, t. V, 1958, p. 308), à Arnaut de Tourretes, lieutenant général de 1443 à 1448 (ibid.), et à Hélie de Tourretes, lieutenant général de 1448 à 1453 (ibid.) (Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/212), nommé cinquième président au parlement de Paris le 5 juin 1454, et qui sera consulté par Jean de Beaumont, seigneur de Rioux, au cours de son procès.
198. Le chapitre général du prieuré d'Aquitaine du 1er juin 1461 consentit à ce que le procès fut arbitré par maîtres Arnaut Gaillart et Jean de Sablé, licenciés en lois, Jean de La Personne, seigneur de Bussac, et un commandeur, soit celui de Châteaubemard, frère Jean Arnoul, soit celui de Sèchebouc, Pierre Faure. Jean de Sablé, procureur d'A. Bonneau pendant le procès, et le commandeur représentaient les Hospitaliers, Arnaut Gaillard et Jean de La Personne, probablement apparenté à Jean de Beaumont (Bibl. mun. de La Rochelle, ms. 609, fol. 66v-67), représentaient la défense. Le jugement du 15 juin 1461 donne le détail de la procédure (Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/427).
199. Arch. dép. de la Vienne, 3 H 1/427.
200. C'est le document conservé à la bibliothèque de la ville de Saintes sous la cote actuelle (différente de celle du Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, départements, t. XIII, 1891, p. 257) ms. 533, nº 9, fonds de Beaumont. Une note de cette époque indique : « le cahier de cette enqueste est fort usé et même déchiré au commencement et à la fin et surtout à la fin ». La copie mentionne onze témoins mais sept seulement ont déposé, comme le confirme la réponse d'A. Bonneau. Quelques corrections ont été apportées à cette copie à partir de cette réponse dont nous conservons l'original, avec les autres pièces, dans la liasse 427 du fonds du Grand Prieuré d'Aquitaine aux Archives départementales de la Vienne. Léon de Beaumont a été évêque de Saintes, de 1716 à 1744. C'est à partir de ces copies du XVIIIe siècle que l'abbé P. Th. Grasilier a signalé ce procès, sous le titre : « Documents inédits colligés par M. de Beaumont évêque de Saintes. La commanderie de Breuil-du-Pas ou tableau de la Saintonge pendant la première moitié du XVe siècle (Extrait d'une enquête relative à cette commanderie) », dans Recueil des actes, archives et mémoires de la Commission des arts et monuments historiques de la Charente-Inférieure et Société d'archéologie de Saintes, t. III, 1877, pp. 43-55.

Sources: Robert Favreau — La commanderie du Breuil-du-Pas et la guerre de Cent Ans, dans la Saintonges méridionale. Jonzac 1986

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