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Département du Tarn-et-Garonne

Castelsarrasin   (82)

Commanderie de Castelsarrasin
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Castelsarrasin — 82


Commanderie de Castelsarrasin
Commanderie de Castelsarrasin


Le plus ancien document que nous fournissent les archives de cette commanderie se rapporte à la fin du XIIIe siècle. De sorte que nous ne pouvons rien savoir sur la date de sa fondation ni sur le nom du donateur.

Au XIIIe siècle les Hospitaliers possédaient dans cette ville la seigneurie spirituelle et le dîmaire de l'église Saint-Jean, ainsi que plusieurs fiefs situés dans les environs.
Le 2 mai 1213 Bertrand de Saint-André y ajouta tout ses droits sur le dîmaire de l'église Sainte-Marie-d'Alem, petit oratoire de dévotion situé dans la campagne voisine.

L'année 1282 trouva les Hospitaliers de Castelsarrasin occupés à maintenir leurs droits contre des prétentions rivales. Quelque importante donation venait d'être faite aux religieux du Mont-Carmel; ceux-ci se disposaient à venir s'établir sur leur nouveau fief, situé dans le dîmaire de l'Hôpital, et à y jeter les fondements de leur monastère. Mais une telle entreprise était contraire aux privilèges de l'Ordre et le commandeur s'opposa formellement à l'érection de la chapelle conventuelle sur un territoire dont il était le seigneur spirituel. Il fallut que frère Pierre d'Amol, Prieur des Carmes de Castelsarrasin, agissant au nom de frère Laurens, Provincial des Maisons du Mont-Carmel en Aquitaine, entrât en pourparlers avec le précepteur Bernard Pierre, qui consentit enfin à un accommodement. Il fut convenu que les Carmes pourraient construire une église, un oratoire, des maisons, un cloître, avoir un jardin, un verger dans un endroit quelconque de la paroisse de l'Hôpital, pourvu que ce fût hors des murs et des barrières de Castelsarrasin; il leur était permis de donner dans leur cimetière la sépulture à ceux qui en exprimeraient le désir, en respectant toutefois les droits de l'église paroissiale; ils pouvaient enfin avoir trois cloches dans leur établissement, au réfectoire, à la salle capitulaire, d'après l'usage de leur Ordre, et enfin à l'église; en compensation de ces faveurs, les Carmes s'engageaient à payer au commandeur une rente de 60 sols tournois, 20 à la Toussaint, 20 à la Noël et 20 à Pâques (juin 1282).

Malgré cet accord, la paix ne subsista pas longtemps entre les deux couvents rivaux; dans les premières années du siècle suivant, nous retrouvons la guerre allumée, les adversaires abandonnant les voies légales et cherchant à faire triompher leurs prétentions par la violence. Nous voyons, en effet, Pierre Pictavi, juge de Villelongue, chargé de faire une enquête « sur les excès commis par Bernard de Saint-Maurice, chevalier de Saint-Jean, précepteur de Castelsarrasin, et ses complices, contre les frères du Mont-Carmel de cette ville. » Au mois de juillet de l'année 1313, comparurent devant lui les accusés, qui, se retranchant derrière leur qualité de religieux, refusèrent de reconnaître la compétence du tribunal laïque et se réclamèrent de la juridiction épiscopale. Tel ne fut pas l'avis du juge, qui leur répondit que « le fait de port d'armes et d'excès commis dans l'église de Sainte-Marie du Mont-Carmel les rendant passibles de peines corporelles, ils étaient justiciables de la cour du sénéchal de Toulouse. » Les archives n'ont pas livré à nos investigations la suite et le dénouement de cette affaire, qui auraient pu offrir de l'intérêt pour l'étude de la législation de cette époque.

Là ne s'arrête pas la série des luttes qu'eurent à soutenir les commandeurs de Castelsarrasin. Dans la seconde moitié du XIVe siècle, c'est contre un chevalier de Saint-Jean, Bernard del Tor, précepteur du Temple d'Agen, que celui de Castelsarrasin avait à se défendre par les armes. Il s'agissait du membre de Golfech, ayant jadis appartenu aux Templiers et réuni à Castelsarrasin; le premier occupa par les armes cette ville, qui fut adjugée à son adversaire par le Grand-Maître, ainsi que nous le verrons plus en détail dans l'étude de cette Commanderie.

L'église de Saint-Jean, située près des remparts, fut reconstruite vers le milieu du XIVe siècle, si l'on peut en juger par le style de son architecture. C'est ce que vient confirmer l'inscription sur sa façade de la date 1560 et du nom du Grand-Prieur, P. de Tresbons.

Notre-Dame du Halem


Domus Hospitalis Halem
Domus Hospitalis Notre-Dame du Halem


Nous avons vu que les Hospitaliers de Castelsarrasin possédaient la petite chapelle de Notre-Dame du Halem, située tout près de la ville. Deux documents relatifs à cette dépendance de la Commanderie nous ont paru présenter quelque intérêt; dans le premier, nous voyons les Hospitaliers céder à une certaine Jehanne de Amatoria un petit ermitage situé près de la chapelle, « avec pouvoir de le transmettre à sa mort à telle recluse qu'elle voudra (24 juillet 1386);
Dans le second, nous voyons que cet ermitage, étant devenu vacant, fut donné à frère Jehan Merault, religieux de l'Ordre de Saint-François, natif de la « province de Hainaut » (1654).

Au commencement du XVIe siècle, la commanderie de Castelsarrasin augmentée de celles de la Villedieu (du Temple) et de la Bastide-du-Temple devint chambre prieurale, et reprit son premier état en 1570. Le chef-lieu de la commanderie, qui avait d'abord été établi à Castelsarrasin, le fut dans la suite à la Villedieu-du-Temple.

Commandeurs Hospitaliers de Castelsarrasin
-------1223. Géraud de Saint-André.
-------1234. Bertrand de Cobirac.
-------1145. Jourdain de Saint-André.
-------1257. Raymond.
1260-1276. Bernard Maurin.
1282-1292. Bertrand Pierre.
1293-1297. Pierre de Tournel.
1298-1307. Gaucelin de Tournel.
1308-1323. Bernard de Saint-Maurice
1323-1338. Guillaume de Chavanon.
1338-1361. Raymond Berenger.
1361-1362. Arnaud Roger.
1371-1372. Pierre d'Adhémar des Roziers.
(En 1500 Castelsarrasin est érigée en Chambre prieurale)
Sources: Du Bourg, Antoine. Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883

Castelsarrasin


Domus Hospitalis Castelsarrasin
Domus Hospitalis Castelsarrasin


On trouve dans ce canton La Ville-Dieu-du-Temple, que fondèrent les Templiers ; cette ancienne commanderie devait son établissement aux largesses des seigneurs d'Albefeuille et Toulvieu. C'est vers le milieu du XIIe siècle qu'Adélaïde de Toulvieu légua à la maison du Temple son château et son église d'Albefeuille. Les Templiers préférèrent s'établir dans cette paroisse, au point de jonction de la voie de Castres à Moissac et de Montauriol à Castelsarrasin. Cet établissement n'eut pas lieu sans protestations de la part de l'abbaye de Saint-Théodard, de qui dépendait l'église d'Albefeuille. Une transaction du 16 septembre 1154 entre Amiel, abbé de Saint-Théodard, et Dieudonné, Hugues, Gautier et Bernard de Caux, chevaliers du Temple, termina le différend, grâce à l'intervention des héritiers d'Adélaïde de Toulvieu.

C'est à La Ville-Dieu-du-Temple que fut transporté et inhumé le corps de Beaudoin, frère de Raymond VI, comte de Toulouse, après que ce seigneur eut été traîtreusement égorgé au château de l'Olmie, par le célèbre Ratier de Castelnau (1).
1. Pierre de Vaulx-Cernay. — Histoire de la Croisade des Albigeois, chapitre XV, page 284.

Dans la nuit du 21 au 22 septembre 1628, le château et le bourg de La Ville-Dieu-du-Temple furent saccagés et détruits, après un sanglant assaut, par les calvinistes de Montauban, sous la conduite de Saint-Michel, un de leurs chefs.

Lors de la suppression de l'ordre des Templiers, cette commanderie avait été réunie à celle de Saint-Jean de Castelsarrasin. Celle-ci passa depuis lors pour l'une des plus riches de la province. En 1789 elle était encore affermée au prix annuel de 34,000 livres.

Elle avait fourni à l'ordre des Hospitaliers un grand-maître, Raymond Béranger (1365).

C'est vers le milieu du XIIe siècle que l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem dut s'établir à Castelsarrasin, où ses possessions s'étendirent bientôt dans ce qui représente de nos jours la paroisse Saint-Jean de cette ville. Cette commanderie devint dans la suite une des plus importantes de la province.

Le concile devienne déposséda l'ordre des Templiers (octobre 1311) en faveur de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. La commanderie de Saint-Jean de Castelsarrasin s'enrichit alors des biens considérables de la commanderie du Temple de La Ville-Dieu-du-Temple.

Castelsarrasin avait son entrée aux États-Généraux une fois tous les trois ans, alternativement avec Montech et Villemur. Ses armoiries étaient d'azur, au château antique à trois tours ou donjons d'or ouvert et maçonné de sable, au chef cousu de gueules chargé d'une croix vuidée, cléchée, pommetée et alesée d'or ; on la nomme aussi croix de Toulouse.

La Révolution vint confondre dans notre belle unité nationale les prétentions féodales de nos villes, et Castelsarrasin dut renoncer à ses anciennes traditions pour devenir un chef-lieu d'arrondissement. Là doit s'arrêter son histoire.

Il ne reste à Castelsarrasin presque aucun de ses anciens monuments. Les derniers vestiges de son château disparurent en 1621. Ses portes et ses tours historiques ont successivement cédé leur place aux exigences de l'édilité et de la voirie. Une modeste église, sous le vocable de Saint-Jean, s'élève encore près des anciens remparts et de l'ancienne porte Moissaguaise.
C'est une construction du XVI, siècle, due à la commanderie de l'ordre de Malte, à laquelle elle appartenait encore lors de la Révolution.

L'ancien couvent des Carmes est devenu une prison : son clocher du XIVe siècle, surmontant sa chapelle, a seul été respecté. L'église Saint-Sauveur, monument précieux du XIIe siècle, dont la ville était fière, est en partie démolie et livrée à la merci des architectes officiels. Sa tour crénelée n'existe plus ; elle sera, dit-on, reconstruite telle qu'elle était ; mais ce ne sera plus la vieille tour qui porta si fidèlement la bannière des Raymond.

Nohic (Noviga), qui fut, dit-on, au Xe siècle, le chef-lieu d'un de ces ministeria établis par Charlemagne, qui, détruit ensuite, fut rebâti en 1241, par Raymond VII, devint, vers le commencement du XIVe siècle, la propriété de l'ordre des Hospitaliers, et eut pour seigneur le commandeur de Fronton.
Les ruines romaines abondent dans ses environs.

Verlhac-Saint-Jean ou Verlhaguet, l'antique Variliagum romain, devenu plus tard le siège d'une commanderie de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

On attribue à Verlhac des tiers de sol d'or, qui offrent d'un côté le buste d'un prince avec la légende : Theodirico mi, et au revers une croix entourée de ces mots : Viriliaco vico fitu (1). Ce vicus, avec son église dédiée à saint Saturnin, fut légué par Raymond Ier, en 961, à l'abbaye de Saint-Théodard, ce qui n'empêcha pas Ebrin et sa femme Ava de s'emparer de l'église et de la vendre, en août 965, à Bernard et à sa femme Gisla ; cette église fut une seconde fois donnée à l'abbaye de Saint-Théodard de Narbonne, par Arnaud (1er mai 1020). Mais sans cesse usurpée par ses puissants voisins, elle fut, un siècle après, encore revendue par Amelius, évêque de Toulouse, et par plusieurs chevaliers à Gérard, prieur de l'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem. C'est l'origine de cette commanderie.
1. M. Devals. — Etudes sur les limites des anciens peuples du Tarn-et-Garonne, pagage 38.

Le commandeur de Verlhac, en souvenir des anciens droits de l'abbaye, déposait tous les ans, le 1er mai, sur l'autel de Saint-Théodard, une redevance de deux sols, à titre d'hommage.
Sources : Taupiac, Louis. Statistique agricole de l'arrondissement de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne). Paris, Montauban 1868 BNF

A Castelsarrasin, il y a l'église Saint-Jean, construite par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Elle se trouve rue Paul-Descazeaux. Wikipedia


Dieupentale et Grisolles   (82)

Domus Hospitalis Dieupentale et fief de Grisolles
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Grisolles — 82


Domus Hospitalis Dieupentale
Domus Hospitalis Dieupentale


Grisolles



Domus Hospitalis Grisolles
Domus Hospitalis Grisolles


Au mois de novembre de l'année 1151, Guillaume de Bruguières donnait le tiers de la dîme de l'église de Dieupentale, « à Dieu, à la bienheureuse Marie, à l'honoré Saint-Jean, à l'hôpital de Jérusalem, à Eschafre, précepteur de Fronton. » Les dépendances de la maison de Fronton s'augmentèrent encore, avant la tin du XIIe siècle, dans le voisinage de Dieupentale par la donation que lui firent en 1181 d'une partie du territoire de Grisolles, W. de Castelnau, Od-Elie de Cavaldos et Jourdain de Caraman.
Liste des Commandeurs du membre de Dieupentale
1510-1511. Louis de Solier.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Espinas   (82)

Commanderie d’Espinas
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Saint-Antonin-Noble-Val - 82


Commanderie d’Espinas
Commanderie d’Espinas


Petite circonscription d’origine hospitalière, située dans les environs de la ville de Saint-Antonin ; après avoir été rattachée à la Capelle-Livron, elle forma une commanderie distincte affectée aux frères conventuels et aux servants d’armes de l’Ordre de Saint-Jean.
Au commencement du XIIIe siècle, les Hospitaliers partageaient la juridiction de cette ville avec le Roi et avec plusieurs seigneurs du voisinage ; plus tard, les consuls de Caylus exerçaient en seuls, au nom du Roi, la justice à Espinas.

1532. Donation par Pierre Cayrols à la commanderie de certaines terres pour la fondation d’une chapelle dans l’église d’Espinas.
1663. Transaction entre le commandeur et les consuls de Caylus au sujet des honneurs dans l’église d’Espinas : la préséance est reconnue au commandeur, bien que les consuls aient seuls l’exercice de la justice.

Cette circonscription comprenait la seigneurie spirituelle de la paroisse d’Espinas, où les commandeurs percevaient les dîmes et possédaient, autour de leur château, un domaine considérable, celles de la Salvetat et de Saint-Sernin d’Ambres. Son revenu total était, au XVIIIe siècle, de 1310 livres, et se réduisait par les charges à 1026 livres.

Commandeurs d’Espinas
-----1391. Jean Sicard.
-----1400. Hugues de Pechdoue.
-----1147. Guillaume Maljam.
-----1500. Raymond Roli.
1516-1531. Jean Cayrols.
1552-1555. Guillaume de Balmès.
1597-1601. Esprit Grossi, Servant d’armes.
1663 1667. Helie de Moulac.
-----1713. Arnaud d’Hupais, Servant d’armes.
1787-1789. Etienne, Prévôt.
Sources : Du Bourg, Antoine. Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France. BNF

Les Templiers et les Hospitaliers
Espinas fut fondée au XIVe siècle par les Hospitaliers lorsque ceux-ci prirent possession de la ferme templière de Saint-Cirice. Le site du château d’Espinas étant plus attirant car surveillant la vallée de la Bonnette, ils décidèrent de transférer le village sur le plateau voisin. Saint-Cirice est aujourd’hui un lieu-dit près du hameau de La Grésie, dont il ne reste que des ruines dans les bois.

Initialement membre de la commanderie de La Capelle-Livron, Espinas devint une commanderie distincte, affectée aux frères conventuels et aux servants d’armes (pas aux chevaliers).
En 1562, durant les guerres de Religion, les troupes catholiques de Caylus détruisirent le château en allant attaquer Saint-Antonin-Noble-Val. Wikipedia

Château de Cas
Fondé au IXe siècle, siège d’une ferme templière au XIIIe siècle, le Château de Cas a subi de sévères dommages durant la Révolution puis plus tard durant la Seconde guerre mondiale. Ses propriétaires, la famille de Lastic Saint Jal, l’ont relevé de ses ruines.
Entouré de jardins à la française, le château de Cas offre à ses visiteurs un véritable voyage dans l’histoire.
Le château de Cas est labellisé demeure historique. Château de Cas
Plus d’informations sur le site de Wikipedia

Commanderie d’Espinas (14e siècle, vers 1789)
Contexte : Fonds de Malte > Commanderies > Commanderies du grand prieuré de Saint-Gilles
Cote : H Malte Espinas
Intitulé : Commanderie d’Espinas
Date : 14e siècle, vers 1789

Importance matérielle : H Malte Espinas, 15 registres.
H Malte registre 481, 568-569, 1516-1526, 2635.
Présentation du contenu :
Fonds partiellement classé.
Commanderie située dans la commune d’Espinas (canton de Caylus, Tarn-et-Garonne ; ancien diocèse de Rodez ; grand prieuré de Saint-Gilles).

La commanderie d’Espinas n’a laissé ni titres féodaux ni documents de gestion, ni aux Archives départementales de la Haute-Garonne, ni aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône. Dans un premier temps, elle a été rattachée à la toute proche et puissante commanderie, à l’origine templière, de Lacapelle-Livron. Puis elle forma une commanderie distincte affectée aux frères conventuels et aux servants d’armes (qui n’ont pas le titre de chevalier, car ils ne sont pas de naissance noble). Dans les résidus de Malte, quelques documents isolés forment une petite liasse. L’inventaire du 18e siècle (et sa copie) ont aussi été conservés, ainsi que quelques registres de visites, de reconnaissances féodales, d’arpentement.
Sources : Archives départementales de La Haute-Garonne. BNF


Fajolles   (82)

Commanderie de Fajolles
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Castelsarrasin, Canton: Saint-Nicolas-de-la-Grave — 82


Commanderie de Fajolles
Commanderie de Fajolles


Le sixième jour du mois de mars 1216 (1217), le chevalier Raymond de Bessencs était reçu dans l'Ordre de Saint-Jean et donnait à Bernard de Capoulège, Prieur de la maison de Toulouse, le dîmaire de Saint-Jean de Fajolles, paroisse située entre Castelsarrasin et le Burgaud.

Les Hospitaliers s'étaient à peine établis sur leur nouveau territoire de Fajolles, qu'ils conçurent le dessein d'y élever une bastide, soit qu'il n'en existât pas encore, soit que l'ancienne ville ne fut plus suffisante pour ses habitants. La date de cette fondation ne nous est pas indiquée d'une manière précise; mais elle existait déjà en 1276 et ses habitants jouissaient d'une constitution communale, comme nous pouvons le voir dans la charte de privilèges que concéda le 8 janvier de cette année le Grand-Prieur, Guillaume de Villaret, aux habitants et aux deux consuls de sa bastide de Fajolles. Nous trouvons dans ce document des détails très circonstanciés sur les règlements du marché qui y fut institué. En voici quelques dispositions: Nul ne pourra vendre des denrées comestibles en ville, qu'il ne les ait apportées au préalable sur la place du marché. Les habitants sont exempts de tout droit de leude, dans les achats ou ventes faits pour leurs usages personnels; mais il n'en est pas de même pour les étrangers qui viennent au marché de Fajolles ; la charte dans ce cas est franchement protectionniste. Tous les marchands ou acheteurs doivent pour eux-mêmes une leude d'un denier cahorsin, qui se réduit à une maille pour les simples colporteurs. Les droits sur les achats et les ventes sont fixés ensuite avec beaucoup de détails: « pour un boeuf, un denier cahorsin; pour une livre de cire, deux deniers cahorsins; pour un âne, deux deniers toisas s'il est ferré; et un seul s'il ne l'est pas ; pour chaque mulet chargé de fer, un denier toisa; pour chaque charge de sel on en donnera une poignée, plus un denier cahorsin ; et pour chaque charge de marmites, on en livrera une valant un denier cahorsin pour prix d'entrée. »

Parmi les objets d'exportation, la charte fait figurer le blé, le vin, les bouteilles de verre, les écuelles et les assiettes de terre, ce qui nous donne une idée des ressources et de l'industrie du pays à cette époque.
Détail particulier à noter, les rixes et les disputes, qui ont le marché pour théâtre, sont punies moins sévèrement que celles survenues partout ailleurs, sans doute à cause de leur multiplicité. Le reste de la charte contient le code de justice, la création des consuls, déclare les habitants quittes de toutes questes faites sans leur consentement, « excepté pour le cas où le Grand-Prieur de Saint-Gilles passerait la mer, ou bien si l'on voulait élever des fortifications ou construire un château fort à Fajolles. »
Nous voyons enfin dans ce document que déjà à cette époque, cette bastide était une dépendance de la commanderie de Castelsarrasin.

Dame Guiraudesse, fille de Gailhart de Bessencs et femme de Pierre de Caumont, avait cédé ses droits sur cette ville et son territoire à noble Jourdain de l'Isle. Ce dernier vint disputer au commandeur de Castelsarrasin la juridiction de Fajolles, dont les seigneurs de Bessencs avaient dû lui tolérer jusqu'alors l'entière jouissance ; la charte que nous venons d'étudier, nous montre en effet le Grand-Prieur agissant comme seul seigneur haut justicier de cette ville.
De ce conflit de prétentions surgit une longue série de procès, qui occupa toute la seconde moitié du XIIIe siècle et qui ne se termina que le 17 novembre 1292, par une sentence arbitrale du sénéchal Eustache de Beaumarchais, choisi par les deux parties pour terminer leurs différends.
La haute juridiction du lieu de Fajolles fut reconnue au seigneur Jourdain, qui consentit à céder sa portion de basse justice au précepteur. Ce dernier aura de plus le droit de nommer les consuls, les juges et les autres officiers pour les causes civiles; mais en retour des concessions faites par le seigneur Jourdain, le Grand-Prieur devra lui donner dans la juridiction de l'Isle une possession équivalente à la moitié de ce droit de basse justice. Cette sentence fut prononcée en présence de Guillaume, abbé de Belleperche, d'Yzarn Jourdain, d'Yzarn de la Graulet, et de Bernard del Bog, chevaliers.

Ce fut en exécution de cet arbitrage que Guillaume de Villaret céda, le 19 juin 1299, au seigneur Jourdain ses droits sur la bastide de Brax, en paréage avec lui.

Peu de temps après, les archives nous montrent Bernard Jourdain fils du précédent, exerçant à Fajolles ses prérogatives de seigneur suzerain. Nous voyons en effet ses délégués Bernard de Goffas, chevalier, et Guillaume-Arnaud de Mascaron, damoiseau, se transporter dans cette ville, où ils somment les consuls « au nom de haut et puissant seigneur Bernard Jourdain, » d'avoir à présenter à la « monstre » de l'Isle, l'homme le plus robuste de chaque maison, « pour suivre le sire dans la guerre des Flandres »; la moitié de la milice de Fajolles devra être armée de lances et l'autre moitié d'arbalètes de fer (mars 1318, 1319). » C'est du reste la seule circonstance où nous voyons les seigneurs de l'Isle exercer leurs droits de haute juridiction, qu'ils durent céder dans la suite aux Hospitaliers; car nous voyons en 1503 les consuls de Fajolles reconnaître le commandeur pour leur seigneur haut justicier.

Les bons rapports établis entre les chevaliers de Saint-Jean et leurs vassaux de Fajolles à la suite de l'octroi des franchises, ne persistèrent pas pendant bien longtemps. Les premières années du XIVe siècle inaugurent en effet une interminable série de procès mus par les consuls contre les commandeurs ; on pourrait à bon droit s'étonner de la multiplicité des discussions soulevées, malgré les actes que nous retrouvons dans les archives et qui auraient dû les prévenir; mais bien souvent ces chicanes ne servaient aux consuls que de simples prétextes pour obtenir, par des moyens détournés, la concession de quelques nouveaux privilèges ou pour faire confirmer ceux dont ils croyaient l'existence menacée. C'est ainsi que nous voyons en 1312, le précepteur de CastelsarrasinDomus Hospitalis de CastelsarrasinDomus Hospitalis de Castelsarrasin, Bernard de Saint-Maurice, se présenter devant le juge de Verdun et, après lui avoir donné lecture des lettres de sauvegarde accordées à l'Ordre de Saint-Jean par Philippe IV en 1299, se plaindre de ce qu'au mépris de la royale protection, les consuls de Fajolles refusent obstinément de lui payer la dîme des blés, laines et chanvres. Ces magistrats, interrogés par le juge, avouent « qu'en effet le précepteur avait joui de tout temps des droits en question, et qu'ils ne les lui avaient refusés que pour l'empêcher de violer les libertés concédées par lui ou ses prédécesseurs, comme ils l'accusaient d'en avoir le projet. »
La sentence par laquelle le juge maintint le commandeur dans ses droits et promit aux consuls de les protéger dans la défense de leurs privilèges ne fit que suspendre les hostilités, dont nous ne poursuivrons pas d'avantage rémunération longue et monotone. Notons seulement, dans l'accord conclu entre les deux parties en 1318, la clause qui défend à tout habitant, possédant une maison dans la ville, de la démolir à moins d'en reconstruire une autre.

La bastide de Fajolles, faute sans doute de ressources suffisantes de la part de ses fondateurs, n'avait pas été, comme c'était l'usage, entourée de murailles suffisantes pour la protéger ; c'est ce que peut nous faire supposer la charte de 1276 en nous parlant du projet des Hospitaliers de remédier à cet état de choses, quand la nécessité les y forcerait ou que leurs ressources le leur permettraient.

A la lin du XIVe siècle, grâce à l'impulsion du Grand-Prieur de Lescure, nous les trouvons occupés à réaliser ce projet.
Le 15 décembre de l'année 1399, le chevalier Arnaud de Rivière, précepteur de :

SergeacDomus Hospitalis de SergeacDomus Hospitalis de Sergeac
CondatDomus Hospitalis de CondatDomus Hospitalis de Condat


Et le lieutenant du Grand-Prieur, donna à « ses chers et fidèles », Sanche de Montjoye et B. de Gaubet, consuls de Fajolles l'emplacement des nouvelles fortifications et des maisons qu'on pourra construire dans l'intérieur, sous la redevance annuelle d'un denier toisa pour chaque brassée. Les consuls et les habitants seront tenus « d'élever les murailles, de les garnir de barrières extérieures et de chemins de ronde. d'y entretenir des sentinelles de jour et de nuit, ainsi qu'un guetteur dans les temps où les villes voisines se mettront en état de défense; » ils se chargent de faire réparer à l'avenir ces remparts, excepté le château, dont l'entretien et la garde incombent en entier au commandeur. Ce dernier donne à ses vassaux l'autorisation de prendre dans ses bois toutes les poutres nécessaires à la construction, soit des remparts, soit des maisons, et cède aux consuls de Fajolles, les droits directs et utiles sur ce fort.

Malgré ces mesures de précaution, utiles dans la plupart des cas mais quelquefois insuffisantes, il semble que la petite ville de Fajolles ait eu son désastre particulier dans cette terrible période de la guerre contre les Anglais. Nous ne pouvons le constater que par la désolation et la dévastation dont tous le pays présentait l'image quelques années après. Lorsque le commandeur Bernard de Titinhac arriva à Fajolles il fut effrayé par le spectacle qui s'offrait de toutes parts à lui; il ne voyait partout que maisons vides de leurs habitants, champs jadis fertiles, et maintenant abandonnés sans culture. Il fit un appel aux paysans du voisinage et, pour les engager à venir repeupler ces solitudes qui semblaient frappées de malédiction, il se résigna à de nombreux sacrifices et concéda des privilèges aux nouveaux arrivants. Les terres leur furent distribuées moyennant des redevances excessivement réduites. Grâce à ces moyens, la ville et le territoire de Fajolles se repeuplèrent petit à petit; la prospérité des habitants renaissait, se traduisant par l'exactitude avec laquelle ils payaient leurs censés au Commandeur.
Mais son successeur Bernard de Montlezun se crut assez fort pour rétablir les anciennes coutumes et annuler les privilèges récemment accordés. Les habitants de Fajolles se révoltèrent contre ces entreprises et refusèrent le paiement de toute espèce de redevance. Au lieu d'entreprendre une lutte qui aurait pu faire déserter la ville de Fajolles par ses habitants de fraîche date, Bernard de Montlezun préféra transiger avec ses vassaux. Il fut convenu que ces derniers paieraient pour « l'estiage » et « l'affustage » une paire de poules et une journée de labourage, pour chaque maison sise dans l'intérieur de la ville, 2 deniers toisas, pour chaque jardin de 3 perches de large sur 6 de long, 10 deniers tournois petits; moyennant quoi ils seront quittes de la dîme; l'oblie pour chaque sétérée sera d'un double, valant 10 deniers tournois, « sans que les successeurs du Commandeur puissent jamais réclamer davantage; » les habitants seront tenus de faire la garde et le guet sur les remparts et Bernard de Montlezun leur accorde le droit de dépaissance dans toute la juridiction de Fajolles (12 février 1477).

Ce Commandeur ayant été aussi obligé de céder, le but constant de ses successeurs fut de réparer cette défaite; mais ils luttèrent longtemps sans pouvoir en venir à leurs fins. Les consuls de Fajolles étaient à leur poste et résistaient énergiquement aux prétentions des chevaliers. Ce ne fut qu'au bout d'un siècle que le Commandeur du Burgaud, François de Tannes-Salgues, obtint du Parlement de Toulouse, le 6 septembre 1552, une sentence annulant la transaction de 1477 et rétablissant les chevaliers de Saint-Jean en possession des anciens droits, dîmes et agriers, tels qu'ils avaient été réglés dans les chartes de XIIIe siècle.

Pendant toute cette période la circonscription de Fajolles avait subi des transformations successives: d'abord membre de la commanderie de Castelsarrasin, elle en avait été détachée en 1445 pour être unie à celle de Golfech. En 1530 elle fut enlevée à Golfech et réunie définitivement à celle du Burgaud.
Liste des Commandeurs de Fajolles et de Burgaud
1220-1248. Bertrand de Cobirac.
1252-1253. Armand de Boutenac.
1256-1959. Bernard de Saint-Cire.
1261-1262. Azémar de Miramont.
1262-1265. Pierre Boyer.
1268-1271. Bernard Le Roux.
-------1273. Aldebert.
-------1281. Plerre Miguel.
-------1293. Gérard de Colomb.
1295-1599. Dalmace de Corneillan.
-------1306. Eléazar de Rozans.
1311-1316. Guillaume de Rotbald.
1320-1324. Raymond de Jor.
1351-1360. Arnaud de Jor.
-------1371. Jourdain de Lomagne.
-------1393. Bertrand des Roches (de Saxis).
1432-1435. Sanche de Lichardes.
-------1459. Pierre Ferrand.
1461-1468. Jacques de Brion.
1479-1480. Antoine de Murat.
1480-1481. Guy de Montarnal.
1481-1504. Oddet des Ganges.
1505-1516. Raymond de Balaguier.
1581-1521. Gabriel de Murat de Pomeyrols.
1522-1541. Honoré de Grâce.
1517-1560. François de Tannes Saigues.
1562-1577. François de Moreton Chabrilland.
1594-1607. Raymond de Gozon Mélac
1607-1616. Georges de Castellane d'Alluys.
-------1684. Jean de Bernuy gouverneur de la Cavalerie Maltaise, maistre d'hostel de son haltesse.
-------1635. Jean de Lansègue.
1648-1673. Henri de Guast.
1679-1688. François de Flotte.
1688-1706. Louis de Forbin d'Oppède
1707-1715. Elzéar de Sabran des comtes de Forcalquier.
1716-1718. Lazare de Rabasse-Vergons.
1725-1728. Jean-Baptiste de Vintimille des comtes de Marseille.
1733-1734. Henri de Thimbrun-Valence.
1734-1735, Charles de Roquefort Marquein.
-------1737. Jean de Glandevès-Canet
-------1751. N. de Rilhaumette.
1757-1765. Charles-Félix de Galéan Gadagne.
1782-1783. Le bailli de Ligondès.
1784-1785. Le chevalier de Parades.
1785-1789. Le bailli de Pennes.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse: 1883


Golfeh   (82)

Commanderie de Golfech
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Castelsarrasin, Canton: Valence — 82


Commanderie de Golfech
Commanderie de Golfech


Quelle fut l'époque de rétablissement des Templiers à Golfech nous pensons vers l'an 1200.

Après que les Hospitaliers en eurent pris possession, ils supprimèrent cette commanderie et la réunirent à celle de Castelsarrasin, dont elle resta jusque dans la dernière partie du XVe siècle un simple membre, sous le nom de grange de Golfech. Malgré l'humilité de cette dénomination, l'importance des domaines de Golfech et de Casterus souleva quelques orages dans le sein même de l'Ordre. Nous avons vu plus d'une fois les commandeurs lutter, les armes à la main, pour la défense de leurs droits. Ici, c'est entre eux qu'ils se disputent la possession de la grange de Golfech. Du temps des Templiers, quoique formant une commanderie distincte, elle dépendait, de la baillie d'Agen; depuis lors, les chevaliers de Saint-Jean, commandeurs du Temple d'Agen, ne cessaient de jeter des regards de regret et d'envie sur cette riche dépendance qui leur avait été enlevée. Vers le milieu du XIVe siècle, l'un d'entre eux, le chevalier Bernard « del Tor », grâce à de prétendues bulles du Grand-Maître Dieudonné de Gozon, eut recours à la violence pour mettre fin à ce qu'il appelait une injustice; à la tête de ses hommes d'armes, il surprit le château de Golfech, en chassa les gens, de son adversaire, et y mit une garnison qui soumit en peu de temps à son autorité tout le territoire de l'ancienne commanderie. Le précepteur de Castelsarrasin n'étant sans doute pas en mesure d'opposer la force aux violences de son antagoniste, porta ses plaintes au chapitre général, tenu à Avignon en 1361. Malgré sa condamnation par cette assemblée, le chevalier Bernard « del Tor » maintint son usurpation longtemps encore, puisqu'il fallut que honze ans après, une bulle du Grand-Maître Raymond Béranger vint confirmer la réunion définitive à Castelsarrasin de la grange de Golfech ; elle était encore possédée par Raymond de Belpech, précepteur du Temple d'Agen (15 mai 1372).

Environ un siècle après, le précepteur de Castelsarrasin, Bernard de Tintinhac, prêtre de l'Ordre des Hospitaliers, venait de prendre possession de Golfech, lorsqu'il se trouva en présence d'assez sérieuses difficultés. Pierre de Cossa, abbé de Saint-Maurin, monastère bénédictin situé dans le voisinage, réclamait une partie des dîmes de Golfech. Ces prétentions ne paraissent pas avoir eu des fondements bien sérieux; l'abbé les vendit à un puissant seigneur de l'Agenais, Jean de Beauville, chevalier, qui se chargea de les faire valoir d'une façon expéditive.

Pour cela, dans le temps des moissons, il dépêcha, en guise de collecteur, ses hommes d'armes, qui dispersèrent sans peine les serviteurs du commandeur et prélevèrent sur les champs mêmes les dîmes contestées. Messire Bernard de Tintinhac porta ses plaintes au grand-conseil et réclama justice contre son adversaire, ce qui lui fut accordé: par lettres du 2 septembre 1447, le roi somma le seigneur de Beauville de restituer aux Hospitaliers les fruits de son expédition, et menaça l'abbé de Saint-Maurin et ses alliés de les ajourner devant son sénéchal de Toulouse, s'ils renouvelaient à l'avenir leurs tentatives contre les droits de la commanderie.

Le successeur de Bernard de Tintinhac, le chevalier Bernard de Montlezum, issu d'une des plus puissante famille et réunissant sous son autorité un grand nombre de commanderie, employa à l'amélioration de la plupart des villes dont il était seigneur, et de Golfech en particulier, les immenses ressources dont il pouvait disposer. C'est à lui, en effet, que selon toute probabilité, Golfech dut la construction ou l'agrandissement de ses murailles; cette hypothèse, que semble confirmer la description des défenses de cette place, telle que nous la trouvons dans les procès-verbaux de visite de la commanderie, nous est suggérée par l'octroi que fit ce commandeur, d'une charte de commune à ses vassaux de Golfech, mesure assez rare à cette époque et prise ordinairement pour attirer des habitants dans une ville neuve.

Le vingt-deuxième jour du mois de mars de l'année 1465, à la porte de l'église de Golfech: « Maître Jehan Paulet, notaire public de la cité de Montauban, donnait lecture à la population de la charte de commune que Monseigneur Bernard de Montlezun, chevalier de Saint-Jean, commandeur du Plantier, de Fonsorbes, de la Villedieu et de Golfech, octroyait libéralement à ses vassaux du dict lieu de Golfech. »

En sa qualité de seigneur spirituel, le chevalier commence par fixer le casuel du recteur de la paroisse pour les baptêmes, les mariages et les enterrements, par réglementer le paiement des redevances qui lui étaient dues; il institue ensuite deux fabriciens (ouvriers) élus tous les ans par les paroissiens et chargés de veiller à l'entretien et aux réparations de l'église. Il fonde en second lieu la magistrature municipale de la ville: Golfech sera administré à l'avenir par deux consuls qui auront la mission de lever les tailles, de les répartir proportionnellement à la fortune de chacun, de veiller aux réparations publiques, etc.; ils seront choisis tous les ans par les commandeurs sur une liste présentée par les consuls sortants. Séance tenante, le commandeur proclame les noms des deux habitants pour être premiers consuls de Golfech. Après nous avoir dit le serment, de ces magistrats, la charte nous donne, dans sa dernière partie, la fixation des censés et des oblies dues au seigneur, et enfin le code de justice. A peine le notaire a-t-il fini la lecture du parchemin, que le commandeur se lève, et « portant la main droite sur sa poitrine et sur la croix de son manteau », il jure, solennellement d'observer ces coutumes et de veiller à leur maintien; les habitants lui répondent par un serment analogue qu'ils prêtent en étendant leurs mains sur le livre des saints Evangiles.

En 1480, Golfech avec ses dépendances fut détaché de Castelsarrasin et redevint, comme jadis, une Commanderie dont l'importance s'accrut considérablement lorsqu'on 1525 on lui adjoignit celle de Gimbrède avec tous ses membres.

Les fortifications commencées par Bernard de Montlezun furent complétées par le chevalier de Tajac de Villevayre, commandeur de Golfech. Nous voyons en effet ce dernier signer le 4 octobre 1484, avec ses vassaux, une transaction par laquelle il leur concédait le droit de dépaissance pour leurs troupeaux dans sa forêt du « Bernet », à condition qu'ils lui transporteraient tous les bois et matériaux nécessaires à la construction de la tour de son château de Golfech. Dans la suite, la bonne harmonie fut plus d'une fois troublée entre les chevaliers et les consuls de la ville. Nous trouvons un arrêt du Parlement de Bordeaux, qui condamnait le commandeur Charles d'Urre à agrandir à ses frais l'église de Golfech, à la charge pour les habitants de faire les charrois et les manoeuvres nécessaires (1556).

Pendant le XVIIe siècle, les consuls tentèrent de s'ingérer dans l'exercice de la haute justice de Golfech et excitèrent même des troubles pour empêcher le juge du commandeur de s'acquitter de ses fonctions; un arrêt du Parlement de Bordeaux vint réprimer leur ambition en limitant leurs attributions aux affaires de simple police et d'édilité municipale, et en ordonnant que, dans toutes les assemblées publiques, les officiers du commandeur auraient, non-seulement voix délibérative, mais la préséance sur les consuls (1643).

Mais revenons sur nos pas pour raconter des troubles bien autrement sérieux, qui étaient venus de l'extérieur assaillir les chevaliers de Saint-Jean, immédiatement après la reconstruction de la Commanderie de Golfech. La branche des seigneurs de Durfort, dont nous avons eu l'occasion de signaler l'action dans les origines et la prospérité de la maison de Golfech, s'était fondue dans la famille des Balzac, qui ne paraissent pas avoir hérité des sentiments de leurs devanciers envers cet établissement. Le chef de cette famille était, en 1482, « noble et puissant homme, Robert de Balzac, seigneur et baron de la ville et baronnie de Clermont-d'en-haut » C'était, paraît-il, avec un profond sentiment de dépit que, de son donjon, il apercevait la bannière de Saint-Jean flotter sur les tours de cette ville de Golfech, dont ses ancêtres avaient jadis fait don à l'Ordre. Il avait conservé sur la juridiction de cette place sinon des droits, au moins des prétentions, basées peut-être sur des usurpations précédentes. Un jour, noble Jehan de Chamy, capitaine du château de Clermont, se présenta, par son ordre, à la tête d'une troupe armée, devant Golfech, dont les portes lui furent refusées au nom du Précepteur; pour protester contre ce qu'il appelait la violation des droits de son seigneur, le capitaine fit rompre les pieux des lices, brûler les portes et commettre dans la ville plusieurs actes de violence. Le château du Commandeur, surpris sans défense, fut livré au pillage; les hommes du seigneur de Clermont en enlevèrent « l'or, l'argent monnayé ou à monnayer, la vaisselle d'or, d'argent, d'étain, de fer et de plomb, les chevaux, etc.. » et surtout les parchemins constatant les droits du Commandeur et dont son adversaire voulait faire disparaître le témoignage embarrassant. Mais, voyant que le commandeur Bernard de Tajac avait déposé au Parlement sa plainte contre les agressions dont il venait d'être victime, le baron se prit à douter de la justice de sa cause et de l'issue du procès, et consentit à transiger avec son adversaire. Il s'engagea à ne plus renouveler ses tentatives et à abandonner à l'avenir toutes ses prétentions à la juridiction de Golfech; son capitaine, ses officiers et ses vassaux de Clermont durent payer au Commandeur 40 livres tournois, en réparation de l'attentat dont ils s'étaient rendus coupables. Cet accord fut signé solennellement dans le fort de Golfech, le 17 mars 1482.

Malgré la conclusion pacifique de ce premier orage, et la solennité des engagements pris, nous retrouvons en 1528, le Commandeur Jean de Roquelaure et messire Pierre de Balzac, baron de Clermont, fils du précédent, débattant, devant le sénéchal d'Agen, les questions qui paraissaient définitivement tranchées par l'accord de 1482. Le baron de Clermont prétendait que, toutes les fois que les officiers de la Commanderie arrêteraient un malfaiteur à Golfech, ils devraient le livrer à ses gens pour être conduits dans ses propres prisons; il demandait de plus à partager avec le Commandeur le droit d'élection consulaire dans cette ville. Il comptait, sans doute, pour faire triompher ses prétentions sur la disparition des archives du château de Golfech. Heureusement pour les Hospitaliers, Jean de Roquelaure avait obtenu quelques temps auparavant une bulle du pape Léon X, prescrivant aux officiaux d'Agen et de Lectoure de faire rendre, sous peine d'excommunication, au Commandeur, les chartes et les meubles qui avaient été enlevés lors du pillage de la place par ordre de Robert de Balzac (jour des calendes de mars 1516).

Est-ce en s'appuyant sur les actes que cette bulle put lui faire recouvrer; est-ce en faisant une enquête sur ce qui s'était passé que Jean de Roquelaure parvint à établir son droit ? Toujours est-il qu'une sentence du sénéchal d'Agen, datée du 3 janvier 1528 et confirmée le 19 février 1529 par le Parlement de Bordeaux, vint mettre définitivement un terme à tous ces débats en déclarant que l'entière juridiction de Golfech appartenait aux chevaliers de Saint-Jean.

Nous voici arrivés à là période des guerres religieuses la ville de Golfech, située sur une des principales routes du Midi, se présentait naturellement aux tentatives des bandes protestantes dont elle pouvait contrarier les mouvements aussi n'échappa-t-elle pas aux désastres de cette époque. Les annales de ces temps désolés nous racontent que, vers la fin de l'année 1569, l'armée protestante, sous les ordres du prince de Condé et de l'amiral de Coligny, ne pouvant franchir la;
Garonne, dont les passages étaient gardés par l'infatigable Montluc, se décida à remonter la rive droite du fleuve. Golfech, placé sur son chemin, ne pouvait être pour une armée un sérieux obstacle, d'autant que son assiette elle-même n'ajoutait pas à sa force; aussi les protestants s'en rendirent-ils maîtres avec beaucoup de facilité; suivant leur habitude, ils livrèrent la ville à une dévastation dont les archives nous ont conservé la mémoire. Du château du Commandeur, ils ne laissèrent que des ruines fumantes; leur fureur se tourna surtout contre l'église, qu'ils livrèrent aux flammes, après avoir brisé ses cloches et saccagé son intérieur. Tous ces détails nous sont fournis par le procès-verbal de la visite de la Commanderie en 1573. Nous y lisons que le commandeur, Mathurin de Lescur Romegas contribua généreusement de ses deniers à réparer ces désastres, qu'il dépensa 80 livres pour faire recouvrir l'église, qu'il fournit 100 livres à la communauté de Golfech pour l'aider dans l'achat de 2 belles cloches et qu'il employa 400 livres pour relever le château de ses ruines et le mettre en état de défense.

Il ne paraît pas que Golfech ait eu à subir d'autres sièges dans la dernière période des guerres religieuses. Mais les dépendances de cette Commanderie, menacées au nord par la ville protestante de Puymirol et au sud par Lectoure, étaient sans cesse dévastées par les bandes ennemies. C'est ce que constatèrent les trésoriers généraux en exemptant le Commandeur de Golfech de sa part dans la contribution extraordinaire votée par le clergé de France (1588).

Après cette période troublée, le calme se rétablit à Golfech. Il ne nous reste plus à noter qu'un long procès que le Commandeur, messire Christophe de Baroncelly-Javon, soutint contre le sieur de Sabaros, seigneur de la Motte-Rouge et capitaine de la ville d'Agen. Ce dernier avait placé sur son castel de la Motte-Rouge, situé dans la paroisse de Golfech, une girouette, insigne du pouvoir féodal, que le Commandeur voulait obliger son vassal à abattre. L'affaire fut portée devant diverses cours; après bien des mémoires justificatifs présentés de part et d'autre, après bien des paroles éloquentes prononcées par les avocats pour ou contre la girouette, les deux adversaires prirent le sage parti de transiger sur cette question; le chevalier de Javon permit à son vassal de conserver la girouette; en reconnaissance de quoi, le sieur de « Sabaros s'engagea, pour lui et ses descendants, à payer a chaque commandeur, lors de sa première entrée dans sa ville de Golfech, une médaille d'or de la valeur de 2 louis (1685). »

Grâce au zèle et aux ressources des chevaliers qui administrèrent la commanderie de Golfech pendant le XVIIIe siècle la trace des désastres subis ne tarda pas à disparaître. Nous pouvons constater, en lisant, dans les procès-verbaux de visite, la description des murailles du fort qui contenait dans son enceinte le château des commandeurs et l'église paroissiale.
De cette commanderie dépendaient:

Castérus



Domus Hospitalis Le Castérus
Domus Hospitalis Castérus


Le Castérus.
La forte place de Gimbrède.
Saint-Pierre de Campagnet (?).
Rolhac avec l'église de Notre-Dame de Beauclair.
Frendat (?).
Miradols (?).
Saint-Sulpice (?) Peut-être Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn 81).

Saint-Jean de Lane


Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Castelsarrasin, Canton: Saint-Nicolas-de-la-Grave, Commune: Caumont - 82


Domus Hospitalis Saint-Jean de Lane
Domus Hospitalis Saint-Jean de Lane



Cuq


Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Agen, Commune: Cuq - 47


Domus Hospitalis Cuq
Domus Hospitalis Cuq


Le terroir de Bordes (?) à Cuq

Lieux


Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Agen, Commune: Astaffort - 47


Domus Hospitalis Lieux
Domus Hospitalis Lieux



Caudecoste


Département: Tarn, Arrondissement: Albi, Commune: Milhars - 81


Domus Hospitalis Caudecoste
Domus Hospitalis Caudecoste



Saint-Caprais-de-Lerm


Département: Lot-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Agen - 47


Domus Hospitalis Saint-Caprais
Domus Hospitalis Saint-Caprais-de-Lerm


Le revenu brut de Golfech était en 1757 de 13.100 livres, sur lesquelles les commandeurs avaient à payer 1.318 Livres au trésor de l'Ordre plus les charges particulières, telles que traitement des vicaires perpétuels, aumônes, etc.
Commandeurs Hospitaliers de Golfeh
(De 1315 a 1480, Golfech fut réuni à Castelsarrasin).
1480-1482. Pons d'Auriac.
1483-1500. Bernard de Tajac de Villevayre.
1511-1512. Robert de Durfort.
1518-1530. Jean de Roquelaure.
1531-1537. Guillaume de Roquefèuil-Bersols.
1538-1541. François de Lagarde Saigne.
1542-1546. Jean de Malran.
1547-1550. Honoré de Grâce.
1553-1556. Pierre de Gozon-Mélac.
1556-1559. Charles d'Urre.
1561-1570. Etienne d'Arsac.
1571-1583. Mathurin de Lescur-Romégas.
1583-1617. Pierre d'Esparbès-Lussan Grand-Prieur de Saint-Gille.
1626-1635. Guillaume de Vincens Sabouillan.
1636-1649. Antoine de Puget Saint-Marc.
1657-1658. Antoine de Blacas-Vérignon.
1676-1677. Jacques d'Ancezune-Caderousse.
1681-1689. Christophe de Baroncelly-Javon.
1693-1701. Jean de Gauthier-d'Ayguine.
1713-1720. François de Pontevès-Bargème.
1720-1724. Joseph de Modène-Pomerol.
1724-1727. Charles de Villeneuve-Tourette
1731-1741. André de Grille, bailli.
1757-1772. Gaspard — Hyacinthe de Grille, Maréchal de camp Commandant des grenadiers à cheval.
1772-1773. N. de Gaillard.
1780-1786. Bailli de Javon.
1788-1789. Louis de Franc-Montgey.
Sources: Grand-Prieuré de Toulouse, M.A. Du Bourg (1883)


Joucas   (82)

Département: Vaucluse, Arrondissement et Canton: Apt - 82


Joucas
Domus Hospitalis Joucas


Joucas passe à l'Ordre de Malte au XIIe siècle
La commune de Joucas qui compte actuellement 180 habitants (2), est située à 15 kilomètres de la ville d'Apt.
Son territoire, d'une superficie de 830 hectares, confine à ceux de Gordes, Murs, Saint-Saturnin-lès-Apt, Roussillon et Goult.

Nous avons découvert la plus ancienne mention du pays que nous étudions dans une charte de l'an 1048 par laquelle Alphant, évêque d'Apt, donna à ses chanoines l'église
Sainte-Marie de Joucas (5). Le fief appartint au XIe et au début du XII siècles à la famille d'Agoult-Simiane (6) qui, vers la fin du XIIe siècle le céda aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem appelés plus tard Chevaliers de Malte (7).
5. Cartulaire de l'église d'Apt, n° 60.
6. Vers 1123, Laugier d'Agoult, évêque d'Apt, céda Joucas et diverses possessions dépendant de la succession de son père à Guiran, Bertrand et Rostang. (Cartulaire de l'Eglise d'Apt n° 14).
7. Mémoires sur la commanderie de Joucas. Nous n'avons pu découvrir l'acte de cession de Joucas à l'Ordre de Malte.
— Le 28 juillet 1262, Charles Ier, Comte de Provence, confirma à l'Ordre de Malte la possession de Joucas. Archives des Bouches-du-Rhône, H. Ordre de Malte n° 67.


La commanderie fut ensuite affectée généralement aux chapelains et servants d'Armes de l'Ordre qui, en tant que religieux, réunissaient la qualité de Seigneurs temporels et celle de Seigneurs spirituels ou prieurs décimateurs.

De son entrée dans les possessions de l'Ordre de Malte jusqu'au XVe siècle, Joucas demeura à peu près inhabité (8). On chercherait vainement pour cette époque un acte saillant sur l'administration de la commanderie ou une trace d'organisation municipale. Joucas était seulement représenté pour le paiement des tailles par des syndics désignés par le très faible nombre de possédants-biens du lieu.
8. Joucas figure dans les enquêtes de 1333 qui font l'objet du « Leorpardus Apte » La mention est d'ailleurs très brève. (Archives des Bouches-du-Rhône. B. 1040, folio 169).

Il nous faut arriver un peu au-delà du milieu du XVe siècle pour découvrir le titre essentiel dénommé « Acte d'habitation » qui marque le point de départ de l'activité du pays.

Au moyen de ce contrat reçu par Martin Guérin, Notaire à Apt, le 2 juillet 1465 (9), frère Etienne Moret, commandeur de Joucas, fit connaître qu'il désirait céder à des travailleurs par de nouveaux baux les terres délaissées de la commanderie.
9. Des copies de l'acte d'habitation et des nouveaux baux sont aux archives départementales des Bouches-Du-Rhône — Fonds de l'Ordre de Malte - Dossiers numéros 2.387 et 2.407.

Cet engagement qui ne saurait être plus simple, réduisit les obligations des preneurs envers le cédant à la seule redevance de la douzième partie des grains, tant pour la tasque que pour la dîme (10).
10. L'acte d'habitation dit : ad duodecimaam partem granorum tam pro tasca quam decima.

Le commandeur consentit, peu de temps après l'acte d'habitation, de nouveaux baux aux sept chefs de familles dont les noms suivent, presque tous originaires de Joucas et des pays circonvoisins : Noble Jean Anselme (11). Jean Daumas,
11. Noble Jean Anselme et son fils François ont possédé de nombreuses propriétés à Joucas. Leur maison se trouvait près du château.

Jacques Cortasse (12), Michel Gardiol, Michel Gaudin, Jean Gaudin et un autre Michel Gaudin.
12. La famille Gartasse demeurait à Joucas avant 1432 et y possédait de nombreuses terres.

Les emphytéotes se fixèrent définitivement dans le lieu (13), construisirent des maisons, mirent les champs en bon état de culture et firent ainsi leur avantage et celui du commandeur.
13. Quelques hameaux et quartiers du pays qui nous occupe portent les noms des premiers emphytéotes, tels que « Les Damnas », « Les Gardiols », « Les Cortasses. » Ce dernier quartier se trouve peu après les limites des communes de Joucas et de Gordes.

D'autres habitants s'établirent par la suite à Joucas, notamment vers 1515-1520.

En 1698, le pays comptait 46 chefs de familles et 44 maisons (14).
14. Archives des Bouches-du-Rhône. — Affouagement de 1698. — Registre C. 127, folios 186 à 189.

La commanderie que nous étudions fut la seule possession importante des Chevaliers de Malte dans la région Aptésienne (15).
15. L'ordre de Malte possédait, depuis un temps très ancien, un petit bénéfice à Roussillon, quartier de Saint-Jean, qui fut réuni à la Commanderie de Joucas vers 1460.
— Durant une courte période du XVIe siècle, Joucas cessa d'appartenir aux Chevaliers de Malte. Il fut aliéné, par acte du 7 novembre 1563, au profit de Pierre Bon, baron de Mévouillon, moyennant 1200 florins. Celui-ci n'acquitta pas le prix de cette vente et fut contraint, en exécution d'une sentence du Sénéchal de Forcalquier, du 22 mars 1565, de céder, par contrat du 25 août 1565, Joucas à l'Ordre de Malte. (Archives des Bouches-du-Rhône, Série H (O. M.) Dossier G. 614).


Les commandeurs, sous le contrôle de l'Ordre, n'en avaient que l'usage momentané. Tous les actes qu'ils passaient devaient être ratifiés par le grand maître, sous peine de nullité. De temps à autre, des commissaires désignés par celui-ci, viennent s'assurer si le commandeur veille à l'observation des règlements de Justice, s'il fait effectuer des améliorations au château et, en un mot, s'il gère bien le bénéfice que ses chefs lui ont confié. Leurs opérations terminées, les commissaires dressent un procès-verbal de visite (16). L'Ordre de Malte possédait divers domaines à Joucas (17) qui, avec la tasque et autres droits (18), rapportaient au commandeur, comme seigneur temporel seulement, 1700 livres de rente annuelle. De ce produit, il y avait lieu de déduire les sommes versées au trésor de l'Ordre, la capitation, les décimes et divers frais : le tout s'élevant approximativement à 1200 livres.
16. Les procès-verbaux de visites sont conservés aux Archives des Bouches-du-Rhône, Sérié H (O. M.) Dossiers numéros 189 et 243. Ils constituent des documents du plus haut intérêt pour l'histoire de Joucas. Le plus ancien date de l'année 1582.
17. Ces propriétés consistaient au château et ses dépendances ainsi qu'en diverses terres situées aux lieux dits « Pradas », « Ferrage », « Saint-Castor », « Pinède », « Grand Verger », « Notre-Dame », « Mondillès » et « Ouvière ou Lauzière. »


Voici les noms des commandeurs (19) que nous avons pu découvrir :
Pons d'Ongle, 1280.
Pons Clément, 1374-1386 ?
Marot Janselme, 1430-1441.
Etienne Moret, 1442-1470.
Philippe de Maverole (1471-1483). Il rend hommage le 4 février 1481 pour Joucas (20).
Sixte de la Rovère, 1496.
Charles de Jésuald, 1507-1510.
Jean de Pennis, 1511-1532. Il cède par acte du 24 avril 1520, à Jean de Montaigu, évêque d'Apt diverses terres à Apt quartiers de Clermont et des Tourettes (21).
Antoine de Marras (1533-1546). Donne le dénombrement de la commanderie de Joucas le 4 juin 1540 (22).
Hector Boyer (1547-1559). Il mourut à 100 ans, nous dit Remerville (23).
Jacques de Glandevès 1559-1563.
Léonard Arnal ou Arnail (1566-1574). Il fut tué pendant les guerres de religion.
Jean Nicolas (1575-1592). Mourut à Aix le 24 février 1592.
Pierre Grandis 1592-1608.
Antoine Montan, 1609.
Pierre Tournosi, 1610-1611.
Pierre Bonin (1612-1653). Il mourut à l'âge de 104 ans, suivant Remerville.
Jean Ravel, 1654-1664.
Barthélémy Ducros, 1665-1672.
Elzéard Moulard, 1673-1680.
Charles de Claret, 1681-1685 ?
Jean Sicard, 1686-1707.
Melchior Alphéran, 1708-1723.
Henri David, 1723-1730.
Michel Fougasse de la Bâtie, 1730-1749.
Jean Porry, 1750-1778.
Sandillan-Lacour. 1778-1789 (24).
18. Les titres qui réglaient ces droits seront étudiés dans le chapitre III.
19. Les commandeurs étaient aussi seigneurs de certains membres qui dépendaient de Joucas : St-Pierre-Avès et Ribiers (Hautes-Alpes), Eygalaye (Drôme). L'Ordre avait aussi des droits sur des propriétés à Apt, Goult, St-Saturnin-lès-Apt, Saignon, etc.
20. Archives des Bouches-du-Rhône, B. 19, folio 207.
21. Archives des Bouches-du-Rhône, Série H (O. M.) Dossier G. 610
22. Archives des Bouches-du- Rhône, B. 788, folio 152.
23. L'historien d'Apt, Joseph François de Remerville de St-Quentin, a transcrit dans ses manuscrits quelques noms de commandeurs. (Bibliothèques d'Apt et de Carpentras.)
24. Sandillan Lacour est cité par l'Abbé Rose dans le manuscrit n° 1665, folio 46 (Bibliothèque de Carpentras).


Nous n'avons pas rencontré, antérieurement à 1460, des documents concernant le château. Cet édifice fut détruit durant les guerres de religion. Frères Jean Nicolas et Pierre Bonin le firent réédifier (25). Le procès-verbal de visite du 13 octobre 1628 nous donne la désignation suivante du château : « Un chasteau entouré de murailles faict en forme carrée dans lequel il y a une cave avec ses autres membres et offices bas et hauts, y ayant dans l'enclos d'icelluy une cisterne, une prison, les escuries, un pigeonnier. Ensemble une petite esglise avec sa sacristie au dernier bord, estant paroiche dédiée sous le tiltre de la glorieuse « Vierge Marie »
25. Au XVIIIe siècle, frère Jean Porry fit effectuer des améliorations au château.

II — Prieuré et anciennes chapelles


Actuellement le château est en ruines. Il appartient à divers propriétaires.
Le prieuré de Joucas appartenait au XIe siècle aux Evêques d'Apt (26).
26. Le prieuré était sous le titre de Sainte-Marie.

Vers 1113, l'un d'eux, Laugier d'Agoult, le céda à son chapitre (27) qui l'abandonna à la fin du XIIe siècle à l'Ordre de Malte (28).
27. Cartulaire de l'Eglise d'Apt n° 59.
28. Mémoires sur la commanderie de Joucas.


Les commandeurs en leur qualité de seigneurs spirituels administraient le prieuré et choisissaient le vicaire (29). Le prieuré rapportait approximativement 400 livres de rente. Sur cette somme, il fallait payer 280 livres au curé, 18 livres au prédicateur du carême, 30 livres pour l'entretien des ornements et solder tous les autres frais du culte.
29. Parmi les nombreux documents prouvant que le commandeur était aussi prieur, nous citons : l'acte d'habitation du 2 juillet 1465 aux termes duquel le commandeur transige pour la dîme ; un acte de prise de possession du prieuré par le commandeur Charles de Jésuald, en date du 9 novembre 1507. La réunion du prieuré et de la vicairie à la commanderie fut confirmée par une bulle du Vice Légat en date à Avignon du 27 avril 1520. (Archives des Bouches-du-Rhône, H. (O.M.) G. 610)

Plusieurs chapelles existaient autrefois à Joucas : Celle de Notre-Darne qui s'élevait au quartier de ce nom figure dans des documents du XIe siècle. Elle servait d'église paroissiale avant les guerres de religion (30). Celle du château, sous l'invocation de Notre-Dame de l'Annonciation, fut détruite au XVIe siècle par les religionnaires.
Réédifiée ensuite, elle remplaça la précédente comme église paroissiale (31).
30. Un cimetière était attenant à la chapelle Notre-Dame.
31. Les procès-verbaux de visites de la commanderie mentionnent le mobilier de l'église du Château. Dans ces énumérations nous avons remarqué les objets ci-après. Le banc du commandeur ; un tableau représentant le baptême de Notre-Seigneur par Saint-Jean-Baptiste avec les armes du grand prieur ; un autre tableau renfermant le portrait de frère Pierre Bonin, commandeur de Joucas.


Et celle de Saint-Castor qui était en ruines en 1520.
Enfin, de 1766 à 1770 (32), la commune fit construire l'église actuelle dédiée à Saint-Jean-Baptiste (33).
32. Des lettres Patentes datées à Versailles du 16 Novembre 1767 autorisèrent la communauté à emprunter 3.000 livres pour acquitter les frais d'édification de l'église actuelle.
— Archive des Bouches-du-Rhône. Dépôt d'Aix — fonds du Parlement — « Lettres Royaux » B. 3436, folios 1118 et suivants.
33. Un petit terrain contigu à cette église servait un certain temps de cimetière.


III — Usages des Habitants
Leurs obligations envers le commandeur


L'acte d'habitation (34) fut modifié et complété par une transaction du 17 avril 1516 (35) qui régla d'une manière précise les usages des habitants ainsi que leurs différentes obligations envers le commandeur.
34. Avant 1465, il n'existait aucun titre qui réglait les droits des habitants.
35. Cette transaction fut reçue par Pierre Frilet, Notaire à Apt. Copies aux Archives des Bouches-du-Rhône H (O.M.) 2.387 et 2.409.


Nous analysons les clauses de cette transaction :
Les habitants doivent céder au commandeur; dès la récolte, pour la tasque et pour la dîme (36), la onzième partie des grains ainsi que le douzième du chanvre, des raisins et de l'huile (37).
36. La perception de la dime donna lieu à d'interminables contestations.
— Un arrêt du Parlement de Provence, en date du 17 avril 1579, fixa la dime au 18e sur les fruits. Cet arrêt demeura inappliqué comme l'attestent tous les actes passés de 1579 à 1676 et une déclaration du 14 juillet 1635 (Archives des Bouches-du-Rhône, B. 1344, 28e pièce) dans, laquelle les consuls de Joucas énoncèrent que les habitants se conformaient à la transaction de 1516 pour leurs redevances envers le commandeur.
— L'ordre de Malte obtint, le 23 mars 1676, un autre arrêt qui imposa définitivement la dime au 18e. Les habitants protestent ensuite contre cet arrêt. Le 15 mai 1777 (Archives des- Bouches-du-Rhône, C. 1162).
— les procureurs du pays sollicitent pour eux l'intervention du roi afin que la dime soit perçue de la manière établie par les titres primordiaux de 1.465 et de 1.516.
— Ce procès paraissait devoir se terminer à l'avantage des habitants quand la Révolution éclata.
37. Dans cette transaction il fut expressément convenu que dans la 11e partie des grains, était compris le service stipulé dans les concessions et reconnaisances antérieures : « inclusio tamen servitio contento in concessionibus et recognitionibus propterea factis. »


Ils peuvent construire un ou plusieurs fours pour cuire leur pain, à la charge pour chaque chef de famille de donner à la Saint-Michel une émine de blé au commandeur.
Ils ont la facilité de faire paître leurs troupeaux, sans payer aucun droit, dans toutes les terres gastes de la commanderie.
Il leur est permis pour leur usage de couper du bois et de faire du charbon dans la montagne dite « l'Ouvière ou la Lauzière. »
Ils paieront au commandeur des droits de cense pour les près et jardins (38).
38. Le commandeur percevait encore un droit de lods sur les mutations d'immeubles, et un droit de pulvérage sur le bétail qui passait dans son fief, et un impôt nommé « leyde » sur les marchandises qui se vendaient à Joucas.

Chaque habitant qui possède une « bastide » et un aire à Joucas, paiera une redevance au commandeur le jour de Saint-Michel. Il n'est dû aucune cense pour les maisons. Les habitants sont autorisés à chasser, sur tout le territoire de Joucas, à tout gibier sauf aux perdrix. (Ils ne purent pas longtemps bénéficier de cette permission parce qu'elle était contraire aux ordonnances royales de 1669 sur la chasse).

La communauté cède à l'Ordre diverses terres situées aux quartiers dits « Pinède », « Usclade » et « Fontronde »
Le commandeur, autorisé du grand-maître, confirme l'acte d'habitation et tous les nouveaux baux passés avec les particuliers.

IV — Les Guerres de religion


Joucas au point de vue religieux après les troubles du XVIe siècle

Les habitants de Joucas adhérèrent rapidement au calvinisme. En 1562 et 1570, le village souffrit les attaques des religionnaires. Malte éprouva de grandes difficultés dans l'administration de la commanderie. Frère Jacques de Glandevès fut chargé de s'occuper de Joucas pendant toute la durée des troubles à la condition d'acquitter les charges de l'Ordre (39).
39. RAYBAUD. — Histoire du prieuré de Saint-Gilles, page 122.

L'épisode le plus triste des guerres du XVIe siècle dans le pays dont nous étudions l'histoire fut celui de Juillet 1574 qui coûta la vie à frère Léonard Arnal, commandeur (40).
40. Frère Jean Nicolas, une fois pourvu de la commanderie de Joucas, fit prendre des informations contre les huguenots de ce lieu qu'il présumait coupables du meurtre de frère Arnal. Un huissier du Parlement d'Aix, vint les 20 et 21 avril 1584, à Joucas et recueillit de 5 témoins des dépositions concordant parfaitement sur la mort de frère Arnal, la ruine du château, des églises, la perte des archives, etc.

Les huguenots de Joucas en voulaient à ce dernier qui, pour exécuter les ordres du comte de Carcès faisait garder le fort par les particuliers du lieu.

Sous la conduite de Bourgue, dit Rabaille, originaire de Murs, ils se rendirent au château. Après avoir ôté les clefs à Pierre Cortasse, Rabaille et sa troupe pénétrèrent dans le fort.

Un supplément d'information fut encore pris les 5, 7 et 8 janvier 1587 par un Juge d'Apt.

Douze témoins fournirent des éclaircissements sur les mêmes points et sur d'autres événements postérieurs à 1584.

Ces enquêtes, déposées aux archives des Bouches-du-Rhône (fonds de l'Ordre de Malte G. 615) nous font connaître d'une manière précise les faits survenus à Joucas durant les troubles du XVIe siècle.

Elles nous ont permis de rectifier, en ce qui concerne Joucas, des inexactitudes commises par les auteurs qui ont étudié d'une manière générale les guerres de religion en Provence, dans le Comtat et la région aptésienne, pillèrent tout le mobilier, poignardèrent frère Arnal et jetèrent son corps dans un puits (41).
41. BARTAVEL (Biobibliographie Vauclusiennes, Tome I, page 270) se basant sur Remerville et le Père Justin dit à tort que ce fut Hector Boyer qui trouva la mort au moment de la prise du château par les Huguenots. Le commandeur Boyer ne vivait plus en 1560. Courtet (Dictionnaire des communes du Vaucluse, Page 174) raconte que le commandeur de Joucas fut précipité, en 1562, du haut d'une tour du château, ce qui est encore inexact.

Un des hommes du commandeur tenta de sauver les archives en les transportant à Murs. Des soldats l'arrêtèrent et brûlèrent dans un champ les papiers qu'il détenait. Les huguenots de Joucas sont alors installés en véritables maîtres dans la demeure du commandeur. Ils attirent dans le lieu les hérétiques d'Orange, Montbrun et de toute la région (42).
42. Voici les affirmations les plus précises données par les témoins lors des enquêtes de 1584 et 1587 :
« Ceulx du fort de Jocas thuèrent le commandeur fresre Leonard Arnal, à coups de poignards et le jetèrent dans ung puis qu'est audict lieu dans une terre dès hoirs des fils de Joseph Anselme. Un déposant ajoute : luy desposant quelques jours apprès allant audit Jocas fere la guère audict Rabalhe vist le corps mort du commandeur dansledict puis. »
« Que les papiers d'icelle comanderie feurent envoyés au lieu de Murs et estant à ung lieu appelé lou « claou dou Gourre », deux souldatz auraient oubstez les papiers au garson qui les portoit sur une de ses bastes dans ledict claou dou gourre, et après feurent bruslez. »
« Qu'ils (les huguenots de Joucas) ont tout ruyné tant ledit chasteau que les maisons dudict lieu ayant fait une infinité de maulx. »


De là, ils s'en vont ravager le terroir de Gargas d'où ils transportent à Ménerbes une grande quantité de blé. Rabaille, ancien cardeur de laine, obtint en récompense le titre de Gouverneur de Joucas (43).
43. Bibliothèque de Carpentras. Manuscrit N° 1959, folio 271.

Des soldats envoyés par le comte de Carcès contraignirent les protestants à quitter le fort. Joucas revient alors au pouvoir des catholiques. Une période relativement calme succède à cette époque de trouble. Frère Jean Nicolas s'occupe activement de la reconstruction du château, des églises et des autres édifices renversés par les religionnaires (44).
44. Le procès-verbal de visite de la commanderie du 5 juin 1582 nous dit que le château et les, autres édifices de Joucas furent détruits et réédifiés plusieurs fois durant les troubles du XVIe siècle.

Le 10 août 1585, les huguenots s'emparent de nouveau du fort de Joucas et en font encore le repaire des hérétiques et brigands de la région (45).
45. « Un témoin déclare dans les enquête de 1587: qu'il vist par deux ou troif fois descendre des trouppes et rebellions du Dauphiné, sept ou huict demeurèrent cinq ou six jours à Jocas et prirent prisonnier ung de gordes qui estoit catholique, et thuèrent un souldat du lieu d'Agoult. »

Les hostilités continuaient en 1589 comme nous l'apprend la déclaration suivante du sergent ordinaire de la ville d'Apt, chargé de signifier aux habitants de Joucas d'acquitter sans délai les droits de tasque et de dîme (46).
46. Archives des Bouches du Rhône H (O. M.) 2398.

« L'an mil cinq centz quatre vingtz et neuf et le dixseptième jour du mois de mars.... certifie Noël Ricou, sergent Juré et ordinaire de la ville d'Apt soubzigné, au deffault du sergent royal, qu'en exécution des arrests que sapartient obtenus par fresre Jehan Nicolas, commandeur de Jocas, que voulant aller audit lieu de Jocas mettre à deub et entière exécution lesdites exécutorialles d'arrêts, je n'y suis osé aller attendu que les hérétiques et brigans se sont tellement barriqués et fortifiés contre le service et obéissance qu'ils doilvent au Roy et à sa cour souveraine du Parlement de ce païs de Provence, qu'ils tiennent en toutes sortes d'ostillités les environs et campagnes dudict Jocas. Touteffois obtempérant aux commandement de sadicte Majesté et de sa dicte cour, je me suis acheminé dudict Apt à Roussillon, lieu plus proche et d'un quart de lieu dudict Jocas, suis allé seulement aux limites des terroirs desdicts Jocas et Rossillon et fait commandement à peyne de cinq centz escus à plusieurs de Jocas.... »

Les excès commis par les huguenots de Joucas outrèrent les catholiques qui se réunirent pour tenter de les chasser. En 1591, les consuls de Saint-Saturnin-les-Apt (47) adressent à la comtesse de Sault une lettre lui exposant que ceux-ci font des courses continuelles dans la région :
« Quand ils drscendent de Montbrun, ils ont sa retraite à Murs et s'en vont y manger et boire et de là vont à Jocas. Faudrait que par les moyens de Madame la Comtesse que l'on amenast une pièce de canon ou deux pour prendre Jocas : s'ils sentent venir les pièces, ils s'en iront ou alors essayeront de les bloquer pour les fère bien tous mourir... »
47. Archives communales de Saint-Saturnint-les-Apt.

Après 1591. Joucas était au pouvoir des catholiques. Une trentaine de soldats gardaient le château.
Les habitants de Joucas demeurèrent fidèles aux principes de la religion réformée.

Au XVIIe siècle, sur une population approximative de 250 habitants, ce pays comptait seulement 9 hommes et 15 femmes catholiques. L'ancienne chapelle Notre-Dame était transformée en temple. Le prêche avait lieu aussi quelquefois dans la maison commune (48).
48. En exécution des ordonnances royales, ce temple fut démoli vers 1663. Le manuscrit N° 1655 de la bibliothèque de Carpentras contient au folio 119 le récit d'une excursion à laquelle prit part Grossi, prieur de Lioux, et qui avait pour objet la démolition des temples protestants de Joucas, Lacoste et Gignac.

V — Les « Criées Annuelles »


Administrer la Justice était l'un des droits les plus importants du commandeur (49).
49. La commanderie de Joucas comprenait la haute, la moyenne et la basse justice. Aux termes d'un arrêt du Parlement de Provence en date du 23 mars 1676, le commandeur fut obligé d'avoir un lieutenant de juge, un greffier, un procureur et un sergent résidant à Joucas.
Quelques familles du pays, telles que les Cortasse, Boyer, Gaudin et Gardiol prirent une part prépondérante dans les affaires de la juridiction et dans l'administration communale.


Le personnel judiciaire comprenait : un juge, un lieutenant de juge, un procureur, un greffier et un sergent ordinaire.

Le procureur poursuivait les délinquants et leur donnait assignation, par le ministère du sergent, devant le juge.

Les habitants devaient connaître le mieux possible les lois qu'il ne fallait pas enfreindre. De son côté, le commandeur se trouvait pour ainsi dire dans l'obligation d'établir des statuts de police qu'il faisait publier dans sa juridiction et qui avaient reçu la dénomination de « Criées annuelles » Ces publications étaient à la fois pour le commandeur une occasion d'affirmer de nouveau ses droits, une raison pour rappeler aux habitants leurs devoirs et un moyen de maintenir l'observation de la bonne Justice.

Les statuts étaient lus sur la place du village le 24 juin de chaque année, jour de la fête de Saint-Jean-Baptiste, en présence de la population assemblée à son de trompes.

Dès que le sergent ordinaire en avait terminé la lecture, les syndics, interprètes de l'universalité des habitants, protestaient contre les « Criées » en tant qu'elles attentaient à leurs coutumes et privilèges.

Le greffier concédait immédiatement aux syndics acte de leurs remarques (50).
50. On ne devait pas pratiquement faire beaucoup de cas des protestations des syndics.

Ces règlements visaient surtout les fautes commises contre la religion et la morale, les atteintes portées à la propriété, les dégâts occasionnés par les animaux dans les champs et le mode de vente des denrées.

Les peines édictées par les statuts étaient prononcées par le juge dans une des salles du château. Ceux qui avaient encouru des condamnations bénéficiaient quelques fois d'une certaine indulgence.

Le blasphème, par exemple, était interdit sous les peines les plus terribles ; cependant le coupable expiait sa faute en acquittant une amende (51). Il devait, en outre, s'agenouiller à l'issue de la grand-messe, en présence des officiers de justice et des syndics de la communauté, et demander pardon à Dieu de l'avoir outragé.
Les archives départementales des Bouches-du-Rhône possèdent quelques-unes des Criées annuelles de la Cour et Juridiction de Joucas (52).
51. Les amendes et confiscations appartenaient au commandeur.
52. Fonds de l'ordre de Malte. Dossier N° 2398. D'autres documents relatifs à la Cour Seigneuriale de Joucas sont éparpillés dans les anciennes minutes notariales d'Apt.


Nous transcrivons celles du 24 juin 1593 : « Criées annuelles de la cour et juridiction du lieu de Jocas au diocèse et bailliage de la ville d'Apt faictes de par l'aucthorité de Monseigneur fresre Pierre Grandis, commandeur et seigneur dudict Jocas. »
« Mandement est, de par ledict seigneur commandeur, à toute persone, de quel estat et condition que soit, de jurer ou blasphémer le nom de Dieu, de la Vierge Marie, sa mère, des sainctz et sainctes du paradis sur la peyne la première fois de dix livres, la seconde du double, la tierce d'avoir la langue couppée. »
« Est défendu par ledict seigneur de porter armes prohibées par ledict lieu et à son terroir à la peyne pour chasque foys de dix livres dejour et de nuict le double et perdition des armes. »
« Est aussi défendu de vendre aulcune chose qu'aux bon poix et mesures sur la peyne de vingt-cinq livres et perdition de la marchandise poix et mesures. »
« Est aussi desfendu de par ledict seigneur qu'aulcune femme publique puisse demeurer plus d'un jour audict Jocas et son terroir sans la licence de la cour sous peyne de dix livres d'amende. »

Je n'ai pas retranscrit le texte complet de la « Criée », je vous le laisse d'couvrir : Suite de la « Criée »
Sources : Cahiers d'histoire et d'archéologie : revue méridionale d'histoire locale, de géographie humaine, d'archéologie, tome XI. Nîmes 1936 - BNF


Lacapelle-Livron   (82)

Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Villefranche-de-Rouergue - 82


Domus Hospitalis Lacapelle-Livron
Domus Hospitalis Lacapelle-Livron


L'ordre du Temple
La première donation remonte à :
1225. Grimals, seigneur de Livron ayant fait don de sa seigneurie à l'ordre du Temple.
1227. Raymond VII de Toulouse en fait de même pour son fief de La Capelle.
De nombreuses autres donations permettront à ce qui n'était encore que la « grange templière de Monson » de devenir une commanderie.

1230. Arnaud-Jourdain, vicomte de Saint-Antonin, fait donation du lieu de Saint-Peyronis.
1231. Guiscard de Villevayre donne sa seigneurie de Pech d'Auzon.
1233. W. Comtesse de Peirafort donne la seigneurie de Lagarde, située près de la Capelle.

1234. Jean Imbert, religieux de la Caze-Dieu et prieur de Lusnac, confirme aux Templiers la cession qui leur avait été faite par son prédécesseur W. de Carlat, des églises de Saint-Peyronis et de Saint-Albi.
1235. V., abbé de Conques, donne l'église de Saint-Pierre de Sailhagol.

1236. Sentence arbitrale entre le Prieur de Fons et le commandeur de la Capelle confirmant à ce dernier la possesion des églises de Loze, de Jamlusse qui avaient été données à l'Ordre par le couvent de Fons.

1268. Charte de coutumes octroyée aux habitants de La Capelle par le commandeur R. du Buison.

Cette commanderie devint le chef-lieu d'une baillie templière à partir de 1260, se substituant à la commanderie de Cahors.
On dénombrait en 1268, outre le commandeur, trois chevaliers du Temple, trois prêtres, un chapelain, et huit autres frères à l'occasion d'un chapitre.

1299. Les Templiers achètent des commissaires du Roi, au prix de 1,000 livres de petits tournois, l'abandon de leurs prétentions sur les juridictions de La Capelle, Mouillac, Crozilles, Casnac, Trevaix et Montricoux.

De cette commanderie dépendaient les seigneuries spirituelle et temporelle de Saint-Peyronis, la paroisse de Loze avec ses deux églises de Saint-Martin et de Saint-Pierre de Saillagol ; celles de Lagarde, de Jamlusse, de Saint-Laurent ; le territoire de Mouillac, la forêt de Crosilhes, les ruines du château de Cas, l'église de Saint-Amans de Promilhargues, des rentes à Caylus et à Parizot, le château de Trébaix avec la juridiction de son territoire et la paroisse de Casnac.

L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem


La commanderie de La Capelle-Livron dépendait du grand prieuré de Saint-Gilles dans la langue de Provence.
Elle a été plusieurs fois commanderie magistrale, c'est-à-dire dépendant directement du grand maître qui l'avait conservée dans ses bénéfices.
Liste des commandeurs

Du Bourg, Antoine. Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France. - BNF


Lachapelle   (82)

Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Castelsarrasin, Canton: Saint-Jean-du-Bouzet - 82


Domus Hospitalis Lachapelle
Domus Hospitalis Lachapelle


Nous voici sur la rive droite de l'Arrats, dans le département de Tarn-et-Garonne. Quand on remonte la côte roide du village de La Chapelle, en contournant les murs austères d'une vieille commanderie de l'ordre de Malte, on ne s'attend guère à trouver un intérieur d'église d'une élégance aussi raffinée. Vrai bijou du XVIIIe siècle, l'église de La Chapelle, avec ses boiseries sculptées et dorées, avec ses tribunes superposées à compartiments arrondis, son autel, sa chaire, son lutrin, présente un ensemble merveilleusement harmonieux.
Cette remarquable œuvre d'art, qu'on date de 1776, a d'autant plus d'intérêt pour nous que les deux artistes qui l'ont exécutée sont nés à Pessoulens, dans le département du Gers.
C'étaient, dit-on, deux frères, Jean-Baptiste Goulard, curé de La Chapelle, et Jean Goulard, son vicaire.
Cependant il semble difficile de croire que de simples amateurs, tels que pouvaient l'être un curé et son vicaire, aient pu concevoir et exécuter avec tant de perfection d'aussi beaux ouvrages.
Source: M. Mastron Bulletin de la Société archéologique du Gers, page 144. Auch 1904. BNF

Le château
Un château est construit sur le rocher au XIIe siècle. Il aurait dépendu de la commanderie templière de Nomdieu, près de Nérac, qui a été fondée à la suite du don de Gaston V de Béarn et de sa tante Gilia de Beauville à l'ordre du Temple, vers 1154.
Le château possède encore le donjon construit à l'origine. Sa hauteur a été réduite de moitié au XIXe siècle.
A la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle, construction de la chapelle du château réservée au Templiers. La condamnation de l'ordre du Temple en 1312 va entraîner le transfert de propriété des biens appartenant à l'ordre. La plupart de leurs biens ont été recueillis par l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem mais le château de Lachapelle était la propriété des vicomtes de Lomagne et d'Auvillars appartenant à la Maison d'Armagnac en 1306.
Sources : Wikipedia

Eglise paroissiale Saint-Pierre


Domus Hospitalis Lachapelle
Domus Hospitalis Lachapelle


Eglise bâtie à la fin du 15e siècle, comme l'indique le portail flamboyant nord, aux tores évidés, qui y donne accès. Elle fait partie de l'enceinte du château et servit peut-être de chapelle castrale tout en étant église paroissiale. L'édifice comporte une nef unique à chevet plat. L'intérieur a été refait en 1776. Lambris en bois doré sur fonds blancs ; tableaux ; encadrements de fenêtres se style roccoco, assez rare dans le sud-ouest. La date de 1879 est celle de la dorure et de la peinture laquée.
Sources : Base Mérimée, ministère français de la Culture - BNF


Montech   (82)

Domus Hospitalis Montech
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Montech — 82


Domus Hospitalis Montech
Domus Hospitalis Montech


L'établissement des Hospitaliers sur le territoire de Montech remonte à la première partie du XIIe siècle. L'inventaire mentionne en effet la donation du territoire de Gayan à l'hôpital de Jérusalem et au Prieur Gérard faite par un abbé du Mas Garnier. Que ce Gérard fut le Prieur de l'hôpital de Jérusalem, mort en 1118, ou celui de Saint-Rémi de Toulouse dont nous ne retrouvons plus de traces depuis 1123, il est certain que cette donation est contemporaine des premières faites à l'Ordre de Saint-Jean dans nos contrées.

L'église de « Sainte-Foy-de-Rosalaygue », située dans la juridiction de Montech avait servi de noyau à cet établissement érigé en commanderie pendant le cours du XIIe siècle.

Roselaygues



Domus Hospitalis Roselaygues
Domus Hospitalis Roselaygues


En 1188, un échange, conclu entre le Commandeur de Roselaygues et l'abbé de Grand-selve vint augmenter l'importance des possessions que l'Ordre avait dans le territoire de Montech ; et cette ville devenant un centre pour les Hospitaliers dans cette région, finit pardonner son nom à la commanderie.

Notons, les arrêts que rendit le Parlement de Toulouse, en 1526, contre les marguillers de Montech qui voulaient enlever les dîmes du Commandeur Baptiste du Broc, prêtre, pour les employer à la reconstruction de leur église, et en 1638 pour maintenir le commandeur Louis de Moutiers en l'exemption du paiement de certaines dîmes que lui réclamaient l'Evêque de Montauban, l'abbé de Grand-selve et les chartreux de Cahors, ces derniers en qualité de Prieurs de Montech.

Les luttes religieuses qui désolèrent tout le pays voisin, les sièges qu'eût à subir Montech à plusieurs reprises pendant cette période, portèrent une terrible atteinte à la prospérité de cet établissement et ici, comme pour le chef-lieu de la commanderie, nous devons nous contenter d'esquisser son histoire, car les documents, qui nous auraient permis une étude plus complète, durent disparaître dans ce temps-là.

Liste des Commandeurs de Sainte-Foy, de Rozelaygue et puis de Montech.
--------1188. Rogier.
--------1213. Ber nard de las Volvenas.
--------1245. W. de Reignun.
--------1272. Raymond Vergonh.
1330-1340 Raymond de Gérald.
1390-1391. Bérenger Pagan.
1427-1433. Etienne Raffi.
1470-1501. Gaillard Ferrant.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Nohic   (82)

Commanderie de Nohic
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Grisolles — 82


Commanderie de Nohic
Commanderie de Nohic


Deux ans avant la donation de Fronton à l'Ordre de Saint-Jean, ce dernier avait déjà un établissement dans la contrée. Le 22 octobre de l'année 1120, dame Bellissende et ses fils Pierre-Hugues, Géniès, Raymond de Montaigut et d'autres seigneurs voisins donnèrent, « avec l'assentiment d'Amélius, évêque de Toulouse, d'Arnaud-Raymond, prévôt du chapitre, de Raymond-Guillaume archidiacre, ainsi que des autres frères de l'église Saint-Etienne, » à l'hôpital de Jérusalem, à Gérard, hospitalier de Toulouse, l'église Saint-Saturnin de Nohic (de Novigo) avec ses dîmes et ses droits, ainsi que tout le fief pour en faire « une Salvetat de Dieu. »


Domus Hospitalis Fronton
Domus Hospitalis Fronton


A cette première donation vinrent dans la suite s'en ajouter de nouvelles ; parmi ces dernières nous citerons celles que firent en 1208, Wilhelm-Athon de Villemur et son fils Jourdain de la juridiction de Nohic, qui leur avait été cédée quelques temps auparavant par Wilhelm-Hunaut de Lantar ; en 1210, Athon de Marquefave de la rente de 2 sols tolosin, que lui faisait l'hôpital pour le droit de captein de cette ville ; et enfin, en 1270, le chevalier Garnier de Gavarin, des droits de queste et d'albergue que lui devaient les habitants de Nohic.
Les Hospitaliers ayant ainsi acquis l'entière juridiction sur cette ville et son territoire, furent obligés à plusieurs reprises de la défendre contre les tentatives d'usurpation des consuls.

Ainsi nous voyons en 1338 Aycard de Miramont, Grand-Prieur de Toulouse, obtenir la sauvegarde royale pour maintenir à l'hôpital son droit de justice haute, moyenne et basse sur le lieu de Nohic; et en 1345 son successeur, être déclaré par sentence du juge de Villelongue, seul seigneur justicier de Nohic malgré les prétentions des consuls.

Plus loin les archives nous montrent en 1524 les consuls « allant de porte en porte, » pour convoquer les habitants à une assemblée générale dans le but de régler avec le Grand-Prieur cette question depuis si longtemps en litige.
Après s'être fait reconnaître pour seul seigneur justicier, le chevalier, « de sa libérale volonté, » concède aux consuls la réglementation et l'inspection de la police, le pouvoir « de placer des bornes ou bouzzols entre les champs contestés; » la faculté d'avoir sous leurs ordres et à leur solde, « un sergent, 4 messiers et 3 estimaires pour expertiser les dommages commis dans les récoltes; » la connaissance des petites causes civiles, « à la condition qu'ils procéderont sans apparat à la manière des prud'hommes » (1524).
Malgré cet accord, il fallut que le Grand-Conseil, saisi en dernier ressort de cette affaire, la terminât définitivement par sa sentence de 14 juin 1563, qui confirma les articles conclus précédemment entre les deux parties et régla certains détails, qui avaient soulevé des difficultés: « Si quelqu'un est pris prisonnier à Nohic, il sera conduit dans les prisons du chasteau de Fronton... Le Grand-Prieur peut recevoir ou faire recevoir le serment des consuls, et celuy, qui sera envoyé par lui pour recevoir ledict serment, doibt estre défrayé de son disné et repas par les dicts consuls. »


Domus Hospitalis Orgueil
Domus Hospitalis Orgueil


Cette localité qui n'était pas, comme ses voisines, protégée par des fortifications et dont les habitants devaient se réfugier dans Fronton ou dans Orgueil au moment du danger fut dévastée plusieurs fois pendant les guerres de religion.
Mais, grâce à la libéralité des Grands-Prieurs qui diminuèrent pendant ces temps de crise les redevances qu'ils avaient à leur payer, grâce aussi à la fertilité de ce territoire, les habitants, délivrés par la paix de 1638 de toute crainte pour l'avenir eurent bientôt réparé les désastres subis pendant cette longue période.
Liste des Commandeurs du membre de Nohic
1515-1518. Jean Palisse.
1519-1520. Jean Sicart, trésorier du Grand-Prieuré.
1622. Marcelin de Mars-Liviers.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883
Nohic
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Grisolles - 82
Les seigneurs de Nohic qui, au mois d'octobre 1120, donnèrent l'église avec ses dîmes, fief et prémices aux Hospitaliers, déterminèrent les limites de la nouvelle salvetat avec la précision suivante : sicut fons de Novigo est et sicut via vetera vadit ad pontem Vaure (1).
1. Archives de la Haute-Garonne, fonds de Malte, commanderie de Fronton.
Sources : Galabert, Firmin. Les salvetats au Moyen-âge, page 9. Paris 1903 BNF


Orgueil et Reynies   (82)

Commanderie d'Orgueil, et la seigneurie de Reyniès
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Grisolles — 82


Commanderie d'Orgueil
Commanderie d'Orgueil


Vers 1135 la paroisse est donnée aux Hospitaliers de Fronton qui en font une sauveté. A l'époque le Tarn est une rivière navigable et Orgueil est un asile sûr construit sur les bords du Tarn, en bas de la colline où il est situé actuellement.

Une charte qui n'est pas datée, mais que les divers caractères font attribuer à la première partie du XIIe siècle, nous apprend que Pierre-Raymond de Saint-Audard, donna au Saint-Sépulcre, à l'hôpital de Jérusalem, à ses seigneurs et à Bernard de Gaujag le fief d'Orgueil avec tous ses droits.
Ce parchemin porte avec la signature de Pierre-Raymond, celles de Bonne de Saint-Audard et d'Aymar de Saint-Léofari son neveu.
A cette donation vint s'ajouter celle que fit à l'hôpital de Fronton le seigneur Sicard de Villemur de tous ses droits sur la chaussée d'Orgueil (1196).

En 1211 Simon de Montfort met à feu et à sang les terres occitanes, Orgueil appartient alors au Comté de Toulouse. Quand le Roi de France prend possession du Comté de Toulouse, Orgueil devient une bastide, le Comté de Toulouse est dotée d'une charte de coutumes. Orgueil est cependant toujours la propriété des Chevaliers de Saint Jean, moines hospitaliers, il devient une commanderie de l'ordre.

Dans le courant de ce siècle, les Hospitaliers firent élever sur leurs fiefs d'Orgueil une ville qui se peupla rapidement grâce à la proximité du Tarn, source de richesses pour ses habitants.

Le 8 mai 1268, le Grand-Prieur de Saint-Gilles, Féraud de Baras, tenant dans les salles du manoir de Fronton son chapitre provincial, reçut une députation composée des consuls et des principaux habitants d'Orgueil, qui venaient lui demander de compléter la charte de commune octroyée à la ville lors de sa fondation. Le Grand-Prieur, après avoir reçu l'assentiment de l'assemblée, accéda à la requête des habitants d'Orgueil et leur concéda les mêmes coutumes dont jouissait la ville de Fronton depuis l'année 1248.
Onze ans plus tard, le successeur de Féraud de Baras, Guillaume de Villaret, reçut également dans le château de Fronton une nouvelle députation des habitants d'Orgueil, et à leur demande, il dressa la réglementation de la forge banale qui venait d'être construite dans cette localité.

Une des principales sources de revenus pour la commanderie de Fronton, était la rivière du Tarn. A cette époque où les routes étaient peu nombreuses, peu sûres, et fort mal entretenues, le commerce se faisait surtout par eau; dès lors les seigneurs possédant quelque place forte sur les bords d'une rivière bénéficiaient rapidement de cette situation. D'autre part, au moyen des moulins qu'ils y construisaient dès que leurs ressources leur permettaient d'en augmenter le nombre, les Hospitaliers se procuraient d'immenses revenus des habitants de toute la contrée avoisinante.

En 1298 le sénéchal Eustache de Beaumarchais chargea Jean de Termes, « maître des oeuvres de l'illustre seigneur, Roi de France, dans la sénéchaussée de Toulouse et d'Albi. » (Titre correspondant à celui de nos ingénieurs) d'aller faire une enquête sur le projet qu'avait le précepteur de Fronton de construire un moulin à Orgueil. Les Hospitaliers obtinrent en 1332, de Guillaume de Villars, conseiller du Roi, et maître des eaux et forêts, l'autorisation d'établir un port en cet endroit et de jouir du droit de passage, « en s'obligeant à y entretenir pour les piétons une nef et pour les charrettes un bac. » Ce privilège dût être vu d'assez mauvais oeil par les commerçants dont les bateaux descendaient ou remontaient fréquemment la rivière et qui craignaient de voir gêner par là la circulation. C'est pourquoi le Grand-Prieur Aycard de Miramont fut obligé de requérir le sergent, délégué par le Roi pour sauvegarder les prérogatives de l'Ordre dans la contrée, à l'effet d'élever sur le port d'Orgueil, en signe de protection, « le panonceau royal avec les fleurs de lys » (1338).
Dès lors les commerçants se contentèrent de veiller à ce que les Hospitaliers entretinssent le passage dans les conditions prescrites, de manière à ne pas entraver la navigation; nous trouvons, par exemple, une vérification du niveau et du passage d'Orgueil faite en 1507 par le « syndic de la bourse commune des marchands, fréquentant les rivières du Tarn et de la Garonne. Les produits de la pêche de cette rivière poissonneuse étaient aussi un des revenus des Hospitaliers, qui achetèrent au prix de 250 florins le monopole de la pêche, à la chaussée d'Orgueil, des lamproies et des clauses (lampredas et colacos).

Les Hospitaliers venaient à peine de terminer leurs travaux de fortifications pour la ville de Fronton, que des soins analogues durent les occuper pour celle d'Orgueil.
Vers la fin du XIVe siècle, le Commandeur, Arnaud de Ranulphe, adressa au sénéchal de Toulouse une requête, dans laquelle il lui représentait que cette localité, renfermant pourtant un assez grand nombre de feux, se trouvait par suite du manque absolu de fortifications exposée sans défense « à toutes les dévastations des gendarmes qui y faisaient séjour dans leurs marches militaires, » que ses habitants, réduits à la misère, après avoir inutilement tenté de ceindre leur ville de murailles, entreprise que leur pauvreté les avait empêché de conduire à bonne fin, se trouvaient dans l'impossibilité de payer, non seulement les redevances à leurs seigneurs, mais même les aides dus au Roi. Un délégué du sénéchal se rendit sur les lieux, pour ouvrir une enquête à ce sujet. Les habitants interrogés ne répondirent qu'en montrant leur pays « naturellement agréable et fertile et maintenant désolé, dévasté, et abandonné par un grand nombre de paysans. » Le sénéchal s'empressa d'accorder l'autorisation demandée et le Commandeur entra aussitôt en pourparlers avec les consuls d'Orgueil pour régler les conditions de ce travail. Il leur concéda dans l'intérieur de la ville et près de l'église l'emplacement, sur lequel ils construiraient le fort, qu'ils devaient entourer de murailles avec leurs hourds, leur chemin de ronde et leurs fossés; ils se chargeaient de la construction des murs et autres défenses autour du château des Hospitaliers. Les consuls devaient entretenir un certain nombre de sentinelles et de guetteurs, sous les ordres de capitaines, chargés par les Hospitaliers du commandement de la place.
La proximité du Tarn augmentait la force de cette citadelle, dont les fossés pouvaient être inondés, nous voyons en effet la défense faite aux habitants d'y prendre des poissons.
Ce fort devait être construit dans l'espace d'une année (mai 1399). Malgré leurs promesses, les consuls d'Orgueil, entravés sans doute par le peu de ressources dont ils pouvaient disposer, ne poussaient pas activement les travaux, puisque deux ans après, Raymond de Lescure, Grand-Prieur de Toulouse, délégua le chevalier Arnaud de Rivière, précepteur de Sarjac, pour les sommer de se conformer à l'accord de 1399 (8 mai 1401).

Bien peu de temps après sa fortification, cette petite ville vit s'ouvrir ses annales militaires. C'était en 1426, profitant d'une trêve, un de ces terribles capitaines de routiers, André de Ribes, qui, sous le nom de bâtard d'Armagnac, était un des plus redoutables soutiens du parti anglais dans le Midi, s'empara d'un grand nombre de villes dans la Gascogne, le Toulousain et l'Albigeois, et entre autres, de la place d'Orgueil qui ne tarda pas à être reprise par les milices françaises réunies en toute hâte pour arrêter cette insolente agression.

Mais ce fut surtout pendant les guerres religieuses que la place d'Orgueil eut à souffrir. Aussi exposée aux entreprises des protestants que Fronton et possédant moins de moyens de défense, elle vit plus d'une fois ses murs emportés d'assaut. Nous avons déjà dit plus haut comment elle fut prise par les troupes de Montauban en l'année 1573. Dans la deuxième période des luttes au commencement du XVIIe siècle, cette petite ville eut beaucoup à souffrir et son nom revient souvent dans les annales de cette époque. C'est qu'en effet, sa position sur le Tarn à proximité de Montauban devait rendre sa possession excessivement précieuse pour la garnison de cette ville. Aussi c'est vers Orgueil que se dirigent de préférence les sorties de cette dernière. En 1626 c'est le capitaine Montbrun qui met toute cette contrée à feu et à sang, et se rend maître de la ville; nous voyons en effet, après la première pacification, les consuls envoyer une députation au Grand-Prieur, « pour le supplier d'avoir pitié des misères qu'ils avaient souffertes pendant les derniers mouvements des rebelles delà ville de Montauban et autres lieux voysins, qui ont entièrement bruslé le bourg et village d'Orgueil et causé la mort et perte de plus de la moytié des habitants, » et de leur accorder en conséquence, comme aux communautés de Fronton et de Nohic, la remise des paiements en retard et la réduction à 160 livres par an des droits décimaux qui lui étaient dus. Après la reprise des hostilités, la ville d'Orgueil fut de nouveau brûlée et saccagée par le terrible capitaine Saint-Michel, gouverneur de Montauban.

Sur l'autre rive du Tarn presque vis-à-vis Orgueil, s'élevait le petit village de Reyniès dont les Hospitaliers possédaient la seigneurie spirituelle conjointement avec les évêques de Montauban qui partageaient avec eux les dîmes de cette paroisse.
Les archives ne nous fournissent aucun document important à signaler pour cette dépendance de Fronton. Nous nous contenterons de noter un procès soutenu par les chevaliers de Saint-Jean contre noble Gailhart de Grimoart, seigneur temporel de Reyniès qui voulait usurper quelques prérogatives de l'hôpital (1338), et un arrêt du Parlement condamnant les habitants de cette localité à faire les charrois nécessaires pour la construction de leur église qui avait sans doute été brûlée lors du sac de la ville et du château en 1655 et que le Grand-Prieur était en train de relever de ses ruines.

Liste lies Commandeurs du membre d'Orgueil.
1250. Dame Wuilhelme d'Alfar, commanderesse.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Saint-André-de-Cortibals   (82)

Commanderie de Saint-André de Cortibals
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Montech, commune: Saint-Porquier — 82


Commanderie de Saint-André de Cortibals
Commanderie de Saint-André de Cortibals


En 1173, deux frères, Odon et Hugues-Bernard de Sainte-Marie, donnèrent à Pierre de Saint-André, Prieur de Saint-Rémy de Toulouse, leurs droits sur le territoire appelé « Mainbrède » et la dîme de Saint-André de Cortibals. Le Prieur en retour de ses largesses leur fit la charité de 6 sols morlans.

Cette donation fut faite en présence « d'Hunaut Troja », viguier du comte de Toulouse, « dans le but, dit la charte, de rendre ce prince et ses officiers garants de sa validité. »
D'abord uni, comme le Fajolles, à la commanderie de Castelsarrasin, dont il était très-rapproché, cet établissement de l'Ordre de Saint-Jean, passa avec Fajolles dans la circonscription de Golfech en 1455 et dans celle du Burgaud en 1530.

Les commandeurs étaient ceux de Burgaud
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883


Saint-Hugues   (82)

Commanderie de Saint-Hugues
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Montpezat-de-Quercy, Commune: Puylaroque — 82


Commanderie de Saint-Hugues
Commanderie de Saint-Hugues


C'était une petite Commanderie de Saint-Hugues, située dans le Quercy, près de Saint-Antonin et de Caussade. Mais le voisinage de toutes ces places protestantes et surtout de Montauban, avait sans doute fait partager à cet établissement, pendant les guerres de religion le sort de la commanderie à laquelle il allait être réuni. C'est ce que nous pouvons conclure de la disparition totale de ses anciennes archives et d'un monitoire de l'évêque de Cahors, contre ceux des habitants qui auraient enlevé les revenus de la commanderie (21 décembre 1612).

L'inventaire, à l'aide duquel nous avons cherché à suppléer au défaut des chartes originales pour les commanderies de Gabre et de Capoulet, est muet ici pour toute la période antérieure à la deuxième moitié du XVe siècle.
Nous trouvons à mentionner, après cette date, le procès que soutint en 1607 le Commandeur devant la cour des Aides de Montauban, contre les consuls de Puylaroque, qui voulaient lever les impôts royaux sur les habitants de Saint-Hugues au mépris des privilèges de l'Ordre, et celui que le commandeur de Gabre intenta à noble François de Vignes, seigneur de Puylaroque, qui prétendait à la juridiction de Saint-Hugues et qui fut condamné par le Parlement (1639).

Liste des Commandeurs de Saint-Hugues.
1406-1465. Guilhot de Morlhon.
1543-1544. Ivan Garric.
1544-1550. Guillaume Balmès.
1553-1554. Jean Baffol.
1554-1555. Jean Guyot.
1599-1613. Dominique Courtade.
Vers 1630 réunion de Saint-Hugues à Gabre.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Verlhaguet   (82)

Commanderie de Verlhaguet
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement et Canton: Montauban — 82


Commanderie de Verlhaguet
Commanderie de Verlhaguet


L'acte le plus ancien que nous fournissent les archives de cette commanderie, est la charte de la donation faite par Guillaume de Poitiers, comte de Toulouse, au seigneur Raymond Géraud du dîmaire de l'Eglise Saint-Jean de Verlhac.
Ce dernier est sans doute ce Raymond Géraud, que l'abbé Salvan, dans son histoire de l'Eglise de Toulouse, nous montre entrant en 1130 dans l'abbaye de Saint-Théodard et distribuant, soit à ce monastère, soit à d'autres maisons religieuses des environs, les terres et les seigneuries qu'il possédait dans la contrée.

Selon toute probabilité, l'hôpital de Jérusalem eût sa part dans les largesses du pieux seigneur et reçut le dîmaire de Verlhac. Mais de même que l'acte de donation, les documents relatifs à la première partie de l'existence de cet hôpital font complètement défaut dans ses archives. Nous sommes donc forcés de ne faire remonter cette étude qu'à la seconde moitié du XIIIe siècle.
Nous trouvons à cette époque la commanderie existant déjà d'une vie propre, malgré le voisinage des importants établissements que l'Ordre de Saint-Jean possédait dans les environs.

A une petite distance de Verlhac, sur l'autre rive du Tarn, existait une seconde ville portant le même nom. Cette coïncidence engagea dans la suite à adopter pour désigner la commanderie le diminutif de Verlhaguet.
Mais, comme cette modification n'eut lieu que vers le courant du XVIIe siècle, on est exposé à commettre plus d'une confusion dans l'histoire de ces deux localités voisines.

Dès le premier pas, nous nous heurtons à une difficulté de ce genre. Dom Vaissette nous apprend en effet que Verlhac, fut une des nombreuses bastides qu'éleva Alphonse, comte de Toulouse et de Poitiers pendant son administration dans nos provinces. Mais de laquelle de ces deux villes de Verlhac s'agit-il ici ?
J'incline à croire que c'est de celle dont nous nous occupons et que les Hospitaliers profitèrent de la bonne volonté du comte pour conclure un paréage avec lui et obtenir son aide pour la construction de la bastide.
Nous voyons en effet, quelque temps après, les consuls de Montauban réclamer l'exercice de la haute justice à Verlbac qu'ils, prétendaient leur appartenir au nom du Roi et dont ils auraient été frustrés par les Hospitaliers.
Ce fut devant les commissaires délégués par le Roi, dans ses pays de Languedoc que l'affaire fut portée en 1298. La sentence condamna le précepteur à abandonner à ses compétiteurs les droits contestés. Mais le chevalier ne se tint pas pour battu et adressa son appel à la cour du sénéchal de Toulouse (1299).
La victoire finit par demeurer aux Hospitaliers; car nous voyons le sergent royal, gardien des privilèges de l'Ordre dans la contrée et exécuteur de la sauvegarde du Roi Philippe V, confirmer solennellement, le 22 août 1338, le Grand-Prieur de Toulouse en la possession de la justice de Verlhac.

Nous lisons dans l'histoire du Languedoc, qu'en l'année 1420 les environs de Montauban furent dévastés par André de Ribes, terrible capitaine de routiers au service de l'Angleterre. Verlhac dût partager le sort des villes qui l'entouraient. Nous la trouvons en effet à cette époque incendiée et presque entièrement détruite. Deux ans après, quand les habitants eurent commencé à relever les débris noircis de leurs anciennes maisons, leur premier soin fut de supplier leur commandeur « messire Guilhem Calvat, prêtre et bachelier-èz-lois, de faire réparer au plustôt l'enceinte de la ville, de manière à mettre leurs personnes, leurs bestiaux et leurs mobiliers » à l'abri des désastres de la guerre.
Le commandeur s'empressa d'accéder à ces voeux, dont l'urgence n'était que trop justifiée par les événements, et d'entreprendre cette oeuvre qui l'intéressait au même titre que ses vassaux. Nous le voyons en effet conclure avec un maître charpentier de Grisolles un traité, par lequel ce dernier s'engageait à élever autour de la ville, des parrois hauts de 3 brassées hors oeuvre et ayant une épaisseur de 9 pans à la base et de 6 au sommet, et à garnir les chemins de rondes de hours en charpente.
L'Hospitalier, en sa qualité de prêtre, n'étant pas très expert en matière de fortifications, confiait à noble Pierre d'Auberard, seigneur de Favas, la surveillance des travaux; il promettait à l'entrepreneur de lui fournir tous les bois nécessaires qu'il devait faire transporter aux pieds des murailles « et de lui payer 68 escuz d'or de bon poids, du coing de France, (chaque escu valant 3 deniers d'or), quatre setiers de mussolle à la mesure de Montauban et une pipe de bon vin. » (22 septembre 1428).

A la fin du XVe siècle, Verlhaguet fut réuni à la Villedieu (Villedieu-du-Temple), lors de l'érection de cette commanderie en chambre prieurale.
Quand la Villedieu, (Villedieu-du-Temple) redevint une simple commanderie, en 1570, Verlhaguet en fut distrait pour être adjoint à Fronton, et fit partie de cet apanage des Grands-Prieurs jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

A peine en possession de cette petite ville, les Grands-Prieurs furent obligés d'entrer en lutte avec leurs vassaux pour le maintien de leurs prérogatives. Le droit de justice qui avait été jadis l'objet des prétentions des consuls de Montauban, comme nous l'avons vu plus haut, fut disputé vivement aux Hospitaliers par ceux de Verlhaguet vers le commencement du XVIe siècle. Ils se mirent même à ce propos en révolte ouverte contre leurs seigneurs. Le juge de Fronton avait ordonné l'arrestation d'un habitant de Verlhaguet, et les archers du Grand-Prieur s'étaient rendus pour l'exécution de ce mandat.
Les consuls de Verlhaguet soulevèrent le peuple, s'emparèrent des portes, qu'ils fermèrent pour s'opposer à ce que leur concitoyen fût emmené dans les prisons du Grand-Prieur. Mais la punition de cet acte insurrectionnel ne se fit pas attendre. Un des consuls, le principal instigateur de la sédition, fut arrêté par ordre du Grand-Prieur, et retenu soixante jours dans les prisons du château de la Villedieu, (Villedieu-du-Temple) (1521).

Les habitants voyant qu'ils n'étaient pas assez forts pour soutenir la lutte par les armes et que les moyens violents n'avançaient pas leurs affaires, prirent le parti de faire consacrer légalement leurs prétentions. Mais cette voie juridique ne leur réussit pas d'avantage; car, après de longues procédures sur ce sujet, le Parlement de Toulouse rendit en 1554, un arrêt qui reconnaissait définitivement la justice de Verlhaguet aux chevaliers de Saint-Jean. Les habitants durent se résigner et renoncer à leurs prétentions; aucune tentative de leur part ne vint plus troubler les Grands-Prieurs dans l'exercice de leurs droits.

Verlhaguet était situé trop près de Montauban, pour échapper aux désastres qu'eût à subir toute cette région pendant la période des guerres religieuses. Quoiqu'on ne trouve pas cette place mentionnée dans les annales de l'époque, il est probable qu'elle fut prise et saccagée par les bandes huguenotes qui, en 1628, sous les ordres du capitaine Saint-Michel, promenèrent dans tous les environs le fer et le feu. Nous voyons en effet, immédiatement après la pacification de 1629, le Grand-Prieur s'occuper à faire reconstruire l'église de Verlhaguet et obtenir une sentence du parlement qui condamnait ses vassaux à fournir les charrois et les manoeuvres (1633).

Pendant les dernières années de l'existence de l'Ordre, Verlhaguet, détaché de la chambre Prieurale de Fronton, fut érigé de nouveau en commanderie (vers 1780).
Cette dernière et courte période de son existence, ne nous offre du reste aucun fait saillant à noter.

Liste des Commandeurs de Verlhaguet.
Première période.
1257-1258. Roger de Noé.
--------1294. Bernard de Maurin.
--------1298. Bernard de Villar.
--------1299. Guillaume-Jourdain de Lissac.
1302-1304. Rostang de Cayrac.
--------1311. Guillaume de Rotbald.
--------1398. Prince Calvat.
--------1126. Guy Calvat.
--------1428. Guilhem Calvat, prêtre.
1459-1484 Pons de Maleville. Grand-Commandeur.
1485-1483. Antoine de Maleville.
En 1500, réunion à la Villedieu, (Villedieu-du-Temple)
En 1570, a Fronton. En 1780, érection en Commanderie.
Deuxième période.
1780-1788. N. de Léaumont
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883


Ville-Dieu-du-Temple (La)   (82)

Commanderie La ville-Dieu-du-Temple
Département: Tarn-et-Garonne, Arrondissement: Montauban, Canton: Montech, Commune: Castelsarrasin — 82


Commanderie La ville-Dieu-du-Temple
Commanderie La ville-Dieu-du-Temple


Les Hospitaliers, après avoir pris possession de cette importante circonscription de l'Ordre du Temple, formèrent de la Villedieu et de la Bastide, deux commanderies distinctes qui furent de nouveau réunies vers la fin du XVe siècle. Nous les voyons immédiatement poursuivre les discussions de leurs devanciers avec les religieux de Moissac. Le 4 juin de l'année 1316, le cloître de la Villedieu réunissait Augier de Durfort, « par la miséricorde divine, abbé de Moissac », et Guillaume de Rotbald, chevalier de Saint-Jean, précepteur de Fronton, de la Villedieu et lieutenant du Grand-Maître, dans la ville et diocèse de Toulouse; ces deux parties signèrent dans cette conférence un arrangement à l'amiable au sujet des dîmes contestées depuis tant d'années; ce qui n'empêcha pas ces mêmes discussions de se renouveler pendant le siècle suivant entre le Précepteur Pons de Maleville, et l'abbé Antoine de Caraman, et plus tard entre leurs successeurs, Bernard de Montlezun et Pierre de Caraman. Ils purent cependant les régler d'une manière définitive par accord signé (en 1487).

Un des commandeur de la Villedieu, Jean de Levezou, eut l'honneur d'être désigné pour commander la troupe des chevaliers de son ordre, qui faisait partie de l'armée française dans la désastreuse campagne de 1346. Il combattit Vaillamment à la journée de Crécy et périt avec la plus grande partie des siens dans cet immense hécatombe de la noblesse du royaume.

Vers l'année 1500, la commanderie de la Villedieu fut supprimée et réunie à celle de Castelsarrasin, qui fut érigée en chambre Prieurale. Mais en 1570, cette circonscription fut distraite de nouveau de l'apanage des Grands Prieurs et redevint une simple commanderie, dont le siège fut transporté, tantôt à la Villedieu, et tantôt à Castelsarrasin, et qui, en raison de son importance, était l'une des plus recherchées du Prieuré. Du reste, à cette époque, son entretien devait absorber la plus grande partie de ses ressources; c'était la période des guerres religieuses, période terrible pour toute la France et pour ces contrées en particulier. Chaque petite place forte fut successivement prise et reprise par les catholiques, les gens du roi et les bandes protestantes de Montauban, chaque fois le pillage et la destruction venaient venger les vainqueurs de la résistance qu'ils avaient éprouvée. Pour épargner leurs vassaux, ou plutôt pour assurer la défense de la Villedieu, les commandeurs en retirèrent la garde aux archers bourgeois et la confièrent à une garnison plus sérieuse. Nous trouvons, en effet, une ordonnance du sénéchal de Toulouse, à l'effet de faire payer 516 francs comme « solde mensuelle de la garnison de la Villedieu, entretenue par le commandeur Hugues de Loubens-Verdalle, pour tenir ce chasteau en l'obeyssance du Roy. »
Cette somme devait être prélevée sur les habitants des villes:
la Villedieu, la Bastide-du--TempleLa Bastide-du-TempleLa Bastide-du-Temple, VentillacDomus Hospitalis VentillacDomus Hospitalis Ventillac et La VilleneuveDomus Hospitalis VilleneuveDomus Hospitalis Villeneuve (22 décembre 1572).

Cette garnison, fort peu nombreuse du reste (elle ne se composait que de six hommes), n'empêcha pas, dans le courant de l'année suivante, les religionnaires de Montauban de s'emparer de la Villedieu, qui fut reprise bientôt après par les catholiques. Elle était sous les ordres de Mathurin de Lescur-Romegas, quand elle fut assiégée de nouveau par le roi de Navarre, qui fut obligé de lever le siège devant la défense acharnée de cette place. Toute cette succession de sièges, de pillages et de dévastations avait réduit la population à un état de misère déplorable. Aussi, quand le commandeur voulut, après la levée du siège, contraindre ses vassaux à remplacer pour la garde de leurs remparts les mercenaires qu'il congédiait, éprouva-t-il de la part des consuls de la Villedieu un refus formel. Il fallut porter l'affaire devant la cour du Parlement de Toulouse. Ecoutons la peinture que les consuls font des maux qui accablaient leurs concitoyens:

« La plus grande partie des habitants qui ont quelques moyens se voient privés de pouvoir se garantir des mains de nos ennemys et rebelles eulx et leurs biens dans le dict chasteau, pour estre si petit qu'à peine les rentiers du dict de Lescur, commandeur, et ses serviteurs y peuvent demeurer et s'accommoder, et ont été constraincts de se retirer au Chasteau-Sarrasin, Saint-Porquier et aultres villes catholiques circonvoisines, n'estant demouré au dict chasteau de la Villedieu que cinq ou six de ceux qui ont de quoy, lesquels ont fortifié leurs maisons estans près du dict chasteau, gardant les quelles ils gardoyent par le mesme moyen icelluy; et, pour regard des aultres habitants, ils sont si pouvres qu'ils vont gaigner ou mandier leur vye, où ils trouvent, de jour à la journée; et que pis est, ils ne sont en tout, pauvres et riches, que trente-cinq ou quarante; aulcuns desquels encores et le plus grand nombre sont inutiles à porter les armes et ne scavent que c'est que faire garde. »

Ils ajoutent que le commandeur peut bien, avec les revenus de la Villedieu, faire garder la ville et le château. Le chevalier prétend de son côté que le tableau présenté par les consuls, du misérable état de la ville, a été chargé par eux pour les besoins de leur cause; il fait ressortir l'importance de la place, « pour estre environnée de plusieurs villes rebelles », importance affirmée par une déclaration des consuls de Castelsarrasin, attestant que de sa conservation dépend celle de tous les lieux voisins; il ajoute que « d'après le rôle récemment exécuté, la Villedieu comptait 160 habitants et que le chasteau pourroit en contenir deux fois autant »; et il termine en lançant à ses adversaires l'accusation de favoriser en secret les hérétiques.
La cour remit son jugement à plus tard et ordonna provisoirement aux habitants de fournir deux hommes pendant le jour et six pendant la nuit pour la garde du château (13 décembre 1588).

En 1628, pour se venger des ravages que le duc d'Epernon, à la tête de l'armée royale, avait faits dans les environs de Montauban, le gouverneur de cette ville, Saint-Michel, l'un des plus habiles et des plus entreprenants lieutenants du duc de Rouan, reprit l'offensive, saccagea toutes les villes catholiques de la contrée, dans la nuit du 21 au 22 septembre, et vint mettre le siège devant la Villedieu; après l'avoir canonnée vigoureusement pendant tout un jour et avoir tenté un assaut victorieusement repoussé par le chevalier de Tourette et sa garnison, il renouvela l'attaque et obligea les assiégés à se rendre. Contre la foi de la capitulation qui leur promettait la vie sauve, Saint-Michel les fit tous passer au fil de l'épée, trahison dont le duc de Rohan se garde bien de parler dans ses mémoires; après quoi il laissa ses soldats livrer la ville conquise à la flamme et au pillage.

L'oeuvre de dévastation fut complète et acheva de faire disparaître ce qui avait été épargné dans les précédents désastres; nous pouvons nous en rendre compte par l'extrait suivant du procès-verbal de la visite de la commanderie en 1635;

« L'Eglize ayant esté bruslée et desmolie, ensemble un grant et hault clocher... Tout joignant la dicte Esglize, est le chasteau de la commanderie qui estoit très beau et grant, n'y ayant rien que les murailles, le reste ayant esté bruslé lorsque l'Esglize fust bruslée par les Huguenaults. »

La seule partie qui restait debout au milieu de ces ruines était la grosse tour carrée que le commandeur possédait au « sortir de la Villedieu, du costé de Montauban, au dessoubs de laquelle est la porte et yssuir du dict lieu; icelle tour bastie à deux estages et à laquelle on monte par une échelle à bras. »

La commanderie de la Villedieu était possédée à cette époque par le chevalier Claude d'Urre Ventarol, Grand-Prieur de Saint-Gille, qui essaya de réparer tous ces désastres. Mais il dut se borner à reconstruire l'église et laissant le temps compléter, pour le reste, l'oeuvre de destruction commencée par les protestants.

Les nombreuses dépendances de la Villedieu, par suite de l'érection de la commanderie de Verlhaguel (Verlac) et de l'adjonction des membres de Flamarens, de Labarthe et d'Albefeuille à Garidech, s'étaient réduites à Castelsarrasin, la Bastide du Temple, Ventillac et Villeneuve.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse 1883


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