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Département de la Haute-Savoie

Coligny   (74)

Département: Haute-Savoie, Arrondissement: Saint-Julien-en-Genevois, Canton: Vulbens - 74

Domaine du Temple de Coligny
Domaine du Temple de Coligny


Son port, son bac, ses Templiers, son « hôpital » par Philippe Duret
En 1313, l'ordre des Templiers supprimé, ses biens vont à celui de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem, dit ordre de Malte à partir du XVIe siècle (25). Les biens du Genevois étaient gérés par le Commandeur de Compesières.

Au XIVe siècle, l'établissement est désigné comme la « maison de l'hôpital » ou « l'hôpital » (26). Mais en réalité les Hospitaliers ne soignaient pas les malades à Cologny. Y hébergeait-on les voyageurs ? Aucun document n'y fait allusion.

Dans la deuxième moitié du XIVe siècle, il est question du « Rector de Coloignie » qui est exempté des 30 livres de décime (impôt) qu'il était incapable de payer à l'évêque (27) : signe des ravages faits par la peste ?
En 1447, Cologny relève du « précepteur de Genève », sans doute un Hospitalier chargé de la gestion des biens (12).

Aucun document ne montre des Templiers ou Hospitaliers résidant en permanence à Cologny. A partir du XVIe siècle au moins, leurs biens sont affermés. De surcroît, la liste de ceux qui payaient la gabelle (impôt) du sel de 1561 ne fait pas allusion à des religieux.

En 1581, une visite pastorale est faite à « l'hôpital Saint-Jean-Baptiste du lieu de colognie. » La chapelle a encore un recteur et curial, André Jaquelin (28). Par la suite, le fermier devra se débrouiller pour faire assurer un service religieux, sans doute par le curé de Vulbens.

L'existence de cette maison religieuse aurait engendré une tradition locale. L'abbé Descombes écrit ; « d'après une ancienne tradition, Bans fut la patrie de sainte Victoire. Tout près de l'emplacement où s'élève la demeure des Chevaliers de Cologny....
Vivait un homme de condition modeste mais riche des vertus chrétiennes qui s'appelait « Victor au batelier. » Il possédait un petit moulin sur le bord du ruisseau et une barque sur la rive du Rhône »

Il se serait marié dans l'église de Bans et, de cette union, naquit la sainte qui a sa chapelle au sommet du Vuache (29). Ce récit est curieux, car d'habitude on fait naître Victoire au pied du Crêt d'Eau.

En réalité, aucun document ne prouve son existence. C'est une légende. La tradition aurait été « fabriquée » après 1196, peut-être par des notables ayant vécu à Vulbens ou, plus simplement, à la suite d'une confusion (Templiers/Saint-Victor/sainte Victoire).

Les Bâtiments de l'Ordre religieux
On ne doit pas les confondre avec le hameau situé 100 mètres plus loin. Ils ne sont connus que par des textes tardifs des XVIIe et XVIIIe siècles : le cadastre et les visites des supérieurs de l'Ordre (30).

Coligny, cadastre de 1730 - BNF
Le Nord est en bas.

1. Chapelle — 2. Tuilière (ancienne écurie) — 3. Maison d'habitation — 4. Grange et écurie de 1636 — 5. Cour — 6. Hameau — 7. Nant de « Couvatanne » ou Couatannaz 8. Bac — 9. Chemin vers Bans à travers la forêt — 10 Rhône — 11. France.

Rappelons d'abord qu'en 1196 il est seulement question d'un « oratoire », terme imprécis.
Au XVIIIe siècle, les documents décrivent une chapelle, une maison d'habitation, des bâtiments d'exploitation, un four et une tuilerie dans une cour close.

La Chapelle
Remplaçant l'ancien « oratoire » templier, la chapelle était placée sous la protection de la Sainte Vierge et de saint Jean-Baptiste, vénérés des Hospitaliers.
On entrait par un petit portail en pierre, couvert de bois, de forme ogivale, donc datant des XVe-XVIe siècles.

Le Clocher
Au-dessus du mur d'entrée se trouvait un clocher à deux niches en forme de « pieds de chèvre », comme dans les chapelles des Hospitaliers à Hauteville et Droise. Dans l'une des niches, une cloche. Ce clocher était en molasse.

Il y a quelques années, on a trouvé dans la cour un corbeau ou modillon aux contours biseautés avec, en son extrémité, une tête (de mort ?) Sculptée (voir la photo ci-contre, en haut). Il fait penser aux culs-de-lampe de l'église de Desingy qui seraient du XVe siècle.
Toutefois, ailleurs, cette façon de décorer les corbeaux existe déjà au XIIe siècle. Servait-il à soutenir un petit toit au-dessus du portail comme dans la chapelle de Mouxy agrandie au XVe siècle ?

A l'intérieur, à droite, il y avait un bénitier en pierre sur son piédestal. La nef était éclairée par deux « larmiers » (fenêtres étroites ?) Et leurs panneaux vitrés. Elle était pavée alors que le chœur avait un plancher. Une « balustrade » était entre les deux.

Sur l'autel, une niche de sapin d'environ 1 mètre 30 sur 45 centimètres contenait « une statue de ladite Vierge tenant sur le bras gauche l'enfant Jésus. » Cette statue, mal peinte, est encore dans la région. Il y avait aussi un saint Jean-Baptiste. Sur le devant de l'autel, étaient peintes des fleurs et la croix de l'Ordre.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, il y a en principe neuf messes annuelles assurées par le curé de Vulbens, aux frais du fermier.

L'ancienne Ecurie
Les visites de 1716, 1754 et 1759 mentionnent une ancienne écurie qui se trouvait au nord de la chapelle, contre le mur de celle-ci. On voyait encore son grenier à foin, quelques murs, des poutres et une partie du toit en tuiles rondes.
En 1730, ce bâtiment est indiqué comme tuilerie.

Images - BNF
Corbeau ou modillon dans la cour.
Chapiteau dans la cour et machine agricole moderne.

Le Cimetière
Autour de la chapelle il y avait le cimetière. Dans la cour on a trouvé, en fouillant le sol, des pierres tombales et des ossements.
Un texte de 1627 mentionne ce cimetière. Qui y avait-on inhumé ?
Des religieux ? Leurs parents ou des habitants des maisons voisines ?
Le deuxième ensemble était formé par la maison d'habitation, ses caves, granges et écuries.

La Maison
On entrait dans la maison en montant par un escalier. Là on pénétrait dans une cuisine « grande et belle », « spacieuse » ; à droite en entrant, une cheminée « à bande de bois »

Au début du XXe siècle on la décrit ainsi : « De toutes ces salles, la cuisine — au premier — est celle qui offre le plus d'intérêt. Dans sa cheminée monumentale, le four, en parfait état, s'ouvre à hauteur d'appui, au-dessus de l'âtre ; son orifice mesure 40 x 58 centimètres.

Maison actuelle - BNF
A droite : grange et écurie de 1636.
A gauche : maison d'habitation.

« Ce foyer à couleur d'ébène (a) sept pieds d'écartement entre les supports du manteau. Le manteau actuel de la cheminée avec son madrier simplement maçonné, est en retrait sur l'extrémité des deux consoles ; il a remplacé un manteau de pierre dont le style concordait avec les faisceaux des triples colonnettes surmontées de leurs chapiteaux.

« Près de la porte, à ras du briquetage de la pièce, une niche taillée dans la pierre ; à sa base, un étroit regard percé horizontalement déverse les eaux grasses à l'extérieur de la maison. »
« Une petite fenêtre à bois biseautée éclaire la cuisine »
Au bout et à droite, soit au nord, une porte permet d'accéder à une grande et longue chambre, dite « le poêle », éclairée par une fenêtre en molasse avec ses volets intérieurs. De là on passait à une chambre plus petite, séparée de la précédente par une cloison en bois.
De la cuisine, un escalier en bois, plus tard remplacé par une simple échelle, montait au galetas.

« Sous l'escalier (extérieur), l'ogive qui donne accès aux caves permet de juger l'énorme dimension des murs et la vétusté des claveaux et des moellons qui forment la voûte témoigne de son antiquité. Des blocs de molasse, quelques-uns longs d'un mètre, ont leurs angles rongés par les siècles et leurs joints sont tellement burinés qu'on croit y découvrir des fissures ; cependant la maçonnerie est compacte » 31.

Au XVIIIe siècle, les caves et le cellier contenaient des coffres « à blé » sans couvercles. En travers, était une poutre de chêne.

On y voyait un bras de forge
Les caves étaient sous la cuisine. Sous les chambres il y avait une écurie non pavée, sans crèche ni râtelier.

La Grange et les Ecuries
A gauche et au nord de la porte de la cuisine étaient la grange et deux autres écuries.
La grange, longue de 16 mètres, large de 5 mètres et haute de 7, séparait deux écuries pavées avec leurs crèches et fenêtres. Un sous-pied permettait d'y battre le blé. Au-dessus on déposait les gerbes de paille. On y accédait par une grande porte à arcade.
Surmontant celle-ci se trouve la croix de Malte à huit points, ayant au centre un écu divisé en quartiers. Le tout est accompagné de la date de 1636. Cette grange a sans doute remplacé celle qui jouxtait au nord la chapelle.
Sur le mur nord de la grange, regardant le fleuve, se trouvait une croix en relief, maintenant remplacée par une peinture sur le crépi.

Le Four et le Puits
Il y avait aussi un four couvert de tuiles et un puits.
A la fin du XVIIIe siècle, tout cela se trouve dans un triste état.
En 1755 il faut faire des travaux à la chapelle et aux bâtiments.

En 1773 le four est réparé
En 1777, une visite et un rapport furent effectués à la demande du diocèse (32). On demanda la suppression de la chapelle, abandonnée et en ruines à cause du paludisme : « depuis plusieurs années régnait une espèce d'intempéries (sic) provenant des marais stagnant que le Rhône forme dans sa partie de France au point qu'il lui (le Commandeur) est très difficile de trouver des fermiers pour habiter sa maison de Cologny, ayant perdu neuf personnes de la même maison et trois du granger actuel (Ah ! Les charmes du bon vieux temps » !).

« Nous avons en outre vu qu'il ne restait plus dans ledit lieu que trois ou quatre maisons dont quelques-unes menacent ruines, ce qui confirme notre idée concernant l'inutilité de la chapelle. » Les visiteurs incriminent « le Rhosne et un torrent (qui) causent des pertes réelles pour son produit » et recommandent de diminuer des dépenses d'entretien.

Le Sénat de Savoie n'autorisa pas cette destruction.
Un mémoire de 1780 précise : « cette chapelle tombe en ruines par défaut d'entretien, les couverts et planchers sont pourris, l'on cherche à vendre la cloche, n'y aiant presque point d'ornements pour célébrer la Sainte Messe sauf un calice qui est entre les mains du curé de Vulbens » (33).

Le Domaine des Religieux (34)
En 1196, n'est cité que l'oratoire. C'est seulement en 1296 que l'on fait allusion aux biens et droits seigneuriaux.

A Cologny même
En 1730, les religieux ont des parcelles en pente, sur le talus, une pièce de bois dans la forêt, deux champs « lanièrés » aux bords du fleuve (défrichements médiévaux ?), Mais surtout de grandes parcelles autour des bâtiments. L'ensemble, dispersé, couvre 28 hectares, soit 16 % de Bans.

Dans le cadastre sarde, les titres de possession fournis par le Commandeur remontent jusqu'en 1550.
Le terrier de 1447 cite autour des bâtiments, sans plus de précisions, plusieurs pièces de terre dépendant de l'hôpital.
Carte des terres

A Dingy-en-Vuache
En 1730, les religieux possèdent 10,6 hectares situés entre Bloux et Jurens, à environ 6 kilomètres au sud-est de leur maison de Cologny.
Les parcelles sont au nord du chemin allant de Chênex à Dingy. Elles sont très humides, traversées par un petit ruisseau.

Les documents les signalent dès 1447.
Ces parcelles sont bordées par un lieu-dit couvrant une vaste zone portant le nom significatif de « A Cologny »
En 1447, il était alors encore détenu par les religieux. Son parcellaire très découpé, cartographié en 1730, pourrait indiquer qu'il a été loti par les religieux en plusieurs fois.
A l'ouest, se trouvent des toponymes montrant l'existence ancienne de Detits domaines Davsans : « Le Closet » et « La Chavanne. »

Domaine des religieux de Dingy

A Chevrier
En 1730 la Commanderie possède deux parcelles à proximité des chemins descendant vers Cologny. En tout, moins d'un hectare. Vers 1549-1550, elles étaient déjà son bien.
L'une est dite « Aux Quartiers », l'autre est « La Combe du Four. »

C'est d'ailleurs plutôt un replat. L'existence en ce lieu isolé d'un four est impossible. Sans doute est-ce une allusion à une famille Du Four. Plusieurs sont signalées aux XIVe et XVe siècles.

Mais en 1447, les religieux paraissent avoir trois parcelles : « La Charpinaz » (charmille), « Es Cartiers », mais également « En les Loes » (pré humide ?).

La cure de Chevrier avait une parcelle vers « Les Quartiers » : trace d'une origine commune ?

A Vulbens
Les Hospitaliers ont, en 1730, 3 hectares répartis sur 5 parcelles. Ils les avaient déjà en 1550.

Deux de ces parcelles sont au lieu-dit « Aux Moulins. » Or, dès 1328, il y avait un moulin dit « De Petenant », « De Pitinans », « de Pictinens » tenu en commun par les religieux et le seigneur du Vuache. Il était affermé pour dix coupes en 1328 (26).

« Pitinans » signifie peut-être « petit nant. » D'après le terrier de 1447, il semble être vers Faramaz ou Cologny. Il est aussi appelé « de Cepya. » Peut-être était-il vers le ruisseau de Couatanne, là où le seigneur avait un moulin en 1730.

En 1447, les religieux tenaient en commun avec le seigneur du Vuache, un pré dit « A Combes », sans doute au-dessus de Vulbens.

Il paraît avoir été ensuite vendu au seigneur du Vuache. Cette « propriété » en commun était assez courante au XVe siècle.

Les Rentes (35)
En 1741, les religieux mentionnent parmi leurs biens de Cologny une dîme ; elle équivaut au quinzième des récoltes et rapportait deux coupes de froment par an. En 1788 elle n'est pas perçue car le fond est resté inculte.

Les Hospitaliers recevaient également des cens et servis, impôts symboliques sur les terres dépendant d'eux mais cultivées par les paysans. Ces redevances s'étendaient sur 41 poses, soit une dizaine d'hectares. Les plus vieux terriers mentionnés comportent des reconnaissances féodales de 1493. Les seigneurs de Faramaz et du Vuache, ayant acquis des tenures (terres) à Cologny, devenaient, malgré leur noblesse, des censits (dépendants) de la maison de l'hôpital au même titre que de simples paysans.
Les religieux percevaient aussi la taille (impôt) sur les paysans non-libres.

A Dingy, le Commandeur avait des servis antérieurs à 1584 et Portant sur 24 poses ou seytorées soit environ 7 hectares. Il avait droit à un quart des dîmes de Jurens et Bloux, « à la cotte 11 » (le onzième de la récolte).

La rente féodale (cens et servis) relative à Bans-Dingy, Chevrier et Vulbens portait aussi sur d'autres localités : Savigny, Chênex, « La Petite Morraz », Jussy et Vanzy. Au total huit livres.

Les textes signalent aussi, au moins pour les XVIIe et XVIIIe siècles, une rente féodale sur des parcelles essentiellement situées vers le sud du Vuache, à Chavannaz, Cercier, Jonzier, Vers, Viry, Chaumont et Cemex. Elle rapportait très peu : moins de 4 livres, un pain, un quart de froment, quelques jours de corvées, quelques fractions de poules (exemple : les deux-tiers et le quarante-huitième du cent quarante-quatrième d'une !). Cela entraîna pourtant un litige avec le curé de Chaumont....

De l'autre côté du Rhône, les religieux avaient des droits sur des terres à l'Etoumel, les Isles, Pougny, Mussel et Airans. Ils y avaient champs, prés, vignes, jardins, maisons.

Cela leur rapportait quelques pièces de monnaie, du vin, des poules, mais aussi un droit théorique « d'un giste quand le Commandeur viendra à deux chevaux et deux personnes. »

Vers 1542, les reconnaissances sont accaparées par les envahisseurs bernois.

Les religieux avaient aussi, en tant que seigneurs, le droit de commise ou d'échutte : en cas de décès sans enfants ni codiviseurs d'un paysan taillable, ses terres leur revenaient. C'est ce qui arrive en 1712 après le décès de Marie Rosey, femme Bouvard, de Cologny (36).

Trouver l'origine de ces biens, terres ou rentes est difficile. Nous ignorons de qui viennent les biens de Cologny. Un paysan ? Le seigneur de Vulbens ? Par contre il est probable que les parcelles de Vulbens et Chevrier viennent du seigneur du Vuache ou de celui de Faramaz. Les biens de Dingy ont peut-être été donnés par un paysan. Les seigneurs des environs de Vulbens et ceux de la rive droite ont donné des rentes.

Comment ces biens étaient-ils mis en valeur ?
L'aspect massif et la taille des parcelles de Cologny indiquent des échanges de terres, fait par les religieux pour avoir des champs plus vastes et plus faciles à travailler.

Les parcelles de Dingy, Chevrier et Vulbens ont probablement toujours été affermées en raison de leur éloignement des bâtiments. Celles de Cologny ont-elles été travaillées par des manouvriers attirés par les franchises, payés à la tâche et dirigés par le précepteur ou recteur ? Ont-elles aussi toujours été affermées ? En tout cas, n'imaginons pas des dizaines de moines au travail. S'il y en a eu, ils ne devaient pas être bien nombreux.
Dès 1578 au moins, tous les biens de la commanderie du Genevois étaient affermés (37).

L'étendue du domaine ne semble avoir vraiment varié qu'une fois, avec le lotissement, à la fin du Moyen Age, d'une partie des terres de Dingy. Les autres modifications ne sont que de détail : vers 1690, les religieux reçoivent une pièce de terre « relachée par Perron Bouzon en payement des censes et servis dûs » (redevances seigneuriales). Ces dettes furent payées un peu plus tard et la parcelle récupérée par son détenteur initial.
Vers 1700, une terre leur revient, à cause d'une échutte : on la revend peu après (38).

En 1569, les religieux albergent (confient) 6 poses de bois situées « Dessus la Maison. » Les bénéficiaires devront verser près de 100 livres d'introge (droit d'entrée), payer annuellement 39 deniers pour le cens et 30 gerbes pour la dîme. Ils n'ont que six ans pour « exerter. »

Les religieux se réservent aussi deux grosses pièces « de bois de chesne », sans doute pour des réparations aux bâtiments. Le but était sans doute de percevoir cette dîme à laquelle ils n'avaient pas droit (37).

Un terrain en vigne au XVIe siècle n'est plus que broussailles au XVIIIe siècle : abandon par des fermiers non motivés par une culture demandant tant de travail.

Au début du XVIIe siècle les bâtiments furent réparés. La chapelle fut mise « presque à neuf » car elle était « auparavant proffanée. »
Le pré de « Jorrant » qui « estoit tout buisson et haye a esté déffriché. » En effet, les pillages bernois et genevois avaient désorganisé la gestion de la Commanderie.

En 1724, les cens et servis étant devenus faibles à cause des divisions successorales, ou difficiles à percevoir, les religieux font rénover les terriers, c'est-à-dire réaliser un nouvel inventaire de ce qui leur est dû (39).

Au XVIIIe siècle, ils cultivent du froment, de l'orge, du millet, de l'épeautre (céréale ancienne), des pesettes (légumineuses), un peu de chanvre. Le fermier fait paître quelques bovins.

En 1581, à Cologny, la chapelle de l'hôpital avait des biens en maison, murs, jardin, pré et bois auxquels il fallait ajouter 26 poses de terres labourées (7,6 hectares) valant en fermage 40 coupes de froment, soit environ 3.170 livres (28).

En 1635, Barfelly écrit que l'hôpital valait, affermé annuellement, 40 coupes de froment (40).
En 1642, la moitié du revenu allant au Commandeur était de 30 coupes plus 6 livres de rente.
Au XVIIIe siècle, le domaine de Cologny même est affermé pour 30 à 35 coupes de céréales (41).
En 1730, le rendement est de 10 ou 11 hectolitres à l'hectare ce qui est aussi bas qu'aux alentours.
Un autre calcul donne 2 à 3 grains récoltés pour un semé, aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Vers 1733-1734, lors de l'établissement du cadastre, le revenu net serait de 622 livres pour les quatre paroisses.
En 1754, 530 livres (charges déduites). Cela fait environ le prix de huit bœufs de quatre ans. Ce n'est pas négligeable (42).

Parfois, les biens de Cologny sont affermés avec ceux d'un autre membre de la Commanderie. Dans ce cas, le fermage est uniquement en argent, sans doute parce qu'il y avait un sous-affermage.

Dans les quatre paroisses la « maison de l'hôpital » de Cologny possédait environ 42 hectares. En 1447, le seigneur laïc, lui, n'avait qu'une dizaine d'hectares près de son château de Vulbens (plus deux grandes forêts). L'essentiel de ses revenus venait des tailles et des dîmes.

Par la suite, l'étendue du domaine des religieux n'a pas augmenté. Au contraire. Leur seigneurie a connu un sort opposé à celle du Vuache qui acquiert beaucoup de terrain.

Deuxième différence : les bois, peu rentables, n'occupent qu'une faible partie du domaine des Hospitaliers alors que le seigneur laïc tient d'immenses forêts. Mais pour un chevalier, chasser l'ours, le loup et le sanglier est un entraînement au combat en même temps qu'un passe-temps noble.
Carte de Delahaye

Un bac à Traille remplacé par le pont Carnot
En 1787, suivant le mouvement libérateur lancé par les princes sardes, le Commandeur de Compesières affranchit, contre indemnité, les paysans de tous les droits seigneuriaux (48).

Les Français envahissent la Savoie en 1792. Le 9 germinal an III, Cologny, devenu bien national, fut vendu à Bernard Baud de Colonges (44). Les terres de Dingy passèrent en l'an X à plusieurs paysans.

En 1794, le fermier décrit ainsi la chapelle : « une chapelle délabrée de sainte Anne (!), une statue de Notre Dame sur l'autel avec un bénitier en roc et une cloche d'un quintal transportée à Vulbens car la chapelle tombe en ruines. »

Pendant la période française, le bateau est affermé par l'administration. Les Français partis, en 1817 le marquis du Vuache reprend possession de ses droits sur le bac.

Cologny étant depuis 1817 à la limite de la petite zone franche, plusieurs particuliers traversent en fraude le fleuve pour faire du transport ou de la contrebande. Les Douanes surveillent le secteur attentivement, d'autant plus qu'on pouvait aussi venir de Suisse par Chancy, la forêt et là remonter vers Vulbens. La contrebande porte sur le sel, le sucre, le tabac, les bovins, etc.
Je ne veux pas alourdir ce texte dans la base de données avec les notes. Je vous y renvois par ce lien — Notes

Source : Philippe Duret. Echos saléviens : revue d'histoire locale. La Salevienne, page 7 à 37. La Salévienne, 1987 — BNF

Domus Hospitalis de Coligny
— De Coloniaco, de Coloigniaco ; prior Colognaci ; Colognia, Colonheu.
— Les hospitaliers de Laumusse possédaient, dans la paroisse, un membre de leur ordre.
— Dans le bourg ils avaient une chapelle dite de Hyerusalye, sous le vocable de saint Jean-Baptiste.
— Au XVIIe siècle, quoique le revenu de cette chapelle fut considérable, il ne s'y faisait aucun service.
— Archives du Rhône, titres de Malte, mss. I, 4500, page 151.
— Visite pastor. de 1655, fº 183.
— Archives de la Côte-d'Or, titres Coligny.

Topographie historique du département de l'Ain, ou Notices sur les communes, les hameaux, les paroisses, les abbayes, les prieurés, les monastères, accompagnée d'un précis de l'histoire du département depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Révolution. Par Guigue, Marie-Claude. Editeurs: Gromier ainé (Bourg-en-Bresse), A. Brun (Lyon), Dumoulin (Paris) 1873.


Compesières   (74)

Département: Haute-Savoie, Arrondissement et Commune: Saint-Julien-en-Genevois - 74


Château de Compesières
Château de Compesières


Pays: Suisse, Canton: Genève, Commune: Bardonnex. J'ai donné comme commune Saint-Julien-en-Genevois, qui est à la frontière Suisse et près de Compesières

La commanderie de Compesières


Dans la région du Genevois, l'évêque Aymon de Menthonay, mû par le désir de promouvoir l'installation d'un hospice près de Genève et d'une voie importante de communication, donna en 1270 à Guy de Chevelu, précepteur des maisons de l'Hôpital de Saint-Jean en Savoie, l'église de Compesières avec ses droits et dépendances.
Bien que située en terre savoyarde, la commanderie du Genevois appartenait à la langue d'Auvergne. Délimitée par la langue de Provence au sud et par celle de France au nord et à l'ouest, elle était l'une des trois langues françaises et comptait une cinquantaine de commanderies.
Le pilier de la langue d'Auvergne assumait la charge de maréchal de l'ordre. Plusieurs commandeurs de Compesières accédèrent à cette dignité.

En 1279, l'église de Compesières était située dans un lieu isolé. Quant au château actuel, il fut construit au XVe siècle par le commandeur Guy de Luyrieux, peut-être en remplacement d'un premier édifice devenu insuffisant.

Lorsque Genève adopta la Réforme, les Bernois déclarèrent la guerre au duc de Savoie et envahirent le Pays de Vaud, le Chablais et la région proche de Genève.
Plusieurs églises et maisons fortes furent incendiées. Compesières n'échappa pas à la tourmente et la commanderie fut pillée en 1536, avant de devenir la résidence des baillis bernois pour une trentaine d'année. Cette période connaissant également de fortes tensions dans le Levant, les commandeurs étaient absents de la région.
Ils avaient rejoint le Couvent pour se battre contre les Turcs et plusieurs d'entre eux s'illustrèrent lors des combats le long des côtes de Barbarie ou au grand siège de Malte.

Lorsque Compesières fut rendue à l'ordre à la fin du XVIe siècle, les relations avec la Rome protestante restèrent tendues, en raison de la différence de confession. La situation s'améliora avec la paix signée à Saint-Julien en 1603. Mais après une crise qui avait duré un siècle, la commanderie de Compesières se trouvait dans un état lamentable. Un nouveau commandeur, Jacques 1er de Cordon d'Evieu, allait la restaurer, tant au temporel qu'au spirituel.

Les commandeurs se succédèrent à Compesières jusqu'en 1792, lorsque les troupes françaises envahirent la Savoie. En France, l'ordre de Malte avait perdu tous ses privilèges dès le 15 septembre 1789, mais les commanderies considérées comme biens d'un souverain étranger, avaient été préservés. Mais en 1792, l'Assemblée législative vota la confiscation et la vente des possessions de l'ordre, le privant ainsi de plus de la moitié de ses revenus européens. L'arrivée des Français à Compesières marqua donc la fin de la présence de l'ordre dans la région. Le dernier commandeur, Tulle de Villefranche, dut quitter sa commanderie du Genevois. Il se rendit à Malte, oû il participa à la défense contre Bonaparte, avant de suivre le grand maître dans son exil à Trieste.
Sources : Association des officiers de réserve de la Marine nationale (France). Paris 1997 - BNF

Autres informations Wikipedia

Compesières
— L'église de Compesières fut donnée en 1270, à l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem par l'évêque Aimon de Menthonay lequel se réserva la juridiction spirituelle sur cette église.

Cette commanderie fut érigée en titre en 1312 que l'Ordre des Templiers ayant été supprimé, ses biens furent unis à l'Ordre de Saint-Jean.

Voici quelques-uns des commandeurs :
— Guy de Chevelu, 1270-1312
— Aynard Venturi, dit Talabart, 1398
— Amédée de Seyssel, 1415
— Guy de Luyrieux, 1435-1446, général des galères de Rhodes
— Jean de Grôlée, 1491-1512
— François de Grôlée, 1516
— Louis de Châtillon, 1545-1555
— Guillaume de Coppier, 15..-1565
— Pierre de Sales, 1565
— Claude de Dortans, 1573
— François de Leugney, 1573 (de Foras, article La Faverge)
— Jean de Lugny, 1574
— Laurent de Veigié, 1582
— Adrien de Jaquelin, seigneur de Jarsy, 1590
— Pierre de Sacconnex, 1592-1608, etc., était en même temps grand prieur d'Auvergne
— Jacques de Cordon d'Evieux, l652-1674, grand maréchal de Malte
— Jacques, son neveu, 1674-....
— François-Christophe de la Barge, 1699, (Croisollet, II, 160)
— Claude-François de Lescheraines, 1730-1732

Le château de la commanderie, restauré, sert depuis 1822, de presbytère, d'école et de mairie. L'église, rebâtie au XIXe siècle, est l'une des plus belles et plus vastes du canton de Genève.

La commanderie de Compesières était composée des membres suivants :
— Annecy, Hôpital Saint-Jean, 1290.
— Avenex, près Nyon, 1277.
— Chêne-en-Semine.
— Chiésaz (La).
— Clermont (Genevois), 1264-1379.
— Cologny-sous-Bans, 1196-1355.
— Croset (Gex), 1355-1536.
— Dorche (Michaille), 1311-1443.
— Droise à Mognard, 1311-1443.
— Entremont.
— Genève (à la Terrassière), 1277-1306.
— Hauteville en Genevois, 1277-1576.
— Maconex (Gex), 1181-1355.
— Mouxy, à Cornier, 1355.
— Musinens (Michaille).
— Savette (La), à Passeirier, (aujourd'hui La Sarthaz), 1203-1663 (1)
— Vulpillières, localité d'Avregny, 1355-1581.
1. Le temple de La Sarthaz est mentionné en 1251. A cette dernière date Jean II le Monthouz, a doné ses biens sis à Argonay et reconnus en frère Guillon de Ruppe Meymontre, le précepteur du Genevois.
Sources : Gonthier, Jean-François. Œuvres historiques de M. l'abbé Gonthier, Tome 3. Thonon-les-Bains 1901-1903. BNF

Cologny, paroisse du décanat de Rumilly (numéros 1476, 1568), est aujourd'hui un hameau de Seyssel. Son église a été démolie au commencement de ce siècle. Cologny sous
Bans, aujourd'hui hameau de Vulbens (numéros 465, 1144), avait une maison de Templiers, mais non une église paroissiale.

Droisy, ancienne paroisse, est maintenant un hameau de Clermont (numéros 1096, etc.) ; mais la maison des Hospitaliers de Droisier se trouvait à Droise, paroisse de Mognard (n° 1568). (Voir de Loche, Histoire de Grésy-sur-Aix, page 196).
Sources : Sources : Gonthier, Jean-François. Œuvres historiques de M. l'abbé Gonthier, Tome 3. Thonon-les-Bains 1901-1903. BNF


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