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Hôpitaux de l'Ordre de Malte par Départements
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Département des Côtes d'Armor

Croix-Huis (La)   (22)

Domus Hospitalis de La Croix-Huis
Département: Côtes-d'Armor, Arrondissement: Dinan, Canton et Commun: Matignon — 22


Domus Hospitalis de La Croix-Huis
Domus Hospitalis de La Croix-Huis


La charte donnée en 1160 aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem mentionne l'aumônerie de la Croix-Huis sous la nom de « Eleemosina de Cruce Hahaguis. » « En la paroisse de Saint-Cast prés Matignon, évesché de Saint-Brieuc, — nous apprend l'état de 1a commanderie de Carentoir en 1643, — est un autre membre dépendant de ladite commanderie, appelé la Croix-Huis, où il y a une chapelle fondée de Saint Jean-Baptiste, desservie par dom Guy Gourneuff, lequel pour tout salaire reçoit les oblations et charités des voisins, et il y a audit lieu ornements suffisans pour y faire le service, lesquels sont audit Gourneuff qui y entretient pareillement les réparations de ladite chapelle, et sur le pignon d'icelle est une moyenne cloche. »

« Et il n'y a audit lieu aucun domaine ny logement du propre de ladite commanderie, fors quelques rentes, dîmes et obéissances sur quelques maisons et héritages situés aux environs de ladite chapelle. »

Comme aussi sur certains héritages qui sont ès paroisses de Henan-Bihan, Pléboulle, Pléhérel, Saint-Germain-de-lamer, Erquy, et se pourvoist toute juridiction à l'Hospital de Quessoy.

Le village Saint-Jean existe encore en Saint-Cast, mais sa chapelle a été renversée. On voyait aussi jadis en Pléboulle, Saint-Germain-de-la-mer, Quintenic et Hénanbihen des villages avec chapelles sous le vocable du même Saint Jean patron des Hospitaliers ; on croit même que le village de la Croix, entre Pléboulle et Saint-Cast, est l'ancienne Croix-Huis.

Hôpital Saint-Jean près de Pléboulle


Domus Hospitalis
Domus Hospitalis Pléboulle


En Hénanbihen la chapelle Saint-Jean s'élevait au bord d'un chemin gallo-romain, et dans cette même paroisse les Hospitaliers possédaient en 1160 les aumôneries du Tertre-Conan et de la Grand'Fontaine. « Eleemosine de Tertre-Conan et de Grandifonte. »

Pléhérel



Domus Hospitalis de Pléhérel
Domus Hospitalis Pléhérel


L'Hôpital en Pléhérel est un gros village dont la possession fut également assurée aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en 1160 ; il est appelé alors « Eleemosina de Pleherel. »

Hôpitaux



Domus Hospitalis Hôpitaux
Domus Hospitalis Hôpitaux


On retrouve en Erquy le village des Hôpitaux et l'on dit qu'au temps des croisades cette paroisse possédait une léproserie à l'usage des soldats atteints de la lèpre et revenant de Terre-Sainte. « La chapelle de cet hôpital est aujourd'hui en ruines, mais elle a conservé la dénomination de chapelle du Saint-Sépulcre. »
Il est vraisemblable que ces divers hôpitaux et chapelles devaient à l'origine dépendre de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Notons encore quelques petites rentes que recueillait le possesseur de la Croix-Huis dans les paroisses de Collinée, Matignon et La Bouillie.
En Matignon le village de l'Hôpital était a l'origine aux Hospitaliers qui y rendaient, dit-on, la justice au pied d'une croix subsistant encore. L'Aumônerie de la Bouillie et ses dépendances leur appartenaient aussi; elle est mentionnée dans la charte de 1160 sous le nom de « la Bollie cum appendiciis », comme étant leur propriété.
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902


Loc'h (Le)   (22)

Domus Hospitalis Le Loc'h
Département Côtes-d'Armor, Arrondissement Guingamp, Canton: Callac, Commune: Maël-Pestivien — 22


Domus Hospitalis Le Loc'h
Domus Hospitalis Le Loc'h


La charte de 1160 donnée en faveur des Chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, mentionne l'aumônerie de Maël et du Loc'h « Eleemosina de Maël et Luc'h. » Il s'agit ici de l'Hôpital du Loc'h ou du Loc'h — comme on dit maintenant — situé dans la paroisse de Maël-Pestivien, au diocèse de Cornouaille.

Le chef-lieu du membre de Maël et Loc'h était le bourg du Loc'h, trêve de Maël-Pestivien.
C'est aujourd'hui un simple village bâti au milieu d'énormes blocs erratiques, dans un paysage des plus sauvages et au bord d'un pittoresque étang; il appartient maintenant à la paroisse de Peumerit-Quintin.

Les commandeurs avaient « haulte, moyenne et basse justice exercée audit bourg du Louch le lundy de chaque semaine ; plus le droit de présenter un curé ou vicaire pour desservir l'église tréviale du Loc'h. » Seigneurs temporels et spirituels du Loc'h, ils y possédaient à l'origine un manoir dont les « vieilles mazières qu'on dit avoir esté anciennement un chasteau » sont signalées dans le procès-verbal de la visite faite en 1617. Aujourd'hui encore, on retrouve « les ruines de l'aumônerie du Loc'h en très petit appareil, situées au sommet d'une motte de terre entourée d'un étang. »

A côté des derniers débris de cette demeure primitive des Hospitaliers, se trouvait la chapelle Saint-Thomas, leur appartenant aussi, mais également tombée en ruines avant 1617. Relevé toutefois au XVIIe siècle, ce petit sanctuaire présentait en 1720 le blason de l'Ordre de Malte sculpté sur sa façade, et renfermait les statues vénérées de saint-Thomas et de saint Cado.

Comme à la Feuillée, un bois futaie ombrageait l'église et le bourg du Loc'h. Cette église — devenue de nos jours chapelle frairienne — est dédiée à saint Jean et en forme de croix latine. C'est un édifice en grande partie du XVe siècle, mais conservant quelques débris de sa construction primitive au XIIe, « notamment deux piliers qui soutiennent le porche, une lancette dans le collatéral sud, et un maître autel formé d'une table de pierre reposant sur deux petits piliers. » Au réseau de la principale vitre, on retrouve les armoiries des sires de Rostrenen et de Quelen; dans un débris de la verrière placée au-dessus de l'autel du transept septentrional, on lit encore: « L'an mil IIIIcc IIIIxx XVI (1490), fust faict cet aultier et chapelle. » Enfin, dans le cimetière s'élève un intéressant calvaire du XVIe siècle.

« De ladite église tréviale Saint-Jean du Loc'h — dit la déclaration de 1697 — le commandeur (de la Feuillée) est seigneur fondateur et luy appartiennent les oblations, prières nominales, escussons, enfeu et escabaux, aucun aultre seineur n'y ayant droit, ladite église et son cimetière étant bornée des terres de la Commanderie. »
Outre leur manoir et ses deux chapelles, les commandeurs possédaient au Loc'h des jardins, un étang et un moulin.

Maël-Pestivien



Domus hospitalis Maël-Pestivien
Domus Hospitalis Maël-Pestivien


A Maël-Pestivien, l'église paroissiale, dédiée à Saint-Laurent, dépendait également de la commanderie, aussi bien que le presbytère sis au village de Kersimon ; le commandeur prétendait même présenter le recteur.
L'Ordre de Malte possédait encore dans cette paroisse deux autres chapelles: Saint-Jean et Saint-Pierre de Kerismaël appelée aussi la Vieille-Eglise — et Saint-Jean de Locmaria, près du village de Coëtmaël. Dans ces deux chapelles, on voyait en 1720 les armoiries du commandeur de Sesmisons et les statues de Notre-Dame et de Saint-Jean. En 1617, dom Jean Le Gal desservait la chapelle de Locmaria, tombée en ruines aujourd'hui.

moulin du Blavet



Domus hospitalis moulin du Blavet
Domus Hospitalis moulin du Blavet


Le commandeur de la Feuillée jouissait, par indivis avec le seigneur de Couvran, du moulin du Blavet en Maël-Pestivien. De lui seul relevaient en cette paroisse vingt villages au moins et environ quatre-vingt tenues. Aussi était-il tenu de payer chaque année au roi, entre les mains de son sénéchal de Carhaix, en la trêve du Loc'h, « à la Saint-Michel-Montgargan 5 sols monnoye, et le premier jour d'aoust la chefferente des choses qui suivent, scavoir:
2 quartes de vin; 8 denrées de pain; 1 quartier de mouton; 2 chappeaulx de paille et 2 faucilles neuves. » Il était en plus tenu de faire dire une messe « chacune sepmaine et chacun lundy audit tref du Loc'h. »

Le membre de la Magdeleine en la paroisse de Kergrist-Moëlou dépendait aussi du Loc'h. Les Hospitaliers avaient là une chapelle entourée de bois touffus et de vieilles rabines ; sainte Magdeleine et saint Jean étaient les patrons de ce sanctuaire. Trois villages voisins, dont un nommé le Croisty et quatorze tenues appartenaient également à l'Ordre do Malte.

Burtulet


Département Côtes-d'Armor, Arrondissement Guingamp, Canton: Canton: Callac - 22


Domus Hospitalis Burtulet
Domus Hospitalis Burtulet


Les Chevaliers Hospitaliers avaient encore dans la paroisse de Saint-Servais, un village nommé Burtulet, avec une chapelle signalée en 1697. Il est à remarquer qu'à cette époque la Magdeleine de Kergrist et Burtulet sont dits formellement dépendre du membre du Loc'h ; néanmoins en 1540 le commandeur de Quimper avait rendu aveu pour ces deux établissements ; ce qui prouve une fois de plus qu'on rattachait facilement les biens de l'Ordre tantôt à un membre et tantôt à un autre.
La chapelle de Burtulet existe encore, pittoresquement assise dans les montagnes ; c'est un joli petit édifice du XVIe siècle.

La déclaration de 1697 mentionne enfin, dans la paroisse de Plusquellec, une dime appartenant au commandeur de Saint-Jean du Loc'h.
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902


Maël et Loc’h   (22)

La commanderie de Maël et Loc’h, Le Loc’h
Département: Côtes-d’Armor, Arrondissement: Guingamp, Canton: Rostrenen, Commune: Peumerit-Quintin - 22


Domus Hospitalis Le Loch
Domus Hospitalis Le Loch


Le loch est mentionné pour la première fois en 1160 dans la charte confirmative de Conan IV, attestant une donation an Luch en faveur des Hospitaliers.
Dans le second quart du XVe siècle, le Loc’h dépend de la commanderie de La Feuillée, car le commandeur Pierre de Keramborgne, revendique la commanderie du Louc’h et de Mael.
Sur la vitre du collatéral sud figurait nencore au milieu du XIXe siècle, Saint-Jean et une inscription : « L’an mil IIIIcc IIIIxx XVI fut faict cest vitre et chapelle en l’endroit de Guille Taret, feu Guille Taret est mis »
Les membres de la famille Taret semblent être des donateurs ponctuels du Loc’h, car on pouvait encore lire sur un des piliers de la porte du cimetière l’inscription : « 1504. Y Taret FABRIQV »
Les commandeurs de Maël et Loc’h possédaient aussi un manoir proche de leur église, car une déclaration de 1617 mentionne l’existence de vieilles maziéres qu’on dit avoir esté anciennement un chasteau.
En 1697, en la paroisse de mael Cy devant la treve du louch dont est Seigneur fondateur et à tous droits en Icelle Le Sieur Commandeur, et à lui apartiennent les offrandes et oblations, pieres nomminalles, Escussons, enfeux, Escabaux, accoudouers, aucuns autres Seigneurs ny ayant droit, Lad.
Treve et son Cimetiere Embornée de Touttes parts des Terres de la Commanderie, Contenant en fond vingt Cordes, et douze pieds.
La Chapelle St. Thomas en lad paroisse de Maël proche ladite églize Trevialle de St. Jean du louch, laquelle appartient pareillement audit Commandeur, Et contient en fond quatre cordes et vingt pieds de tout, joignant de Touttes parts aux issues du bourg.

Au milieu du XIXe siècle, lors de sa visite au bourg du Loc’h, Sigismond Ropartz remarqua dans la maîtresse-vitre - aujourd’hui disparue - un écusson fascé d’hermines et de gueules indiquant le lignage des Rostrenen, et un autre écusson de gueules à la croix pleine d’argent, rappelant les armes de Malte.
Et dans la baie du transept sud, un seul écusson mi-parti, burelé d’argent et de gueules, et fretté d’argent et de gueules, indiquant un lignage des Quélen.
En 1961, la chapelle étant fortement délabrée, l’autel sculpté de Saint-Jean-du-Loc’h est déplacé dans l’église de Peumerit-Quintin et consacré sept ans plus tard par Monseigneur Kervéadou.
La chapelle est entièrement restaurée dans les années 1980 par l’association « Les Amis de la chapelle du Loch »

Informations et images sur la commanderie de Maël et Le Loch

Commentaire descriptif de l’édifice
Le village du Loc’h est situé à 3km à l’ouest du Bourg de Peumerit-Quintin au milieu d’une large zone humide éponyme du lieu-dit.
L’ancienne chapelle dédiée à Saint-Thomas et Saint-Cado a complétement disparu tout comme le manoir emmotté déjà ruiné au début du XVIIe siècle.
Sur la route qui mène à Maël-Pestivien, on retrouve à l’est, le moulin de la commanderie totalement reconstruit, mais dont les anciens biefs sont encore perceptibles et à l’ouest, l’église du Loc’h, construite au milieu d’un large placître clos, qui enclavait autrefois le cimetière.
Elle adopte un plan en croix latine au chevet plat peu saillant.
La façade occidentale est percée d’un portail en plein-cintre mouluré d’un mince tore et le mur pignon est coiffé d’un clocheton à une seule chambre de cloche.
La façade septentrionale est totalement aveugle, le mur pignon du bras de transept nord étant en saillie sur un terrain à fort pendage, il est soutenu à l’ouest, par un contrefort droit, et à l’est, par un contrefort oblique, les deux présentant un double ressaut en larmier.
Seule, une baie rectangulaire simplement chanfreinée éclaire le bras de transept via le gouttereau est.
La façade orientale ne présente que peu d’intérêt, car elle a été entièrement reconstruite à la fin du XXe siècle.
La façade méridionale, faisant face à l’entrée du placître, est la plus remarquable, elle est composée, d’ouest en est, d’une mince fenêtre remontant au XIIe ou XIIIe siècle qui éclaire timidement l’entrée de la nef, puis le porche, remonté il y a quelques décennies, est voûté en berceau, l’intrados est souligné d’une mouluration en cavet et repose sur deux piles engagées circulaires aux chapiteaux feuillagés, semblant datées de la même période que la mince fenêtre.
Sous le porche, le portail méridional est imposant, il est à doubles voussures à mouluration torique en accolade retombant sur de fines colonnettes engagées à bases, astragales et chapiteaux feuillagés.
Le portail est surmonté d’une archivolte en accolade chanfreinée à retour.
Entre le porche et le transept, il y avait un ossuaire qui a disparu depuis, une petite fenêtre en arc brisé prend place sur le gouttereau de la façade sud.
Le bras de transept a été aussi entièrement reconstruit, mais sur ses rampants, ont été réemployées une série de crochets évoquant une restauration à la charnière des XVe et XVIe siècles.
À l’intérieur, quelques éléments antérieurs aux reconstructions récentes sont encore perceptibles : posés contre le piédroit du portail méridional, les fragments d’un pinacle fleuronné et d’une colonne, rappelant le gothique renaissant breton, à l’angle sud-est du bras de transept sud, un fragment de remplage gothique, et contre le maitre-autel, un tronçon de colonne octogonale.
L’entrée de la chapelle sud, formant transept, est marquée de colonnes engagées semi-octogonales à chapiteaux moulurés en cavet et soulignés d’un astragale torique.
Les crédences trilobées du chevet et des transepts indiquent une mise en œuvre des XIVe et XVe siècles.
Enfin, à la croisée du transept, une dalle funéraire aux écus frustres prend place devant l’autel.
À noter, les inscriptions des vitraux contemporains qui reprennent ceux des anciennes verrières de la chapelle : la maitresse-vitre présentent les écus de Malte, des Rostrenen et des Quelen, et sur la baie rectangulaire du transept nord, on peut voir un phylactère reprenant l’inscription de 1496 décrite par Sigismond Ropartz en 1862.
Sources : Sources : Ministère de la Culture. Présentation de la commune de Peumerit-Quintin ; Commanderie d’Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, Le Loch (Peumerit-Quintin) - (ancienne étude d’inventaire de 1967) ; La commanderie de Maël et Loc’h, Le Loc’h (Peumerit-Quintin) BNF


Palacret (Le)   (22)

Commanderie Saint-Jean du Palacret
Département: Côtes-d’Armor, Arrondissement: Guingamp, Canton: Bégard — 22


Commanderie Saint-Jean du Palacret
Commanderie Saint-Jean du Palacret


C’est en la paroisse de Saint-Laurent, au diocèse de Tréguier, que se trouvait la commanderie Saint-Jean du Palacret. Quelques-uns ont voulu voir cet établissement désigné dans la charte de 1160 sous le nom de « Hospitalis inter duas Kemper », parce qu’il se trouve, en effet, entre les deux paroisses de Quimperven et Quimper-Guézennec; mais il faut avouer qu’il n’en est point limitrophe et même assez éloigné.

Au commencement du XVe siècle, nous voyons le Palacret uni à la Feuillée, et dès cette époque il semble la résidence préférée de certains commandeurs, car Pierre de Keramborgne, l’un d’entre eux, y fut inhumé en 1449. Plus tard, le commandeur René de Saint-Offange fit au manoir des travaux considérables, et voulut même y être représenté dans la chapelle en un « grand tableau », agenouillé aux pieds de saint Jean-Baptiste, patron de son Ordre.

La commanderie avait son chef-lieu en ce manoir du Palacret, situé à un quart de lieue du bourg de Saint-Laurent. C’était en 1727 une maison composée de deux salles basses avec cuisine, et trois chambres hautes auxquelles conduisait un escalier de granit; au-dessus des ouvertures étaient extérieurement sculptées les armoiries de l’Ordre de Malte et du commandeur René de Saint-Offange.

Le manoir occupait le fond d’une cour close de muraille, précédée d’un grand portail formant pavillon. Dans cette cour s’élevait la chapelle dédiée à saint Jean ; celle-ci contenait quatre autels, le tombeau du commandeur de Keramborgne, consistant en « une pierre tombale avec escriture en lettres gothiques », et le tableau du commandeur de Saint-Offange ; on y voyait aussi les statues de Notre-Dame et de saint Jean, et dans la verrière les armes du roi de France en supériorité, et au-dessous celles de l’Ordre de Malte et du commandeur René de Saint-Offange. Ce dernier avait encore construit dans la même cour une écurie « pour sept chevaux » qui lui coûta plus de 1.000 livres.

Actuellement, le manoir et la chapelle du Palacret sont détruits de fond en comble. Leurs ruines, situées dans une vallée, « près de la rivière du Jaudy, montrent une enceinte carrée entourée de fossés ; quelques pans de murs couverts de lierre sont seuls encore debout, dans l’un d’eux est encastré un écusson dont on ne reconnaît plus les pièces. »

Autour de ce manoir s’étendaient jadis des jardins et des bois de décoration avec quelques pièces de terre, le tout contenant en 1697 environ 15 journaux. Au joignant de la cour, les eaux du Jaudy faisaient tourner la roue d’un moulin.

L’église paroissiale de Saint-Laurent étant bâtie dans le fief du Palacret, le commandeur s’en trouvait le seigneur patron et prééminencier. Il avait droit d’en présenter le recteur ; « en recognoissance de quoy les fabriques de ladite église » payaient « par chacun an, au lendemain de Noël, feste de saint Estienne, audit commandeur cinq sols monnoye et une obolle de chefferente ; faute duquel poyement ledit commandeur (avait) pouvoir de faire fermer le missel et empescher l’évangile de se dire jusqu’à ce qu’il eust esté poyé. » Ce qui prouve qu’on devait apporter cette rente au commandeur durant la première partie de la messe, après qu’il eût pris place au sanctuaire dans son banc seigneurial.

’Saint-Laurent


Domus Hospitalis Saint-Laurent
Domus Hospitalis Saint-Laurent


L’église de Saint-Laurent, oeuvre des XIVe et XVe siècles, ne manque pas d’intérêt. Extérieurement, elle a un joli porche au sud; à l’intérieur, elle renferme de curieuses peintures sur sa voûte et des boiseries sculptées, le tout dans le style de la Renaissance. Mais ses belles fenêtres quadrilobées ne présentent plus les armoiries des commandeurs du Palacret qu’on y voyait encore au dernier siècle. En revanche, dans le mur du cimetière, sont encastrés deux écussons de Chevaliers de Malte: l’un d’eux est en bannière et chargé de « trois quintefeuilles », l’autre porte « un chevron accompagné aussi de trois quintefeuilles. »

Peut-être l’un de ces écussons provient-il du pilier dressé jadis près du cimetière, portant ceps et collier pour la punition des blasphémateurs et témoignant de la haute juridiction du Palacret.

Non loin de l’église Saint-Laurent, le commandeur du Palacret avait encore « une cave pour le débit du vin les jours de pardons et assemblées d’icelle église. y> Nous avons déjà vu ailleurs que les commandeurs, étant exempts de payer au roi les droits sur les boissons, en profitaient pour faire vendre du vin certains jours de fête à la porte de leurs églises.
Outre le bourg de Saint-Laurent, quelques villages de cette paroisse et une vingtaine de tenues relevaient de la commanderie.

Louargat



Domus Hospitalis


La grande paroisse de Louargat (Commune du canton de Belle-Isle-en-Terre) dépendait presque entièrement du Palacret, qui n’y comptait pas moins d’une centaine de tenues.
Louargat était l’établissement des Chevaliers Hospitaliers mentionné dans la charte de 1160 « In Treker eleemosine de Louergat. » Le commandeur du Palacret y levait les dîmes des bourgs de Louargat et de Saint-Eloy, des frairies de Keranséoal et de Keranfiol et une portion de celle du Menec’h-Ty (la Maison du Moine) qu’il partageait avec l’abbé de Bégard; il y possédait aussi le moulin de Keranfiol, affermé 160 livres en 1697.

Le commandeur du Palacret jouissait en l’église Notre-Dame de Louargat, dont il était seigneur, de droits analogues à ceux qu’il avait en celle de Saint-Laurent. Ces privilèges étaient même plus considérables, car « à cause du patronage de ladite église » dont il présentait le recteur, ce commandeur recevait chaque année dudit recteur, d’abord « 20 deniers monnoye pour cause de son presbytère », puis le premier dimanche d’août, fête du pardon paroissial, « . 10 sols monnoye pris sur les offrandes »; enfin une rente de 18 livres, « poyable en deux termes à Noël et à Pasques. »

Mais ce n’était pas tout: ce pauvre recteur de Louargat devait encore de rente annuelle au commandeur du Palacret, toujours « en recognoissance de patronage », à la fête de saint Michel, 20 deniers monnaie, « et à deffault dudit poyement, le commandeur ou ses receveurs (en son absence) peuvent clore le livre ouvert avant de commencer la grande messe. » D’après le procès-verbal de la visite de 1617, la rente de Pâques devait se payer de la même façon au commencement de la messe: « Le recteur de Louargat doit 5 livres monnoye le jour de Pasques, qu’il doibt poyer avant entrer en évangile de la messe dudit jour. »

La grande verrière de l’église de Louargat renfermait en supériorité les armoiries de l’Ordre de Malte. Ce sanctuaire — reconstruit de nos jours — possédait aussi en 1720 « un grand autel fort beau et une belle et magnifique croix d’argent pour porter en procession. » A côté on voyait, en 1727, un poteau aux armes du commandeur de Tambonneau, avec cep et collier pour la punition des malfaiteurs.

Outre l’église de Louargat, les chapelles de Saint-Eloy, Saint-Michel et Saint-Jean, situées dans cette paroisse, appartenaient aussi à l’Ordre de Malte.

La chapelle de Saint-Eloy — aujourd’hui église paroissiale séparée de Louargat — était surtout importante ; c’était déjà et c’est encore un des lieux de pèlerinages les plus fréquentés en Bretagne par les éleveurs de chevaux, qui accourent par milliers à ses pardons.
En 1727, il s’y tenait « chacune année sur le placître de l’église onze foires », dont les coutumes étaient levées par le commandeur du Palacret. Ces droits de coutumes et les oblations de la chapelle étaient à cette époque affermés 150 livres, « outre l’entretien de ladite chapelle. »

La chapelle de Saint-Michel, subsistant encore au village de Kermicaël, offre peu d’intérêt ; il en est de même de la chapelle Saint-Jean qui se trouvait, disent les actes de 1697, « au village de Locquenvel, paroisse de Louargat », entourée d’un bois de haute futaie appartenant également au commandeur du Palacret.

Le nom de la paroisse de Pédernec figure dans la charte de 1160 ; les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem possédaient, en effet, sur le territoire de Moustérus, trêve de Pédernec, quelques villages, un certain nombre de tenues et une petite dîme ; l’un de ces villages porte toujours le nom significatif de Coz-Mouster (le Vieux Monastère).

Tréwazan


Tréwazan
Domus Hospitalis Tréwazan


Dans la paroisse de Prat (Commune du canton de La Roche-Derrien) se trouvait le membre de Trévouazan (Trewazan). Le commandeur du Palacret avait là onze tenues, levait une dime et possédait une chapelle et un moulin.
Cette chapelle était celle de Saint-Jean de Tréwazan, dont le pardon continue d’être très suivi le 24 juin. L’édifice se compose d’une nef avec un seul collatéral au nord, séparé d’elle par trois arcades en anse de panier. Jadis il s’y trouvait trois autels avec les statues de la Sainte Trinité, de Notre-Dame et de Saint-Jean ; alors un jubé en bois sculpté, surmonté de Notre-Seigneur crucifié, séparait le haut de la grande nef du bas de l’édifice. La maîtresse-vitre, posée dans une belle fenêtre de style flamboyant, renfermait les armoiries de l’Ordre de Malte et du commandeur; elle conserve encore quelques fragments de ses anciennes peintures. Au-dessus de l’autel et de la fenêtre est sculpté intérieurement l’écusson d’un autre commandeur, posé sur une croix de Malte et portant: d’azur à la fasce de... chargée de trois étoiles d’or, accompagnée en chef d’une croix, en pointe d’une aigle éployée de sable à deux têtes.
En 1617, Saint-Jean de Tréwazan avait des fonts baptismaux et un cimetière justifiant la tradition locale — confirmée par le nom même du lieu — qui prétend que cette chapelle était originairement une trêve de Prat.

Runan possession des Templiers


Notre-Dame de Runan
Notre-Dame de Runan


On croit reconnaître Runan (près Pontrieux) dans le « Runargant » de la charte donnée aux Templiers en 1182. Notre-Dame de Runan — jadis trêve de Plouëc, aujourd’hui église paroissiale — se trouvait, en effet, « assise dans le fief du Palacret. » Aussi le commandeur de la Feuiilée en prit-il possession le 5 juin 1720 en qualité de commandeur du Palacret. C’était déjà un sanctuaire très fréquenté des pèlerins, lorsqu’en 1414 le duc de Bretagne Jean V y créa une foire en faveur des habitants.

L’église de Runan est un fort bel édifice qui vient d’être habilement restauré; ses trois nefs sont couvertes d’écussons, comme la robe d’une grande dame au temps de la chevalerie. Dans sa magnifique fenêtre flamboyante du chevet, la verrière présente les armes de la reine-duchesse Anne de Bretagne, bienfaitrice du lieu, et plus bas les blasons de tous les gentilshommes des alentours; aux siècles derniers, les armoiries de l’Ordre de Malte et celles de plusieurs commandeurs du Palacret s’y trouvaient également. Dès 1438, le commandeur de Keramborgne fit aussi sculpter son blason, tenu par des lions, au-dessus des fenêtres. En 1617, cette église renfermait sept autels, et il s’y faisait « un très beau service journellement, car il y tombe de grands biens. » La statue de Notre-Dame de Runan, « toute dorée », et dans une superbe niche, était accompagnée de celle de saint Jean. Le trésor contenait: « une croix processionnelle, un soleil magnifique, des calices, ciboires et encensoirs, le tout en argent. » Il y avait quatre cloches dans la tour; dans le cimetière se trouvait un reliquaire, un « grand calvaire avec figures de saints », une chaire pour prêcher en plein air, et un oratoire avec autel où l’on disait la messe les jours de pardons, à cause de la multitude des pèlerins.

Malgré sa richesse, la fabrique de Runan ne devait au commandeur du Palacret que 24 sols de rente, et « pour les offrandes du lieu 100 sols, à la Nativité de Notre-Dame. » Par ailleurs, ce commandeur avait certains droits sur la halle de Runan, et jouissait de treize tenues et d’une dîme.

C’était en Pommerit-le-Vicomte (Commune du canton de Lanvollon) que se trouvait le membre de Kerdanet. Son chef-lieu était le village de Kerdanet en la trêve de Saint-Gilles-le-Vicomte faisant partie de la paroisse de Pommerit. Il existe encore actuellement un manoir de Kerdanet, édifice du XVIe siècle, relié au manoir voisin de la Garde par un souterrain voûté en granit de 160 mètres de longueur. Mais si ce manoir a jamais appartenu aux Chevaliers, depuis bien des siècles ils ne le possédaient plus, car il n’en est point fait mention dans leurs archives.

Quant à la chapelle de Kerdanet — aujourd’hui détruite — elle se trouvait dans le village de ce nom et s’appelait Saint-Jean du Temple. Dans son vitrail on voyait en 1617 l’écusson du seigneur du Cleuziou, « par tolérance du commandeur de la Salle » qui avait même autorisé ce gentilhomme à placer un banc dans le sanctuaire; au siècle suivant on y signalait les armoiries de l’Ordre de Malte et celles du commandeur de Belthomas. En 1697 le commandeur de la Feuillée laissait au curé de Saint-Gilles un tiers des oblations de Kerdanet.

La tradition a conservé le souvenir d’une ancienne templerie en Saint-Gilles-le-Vicomte (Pommerit-le-Vicomte), mais elle l’appelle Kerhénoret (?) et la place au lieu de Kerhas (?), à moins d’un kilomètre du bourg.
« La vérité est que des fouilles faites en cet endroit on 1825 ont amené la découverte de plusieurs objets marqués au coin de l’Ordre du Temple (sic). Deux ans plus tard on y découvrait encore un vase rempli de sous tournois. Les champs qui recelaient ces diverses curiosités s’appellent encore le Grand et le Petit Cloitre, nom qui donne une certaine autorité à la tradition. »

Kerhars


Domus Hospitalis Kerhars
Domus Hospitalis Kerhars


Il est d’ailleurs bon de remarquer que ce lieu de Kerhars figure, en effet, dans la charte de 1182 donnée en faveur des Templiers ; il y est appelé « Keraart. »

Locquirec


Domus Hospitalis Locquirec
Domus Hospitalis Locquirec


La paroisse de Lanmeur était dans l’évêché de Tréguier une enclave du diocèse de Dol ; là se trouvait l’église tréviale Saint-Jacques de Locquirec dépendant du Palacret. Aussi les commandeurs étaient-ils à Locquirec (Commune du canton de Lanmeur). « Seigneurs, patrons et fondateurs, y ayant tout ferme droit, banc, enfeu, accoudoir et escabeau. » Ils n’y étaient néanmoins tenus à « aucun service, cette église estant desservie et entretenue par les offrandes qui tombent en elle. » De nos jours, il ne reste plus qu’une rue de Locquirec

Il est dit ailleurs que l’église de Locquirec est « magnifiquement ornée, » ayant quatre cloches et tout ce qui est nécessaire au culte. On y voyait en honneur les statues de saint Jean, patron de l’Ordre de Malte, et de saint Guirec, patron du lieu; dans le cimetière étaient « un reliquaire et une croix de pierre de taille avec un crucifix au pied duquel sont en bosse les armes de l’Ordre; » à cinquante pas de ce cimetière le même écusson était sculpté sur un autre beau calvaire de granit « avec grand nombre de figures et de statues de saints. »
« En recognoissance du patronage de leur église les fabriciens de Locquirec devaient seulement 2 deniers monnoie de rente au commandeur du Palacret. »

On attribue encore à la commanderie du Palacret diverses possessions dans les paroisses de Peumerit-Quintin, Cohiniac et Pléguien, mais nous n’avons point de détails sur ces biens. Notons cependant que les noms de ces paroisses figurent dans la charte de 1160, donnée en faveur des Hospitaliers, « Eleemosine de Pumerit et de Cohiniac et de Pleguen; » en Pléguien se trouvait même une chapelle dédiée à saint Jean.

Nous avons dit précédemment que le commandeur René de Saint-Offange habitait ordinairement le Palacret. Aussi lorsqu’en 1617 les chevaliers Adam de Bellanger, Gabriel de Chamber et N... de Boisbaudrant firent la visite de cette commanderie, interrogèrent-ils les voisins du commandeur sur « sa vie et son bon mesnagement. » Ce furent Yves Quintin, seigneur de Kerhamon, Olivier Nouel, seigneur de Kerguen, Yves Jégou, seigneur de Kerdibertho et Pierre Morin qui répondirent à leurs questions. Ils témoignèrent unanimement en faveur du commandeur de Saint-Offange, de sa vie active et bien réglée, de sa bonne administration des biens de sa commanderie et de « sa plus continuelle résidence au Palacret. »
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902

Pommerit vient du latin « Pomaritum » (pommeraie).
Pommerit (ancienne zone forestière) est une paroisse primitive qui englobait jadis outre le territoire actuel de Pommerit-le-Vicomte, ceux de Saint-Gille-les-Bois, du Faouët, de Trévérec et de Gomménec’h.

L’existence d’un vicomte de Pommerit est attestée depuis 1294 sans que l’on connaisse son nom. « Pomerit Vicecomitis » est cité dès 1330 (lors du procès de canonisation de Saint-Yves). La paroisse de Pommerit-le-Vicomte avec la trève de Saint-Gilles est mentionnée en 1426 (archives de Loire-Atlantique, B2980). Il s’agit de la patrie de Geoffroy de Kermoisan, évêque de Quimper puis de Dol, dans la seconde moitié du XIVème siècle et de Jean Le Brun, aumônier du duc Jean et évêque de Tréguier (décédé en 1378).

Dès 1160, les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem de la commanderie du Palacret (en Saint-Laurent) possède à Saint-Gilles, le membre de Kerdanet et une chapelle Saint-Jean qui en dépend. Certains lieux-dits tels que Ar C’hlast (le Cloître), le « village du monastère » semblent confirmer la présence des templiers et des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Certains lieux-dits tels que Cracousery (du breton kakous, signifiant lépreux), Parc-ar-C’hlandry (du breton klanvdi, signifiant maladrerie) conservent le souvenir d’une léproserie.
Sources: Infos Bretagne

Le Moulin du Palacret
Département: Côtes-d’Armor, Arrondissement: Lannion, Canton: Roche-Derrien, Commune: Prat — 22


Le Moulin du Palacret
Moulin du Palacret


Aujourd’hui propriété de la Communauté de communes de Bégard, le Palacret redécouvre son passé en partenariat avec l’association des « Amis du Palacret. »

Au coeur d’une petite vallée où serpente le Jaudy, le site a connu en effet, plusieurs moments d’histoire distincts: commanderie relevant de l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem au Moyen Age, le Palacret faisait partie des trois commanderies de l’ordre en basse Bretagne. Au début du XIXe siècle, l’écrivain Zénaïde FLEURIOT acquiert la propriété qui deviendra un siècle plus tard, une ferme consacrée en grande partie à l’activité de teillage.
Sources: Moulin du Palacret

Vente de la chapelle Saint jean Baptiste du Palacret
Le 2 novembre 1789, en tant que biens du clergé, les biens de la commanderie du Palacret sont confisqués.
Le 31 juillet 1791 tous les ordres de chevalerie sont dissous; disparaît alors en France, l’Ordre de Malte en tant que seigneurie ecclésiastique; la commanderie du Palacret perd son dernier commandeur: Alexandre Louis Hugues de Freslon de la Freslonnière, chevalier grand croix de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, capitaine général des escadres de la religion, commandeur de la Feuillée, le Palacret, Pontmelvez et annexes.
Vous pouvez aller sur ce site Internet, voir les détails de la vente réalisée après la révolution. Palacret.com


Plélo   (22)

Commanderie de Plélo
Département: Côtes-d'Armor, Arrondissement: Saint-Brieuc, Canton: Plélo - 22


Commanderie de Plélo
Commanderie de Plélo


Le Temple de Plélo, dans la paroisse de ce nom (Côtes-d'Armor), au diocèse de Saint-Brieuc, était certainement fort ancien, quoique son nom ne semble pas figurer dans la charte de 1182. Comme la plupart des établissements des Templiers, il perdit beaucoup en passant aux mains des Hospitaliers. Au commencement du XVIème siècle, Plélo se trouvait uni à la commanderie de Pont-Melvez, et à la fin du même siècle, il passa avec elle aux mains du commandeur de la Feuillée.

Le Temple de Plélo consistait en 1697 en ce qui suit : « le village du Temple de Pléloc'h et la chapelle Saint-Jean du Temple, avec ses issues et bois fustayes en dépendant ; laquelle chapelle appartient au commandeur (de la Feuillée), qui la fait desservir par tel chapelain qu'il lui plaît et prend les oblations qui tombent en icelle, et est seul fondé à y avoir armoiries, banc et enfeu » (Déclaration de 1697). On voyait néanmoins en ce sanctuaire, au-dessous du blason du commandeur de la Salle, celui du seigneur de Saint-Bihy, mais « par tolérance dudit commandeur » (Visite de 1617).

Le seigneur de Saint-Bihy se disait, en effet, fondateur de la chapelle de Plélo, sous prétexte qu'il avait contribué à la reconstruire : il fallut plusieurs arrêts pour le forcer à rendre les cloches, les ornements, la clef de la chapelle dont il s'était emparé, mais il trouva moyen de garder les arbres qui en couvraient le placitre.

« Ce sanctuaire était tellement fréquenté, que le pape Benoît XIII accordait encore, par un bref de 1626, une indulgence aux pèlerins qui y feraient leurs dévotions au jour de la fête du patron » (A. de Barthélémy et Geslin de Bourgogne, op. cit., VI, 111).

La chapelle Saint-Jean du Temple subsiste encore en Plélo à la fin du XIXème siècle : c'est une construction en partie du XIIIème siècle, en plus grande partie du XVIème siècle. Sa porte principale, avec accolade, est surmontée des armoiries des sires de Quelen, seigneurs de Saint-Bihy. Le même blason se retrouve à l'intérieur de l'édifice, à côté de celui de l'Ordre de Malte. Les sculptures de la charpente et des sablières sont curieuses à voir, et trois autels garnissent l'intéressant sanctuaire.

Non loin de cette chapelle est une croix de granit du XVIème siècle ; elle présente sur l'une de ses faces la Sainte Vierge avec l'Enfant-Jésus, et sur l'autre saint Jean tenant un agneau sur un coussin ; la hauteur de ce petit monument est de plus de quatre mètres (Gaultier du Mottay, Répertoire archéologique des Côtes-du-Nord, 183).

Une juridiction « haulte, moyenne et basse, dont les appelations ressortissent directement au parlement de Bretagne » s'exerçait au bourg de Plélo. Le commandeur de la Feuillée jouissait aussi en cette paroisse d'un moulin et d'un étang, d'une demi-douzaine de tenues et d'une dîme de grains (Déclaration de 1697).

Mais au XVIIème siècle, l'ancienne importance du Temple de Plélo avait disparu depuis longtemps ; on reconnaissait cependant encore un canton de plus de deux lieues de diamètre, limité de toutes parts par des chemins ; c'était ce qui avait formé le fond du fief. Mais si les anciens tenanciers acceptaient encore la juridiction, ils soutenaient n'être tenus à aucun cens, et nul titre n'établissait le contraire. L'année d'interrègne qui s'était écoulée au XIVème siècle entre la saisie des biens du Temple et leur remise aux Hospitaliers, avait été mise à profit ; ces biens et leurs archives étant restés à l'abandon pendant ce temps, il en était résulté des envahissements scandaleux (A. de Barthélémy et Geslin de Bourgogne, op. cit., VI, 110).

Le membre de la Villeblanche, en la paroisse de Boqueho (Côtes-d'Armor) figure sous son nom breton Caerguen, aussi bien que Boqueho lui-même Boocerhut parmi les biens des Templiers en 1182. Il faisait partie du Temple de Plélo, mais ne rapportait plus aux siècles derniers que quelques rentes au commandeur de la Feuillée. Certains vestiges rappellent cependant à la Villeblanche qu'un établissement considérable a dû s'y trouver. M. de Barthélemy signale, entre autres choses, une large voie pavée conduisant directement à un ancien grand marché aux chevaux, Marc'hallac'h, depuis longtemps disparu, mais qui fut au Moyen Age l'un des principaux lieux d'échange de la Bretagne. Il pense que les Templiers avaient la police de ce marché et le devoir de veiller à la sûreté des grandes voies qui y conduisaient (A. de Barthélémy et Geslin de Bourgogne, op. cit., VI, 110).

De Plélo dépendait aussi, d'après les aveux de 1532 et 1540 (Archives de la Loire-Inférieure, B, 187), le membre de Beschepoix, en la paroisse du Vieux-Bourg de Quintin. On y rencontre encore à la fin du XIXème siècle les ruines d'une belle chapelle dédiée à saint Jean, et dont le chevet est percé d'une superbe fenêtre de style flamboyant ; le blason des Hamon s'y voit au-dessus de la porte latérale, et la tradition veut qu'un membre de cette famille, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, ait fait bâtir ce sanctuaire (Annuaire des Côtes-du-Nord, 1862, p. 64).

Voilà tout ce que nous avons pu recueillir sur ce vieux Temple de Plélo, devenu un membre sans importance de l'Ordre de Malte, uni d'abord à la commanderie de Pont-Melvez, puis avec celle-ci à la commanderie de la Feuillée.
Sources: Guillotin de Corson, Amédée. Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] - Bnf
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne. Nantes 1902


Plouaret   (22)

Commanderie de Plouaret
Département: Côtes-d'Armor, Arrondissement: Lannion, Canton: Plestin-les-Grèves - 22


Commanderie de Plouaret
Commanderie de Plouaret


Les chevaliers hospitalier, héritiers des Templiers, prétendaient être fondateurs de l'église paroissiale de Plouaret (Côtes-d'Armor), au diocèse de Tréguier ; aussi, en 1720, le commandeur de la Feuillée en prit-il possession le 30 mai. Le procès-verbal de cette prise de possession déclare l'église de Plouaret « fort belle et magnifique, avec quantité de chapelles et d'autels, et dans le portail au-dessus de la porte, une petite chapelle de Notre-Dame fermée de balustres et dans laquelle on monte par un escalier au-dedans de l'église, et dans ladite chapelle est la figure de la Vierge toute dorée et tout le portail est peint. Dans le cimetière est la chapelle Saint-Hervé et s'élèvent deux croix avec crucifix, et à dix pas dudit cimetière est un pilier de pierre aux armes de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem » (Archives de la Vienne, 3 H, 464).

A un quart de lieue de Plouaret, les commandeurs possédaient une chapelle garnie de trois autels et portant le nom de Saint-Jean du Temple ; ce sanctuaire a disparu, mais sa fontaine subsiste encore au village de Saint-Jean. Par ailleurs, l'Ordre de Malte avait à Plouaret « une juridiction haulte, moyenne et basse, exercée au bourg du Vieux-Marché, huit tenues de terre, une dîme et quelques rentes » (Déclaration de 1697).

A quelque distance de Plouaret, en la paroisse de Plounevez-Moëdec (Côtes-d'Armor), se trouve isolée dans la campagne la belle chapelle Notre-Dame de Keramanac'h, appartenant également aux chevaliers hospitalier, qui donnèrent au village voisin son nom de Village des Moines (Ker Menec'h). En 1617, on appelait encore ce sanctuaire Saint-Jean de Kermenec'h, et on y signalait trois autels, le principal « avec son retable fait de marbre où est despeinte la Passion de Nostre-Seigneur », et dans la verrière « en supériorité les armoiries de l'Ordre, celles du commandeur de la Salle, et par sa permission celles du seigneur de Coëtedren » (Visite de 1617).

La chapelle de Keramanac'h est une construction très soignée du XVème siècle ; elle se compose d'une nef avec un seul collatéral ; son porche au sud est fort beau et orné des statues des Apôtres, d'un groupe de l'Annonciation et de l'effigie d'un seigneur agenouillé et présenté à la Vierge par son saint patron. Le chevet de l'édifice est occupé par une maîtresse-vitre vraiment superbe, dont la rose flamboyante repose sur de multiples meneaux ; au sommet est la bannière de Bretagne, et au-dessous les armoiries de l'Ordre de Malte et celles de plusieurs gentilshommes des alentours.

Le retable signalé en 1617 subsiste encore au-dessus du maître-autel en granit sculpté ; il se compose de charmants bas-reliefs non pas en marbre, mais en albâtre ; au centre, Jésus crucifié est accompagné de la sainte Vierge et de saint Jean ; de chaque côté, sous des dais délicatement fouillés à jour, apparaissent diverses scènes de la Passion terminées par celles de la Résurrection.

Enfin, un beau jubé en bois sculpté, surmonté des statues de Notre-Dame et de saint Jean, séparait jadis le choeur de la nef de cette jolie chapelle ; il existe toujours, mais a été transféré naguère à l'église paroissiale de Plounévez-Moëdec.

Dans cette même paroisse, le commandeur de la Feuillée avait en 1697 aux environs de Keramanac'h seize tenues et levait une dîme.

En Loguivy-Plougras (Côtes-d'Armor), le même commandeur possédait le membre de Toulguidou dépendant aussi de Plouaret. Ce n'était plus en 1697 qu'un assemblement de quatorze tenues avec une petite dîme ; mais la tradition locale soutient que les chevaliers du Temple avaient fondé la remarquable chapelle de Saint-Emilion, aujourd'hui église paroissiale de Loguivy-Plougras ; le clocher de ce sanctuaire est une des plus élégantes constructions de Basse-Bretagne, et l'église, restaurée avec art de nos jours (fin du XIXème siècle), ne le dépare d'aucune façon. La tradition est d'ailleurs confirmée par la présence des armoiries de l'Ordre de Malte, sculptées sur les murailles et peintes dans les verrières de cette église. Nous savons d'ailleurs qu'en 1697, le commandeur de la Feuillée possédait « la chapelle de Saint-Jean de Loguivy, en la trêve de Loguivy, paroisse de Plougras, et en recueillait les oblations » (Déclaration de 1697).

Rappelons aussi qu'il y a une trentaine d'années, des fouilles exécutées en Loguivy-Plougras, en un lieu nommé Menec'h Ruz (les moines rouges), firent découvrir des fondements de constructions antiques et des emplacements d'enclos ; l'opinion populaire, qui n'abandonne jamais dans ce pays le souvenir des Templiers n'hésita pas à attribuer à ceux-ci les débris mis au jour (Gaultier du Mottay, Géographie des Côtes-du-Nord, 675).
La charte de 1160 signale l'aumônerie de Penvenan (Côtes-d'Armor) Eleemosina de Pennguenan. En 1697, les chevaliers n'avaient plus dans la paroisse de Penvenan qu'une douzaine de tenues ; à côté, le membre de Coatreven, en la paroisse de ce nom, était encore moins important et ne rapportait que quelques rentes au commandeur de la Feuillée. Enfin une paroisse de la même région, Louannec - célèbre par le souvenir de saint Yves qui en fut recteur - figure dans la charte de 1160 et semble avoir fait partie de la même commanderie que les paroisses précédentes.

Dans la paroisse de Ploumilliau (Côtes-d'Armor), les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem avaient deux chapelles, dépendant l'une de la commanderie de Plouaret, l'autre de celle de Pont-Melvez.

La chapelle appartenant au commandeur de Plouaret s'appelait Saint-Jean de Brézehant ; mentionnée encore en 1727, elle n'existe plus, croyons-nous, maintenant ; le nom seul de Brézehant est demeuré aux vastes landes qui l'entouraient. Six tenues seulement dépendaient en 1697 du membre de Brézehant.
Sources: Guillotin de Corson, Amédée. Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] - Bnf
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne. Nantes 1902


Pont-Melvez   (22)

Commanderie de Pont-Melvez
Département: Côtes-d'Armor, Arrondissement: Guingamp, Canton: Callac - 22


Commanderie de Pont-Melvez
Commanderie de Pont-Melvez


La commanderie de Pont-Melvez (Côtes-d'Armor) sise en la paroisse de ce nom, au diocèse de Tréguier, figure sous la dénomination de « Penmaelvas » parmi les biens des chevaliers du Temple, énumérés en la charte de 1182.

De tous les membres unis à la commanderie de la Feuillée, Pont-Melvez fut le dernier à conserver son autonomie. Nous connaissons même les noms de quelques-uns de ses commandeurs avant son union à la Feuillée ; en voici la liste : Frère Yves Fournier, chevalier de Rhodes, reçut en 1432 des lettres de sauvegarde du duc Jean V ; il y est traité de « gouverneur de l'ospital de Pomelven » (Lettres du duc Jean V, III, 23). Frère Raoul de Véronne donna, le 20 août 1500, procuration au commandeur de la Feuillée pour arrenter sa propre commanderie de Pont-Melvez ; il paraît encore en 1513 avec le titre de « preceptor de Pontmelvé » (Archives de la Vienne, 3 II, 465). Frère Jacques Aymer, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem comme les précédents et les suivants, rendit aveu au roi le 21 décembre 1532 pour sa commanderie de Pont-Melvez ; il était en même temps commandeur de Quimper et de Plélo (Archives de la Loire-Inférieure, B, 187). Frère Jean de la Barre fit au roi la déclaration de Pont-Melvez en 1540 et lui prêta serment de fidélité, en qualité de commandeur, le 14 avril de la même année (Archives de la Loire-Inférieure, B, 1014 et 187). Frère Jean Garçon, dit Guyonnière, précéda le suivant et mourut vers 1557. Frère Gilles Berrambault, tout à la fois comme ses prédécesseurs commandeur de Pont-Melvez, Quimper et Plélo, fit à son tour hommage au roi le 21 avril 1561. Il vivait encore en 1577 et semble avoir été le dernier à posséder Pont-Melvez indépendant ; vers la fin du XVIème siècle, en effet, cette commanderie fut définitivement unie à celle de la Feuillée (Archives de la Loire-Inférieure, B, 1008 et 1013).

La commanderie de Pont-Melvez consiste — dit la déclaration de 1697 — « en la paroisse dudit Pont-Melvez en entier, delaquelle le sieur commandeur est seul seigneur spirituel et temporel ; ladite paroisse est entièrement tenue à titre de quevaise et disme de tous les grains à la 6ème et 7ème gerbe ; et doibt chaque quevaisier, le jour Saint-Clément, 3 sols et 2 deniers audit commandeur sur chaque charette lui appartenant ». « La juridiction de la commanderie, haulte, moyenne et basse, s'exerce au bourg dudit Pont-Melvez par séneschal et autres officiers ; sur les landes de Pont-Melvez contenant 500 journaux et appartenant à ladite commanderie s'élèvent quatre grands piliers de pierre signe de haute juridiction. Et sont les nouveaux mariés de ladite paroisse, la première année de leurs nopces, incontinent l'issue de la grande messe, le lundy de Pasques ensuivant, tenus de saulter trois fois en la rivière du Léguer au lieu accoustumé, en présence dudit commandeur et de ses officiers, sous peine de 60 sols d'amende » (Archives de la Lore-Inférieure, B, 188 — Archives de la Vienne, 3 H, 464).

Ce saut dans la rivière — parfois assez désagréable à Pâques — des nouveaux mariés de Pont-Melvez, est un des rares devoirs féodaux de forme pittoresque que nous trouvions usités dans nos commanderies de Bretagne.

C'est à saint Jean-Baptiste qu'est dédiée l'église paroissiale de Pont-Melvez. Le commandeur en était « fondateur et prééminencier, y ayant banc, accoudouer, escabeau, les armoiries de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et les siennes, et seul droit d'enfeu et de prières nominales (Déclaration de 1697). Edifice du XVIème siècle, cette église se compose de trois nefs terminées par un chevet droit garni d'une belle maîtresse-vitre de grande dimension et de style flamboyant. Dans le cimetière on voit encore adossée à la tour de l'église une statue de granit du XIVème siècle représentant saint Jean l'Evangéliste » (Gaultier du Mottay, op. cit. 46).

A un quart de lieue du bourg se trouvait le manoir noble de Pont-Melvez ; on y arrivait par une longue avenue de chênes. La maison occupait une cour close de murailles et bien pavée avec un grand portail d'entrée. Sur ce portail, comme sur la principale porte du logis, étaient en 1720 sculptées les armes de l'Ordre de Malte et du commandeur de Sesmaisons (Visite de 1720).

Construit en forme d'équerre avec escalier en bois et à balustres dans l'angle intérieur, le manoir de Pont-Melvez comprenait au rez-de-chaussée un salon, une cuisine et une chambre, et au-dessus une salle et quatre chambres dont l'une était destinée à conserver les archives de la commanderie ; un cabinet servait de colombier. Autour du logis s'étendaient dans la basse-cour les écuries et les étables ; au-delà étaient un bois de décoration, un étang, les moulins de Penanpont et du Redou, et quelques pièces de terre (Visites de 1617 et 1720).

Il paraît qu'au XVIIème siècle il n'y avait pas de presbytère à Pont-Melvez. Le commandeur, qui avait le droit de présenter le vicaire chargé en son nom de desservir la paroisse, fut condamné en 1688 à fournir un logement à ce prêtre ; comme il n'habitait pas alors le manoir de Pont-Melvez, il offrit d'y loger son vicaire, et en 1720 Julien 0llivier, curé ou vicaire de Pont-Melvez, « se contentait de la jouissance du manoir », mais il n'avait pas naturellement celle de la retenue affermée en 1697 150 livres plus quatre charretées de foin (Archives de la Vienne, 3 H, 464).

Le manoir de Pont-Melvez ne subsiste plus, mais on en retrouve les ruines entourées de ses anciennes douves ; la métairie voisine (jadis la retenue) porte toujours le nom de la Commanderie. « La chapelle qui dépendait de cet établissement, près duquel existait une fontaine miraculeuse, vient d'être restaurée ; elle a pour patron saint Jean l'Evangéliste » (Gaultier du Mottay, Géographie des Côtes-du-Nord, 482). Quoique les aveux que nous avons lus ne parlent point de ce sanctuaire, il devait, en effet, exister néanmoins, le manoir de Pont-Melvez étant assez éloigné de l'église paroissiale ; d'ailleurs les commandeurs, étant souvent prêtres, avaient coutume d'avoir toujours une chapelle dans leur résidence.

Nous avons dit que féodalement toute la paroisse de Pont-Melvez appartenait au commandeur ; on y trouvait 26 villages et 110 tenues dépendant de lui ; il affermait, en outre, les dîmes de la paroisse plus de 1 000 livres et ses moulins 465 livres ; de sorte que Pont-Melvez était d'un plus grand rapport que la paroisse de la Feuillée.

Il nous faut indiquer maintenant quels étaient - en dehors de la paroisse de Pont-Melvez - les autres biens dépendant de la commanderie ; nous nous servirons pour cela des aveux de 1532 et 1540 rendus par les commandeurs Jacques Aymer et Jean de la Barre, et nous utiliserons pour les détails les déclarations postérieures. Une partie de ces possessions se trouvaient à une certaine distance de Pont-Melvez dans les diocèses de Tréguier et de Léon.

Ainsi en Ploumilliau (Côtes-d'Armor) était le membre de Saint-Jean de Keraudy ; il avait pour chef-lieu le village de ce nom et sa chapelle devenue l'église tréviale de Keraudy ; celle-ci est un édifice du XVIème siècle, existant encore quoique placé depuis un certain temps sous le vocable de Notre-Dame. Mais on a pu remarquer déjà que plusieurs églises appartenant à l'Ordre de Malte étaient indifféremment appelées Saint-Jean ou Notre-Dame, parce que les chevaliers honoraient tout spécialement la Mère de Dieu et le Disciple bien aimé dont les statues ornaient les autels de tous leurs sanctuaires. Il est probable qu'à l'origine le moulin à eau du Mouster en Ploumilliau appartenait aussi aux chevaliers.

Ploulec'h, paroisse voisine de Ploumilliau, renfermait le membre de Kerjean composé du village de ce nom et de quatorze tenues. Le commandeur de la Feuillée y possédait, on outre, le moulin du Pontel et y levait une dîme.

Enfin les Hospitaliers, héritiers des Templiers, avaient quelques rentes à Lannion ; c'était les derniers vestiges des Hospites in Lennion qu'avaient recouvrés les chevaliers du Temple du duc Pierre Mauclerc en 1217 (Dom Morice, op. cit. I, 836). Ceci confirme en partie la tradition locale, d'après laquelle la monumentale et si curieuse église de Brélevenez, dans un faubourg de Lannion, aurait été construite par les Templiers ; on prétend même y avoir découvert des pierres tombales des chevaliers du Temple.

Dans la paroisse de Commana (Finistère) se trouvait le membre de Saint-Jean de Mougoult. Là s'élevait une chapelle en l'honneur de saint Jean-Baptiste, reconstruite en 1659, renfermant trois autels, entourée d'un cimetière et accompagnée d'une « belle fontaine avec niche pour la statue de saint Jean ». Le commandeur avait ses armoiries dans la maîtresse-vitre et en nommait le chapelain, qui était en 1617 dom Jean Gorret (Visites de 1617 et 1720).

A côté, les eaux des deux étangs de Mougoult faisaient tourner le moulin de la commanderie. Les villages de Mougoult, Kerhamon-Moal, Pennanroz, Kerdreinbraz, Penntraezh, Killidieg et Kerfornérit, avec une vingtaine de tenues, relevaient du commandeur ; le dernier de ces villages est signalé en 1160 comme appartenant déjà aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ; il est appelé dans la charte Kaerfornerit in Commana. Notons encore les dîmes de Mougoult, qui étaient en 1697 affermées 213 livres (Déclaration de 1697). La chapelle Saint-Jean de Mougoult subsiste toujours, aussi bien qu'un manoir portant le même nom ; l'annotateur d'Ogée nous apprend qu'elle est maintenant sous le vocable de Saint-Jean-du-Doigt (Ogée, op. cit., V° Commana).

En Plouigneau et en Lannéanou, sa trêve, le commandeur de Pont-Melvez avait également des villages et des tenues, et levait une dîme. Ses armoiries étaient en 1720 peintes sur le maître-autel de l'église de Lannéanou, et au milieu de la nef apparaissait alors un jubé, « grand balustre de bois séparant le haut du bas » et orné des statues de la sainte Vierge et de saint Jean.

Non loin de là, la paroisse de Plounérin (Côtes-d'Armor) renfermait le membre de Saint-Jean du Rechou. Cet établissement est mentionné dans la charte de 1182, donnée en faveur des Templiers, sous le nom de « Le Rachoou » ; aussi est-il appelé en 1617 le Temple du Rechou. Il s'y trouvait au village du Rechou une chapelle dédiée à saint Jean, dont les oblations revenaient au commandeur qui la faisait desservir « par qui il veut ». Ce commandeur y avait ses armoiries et autres intersignes seigneuriaux, et jouissait aux environs de Plounérin de treize tenues, d'une dîme, d'un étang et d'un moulin appelés étang et moulin du Temple (Déclaration de 1697).

La commanderie de Pont-Melvez avait des « rentes et héritages » au village de Pratledan, en la paroisse de Coatréven, et quelques rentes aussi dans les paroisses de Plouisy et Squiffiec ; en cette dernière, les Templiers possédaient en 1182 le village de Runellec et peut-être aussi celui de Kermanac'h.

Enfin, dans la paroisse du Merzer (Côtes-d'Armor), « la chapelle Saint-Jean dépendait de la commanderie de Pont-Melvez avec ses issues et rabines, et avoit le commandeur les mesmes droits qu'ès aultres chapelles » (Déclaration de 1697).
Sources: Guillotin de Corson, Amédée. Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] - Bnf
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne. Nantes 1902


Quessoy   (22)

Domus Hospitalis Quessoy
Département: Côtes-d'Armor, Arrondissement: Saint-Brieuc, Canton: Moncontour — 22


Domus Hospitalis Quessoy
Domus Hospitalis Quessoy


On lit ce qui suit dans l'Etat de la commanderie de Carentoir en 1643, du temps du commandeur Gilles du Buisson : « A l'Hospital de Quessoy il y a une chapelle fondée de Monsieur saint Jean-Baptiste, laquelle a été réparée tout à neuf, tant en maçonnail, charpente que couverture, à laquelle réparation ont contribué les hommes voisins tant subjects que aultres; sur le pignon de laquelle chapelle il y a deux cloches de moyenne grosseur, avec plusieurs ornements et un calice d'argent et un d'estain pour y célébrer le divin service, et est desservie par dom Jacques Cornu, prestre résidant prés le dit lieu. »

« Au devant de ladite église est le cimetière; et au derrière sont nombre de matières où autrefois ostoit les logis et manoir dudit lieu qui ont esté ruisnés par l'injure des guerres civiles; joignant lesquelles mazières est un petit jardin avec un réservoir et un pasty au-dossoubs où il y a quelques chèsnes. »

« Plus, proche de la dite chapelle est le logix de la métairie, lequel logix est réparé tout à neuf. »

« A une arquebusade dudit lieu il y a un ruisseau sur lequel ledit commandeur du Buisson a fait bastir un moulin à bled tout à neuf, où les subjets sont obligés de porter moudre leurs bleds à debvoir ordinaire de mousture et à peine d'amende. »

Enfin le domaine proche de la commanderie de Quessoy se complétait par la métairie des GrangesDomus Hospitalis GrangesDomus Hospitalis Granges en Yffiniac et par une dîme à la 126 gerbe au village de l'HôpitalDomus Hospitalis de l'HôpitalDomus Hospitalis de l'Hôpital de Quessoy.

La chapelle Saint-Jean de l'Hôpital de Quessoy au XIVe siècle, « elle avait dans son pavé plusieurs dalles funéraires armoriées qui ont disparu. Elle contenait les en-feux des seigneurs d'Uzel, de la Houssaye, du Bouais-Armel, de la Roche-Durant, de la Ville-Tanet et de la Ville-Rabel. » Cette chapelle vient d'être nouvellement reconstruite et rien n'y rappelle plus le séjour des Chevaliers Hospitaliers.
Le commandeur de Quessoy jouissait d'une haute juridiction et avait sa justice patibulaire à deux poteaux au village même de l'Hôpital.

Enfin, il recueillait quelques dîmes et rentes — fort modiques d'ailleurs — dans les paroisses voisines de Plouguenast, Saint-Aaron, Saint-Gouéno et Plaintel.
Il se trouvait en Plouguenast une chapelle dédiée à Saint Jean et en Saint-Aaron un village appelé l'Hôpital.
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902


Runan   (22)

Domus Hospitalis Runan
Département: Côtes-d'Armor, Arrondissement: Guingamp, Canton: Pontrieux — 22


Domus Hospitalis Runan
Domus Hospitalis Runan


On croit reconnaître RunanEglise de RunanEglise de Runan @Jack Bocar (Commune du canton de Pontrieux) dans le « Runargant » de la charte donnée aux Templiers en 1182. Notre-Dame de Runan — jadis trêve de Plouëc, aujourd'hui église paroissiale — se trouvait, en effet, « assise dans le fief du Palacret. » Aussi le commandeur de la Feuillée en prit-il possession le 5 juin 1720 en qualité de commandeur du Palacret. C'était déjà un sanctuaire très fréquenté des pèlerins, lorsqu'en 1414 le duc de Bretagne Jean V y créa une foire en faveur des habitants.

L'église de Runan est un fort bel édifice qui vient d'être habilement restauré; ses trois nefs sont couvertes d'écussons, comme la robe d'une grande dame au temps de la chevalerie. Dans sa magnifique fenêtre flamboyante du chevet, la verrière présente les armes de la reine-duchesse Anne de Bretagne, bienfaitrice du lieu, et plus bas les blasons de tous les gentilshommes des alentours; aux siècles derniers, les armoiries de l'Ordre de Malte et celles de plusieurs commandeurs du Palacret s'y trouvaient également. Dès 1438, le commandeur de Keramborgne fit aussi sculpter son blason, tenu par des lions, au-dessus des fenêtres. En 1617, cette église renfermait sept autels, et il s'y faisait « un très beau service journellement, car il y tombe de grands biens. » La statue de Notre-Dame de RunanRunan Notre-DameNotre-Dame de Runan, « toute dorée », et dans une superbe niche, était accompagnée de celle de saint Jean. Le trésor contenait: « une croix processionnelle, un soleil magnifique, des calices, ciboires et encensoirs, le tout en argent. » Il y avait quatre cloches dans la tour; dans le cimetière se trouvait un reliquaire, un « grand calvaire avec figures de saints », une chaire pour prêcher en plein air, et un oratoire avec autel où l'on disait la messe les jours de pardons, à cause de la multitude des pèlerins.

Malgré sa richesse, la fabrique de Runan ne devait au commandeur du Palacret que 24 sols de rente, et « pour les offrandes du lieu 100 sols, à la Nativité de Notre-Dame. » Par ailleurs, ce commandeur avait certains droits sur la halle de Runan, et jouissait de treize tenues et d'une dîme.

C'était en Pommerit-le-Vicomte (Commune du canton de Lanvollon) que se trouvait le membre de KerdanetDomus Hospitalis KerdanetDomus Hospitalis Kerdanet. Son chef-lieu était le village de Kerdanet en la trêve de Saint-Gilles-le-Vicomte faisant partie de la paroisse de Pommerit. Il existe encore actuellement un manoir de Kerdanet, édifice du XVIe siècle, relié au manoir voisin de la Garde par un souterrain voûté en granit de 160 mètres de longueur. Mais si ce manoir a jamais appartenu aux Chevaliers, depuis bien des siècles ils ne le possédaient plus, car il n'en est point fait mention dans leurs archives.

Quant à la chapelle de Kerdanet — aujourd'hui détruite — elle se trouvait dans le village de ce nom et s'appelait Saint-Jean du Temple. Dans son vitrail on voyait en 1617 l'écusson du seigneur du Cleuziou, « par tolérance du commandeur de la Salle » qui avait même autorisé ce gentilhomme à placer un banc dans le sanctuaire; au siècle suivant on y signalait les armoiries de l'Ordre de Malte et celles du commandeur de Belthomas. En 1697 le commandeur de la Feuillée laissait au curé de Saint-Gilles un tiers des oblations de Kerdanet.
Sources: Guillotin de Corson (Abbé) — Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bretagne — Nantes — Librairie Ancienne et Moderne L. Durange — 1902

Voir les chartes Conan IV, duc de Bretagne, relatives aux biens des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.


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