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Commanderies de l'Ordre de Malte
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Pontaubert
Département: Yonne, Arrondissement: Avallon, Commune: Pontaubert - 89

Domus Hospitalis Pontaubert
Domus Hospitalis Pontaubert

Pontaubert reste dans l'ombre jusqu'à l'arrivée des religieux militaires dits les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et c'est par eux que nous connaissons les familles de la contrée. Les Hospitaliers, qu'il ne faut pas confondre avec les Templiers établis au Saulce-d'Island, furent fondés en 1113 en Orient, mais on ne les voit paraître en France qu'en 1167, sous Louis VII.

C'est Chalo d'Avallon et sa femme Agnès de Beyrouth qui, les premiers, leur donnent un moulin et une maison. On trouve ensuite un don du duc de Bourgogne Hugues, en 1170 ; du sire Hugues de Mont-Saint-Jean, en 1189 ; de Mathilde, comtesse de Tonnerre, en 1196 ; de Gérard du Four, en 1216 ; de la dame Aremburge de Magny, en 1227 ; d'Anséric de Montréal, en 1242 ; d'Odo du Vault, en 1253, et d'autres moins notables.

C'est dans ces temps que paraissent les villages voisins, Champien cité en 1167, et dès 1227, sinon plus tôt, il est parlé de ses seigneurs. On trouve Etienne de Champien, écuyer, proche parent de Jocelin d'Avallon, seigneur du Vault, de la famille des sires d'Arcy. Plus tard, en 1275, c'est Jean et Renaud, puis en 1328, Brinaz.
Au XIVe siècle, la famille d'Armes, la plus ancienne d'Avallon, occupe un instant le domaine ; mais on voit revenir les familles apparentées à celles du Vault, les Digoine, puis les Jaucourt cités encore en 1666.

Champien
Département: Yonne, Arrondissement et Cantons: Avallon - 89

Domus Hospitalis Champien
Domus Hospitalis Champien

La Commanderie avait une ferme à Champien, mais un seigneur y avait sa résidence dans une petite forteresse dont on voit les ruines au lieudit le Vieux-Château.
C'était une tour probablement ronde, de trente-cinq mètres environ de diamètre. Ses vestiges forment un tertre de trois à quatre mètres de hauteur, entouré d'un fossé de quinze mètres de largeur. Cette tour, qui regarde le Vault, ne dut s'élever qu'à la fin de la guerre de Cent Ans et ne joua aucun rôle sous les Digoine et les Jaucourt.
La place qui est au-devant, plantée d'arbres et ornée d'une croix de pierre, s'appelle Chavernery, nom qui semble historique. On peut y voir Charnery, village de la Côte-d'Or, dont Milon de Mont-Saint-Jean, ayant des droits sur Orbigny, était le seigneur.

Orbigny-le-Château
Département: Yonne, Arrondissement: Avallon, Commune: Pontaubert - 89

Domus Hospitalis Orbigny
Domus Hospitalis Orbigny

Orbigny, qui n'eut point de forteresse, est moins connu que Champien, il paraît cependant remonter à l'époque romaine. Son domaine, qui appartient au XIIIe siècle à la dame Aremburge, passe en grande partie à la Commanderie, et le « Chêne d'Orbigny », désigné dans la donation de la dame, et que marque une croix, serait le signe de la justice dont elle abandonnait les droits. Ce domaine n'était pas le seul : on voit un Hubert d'Orbigny se faire hospitalier en 1311 et apporter tous ses biens à la Commanderie.

Orbigny

— Hameau commune de Pontaubert
— Orbiniacum, 1286 (Commanderie de Pontaubert)
— Orbigni, 1226 (Ibidem)
— Orbigny, 1605 (Commanderie de Pontaubert)

En 1651, on cite encore un Guillaume d'Orbigny. Le village était autrefois relativement considérable, il comptait 125 habitants ; en 1543, il passe à 55, puis à 40 ; il a encore 80 habitants en 1780, aujourd'hui il en reste 20.

L'Hôtel, ou maison des Hospitaliers, occupait surtout le pâté de maisons qui borde la route de Vézelay au-delà de l'église, mais sur l'autre côté. Le four banal et le pressoir attenant à la maison s'étendaient jusqu'à la route d'Island. Mais d'autres bâtiments devaient occuper le devant de l'église qui était isolée dans le clos l'entourant au nord.

Ce serait une rare curiosité que cet hôtel du Commandeur, monument du XIIe siècle, se dressant en face de l'admirable édifice religieux. A sa place, s'élève au nord le presbytère, au sud une habitation ordinaire dont les bâtiments encadrent une cour sur trois côtés, laissant voir au fond une grande pièce de terre close de murs, sans doute l'ancien jardin. Un cordon mouluré longeant la façade de la maison et une tourelle mal bâtie, portant de petites meurtrières, annoncent une construction du XVIe siècle, celle qui remplaça l'hôtel primitif après les destructions des Protestants.

Le premier soin du Commandeur aura été de s'assurer une réserve d'eau, tout auprès de sa résidence, et il lui était facile de recueillir l'eau de son hôtel et de l'église dans une citerne. Ce réservoir existe, il est situé sous le Mail, à la place de la croix ; c'est une salle voûtée reposant sur des piliers et qui peut remonter au XIIe ou XIIIe siècle (Quantin). Il paraît qu'on y descendait par un escalier encore visible en partie lors du nivellement du Mail.

Une autre construction, qui dut suivre de près l'établissement de la Commanderie, fut la fondation d'une léproserie qui s'appela plus tard, après la disparition de la lèpre, Maladière de Saint-Michel et même Hôpital de Pontaubert. La lèpre était connue avant les croisades, mais elle se développa beaucoup après ces expéditions ; aussi partout s'élevèrent des léproseries, maladières ou maladreries. Annéot, tout petit village, avait la sienne. Les Hospitaliers, dont le nom est synonyme de charité, ne pouvaient manquer d'avoir la leur. Cette léproserie était située, m'a-t-on dit, au pied du pont, en aval, sur la rive gauche du Cousain. On voit là un bâtiment ancien, du XVe ou XVIe siècle, dont la façade du bord de l'eau est garnie tout du long de modillons qui portaient un auvent protecteur. La situation était bien choisie, on avait l'isolement et l'eau.

On sait peu de chose de cette léproserie qui n'était guère comparable à la maladière d'Avallon. Elle est citée en 1272, au sujet d'un accord entre « les Frères de l'hôpital de Pontaubert et la léproserie d'Avallon » Le curé de Pontaubert, devant qui l'acte est passé, s'appelle Terrabaldoni. On la retrouve en 1516, puis en 1689, où le curé Petit afferme la maladrerie et la chapelle Saint-Michel pour vingt livres par an ; elle paraît alors avoir cessé ses services. Et, en effet, un arrêt du Conseil du roi Louis XIV et un édit de l'évêque d'Autun réunissent la maladière de Pontaubert à la maladière d'Avallon, à charge pour celle-ci de satisfaire aux services des fondations et de recevoir les malades pauvres à proportion des revenus. Déjà, en 1584, Bénigne Odebert, de la famille des Odebert, fondateurs de l'hôpital d'Avallon, et la femme de Guillaume de la Porte, conseillé d'Auxerre, avaient fondé à Auxerre un hôpital de la Trinité, en réservant une place pour les pauvres d'Avallon, de Clamecy et de Pontaubert, « lieux de leur nativité » (Lebœuf, Mémoires.) Il y a entre Champien et Orbigny le Champ du Ladre, appartenant à l'hospice d'Avallon, et qui garde un souvenir des léproseries ou maladreries.

L'église est le monument qui conservera à tout jamais la mémoire des Hospitaliers de Saint-Jean, et qui rappellera leur richesse et leur goût de l'architecture. Ils édifièrent sans doute leur belle église à la place d'une chapelle primitive quand les donations le leur permirent. Elle est dédiée à Notre-Dame, et après sa restauration elle a été classée par l'État comme monument historique. Son plan est un rectangle mesurant trente-deux mètres sur treize, avec un chevet à trois pans en trapèze. La porte principale, fort élégante, est en plein cintre ; son archivolte, très fouillé, se compose de tores à fines moulures qui reposent de chaque côté sur cinq colonnes à crosses et à feuillage.

Sur le tympan sont sculptés trois sujets de bonne composition et dont l'ensemble est harmonieux. Le sujet principal représente la Sainte Vierge couronnée, assise et tenant sur ses genoux l'Enfant Jésus tourné de côté et bénissant. A droite est son Assomption : deux anges tiennent un linceul d'où elle s'élance au ciel. A gauche est l'Adoration des Mages. Les têtes, qui toutes avaient été brisées, sont modernes, mais dans le style de l'époque.

Au-dessus de la façade s'élève une tour carrée à trois étages, portant une flèche élancée recouverte de tuiles de chêne. A la base, les baies sont cintrées ; aux autres étages, ce sont des baies ogivales géminées. Sur le côté sud s'ouvre une petite porte romane. La corniche des bas-côtés porte des modillons ou consoles où se voient quelques têtes grimaçantes. Les toits sont peu inclinés et couverts de tuiles creuses, tels qu'ils étaient lors de la construction.

L'intérieur de l'église comprend une nef et deux bas-côtés voûtés en pierre, en arêtes sans nervures. Les voûtes sont portées par des piliers cruciformes à quatre colonnes engagées et couronnés de chapiteaux en volutes d'une régularité parfaite. Tout est du même style sobre et semble avoir été bâti d'un seul jet. C'est un édifice de la transition du roman à l'ogival, du XIIe au XIIIe siècle, c'est-à-dire de Philippe-Auguste à Saint Louis. L'édifice est donc du style le plus brillant de l'architecture française ; il est de construction soignée, sans additions étrangères, et de bonne conservation, toutes qualités qui sont rarement réunies.

Un porche, appuyé contre la façade, dont il masque la porte, a été ajouté au XVe siècle pour abriter les paroissiens à l'arrivée. Il s'ouvre largement en devant et sur le côté du midi par des arcades aux moulures profondes et grêles. La voûte est ornée de nervures ramifiées, le bord supérieur est garni d'une balustrade à jour portant des clochetons, et à l'angle nord, une gargouille.
Sous ce porche, dans un angle, se voit le couvercle en pierre dure d'un tombeau en forme de toit double et dont le fronton est décoré d'une croix à bouts ancrés, ce qui annonce le XIIIe siècle.
L'inscription placée sur un pan, maladroitement tourné vers le mur, serait celle-ci : Gaufridi genitor Guido jacet hic tumulatus, tam genitor quantum genitus, genitore beatus. Ce qui voudrait dire en partie : Guidon, père de Gaufroy, repose inhumé ici.

Le pont de pierre remplaçant le pont de bois d'Autbert est encore une des utiles fondations des Hospitaliers. Au début, il dut être étroit et massif pour résister à la violence du courant des crues. On devine ce qui a pu se passer après le XIIIe siècle, quand on trouve des réparations faites en 1583, 1627, 1691.
L'établissement de la route de Vézelay en 1754 détermina sans doute l'élargissement du pont, car on sait qu'il fut reconstruit en 1753. La dernière réparation marque un fait important pour l'industrie avallonnaise. En 1832, la construction menaçant ruine, l'ingénieur Belgrand voulut, avant de livrer le pont à la démolition, faire l'essai sur lui du ciment de Vassy récemment découvert. La réparation réussit pleinement et mit en vue le nouveau produit qui fit son chemin.

Les réparations et reconstructions obligèrent les habitants à se servir des deux gués encore connus qui sont près du pont en amont et en aval et aussi du rude chemin qui escalade la côte d'Orbigny.

On ne connaît rien de particulier sur la Commanderie en dehors des donations et de l'administration des biens. On voit seulement que certaines donations concernent même les personnes qui se vouent irrévocablement au service des chevaliers qui prennent de leur côté l'engagement « de les gouverner et de les défendre » Par l'histoire générale, on sait que la Commanderie était une école d'instruction pour les novices et une résidence pour les vieillards et les infirmes. Deux faits à relater alors que les croisades ont pris fin et que les Hospitaliers de Saint-Jean s'appellent les Chevaliers de Rhodes, puis de Malte.

Normier
Département: Côte-d'Or, Arrondissement: Montbard, Canton : Semur-en-Auxois - 21

Domus Hospitalis Normier
Domus Hospitalis Normier

D'abord une maison d'Hospitaliers établie à Normier, près de Précy-sous-Thil (Côte-d'Or), est placée sous la direction de Pontaubert.

Normier

— Canton de Précy-sous-Thil
— Normiers, 1171-1189 (Archives de l'Yonne, H 2267)
— Hospitalis de Normiés, 1290 (Archives de l'Yonne, H 2267)
— Domus Hospitalis de Normariis, 1324 (Archives de l'Yonne, H 2268)
— Normier était une commanderie de Saint-Jean de Jérusalem, et le titulaire était à la fois seigneur du lieu et collateur de la cure.
— Son église sous le vocable de Saint-Martin, était le siège d'une cure du diocèse d'Autun, archiprêtré de Semur, à la présentation du commandeur de Pontaubert (Courtépée, III, 577)

Puis un grave événement se produisit en 1311 : les Templiers, qui avaient une petite commanderie au Saulce d'Island, furent supprimés et leurs biens attribués aux Hospitaliers. Il reste du Saulce, qui devint une métairie, une jolie chapelle du XIIIe siècle, isolée dans un pré, que l'architecte Amé a restaurée.

Nous pouvons suivre pendant tout le moyen âge et l'époque moderne les commandeurs de Pontaubert qui restèrent à leur poste et entretinrent leur commanderie. Ils font encore bonne figure, quoiqu'ils n'aient plus guère de recrutement à faire que pour la garde de l'île de Malte. Nous pouvons citer leurs noms avec un certain intérêt :
Pierre 1189
Guichard 1229
Jean de Nancy 1281
Guillaume de Rochefort 1398
Hugues d'Arcey 1424
Pierre de Bosredon 1487
Jacques Aymet 1526
Hugues de Bussy-Rabutin 1543
Léon de Montalembert 1551
Georges de Maudret 1587
Deltors de Pradines 1607
Denis Brulart 1667
Baptiste de Lestour 1669
Frère Denis, Jacques Louvré au XVIIe
Frère de Fleurigny 1688
Frère de Beaumont 1717
Christophe de la Beaulme 1725
Jean de Ricard 1731
Le Bègue 1746
Jean de Foudras 1764
Pruistet 1775.
Le dernier fut le comte de Mesgrigny, demeurant à Paris, rue de l'Université, dans son hôtel. Il retirait de ses domaines de Pontaubert et d'ailleurs dix-sept mille livres.

L'ordre des Hospitaliers fut aboli en 1798, dans les petites commanderies, il n'existait plus guère que de nom. Les derniers Commandeurs étaient des personnages à qui l'on conférait les biens sous la condition d'entretenir le curé qui était un prêtre de paroisse, et l'église avec ses dépendances. Jusqu'en 1658, on trouve les vrais Hospitaliers ; le curé est un religieux portant l'habit marqué de la croix, et c'est lui qui reçoit et installe le Commandeur. On ne sait pas au juste à quelle date les derniers religieux disparaissent.

Nous arrivons à la guerre de Cent Ans (1337-1453) qui connut surtout les horreurs des bandes armées, avides de pillage, qui continuaient leurs attaques entre les trêves. Ces soudards, que le peuple appelait justement les Ecorcheurs, surprenaient même des villes comme Avallon et Montréal. Ces calamités furent subies par Pontaubert qui reçut les Anglais en 1373. En 1405, ordre fut donné à tous les nobles de Bourgogne de s'y rassembler pour le service du duc ; les ennemis s'y étaient surtout cantonnés en 1440, et il fallut l'arrivée de Miles de Bourbon pour les déloger.

Cependant, les Commandeurs avaient pourvu à la défense du bourg en établissant une enceinte de murailles munie d'artillerie. L'église même était fortifiée au nord par un exhaussement du mur qui portait des meurtrières et des mâchicoulis.
On voit, en 1465, le frère Jean Goux, curé, vendre une couleuvrine à la ville d'Avallon, et en 1467 cette ville emprunter des canons et des serpentines à Pontaubert, alors que la guerre était finie. On voit même une petite fabrique de munitions de guerre en 1442. C'est un Antoine Toupinot qui fait marcher avec la ville d'Avallon pour « un millier de traits et vires à arbalètes »
Ce ne fut qu'en 1675 que l'artillerie fut enlevée à Montréal, à Vézelay et sans doute à Pontaubert. Au retour de la paix en 1486, le roi s'attribua la haute justice à Pontaubert.
Après un siècle de paix, la guerre du protestantisme (1562-1598) renouvela les désastres de la précédente ; elle fut bien plus triste parce qu'elle se faisait entre Français de la même région. Les Protestants, s'étant emparés de Vézelay en 1509, brûlèrent les églises de Girolles, Tharot, Magny, Menades et d'autres. A Pontaubert, ils brûlèrent par le feu le moulin banal, la petite chapelle de l'ermitage Saint-Jean et la chapelle du Saulce. Les soldats de l'armée royale, venant assiéger Vézelay, démolirent les ponts du moulin et en emportèrent le bois. C'est à cette époque que l'on peut reporter la disparition d'un groupe de maisons dit : le Crot-de-Pontaubert, situé au bas du pont, rive droite. II est cité en 1280, alors qu'un Thibaut du Crot donne à la commanderie ses vignes d'Orbigny. Un fait est à signaler dans cette guerre : un habitant de Ponlaubert fut contraint par les Protestants de creuser une fosse pour y être enterré vif.

C'est entre les deux guerres que fut bâti le porche de bon style qui précède l'entrée de l'église et que se fit l'installation des statues qui firent du temple chrétien un vrai musée d'art.

Sans doute les Protestants, un moment maîtres du pays, avaient-ils fait disparaître les statues qui dataient de l'église. On sait par un procès-verbal de 1662 et par l'état actuel, quel était ce peuple de saints et de saintes qui donnaient la dernière perfection à cet admirable édifice. D'après ce procès-verbal, le maître-autel était dédié à Notre-Dame ; celui de droite, à Saint Nicolas ; celui de gauche, à Saint Lazare.
« Le chœur était séparé de la nef par un grillage en bois, au-dessus duquel était un jubé propre à mettre la musique. » Il y avait huit petits autels adossés aux huit piliers, décorés chacun d'une statue (1). C'étaient les autels de Saint Fiacre, Sainte Anne, Sainte Barbie, Saint Pierre, Saint Etienne, Saint Eloi, Saint Crépin, Saint Raphaël. Au clocher, sonnaient deux grosses cloches et deux petites. 1. On peut voir à Annay-la-Côte un petit autel en pierre adossé et tenant à un pilier, supportant une ancienne statue, qui montre ce qu'étaient ces autels.

De ces statues, il en reste quatre de mérite inégal. Notre-Dame du maître-autel, représentant la Sainte Vierge tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux, est une œuvre ordinaire du XVIIe siècle. Elle a été remplacée récemment à l'autel par une copie plus grande et plus décorative due au ciseau de Guillaumet. Au presbytère, on voit la statue de Saint Nicolas d'une facture passable, sauf les enfants qui sont mal proportionnés ; Saint Etienne en couleur, de 75 centimètres de hauteur, dont la tête est ordinaire, mais qui porte une tunique relevée légèrement pour tenir les pierres, est d'une ornementation soignée ; à ses pieds est un blason avec un monogramme. On admire surtout une Sainte Barbe du XVIIIe siècle, vêtue à la mode de Henri II et qui est classée. Il y a encore deux statues mutilées indéterminables.

Six des statues de 1662 ont disparu, mais par contre on trouve au presbytère une statue de Saint Eutrope, de un mètre, qui est du XVIe siècle et classée ; sa figure est très fine et son vêtement d'un travail soigné ; il lui reste des traces de couleur.

Il y a enfin une Sainte Cyre ou Sainte Elisabeth vêtue en pèlerine, le chaperon tombant sur les épaules, retenu sur la poitrine par mi long cordon, et l'aumônière au côté. Son corps penché, de 80 centimètres de hauteur, indique le XVe siècle ; l'œuvre est recommandable. Mais toutes ces statues, qu'on aura sauvées de la destruction en 1793, sont reléguées dans des coins obscurs comme des objets sans intérêt. II semble pour elles que la Révolution dure toujours.

De la même époque peut-être, il faut citer des fonts baptismaux taillés dans un bloc massif et sans sculpture. On devine quel attrait ce serait pour les archéologues et les touristes de retrouver l'église des Commandeurs parée de ces richesses de l'art qui sortaient des mains de nos statuaires bourguignons, ce qui en doublait l'intérêt.

Il y avait une autre chapelle dont les archives ne parlent pas ; elle n'existait plus en 1760, date de la carte de Cassini qui la place quant au nom au confluent du ru de la Grenouille et du Cousain. Elle a sa tradition, car le lieudit est nommé « la Chapelle » En face et tout auprès, mais sur le finage du Vault, s'élevait une chapelle fort ancienne dite de Saint-Eloi, qui est déjà citée en 1293.
Elle appartenait à la Commanderie qui y entretenait un chapelain de son ordre. En 1487, c'était le frère Philippe, et en 1538 il est encore parlé d'une nomination.

Une troisième chapelle, qui dépendait de la maladière ou hôpital, paraît avoir été bâtie en dehors de l'établissement, car on voit en 1689 que le curé de Pontaubert « afferme la maladrerie et chapelle de Saint-Michel »

Il faut noter enfin une petite chapelle de la Vierge, sur la route d'Avallon, bâtie en 1758 par Antoine Guyot » Il n'en reste ni trace, ni souvenir, peut-être sa place est-elle indiquée par la croix qui s'élève à l'entrée du chemin d'Orbigny.

En face de ce chemin, dans le lieudit la Colombière, existait une métairie de ce nom, dont on constate l'existence dès 1437 jusqu'en 1731 ; elle était un bien de la Commanderie situé dans les meilleures terres.

Les procès paraissent rares sur le domaine de la Commanderie. On cite ceux des habitants avec la ville d'Avallon pour refus de faire le guet sur les murs, ce qui occasionne de grands frais (1608, 1610). Un autre procès assez singulier est relatif à deux cloches provenant de la chapelle du Saulce et qu'Avallon aurait prises « pendant les troubles » On les avait placées, l'une au clocher de Saint-Julien, l'autre dans la fonte des trois cloches de Saint-Pierre. Le Commandeur poursuit la ville qui est condamnée à restituer et à payer (1603).

Les ordres religieux et militaires dans le l'Avallonnais
C'est à grande peine qu'au Moyen Age on avait pu arrêter les hordes fanatiques de l'Orient toujours renouvelées, et l'Europe était sans cesse en alerte. Toutefois, l'Occident eut la hardiesse de porter la guerre sur le territoire ennemi ; cette offensive de près de deux siècles s'appelle les Croisades ; elle se fit avec une telle vaillance que le nom des Francs est resté populaire en Orient. Malgré l'insuccès final de ces expéditions, des privilèges, sous le nom de Capitulations, nous furent acquis et nous restèrent jusqu'à ce jour. Ils nous rappellent les exploits de ces Templiers et Hospitaliers qui surent inspirer la crainte et barrer la route aux envahisseurs.

Jamais guerres plus populaires, plus nobles et plus désintéressées. Leur motif n'invoquait pas, comme c'est l'ordinaire, l'esprit d'aventure, les rivalités, les droits de succession, de commerce, de domination. Les Croisades étaient une réponse aux cruautés que les Turcs faisaient subir aux pèlerins inoffensifs qui venaient après des fatigues inouïes, et moyennant un lourd tribut, s'agenouiller au tombeau du Christ. En tout temps, les chrétiens avaient pu visiter la ville sainte, et Charlemagne avait établi pour eux un hôpital à Jérusalem. C'est un droit naturel, que nous appelons aujourd'hui le droit des gens, de pouvoir circuler sans intention hostile dans tout pays civilisé, en se conformant aux lois du pays.

Ce droit était violé tous les jours envers des pèlerins sans défense, et c'est tout d'abord cette liberté que les chevaliers de l'Occident jurèrent d'arracher à ces ennemis séculaires.

Plus tard, il leur vint la pensée de leur ravir le Saint-Sépulcre et la terre sanctifiée de l'Homme-Dieu. Ces luttes avaient leur mobile dans la foi ardente et dans l'humeur belliqueuse des guerriers francs, et le pape Urbain II, un Français, pouvait leur dire : « Vous qui cherchez sans cesse de vains prétextes de guerre, réjouissez-vous, car voici une guerre légitime... l'impiété victorieuse a répandu ses ténèbres sur les belles contrées de l'Asie, d'où elle menace tous les pays chrétiens » Et l'on vit, dans cette lutte de la civilisation contre la barbarie, des armées sans expérience des guerres lointaines, formées de peuples rivaux, aller chercher chez eux des ennemis toujours prêts à se ruer sur l'Europe.

Les Templiers et les Hospitaliers jouèrent un grand rôle dans ces guerres dont il fallait dire un mot pour faire voir que le présent se rallie au passé et que nous assistons au dénouement de l'action que nos pères ont ébauchée aux croisades et poursuivie à toutes les époques.

L'Ordre des Templiers, composé en grande partie de Français, avait été fondé en 1118 par neuf chevaliers qui avaient accompagné Godefroy de Bouillon, chef de la première croisade. Ils prirent leur nom du Temple de Salomon, où ils avaient leur résidence. Les uns étaient prêtres-chapelains, les autres étaient chevaliers ou hommes d'armes, et il y avait les frères servants. Un Grand-Maître les gouvernait, et des Commandeurs sous son ordre dirigeaient les groupes des maisons particulières.

L'histoire de ces religieux militaires est pleine des plus brillants faits d'armes. Ils avaient pour règle d'accepter le combat, même contre trois, de ne jamais demander quartier et de ne point donner de rançon. On les trouve dans toutes les batailles et toujours au plus près du danger. Les services rendus aux croisés leur avaient valu de grandes richesses. Leur siège principal, d'abord à Jérusalem, avait été transporté à Saint-Jean d'Acre, après la prise de la ville, à Paris, dans le quartier qui prit le nom du Temple, de leur première résidence.

Après les Croisades (1270), l'Ordre des Templiers restait sans objet, il ne pouvait que déchoir. Leur puissance inquiétait le roi Philippe le Bel, et leur fortune lui souriait au milieu de ses embarras financiers. Sur son ordre, ils furent tous arrêtés le même jour, et leurs biens séquestrés. On les accusait de crimes secrets de tout genre que quelques-uns avouèrent sous la torture ; ils furent condamnés et exécutés. Le Pape supprima l'Ordre en 1311, sans toutefois le déclarer coupable. Le roi s'appropria une grande partie des richesses, laissant une partie des terres et des maisons aux Hospitaliers.

Les historiens se sont partagés sur la culpabilité des Templiers. Ce n'est pas le lieu de revenir sur ce procès célèbre, mais on peut dire que les désordres étaient inévitables pour des hommes de guerre sortis de leur milieu et réduits à l'oisiveté. Des traditions locales dans nos campagnes, qui ne devaient pas être sans fondement, s'en faisaient les accusateurs. On disait : « jurer comme un Templier, boire comme un Templier » Tout de même, si les 1.500 chevaliers du Temple, experts au combat, prudents et vaillants, eussent pu atteindre, un demi-siècle plus tard, la guerre de Cent Ans, on se demande si les défaites de Crécy, de Poitiers, d'Azincourt, n'auraient pas été évitées et l'ennemi arrêté dès le premier jour.

C'est vers 1130 que les Templiers paraissent dans l'Yonne, où ils comptèrent dix-sept commanderies. Leur maison la plus importante était au Saulce-d'Escolives. A Auxerre, où leur nom est resté dans la porte et la rue du Temple, ils n'avaient qu'une sorte d'asile. Ils s'établirent au Saulce-d'Island en 1208. C'était une petite commanderie qui devint après la suppression de l'ordre, une métairie des Hospitaliers contenant 3U0 journaux de terre, 37 arpents de pré et 24 arpents de taillis. Toutefois, la chapelle était desservie aux XVe et XVIe siècles par un chapelain relevant de Pontaubert.

Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem étaient primitivement consacrés au service des malades. Ce sont des marchands italiens qui, ayant obtenu du Calife d'Egypte en 1068, trente ans avant la première croisade, la permission de bâtir une chapelle, y joignirent un asile pour les pèlerins, puis un hôpital, sous le nom de Saint-Jean. A la prise de Jérusalem en 1099, ils étaient là, toujours respectés à cause de leurs services. Ils devinrent alors un ordre religieux reconnu par le Pape en 1113, puis, revenus en France à la suite des croisés, ils se répandent partout, créant des commanderies, des hôpitaux, des asiles pour les pèlerins et les indigents. Mais parce qu'il fallait défendre les voyageurs sur les chemins et les établissements toujours menacés par l'ennemi, les Hospitaliers devinrent forcément des soldats comme les Templiers.

Cet ordre militaire, qui a duré le plus longtemps, marche au premier rang contre les Sarrazins. Quand, par suite des divisions entre les croisés, Jérusalem retombe au pouvoir des ennemis, les Hospitaliers avec les Templiers gardent jusqu'en 1291 la ville de Saint-Jean-d'Acre, dernière place des croisés en Terre-Sainte. Les Templiers regagnent alors la France, mais les Hospitaliers s'obstinent et se réfugient dans l'île de Chypre, puis dans l'île de Rhodes, d'où leur nom de Chevaliers de Rhodes ; ils s'y maintiennent jusqu'en 1522. Après la prise de Constantinople, ils soutiennent contre Mahomet II, et surtout contre Soliman II, des sièges célèbres, sous le commandement de Villers-de-L'Ile-Adam. Dans le dernier siège, ils luttent au nombre de 6.000 contre 300.000 Turcs et 280 vaisseaux, et ils ne quittèrent l'île qu'après une capitulation honorable.

Les Hospitaliers, ne s'éloignant que pas à pas du champ de bataille, viennent se fortifier dans l'île de Malte que leur cède Charles-Quint en 1530. Là, sous le nom de Chevaliers de Malte qu'ils ne quitteront plus, ils sont en lutte continuelle contre les Turcs et leurs pirates, subissant des sièges nombreux et meurtriers. Après tant de services rendus à la cause de la civilisation, ce fut un Français, le général Bonaparte, qui les força de quitter l'île en 1800.

A la Révolution, l'Ordre avait été dissout en France et ses biens vendus. Les derniers représentants se réfugièrent à Rome, mais leur institution, ne fut plus que, l'ombre d'elle-même. Quand ils disparurent, des personnages prirent le nom de Chevaliers de Malte et maintinrent d'une manière honorifique l'ordre glorieux qui avait bien mérité de l'Europe.

Les îles de Rhodes et de Malte disent à leur manière les services des chevaliers en montrant aux voyageurs des ruines imposantes où sont toujours associés les forteresses et les hôpitaux. On peut dire que les Hospitaliers, en tenant des siècles en respect les forces ennemies, ont préservé l'Europe occidentale peu préparée à la défense d'une invasion des plus redoutables, ils sont les devanciers de nos armées, et dans la simplicité de leurs méthodes de combat, ils peuvent servir aux soldats du XXe siècle de modèles de courages d'endurance et d'honneur militaire.

Ce sont ces braves et ces bienfaisants que nous trouvons installés à Pontaubert en 1167, sinon plus tôt. Ils étaient loin de posséder dans l'Yonne autant de maisons que les Templiers. Hors de l'Avallonnais, ils avaient des commanderies à Auxerre, à Sacy, à Vermenton, au lieudit l'Hôpital. A Volnay, ils occupèrent un instant la terre du château, où ils trouvèrent une des premières défenses de la féodalité, « une motte de terre entourée de fossés et d'une palissade », comprenant un donjon en bois, selon le mode de construction de l'époque.

A la suppression des Templiers en 1311, les Hospitaliers furent nantis de leurs domaines, et c'est ainsi que les commanderies du Saulce-d'Escolives, d'Auxerre, de Saint-Bris, de Vermenton, de Sacy, de Vallan, de Monéteau, du Saulce-d'Island furent administrées par la commanderie de Pontaubert. Mais on sait par l'histoire générale que les Hospitaliers, loin de devenir plus riches, faillirent être ruinés par ces avantages. Les gens du roi aient fait de si gros mémoires pour frais de saisie et de garde, qu'ils se trouvèrent encore débiteurs (Charton). Malgré tout, avec leurs revenus diminués, ils soutinrent la guerre défensive pendant trois siècles. Partout où ils ont passé, ils ont laissé, comme à Rhodes et à Malte, les témoignages de leur science dans la fortification des places, de leur goût dans les arts de l'architecture et de leur zèle pour les fondations de bienfaisance.

Rhodes surtout est rempli des monuments religieux, civils et militaires de ces infatigables bâtisseurs. Il y a une rue des Chevaliers qui monte de la Marine au palais du Grand-Maître, les trottoirs en sont faits de marbres antiques et sur les bords se voient les prieurés d'Angleterre, d'Italie, de France, d'Espagne, de Portugal et d'Allemagne, toutes constructions du Moyen Age avant 1500. Le palais est ruiné depuis 1522, sa porte s'encadre de deux tourelles ; il s'y trouve une grande salle et de vastes souterrains ; au palais se reliait la Loge Saint-Jean.

Les églises sont nombreuses : la cathédrale Saint-Jean, Sainte-Catherine du XIVe siècle, Saint-François devenu bains publics, les Augustins, Saint-Etienne de style byzantin, Saint-Marc en ruines, Notre-Dame de Philerme aussi ruinée. Il y a des restes de son château et de son enceinte. Trois portes donnent sur la mer, datant du XVe siècle, décorées de statues en marbre blanc, et plusieurs bastions sont debout. Le principal édifice conservé est l'Hospice des Pèlerins, datant du XIVe siècle, la Maison de Justice, l'Amirauté. Les archéologues de grande envolée veulent connaître Rhodes et en sortent émerveillés. (André Michel, Histoire de l'Art, tome III.)

Pourquoi le souvenir de ces hommes de foi, qui furent les premiers défenseurs dans la cause de la civilisation, ne serait-il pas cher au village de Pontaubert ?
Pourquoi ne ferait-on pas comme à Avallon, où des inscriptions marquent les édifices et les maisons historiques ?
Sur le chemin de Vézelay, si couru des touristes, une plaque apposée à l'église ou à la maison dite : la Commanderie, relaterait la fondation des Chevaliers de Malte. Elle répondrait au voyageur qui se demande comment une aussi belle église se voit dans un bourg modeste ; il saurait que pendant six cents ans vécurent à Pontaubert les Hospitaliers de Saint-Jean, les Chevaliers de Malte qui se signalèrent partout par des bienfaits.

Auteurs consultés

— Leymerie et Raulin, Statistique géologique de l'Yonne, 1858.
— Molard, Inventaire des Archives de l'Yonne, tome IV.
— Prot, Inventaire des Archives d'Avallon.
— Quantin, Répertoire archéologique, 1868.
— Ernest Petit, Avallon et l'Avallonnais, 1867.
— Victor Petit, Description des villes et campagnes, 1870.
— Anecdotes avallonnaises, 1782.
— Quantin, Annuaire, Histoire des ordres religieux, 1882.
— Abbé Courtepée, Description de la Bourgogne, 1775.
— Porée, Congrès archéologique de France à Avallon en 1907.

Renseignements reçus

— MM. abbés Fénérol et Baudin, Degoix, Rose, Lechat.
Sources : Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, tome XXI, IVe série. Auxerre 1918 - BNF

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