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Commanderies de l'Ordre de Malte
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Commanderie de Poitiers
Département: Vienne, Arrondissement et Cantons: Poitiers - 86

Domus Hospitalis Poitiers
Domus Hospitalis Poitiers

Le second maire de Poitiers, en 1202 et 1203, se nommait Soronet. C'était un ancien prévôt de la ville en 1200.
Il avait, comme son prédécesseur, la confiance du roi Jean qui lui donna, le 11 août 1202, la mission de prendre possession, en son nom, des châteaux des Lusignan. Sa maison était située in vico fabrorum, rue des Orfèvres, aujourd'hui rue de Saint-Etienne, dans le fief des Templiers, auxquels il la donna plus tard.
Il y avait, en effet, dès cette époque, à Poitiers, une maison de Templiers, remplacée plus tard par la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, située dans la grand-rue.
Le fief des Templiers, qui prétendait jouir de l'exemption du droit de minage à Poitiers, accordé naguère à l'abbaye du Pin par le roi Richard, en fut débouté par sentence arbitrale de 1228, mais la maison de Soronet en fut exceptée (3).
3. — Poitiers au Moyen Age, par Rédet.
— Archives de la Vienne, abbaye Saint-Cyprien, liasse 9.
— Archives historiques du Poitou, VIII, 126.


La mort d'Aliénor d'Aquitaine, arrivée à Poitiers le 31 mars 1204, enleva aux Plantagenets le dernier appui de leur pouvoir depuis longtemps miné en Poitou par les intrigues du roi de France Philippe-Auguste. La vieille reine fut ensevelie à Fontevrault, près de son fils et de son mari. Sa statue tumulaire est un monument du plus haut intérêt qui subsiste encore (4).
4. Chroniques Sancti Albini Andegav.
— Jean sans Terre en Poitou, par Lecointre, pages 188. 208. Mémoires des Antiquaires de l'Ouest, 1845.

Sources : Léon Palustre.

L'Ordre de Malte et l'Hôtel du Grand-Prieur d'Aquitaine
Nous n'entreprenons pas de donner ici une notice historique de longue haleine sur l'ordre de Malte, ses origines et son installation en Aquitaine.
Outre que la place nous est ménagée, nous attendons l'occasion prochaine de produire un travail plus complet. Pour le moment, nous nous bornerons donc dans les étroites limites qui nous sont imposées.

Ce fut la charité, cette vertu essentiellement chrétienne, qui donna naissance à l'ordre des frères hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Amalfi, petite ville d'Italie, située au nord du golfe de Salerne, forma au moyen âge une république indépendante dont la puissance maritime surpassa celle de Venise, si bien que ses pratiques commerciales devinrent le code de tous les marins (1).
1. Elisée Reclus, Géographie universelle, tome I, page 1 5.

Amalfi avait, à l'époque de sa grandeur, des relations constantes avec la Syrie et l'Égypte, où elle trouvait des débouchés pour son commerce. Ses habitants, dans un intérêt personnel ou même dans un but humanitaire plus général, songèrent à créer à Jérusalem un lieu de refuge où les Européens, marchands et pèlerins, devaient trouver des soins en cas de maladie et le repos après les fatigues d'un long voyage.

Cette pensée charitable venait fort à propos. Outre que le climat et les privations exerçaient leurs ravages, des hordes organisées pour le brigandage parcouraient les environs des lieux saints, rançonnaient les étrangers, en sorte que les voyageurs, quand ils ne laissaient pas leur vie dans une rencontre, arrivaient à destination dénués de tout.

Entre les années 1014 et 1023, les Amalfitains envoyèrent auprès de Romensor de Montesaph, calife d'Égypte, une députation qui sut gagner ses faveurs par de riches présents. Elle obtint l'autorisation de construire à Jérusalem, dans le quartier chrétien, devant le temple de la Résurrection, une église qui fut consacrée à la sainte Vierge, sous le vocable de Sainte-Marie-Latine, et, pour assurer la pratique régulière du culte dans cette église, des religieux de l'ordre de Saint-Benoît s'établirent à ses côtés (2).
2. Cil marcheant de Malte avoient plenièrement l'acointance et la grâce du prince et de ses barons... Ils estoient bon crestien et toutes les foiz qu'il venoient en Jherusalem, volontiers aloient fere leur oroisons par les saintz leus de la cité. Il n'avoient en la ville point de meson qui leur fut ; si leur estoit grevement et mesese ; car il les covenoit sovent à demorer grant pièce en la ville, por delivrer de ce qu'il aportoient et lessier leur compaignons et leur mesaiées à grant séjor. Por ce se pensèrent il demanderoient au calife une place dedans Jhérusalem en qui il feroient une meson qui seroit propre aus gens de leur cité quant il vendroient en la ville. Leur otroia tantot ce qu'il requeroient. (Paulin Paris, Guillaume de Tyr et ses continuateurs, Paris, 1880.)
Dans le même ouvrage, M. Paulin Paris donne, sous forme de note, le renseignement suivant, à la page 20, tome I, en visant l'ouvrage de M. le comte de Vogué : les Églises de la Terre Sainte : « La première église Sainte-Marie-Latine fut construite entre les années 1014 et 1023, en vertu d'un firman accordé aux Amalfitains par le sultan d'Égypte, firman aujourd'hui conservé dans le couvent des Franciscains de Jérusalem. L'église fut élevée sur l'emplacement du premier couvent hospitalier, fondé, plus de deux siècles auparavant, par ordre de Charlemagne. Il n'en reste que des ruines presque entièrement recouvertes par des maisons particulières. Elle était à un jet de pierre de l'église du Saint-Sépulcre, dans la rue des Paumiers, au-dessus de l'hôpital Saint-Jean-l'Aumônier.
Tel fut le commencement du célèbre hôpital et des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Sainte-Marie fut surnommée Latine parce que l'on y suivait le rite latin, non le rite grec, comme dans les autres églises de Jérusalem.


Après les terreurs de l'an mille (3), le concours des pèlerins vers les lieux saints devint immense. Aussi le monastère fut-il bientôt insuffisant pour donner asile à toutes les infortunes. C'est pour ce motif qu'on construisit à ses côtés un hôpital, dont le maître fut à la nomination de l'abbé de Sainte-Marie-Latine. On y adjoignit une chapelle qui fut dédiée à saint Jean-Baptiste, « pour l'opinion qui était alors parmi les chrétiens, que Zacharie, prophète, père de saint Jean-Baptiste, faisait ordinairement ses oraisons en ce lieu-là (4) »
3. Les terreurs de l'an mille paraissent devoir être reléguées parmi les légendes et les erreurs historiques. Voir à ce sujet, notamment, l'An mille, par M. Jules Roy. Paris, Hachette, 1885.
4. Bosio, Histoire de Malte, édition corrigée par Baudoin, tome I. Paris, 1653.


Le service de cet hôpital fut confié à des frères dont le recrutement devint facile, car beaucoup de pèlerins qui avaient vu dans ce pieux asile la fin de leurs souffrances, ne songèrent qu'à y rester et à se consacrer au soin des malades. Ils prirent le nom de frères hospitaliers, et, dès lors, l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem se trouva fondé (5).
5. Le P. Paoli, dans un ouvrage publié à Rome en 1781, essaye de prouver que l'ordre des frères hospitaliers n'a pas existé avant les croisades, puisqu'il fut, suivant lui, la conséquence même des croisades. Mais il existe des chartes originales qui établissent que des donations furent faites aux frères hospitaliers avant la première croisade. Nous citerons notamment, avec M. Mannier (les Commanderies du grand prieuré de France, Paris, 1872), une donation faite à la commanderie de Villedieu-les-Bailleurs, en Normandie, en 1060, par Guillaume le Conquérant.

Gérard, surnommé Tum ou Tunc (6), apothicaire de profession, né vers 1040 à Amalfi, suivant les uns, à Martigues ou à Fréjus en Provence, ou même au château d'Avesnes en Hainaut, suivant les autres, étant allé en terre sainte, se réfugia chez les frères hospitaliers, et, sa charité ardente l'ayant mis en lumière, la direction de l'hôpital lui fut confiée. Il prit le titre de prévôt ou prieur.
6. Cette appellation de Tum ou Tunc n'est très vraisemblablement qu'une erreur. Il est permis de supposer que l'un des premiers écrivains qui se sont occupés de l'histoire des hospitaliers a pris l'adverbe latin tum ou tunc pour un nom patronymique et que cette erreur s'est perpétuée.

Le nombre des frères hospitaliers s'accrut rapidement. Quelques-uns d'entre eux furent armés et reçurent la mission spéciale d'escorter et de défendre les pèlerins contre les hordes musulmanes qui couraient la campagne.
Pendant la première croisade, Gérard fit preuve du plus grand dévouement, et les hospitaliers se multiplièrent pour égaler son zèle. Ces nobles exemples eurent pour effet d'attirer un certain nombre de croisés de haute naissance qui n'hésitèrent pas à seconder Gérard dans la pratique de la charité. Godefroy de Bouillon, premier roi de Jérusalem, pénétré d'admiration, fit donation à l'hôpital de biens considérables et notamment de la terre et seigneurie de Montboire, située en Flandre, avec tous les droits qui y étaient attachés. Un grand nombre de seigneurs imitèrent Godefroy de Bouillon ; les revenus des hospitaliers s'en accrurent en même temps que leur prestige et l'institution prit un grand développement.

Ce fut à ce moment que Gérard jugea à propos de se séparer du monastère de Sainte-Marie-Latine et de former une congrégation indépendante, moitié religieuse, moitié militaire, sous le patronage de Saint-Jean-Baptiste. Il conféra aux religieux le titre définitif de « frères hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem » et il les soumit, en leur donnant une règle et un costume, au vœu de chasteté, pauvreté et obéissance. A ces trois vœux, il joignit l'obligation personnelle à chaque membre de soigner les malades, de concourir à la défense de l'Eglise, et spécialement de combattre les infidèles. Le Saint-Siège approuva cette institution, la prit sous sa haute protection, sanctionna les nombreuses donations qui lui avaient été faites, et le pape Pascal II, par une bulle du 15 février 1113, la dispensa des décimes et autres bénéfices spéciaux à l'Eglise. Il établit, en outre, qu'après la mort de Gérard la nomination des prieurs ou recteurs appartiendrait aux frères hospitaliers qui se trouvèrent, par ce fait, irrévocablement débarrassés de la tutelle du monastère auquel ils devaient auparavant obéissance.

Saint-Maixent
Département: Vienne, Arrondissement: Montmorillon, Canton: Béthines - 86

Domus Hospitalis Saint-Maixent
Domus Hospitalis Saint-Maixent

Ce sceau (sans contre-scel) est attaché à une charte du 21 octobre 1283 qui est une concession faite à l'abbaye de Fontaine-le-Comte, par Amblard, Commandeur des maisons du Temple en Aquitaine, d'une maison sise à Saint-Maixent et chargée d'une rente de sept sous envers les Templiers de Roche.
(Archives de la Vienne, n° 56 des sceaux.)

Sceau des Templiers : Sceau Templiers

Gérard réédifia sur des bases grandioses la petite église de Saint-Jean-Baptiste, autour de laquelle il installa de magnifiques hôpitaux ; il acquit des maisons et des biens à Jérusalem, Bethléem, Tyr, Antioche, Margat, Alexandrie, Rhodes, etc. ; il fonda de nombreuses commanderies ou préceptories en Europe, et spécialement en France ; enfin il mourut en odeur de sainteté en l'année 1118, suivant Bosio, en 1120 et même 1121, suivant d'autres historiens. Son corps resta à Jérusalem pendant longtemps, puis il fut transporté successivement à Rhodes, Chypre et Malte, ensuite, en 1534, à Manosque en Provence, où il existait une commanderie de l'ordre. Enfin, en 1537, les restes mortels, du pieux recteur furent définitivement déposés dans la chapelle des comtes de Forcalquier, qui était également la propriété des frères hospitaliers.
Sous Raymond du Puy, second grand maître, la règle fut complétée et un double en fut déposé à la bibliothèque Vaticane (7).
7. Privilèges de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. A. de Naberat.

L'institution prit sa forme définitive, et l'affluence des seigneurs qui tinrent à honneur d'en faire partie fut telle que, pour éviter toute confusion, on établit entre les hospitaliers une distinction suivant leur origine ou par langue, d'où vint la création en France :
De la langue de PROVENCE, qui comprit les deux grands prieurés de Saint-Gilles et de Toulouse.
De la langue d'AUVERGNE, qui ne se composa que du grand prieuré d'Auvergne.
Et de la langue de FRANCE, qui comprit les trois grands prieurés de France, de Champagne et d'Aquitaine.
Le-siège de ce dernier était à Poitiers, dans une maison appelée hôtel Saint-Georges (8).

Le Concile tenu à Vienne en Dauphiné, en 1311, après avoir prononcé la suppression de l'ordre des Templiers (9), en accorda les biens aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Philippe le Bel, qui avait mis la main sur le trésor conservé au temple de Paris (10), mais qui le trouvait insuffisant pour ses caisses épuisées, fut très contrarié de la décision prise par le Concile ; néanmoins, comme il ne pouvait s'y opposer, il parut s'y soumettre et donna des ordres à tous ses agents de province pour son exécution. En même temps, il imposa des conditions qui eurent pour effet d'épuiser le trésor des hospitaliers et qui donnèrent naissance à un grand nombre de difficultés dont la solution ne devait avoir lieu que vers 1325, sous Charles IV.
8. Cette appellation d'hôtel Saint-Georges semble avoir été commune au siège de plusieurs grands prieurés. La demeure du grand prieur d'Auvergne, à Lyon, s'appelait aussi hôtel Saint-Georges.
9. Il y avait une troisième institution, moitié religieuse, moitié militaire, connue sous le nom de Teutonique. Cette institution, qui n'était à l'origine qu'un hôpital allemand, devint un ordre militaire, par suite de l'initiative prise par Frédéric de Souabe, en 1190, dans le but de grouper sous une même bannière les éléments germaniques attirés en terre sainte par les croisades. L'hôpital allemand relevait dans le principe des frères hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, sous la tutelle desquels il avait été placé. M. Delaville Le Roulx à découvert récemment, aux archives des Bouches-du-Rhône, deux documents donnant des indications précises sur la manière, jusque-là très imparfaitement connue, dont s'exerçait cette tutelle. Ce sont deux bulles du pape Célestin II, datées du 9 décembre 1143, adressées, l'une à Raymon du Puy, l'autre aux hospitaliers d'Allemagne. (Consulter la brochure de M. Delaville Le Roulx, les Anciens Teutoniques et l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Paris, 1889, Imprimerie Nationale.)
10. Consulter, sur les richesses des Templiers et leurs opérations financières, le très intéressant mémoire de M. Léopold Delisle, membre de l'Institut, tome XXXIII, 2e partie des Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.


Débarrassés enfin de toutes les compétitions royales et autres (11), les hospitaliers s'occupèrent de la réorganisation de leurs commanderies dont le nombre s'était accru considérablement par l'adjonction de celles du Temple.
11. Le procès des Templiers avait excité toutes les convoitises laïques et ecclésiastiques. Aussi y eut-il un déchaînement de haine et de jalousie contre l'ordre de Saint-Jean, qui se traduisit par des agressions de toute nature. Le pape Jean XXII jugea à propos de venir au secours de l'ordre par une bulle du 27 septembre 1316. « Ayant appris, dit-il, que quelques archevêques, évêques, clercs, personnes ecclésiastiques, tant régulières que séculières, ainsi que des marquis, des ducs, des comtes, des barons, des nobles, des chevaliers et des universités de cités, de villes, de villages et autres laïques, ont fait occuper les possessions, terres et droits des hospitaliers, tuer les vassaux, les hommes et les personnes de cet hôpital ou les emmener prisonniers..», etc. (Histoire du grand prieuré de Toulouse, par M. A. Dubourg. Toulouse, 1883.)

On sait que les commanderies étaient des possessions territoriales dont l'administration était confiée à des religieux de l'ordre qui en percevaient les revenus dont une partie était destinée au commun trésor. Il y en avait de trois sortes :
Les COMMANDERIES MAGISTRALES, qui étaient annexées à la dignité de grand maître.
Les COMMANDERIES DE JUSTICE, que l'on obtenait par droit d'ancienneté.
Et les COMMANDERIES DE GRACE, qui étaient accordées par la faveur du grand maître ou du grand prieur.
Sceau de N. Gasparini, supérieur général de l'Ordre de Saint-Antoine, appliqué sur une charte du 8 février 1738.
(Archives de la Vienne, n° 3 des sceaux plaqués.)

Sceau Ordre de Saint-Antoine: BNF

Le grand prieuré d'Aquitaine comptait, après la réunion des biens du Temple et de ceux de l'ordre de Saint-Antoine (12), 228 commanderies qui s'étendaient sur le territoire formant aujourd'hui les départements suivants :
Indre, Loir-et-Cher, Vienne, Deux-Sèvres, Vendée, Loire-Inférieure, Ille-et-Vilaine, Morbihan, Finistère, Côtes-du-Nord, Sarthe. Mayenne, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Charente, Charente-Inférieure, Dordogne, Gironde et Corrèze.
Dans ces trois derniers départements, il n'y avait que des commanderies provenant de l'ordre de Saint-Antoine :
C'était, pour la GIRONDE, Artiguelongue.
Pour la DORDOGNE, Bergerac, Le Breuil, Exideuil, Pison.
Pour la CORRÈZE, Lestars et les Plantades. Ces commanderies étaient membres de Saint-Antoine d'Aubeterre (Charente).
12. L'ordre de Saint-Antoine fut fondé au XIe siècle dans le but de porter secours aux pauvres malades attaqués du mal connu sous la dénomination de feu sacré ou feu de Saint-Antoine. En 1775, une réforme fut jugée nécessaire. On pensa que le seul remède à opposer à la dissolution de ce grand institut était de le réunir à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui avait une grande similitude avec lui. Les chefs des deux ordres se concertèrent pour arriver à une fusion complète ; ils se réunirent le 15 avril 1775 devant les conseillers du roi, notaires au Châtelet de Paris, pour dresser l'acte de fusion. Les 17 décembre 1776 et 7 mai 1777, parurent deux bulles du pape Pie VI, portant suppression de l'abbaye-chef de Saint-Antoine, l'union des deux ordres et la translation des religieux Antonins dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Le 30 du même mois de mai, le roi sanctionna par lettre patente le traité du 15 avril 1775. Enfin, le 3 juillet suivant, parut un décret de Nicolas de Vichy-Chambon, trésorier de la Sainte Chapelle, portant fulmination et publication des bulles relatives à l'union des deux ordres. (Niepce, le Grand prieuré d'Auvergne. Lyon, 1883.)

Sceau du grand prieuré d'Aquitaine. Contre-scel Sceau et contre-scel de Philibert de Laignes, grand prieur d'Aquitaine, attaché à une charte qui est un bail à rente consenti par Frère-Jean Leconte, Commandeur de l'hôpital Saint-Jean d'Amboise, le 28 mai 1443, avec la ratification de Frère Philibert de Laignes, du 10 juin 1446.
(Archives de la Vienne, n° 103 des sceaux.)

Sceau du Grand-Prieuré Aquitaine BNF

Beaucoup de ces commanderies n'avaient pas de commandeur qui leur fût propre ou n'en eurent que pendant un certain temps ; elles n'étaient que des membres ou dépendances de commanderies plus importantes. D'après un état existant aux archives de la Vienne (13), le grand prieuré d'Aquitaine se composait, vers le milieu du XVIIIe siècle :
1° Des 31 commanderies suivantes : Amboise, l'ancien hôpital d'Angers, le Temple d'Angers, Ansigny, Artins, Ballan, Le Blizon, Bourgneuf, Coudrie, Les Epaux, Féollette, les Fossés-Chalons, Fretay, La Feuillée, Le Guéléant, La Guerche, La Lande près Verché, l'île Bouchard, La Rochelle, Mauléon, Moulins et Loudun, Sainte-Catherine de Nantes, Ozon et Prailles, Puyraveau, Le Perrot et Launay, Quarentoir, Quittay, Rochevilledieu, Saint-Rémy, Théval et Villegast.

2° De l'hôtel du grand prieur d'Aquitaine, situé à Poitiers, appelé aussi hôtel Saint-Georges, et dont l'entrée principale était Grand-Rue.

3° Et des quatre chambres prieurales : De Saint-Georges, comprenant les commanderies de Saint-Georges, Chasseneuil, L'Epine, Montgauguier et La Lande de Craon. De Champgillon, comprenant les commanderies de Champgillon, La Touche-Maurice, l'hôpital de Thiré, Sainte-Gemme de Luçon et Puy-Belliard.

De Cénan, comprenant les commanderies de Cénan et Sainte-Gemme près Niort. Et de Beauvais-sur-Matha, comprenant les commanderies de Beauvais-sur-Matha, Château-Bernard, Angle, le Temple d'Angoulême et le Dognon de Blanzac.

Les commanderies constituant le grand prieuré d'Aquitaine étaient affermées séparément et produisaient, vers le milieu du siècle dernier, un revenu total de 212,718 livres (14) ; mais les charges ordinaires de l'ordre, les charges locales, portions congrues (15), pensions, gages, impositions du dixième, responsions (16) et l'entretien, absorbaient une partie notable des bénéfices.

Il est assez difficile, à défaut de document précis, d'indiquer exactement l'époque où les hospitaliers vinrent se fixer en Poitou. On sait qu'Ythier de Nanteuil était grand prieur d'Aquitaine en 1294, mais ce ne fut pas le premier, car il existe des chartes bien antérieures applicables à des commanderies, parmi lesquelles nous citerons une transaction intervenue le 19 octobre 1187 entre le commandeur de Beauvoir, près Poitiers, et l'abbesse de la Trinité (Bibliothèque de Poitiers, Dom Fonteneau, tome LII, page 549, et Archives de la Vienne). On peut affirmer sans crainte d'erreur que les hospitaliers s'installèrent en Poitou, en même temps que les Templiers, vers la fin du XIe siècle.

On peut croire aussi que l'hôtel Saint-Georges fut de tout temps le siège du grand prieuré d'Aquitaine (17). M. Redet, dans une étude sur le classement des titres de l'abbaye de Saint-Cyprien (18), cite un document relatif à une maison située dans la Grand-Rue, au coin de la rue Montgauguier, assujettie à des rentes envers l'abbaye.
Les titres où cette maison est désignée rappellent l'existence d'une ancienne église paroissiale dite de Saint-Léger, dont on ne retrouve plus de trace aujourd'hui. La maison était appelée la Corne de cerf et est dite, dans des titres de 1373 et 1374 (19), située dans la Grand-Rue, en la paroisse de Saint-Léger, près les maisons des hospitaliers de Jérusalem, autrement appelées le Temple, et près de la rue par laquelle on va de la Grand-Rue à l'église Saint-Léger.
13. Archives de la Vienne. H. 3, 4.
14. Archives de la Vienne. H. 3, 4.
15. Pensions que les percepteurs de la dîme devaient aux curés.
16. Portion des revenus de la commanderie que le commandeur versait au trésor de l'ordre.
17. Les Templiers possédaient une maison considérable à Poitiers. On voyait encore leur cloître en 1769, dans l'ancienne auberge de Sainte-Marthe qui servait alors de caserne à la maréchaussée (Bibliothèque de Poitiers, manuscrit 300 des maires de Poitiers, page 29).
L'auberge de Sainte-Marthe, connue aussi sous le nom de logis de Sainte-Marthe, fut très probablement la demeure de la famille de ce nom, célèbre en Poitou. La maison de M. Rebeilleau, rue Notre-Dame-la-Petite, n° 36, a été construit sur partie de son emplacement.
18. Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 3e trimestre de 1842, page 247.
19. Archives de la Vienne. H. 1, 9.


En 1526, la même maison est indiquée comme étant située en la paroisse de Saint-Savin, Grand-Rue, et faisant le coin de celle de Saint-Léger, tout le long de ladite rue, jusqu'à la maison du commandeur de Montgauguier. Il est probable qu'en 1526 l'église Saint-Léger n'existait plus déjà, puisque la maison dite la Corne de cerf avait changé de paroisse. Enfin, en 1703, on trouve cette autre désignation : Maison en la paroisse de Saint-Savin, où pendait autrefois pour enseigne la Corne de cerf, tenant par le devant à la Grand-Rue, tendant de la place Notre-Dame la Grande à la porte de Pont-Joubert, à main dextre, par derrière aux bâtiments du grand prieuré d'Aquitaine et faisant l'un des coins de la ruelle de Montgauguier qui fut anciennement la rue de la paroisse de Saint-Léger et qui va de la Grand-Rue à la rue Saint-Paul.

D'où il résulte, dit M. Redet, que la rue de Montgauguier, autrefois appelée de Saint-Léger, avait pris son nom de l'hôtel du grand prieur qui était en même temps commandeur de Montgauguier (près Mirebeau, Vienne), et que c'est improprement qu'on l'appelle aujourd'hui Montgautier.

A l'origine, la demeure du grand prieur n'était qu'une maison de modeste apparence, mais des agrandissements y furent faits successivement. Le pignon nord date du XVIe siècle, ce qui indique déjà une reconstruction. Puis l'hôtel fut considérablement augmenté en 1667 par Gilbert de Vieilbourg, qui était grand prieur à cette époque.

On lit cette inscription sur la grande porte de la Grand-Rue qui formait l'entrée principale :
HOTEL DU GRAND PRIEUR D'AQUITAINE. F. GILBERT DE VIEILBOURG 1667

Autrefois, cette grande porte était surmontée d'un fronton monumental. Il a disparu. L'écusson placé au sommet, dans la partie médiane, a été gravement détérioré par la fureur populaire ; il portait sans doute les armoiries du grand prieur reconstructeur de l'hôtel (20).
20. L'écusson a été restitué par le dessinateur sur le dessin ci-dessus.

On voit dans la frise, de chaque côté de l'écusson, la lettre T, probablement pour justifier l'appellation de Temple, donnée à l'hôtel Saint-Georges dans le langage vulgaire (21).
21. Consulter notamment un bail à rente de l'année 1363, consenti par l'abbaye de Saint-Cyprien à Barthelemy de Saint-Grégoire, dit le Pape, monnayeur, d'une maison sise Grand'Rue, près la maison des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, aussi appelée le Temple, moyennant 8 livres de redevance annuelle.
(Archives de la Vienne, fonds de Saint-Cyprien, liasse 9.)


Porte de l'hôtel du Grand Prieuré : BNF

Sur la porte du vestibule, où se trouve le grand escalier, on voit cette autre inscription : HOTEL D'ACQN 1667
Un autre agrandissement très important date de la construction de la salle des Archives, c'est-à-dire de 1730. D'après le plan que nous reproduisons ici, et qui a été dressé immédiatement après cette construction, on peut se figurer ce qu'était l'hôtel du grand prieur vers le milieu du siècle dernier.

Nous venons de parler de la construction de la salle des Archives ; à ce propos, quelques explications sont nécessaires.
Au début de leur constitution, les hospitaliers avaient créé au siège central un lieu appelé le Trésor, où étaient conservés les titres intéressant l'ordre en général. Mais ces dépôts furent plusieurs fois incendiés à la suite de la perte de Jérusalem et des autres lieux de la Palestine que les chevaliers occupèrent successivement.

D'après le chevalier de Nabarat, cité plus haut, ils perdirent même la règle que leur avait donnée Raymond du Puy, et ils furent contraints de recourir à l'original conservé à la Bibliothèque Vaticane pour en avoir une copie (22).
22. Niepce, le Grand prieuré d'Auvergne.

Chaque commanderie avait également un local affecté à la conservation des titres qui la concernaient spécialement, notamment des registres terriers et des procès-verbaux de visites. Mais la négligence des commandeurs était telle que ces registres étaient toujours mal tenus et souvent égarés. Les commanderies souffraient de cet état de choses ; car les débiteurs de rentes, auxquels on n'avait aucun titre à opposer, faisaient la sourde oreille. Aussi beaucoup de commanderies furent supprimées pour cause d'insuffisance de revenus et réunies à des commanderies plus importantes dont elles devinrent les membres.

A la fin du XVIIe siècle, les archives des grands prieurés et de leurs commanderies étaient donc dans un état déplorable. Aussi des réformes parurent nécessaires. Le dépôt des dossiers au siège de chaque grand prieuré devint une obligation, et les grands maîtres prirent une décision pour la construction à bref délai d'une salle spéciale pour le dépôt et la concentration des titres. Cette décision, en ce qui concerne le grand prieuré d'Aquitaine, porte la date du 13 septembre 1706. Néanmoins, ce fut seulement en 1730 que la salle des Archives fut construite (23).
23. Voir le fonds de Malte à la bibliothèque de la Société des Antiquaires de l'Ouest.
On trouve dans le même dossier un traité passé entre divers et Jean Pontois, archiviste, vice-chancelier et généalogiste de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem au grand prieuré d'Aquitaine, comme fondé de pouvoirs de frère Pierre d'Alsace-Hennin-Liétard, grand prieur d'Aquitaine, aux dates des 2, 15, 16, 18 et 20 mai, 2 juin et 8 juillet 1779, pour la reconstitution des registres terriers des châtellenies, seigneuries et commanderies de Champgillon, La Touche-Maurice, Thiré, Sainte-Gemme de Luçon, Puybeliard, Beauvais-sur-Matha, Châteaubernard, Angle, le Dognon de Blanzac, Angoulême, Montgauguier, La Lande de Craon, Saint-Georges-les-Baillargeaux, Chasseneuil, L'Epine et leurs membres et dépendances. Le grand prieur, craignant que les débiteurs des biens grevés refusassent la communication des titres et d'en passer titres nouvels, adressa une demande au roi pour obtenir des lettres de terriers, ce qui fut octroyé le 30 septembre 1778.


Dans le but de former une construction régulière, le grand prieur frère Philippe-Joseph de Lemery d'Echoisy (24) acquit un terrain attenant au grand prieuré, ayant fait partie de la maison occupée en dernier lieu par M. Gras, notaire honoraire, sise rue du Petit-Maure, n° 15, de dame Marie-Anne Lefort, veuve du sieur Louis Girard, maître boulanger, ainsi que l'établit un contrat passé devant Mes Bourbeau et Darbez, notaires à Poitiers, le 13 mai 1730.
24. Ce fut ce grand prieur qui dota la ville de Poitiers, en 1746, de l'hôpital des Incurables. Son portrait est placé dans le parloir de cet établissement.

L'ordre de Malte disparut au milieu de la tourmente révolutionnaire. Un décret de la Convention nationale, du 19 septembre 1792, le supprima et les biens considérables qu'il possédait en France devinrent biens nationaux.
Depuis, l'hôtel du grand prieuré a traversé des phases diverses.
Les sieurs Favre, menuisier, Pierre Roy, négociant, et Jean-Blaise Segris, marchand, s'en rendirent adjudicataires, le 11 messidor an VII (29 juin 1798), suivant procès-verbal dressé par l'administration centrale de la Vienne.

Il devint ensuite la propriété du sieur Pierre-Antoine Chiron, au moyen de la vente que lui en consentirent les trois adjudicataires plus haut nommés, aux termes d'un contrat passé devant Me Darbez, notaire à Poitiers, le 25 germinal an VII (14 avril 1799). Puis M. Chiron le vendit à M. Jean-Honoré Pontois, professeur à l'École centrale de la Vienne, suivant contrat passé devant Me Bourbeau, notaire, le 3 nivôse an X (24 décembre 1801).

M. Jean-Baptiste Gennet, juge au tribunal de première instance de Poitiers, et Mme Radegonde-Sophie Tribert, son épouse, achetèrent ensuite de M. Pontois l'hôtel du grand prieur (moins la partie portant les numéros 13, 14, 15 et 16, qui appartient à Me Savatier : voir au plan ci-dessous), en vertu d'un contrat passé devant Me Ferdinand Geoffroy, notaire à Poitiers, le 21 septembre 1818.

Puis l'hôtel (à l'exception du porche d'entrée et d'une maison contiguë donnant sur la Grand-Rue) fut acquis de M. Gennet fils par MM. Louis-Ernest Gras, propriétaire, et Adolphe-Louis-Jean-Jacques Gras, notaire honoraire, son frère, aux termes d'un contrat passé devant Me Beugnet, notaire à Poitiers, le 13 mars 1880.

Enfin la propriété du même immeuble est passée aux mains de l'auteur de cette notice, à la suite de deux partages intervenus devant Me Chauveau, notaire à Poitiers, après le décès de Mme Adolphe Gras et de M. Ernest Gras.

La partie portant les numéros 1, 2, 3 et 4 (voir au plan) appartient aujourd'hui à M. Lebon, marchand de meubles. La rue Montgautier, qui n'était autrefois qu'une ruelle, tend à devenir plus praticable. Elle fut élargie au droit des jardins du grand prieuré en l'année 1817, ainsi qu'il résulte d'une demande d'alignement qui se trouve dans le dossier de Malte à la bibliothèque de la Société des Antiquaires de l'Ouest, et M. Savatier vient de faire démolir un bâtiment qui en obstruait l'entrée du côté de la rue Saint-Paul.

Après la suppression de l'ordre par la Convention, les chevaliers trouvèrent un refuge à Malte ; mais Bonaparte, se rendant en Egypte, s'empara de La Valette, le 10 juin 1798, ce qui mit fin à l'existence politique des chevaliers.

Après la prise de Malte, les chevaliers essayèrent de se reconstituer. Le siège de l'administration fut transporté successivement à Catane et à Ferrare, puis à Rome, où l'ordre possède un vaste palais, rue Condotti, une villa et l'église Sainte-Marie de l'Aventin. Mais on peut dire que l'ordre actuel n'a plus aucune destination, la cause de son existence même ayant disparu. C'est donc une simple association particulière qui n'a jamais été reconnue par le Gouvernement français. Le grand maître actuel est le comte J. B. Ceschi.

Plan Hôtel d'Aquitaine: BNF

Légende
— Rue Saint-Paul côté gauche de l'Hôtel (13, 14, jardin, cour, petite écurie)
— Rue Montgaulier (7, puits, 4, 4, 5, 6, 9)
— Grande Rue (1, 2, 3, 16, 4, 4)
— Arrière de l'Hôtel (Office, 15, Cuisine, Cour, Garde-Manger, 12, 11, 10, 10, 10)
1. — Porte et principale entrée.
2. — Maison du concierge.
3. — Avant cour.
4. — Ménagerie et dépendances.
5. — Cour et écuries
6. — Jardin de l'Hôtel.
7. — Grande écurie.
8. — Cour d'Honneur. Centre de l'Hôtel.
9. — Chapelle.
10. — Hôtel Prieural.
— Distribution du Rez-de-Chaussée.
11. — Salle des Archives.
12. — Chambre, Salle annexe des Archives.
13. — Maison de la Recette.
14. — Dépendance de la Recette.
15. — Boulangerie.
16. — Latrines.
Sources plan G. Girault.
Sources : Monsieur GENESTEIX. Paysages et monuments du Poitou, photographiés, par Jules Robuchon. Tome premier, pages 155 à 161. Poitiers, Paris 1890. - BNF

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