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Commanderie d'Eterpigny

Département: Somme, Arrondissement et Cantons: Péronne - 80

Domus Hospitalis d'Eterpigny
Domus Hospitalis d'Eterpigny

La maison d'Eterpigny, qu'on voyait autrefois dans la grande rue du village, était un ancien établissement des frères de l'hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem.
Sa fondation remontait vers le milieu du XIIe siècle. Des lettres de Raoul, comte de Vermandois, qui paraissent avoir été rédigées vers 1150, portent que ce seigneur avait donné, pour le repos de son âme et de celle de son père, aux frères de l'Hôpital, sa maison, avec le jardin et les terres en dépendant, située à Eterpigny, apud Esteipiyniacum, franche et exempte de tous droits et coutumes, et telle que la tenait son défunt père, mais à la charge d'une dîme de grains due à la maison de Saint-Léger (1).

Comme complément de cette donation, Philippe, comte de Flandre et de Vermandois, leur concéda, en 1177, la ville même d'Eterpigny, villam de Sterpiyniaco, et ses dépendances, avec toute la souveraineté qu'il y avait (2).

Parmi les donations faites au XIIIe siècle aux Hospitaliers d'Eterpigny, nous remarquons celles de Raoul, châtelain de Nesle en 1210, et d'Eloi d'Eterpigneul en 1219, par lesquelles ces seigneurs leur abandonnaient respectivement tout ce qu'ils possédaient à Eterpigny et sur son territoire (3).

Une acquisition assez importante eut lieu en 1261, par les frères de l'Hôpital. C'était l'achat, au prix de 700 livres, de cent deux journaux de terre provenant de Nevelon de Chaume et de Marie, sa femme, veuve d'Ybert de Templex (4), chevalier. Ces terres, qui se trouvaient dans la censive de l'Hôpital, étaient situées aux terroirs d'Eterpigny, de Villers-en-Chaussée (5), de Séboutescluse (6) et d'Esterpigneul (7), et réparties en divers lieux dits (8).
1. Archives nationales S 5220, supplément n° 14.
2. Archives nationales S 5220, supplément n° 1.
3. Archives nationales S 5220, supplément n° 16 et 46.
4. Templeux-la-Fosse (Somme), arrondissement Péronne, canton Roisel.
5. Aujourd'hui Villers-Carbonnel, arrondissement et canton Péronne.
6. Sobolécluse, ancien nom du faubourg de Paris à Péronne.
7. Eterpigneul, dépendance d'ELerpigny.
8. « In loco qui dicitur le Pré inter le Plankete et le rue Herbeuse.
— As Ourmissiaus ante domum Roberti de Barra.
— As Ourmissiaus deseur le rue in loco qui dicitur le Tombele.
— Ad viam de Nigella.
— Au sentier de Vilers.
— As Argillieres.
— En Lieuloie.
— In praeria inter Vicum et semitam que vadit apud Brie.
— Item desous le val de Landrival.
— Desous l'Ormissel de Le Crois.
— Desous le Crois tenant au kemin de Roye.
— Desous le Grand Camp, au sentier Pontois et à le Couturele.
— Deseur le Couturele de l'Ospital.
— Ad campum Wauberti.
— Au pré Clarois à Banlu.
— Au ries de Lisole.
— A la rue de Boencort.
— Ad spinetam de Vilers.
— Ad puteum super domum Leprosi de Esterpegny.
— A Martin Camp.
— A la motte de Baali deseur l'Escluselle.
— Ad ruellam deseur le Val de le Fontaine tenant as Longaignes.
— Ad campum de le Cambe.
— Deseur Hamel qui tient au sentier Pontois.
— Es escbars ad viam de Roia.
— Deseur le moyenne Voie.
— As alues deseur Grantreu.
— Deseur le Valde Maalot.
— En mont par deseur Henrivauchel.
— Par devers Baalli.
— As Gourdes. »
(Archives nationales S 5223, Supplément n° 12.)


La même année, ils achetaient encore d'un chevalier, nommé Gobert de Lehun, des terres au territoire d'Esterpeyni ; et en 1267, Robert Fursy de Péronne leur en vendait d'autres au même lieu, au-dessus du Hamel.

Ces diverses acquisitions augmentèrent le domaine d'Eterpigny, qui comptait, au XIVe siècle, plus de 300 journaux de terre.
Le rapport de la visite prieurale de 1495 constate ainsi l'état de cette maison de l'Hôpital : « Audit lieu d'Esterpeigney, y a chappelle de la commanderie, fondée de Saint-Jehan de l'Hospital, chargée de troys messes la sepmainne... »

« La maison qui est grande et sumptueuse d'édifice, où les commandeurs pevent faire leurs demeures, toute batie à l'ancienne façon. Dedens le bas d'icelle, le fermier faict sa demourance »

« Audit villaige, y a de XV à XVI maisons, subjectes de la religion, à toute jurisdicion, et y souloit naguères de temps avoir justice levée, laquelle le Commandeur a promis faire redresser. »
« Ladite maison a plusieurs terres du domaine qui sont bailliées au fermier avecques un petit pré, et donne ledit fermier de prouffit tous les ans, XL, livres, XI, muys froment, VII muys avoinne. »
Plus y a en plusieurs villaiges près dudit lieu nommés :
Brye (1), Barleux (2), Oigny (3), Han (4), Chamy (5), on a jurisdicion sur tous les hommes, et prent tant en dismes de menues cens et rentes et péaiges qu'en argent, CLXVIII livres VIIII sols, LVIII muys froument et IIII sétiers, XIIII muys avoyne et III sétiers, LXXX chappons. »
1. Brie : (Somme) arrondissement et Canton Perrone.
2. Barleux : (Somme) arrondissement et Canton Perrone.
3. Horgny : à une demie lieue au sud-ouest d'Eterpigny ; carte de Cassini.
4. Ham : peut-être Le Hem (Somme) dépendance de Curlu (Somme) arrondissement Perrone.
5 Chamy : nom de lieu inconnu.


Le Commandeur était aussi seigneur et haut justicier de Tracy-le-Mont et de Tracy-le-Vals (6) ; il avait le patronage et la collation de ces deux cures. L'autel de Tracy, altare de Trachis, avait été donné en 1146, avec la dîme et les hôtes qui en dépendaient, aux Hospitaliers, par Simon Ier, évêque de Noyon (7).
6. Tracy-le-Mont Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Canton: Attichy - 60
Tracy-le-Vals Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Canton: Thourotte - 60
7. Archives nationales, S 5223, supplément, n° 44.


Un grand nombre de fiefs relevait de la commanderie d'Eterpigny, d'abord :
Le fief d'Eterpigneul, comprenant une maison avec motte, entourée de fossés, touchant à la Somme, et une cinquantaine d'arpents de terre près du chemin de Péronne à Nesle.
Le fief de Géronde vers Barleux.
Le fief de Jean de Hangart.
Un autre fief sur Eterpigneul.
Deux autres fiefs tenant aux terres de la seigneurie de Brunfay.
Un autre au faubourg de Sainte-Radegonde à Péronne.
Deux aussi au faubourg de Sobotécluse.
Il y en avait encore une douzaine qui n'étaient que des pièces de terre situées en divers lieux : à Athies, à Brie, à Horgny, à Fresne et à Mazencourt.

La haute justice sur la rivière de la Somme, depuis la chaussée du Rois jusqu'aux murs de la ville de Péronne, du côté de la porte Soyboutecluse, appartenait au commandeur d'Eterpigny.

En vertu de quoi, dit un terrier de 1566, il avait le droit de pêche et de la garenne aux oiseaux. Il y faisait l'hiver la chasse aux cygnes, dont il partageait le produit avec les seigneurs riverains. Un compte de 1438 nous fait connaître à qui cette chasse profitait.
Nous lisons : « Le Commandeur a une cache faite ès eaues d'Estrepigni. Au temps de ce présent compte furent pries XX chignes, dont le seigneur de Betencourt 1, le seigneur de Falvy 3, le seigneur de Briois 3, le seigneur de Sorel 1, le seigneur de Happlaincourt 2, le coustre de Péronne 1, et le Ville de Perosne 1. Ainsi demeure à le part de Monseigneur le commandeur, VIII chignes, dont ni furent seignés et regettez en l'eau et furent assis chacun chigne pour les despens et mises d'icelle cache, à III sols un denier ; c'est à le part de Monseigneur pour iceux VIII chignes, XXXVI sols VIII deniers. »

« Desquels 8 chignes en fu donné 1 au chastelain de Péronne, 1 à Madame de Roye, 1 au gouverneur de Néelle, 1 à Maistre Foursy de Soubise, et l'autre, à Jehan Lemaire, procureur du Roy, et les aultres ont été despenséz à l'ostel de mondit seigneur le commandeur par lui comme par ses gens. »
Le revenu de la maison d'Eterpigny, qui comprenait, en 1757, 400 journaux de terre arable et 400 journaux de marécages, était alors de 1,500 livres.

La commanderie n'avait, dès l'origine, qu'un seul membre : la maison d'Horgny, près d'Eterpigny. Son importance s'accrut, lorsque les Hospitaliers y ajoutèrent, au XIV siècle, les biens qu'ils venaient de recueillir de l'Ordre du Temple dans le Noyonnais.
Ces adjonctions étaient :
La maison du Temple de Noyon, celles de Passel, de Péronne, du Catelet et de Montécourt ; les fiefs de Prusle et de Fléchin ; la maison du Temple de Sait-Quentin avec l'annexe de Rocourt ; le domaine de Courdemanche et les maisons de Linons et de Libermont.

Horgny
Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Villers-Carbonnel - 80

Domus Hospitalis Horgny
Domus Hospitalis Horgny

A l'exemple de Raoul, comte de Vermandois, qui venait de donner sa terre d'Eterpigny aux Hospitaliers, un seigneur des environs, Mathieu d'Horgny, leur fit abandon de la sienne quelques années après. Des lettres de Bauduin, évêque de Noyon, de l'année 1158, dans lesquelles il rend hommage au dévouement des frères de l'Hôpital, pour les secours qu'ils prodiguaient aux pauvres, approuve et confirme la donation qui avait été faite à l'Hôpital par le seigneur Mathieu, de sa terre et seigneurie de Horni, donation que le comte Raoul avait déjà confirmée lui-même, mais à la condition bien convenue entre les parties, que le sieur Mathieu et sa femme conserveraient jusqu'à leur mort la jouissance de cette terre, à l'exception toutefois de dix (terre novales), dont les Hospitaliers pourraient disposer de suite pour y bâtir une maison et une chapelle.
Le commandeur d'Eterpigny était seul seigneur d'Horgny et de ses dépendances. Le domaine consistait, au siècle dernier, en une ferme, dans la rue du Bas-d'Horgny à Saint-Christ, et en 200 journaux environ de terre, affermés, en 1757, 600 livres et cent setiers de blé. Il n'existait plus alors de chapelle.

Noyon
Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Cantons: Noyon - 60

Domus Hospitalis Noyon
Domus Hospitalis Noyon

Parmi les premiers bienfaiteurs des Templiers dans le Noyonais, nous devons citer principalement Simon Ier, évêque de Noyon. L'Ordre du Temple avait à peine douze ans d'existence, que ce prélat, avec l'assentiment de son chapitre, lui accordait l'annate ou le revenu d'une année des prébendes de son église, toutes les fois qu'elles viendraient à vaquer, comme l'expliquaient les lettres du dit évêque, de l'année 1130, et dont il restait, au siècle dernier, une copie collationnée dans les archives du prieuré de Saint-Jean-en-l'Ile-lez-Corbeil (2).
Les Templiers possédaient à Noyon une maison, qui se trouvait devant l'abbaye de Saint-Barthélemy et l'hôtel Saint-Jean. Dans le grand incendie qui détruisit, en 1293, la ville de Noyon, trois édifices seulement furent épargnés et restèrent debout, dit la chronique de Longpont. C'étaient la maison du Temple, l'Hôpital et la chapelle de Saint-Pierre.
Ils avaient aussi quelques censives dans la ville, des terres aux environs et plusieurs vignes sur la montagne de Saint-Siméon.
1. Archives nationales, S 5222, Suppl, n° 15.
2. Archives nationales, S 5749. Inventaire des titres du Prieuré de Saint-Jean-en-l'Ile.

Trois fiefs relevaient, en 1562, de l'ancienne maison du Temple.
Le fief de Soibert, consistant en terres sur Vauchelle, Noyon, Morlencourt, etc., et appartenant alors à François Marcy.
Le fief de la Cense de Pont-l'Evêque (1).
Et celui de Meshavart, hors la porte Saint-Jacques, au lieu-dit des Havart, avec des terres et une maison au chemin des Malladaux à Saint-Eloi et à Saint-Ladre.
L'ancien Temple de Noyon fut vendu au XVIIe siècle, moyennant une rente foncière de 45 livres que Messieurs du séminaire de Noyon, acquéreurs, payaient encore, au siècle dernier, chaque année, au commandeur d'Eterpigny.
1. Pont-l'Evêque : Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Cantons: Noyon - 60.

Passel
Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Cantons: Noyon - 60

Domus Hospitalis Passel
Domus Hospitalis Passel

Avec la maison qu'ils possédaient en ce lieu, les Templiers avaient le patronage et la collation de la cure de cette paroisse, dont l'autel leur avait été donné par Simon, évêque de Noyon, en vertu de ses lettres de 1146, relatées ci-devant. On lit dans le rapport de la visite pricurale de 1415 : « La maison » du Temple de Passel a esté bailliée par chapitre aux chartreux de Morenault (3), à rente perpétuelle, réservé à la religion la jurisdicion et la présentation des cures de Passel, Chiri 4 et Ville 5, et oultre doivent en argent xxiii livres, iii muys froment, et acquittent toutes les charges que la religion souloit payer, qui montent à xxiii muys de grain. » C'est vers 1300, que Renaud, seigneur de Rouy-en-Vermandois et de Pont-l'Evêque, aurait acheté des Templiers leur maison de Passel, pour y établir une chartreuse. Ce lieu changea alors son ancien nom d'Herimont contre celui de Mont-Renaud qu'on lui donna en souvenir du fondateur de ce nouvel établissement (6).

Péronne
Département: Somme, Arrondissement et Canton: Péronne - 80

Domus Hospitalis Péronne
Domus Hospitalis Péronne

Cette ville avait une maison du Temple, dont le titre le plus ancien qui nous reste, est un bail du 1er juin 1377, accordé par Eustache de Laitre, prieur de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem en L'Ile-lez-Corbeil, à des nommés Martin Tirant et Jehan le Roignet, dit Eureppin, pour eux, leurs femmes et héritiers, « d'une maison, » cave, cellier, appeléz la Maison du Temple, appartenant à l'Hôpital, à cause des annels de l'esglise de Péronne, séant en ladite vile, devant ladite esglize de Saint-Fourcy, tenant par derrière à la rue de » Maulrue, au canon annuel de vingt sols parisis de rente perpétuelle, mais à charge par les preneurs de faire édifier en dedans deux ans ès dit lieu, maison et édifices jusqu'à la valeur de cent francs d'or (8) »

L'annuel des prébendes dans les églises de Péronne, de Saint-Quentin et de Roye, qui appartenait, lorsqu'elles venaient à vaquer et pour la vacance d'une année seulement, à Raoul, comte de Vermandois, avait été abandonné par lui en 1156, au profit des frères de la chevalerie du Temple.
Jusqu'en 1370, la commanderie d'Esterpigny avait bénéficié de ces vacans ; mais depuis, ils avaient été dévolus au prieuré de Saint-Jean-en-l'Ile-lez-Corbeil, pour augmenter ses revenus.
Au siècle dernier, on lisait au-dessus de la porte de la maison de Péronne, cette inscription : Hôtel d'Esterpigny. Cette maison avait servi longtemps, au XVe siècle, de lieu de refuge au Commandeur, à cause des guerres qui ravageaient le pays.
En 1757, elle était encore habitée par lui.
3. Mont-Renaud : Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Cantons: Noyon - 60.
4. Chiry : Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Cantons: Ribécourt-Dreslincourt, Commune: Chiry-Ourscamp - 60
5. Ville : Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Cantons: Ribécourt-Dreslincourt.
6. Précis historique du canton de Noyon (Annuaire de 1850).
7. Péronne : Département: Somme, Arrondissement et Canton: Péronne.
8. Archives nationales, S 5147, Supplément, n° 34.


Le Catelet
Département: Somme, Arrondissement et Canton: Péronne - 80

Domus Hospitalis Le Catelet
Domus Hospitalis Le Catelet

Autre maison du Temple, qui se trouve mentionnée dans une charte de Jean de Cartigny, chevalier, du mois d'octobre 1245, par laquelle ce seigneur déclare avoir donné aux frères de la chevalerie du Temple du Catelet, près Péronne, fratribus militie Templi de Chasteleir juxta Peronam, une maison dans leur censive, située à Carteigni, avec tous les droits de justice et de seigneurie en dépendant (1).
Cette maison, à laquelle on arrivait par une avenue communiquant vers midi au chemin de Péronne à Santin, possédait de vastes marais, au sujet desquels les Templiers eurent, avec les bourgeois de Péronne, de graves contestations au commencement du XIIIe siècle.
Le Roi dut intervenir pour y mettre un terme ; et, par ses lettres-patentes de l'année 1218, Philippe-Auguste confirma aux Templiers le droit qu'ils prétendaient avoir, de faire des prés et de récolter des foins dans les marais entre Cartigny et Doingt, inter Cartigney et villam que Dowing vulgariter nuncupatur, qui leur avaient été donnés par le seigneur de Montécourt, de Monte encort, mais il ordonna que, lorsque la récolte des foins serait faite, les habitants de Péronne pourraient mener paître leurs bestiaux dans ces prés (2).
2. Archives nationales, S 5222, Supplément n° 16.

Il y avait au Temple du Catelet une chapelle qui avait été dévastée pendant les guerres du XVe siècle, « attendu que, pendant icelles guerres, l'on se mettoit au fort et à sûreté en ladite chapelle. » (Visite prieurale de 1495.)
Elle fut plus tard entièrement restaurée ; et, au siècle dernier, le curé de Cartigny y disait la messe trois jours par semaine.
Le commandeur d'Eterpigny était seigneur du Catelet. Son domaine comptait près de 500 journaux de terre arable, vingt journaux de bois, et cinquante-deux journaux de pré, appelés les Prés de Pouillancourt.
Plusieurs fiefs relevaient de la seigneurie ; entre autres le fief de la Mairie, composé de terres sur Cartigny, appartenant en 1566 à François Gazier ; et un autre fief à Hancourt (3), qui était une maison avec des terres, situées rue de la Croix, appartenant alors à Foursy de Hauteville, hommes d'armes des ordonnances du Roi.
Le revenu du Catelet était:
En 1757, de 370 livres.
Et de 360 setiers de blé, avec 60 setiers d'avoine.
3. Hancourt : Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton : Bernes.

Montécourt
Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Ham, Commune: Monchy-Lagache - 80

Domus Hospitalis Montécourt
Domus Hospitalis Montécourt

C'était un ancien domaine féodal qui devait avoir quelque importance, si l'on en juge d'après la visite prieurale de 1495 : « Montescourt où a une chappelle fondée de saint Jehan du Temple, chargée de troys messes la sepmainne. Y a une grande maison fort ancienne et desmyte par les guerres tant des Angloys comme de Monseigneur de Bourgogne. Oultre plus tout dedens ung clos sont les maisons et granges des fermiers. » « Autour de ladite maison, a ung villaige nommé Montescourt, de xv ou xx feuz, hommes de la religion, où le Commandeur a toule jurisdicion audit lieu, et y soloit avoir justice levée, qui de peu de temps en ça fût abatue par les gens de guerre... »
Le commandeur d'Eterpigny avait toute justice et seigneurie à Montécourt. Le domaine consistait, au siècle dernier, en deux fermes, une chapelle, située dans la grande rue du village, et un moulin, sur la rivière d'Omignon.
Il y avait 800 journaux (4) de terre en labour, seize journaux de prairie et un petit bois, appelé le Bois-Robine; le tout affermé, en 1757, 990 livres et 400 setiers de blé.
4. Le journal valait cent verges, une verge 17 pieds 3/4, et le pied 10 pouces 3/4.

De la seigneurie de Montécourt relevait le fief de Bussy, situe à Méraucourt (5), consistant en pâtures et terres arables en plusieurs pièces, aux lieux dits : la Voie de Varaigne, la Vallée de Cambray, le Champ de Trétoy, les Courteaux, etc. Il appartenait, en 1566, à Jehanne de Ville, qui en avait hérité de son père.
La dîme de Tertry, village voisin de Montécourt, appartenait à la commanderie ; et comme cette dime entraînait la charge des réparations de l'église du lieu, le Commandeur, pour s'en dispenser, en 1566, donna aux marguiliers une somme de 90 écus sol.
5. Montécourt, commune de Monchy-la-Gache : Département: Somme, Arrondissement: Péronne, canton: Ham.

Prusle
Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Commune: Estrées-Mons - 80

Domus Hospitalis Prusle
Domus Hospitalis Prusle

Les Templiers possédaient à Prusle une maison et 80 muids de terre. Ils les donnèrent en fief au commencement du XIIIe siècle ; et le seigneur Raoul de Brocourt, qui les détenait en 1223, leur en rendit foi et hommage par un aveu daté du mois de février de la dite année (1).
1. Archives nationales, S 5222, Supplément n° 2.

Fléchin
Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton : Bernes

Domus Hospitalis Fléchin
Domus Hospitalis Fléchin

C'était un fief composé d'une maison à usage de ferme, avec 400 setiers (1) de terre à labour, qui était affermée, en 1757, 327 setiers de blé et 25 livres en argent.
La maison, détruite pendant les guerres du XVe siècle, ne fut jamais rétablie. Elle était située sur le chemin de Vendelle.
D'après la visite prieurale de 1495, on voit que le Commandeur avait toute justice et seigneurie sur les hommes de Fléchin.
1. Le setier valait 80 verges, la verge 22 pieds, le pied 10 pouces 3/4.

Saint-Quentin
Département: Aisne, Arrondissement et Canton: Saint-Quentin - 02

Domus Hospitalis Saint-Quentin
Domus Hospitalis Saint-Quentin

L'établissement que les Templiers avaient fondé dans cette ville paraît avoir eu une certaine importance. Leur maison, remarquable par la grandeur et la solidité de sa belle construction, était située dans une rue qui prit et conserve encore aujourd'hui le nom de rue du Temple.
Les Hospitaliers, à qui elle échut après la chute des Templiers, ne l'habitèrent pas. Ils la louèrent au Roi pour y battre monnaie. Celui-ci, après l'avoir bien appropriée à cet usage, leur proposa d'en faire l'acquisition par voie d'échange ; ce qui fut accepté, ainsi qu'il résulte des lettres du Souverain, de l'année 1386, par lesquelles il donna aux Hospitaliers l'hôtel du Faucon pour celui de la rue du Temple, « parce que iceluy hostel estoit et est tant en situation comme en fourme et forte nature de édifices de pierre et aultres choses plus convenable que aucun autre hostel d'icelle ville, mesmement que les fourneaux et autres édifices appartonans audit fait, qui desja y sont près et ordenez ne seraient pas fait ailleurs qu'ils ne coustassent grande somme de deniers (1). »
L'hôtel du Faucon était situé rue Saint-Marlin, et tenait à un autre hôtel appartenant aux Hospitaliers, nommé Hôtel Saint-Jean. Ces deux hôtels, avec les cens et rentes que l'Hôpital avait sur des maisons et héritages dans la ville, présentaient:
En 1570, un revenu de 116 écus sol, faisant 350 livres tournois.
Et en 1787, ce revenu était de 600 livres.
La terre et seigneurie de Fonsommes (2), ainsi que les fiefs de Cerny et de Saint-Prix, relevaient de la commanderie en 1570, et appartenaient alors à Claude de Fonsommes, écuyer, seigneur du lieu.
1. Archives nationales, S 5222, Supplément, n° 6.
2. Fonsommes : Département: Aisne, Arrondissement et Canton: Saint-Quentin.


Rocourt
Département: Aisne, Arrondissement et Canton: Saint-Quentin - 02

Domus Hospitalis Rocourt
Domus Hospitalis Rocourt

Les archives du Grand-Prieuré de France ne nous ont laissé aucun document sur cette ancienne maison du Temple, qui nous parait avoir été une dépendance de celle de Saint-Quentin.
Si aucun titre n'en fait mention, c'est que les Hospitaliers ne l'ont jamais possédée, et qu'elle avait été vendue ou aliénée du temps des Templiers.
En effet, nous avons trouvé dans un cartulaire de Saint-Quentin-en-l'Ile, des lettres de Hugues de Perraud, de Perraudo, visiteur général des maisons du Temple, en deçà des mers, de l'année 1302, par lesquelles, de l'avis de ses frères et d'après le conseil d'hommes recommandables, il avait accordé à rente perpétuelle ou à cens, ad perpetuam admodiationem sive censivam, aux religieux de l'abbaye de Saint-Quentin-en-l'Ile, la maison de Rocourt, près de Saint-Quentin-en- Vermandois, domum nostram dictam de Rouecourt prope villam sancti Quintini in Veromandia, avec ses dépendances, tant en terres, eaux, prés, pêcheries, qu'en revenus et autres choses, à la charge de payer chaque année, dans l'octave de la Nativité, aux frères du Temple du Vermandois, en leur maison de Saint-Quentin, in curia nostra dormus nostre sancti Quintini, quarante muids de grain à la mesure de cette ville, savoir : 32 muids de froment, à deux sols moins du prix payé par les bourgeois, six muids d'avoine et quatre voitures de paille.

En retour, les Templiers devaient avoir la portion de dîme que les religieux percevaient dans le dimage et dans tout le territoire du village de Tertry, de villa de Tetriarcho (1) dont nous avons déjà parlé, avec le patronage et la collation de la cure, au prix de trente livres.

Les religieux de Saint-Quentin-en-l'Ile s'engageaient, de leur côté, à acquitter toutes les rentes dont la maison de Rocourt pouvait être chargée envers l'abbaye de Saint-Prix, près Saint-Quentin, ainsi que les corvées, et notamment donner au charretier qui ferait les corvées, un pain blanc et un demi setier de vin.
Les mêmes religieux devaient jouir des cens qui étaient dus à la maison de Rocourt, et qui consistaient en six rasières d'avoine, trente chapons, neuf fouaches (chaque fouache de la valeur d'un mencaud de blé), avec cinq sols et quatre deniers de rente dus par divers (2).

Les comptes de la commanderie d'Eterpigny mentionnent des redevances payées, chaque année, par l'abbaye de Saint-Quentin-en-l'Ile. C'était probablement la rente que devait l'abbaye, pour le prix de la vente de la maison de Rocourt.
1. Tertry : Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Ham - 80.
2. Bibliothèque Nationale Carton de Saint-Quentin-en-l'Ile, n° 10116, page 295, fonds latin


Courdemanche
Département: Aisne, Arrondissement et canton: Saint-Quentin, Commune: Annois - 02

Domus Hospitalis Courdemanche
Domus Hospitalis Courdemanche

Le domaine de Courdemanche réunissait, au XVe siècle, la seigneurie du village de Voyennes, sur le territoire duquel il était situé. Nous lisons dans le rapport de la visite prieurale de la commanderie en 1495: « Plus y a un membre nommé Courdemanche, à troys lieues du chef-lieu, où souloit avoir grans maisonnemens de maison et grange que feist brûler feu Monseigneur le connestable de Saint-Pol, du temps des guerres ou à présent n'y a point de maisons, et les fermiers se tiennent au villaige de Voyennes qui est auprès, et est de xv ou xx feuz, où le Commandeur a toute jurisdicion. »
Une autre visite prieurale de 1456 constate qu'il se trouvait alors à Voyennes un moulin ou usine à blé, qu'on appelait le Mollin de Courtemanche, avec une maison et 142 journaux de terre en dépendant ; le tout affermé onze muids de blé et sept muids d'avoine.
Dans un arpentage de 1638, nous ne trouvons plus à Courtemanche que des terres. La maison et le moulin n'existant plus, les terres avaient été réunies au domaine de la commanderie.
La maison de Courdemanche se trouvait sur le chemin de Voyennes à Ham.

Lihons
Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Chaules - 80

Domus Hospitalis Lihons
Domus Hospitalis Lihons

Les Hospitaliers avaient, au XVe siècle, à Lihons, une maison qui leur provenait des Templiers, et qu'on voyait au nord du chemin de Lihons à Chaulne, aboutissant à celui de Lihons à Beaufort.
Les guerres qui, à cette époque, ravageaient le pays, avaient ruiné entièrement cet établissement. C'est ce qui engagea Bertrand de Cluys, Grand-Prieur de France et commandeur d'Eterpigny, à en faire l'aliénation.
Par ses lettres, qui portent la date du 14 juin 1468, le Grand-Prieur donna à rente perpétuelle, à un nommé Colard le Rendu, bourgeois d'Amiens : « une maison en la ville de Lihons-en-Sangters, appellée la Maison du Temple, laquelle pour fortune de feu dont ladite ville a esté en général toute ou la plus grant partie foulée et traveillée, est demeurée en totale ruyne et démolition et tellement que de longtemps elle n'a esté de nul ou de très-petit prouffiet. »
Ce bail comprend les terres et dîmes qui dépendaient de cette maison, à l'exception toutefois de la justice du lieu, que se réservait le Grand-Prieur. La rente ou canon annuel était de 25 livres parisis, monnaie courante, c'est-à-dire 20 patards pour livre.

Libremont
Département: Oise, Arrondissement: Compiègne, Canton: Noyon - 60

Domus Hospitalis Libremont
Domus Hospitalis Libremont

On trouve au nord-est de ce village un écart, qu'on nomme l'Hôpital du Temple. C'était, dès l'origine, un établissement de Templiers, qui devint ensuite la propriété des Hospitaliers.
Le domaine se composait, au siècle dernier, d'une ferme avec 200 journaux de terre arable, et 539 arpents de bois. Il y avait dans l'enclos de la ferme une chapelle dédiée à la sainte Vierge, et où le curé de Libermont disait la messe trois jours chaque semaine.
On a lu pendant longtemps une inscription qui se trouvait dans l'intérieur de cette chapelle, ainsi conçue: Cy-gist Robert Vingnon de Goyhencourt, chevalier du Temple, qui trespassa le XIII avril, l'an de l'incarnation 1307. (2)

En 1833, la chapelle servait de grange. C'était une construction solide, de l'époque du gothique aux rosaces, mais sans ornements. (3)
Le commandeur d'Eterpigny avait toute justice et seigneurie dans sa terre de Libermont, qui rapportait, en 1580, 300 livres en argent, 24 setiers de blé et 5 muids d'avoine.
Le revenu en 1757, était de 700 livres pour les terres cultivables, et de 2,500 livres pour les bois. Total : 3,200 livres.

Comme la commanderie avait le patronage et la collation des cures de Tracy-le-Mont, Tracy-le-Val, Passel, Tertry, Voyennes, Ville et Chiry, elle jouissait également des dîmes de ces paroisses qui formaient un revenu assez important.
Le droit de présentation à la chapelle de Sainte-Marguerite, fondée dans le château de Bacquencourt (4), appartenait encore au commandeur d'Eterpigny. 2. Précis historique du canton de Guiscard (Oise), Annuaire de 1833, page 50.
3. Idem.
4. Bacquencourt : Département: Somme, Arrondissement: Péronne, Canton: Ham, Commune de Hombleux - 80


Le revenu général de la commanderie était:
En 1495, de 1,231 livres, 18 sols.
En 1583, de 4,800 livres.
En 1679, de 12,500 livres.
En 1734, de 18,000 livres.
En 1779, de 38,800 livres.
Et en 1787, de 73,000 livres.

Commandeurs d'Eterpigny
1190. Frater Guillelmus Desterpeigni, magister.
1312. Frère Nicole de Saint-Mauvis.
1320. Frère Nicole de Rieu.
1330. Frère Ferry de Foucherolles.
1336. Frère Guillaume de Chambli.
1363. Frère Simon de Hesdin.
1384. Frère Henri de Jendrain.
1386. Le chevalier Gérard de Vienne, Grand-Prieur.
1389. Le chevalier Adam Boulard, Grand-Prieur.
1391. Le chevalier Elias de Beth.
1397. Le chevalier Pierre de Provins.
1410. Le chevalier Régnault de Giresme, Grand-Prieur.
1419. Le chevalier Jehan de Beaubos.
1423. Le chevalier Hue de Sarcus.
1469. Le chevalier Bertrand de Cluys, Grand-Prieur.
1495. Le chevalier Mathieu de Sully.
1509. Le chevalier Jacques de Sainte-Maure.
1530. Le chevalier Louis de Dinteville, alias Tinteville.
1534. Le chevalier Jehan de Humières.
1537. Le chevalier Jehan de Villiers.
1546. Le chevalier Claude de la Sengle.
1556. Le chevalier Jean de Condé.
1560. Le chevalier Adrien de la Rivière.
1564. Le chevalier Antoine des Hayes dit Saint-Luc.
1574. Le chevalier Georges de Courtignon.
1601. Le chevalier Louis de Montlyart de Riumont.
1626. Le chevalier Dreux Courtin de Rozay.
1643. Le chevalier Pierre des Guetz de la Potinière.
1658. Le chevalier Henri de la Salle.
1676. Le chevalier de Feuilleuse de Flavacourt.
1680. Le chevalier Jean de Costard de la Motte-Hottot.
1700. Le chevalier Jacques de Fouille Descrainville, bailli, Grand-croix, général des galères de l'Ordre.
1725. Le chevalier Thimoléon Testu de Balincourt.
1750. Le chevalier Pierre-Louis de Brévedent de Sahure.
1783. Le chevalier Charles-Antoine-François Guislain de la Tour-Saint-Quentin, bailli, Grand-croix.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

Commanderie d'Eterpigny

Département: Somme, Arrondissement et Canton: Péronne - 80

Domus Hospitalis ÉTERPIGNY
Domus Hospitalis ÉTERPIGNY

Les frères de Saint Jean de Jérusalem possédaient à Éterpigny une commanderie.
D'après l'abbé Decagny elle fut fondée en 1150 par Raoul de Vermandois (2), mais il faut en remonter plus haut l'origine, car la plus ancienne charte de son cartulaire date de l'année 1134 (3). Dans la seconde moitié du XIIe siècle et aux siècles suivants cette célèbre maison ne cesse de s'accroître.
En 1311, à la suppression des Templiers, elle s'enrichit des dépouilles de l'ordre disparu. Elle compte dans sa clientèle d'illustres personnages. Au XVe siècle, le célèbre La Hire, Étienne de Vignolles, lui paie une redevance pour des moulins situés à Frise (4).

Plusieurs de ses commandeurs, un Beaufremont et un Rochechouart au XVe siècle, un Jean d'Humières au XVIe siècle, appartiennent à la plus grande noblesse. Cette commanderie, à la Révolution, était une des plus considérables de l'ordre de Malte.

En 1914, l'ancienne commanderie d'Eterpigny présentait encore un ensemble intéressant de bâtiments du moyen âge. Les terribles combats livrés autour de Péronne pendant la guerre de 1914 à 1918 n'en ont laissé que quelques pans de murs.

La description qui suit en a été prise en 1912.
Le grand logis date de 1220-1235 environ. Il se compose d'un étage sur un rez-de-chaussée aujourd'hui dénaturé, et sans aucune ouverture ancienne. Des corbeaux à encoches ont porté l'appentis de quelque hangar au long de la façade.

Commanderie, cour intérieure

Domus Hospitalis Éterpigny
Éterpigny — Commanderie

A l'extrémité sud du grand logis, c'est-à-dire vers la chapelle, s'élève une tour carrée en pierre, fort simple à l'extérieur, qui, construite la première, fut d'abord isolée. Elle ne le fut pas longtemps, car le logis ne lui est postérieur que de peu d'années.
Le sous-sol de la tour, voûté en berceau, n'avait de communication avec l'extérieur que par un trou carré pratiqué à la voûte. Une disposition semblable se retrouve à une des tours de Rambures, où l'on y a vu, bien entendu, les oubliettes inséparables de tout château-fort. Cette salle basse était destinée sans doute à servir de magasin.

Les trois étages supérieurs sont voûtés d'ogives à tore aminci reposant dans les angles sur quatre culs-de-lampe moulurés et d'une composition curieuse : un bouton végétal côtelé, à ombilic rentrant, en forme l'extrémité. Il n'y a pas de formerets.
Les culs-de-lampe du rez-de-chaussée sont un peu plus simples que ceux des deux étages supérieurs.
Le dallage céramique de la chambre du premier étage, composé de petits carreaux monochromes, présente des combinaisons exclusivement géométriques et d'ailleurs très variées (chevrons, etc.) de couleur jaune, poire, blanche, verte et rouge et peut dater du XIVe siècle (5).

Le comble se confond avec celui du logis, du moins du côté de la cour, car par derrière sont conservées la hauteur primitive et la corniche à modillons simples.
A l'origine, comme l'indique encore une lithographie du milieu du XIXe siècle, cette tour était coiffée d'une toiture quadrangulaire en pierre assez aiguë, qui fut démolie, d'après l'abbé Decagny, en 1842.

La tour forme l'angle sud-est d'un grand corps de logis du XIIIe siècle, remanié au XVIe siècle. Les deux grandes fenêtres carrées à moulures gothiques et à croisées de pierre qui se voient dans la partie de la façade voisine de la tour sont de la première moitié du XVIe siècle. Leurs moulures prismatiques recoupées aux angles retombent sur des bases piriformes. La partie septentrionale de cette même façade forme une vaste salle éclairée autrefois par quatre grandes fenêtres en tiers-point du XIIIe siècle, aujourd'hui murées, séparées par d'étroits trumeaux sans ornement et encadrées d'une archivolte dont le tore se détache au-dessus d'une gorge et qui se prolonge à hauteur d'imposte d'une baie à l'autre. Le remplage de ces fenêtres, conservé au milieu du remplissage de briques modernes, se compose de deux petits arcs brisés sous un oculus redenté (probablement un quatre-feuilles). Une traverse de pierre règne à la base des petits arcs, comme au manoir du Tortoir (6).

Le pignon nord, étayé en son milieu par un puissant contrefort et accompagné à gauche seulement d'une fenêtre semblable aux précédentes, était en août 1920 la partie la moins mutilée des ruines.

Sur la façade ouest, dont le rez-de-chaussée a été remanié, on voit encore à l'étage trois fenêtres semblables, dont deux voisines entre elles et la troisième de l'autre côté d'une porte.

Deux escaliers extérieurs, l'un à l'est, l'autre à l'ouest, donnaient accès à cette grande et belle salle dont on ignore l'usage. Tous deux étaient recouverts d'une toiture en appentis rampante, dont l'insertion sur le mur était protégée par un petit solin qui existe encore en entier sur la façade ouest et seulement en partie sur la façade est, où il est caché par une construction moderne accolée. Ces escaliers, sans doute afin d'éviter des courants d'air, n'étaient pas symétriquement disposés.

Eterpigny. Pierre tombale

ÉTERPIGNY Pierre tombale
Eterpigny Pierre tombale

La porte en tiers-point, et aujourd'hui murée à laquelle accédait celui de l'est occupe la partie voisine de l'extrémité nord du bâtiment.
La porte de l'escalier occidental, également bouchée et semblable à l'autre, se trouve un peu plus en deçà vers le sud, en face de la première des fenêtres orientales à partir du nord.

On ne voit pas trace d'arcades en quart de cercles ni de pilier porteur comme aux escaliers du chapitre de Meaux et du château de Louviers. Les escaliers d'Éterpigny, qu'on peut comparer à celui des halles de Nieuport (7), devaient être tout en bois.

Le comble du corps de logis repose sur une curieuse corniche du XIIIe siècle, en partie remplacée au XVIe, et qui se retrouve identique au gros pavillon d'entrée du château voisin d'Happlincourt, construit probablement par les mêmes ouvriers. Tablette et modillons se profilent également d'un bandeau et d'un cavet.

A l'intérieur de la grande salle une grande cheminée s'adosse à un mur de refend.
Un bâtiment du XIIIe siècle forme équerre à l'extrémité sud-ouest du précédent. Il s'éclaire par des fenêtres croisées surmontées d'arcs de décharge et par d'autres fenêtres plus petites. La corniche repose sur des modillons à cavet

Le pignon ouest de ce second logis s'appuie à un puissant contrefort à retrait mais sans larmier.
Une troisième construction du XVIe siècle est parallèle au grand logis et couronnée d'une corniche à peu près semblable.
Partout les bases des murs, plus ou moins hautes, sont en grès. Le rez-de-chaussée est, dans certaines parties, construit entièrement en grès.
On voyait autrefois, traînant dans la cour, quatre chapiteaux de grès du XIIIe siècle à grosses feuilles côtelées à crochets. Il en restait deux en 1912, ainsi qu'une base octogone. Ces restes provenaient sans doute de l'appentis adossé jadis à la façade orientale du grand logis.

Une grande pierre tombale de grès portant en relief une croix ancrée, modèle bien connu des tombes des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, se voyait également dans la cour en 1912.

Éterpigny. La chapelle

ÉTERPIGNY. La chapelle
ÉTERPIGNY. La chapelle

« La chapelle, isolée en regard de l'angle sud-est des constructions, est un peu plus ancienne mais déjà gothique. Il faut noter que, dans le chevet polygonal qui nous reste de cette chapelle, les arcatures intérieures rappellent celles de Belloy (8) et de Dury (9), les colonnes annelées celles du portail de Douchy (10), la sculpture des chapiteaux celle de Belloy et de Saint-Étienne de Corbie.

Les tailloirs, très particuliers, sont les mêmes qu'à Belloy, et si les fenêtres de cette dernière église, refaites au XVIIIe siècle, sont en arc surbaissé, elles ont peut-être conservé leur forme primitive, car les fenêtres de la chapelle d'Éterpigny offrent ce tracé singulier et ne paraissent pas retouchées » (11).

Éterpigny. Détail de la chapelle

ÉTERPIGNY. Détail de la chapelle
ÉTERPIGNY. Détail de la chapelle

La chapelle est (1920) à peu près intacte, sauf son toit, et l'état actuel des ruines nous permettent d'entrer dans plus de détails.
Le plan primitif comprenait une nef qui a disparu et un chœur à chevet à trois pans, diminué dans sa hauteur au XVIIIe siècle. La voûte, détruite, formant une seule travée commune au chœur et au chevet, reposait sur des faisceaux de trois colonnettes avec très beaux chapiteaux à crochets indiquant bien la fin du XIIe siècle. L'un des tailloirs est orné de palmettes. La colonnette médiane est plus grosse que les autres qui supportaient les formerets. Toutes ces colonnettes sont ornées de bagues finement moulurées.
L'arc triomphal retombait sur de grosses colonnes engagées.

Les fenêtres anciennes, dont la partie basse se voit encore au chevet, étaient étonnamment larges. Elles ne devaient pas être du XIIIe siècle, mais refaites probablement vers le XVe. Quant aux fenêtres actuelles, en arc de cercle, elles datent sans doute de la restauration de 1702 qui consista à diminuer la hauteur de la chapelle. Elles sont d'ailleurs bien exécutées et ne jurent pas avec l'ensemble de la construction ; mais ce qui prouve la re-façon, c'est l'interruption de l'arcature intérieure, interruption due évidemment à un percement.

Cette arcature se compose, à chaque pan, de deux arcs en tiers-point qui se profilent en un bandeau, un onglet, une baguette, une gorge et un tore, et reposent sur des colonnettes à très jolis chapiteaux feuillagés. Or, dans les travées où sont percées les fenêtres actuelles, l'arcature s'interrompt. On ne voit que les deux colonnettes des extrémités et elles ne portent rien.

Éterpigny. Chapiteaux de la chapelle

ÉTERPIGNY. Chapiteaux de la chapelle
ÉTERPIGNY. Chapiteaux de la chapelle

Dans la travée droite du sud, sous la fenêtre, sont creusées deux petites niches ou armoires dont l'arc en plein cintre est relié à ses piédroits par un quart de cercle afin de donner plus de largeur à la niche.
Dans le pan sud du chevet, deux niches analogues sont encadrées par l'arcature. La plus voisine de l'autel est plus petite et son plein cintre est creusé dans une seule pierre. Elle servait certainement de piscine.

Le bandeau régnant sous les fenêtres est très soigné : quart de rond, onglet, tore, petite gorge.
L'autel de pierre occupe encore son emplacement primitif.
La corniche ramenée de son ancienne place sur le sommet des murs abaissés se profile en un bandeau, un onglet, un tore et une gorge.
Les murs sont flanqués de contreforts assez saillants.

On pénètre aujourd'hui dans la chapelle par une porte en arc surbaissé dans le mur nord. Elle date sans doute de la restauration de 1702, commémorée par l'inscription suivante encastrée dans le mur nord à l'intérieur (environ 0.30 X 0.15).

MAISTRE PIERRE HVET || CONSEILLER DV ROY SON || SVBSTITVD ES IVRIDICTIONS || ROYALLES ADIOINCT AVX || ENPVESTES (12) AVEC POVVOIR || DE POSTVLLER A PERONNE || BAILLY GENERAL DE LA || COMMANDERIE DESTERPIGNY || QVI A FAICT REFECTIONNER || LA CHAPPELLE EN 1702.

Cette réfection a consisté à supprimer la nef, à baisser les murs du chœur, à fermer le chœur vers l'ouest par un mur percé d'une porte aujourd'hui murée, et à refaire le toit avec un petit clocher de charpente sans caractère, du côté de l'ouest. Le clocher ainsi que la toiture ont été détruits pendant la dernière guerre.

« Dans une ferme voisine de la commanderie, un gros colombier carré isolé dans la cour conserve un cordon de moulures appartenant à la fin du XIIe siècle.
Quatre consoles de la même époque portant les angles de la corniche figurent les avant-trains d'animaux fantastiques ouvrant des gueules menaçantes » (13).

Éterpigny. Eglise
(Notes prises en mai 1920)
Cette petite église composée d'une nef et d'un chœur avec chevet à trois pans offre peu de caractère. Elle n'a pas trop souffert de la dernière guerre, sauf la façade occidentale qui était la seule partie intéressante et qui est éventrée. Le portail très bas est en anse de panier, sous une archivolte de même, et tracé entre deux contreforts en pierre jaune. Au-dessus est sculpté un écu mutilé, écartelé : aux 1 et 4, fretté ; aux 2 et 3 : à une bande sur semis de croisettes. Le collier des ordres du roi entoure ces armes qui sont celles d'Humières et qu'accompagnait, selon Decagny, le millésime de 1535, aujourd'hui disparu. C'est évidemment l'écusson de Jean d'Humières, le célèbre commandeur d'Éterpigny, mort glorieusement au siège de Péronne en 1536 (14).

A terre dans la nef gît au milieu des décombres un joli petit chapiteau qui a servi de bénitier. Il provient d'une colonnette engagée. Ses angles sont ornés de crochets recourbés, ceux de la partie engagée étant beaucoup plus gros et en forme de fruits d'arum ; une feuille plate côtelée décore la corbeille. Ce chapiteau, de la fin du XIIe siècle, rappelle la sculpture de la chapelle de la commanderie et en a été sans doute apporté.

Notes Éterpigny
1. C. BOULANGER, Les monuments mégalithiques de la Somme. Paris, 1900, in-12, page 1 à 44.
2. DECAGNY, Histoire de l'arrondissement de Péronne, tome I, page 239.
3. Comte DE LOISNE, Le Cartulaire de la Commanderie d'Éterpigny, dans Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, tome XXV (1911-12), page 154.
4. Frise, canton de Bray. COCHERIS, Catalogue des manuscrits sur la Picardie, dans Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, in-8°, tome XVI, page 72.
5. Ce dallage est signalé par C. ENLART, Manuel architecture religieuse, 2e édition, tome I, 2e partie, p. 811 : « Dans le donjon de la commanderie d'Éterpigny (Somme), un pavement, qui doit dater du XIVe siècle, est une sorte de mosaïque dessinant en noir et blanc, ou plus exactement en jaune clair et vert foncé, des combinaisons d'étoiles ; elles sont produites par l'agencement de tout petits carreaux rectangulaires et triangulaires. On obtenait en Orient et en Italie les mêmes dessins à l'aide de marbres et de pâtes de verre »
6. Commune de Saint-Nicolas-au-Bois, canton de La Fère (Aisne). Voir une étude de MM. de Fossa et Lefèvre-Pontalis, dans le volume du Congrès archéologique de Reims, 1911, tome II, page 350.
7. Voir RAGUENET, Petits édifices historiques, page 1078.
8. Belloy-en-Santerre (Somme), canton de Chaulnes.
9. Dury (Aisne), canton de Saint-Simon, arrondissement de Saint-Quentin.
10. Douchy (Aisne), canton de Vermand, arrondissement de Saint-Quentin.
11. C. ENLART, vers 1885.
12. Sic pour enquestes.
13. C. ENLART, vers 1885.
14. DECAGNY, Histoire de l'arrondissement de Péronne, tome I, page 237.

Sources : Notices par Ms: ENLART, DES FORTS, RODIÈRE, RÉGNIER, DURAND. La Picardie historique et monumentale. Tome VI, page 82 à 86. Arrondissement de Péronne, Amiens et Paris 1923-1931 - BNF

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