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Commanderie de Montbellet

La commanderie du Temple Sainte-Catherine de Montbellet

J'ai l'intention d'étudier aujourd'hui l'histoire d'une seule commanderie de l'ordre du Temple, puis de Saint-Jean de Jérusalem, mais cette commanderie est à coup sûr, avec celle de Bellecroix, l'une des mieux conservées de Saône-et-Loire, il s'agit du Temple Sainte-Catherine de Montbellet dont la chapelle gothique, aux belles proportions, aux élégantes sculptures, est un spécimen des plus intéressants, et en même temps des plus rares dans notre région, de l'architecture ogivale.
La Commanderie du temple Sainte-Catherine de Montbellet, située dans la commune du même nom, près du hameau de Mercey, paraît remonter à la fin du XIIIe siècle ; nous reviendrons du reste sur ce sujet.

D'après les documents que nous possédons depuis le XIVe siècle, époque où elle passa du patrimoine de l'ordre du Temple dans celui de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem (1313), jusqu'à la Révolution (1790), facilement déterminer son nous pouvons importance (1).
1. Il ne faut pas confondre le Temple Sainte-Catherine de Montbellet, ou de Mercey, ayant appartenu aux Templiers, puis aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, autrement dit chevaliers de Malte, avec l'Hôpital Saint-Jean de Montbellet. Cette confusion est cependant d'autant plus facile, que les établissements des chevaliers de Malte s'appelaient aussi Hôpitaux de Saint-Jean.
L'hôpital Saint-Jean de Montbellet était pourtant tout à fait distinct du temple Sainte-Catherine, appartenant aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem à partir de 1313. Il était établi au hameau du Bas de Montbellet, c'est-à-dire entre les églises Saint-Didier de Montbellet et Saint-Oyen, sur les bords de la petite rivière de Bourbonne. Il avait été fondé par les sires de Montbellet à une époque encore indéterminée (S.-et-L., G. 384, n° 69).
On le voit mentionné en 1340, époque où un différend eut lieu entre Richard de Montbellet et les Hospitaliers dudit hôpital, au sujet de diverses exactions commises par ce seigneur qui avait notamment retenu indûment la succession de Guillaume Arpinodi (Arpinoud), hospitalier et maître de l'Hôpital Saint-Jean de Montbellet (S.-et-L., G. 108, n° 7).
Le 22 décembre 1340, un arrêt du Parlement de Paris condamna Richard de Montbellet à 300 livres d'amende au profit des hospitaliers de Montbellet et des sujets de l'évêque de Mâcon « maltraités et excédés par les seigneurs dudit lieu » (Registres du Parlement aux Archives nationales, 1340, folio 138, recto.)


Maison du Temple (1). — Enclos et Donjon (2)
1. Le terrier de 1686 l'appelle « la maison ou château du Temple »
2. Pour les justifications se rapporter aux sources énumérées en tête de ce travail.


En 1475, la chapelle de l'Hôpital, dédiée à saint Jean l'Évangéliste, était affectée au service paroissial, au même titre que les églises Saint-Didier de Montbellet et de Saint-Oyen. Quatre prêtres chapelains la desservaient, c'étaient Claude de Champion, Claude Morelli, Claude Monachi (Moine) et Regnardon Bourberon. Le curé de Montbellet, François Badelli (Badeau) y avait également quelques droits à la Saint-Jean et aux Rogations (S.-et-L., G. 384, n° 69).
Dans le Pouillé du diocèse de Mâcon de 1513 (Ragut, Cartulaire... page CCLXXXIX), cette chapelle est ainsi désignée : « Sancti Joannis Montisbeletti capella ad bonorem et sub vocabulo Beati-Joannis Baptista in Burgo Monlisbelletti fundata, in qua sunt quatuor capcllania seu portiones sub onere..., ad presentationem domini Montisbelleti. »

L'hôpital dut disparaître pendant les guerres de religion, en tout cas la chapelle fut dévastée et la prébende des chapelains disparut avec elle ; ce n'est qu'en 1666 (Rameau, Mss des Paroisses de l'ancien diocèse de Macon, Archives de l'Académie) que J.-B. Gaston de Maugiron, seigneur et baron de Montbellet, restaura la chapelle et y fit une nouvelle fondation pour entretenir un chapelain chargé d'y célébrer une messe journalière. Pierre Moreau, clerc tonsuré du diocèse de Vienne, fut nommé à cette fonction en 1666.

La visite de l'Archiprêtré de Vérizet, du 2 décembre 1662, ainsi que celle de 1705, en donne la description ; la première l'appelle la chapelle Saint-Jean au Bas de Montbellet, l'autre la dit « établie sous le vocable de Saint Jean-Baptiste, Saint Jean l'Évangéliste et Sainte Marie-Madeleine, fondée et rétablie par feu Mgr de Maugiron, baron de Monbellet »

Parmi les chapelains, on peut citer Pierre Moreau (1666), Jacques Avril (1701), Claude Martin (1703-1723), Jean Charpy (1723), Pierre Guibout, du diocèse de Grenoble (1751) [Mss Rameau].
De l'hôpital Saint-Jean il ne subsiste comme souvenir qu'un lieu-dit cadastral, le Pré de l'Hôpital, situé aux abords du hameau du Bas de Montbellet.

Commanderie du Temple Sainte-Catherine à Montbellet
BNF
Vue générale en 1917 - Cliché Charvet.

Les bâtiments de la Commanderie, aujourd'hui remaniés ou démolis, et qui étaient situés au sud-est de lachapelle, ont perdu dans leur ensemble leur cachet ancien, mais, encore au dernier siècle de la Monarchie, ils se composaient d'un grand enclos entouré de murailles en bon état (terrier de 1709).
L'enclos s'ouvrait sur le dehors par une grande porte cochère en pierre de taille et par une autre petite porte, accolée à la grande, toutes deux garnies de leurs « ventilions » et « verrouillets » (visite de 1662).
On entrait alors dans une basse-cour de cent dix-sept pieds de long sur cent six pieds de large ; cette cour était limitée à gauche par une benfuerie, de vingt-quatre sur vingt-neuf pieds, et une grange, de trente-neuf sur vingt-quatre pieds. De cette basse-cour on pénétrait par une grande porte de pierre de taille, sur laquelle était figurées les armes de la « Religion de Saint-Jean-de-Jérusalem » sculptées en bosse, dans une autre cour, où se trouvait le donjon, et qui mesurait quatre-vingt-dix-neuf pieds sur soixante-dix ; à gauche, un couloir conduisait aux prisons et crotons obscurs ainsi que dans une chambre de seize pieds sur huit, qui prenait jour sur la vigne du Temple.
A côté de cette pièce on trouvait une autre chambre semblable ; à l'extrémité du même couloir, mais à droite, existait une cuisine de vingt-deux pieds carrés qui donnait d'autre part sur la cour du donjon.
Sur la cheminée de cette pièce étaient gravées les Armes de la Religion, en bosse (1). Attenant se voyait un escalier de cinq pieds carrés et à main droite une chambre de vingt-huit pieds sur vingt-deux, s'ouvrant sur la cour du Donjon.
1. Cette cheminée existe encore et porte, au milieu de son manteau, un écu qui doit se lire ainsi : de.... à la croix de.... Ce sont bien les armes de la Religion (de Saint-Jean-de-Jérusalem)

Au premier étage, à gauche de l'escalier, se trouvaient deux chambres et à droite une grande salle de trente sur vingt-deux pieds. Ces pièces s'éclairaient tant sur la cour que sur le jardin et la vigne.

Dans la cour du donjon existaient encore un four, une petite grange, une étable à vaches, une bergerie et une écurie de chevaux. Une porte secrète permettait de sortir de cette cour et de gagner la rue. Des panonceaux, fixés sur le corps du logis, reproduisaient les armes peintes de l'Ordre de Saint-Jean et du Commandeur en exercice.

Au XVIIe et au XVIIIe siècle, les bâtiments étaient entretenus avec beaucoup de soin et les réparations faites à mesure des besoins (visite de 1662).
Les commanderies du Temple étaient du reste fort bien administrées par les hospitaliers de Saint-Jean, de plus celle de Montbellet avait le privilège d'abriter quelquefois pendant l'été le Commandeur de la baillie de Chalon. C'est ainsi que René de Cherisey, au milieu du XVIIIe siècle, habitait Chalon l'hiver et Montbellet l'été.

C'est ce commandeur qui fit établir « une treille à berceau de raisins muscats, et autres choisis », venant de Provence, bien treillissée de 150 pieds environ et qui fit l'admiration d'Etienne Quarré d'Aligny et de Claude Languet, chevalier de l'Ordre, qui visitèrent la Commanderie de Montbellet, le 24 avril 1694.

C'est à Messire de Miremont-Berrieux, commandeur, qu'est dû la construction dans la cour d'un tinailler contenant un pressoir neuf et deux tines neuves, ainsi que des écuries, bergerie et four signalés dans la visite de 1694. C'est lui qui fit également bâtir un escalier pour monter à la chapelle et un colombier en pied ; ce même commandeur mit en parfait état d'entretien les murailles de l'enclos du temple ainsi que les couverts, qui étaient tous tuiles creuses, sauf en ce qui concerne la chapelle qui était recouverte de tuiles plates et la grange qui avait un toit de chaume.

Ce bon état d'entretien des bâtiments du Temple, qui fut du reste encore amélioré jusqu'à la Révolution, existait déjà, ce qui est plus surprenant, dès le début du XVIIe siècle (visite de Frère Jean de Faulquier, 1607), car la Commanderie du temple Sainte-Catherine n'avait pas dû échapper aux guerres de Religion et à l'animositédes Protestants pour les institutions catholiques. Nous savons que c'est à César Lemaire de la Bondue qu'est due la réparation des ruines accumulées par le XVIe siècle. C'est vers 1585 que César de la Bondue prit le gouvernement de la Commanderie de Chalon et de ses membres les temples de Montbellet, Rougepont, Sevrey, Loisy, Verdenay, Givry, Buxy, etc.

L'enclos du Temple fut ensuite toujours tenu en parfait état jusqu'au dernier commandeur Messire Picot de Dampierre. Vendu comme bien national il fut l'objet de démolitions et de modifications qui lui ont enlevé tout cachet ancien. Seule la chapelle dont nous allons parler est restée intacte.

Église Sainte-Catherine
La chapelle ou église du Temple de Montbellet, dédiée à sainte Catherine, reste encore inchangée comme elle était au moyen-âge. C'est un beau spécimen de l'architecture religieuse du XIIIe siècle, le seul existant en Maçonnais avec N.-D. de Cluny. Quel est le fondateur de ce monument dont la gracieuse silhouette reporte la pensée sur les mystérieux chevaliers des Croisades. C'est sans doute le fondateur du Temple de Montbellet lui-même, peut-être l'un des membres de la famille de ces terribles et puissants barons de Montbellet dont le château fut rasé par ordre du Parlement de Paris et qui portaient, aux dires de Pierre de Saint-Julien, le titre singulier de hauts, cruels et redoutés barons. Peut-être plus simplement les seigneurs tout voisins du château de Grenod ! Nul ne le sait.

Au XVIIe siècle, il existait encore dans les Archives du Temple de Chalon un gros sac dans lequel étaient, tant les titres de la fondation de la, chapelle de Montbellet, qu'autres concernant ladite chapelle Malheureusement ces pièces qui devaient remonter au XIIIe siècle ne figurent plus dans les archives de la Commanderie de Chalon, actuellement déposées à la Préfecture de Saône-et-Loire.
Il est donc vraisemblable que, sauf un hasard heureux, le fondateur du Temple Sainte-Catherine et de sa chapelle, de même que son architecte, restera dans un anonymat éternel.
Il reste, du moins, l'œuvre ; elle est fort belle et nous allons la décrire avec quelques détails :
L'église du Temple de Montbellet n'est pas normalement orientée (1) car son chevet est au nord-est ; elle est construite sur plan rectangulaire, sa nef unique est divisée en trois compartiments voûtés sur croisées d'ogives et qui sont séparés les uns des autres par un doubleau en forme de boudin un peu allongé orné d'un méplat au centre. Ce doubleau correspond comme profil et dimension aux autres nervures des croisées d'ogives. Les clefs de voûtes de ces dernières sont très plates ; celle du chœur est décorée d'un Agnus-Dei ; les retombées des nervures reposent chacune sur une amorce de colonnette, terminée par un chapiteau orné d'une rangée de feuillages. Ces amorces de colonnettes reposent, elles-mêmes, sur des consoles ou culs-de-lampe représentant chacune une tête d'homme ou d'ange très joliment sculptée (figure page 36). Cette disposition assez curieuse a cependant le désavantage d'être un peu inharmonieuse, la partie basse de la nef étant insuffisamment décorée par rapport à la partie supérieure.
1. Longueur ; elle était d'après la visite de 1662 de 64 pieds (20 m 48) et la largeur de 22 pieds (7 m 04). Nous avons trouvé 20 m 40 de longueur, sur 7 m (8 m 60 avec l'épaisseur des murs).

Temple Sainte-Catherine de Montbellet
BNF
Plan de l'église.
Longueur, totale 20 m 40 ; largeur totale 8 m 60.

Extérieurement, le plan intérieur paraît nettement par la présence sur chaque face latérale de quatre contreforts à double ressauts placés à la retombée des nervures des croisées d'ogives qu'ils contrebutent. Des contreforts semblables flanquent et soutiennent les deux pignons nord et sud (deux au nord, deux au sud). La décoration de ce monument est sobre, mais très soignée.

La pierre de taille y est employée principalement ; la sculpture y est abondante mais sans exagération ; elle est exécutée avec beaucoup de délicatesse et avec un sentiment d'art très élevé.
Extérieurement la porte d'entrée présente une triple archivolte moulurée de forme dite en tiers point et vulgairement appelée ogivale. De ces trois archivoltes, la première et la seconde, en partant de l'intérieur de l'arc, retombent sur des fines colonnettes (1) ornées de chapiteaux décorés de feuilles, dites à crochets ; la troisième repose à chaque extrémité sur de jolis culs-de-lampe représentant l'un une tête d'ange, l'autre des feuillages. Une frise également de feuillages à crochets couronne les deux piliers de la porte, sous le tympan, et sur le même plan que les chapiteaux des quatre colonnettes qui les encadrent.
Au milieu du tympan plein, en pierre de taille, inscrit dans une élégante arcade trilobée, est sculptée en bosse une croix fleuronnée de forme, dite processionnelle (2), tenue par deux mains sortant des manches d'un vêtement.
1. Deux colonnettes sont actuellement brisées.
2. Une croix, également de forme processionnelle, orne encore actuellement la porte de l'ancienne Commanderie du Temple de Dijon. Cette croix processionnelle est la Croix du Temple reproduite sur les sceaux de l'Ordre. Voyer le Cartulaire, général du Temple.


Église du Temple Sainte-Catherine Porte principale
BNF
(XIIIe siècle) Cliché Charvet.

Église du Temple Sainte-Catherine
BNF
Piscine du chœur
(XIIIe siècle). Julien Bourdon de Farges.

A l'intérieur les consoles des colonnettes et les chapiteaux à feuillages sont traités d'après les mêmes principes décoratifs que ceux qui ont présidé à la construction de la porte d'entrée.

Mais la décoration la plus saillante et la mieux réussie de l'intérieur est a coup sûr la charmante piscine (figure page 23) aux amples dimensions, placée dans le mur oriental de la travée du chœur et qui est amortie par un arc trilobé aux lignes particulièrement harmonieuses accompagné de deux etites roses composées de trois lobes chacune. Le fond de la piscine est formé d'une grande dalle rectangulaire étroite, dans l'épaisseur de laquelle sont sculptés peu profondément deux bassins de forme ronde ornés de côtes.

L'éclairage de la chapelle se fait par trois grands fenestrages placés dans le chœur, par une autre semblable situé dans le pignon méridional au-dessus de la porte d'entrée et par deux baies allongées, amorties par un arc brisé, percées dans les murs latéraux des compartiments de la nef.

Le grand fenestrage du pignon nord (figure page 25) était jadis situé au-dessus de l'autel ; il se compose de trois arcatures en tiers point, autrement dites ogivales, dont celle du milieu est légèrement plus élevée que les deux autres ; le tout est surmonté de trois trilobés placés 1 et 2, renfermés dans la partie élevée de l'arc en tiers point qui amortit le fenestrage. Le trilobé supérieur est normal, les deux autres sont renversés.

Le fenestrage, ouvert dans le pignon méridional, au-dessus de la porte d'entrée, est composé de deux arcades, amorties en tiers point, séparées par une colonnette et surmontées d'un trilobé renversé.
Disons qu'il existe encore une petite porte sculptée sur le côté oriental du monument donnant dans la cour de la Commanderie et que la corniche soutenant le toit est garnie de grands crochets en pierre sculptée.

Église du Temple Sainte-Catherine
BNF
Baie et fenestrage du chevet
(XIIIe siècle). Cliché Charvet.

Enfin l'extrémité du pignon méridional au-dessus de l'entrée est terminée par un couronnement, en forme de triangle ou de chevron, soutenu par une tête d'ange sculptée dans la pierre. Deux consoles de pierre, qui se trouvaient dans la chapelle, ont été transportées au château de Mercey où elles ont été scellées dans le mur de la façade ; l'une est ornée d'un écusson portant une fasce accompagnée de trois meubles en chef, qui ont été enlevés sous la Révolution ; l'autre, qui paraît être du XVe siècle, est décorée d'un, angelot finement sculpté tenant un écu sur lequel on voit en relief une croix de Malte accompagnée de la légende suivante en lettres gothiques :
FRAT.JOHS.DE.LIRAS (Fraler Johannes de Liras).

Devant la principale entrée de la chapelle, qui était au sud, et donnant directement sur la campagne, régnait autrefois un porche couvert. On en voit encore sur la façade les corbeaux qui jadis en soutenaient la toiture.
Cette disposition semble indiquer que la chapelle Sainte-Catherine était non seulement destinée, à ses origines, pour les besoins des Templiers et de leurs hôtes, mais encore pour la desserte du hameau de Mercey et des habitants de la baronnie de Montbellet, ressortissant du Temple, pour lesquel cette chapelle était comme une sorte d'église paroissiale. Il semble résulter de cette description et des photographies que nous donnons ci-contre, que cet édifice peut remonter aux dernières arnneés du XIIIe siècle.

En dehors de la décoration sculpturale, dont nous venons de parler, la chapelle Sainte-Catherine possède encore une décoration picturale dont l'ensemble, composé d'une série de fresques, était particulièrement imposant. Ces fresques couvraient tous les murs intérieurs ainsi que les voussures des ogives de la nef.

Dans la partie basse de la chapelle l'humidité a fait de tels ravages, qu'à part des traces de peinture rouge, ocre ou bleu on ne distingue ni scènes ni figures ; il semble cependant résulter d'un examen minutieux qu'au-dessus d'une plinthe de couleur brune se développaient des scènes religieuses en haut desquelles se trouvaient peints des saints auréolés placés sous des arcades trilobées également peintes, et au nombre de seize, qui complétaient et accompagnaient chacune des baies éclairant la chapelle.

Ces saints personnages sont encore faciles à distinguer surtout dans la partie haute du buste. Dans le chœur contre le mur du chevet on aperçoit à droite de la baie (côté ouest) saint Pierre, reconnaissable à sa clef ; quant au saint qui se trouve à gauche, il est à supposer qu'il s'agit de saint Paul. Sur chaque face latérale du chœur et des deux autres travées de la nef sont peints quatorze autres personnages auréolés, difficilement déterminables ; cependant on peut identifier avec l'un des Quatre Évangélistes, le saint qui se trouve à droite de la baie, sise du côté ouest du chœur, à cause du livre qu'il tient à la main : il est à penser que les trois autres Evangélistes décorent les murs latéraux du chœur et l'on aurait ainsi vraisemblablement, du côté ouest, saint Jean et saint Marc, et en face, du côté est, saint Mathieu et saint Luc ; dans les deux autres travées de la nef sont sans doute représentés les neuf autres apôtres, c'est-à-dire saint André, saint Jacques le Majeur, saint Thomas, saint Jacques le Mineur, saint Philippe, saint Barthélémy, saint Simon, saint Jude et saint Mathias ; enfin il est à supposer que le seizième personnage est sainte Catherine.
Les couleurs employées sont le rouge, l'ocre et le bleu, qui a tourné au vert par suite de l'action du temps. Ces fresques paraissent contemporaines de la construction de la chapelle, ou à peu près contemporaines ; elles peuvent être datées des premières années du XIVe siècle.

La perte des titres que conservait, sur la chapelle Sainte-Catherine, le Temple de Chalon et que nous avons signalés plus haut est irréparable, aussi trouvons-nous peu de mentions sur ce monument. Nous signalerons cependant quelques procès-verbaux de visites du XVIIee et du XVIIIe siècle. La première mention de cette chapelle se trouve dans la Pouillé du diocèse de Mâcon de 1513, publié par Ragut ; elle est ainsi conçue : « Beatæ. Catharinæ Virginis fundata, ordinis Sancti Johannis Hierosolimitani ad collationem preceptoris ordinis: LXXX lib »
Le plus ancien titre est ensuite un article du compte de Ferry Valot, receveur de Temple de Chalon faisant recette en (1549-1550) de cinq sols des héritiers de feue Robine Brisselier, veuve de Jean Marranssy, qui devaient chacun, aux fêtes de la nativité de saint Jean-Baptiste, cinq sols sur une maison sise à Chalon à Saint-Jean de Vieux-Maizel pour fondation faite par Frère Philibert du Perroit en la chapelle Sainte-Catherine de Montbellet.

A partir du XVIIe siècle d'assez nombreux procès-verbaux de visite nous renseignent sur cette dernière.
Le 20 août 1609, le visiteur Frère Pierre Moillet, religieux de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, commandeur de la Madeleine à Dijon, s'exprime ainsi « les pans murs, de voûtes, murailles et couverture sont en bon état, les portes de chêne sont bien ferrées et fermant à clefs. » En revanche les verrières étaient brisées.

A l'intérieur, l'autel était couvert de deux nappes blanches et d'un tapis de laine grise, agrémenté de franges ; un parement ou devant d'autel de camelot noir garni d'une grande croix de futaine blanche au milieu, et fait à neuf, en complétait l'ornementation.

Une chasuble, une aube, un amict, un calice d'étain doré et sa patène permettaient d'y célébrer les offices divins qui avaient lieu régulièrement deux fois par semaine. Des sermons étaient prêchés chaque année le vendredi saint et le lundi de Pâques.

Le bon état dans lequel se trouvait la chapelle en 1609 est à retenir lorsque l'on songe à l'état lamentable de la plupart de nos églises rurales à la même époque. L'influence du commandeur de la Bondue, le restaurateur de tous les temples de la baillie de Chalon, s'était fait également sentir à Montbellet.

Une autre visite fut faite en la chapelle Sainte-Catherine en 1662 par Frère Antoine Saladin d'Anglure, chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, commandeur de Saint-Jean du Vieil-Astre-lès-Nancy sous la commanderie de René de Cherisey. Le procès-verbal qui en fut dressé signale de nouvelles améliorations dans l'état de la chapelle du temple de Montbellet. L'inventaire alors établi mentionne « deux chandeliers de bois, un crucifix, quatre de faïence, deux coussins de damas blanc, un calice avec vases sa patène, des burettes d'étain, une bourse et deux voiles de calice, l'un de taffetas à fleurs, un parement d'autel, une chasuble et son étole avec un petit passement d'or et d'argent de Bologne, un missel romain, une aube avec son amict et sa ceinture » Cette même visite signale aussi « à main droite dudit autel, une image de pierre peinte représentant sainte Catherine »
Le rédacteur du procès-verbal ajoute « que la chapelle est bâtie toute de pierre de taille, bien pavée de carreaux et voûtée d'une belle voûte... ayant au surplus reconnu y avoir une cloche assez grosse et cette chapelle être en bon état de maçonnerie, charpenterie et couverture de tuiles plates »
Les seules réparations, signalées comme étant à faire, sont des travaux à effectuer aux fenestrages qui étaient en partie murés et que le visiteur souhaite voir dégarnir pour y mettre des vitres.

La visite faite, le 24 avril 1694, par Frère Etienne Quarré d'Aligny et Frère Claude Languet, religieux de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, indique de nouvelles améliorations dues au Commandeur de Miremont-Berrieux. L'inventaire signale un calice, une coupe, une patène, le tout d'argent, sauf le pied du calice qui est d'arquemin doré, deux chopinettes (burettes) d'étain, une clochette de fonte, une chasuble de futaine à fleurs avec son manipule, étole, voile de calice et corporalier, deux corporaux, une pale et un purificatoire, des canons pour la messe, un missel romain en veau noir, doré sur tranche, une aube, deux coussinets de futaine, trois nappes d'autel, un marbre consacré, deux chandeliers de bois, sur un gradin, une Sainte Vierge en relief posée sur le gradin, deux vases de porcelaine, deux tableaux en papier à cadre de noyer et un parement d'autel.

Une autre visite, exécutée en 1732 par Frère Antoine de Damas de Marcilly et par Frère Anne Hérard de la Madeleine de Ragny, chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, constate de nombreux « améliorissements » faits par le Commandeur de Berbisey.

Les chevaliers visiteurs, après avoir entendu « la sainte messe » dans la chapelle, décrivent dans un inventaire le mobilier suivant qui se trouve être sensiblement plus important que celui existant en 1694. Il se composait « d'un calice d'argent dont la coupe était dorée avec la patène, donné par le commandeur en exercice, une autre patène doré avec un étui pour renfermer le calice et la patène, une pale pour couvrir le calice, une statue sur l'autel représentant sainte Catherine, un crucifix de métal, deux chandeliers de même, deux chandeliers de bois, quatre bouquets artificiels sans vases, un missel neuf et un vieux avec un coussinet, trois nappes d'autel, un marbre consacré, un devant d'autel en calmandre (1) rayé, deux chasubles servant pour trois, une de satin garni d'un réseau d'argent avec étole, manipule, bourse et voile de calice, la seconde de calmandre rouge rayé dont la doublure qui sert de chasuble est d'un camelot noir avec manipule, étole, bourse et voile pour chacune, quatre corporaux, quatre purificatoires, un tapis de bergame pour couvrir l'autel, un canon, l'évangile et le lavabo, deux aubes, deux amicts, un cordon, deux burettes d'étain et une clochette de fonte » On disait, comme de tout temps, une messe par semaine dans la chapelle du Temple de Montbellet.
1. Calmandre, espèce d'étoffe de laine lustrée d'un côté comme le satin.

La dernière visite la Révolution date du avant 9 mars 1767, elle fut effectuée par messire Armand-Joseph de Balathier-Lantage, commandeur de Marbotte, et par Frère Claude Jobert, prieur d'Orge, chancelier du grand prieuré de Champagne.
Elle ne nous apprend rien de nouveau sinon que le commandeur de Dyo-Montperroux avait donné une nappe d'autel toute neuve, une clochette, un canon d'évangile, un lavabo ainsi que deux amicts. Ce même commandeur avait fait reblanchir la chapelle et refaire à neuf la porte de bois.

La Révolution devait bientôt mettre fin à une tradition ininterrompue et la chapelle « Madame Sainte-Catherine », comme l'appelle le terrier de 1719, devait être transformée progressivement en bâtiments d'hébergeage. Cependant en 1794 la chapelle dont nous nous occupons avait été rendue au culte par les habitants de Montbellet eux-mêmes, peu après la chute de Robespierre. Fatigués d'être privés d'église, ils avaient célébré des offices dans l'ancienne chapelle du Temple avec l'autorisation du citoyen Laurencin, officier municipal. Les gendarmes de Tournus, alors chef-lieu de canton de Montbellet, ayant surpris les fidèles chantant les vêpres et constatant que l'autel était garni de cierges allumés, en dressèrent procès-verbal, ce qui eut pour conséquence l'arrestation des citoyens Moreau et Laurencin qui furent emprisonnés aux Ursulines à Mâcon. Tous deux furent plus tard libérés, mais Moreau resta longtemps encore sous la surveillance de la police (1).
1. Rameau, La Révolution dans l'ancien diocèse de Macon, page 556.

Cet épisode fut le dernier de la vie cultuelle de l'église du Temple Sainte-Catherine. Au XIXe siècle elle fut convertie en cave, en grenier et en colombier et c'est dans cet état peu décent que nous la trouvons encore aujourd'hui.

Temple Sainte Catherine
BNF
Console avec inscription
(XVe siècle). Cliché Charvet.

La Chapelle de Tous-les-Saints
Cette chapelle était située aussi dans le Temple Sainte-Catherine, du côté droit de l'autel, extérieurement à l'église dudit Temple (2) mais communiquant intérieurement avec elle.
2. Archives de Saône-et-Loire. G. 384, n° 69 : « dans ladite église [Sainte Catherine] où il nous a été rapporté que ladite chapelle était placée à l'extérieur de ladite église et au côté droit du sanctuaire. »

Ce vocable de Tous les saints n'est, peut-être, pas sans rapport avec la belle décoration picturale de l'église, que nous avons précédemment décrite, et qui consiste on le sait en fresques représentant une longue suite de saints sous des arcades trilobées.

Cette chapelle de Tous-les-Saints bien que « réunie » à l'église du temple (1) était tout à fait distincte. Ses fondateurs et ses patrons étaient les seigneurs du château voisin de Grenod (2) et cette fondation avait un caractère d'obiit (3) ; c'était donc une sorte de chapelle seigneuriale, comme celles que l'on voit ordinairement dans les églises paroissiales et qui appartenaient au seigneur du lieu. Cette particularité est intéressante et l'on peut se demander si les seigneurs de Grenod n'avaient pas ce privilège, parce qu'ils avaient été les fondateurs du Temple Sainte-Catherine qui aurait été ainsi créé grâce à un démembrement du fief de Grenod.
1. Mgr Rameau, Les paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon (Manuscrit).
Archives de Saône-et-Loire. G. 384, n° 69.
2. Grenod, commune d'Uchizy, château à la famille Méziat, héritière des de Montcroc, de Lavaur (XIXe et XVIIIe siècle), de Franc (XVIIIe-XVIIe siècle), de Mincé (XVIIe-XVIe siècle) qui furent seigneurs de Grenod.
3. Archives de Saône-et-Loire. G. 384, n° 69.


Les documents sur cet oratoire sont peu nombreux, les visites de la commanderie par les visiteurs de l'Ordre n'en font jamais mention, ce qui prouve bien qu'elle était la propriété exclusive des seigneurs de Grenod, et que les commandeurs n'y pouvaient prétendre à aucun droit. On voit seulement que ceux-ci considéraient d'un mauvais œil l'existence du droit rival des seigneurs de Grenod, car ils mettaient quelque mauvaise volonté à laisser les chapelains de la chapelle de Tous-les-Saints prendre possession de leur charge, en fermant, par exemple, l'église

Sainte-Catherine par où ils devaient passer. C'est ce qui arriva notamment sous le commandeur de Berbisey en 1730 (1).
Voici les quelques renseignements que nous avons pu recueillir sur les chapelains :
En 1628, Pierre Bruchet, clerc tonsuré du diocèse de Lyon, était chapelain de la chapelle de Tous-les-Saints au Temple Sainte-Catherine (2).
En 1662, Jean Bonnet, chapelain du Temple Sainte-Catherine, fut nommé curé de Berzé-la-Ville (3).
En 1716, le 17 août, Messire Claudede Franc, seigneur d'Anglure, chapelain, céda le tiers des dîmes que la chapelle de Tous-les-Saints possédait à Burgy au curé dudit lieu pour augmenter sa portion congrue (4).
En 1730, le 4 mars, Claude-Joseph Blondeau, curé de Montbellet, fut nommé chapelain par Elisabeth Conte, veuve de François de Franc, seigneur de Grenod, par Marc-Antoine de Lavaur, ancien capitaine au régimentde Picardie, et par Marie-Anne de Franc, son épouse. C'est Claude Blondeau qui prit possession de sa prébende par « l'attouchement des portes, la chapelle étant fermée par ordre de M. de Berbisey, « commandeur de ladite commanderie (5) »
En 1734, le 6 décembre, une transaction intervint entre le susdit Blondeau et messire Clément Guillemin, curé de Burgy, au sujet de la cession des dîmes, que la chapelle avait à Burgy, faite par Claude de Franc en 1716. Blondeau consentit à confirmer la cession moyennant une rente annuelle de 60 livres, payable à la Noël de chaque année, à commencer le 25 décembre 1735 (6).
1. Mgr Rameau, Les Paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon (Minutes Gautheron, n° 11.054).
2. Archives de S.-et-L. Fonds du Temple de Chalon, supplément.
3. Mgr Rameau, Les paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon (manuscrit).
4. Archives de S.-et-L. G. 384, n° 60. Cette cession avait été faite pour aider à l'érection en paroisse de l'ancienne église de Burgy qui n'était encore qu'annexe.
5. Mgr Rameau, manuscrit cité (Minutes Gautheron, n° 11.054), et Fonds des Notaires, Chappuis, 1730.
6. Archives de S.-et-L. G. 384, n° 60.


En 1751. Blondeau résigna en cour de Rome la prébende susdite en faveur de Claude-Joseph Blondeau, son neveu et son vicaire, prêtre du diocèse de Saint-Claude, moyennant une pension de 460 livres (2).
Le 17 septembre 1751, François Pelissot, curé de Mancey, fut nommé chapelain de cet oratoire (3).
2. Mgr Rameau, manuscrit cité (Minutes Gautheron, n° 13.061).
3. Archives départementales, Fonds des Notaires, Chappuis, à Tournus, 1751.
En 1785, le 7 novembre, Messire-Jacques Brazey, chanoine de Tournus, fut nommé chapelain de cette même chapelle, improprement appelée Sainte-Catherine, par Ursule-Renée Bergier, veuve de messire Pierre-Marie de Lavaur de Grenod, écuyer, demeurant à Tournus, tutrice de Jean-François de Lavaur, garde du Roi, et par mestre Jacques Dulac, notaire royal à Tournus, maître des droits de Marie-Gaspar de de Lavaur (4), fille dudit feu seigneur de Grenod ; le 9 novembre l'évêque de Mâcon accepta la présentation faite et le lendemain Jacques Brazey « revêtu de sa soutane surplis et bonnet carré » prit possession de la chapelle où il succédait à messire François Pelissot, le précédent chapelain décédé (4).
Voici tout ce que nous avons pu réunir sur la chapelle de Tous-les-Saints qui n'existe plus aujourd'hui.
4. Sur les familles de Lavaur, Dulac, Brazey, etc., voir Répertoire des familles notables de Tournus.


* * *

Il nous reste à souhaiter que, rachetée depuis peu d'années (1910) à la barre du tribunal civil de Mâcon par un homme de goût, attaché par la gloire de ses ancêtres au culte du passé, M. René Le Grand de Mercey, l'église du Temple Sainte-Catherine soit rendue tout à la fois et au culte et à l'admiration des artistes et des fervents du moyen-âge (1).
1. On peut cependant regretter que M. de Mercey ait transporté dans son château une jolie console provenant du temple, et il est à souhaiter qu'on laisse intacte la chapelle telle qu'elle est aujourd'hui.

Église du Temple Sainte-Catherine

Colonnette et chapiteau supportant les nervures de la nef
(XIIIe siècle). Cliché Charvet.

Domaine et censive du Temple Sainte-Catherine
La Seigneurie
Les chevaliers du Temple, puis de Saint-Jean, possédaient « la justice haute, moyenne et basse, mère mixte et impère et avaient sujets hommes levants et couchants à Mercey, Thurissey, Marfontaine et Farges qui étaient tenus à faire guet et garde en ladite maison du Temple en temps de guerre et lorsque les sieurs commandeurs ou leurs commis le voudront (1) »
1. Terrier de 1719.

Appartenaient encore aux chevaliers du Temple Sainte-Catherine :
1° Le droit de lods sur tous les biens vendus en la seigneurie.

2° Le droit d'instituer officiers de justice. Nous savons que dans les derniers siècles (XVIIe-XVIIIe siècles) les commandeurs établissaient comme juge de leur terre le bailli de Tournus (2). C'est ainsi que Bonaventure Lornot, juge-bailli de cette ville, fut aussi juge du Temple Sainte-Catherine de Montbellet.
2. Sur Bonaventure Lornot (1692-1762), voir Répertoire des familles notables de Tournus, page 237.

3° Les dîmes sur les climats ci-après : Longefin, la Pannetière, les Clouseaux, la Charme à MERCEY.
La Condemine de l'Hôpital, le Champ Petit Œuf, la Combe, la Vergée et le Mure-Loron à CHARCUBLE.
La Plante Regnault à MONTBELLET.
La Grande-Varenne, le Rougeray, la Boulaize, le Breuil à SAINT-OYEN.

4° Un droit de péage au pont de Mâcon, qui était amodié cent cinquante livres par an, au XVIIIe siècle. Il se percevait à raison de deux deniers parisis par grosse charge et de un denier par petite charge ; ceci avait été déterminé par une sentence du 29 juillet 1533 entre les Péageurs et officiers du Roi et le Commandeur du Temple.
5° Un droit à une géline par tête d'habitants à la Saint-Martin d'hiver (11 novembre).
6° Un droit de visite sur les chemins royaux à Saint-Oyen, Mercey, Montbellet, la Rivière et Thurissey, suivant un arrêt rendu à Grenoble entre le sieur baron de Montbellet et le Commandeur du Temple, le 20 septembre 1530 (1).
1. Terrier de 1719-1725.

Domaine
Le domaine direct du Temple, c'est-à-dire exploité par les commandeurs, leurs officiers, commis ou fermiers, se composait:
1° Des bâtiments situés dans la Basse-Cour et la Cour du donjon du Temple, dont nous avons précédemment parlé.
2° D'un jardin et d'une terre joignant l'enclos du Temple contenant 5 coupées.
3° De plusieurs fonds de terre aux lieux dits : La Grange du Temple (8 asnées (*) de blé) ; les broussailles et teppes du champ du Temple (12 asnées). « * Charge portée par un âne »
4° De divers prés aux lieux dits : le Pré de la Porte (6 charrées de foin) ; le Pré de l'Étang (8 charrées) ; le Pré de la Combe-Beugnon (2 charrées) ; le pré dit Le Grand-Marais (20 charrées) ; le Petit-Marais (15 charrées) ; le Pré du Temple à Vérizet (8 charrées) ; la Grosse-Serve à Mercey et la Combe-Beugnon (1 pose).
5° De trois bois taillis : le bois de la Bergerie (100 poses), joignant M. de Grenot, le pré de l'Étang et la censive du Temple ; le bois de la Barban (200 poses), joignant les communaux de Fissy de soir dont ils étaient séparés par de vieilles murailles ; le bois des Crois (115 coupées), joignant le précédent de vent.
6° Un droit de champoyage (*) appartenant à tous les sujets du commandeur sur tous les communaux de Montbellet jusque sur les bords de la Saône et sans « qu'ils soient tenus de ce chef d'aucune corvée ou droit de blairie (**) comme les autres sujets du baron de Montbellet »
« * Faire paître (le bétail) dans les champs »
« ** Dans la France du Moyen Age et de l'Ancien Régime la blairie est un impôt seigneurial sur le pacage des animaux »


Ce domaine fut aliéné à la Révolution en sa qualité de propriété nationale.
A partir de l'an III il fut procédé à la vente des biens du Temple de Montbellet.
Le 13 ventôse an III fut mis en adjudication quatorze lots provenant, à Montbellet, de l'ordre de Malte (n° 736 à 749 du registre 78 des ventes de biens nationaux de Saône-et-Loire).
Voici la liste de ces lots :
I. n° 736. 1er lot, Le domaine de Sainte-Catherine, consistant en une très belle maison, etc., amodié par bail du 25 décembre 1788 pour sept ans au citoyen Bonin de Chalon.
Estimation : 12.000 livres.
— Prix d'adjudication : 91.500 livres.
Adjudicataire : le citoyen François Huguet (avec faculté d'élection d'ami).

II n° 737. 2e lot, première partie du pré dit du Grand-Marais.
Estimation : 3.000 livres.
— Prix d'adjudication : 43.000 livres.
Adjudicataire : Pierre Bertrand, de Montbellet.

III n° 738. 3e lot, deuxième partie du même pré.
— Estimation 3.000 livres.
Prix d'adjudication 43.000 livres.

IV n° 769. 4e lot, troisième partie du même pré.
Estimation : 3.000 livres.
— Prix d'adjudication : 43.000 livres.
Adjudicataire : Philibert Gabuteau, de Gratay.

V n° 740. 5e lot, quatrième partie, du même pré.
Estimation 3.000 livres.
— Prix d'adjudication 44.000 livres.
Adjudicataire : François Huguet.

VI n° 741. 6e lot, un pré dit le Petit-Marais.
Estimation : 3.500 livres.
— Prix d'adjudication : 62.000 livres.
Adjudicataire : François Huguet.

VII n° 742. 7e lot, la seconde partie du même pré.
Estimation : 3.500 livres.
— Prix d'adjudication : 64.300 livres.
Adjudicataire : François Bertrand.

VIII n° 743. 8e lot, le Pré de la Porte.
Estimation : 3.000 livres.
— Prix d'adjudication : 70.500 livres.
Adjudicataire: François Bertrand.

IX n° 744. 9e lot, la Grande-vigne.
Estimation 3.600 livres.
— Prix d'adjudication 30.500 livres.
Adjudicataire : Jean Bouilloux.

X n° 745. 10e lot, le grand champ du Temple.
Estimation : 9.600 livres.
— Prix d'adjudication 58.000 livres.
Adjudicataire : Jean Laurier.

XI n° 746. 11e lot, le champ du Temple.
Estimation : 10.000 livres.
— Prix d'adjudication 46.500 livres.
Adjudicataire : François Huguet.

XII n° 747. 12e lot, le pré de l'Étang (première partie).
Estimation : 3.000 livres.
— Prix d'adjudication : 80.506 livres.
Adjudicataire : François Huguet.

XIII n° 748. 13e lot, la seconde partie du même pré.
Estimation : 3.000 livres.
— Prix d'adjudication 56.000 livres.
Adjudicataire : François Bertrand.

XIV n° 749. 14e lot, le Pré en bas du Crot.
Estimation : 2.000 livres.
— Prix d'adjudication 40.900 livres.
Adjudicataire : Philibert Lafontaine.

En l'an IV, le 23 fructidor, furent mis en vente les bois de la Commanderie du Temple Sainte-Catherine:
Le bois de Breban (17 coupées)
Le bois de la Bergerie (348 coupées)
Le Curlil (25 coupées)
Le Bec du Crot (87 coupées)
Ils furent adjugés à Pierre-Marie Canot, négociant à Mâcon, pour la somme de 35.163 francs 38 centimes.

En l'an V, le 22 brumaire furent remis en vente le Grand-Marais, le Petit-Marais, le pré de la Porte et le pré de l'Étang ils furent adjugés à Claude Landolphe, aubergiste à Saint-Oyen, et à Claude Laurencin, marchand à Fleurville, associés, pour le prix de 15.931 francs.

La même année, le 9 vendémiaire, fut adjugé le pré du Temple à Verizet au profit de Pierre Genty l'Aîné, négociant à Mâcon, pour le prix de 3.520 francs.

Enfin en l'an VIII, le 16 thermidor, le Temple Sainte-Catherine comportant « une très belle maison, consistant en plusieurs chambres, caves, greniers, deux granges, trois écuries, une très grande chapelle et une très belle cour, un jardin et une terre au matin et bise des dits bâtiments contenant en tout trente mesures » fut remis en vente, le précédent adjudicataire étant devenu insolvable.
Estimé 12.000 livres, il fut adjugé définitivement à Anselme Chenaux, moyennant 5.500 livres.

Furent également remis en vente pour la même raison à la même date et adjugé au même Anselme Chenaux le quart du pré du Grand-Marais, pour 1.700 francs, le Petit-Marais pour 2.100 francs, le Champ du Temple pour 7.400 francs, une autre partie du même champ du Temple pour 6.000 francs, le pré de l'Étang pour 2.150 francs, le pré du Bas du Crot pour 1.375 francs.

Ce domaine resté grande en partie intact était possédé en ces derniers temps par M. Vittaut, de Saint-Gengoux. Il fut vendu à la barre du tribunal de Mâcon le 7 novembre 1910 à M. René Le Grand de Mercey, propriétaire du château de Mercey, qui le possède actuellement (1).
1. Ce domaine avait été acheté par MM. Vittaut-Millon et Charles Boussin-Violiot de M. Louis-Auguste-Clément Perrin, propriétaire à Saint-Cyr, le 19 juin 1885 (Boussenot, notaire à Chalon).

PS. Je n'ai pas recopié la liste, trop longue avec des erreurs possibles.
Suite les censives de Sainte Catherine de Montbellet page 41 à 60 BNF

I. — La commanderie à l'époque des Templiers

Histoire de la commanderie st des commandeurs
Nous ne voulons pas nous attarder sur la question de la fondation du Temple de Montbellet dont nous déjà dit un mot avons au sujet de la chapelle. Les précieux sacs, contenant les titres de fondation, encore existant au XVIIIe siècle, sont malheureusement perdus.

D'après un travail récent Les débuts de l'Ordre du Temple en France de M. Victor Carrière, l'ordre des Templiers fut à ses origines, et à cause de son fondateur Hugues de Payns, une institution essentiellement champenoise qui prit naissance au Concile de Troyes, le 13 janvier 1228 ; parmi les évêques et les grands féodaux présents, presque tous sont Champenois, mais on relève cependant, parmi les étrangers à cette province, quelques évêques ou abbés bourguignons des limitrophes (évêque pays d'Auxerre, abbé de Citeaux, de Pontigny, de Saint-Etienne de Dijon, de Molesme) ; parmi ceux-ci se trouve un féodal dont le nom est significatif et très intéressant, en ce qui nous concerne, c'est Hugues, comte de Mâcon, abbé de Pontigny. Après ce concile, Hugues de Payns parcourut la chrétienté pour faire du prosélytisme ; il alla d'abord en Anjou, en Poitou, puis en Flandre, enfin en Angleterre d'où il revint avec de nombreuses recrues ; les nobles avaient partout, avec enthousiasme, répondu à son appel. En retournant en Terre Sainte, il descendit la vallée du Rhône avec un important cortège de chevaliers portant le manteau blanc de la nouvelle milice du Christ.
En Bourgogne, saint Bernard se fit le propagateur de l'ordre naissant avec zèle enflammé. Aussi l'historien du Temple un MANSUET a pu dire au XVIIIe siècle « peine sept ou huit ans s'étaient écoulés depuis la confirmation de l'ordre qu'on le vit s'étendre prodigieusement. Les donations qu'on leur fit (aux Templiers) n'étaient pas des terrains incultes ou à défricher, comme ceux que recevaient les disciples de saint Norbert ou de saint Benoît, c'étaient des châteaux, des fiefs, des forts, des bourgades avec leurs appartenances. »

A quelle époque se place la fondation du Temple Sainte-Catherine de Montbellet ? Il nous est absolument impossible de donner une réponse à cette question.
Tout ce que l'on peut dire sur ce point sont des conjectures.
Le Temple Sainte-Catherine n'est cité, à notre connaissance, par aucun titre antérieur au XIVe siècle, alors que nous avons des actes mentionnant le temple de Rougepont, dès le début du XIIIe siècle. Le temple de Rougepont était une annexe de celui de Montbellet au moment de la réunion des biens des Templiers à ceux des Chevaliers de Saint-Jean en 1313, mais en 1255 il ne relevait que du Temple de l'Aumusse près de Mâcon.

Pour toutes ces raisons nous estimons, jusqu'à preuve du contraire, que la fondation du Temple Sainte-Catherine est contemporaine de la construction de son église, c'est-à-dire de la fin du XIIIe siècle.
En ce qui concerne les fondateurs on ne peut faire que des suppositions. Faut-il les rechercher dans la puissante famille de Montbellet ? Faut-il les trouver parmi les seigneurs de Grenod qui avaient une chapelle privée dans l'église même du Temple ?
Nous ne saurions donner la préférence à aucune de ces deux hypothèses bien que penchant plutôt pour la seconde. A l'appui de la première rappelons en revanche que Frère Jean de Montbellet, commandeur de Launay (1), diocèse d'Autun, figura aux Procès des Templiers (1310-1313).
1. Launay, commune de Saint-Martin-sur-Oreuse (Yonne).

C'est dans cette période, qui va de la fondation du Temple de Montbellet à la suppression de l'Ordre (1310-1314), que la Commanderie de Sainte-Catherine fut à son apogée. Nous n'avons rien malheureusement ou presque rien concernant cette époque. Nous savons seulement par un texte reproduit par Niepce dans le Grand Prieuré d'Auvergne, page 217-241, qu'au moment de sa réunion à l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, le Temple de Montbellet possédait dans ses dépendances le Temple de Rougepont et des biens à Saint-Oyen, et qu'il dépendait de La Langue et du Grand-prieuré d'Auvergne ainsi que de la baillie de la Commanderie de La Marche (2).
2. La Marche, commune de Charoux, canton de Chantelles, arrondissement de Gannat (Allier). Niepce, ouvrage cité, page 239.

Peu après la réunion du Temple de Montbellet à l'ordre de l'Hôpital en 1333, il fut procédé par Jean de Paroy, juge d'appel de Lyon pour le roi de France, à une enquête sur la valeur des revenus des biens des hospitaliers de Saint-Jean et plus particulièrement de ceux provenant de l'ancien ordre du Temple.
On peut par cette enquête se rendre compte de l'importance du Temple Sainte-Catherine à l'époque des Templiers, car il est peu probable que ces revenus aient notablement changé entre 1313 et 1333.

Voici l'extrait de cette enquête concernant Montbellet (1) :
« C'est la prins de la Maison de Mont-Bellot qui fut jadis du Temple :
Premièrement en rantes de deniers déhues en divers lieux par menues parties : 6 livres.
Item 4 bichez de froment de rante, 4 bichez de seigle et 6 bichets d'avoyne qui sont estimez, l'un parmi l'autre, à la somme de 100 sols tornois.
Item 20 gélines, 6 deniers la géline, valant 10 sols.
Item 12 livres de cire, qui sont converties pour l'usaige de la chapelle.
Item 60 ouvrées de vigne, l'ouvrée 5 sols, valant 5 livres.
Item 40 soitures de prés, la soiture estimée à 5 sols, valent 10 livres.
Item environ 70 journaux de terres gaynable, le journal 2 sols, 6 deniers, valent 8 livres, 15 sols.
Item pour un molin qui est estimez 6 bichez de blé mouture, le bichet où pris de 6 sols, valent 36 sols.
Item la disme déhu en certain lieu à Saint-Ouein, qui vaut environ 5 bichez de blé commun, le bichet estimé à 6 sols, valent 30 sols.
Item en ladite maison à environ cent journaux de menus bois qui se gastent en l'usage de la maison (2). »
1. D'après de Charmasse, ouvrage cité, page 122.
2. D'après de Charmasse, ouvrage cité, page 122.


II. — La commanderie à l'époque des Hospitaliers

Réunis, après à l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, 1313, comme tous les autres biens des Templiers, la Commanderie de Montbellet perdit de son ancienne importance. La disparition de nombreux chevaliers du Temple rendit vacante la plupart des petites commanderies qui furent groupées autour des grandes commanderies de l'Ordre. Mais ces réunions ne se firent pas toujours sans tâtonnement surtout pour certains établissements dont la situation géographique se trouvait placée à limite de la zone d'influence de plusieurs grandes divisions.

Si l'on en croit Niepce dans son Grand Prieuré d'Auvergne (1), ce fut immédiatement après la réunion des biens des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean que les temples de la région chalonnaise furent détachés du Grand Prieuré d'Auvergne et de la Langue d'Auvergne pour être rattachés à la Langue de France. Au XIVe siècle, peu après la Réunion, un différend naquit entre les Langues d'Auvergne et de France au sujet de certains temples sis à la limite des deux Langues ; le 30 janvier 1313 (1314 nouveau style) (2) les prud'hommes des grands prieurés d'Auvergne et de France mirent fin au désaccord qui s'était élevé entre les deux Langues. Parmi les échanges qui furent faits, nous devons signaler que la baillie de Chalon-sur-Saône comprenant le Bois Verdenay (3), Sevrey (4), Buxy (5), Montot (6), Bissy (7) outre Saône, Rougepont et Montbellet, fut ajoutée au Prieuré de France et détachée du Prieuré d'Auvergne (8). Ces lettres d'accord furent vidimées par le Prévôt de Paris puis par l'Official de Mâcon.
1. Niepce, ouvrage cité, page 212. (Bibliographie)
2. Niepce, ouvrage cité, page 212-213. Cet acte est reproduit in extenso dans Niepce.
3. Bois-Verdenay, commune d'Allériot, canton de Saint-Martin-en-Bresse.
4. Sevrey, canton de Chalon-Sud.
5. Buxy, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Chalon.
6. Montot, commune de Bissey-sur-Cruchaud, canton de Buxy, arrondissement de Chalon.
7. Bissy outre Saône sans doute erreur de lecture pour Loisy.
8. Voici le passage de la transaction concernant Montbellet et Rougepont.
« Item, au dit Prieuré de France sont adjoutées la Baillie de Chalon sur la Saône et ses appartenances c'est à savoir Bois Verdenois, outre la Saône Sevrey (Syry), Buissy-en-Chacort, Montot (Monteret), Bissy outre la Saône, Rougepont et Montbellet. » Il faut lire évidemment Sevrey pour Syry, Montot pour Monteret.
Quant à Bissy outre Saône, il ne peut semble-t-il s'agir que de Loisy ou de Lessard qui étaient les deux seuls temples avec Verdenay de la rive d'Empire.


I. Cette baillie de Chalon n'eut pas toujours la même importance ; en 1333 elle comprenait les temples de Chalon, Givry, Buxy, Rully, Montot (à Bissey-sous-Cruchaud), Sevrey, Dieu-le-Gard (à Saint-Micaud), Montbellet, Rougepont. Son revenu total était de 406 livres, 9 sols, 4 deniers tournois. Il faut y ajouter les temples sis en Empire (Loisy, Bois Verdenay, etc...), qui ne figurant pas dans l'enquête du juge royal, étaient néanmoins de la baillie de Chalon comme nous l'apprend la transaction de 1313, mentionnée plus haut. Le fait que Montbellet fut réuni à la Langue de France et au Prieuré de Champagne explique comment la plupart des commandeurs sont issus de familles bourguignonnes, lorraines ou champenoises ; la raison en est que ces provinces faisaient partie du Grand Prieuré de Champagne de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.

Voici d'autre part la consistance de la même baillie de Chalon en 1698 :
1° — Le temple de Chalon, chapelle et moulin sur bateau.
2° — Seigneurie et maison de Verdenay.
3° — Maison de L'Essard.
4° — Maison de Chaulay.
5° — Maison de Sevrey.
6° — Chapelle, maison et seigneurie du Temple Sainte-Catherine.
7° — Chapelle, maison, seigneurie et moulin de Buxy.
8° — Maisons et vignes à Givry.
9° — Loisy (où il n'y a point de maison).
10° — Dîmes et domaines de Saint-Loup.
11° — Dîmes de Saint-Moris [en Rivière].
12° — Le petit domaine de Sevrey.
13° — Le pré de Lux.
14° — Le pré de Chalon.
15° — Le droit de langue de bœuf.
16° — Les cens sur les maisons de Chalon et du Faubourg.
17° — Les cens des terriers des villages de Saint-Moris, Chevrey, Damerey, Prondevaux et Chatenay.
18° — Les bois en coupes réglées.
19° — Les dîmes des tupiniers de Sevrey.
Le revenu total était alors de 4.274 livres.

On remarquera qu'en 1333, bien que la baillie de Chalon comprît les temples situés en Empire (Loisy, Verdenay, etc....), ces temples ne figurent pas dans l'enquête du juge royal, sans doute parce que l'influence royale n'avait pas encore franchi la Saône.
En revanche, on ne trouve plus dans la baillie de Chalon en 1698 le Temples de Montot, Dieu-le-Gard et Rully.
Ce document est très important ; il nous explique pourquoi nous voyons si souvent les commanderies de Montbellet et de Rougepont tiraillées entre les Langues d'Auvergne et de France, entre les baillies de Mâcon (ou de Laumusse) et celle de Chalon.
Niepce se demande pour quelle raison la Langue de France fut représentée par le Grand Prieuré de France dans la transaction dont nous venons de parler, car, dès la fin du XIVe siècle, nous constatons que la baillie de Chalon dépendait du Grand Prieuré de Champagne, qui était aussi de la Langue de France, mais non du Prieuré de France. Y aurait-il eu un échange postérieur à 1313, entre les Prieurés de France et de Champagne ? Le Grand Prieuré de Champagne serait-il un démembrement postérieur du Grand Prieuré de France (1) ?

III — Les Commandeurs

Nous allons essayer de restituer la liste des commandeurs de Montbellet depuis la réunion du Temple Sainte-Catherine à l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.

JEAN DE TROYES
Jean de Troyes (Johannes de Trecis), d'une famille originaire de la Champagne, était commandeur [præceptor] du temple de Chalon et aussi de celui de Rougepont (domus de Rubeo-Ponte), ancien membre du temple de Montbellet. Le jeudi avant la Nativité Saint-Jean-Baptiste 1325, il recevait une reconnaissance de cens sur un pré, sis à La Lechère, territoire de Jugy, faite par noble Jacques de Vers à cause de la maison de Rougepont, dépendant de la Préceptorie de
Chalon (de domo Rubei-Ponlis ad breceptoriam cabilonensem pertinente) (1).
1. Fonds du temple de Chalon, texte déjà cité.
On pourrait être tenté à considérer Odon de Branges comme commandeur de Chalon membres, dont était Montebellet, car il paraît comme chef de la maison de l'Hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem de Chalon, le 7 mars 1338, époque où il reçoit une reprise de fief « ad opus Fratris Odonis et aliorum fratrum dicte Domus » (2). Mais nous croyons pouvoir affirmer qu'Odon de Branges n'était aucunement Commandeur du Temple de Chalon, mais seulement maître de la Maison de l'Hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui continua à coexister à côté du temple pendant de longues années après 1313, malgré la réunion sous la même main des biens des deux ordres du Temple et de Saint-Jean.
1. Fonds du temple de Chalon, texte déjà cité.
En effet lors de l'enquête, plus haut citée, du juge royal de Lyon, la maison de l'Hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem à Chalon était rattachée à la Commanderie et baillie de Bellecroix (3) autour desquelles étaient groupées toutes les anciennes maisons de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem en Bourgogne méridionale, alors que toutes les anciennes commanderies du Temple étaient réunies autour de la Commanderie du Temple de Chalon-sur-Saône. Il n'y avait donc pas eu fusion des établissements des deux ordres par le fait de leur réunion dans le patrimoine des hospitaliers de Saint-Jean. Cette fusion ne s'opéra que bien plus tard au cours des siècles.
3. Bellecroix, commune et canton de Chagny, arrondissement de Chalon.

LAURENT DE BRETENAY
Laurent de Bretenay (de Bretenayo (1) est signalé comme commandeur du Temple de Chalon et de ses membres dès 1356 ; comme nous savons qu'en 1314, la baillie de Chalon comprenait les temples de Montbellet et de Rougepont, nous avons tout lieu de supposer que ce commandeur de Chalon le fut aussi de Montbellet et de Rougepont ; on le voit figurer ensuite en cette même qualité de commandeur de la baillie de Chalon en 1365 et 1371, mais il était mort avant 1373, époque où son successeur Garnier d'Angeux céda la commanderie de Chalon qu'il tenait, dit-il, de Laurent de Bretenay à l'occasion de son décès.
C'est lui qui exigea amende honorable de Jean de Fussey qui avait perçu indument un péage au pont de Grosne (2).
Laurent de Bretenay était originaire de Bretenay, près de Beaune, où les templiers avaient des possessions. Pierre et Simon de Bretenay, chevaliers du Temple, avaient figuré au Procès des Templiers (1313-1314) (3).
1. Bretenay, commune de Beaune (Côte-d'Or).
— (Voyer de Charmasse, ouvrage cité). (Bibliographie)
— Voir aussi Beaune historique et archéologique, par Ph. Voilery, curé de Pommard, p. 173 et suivants (Société d'Archéologie de Beaune, 1911, in-8.
— D'après Courtépée, les commandeurs de Beaune y avaient une maison de campagne (tome II, p. 300).
2. Fonds du temple de Chalon, déjà cité.
3. Charmasse (De), ouvrage cité (bibliographie), qui renvoie au Procès des Templiers, tome I, page 103 (P. de Bretenay Lingonensis), et tome II, page 268, (fratres Petrus de Trecis et Symon de Bretenay).


JEAN GARNIER D'ANGEUX
Jean Garnier d'Angeux (1), commandeur de Chalon, Prieur de Champagne, paraît n'avoir possédé que peu de temps la baillie de Chalon et s'être démis de cette charge peu après son avènement au profit de Girard de Fouchereulles, par acte du 30 juillet 1373. Cet acte intervint à la suite d'un grave différend entre ces deux personnages, chacun se prétendant à la fois commandeur des Temples de la baillie de Chalon. Alors que Girard de Fouchereulles apportait à l'appui de dires une bulle deses collation, Jean Garnier d'Angeux, Grand Prieur de Champagne, affirmait que la bulle était nulle car il était auparavant en possession de la Commanderie depuis le décès de Laurent de Bretenay, dernier commandeur en exercice, et qu'il avait même fait acte essentiel de ses fonctions en installant et déléguant à sa place comme commandeur de Chalon, un frère du Temple, le chevalier Girard de Bretenière. Les frères de l'ordre s'étant interposés, il intervint une transaction par laquelle Girard de Fouchereulles céda ses bulles à Jean Garnier d'Angeux qui lui remit en revanche la Commanderie de Chalon et ses dépendances en y ajoutant même la maison de Bretenay qui relevait de la baillie de Beaune. Il est à croire que dans la suite Girard de Fouchereulles délégua à nouveau comme commandeur Girard de Bretenière que nous verrons faire acte de commandeur à plusieurs reprises et en porter le titre.
L'acte qui mit fin à la compétition des deux commandeurs fut passé à Langres, au Temple de la Madeleine, en présence de Philibert de Fussey, seigneur de Rochefort, Frère Thomas de Berguettes, Simon de Voulaines, Simon de Tannay, Jean Côte, écuyers, et Etienne d'Aignay, clerc.
1. Peut-être Anjeux, canton de Vauvillers, arrondissement de Lure (Haute-Saône).

GIRARD DE FOUCHEREULLES
Girard de Fouchereulles (1) devint commandeur de Chalon et de ses membres à la suite de la démission à son profit, le 30 juillet 1373, de son prédécesseur Jean Garnier d'Angeux (1). (Voir plus haut.)
1. Archives du Temple de Chalon (couverture d'un compte autrefois coté H 505).

GIRARD DE BRETENIÈRE
Girard de Bretenière, alias de la Bretenière (de Bretenarid), que certains inventaires des XVIIe et XVIIIe siècles appellent par erreur Girard de Bretenay (1), fut commandeur de Chalon et de ses membres dès avant 1373, date à laquelle il avait été délégué dans ces fonctions par Jean Garnier d'Angeux ; on le voit figurer ensuite en 1384, 1385, 1391, 1395, 1396, 1401, 1402, 1405 et 1406. Souvent du reste les anciens inventaires du Temple de Chalon ont confondu Laurent de Bretenay et Girard de Bretenière, ayant ignoré l'existence, entre ces deux commandeurs, de Jean Garnier d'Angeux et de Girard de Fouchereulles.
1. Bretenay, commune de Beaune (Côte-d'Or).
Girard de Bretenière paraît originaire de Bretenière (2), diocèse de Chalon. Hélie de Bretenière fut maire de Dijon en 1357.
2. Bretenières, canton de Genlis, arrondissement de Dijon (Côte-d'Or).
D'après l'abbé Rameau (3), dans son manuscrit sur les établissements religieux du diocèse de Mâcon, à l'article consacré à la Commanderie de Mâcon de l'ordre de Saint-Jean, située dans l'île Saint-Jean en face de cette ville, Pierre de Lième, alias de Liesme, aurait été commandeur de Mâcon et de Mercey en 1395 (7 février).
3. Abbé Rameau, Maisons religieuses du diocèse de Mâcon (manuscrit appartenant à l'Académie de Mâcon).

Michon, dans son inventaire de la série GG, layette 160, donnant l'analyse du titre auquel fait allusion l'abbé Rameau, écrit aussi Pierre de Liesme, commandeur de Mâcon et de Milleseys (Mercey).
Si l'identification de Milleseys avec Mercey était exacte, se poserait une question des plus troublantes, car nous concevons mal que le Temple Sainte-Catherine de Montbellet, alias de Mercey, qui fut attribué à la Langue de France et à la baillie de Chalon par la transaction de 1314, plus haut citée, et que nous voyons d'autre part figurer dans cette même baillie en 1333, lors de l'enquête du juge royal de Lyon, et au début du XVe siècle, dans les comptes du Receveur du Temple de Chalon, ait échappé quelque temps à la baillie chalonnaise pour être rattaché au Temple de Mâcon.

Ceci aurait pu toutefois s'expliquer pour des raisons de convenances personnelles, comme celles qui motivèrent sous les commandeurs Garnier d'Angeux et Girard de Fouchereulles la réunion momentanée de la maison du Temple de Bretenay à la baillie de Chalon, bien qu'elle dépende normalement de celle de Beaune.

Mais, malgré l'autorité qui s'attache aux travaux de l'abbé Rameau et de Michon, nous croyons devoir contester et la lecture et l'identification faite par ces deux excellents érudits. Il est tout d'abord peu croyable que Milleseys ait pu jamais être une forme de Mercey ; d'autre part il ne semble pas douteux que la lecture Milleseys soit fautive et qu'il faille lire Nulleseys (1). Or Nullesey est évidemment le nom du Temple bien connu de Nuglisois, commune de Montagny-sur-Grosne, qui était un membre de la Commanderie de Mâcon. Tout s'explique alors facilement avec cette, lecture, puisque normalement le commandeur de Mâcon devait l'être aussi de Nuglisois. Pierre de Lieme ne fut donc jamais commandeur du Temple Sainte-Catherinede Mercey.
1. Nuglisois, commune de Montagny-sur-Grosne, canton de Matour. M. Goyat (Ann. de S.-et-L., 1900, page 317) a corrigé l'erreur faite par Niepce et Chavot qui identifiaient Nuglisois avec Nuzillet, commune de Saint-Pierre-le-Vieux.

HUGUES D'ARCY
Hugues d'Arcy (de Arceyo), prieur de Champagne, fut commandeur des baillies de Chalon, Pont-Aubert (1), Avalleure (2), Bellecroix (3) ainsi que des temples de Lorraine (4), de Burres-les-Templiers (5), d'Espailly (6) et de Beaune (7) ; il le fut également de Montbellet, comme nous l'apprennent les comptes de la Commanderie de Chalon, qui vont désormais figurer régulièrement dans les Archives du Temple, et qui seront la principale source historique que nous utiliserons.
1. Pont-Aubert, canton d'Avallon (Côte-d'Or).
2. Avalleure, déjà cité.
3. Bellecroix, déjà cité.
4. Lorraine, sans doute les temples de la baillie de Metz.
5. Burres-les-Templiers, arrondissement de Chatillon-sur-Seine (Côted'Or).
6. Espailly, commune de Courban, arrondissement de Châtillon-sur-Seine.
7. Beaune (Côte-d'Or).


Malheureusement, si ces comptes donnent d'abondants détails sur les temples de Chalon, Buxy, Sevrey, etc., il n'en n'est pas de même sur le temple de Montbellet ; en effet celui-ci, sans doute à cause de son éloignement, avait été amodié à long bail à un prêtre séculier, Messire Philippe-le-Bon (8), qui administrait le Temple Sainte-Catherine, assurait le service religieux et percevait les revenus à charge de payer annuellement au Commandeur de Chalon, qui l'était aussi de Montbellet, une somme annuelle, qui a varié selon les époques, mais qui était de 18 florins en 1431.
8. Messire Philippe le Bon est donné, à plusieurs autres reprises dans les comptes de 1428-1429 et 1429-1430, comme demeurant à Bellecroix. Il était amodiataire de Montbellet pour une période de six années allant de 1425 à 1431.

Des dépenses furent alors engagées pour réparer les bâtiments du Temple Sainte-Catherine, qui étaient à la charge du Commandeur de Chalon ; c'est ainsi que le receveur de cette baillie versa 3 florins, 7 gros au susdit Philippe le Bon pour amener de la lave pour recouvrir la grande saule de la Commanderie de Montbellet ; une autre somme de 9 florins, 10 gros, 2 blancs fut également versée par le même receveur pour restaurer la grange de Montbellet et la couvrir de paille (1430).
Hugues d'Arcy était commandeur de la baillie de Chalon dès 1421 ; il paraît à nouveau en 1429, époque où le Receveur du temple de Chalon, Frère Jean de Nuys, lui rendait son compte annuel, en présence de Liebaud de Lugny et de Nicolas de Lafons, commandeurs d'Avalleure et d'Uncey (1), Pierre Cornot et André du Pin, notaires publics à Chalon. En 1430 il avait déjà fait place à Jean de Vienne.
1. Uncey-le-Franc, canton de Vitteaux, arrondissement de Semur (Côte-d'Or).
On peut se demander toutefois si les deux commandeurs qui vont suivre, Jean de Vienne et René Pot, ne tenaient pas leur charge d'Hugues d'Arcy, qui leur aurait délégué ses droits sur la commanderie de Chalon à titre précaire, cette façon de procéder étant assez dans les habitudes de l'Ordre, comme nous venons de le voir ; c'est ainsi que fit plus tard, nous le constaterons bientôt, un autre commandeur de Chalon, Jean de l'Estouf-Pradines, en ce qui concerne Montbellet. Ce qui nous laisse supposer qu'il en fut ainsi, c'est que nous retrouvons, en 1461, Hugues d'Arcy, prieur de Champagne, qualifié à nouveau de commandeur de Chalon. Ce personnage mourut avant 1462, car dans le compte de 1461 Hugues d'Arcy paraît pour la dernière fois comme commandeur de Chalon ; l'année suivante (1462) il est mentionné comme décédé. L'un des derniers actes de son administration fut une procuration passée pour recevoir le compte de la baillie de Chalon, qui fut dressée, le 17 juillet 1428, par un notaire de Liège.

De nombreuses familles nobles du nom d'Arcy ont existé au Moyen Age ; il est difficile de savoir de laquelle est issu notre commandeur, il est à supposer toutefois qu'il appartenait à l'illustre famille bourguignonne de ce nom, originaire d'Arcy-sur-Cure (1), et qui a fourni de notables personnages à la Bourgogne et à la France, notamment Josselin d'Arcy, bienfaiteur de l'abbaye de Rigny en 1147, Jean d'Arcy, évêque de Mende (1331), d'Autun (1333), de Langres (1342), Hugues d'Arcy, évêque de Laon (1340), archevêque de Reims (1352), l'un des fondateurs à Paris du Collège des Trois évêques ou de Cambrai (2).
1. Arcy-sur-Cure, Auxerrois, canton de Vermenton, arrondissement d'Auxerre (Yonne).
2. Voir les Hôtels et Collèges bourguignons du Quartier latin (Annales Académie de Mâcon, tome XI, 1906), page 396.


JEAN DE VIENNE
Jean de Vienne paraît comme commandeur du temple de Chalon et de ses membres dès 1430 ; le voit figurer à nouveau en la même qualité en 1436, 1441 et 1451 ; nous avons vu qu'il avait dû recevoir cette commanderie par une sorte de subdélégation du titulaire, Hugues d'Arcy (3).
Jean de Vienne descendait d'une des plus illustres familles de la Bourgogne, issue de la maison d'Antigny et de celle des comtes de Vienne et de Mâcon. Cette famille se partagea en, au moins, huit grandes branches parmi lesquelles nous citerons celle de Sainte-Croix en Bresse louhannaise, celle de Pymont près de Tournus (4).
Les de Vienne portaient pour armoiries de gueules à l'aigle d'or, armé d'azur.
3. C'est à peu près à l'époque de Jean de Vienne que se rapporte la console qui a été transportée de la chapelle Sainte-Catherine au château de Mercey, et qui porte l'inscription FRATER JOHANNES DE LIRAS accompagnant la croix de Malte. Quel était ce personnage ? Reçut-il la Commanderie de Montbellet du Commandeur de Chalon, comme plus tard Jean de Pradines, c'est ce que nous n'avons pu établir.
4. Le Père Anselme, tome IV, page 794 ; La Chenaye-Desbois, tome XIX, page 711.


RENÉ POT
René, alias Régnier, Pot fut commandeur du temple de Chalon et de ses dépendances dès 1458 ; il l'était encore en 1491, ce qui fait supposer qu'il atteignit un âge avancé ; on le voit figurer notamment dans des actes de 1458, 1469, 1470, 1473, 1477, 1480, 1481, 1484 et enfin 1491.
Dans le compte (1489-90) qui lui fut rendu par Frère Jean Pasquier, religieux de l'Ordre de Saint-Jean, receveur de la baillie de Chalon, il n'est pas fait mention du temple de Montbellet ; on y voit seulement figurer un certain Bertereaul de Montbellet, qui payait un cens au commandeur pour le cellier qu'il possédait devant le jeu de Paume du temple de Chalon.
En 1460-61 le commandeur de Bordeaux procéda à une visite de la baillie du temple de Chalon.
Signature du Receveur Frère JEAN PASQUIER de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem Receveur de la baillie de Chalon (XVe siècle).
René Pot appartenait à une vieille famille de Bourgogne qui fournit des maîtres, des commandeurs et tant de chevaliers à l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem qu'elle en reçut le surnom de Pot de Rhodes. Ce sont les Pot qui fortifièrent le château de la Roche-Nolay qui prit dès lors le nom de la Roche-Pot (1). Le célèbre Philippe Pot, grand sénéchal de Bourgogne sous Louis XI et Charles VIII (1428-1494), était issu de cette maison qui s'éteignit dans les Montmorency (2).
Les Pot portaient comme armoiries : d'or à la fasce d'azur, au lambel de gueules de trois pièces (3).
Signature du Commandeur RENÉ POT (XVe siècle).
1. La Rochepot, canton de Nolay, arrondissement de Beaune (Côte-d'Or).
2. La Chenaye-Desbois, tome XVI, page 211.
3. La Chenaye-Desbois, ouvrage cité, tome XVI, page 211.


JEAN DU CHATELET
Ce commandeur de Chalon-sur-Saône et de ses dépendances, parmi lesquelles figure Montbellet, n'est signalé que par l'abbé Vertot (1), en l'an 1500, dans son histoire de l'Ordre de Malte.
Les du Chatelet étaient issus de la très illustre maison des ducs de Lorraine. Une des branches de cette famille s'établit en Bourgogne où elle posséda les seigneuries de Til-Chatel (2), Bourberain (3), Véronnes (4), etc.. Les armes de ce commandeur étaient d'après l'abbé Vertot : « d'or à la bande de gueules, chargée de trois fleurs de lys d'argent »
1. Abbé Vertot, ouvrage cité ; Beaune et d'Arbaumont, Armorial.
2. Til-Châtel, canton d'Is-sur-Tille, arrondissement de Dijon (Côte-d'Or).
3. Bourberain, canton de Fontaine-Française, arrondissement de Dijon.
4. Véronnes, canton de Selongey, arrondissement de Dijon.


ÉLIE DU BOIS
Elie du Bois, grand prieur de Champagne, fut commandeur du temple de, Chalon et de ses membres en 1505. Il paraît dans une sentence de Pierre de la Genestoye, licencié en lois, conseiller du Roi, lieutenant de noble Messire Jacques d'Esguilly, seigneur de Fontaines (1), conseiller et chambellan du Roi, gruyer de Bourgogne, rendu au sujet du droit possédé par la Commanderie de Chalon, de prendre du bois dans les forêts de la Comté de Chalon pour toutes ses « nécessités » Nous verrons qu'Elie du Bois avait délégué, comme commandeur de Montbellet, noble Frère Philibert du Perroit, receveur de la baillie de Chalon.
Trois familles nobles du nom de du Bois existaient en Champagne et une en Lorraine.
1. Fontaines, peut-être Fontaines, canton de Chagny (Saône-et-Loire). Sur les d'Eguilly, voir ce qu'en dit Courtépée (édition de 1848), tome IV, page 65.

PHILIBERT DU PERROIT
Philibert du Perroit fut commandeur de Montbellet dès avant 1505, époque où il paraît en cette qualité dans la sentence plus haut citée. Il ne resta pas commandeur de Montbellet jusqu'à sa mort car on le voit, bien longtemps avant son décès, remplacé dans ces fonctions par Jean de Pradines. Il les cessa sans doute à l'avènement de Jean de l'Estouf à la Commanderie de Chalon, et devint ensuite commandeur de Rougepont. Il est vraisemblable que Philibert du Perroit avait été nommé aux fonctions de commandeur de Montbellet par Elie du Bois, mais seulement jusqu'à la mort, ou la cessation des fonctions de ce dernier, ou peut-être pour une durée de cinq années (1).
1. Les commanderies étaient généralement données à vie, cependant quel quefois elles étaient attribuées au titulaire pour une période de cinq ans renouvelable (Niepce, Le grand prieuré d'Auvergne, page 69).

JEAN DE L'ESTOUF-PRADINES
Jean de L'Estouf-Pradines fut commandeur du temple de Chalon et de ses membres dès avant 1515 ; on le voit figurer ensuite en cette qualité en 1526, 1529, 1530. Il était en même temps commandeur de la Romagne (2), où il résidait, et de Ruetz (5). Dans le compte qu'il reçut de Philibert du Perroit, en 1516, on voit que le temple de Montbellet était amodié à Pernet Brunet, moyennant 210 livres tournois par an.
Jean de l'Estouf, comme nous l'avons vu, résidait à la Commanderie de la Romagne et le receveur de la baillie de Chalon, Philibert du Perroit, faisait en réalité les fonctions de commandeur sans en avoir le titre ; il tenait cependant minutieusement son maître au courant de ce qui se passait dans les diverses dépendances de la Commanderie de Chalon en lui adressant des estafettes à la Romagne. C'est ainsi qu'en 1526, un meurtre ayant eu lieu à Montbellet, Philibert du Perroit envoya sans délai un homme à la Romagne, pour tenir au courant le commandeur, et lui paya 32 sols tournois pour son déplacement.
Notre receveur avait d'autres occasions de communiquer avec jean de l'Estouf, c'était en l'approvisionnant. Ainsi, en 1526, il acheta par ordre deux bœufs, l'un à la foire de Tournus, l'autre à celle de Buxy, qu'il envoya à la Commanderie de la Romagne, qui lui en tint compte pour la somme de III livres.
Plus fréquents sont les envois de fromages de Bresse dont le Commandeur de l'Estouf paraît avoir été très friand. Celui-ci déléguait fréquemment des membres de sa famille à Chalon pour inspecter ou surveiller ses temples de Bourgogne et de Bresse, c'est ainsi que nous voyons Regnaud et Jean de Pradines venir au Temple de Chalon en 1527 et en 1529 ; Mgr du Ponson alias du Poinson (4), frère de Jean de Lestouf, parait dans cette ville en 1528 et visite la commanderie. Enfin le commandeur lui-même y allait quelquefois en personne ; c'est ainsi que le 22 août 1528 il vint avec son frère et le Commandeur de Saint-Maulme (5) convoyer le Révérendissime Grand-Maître, qui passait par Chalon.
Il y avait séjourné déjà l'année précédente, pour la Saint-Vincent, 1527, et avait fait le voyage par la voie de la Saône.
C'est sans doute à l'occasion du passage du Grand-Maître à Chalon qu'il obtint le titre de Commandeur de Montbellet pour un de ses parents, Jean de Pradines, auquel il délégua le Temple Sainte-Catherine ; à la même époque et sans doute pour donner une compensation à Philibert du Perroit qui avait été Commandeur de Montbellet, avant son avènement, celui-ci fut nommé Commandeur de Rougepont.
On voit ainsi qu'au XVIe siècle fut rétabli à deux reprises différentes l'individualité des Commanderies de Montbellet et de Rougepont.
La maison de L'Estouf était une très importante famille de Bourgogne, qui, d'après Arcelin (6) et Niepce (7), aurait pour origine les Tel-Dufo du royaume de Naples ; le premier qui aurait fait souche en France serait Guillaume de l'Estouf (XIVe siècle). La ligne directe s'est éteinte au XVIe siècle avec Louis de L'Estouf, seigneur du Rousset et d'Ailly. On connaît sept branches principales de cette famille ; l'une d'elles posséda le fief de Sirod (8), en Maçonnais. Le premier seigneur de Sirod, de la famille de Lestouf, fut Guillaume de Lestouf, seigneur de Poinson, Poicenot (9), Menaible et Sirod, qui épousa, en 1516, Jeanne de Saint-Romain, fille de Claude de Saint-Romain, seigneur de Sirod, et de Mairie Pot.
Jacques de L'Estouf, second fils de Guillaume, seigneur de Pradines (10), fut le chef de la branche des seigneurs de Sirod éteinte au XVIIe siècle.
Les de L'Estouf-Pradines, d'après Niepce, ont donné quelques personnages célèbres parmi lesquels il cite notre commandeur, Jean de l'Estouf-Pradines, Commandeur de Chalon ; Claude de L'Estouf, tué au service du roi en 1652, et Pierre de L'Estouf, qui perdit la vie à la bataille de Senef (11), le 10 août 1674.
Les de L'Estouf-Pradines portaient comme armoiries : « écartelé au 1 et 4 d'or, à deux chevrons de sable, au lambel de gueules, qui est L'Estouf ; au 2 et 3, écartelé d'argent et de sable, à la bordure engrelée de gueules, qui est Pradines. »
Les de L'Estouf possédaient des fiefs en Maçonnais, Audour (12) Sirod et Hurigny (13).
D'après l'abbé Vertot, le commandeur de Chalon, Jean de l'Estouf-Pradines, portait seulement les armes de Pradines plus haut décrites. C'était un valeureux chevalier car, alors qu'il était commandeur de Chalon, il perdit un bras au siège de Rhodes en 1522 (14).
2. La Romagne, commune de Saint-Maurice-sur-Vingeanne, arrondissement de Dijon.
3. Ruetz, commune de Gourzon, canton de Chevillon, arrondissement de Wassy (Haute-Marne).
4. Poinson, canton de Fayl-Billot, arrondissement de Chaumont (Haute-Marne), l'un des fiefs de la maison de Pradines.
5. Saint-Maulme, ne serait-ce pas Saint-Maulvis, Commanderie de l'Ordre de Malte (Somme).
6. Arcelin, Indicateur héraldique, page 236.
7. Niepce: de Lestouf, Recueil de titres sur cette famille avec une introduction par Niepce, Ms Archives de Saône-et-Loire, série E, supléments.
8. Sirod, commune de Flagy, canton de Cluny, arrondissement de Mâcon.
9. Poincenot, canton d'Auberive, arrondissement de Langres (Haute-Marne).
10. Pradines, canton de Saint-Symphorien-de-Lay, arrondissement de Roanne.
11. Senef (Hainaut).
12. Audour, commune de Dompierre, canton de Matour.
13. Hurigny, canton de Mâcon.
14. Abbé Vertot, ouvrage cité, tome VII, page 380.


JEAN DE PRADINES
Jean de Pradines, parent du précédent hospitalier, fut commandeur de Montbellet seulement, à partir de 1530 ; il paraît plusieurs fois avant cette date comme simple chevalier dans les comptes de la baillie de Chalon. Après sa nomination il fit à Montbellet sa résidence habituelle et représenta souvent à Chalon Jean de L'Estouf.
Jean de Pradines administrait lui-même sa commanderie et l'amodiation régulière de celle-ci à un prêtre, ou à un bourgeois, prit fin.
Les nominations successives de deux commandeurs particuliers à Montbellet au début du XVIe siècle, ce qui n'était pas arrivé depuis plus de deux cents ans, ne furent pas simplement motivées par des raisons de famille ou d'amitié qui poussaient les commandeurs de Chalon à caser un parent ou un bon serviteur, mais peut-être aussi par des difficultés, qui étaient nées entre les chevaliers de Saint-Jean et le baron de Montbellet, qui avait sans doute profité de l'éloignement des commandeurs pour usurper les droits du Temple Sainte-Catherine.
Jean de Pradines, étant sur place, fut tout désigné pour mettre fin à ce conflit, il le fit en 1530, époque où Mgr de Poinson et Philibert du Perroit signèrent avec le baron de Montbellet (1) (un sire de Lugny) un arbitrage qui mit fin au litige.
Entre temps Jean de Pradines surveillait l'administration de la baillie de Chalon ; en 1530 on le voit porter l'argent du trésor de l'ordre, la même année il s'occupe, sur la délégation du commandeur de L'Estouf, à vendre les graines de la Commanderie de Chalon ; en 1531 il fait habiller, sur l'ordre du même commandeur, un certain Antoine Le Pycard, « d'une robe et de chausses neuves pour l'envoyer à Mgr de Triquetaille. » On le voit enfin s'occuper de sa propre commanderie, négocier des ventes de grains et de bois, recevoir des marchands, faire mettre des serrures aux caves de Montbellet, etc...
Jean de Pradines décéda le 3 février 1534 (1535, nouveau style) à Montbellet, et y fut inhumé le 5 février suivant, comme le constata Ferry Valot, receveur du Temple de Chalon dans le compte qu'il rendit, la même année, au commandeur Calais de la Barre, qui était Commandeur de Chalon et du Temple Sainte-Catherine à Montbellet. Oddot Blanchot, son serviteur, et Philippe.
1. Voici, d'après Perraud, « Seigneurie et châteaux des environs de Mâcon », Mâcon, Protat, 1912, page 267-268, comment le fief de Montbellet échut aux de Lugny. Au début du XVIe siècle, la baronnie de Montbellet appartenait à Gaspard de Montregnard, mort avant 1513 ; la fille de ce dernier, Eugénie de Montregnard, épousa en 1513 Antoine II de Lugny, seigneur d'Igé et Flacé. Ce dernier ne laissa qu'une fille Philippe de Lugny qui épousa Guillaume, fils de Guy de Maugiron, qui devint baron de Montbellet en 1550. Comme Antoine II de Lugny ne mourut qu'après le 28 septembre 1536, c'est lui qui traita avec le commandeur, Philippe Brunet, son procureur, remirent au receveur Valot 27 livres provenant de sa succession, tant en argent qu'en graines, laissées par le défunt en la Commanderie de Montbellet. D'autre part le receveur paya II livres, 4 sols pour la dépouille de ce commandeur.
A la suite de la mort de Jean de Pradines, la commanderie fut réunie à nouveau à celle de Chalon et fut pourvue d'un receveur spécial, administrant pour le compte du Commandeur de cette ville.
L'un des deux écussons, encore conservés dans les bâtiments actuels du Temple Sainte-Catherine, représente les armes de Jean de Pradines : « parti, au 1 écartelé de... [argent] (1) et de... [sable] à la bordure engrelée de... [gueules], qui est Pradines ; et au 2, d'hermine au chef de... [gueules] chargé d'un croissant d' ... [argent] accompagné de 2 quintefeuilles d'... [or], au chef de [gueules] chargé d'une croix d'[argenl] (2) »
Ces armes sont celles d'une branche de la famille de L'Estouf-Pradines. Vertot décrit en effet ainsi, d'après les Archives de l'ordre de Malte, les armes d'un certain Pierre d'Eltouf (sic) — Pradines, chevalier de Malte en 1555.
« écartelé d'argent et de sable à la bordure engrelée de gueules, et sur le tout d'hermine au chef de gueules chargé d'un croissant dargent côtoyé de deux quintefeuilles d'or (3). »
1. On sait que dans les armoiries, avant le XVIIe siècle, les couleurs ne sont pas indiquées par des hachures.
2. Croix qui est en chef des armoiries des commandeurs de Saint-Jean-de-Jérusalem. Niepce, Grand Prieuré d'Auvergne, dit: page 63 : Les commandeurs « mettaient en chef de gueules à la croix d'argent et au-dessous leurs armes personnelles. »
3. Vertot, ouvrage cité, tome VII.
Armoiries du Commandeur JEAN DE PRADINES (XVIe siècle)
Sculptées au Temple Sainte-Catherine. Ed. Lex, del.


CALAIS DE LA BARRE
Calais, alias Calixte de La Barre, entré dans l'ordre de Malte dès 1530, paraît comme commandeur de Chalon en 1534 ; il était en même temps commandeur de Metz, Nancy et Normiers (1). A la suite de la mort de Jean de Pradines il devint commandeur de Montbellet, le 3 février 1535. On le voit en 1556 faire renouveler les terriers des membres de la Commanderie de Chalon, notamment celui de Montbellet, qui fut dressé par les soins de Me Philibert Pelez et de Me Pierre Manier ; il contenait 808 feuillets sur l'un desquels étaient gravées les armoiries de Messire Calais de la Barre, commandeur ; la première reconnaissance était de Philiberlus Brunet, filius defuncti Luqueti Brunet.
Calais de la Barre paraît pour la dernière fois comme commandeur en 1555.
Il ne semble pas que, sous son administration, le Temple de Montbellet ait été amodié comme avant 1530, ou donné en sorte d'apanage comme de 1500 à 1535, mais il paraît au contraire qu'il ait été administré en régie par un receveur particulier, ainsi que l'indique nettement le compte de 1535, et aussi, bien que plus succinctement, celui de 1551.
Calais de la Barre était issu d'une ancienne famille de la Beauce et du Ponthieu, originaire des Flandres. La Chenaye-Desbois en donne une généalogie complète depuis le début du XVe siècle jusqu'à la fin du XVIIIe (2).
Il s'est glissé pas mal d'erreurs dans cette généalogie faite d'après des renseignements fournis au XVIIIe siècle par les représentants de cette famille.
C'est ainsi qu'un Guillaume de la Barre, avec le qualificatif, tantôt de I, et tantôt de II, qui vivait dans la première moitié du XVe siècle en Ponthieu, dont il était châtelain de la Sénéchaussée, aurait eu un fils Guillaume, commandeur de Chalons, Metz et Nancy. Il paraît bien s'agir de notre commandeur, improprement appelé Guillaume, mais il ne peut pas être le fils de Guillaume, châtelain de Ponthieu, tout au plus pourrait-il en être le petit-fils.
Les armes de cette maison étaient : « d'argent a la bande d'azur, chargée de trois coquilles d'or, accompagnée de deux merlettes de sable, l'une en chef et l'autre en pointe. » Supports, deux lions.
Les armes de Calais de La Barre étaient d'après l'abbé Vertot « d'argent à trois lions de sable, armés et lampassés d'or (3) »

CALAIS DE LA BARRE
Calais de La Barre
Signature du Commandeur CALAIS DE LA BARRE (XVIe siècle).

1. Normiers, Normier, canton de Précy-sous-Thil, arrondissement de Semur (Côte-d'Or).
2. La Chenaye-Desbois, tome II, page 436.
3. Vertot, ouvrage cité, tome VII, page 381.


ANDRÉ DE SAUCIÈRES-TENANCE
André de Saucières-Tenance, entré dans l'Ordre de Malte dès avant 1548, d'après Vertot (1), est signalé comme commandeur du temple de Chalon et de ses membres en 1567. Il paraît ensuite dans divers actes, notamment en 1573 et 1579. Les documents sur sa commanderie sont du reste fort peu nombreux ; il ne faut pas oublier qu'il exerça ses fonctions aux plus sombres jours des guerres de religion.
La famille de Saucières était, d'après la Chenaye-Desbois (2), originaire de Champagne et de Bourgogne. Pierre de Saucières, écuyer, seigneur de la Gontière (3) et de Recécourt (4), marié à Marguerite de la Tour, eut deux enfants Christophe de Saucières, seigneur de Tenance (5), marié à Louise de Vielchatel, en 1574 dont la postérité existait siècle, encore au XVIIIe, et Andrieu, alias André, de Saucières, chevalier de Malte au Grand Prieuré de Champagne où il fut reçu en 1546. C'est évidemment cet André de Saucières, mentionné par La Chenaye-Desbois, qui est notre commandeur.
Les armes des de Saucières, seigneurs de Tenance, et notamment d'André, commandeur de Chalon, étaient, d'après l'abbé Vertot : « de gueules à un lion d'or, couronné de même »
1. Vertot, ouvrage cité, tome VII, page 383.
2. La Chenaye-Desbois, ouvrage cité, tome XVIII, page 298.
3. La Gonfière ?
4. Recécourt, Recicourt, canton de Clermont-en-Argonne, arrondissement de Verdun (Meuse).
5. Tenance ?


CÉSAR LEMAIRE DE LA BONDUE
César Lemaire de la Bondue fut commandeur du temple de Chalon et de ses membres dès 1586, ainsi que des temples de la baillie de Metz en Lorraine ; il figure dans de nombreux actes, notamment en 1587, 1590, 1595, 1597, 1606, 1607. Un écusson, portant ses armoiries, existe encore sur les anciens bâtiments du temple de Montbellet. Il est daté de 1614.
Ce commandeur passe à juste titre pour le restaurateur du temple de Chalon et de ses membres, qui durent souffrir énormément des luttes entre catholiques et protestants à la fin du XVIe siècle, comme tous les autres établissements religieux particulièrement visés par les Huguenots. L'inventaire des titres du Temple de Chalon porte que le commandeur de la Bondue trouva « de grandes ruines aux bâtiments qu'il fit réparer (1) »
Il fit également refaire les terriers de Montbellet et de ses dépendances, notamment celui de Charcuble.
Le 20 août 1609, une visite de la Commanderie de Montbellet, dont nous avons parlé, et qui fut faite par Frère Pierre Moillet, commandeur de la Madeleine de Dijon, nous montre que le Temple Sainte-Catherine avait déjà été remis dans un état satisfaisant.
César Lemaire de la Bondue était issu d'une famille bourguignonne ; parmi les membres de celle-ci on peut citer Jules Lemaire de la Bondue, seigneur de la Porcheresse, trésorier de France à Dijon (1592). D'après Harold de Fontenay cette famille portait comme armoiries : « d'or à deux fouets, mis en pal et adossés d'azur, au chef de même chargé de deux étoiles a six pointes d'or 2. »
Ce sont ces armoiries (3) écartelées, d'autres armoiries portant une croix d'hermine (4), qui sont encore gravées sur un écusson placé sur l'ancien bâtiment de la Commanderie de Montbellet avec la date de 1614. Ces armes ont sans doute été apposées par César Lemaire de la Bondue, lors des restaurations qu'il fit faire au temple Sainte-Catherine, après les guerres de Religion.
Armoiries de CÉSAR LEMAIRE de la Bondue sculptées au Temple. Sainte-Catherine.


César Lemaire de la Bondue
César Lemaire de la Bondue
Signature du Commandeur CÉSAR LEMAIRE DE LA BONDUE
(XVIe, XVIIe siècle)

1. D'après une enquête de l'official de Mâcon, au sujet des biens de la cure de Montbellet, datée de 1603 (Arch. de S.-et-L., G. 384, n° 55), il résulte de la déclaration de Messire Nicolas de Brye, ancien curé de cette paroisse, que Montbellet fut saccagé à trois reprises différentes pendant les guerres de Religion, la première fois par Montbrun et le baron des Adrets (1562), la seconde fois par les Reîtres de M. de Chatillon, la troisième fois par les Lordonistes (parti de Huguenots qui occupa le château de Lourdon en 1575-1576 sous le commandement de Gabriel Filloux) « Voir Raffin, Le château de Lourdon, Congrès de Cluny, 1910, tome II, page 194. »
2. Harold de Fontenay, Armoriai d'Autan, 1868, in-8°, p. 159.
3. Toutefois dans l'écusson, encore existant à Montbellet, l'étoile n'a que 5 pointes.
4. Ne seraient-ce l'Ordre de Saint-Jean, de gueules à la pas les armes de croix d'argent ; à cette croix on aurait ajouté des mouchetures d'hermines ?
Il est à noter que les commandeurs portaient généralement les armes de l'ordre en chef de leurs propres armoiries et que les Grands Maîtres écartelaient leurs propres armes avec celle de l'ordre 1 et 2.
Voir Niepce, Le Grand Prieuré d'Auvergne, page 62.


MICHEL DE PONTAILLER-TALMAY
Michel de Pontailler-Talmay, entré dans l'Ordre de Malte dès avant 1584, succéda comme commandeur de Chalon et de Montbellet à César Lemaire de la Bondue. On sait peu de choses sur son administration, si ce n'est qu'il fit renouveler les terriers de Montbellet de 1615 à 1626, en vertu d'une procuration qu'il passa à Malte, où il résidait, le 21 octobre 1620, à Jean Alabernarde, notaire royal à Lugny (1).
Ce commandeur appartenait à une illustre famille bourguignonne qui tirait son nom de la ville de Pontailler-sur-Saône (2) ; elle a donné deux maréchaux de Bourgogne, des dignitaires de la Toison d'or et plusieurs chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. La Chenaye-Desbois fait remonter la généalogie de cette maison à Hugues de Pontailler, seigneur de Talmay, en 1397, mais on trouve un certain Hugues de Pontailler cité dès 1171.
D'après ce même auteur, N... de Pontailler fut grand prieur de Champagne de l'Ordre de Malte (3). Il s'agit sans doute de notre commandeur Michel de Pontailler-Talmay.
Ce dernier portait comme armoiries : « de gueules au lion d'or couronné, armé et lampassé d'azur (4) » Généralement dans les armoiries de cette famille, le lion était couronné d'or.
1. Archives de l'Hôpital de Tournus.
2. Pontailler-sur-Saône, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Dijon.
3. La Chenaye-Desbois, ouvrage cité, tome XVI, page 122.
4. Abbé Vertot, ouvrage cité, tome VII, page 392.


SCIPION D'ANGLURE DE BOURLEMONT
Scipion d'Anglure de Bourlemont, reçu dans l'Ordre de Malte dès avant 1619, était originaire du diocèse de Toul ; il paraît comme commandeur du Temple de Chalon et de ses membres en 1632 ; on le voit figurer en la même qualité en 1633 et 1636.
Scipion d'Anglure était issu, lui aussi, d'une illustre famille champenoise, divisée au moins en quatre branches principales, dont la dernière était celle de Bourlemont, qui commença au XVIIe siècle pour finir en 1706. Le chef de la maison d'Anglure fut Oger d'Anglure mort en 1256 ; elle a donné, d'après La Chenaye-Desbois, deux archevêques, un évêque, cinq chambellans, trois maréchaux de France, quatre gouverneurs de province et quatre chevaliers des Ordres du Roi.
La famille d'Anglure portait pour armoiries : « d'or, semé de grillets ou sonnettes d'argent supportées de pièces lavées de gueules en forme de chevrons renversés (1) »
Scipion d'Anglure de Bourlemont écartelait ces armes de celles de Chatillon et portait, brochant sur le tout, de Bourlemont qui est « fascé d'or et de gueules de huit pièces (2) »
1. La Chenaye-Desbois, ouvrage cité, tome I, page 542.
2. Abbé Vertot, ouvrage cité, tome VII, page 388.


HENRI DE FUSSEY-MENESSAIRE
Ce commandeur de Chalon et de ses membres ne nous est connu que par Vertot ; reçu dans l'ordre de Malte dès 1633, il aurait été commandeur du Temple de Chalon-sur-Saône ; il n'y a laissé cependant aucune trace de son passage ; Henri de Fussey n'a pu occuper ces fonctions à Chalon qu'après Scipion d'Anglure et avant René de Chérisey, c'est-à-dire entre 1636 et 1646.
La famille de Fussey était une ancienne et importante famille de Bourgogne tirant son nom de Fussey dans le Beaunois (1). Nous avons vu qu'au XIVe siècle un certain Jean de Fussey, qui était possessionné au Port de Grosne, eut maille à partir avec le commandeur Laurent de Bretenay.
Cette maison eut dans la suite une magnifique fortune et s'allia aux de Bourbon et aux de Montmorency.
En 1554 elle posséda, par suite d'une alliance, le fief de Menessaire (2) dont une branche porta le nom. Henri de Fussey est signalé par La Chenaye-Desbois (3) comme commandeur de Nancy, en 1648.
D'après ce dernier auteur, et Vertot (4), les armes de cette famille étaient :
« d'argent à la fasce de gueules accompagnée de six merleltes de sable »
1. Fussey, commune du canton de Nuits, arrondissement de Beaune (Côte-d'Or).
2. Mennessaire, canton de Liernais, arrondissement de Beaune (Côte-d'Or).
3. La Chenaye-Desbois, ouvrage cité, tome VIII, page 745.
4. Abbé Verlot, ouvrage cité, tome VII, page 394.


RENÉ DE CHÉRISEY
René de Chérisey, commandeur de Chalon, de Sainte-Catherine de Montbellet, Rougepont, etc.., paraît en cette qualité dès 1640 ; il est ensuite mentionné en 1646, 1653, 1658, 1661, 1662 ; il décéda peu avant le 15 avril 1673.
Ce commandeur, contrairement à ses deux prédécesseurs immédiats, a laissé de nombreuses traces de son passage et donna tous ses soins à ses commanderies de Chalon et de Montbellet qu'il habitait alternativement, Chalon l'hiver, et Montbellet l'été, comme nous l'apprennent les visites faites sous son administration.
Nous ce reviendrons pas sur celles-ci. La tâche de ne Commandeur consista à faire à Montbellet d'importantes dépenses de constructions, de réparations et d'entretien. René de Chérisey fut avec César de La Bondue l'un des plus éminents commandeurs de Chalon et de Montbellet depuis la Réforme jusqu'à la Révolution.
Le 18 mai 1662, la visite, faite à Montbellet par Antoine Saladin d'Anglure, chevalier, commandeur de Saint-Jean-de-Vieil-Astre-lès-Nancy (1), grand vicaire de Champagne, et par Frère Charles Languet, commandeur de Gillancourt (2), mit en pleine lumière l'excellence de son administration.
C'est lors de cette visite que Christophe de Varennes, procureur au bailliage de Chalon, entendu, comme il était d'usage, sur la vie et la moralité du commandeur de Chérisey, déclara qu'il « avait toujours vécu en homme d'honneur et de qualité sans donner aucun motif de scandale... et qu'il avait toujours fait sa résidence ou à sa maison de Chalon, ou à celle de Mercey, membre dépendant de la Commanderie »
René de Chérisey paraît se rattacher à une vieille famille lorraine d'origine chevaleresque dont un membre se croisa en 1198.
Ses armoiries étaient : « coupé or et azur, le premier chargé d'un lion naissant de gueules (3) »

René de Chérisey
René de Chérisey
Signature du Commandeur RENÉ DE CHÉRISEY
(XVIIe siècle)

1. Vieil-Astre, al Vieil Aître, à Nancy.
2. Gillancourt, canton de Juzennecourt, arrondissement de Chaumont(Haute-Marne)
3. Peint dans la Salle des Croisades.


PIERRE DE MIREMONT-BERRIEUX
Pierre de Miremont-Berrieux fut nommé commandeur de Chalon et Montbellet peu avant le 15 avril 1673, car à cette date il était suppléé par Frère Jean Duhamel, commandeur de Valliére (?), « comme la commanderie est remplie depuis peu de jours de la personne de Frère Miremont-Berrieux, chevalier dudit ordre, étant à Malte »
On le voit figurer dans un procès-verbal du 10 mai 1678.
Ce commandeur était issu d'une famille originaire d'Auvergne, les Miremont, dont deux branches allèrent s'établir en Champagne et en Picardie. David de Miremont, maréchal héréditaire du Laonnais, eut de Marguerite d'Elbène, qu'il épousa en 1593 :
1° Philippe de Miremont, seigneur de Berrieux, gouverneur d'Epernay, marié à Marie de Conflans.
2° Alphonse de Miremont, grand hospitalier de Malte, commandeur de la Croix-en-Brie (1).
3° François de Miremont, seigneur de Saint-Etienne.
C'est de cette dernière branche, c'est-à-dire des de Miremont, seigneurs de Berrieux, qu'était notre commandeur. D'après La Chenaye-Desbois les armes des de Miremont-Berrieux étaient : « d'azur au pal d'argent, fretté de sable, et accosté de deux fers de lance d'argent, la pointe en haut et la bouterole d'or (2) »
1. La Croix-en-Brie, canton de Nangis, arrondissement de Provins (Seine-et-Marne)
2. La Chenaye-Desbois, ouvrage cité, tome XIII, page 878.


PIERRE DE SAINT-BELIN-VAUDREMONT
Pierre de Saint-Belin de Vaudremont, reçu dans l'ordre de Malte dès avant 1662, originaire du diocèse de Langres, paraît comme commandeur de Chalon et de Montbellet en 1686 puis en 1689, 1694, 1695. Il devint ensuite commandeur de La Romagne et fut en même temps receveur général du Grand prieuré de Champagne.
Ce commandeur fit renouveler les terriers du Temple Sainte-Catherine en 1686 (1) et fit dresseren 1695 un inventaire des titres de ses commanderies. Le 24 octobre 1694, il fit procéder à une visite du Temple de Montbellet par Frère Etienne Quarré d'Aligny et Frère Claude Languet, religieux de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. Le domaine du Temple Sainte-Catherine était alors amodié à un sieur Choppin. Nous ne reviendrons pas sur cette visite dont nous avons précédemment parlé. En 1683 d'importantes réparations avaient été faites au Temple Sainte-Catherine.
Pierre de Saint-Belin-Vaudremont était né d'une famille, qui, au dire de La Chenaye-Desbois, « est regardée dans les provinces de Bourgogne et de Champagne comme une des meilleures qui y soit (2) »
Elle était divisée en quantité de branches. François de Saint-Belin, marquis de Vaudremont, ancien maître de camp de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, né en 1676, mort en 1756, laissa un fils d'Antoinette de Prud'homme de Fontenay, Louis-Dominique-François de Saint-Belin, comte de Vaudremont, capitaine de cavalerie, qui épousa à Dijon, en 1747, Antoinette-Pauline de la Madeleine-Ragny, fille de François-Marie comte de Ragny et de Marie-Anné de Loriol de Digoine.
Les armes des de Saint-Belin d'après La Chenaye-Desbois, et de notre commandeur, d'après l'abbé Vertot (3), étaient : « d'azur à trois rencontres de béliers d'argent, accornès d'or et mises en profil »

Pierre de Saint-Belin de Vaudremont
Pierre de Saint-Belin de Vaudremont
Signature du Commandeur PIERRE DE SAINT-BÉLIN-VAUDREMONT
(XVIIe siècle)

1. En vertu de lettres de rénovation du 20 juin 1680. Dressé par Philippes et Réty, notaires.
2. La Chenaye-Desbois, ouvrage cité, tome XVIII, page 10.
3. Abbé Vertot, ouvrage cité, tome VII, page 398.


ANTOINE-THÉODORIC GODET DE SOUDÉ
Antoine-Théodoric, alias Thierry, Godet de Soudé fut commandeur du temple de Chalon et de ses dépendances en même temps que de la Commanderie du Petit-Saint-Jean à Metz (1). Il paraît comme commandeur de Chalon en 1713 et en 1714. Il fit dresser, le 10 juillet 1713, l'inventaire des titres des temples de Chalon, Montbellet, Rougepont, Sevrey, Buxy, Givry, etc.
Antoine Théodoric Godet de Soudé, originaire du diocèse de Châlons-sur-Marne, reçu chevalier de Malte en 1662, devint grand prieur d'Aquitaine, si l'on en croit l'abbé Vertot, historien de l'Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. Ses armes étaient : « d'azur au chevron d'argent, accompagné de trois pommes de pin renversées d'or (2) »
1. Commanderie de Metz.
2. Abbé Vertot, ouvrage cité, tome VII, page 398.


MATHIEU DE BERBISEY
Mathieu de Berbisey, natif de Dijon, commandeur de Chalon, de Montbellet, etc.. Paraît en cette qualité dès le 31 août 1716, date de sa nomination par le grand maître Raymond de Perellos ; on le voit ensuite figurer dans de nombreux actes jusqu'en 1753.
Il décéda en effet au temple de Beaune, dont il était également commandeur, le 27 février 1756. Il résidait alternativement à Chalon et à Beaune.
C'est ce commandeur qui obtint, le 6 mai 1719, des lettres de renouvellement de terriers pour le Temple Sainte-Catherine qui furent mises à exécution par Antoine Jacquelin et Jean Martenne, notaires royaux à Brandon, commis à cet effet, le 19 janvier 1725, par le Lieutenant général du bailliage de Chalon. Nous ne reviendrons pas sur ce terrier dont nous avons déjà parlé et qui est encore conservé aux Archives de Saône-et-Loire.
Le 8 octobre 1732, une visite fut faite à Montbellet par Robert de la Salle, commandeur de Maulion (1) et d'Ansigny (2), Grand prieur de Champagne, et par le chevalier Antoine de Damas-Marcilly, commandeur de Marbotte (3) et de Montmorot (4).
On y constata de nom breuses améliorations, œuvre du commandeur de Berbisey. A sa mort fut dressé un curieux inventaire du mobilier que possédait notre commandeur tant à Chalon qu'à Beaune.
Dans l'enquête faite, selon l'usage, sur le commandeur, lors de la visite de 1732, un témoin Jacques Villeclerc, de Chalon, dit : « que Monsieur le commandeur de Berbisey mêne une vie très religieuse et exemplaire ; qu'il exerce de grandes libéralités envers les pauvres ; qu'il réside continuellement dans sa commanderie à l'exception de quelques voyages qu'il fait de temps en temps dans sa commanderie de Beaune. »
Mathieu de Berbisey était issu d'une ancienne famille de Bourgogne à laquelle, d'après La Chenaye-Desbois (5), appartenait Alix de Berbisey, dite la Belle, qui épousa au XVe siècle Henri Chambellan, vicomte de Dijon et receveur général des finances de Bourgogne.
Jean de Berbisey, baron de Ventoux, fut Premier Président au Parlement de Bourgogne (1716-1745). Mathieu de Berbisey commandeur de Chalon était d'après le Père Anselme (6) l'un des derniers représentants de cette famille.
Les Berbisey, et notamment notre commandeur, portaient d'après l'Abbé Vertot (7) et La Chenaye-Desbois : « d'azur à la brebis paissante d'argent sur une terrasse de sinople (8) »
Une branche brisait ses armes d'un lambel de trois pendants d'argent en chef.

Mathieu de Berbisey
Mathieu de Berbisey
Signature du Commandeur MATHIEU DE BERBISEY
(XVIIIe siècle)

1. Maulion ?
2. Ansigny, commune d'Ensigné (Deux-Sèvres).
3. Marbotte, canton de Saint-Mihiel, arrondissement de Commercy (Meuse).
4. Montmorot, commune de Fraignot (Côte-d'Or).
5. La Chenaye-Desbois, tome II, page 929.
6. Le Père Anselme, tome IV, page 515.
7. Vertot, tome VII, page 401.
8. La visite de 1716 nous donne les armoiries du commandeur de Berbisey ; d'azur à la brebis paissante sur une terrasse de sinople (cachet).


PIERRE-FRANÇOIS-DE-DYO-MONTPERROUX
Pierre-François de Dyo-Montperroux, originaire du diocèse d'Autun, reçu dans l'ordre de Malte avant 1723, fut commandeur de Chalon et du temple de Montbellet après la mort du précédent commandeur. Il fut nommé à ces fonctions par une bulle du 21 décembre 1757 ; on le voit figurer dans des actes de 1758, 1775. 1777, 1779, 1782, 1784 et 1788.
Le 8 mai 1759, il fit visiter les bâtiments du Temple Sainte-Catherine par Antoine Verne, entrepreneur, pour noter les réparions qu'il était nécessaire d'exécuter.
Le 9 mars 1767, il fut procédé à une visite de la Commanderie de Montbellet par Armand-Joseph de Balathier-Lantage, commandeur de Marbotte, et par Claude Jobert, prieur d'Orges (1), chancelier du grand prieuré de Champagne.
Il est dit dans cette visite que le commandeur de Dyo-Montperroux faisait sa résidence habituelle à Chalon ; à partir de 1782 on le voit souvent indiqué comme demeurant à Marnay (2), près de cette dernière ville.
Pierre de Dyo-Montperroux était issu d'une ancienne famille noble originaire des Dombes. Jacques de Dyo était baron de Fiéchères (3) en 1514 ; un autre Jacques de Dyo, comte de Montperroux (4), épousa en 1597 Léonore de Damas dont François-Léonor de Dyo qui eut lui-même un fils Noël Eléonor de Dyo-Montperroux, père de quatre enfants, dont Claude-Antoine de Dyo. Ce dernier eut d'Eléonore-Madeleine du Maine, qu'il épousa en 1670, Claude-Henri de Dyo-Montperroux, lieutenant-colonel du régiment de Mortemart, qui laissa d'Anne-Elisabeth de Salles, Claude-Gustave-Eléonor de Dyo-Montperroux, né le 28 août 1713, mort à Chalon-sur-Saône, le 30 janvier 1770. Ce dernier marié à Marie-Gabrielle Joumart d'Argence, morte en 1745, n'eut qu'une fille Marie, épouse en 1760 du marquis de Cambis.
1. Orges, canton de Château-Villain, arrondissement de Chaumont (Haute-Marne)
2. Marnay, canton et arrondissement de Chalon-sur-Saône.
3. Fléchères, commune de Fareins, canton de Saint-Trivier-sur-Moignans, arrondissement de Trévoux (Ain).
4. Montperroux, commune de Grury, canton d'Issy-l'Evêque, arrondissement d'Autun (S.-et-L.).
5. La Chenaye-Desbois, tome XV, page 108.
Les armoiries des de Dyo-Montperroux étaient: « fascé d'or et d'azur de six pièces à la bordure de gueules (5) »


Pierre-François de Dyo-Montperroux
Pierre-François de Dyo-Montperroux
Signature du Commandeur PIERRE-FRANÇOIS DE DYO-MONTPERROUX
(XVIIIe siècle)

CHARLES PICOT DE DAMPIERRE
Charles Picot de Dampierre fut le dernier commandeur du Temple de Chalon et de celui de Montbellet ; il paraît pour la première fois en cette qualité en 1788. Charles Picot, chevalier de Dampierre, est généralement qualifié d'ancien chef d'escadre demeurant à Paris ; il figure pour la dernière fois comme commandeur de Montbellet en 1790.
Charles Picot, chevalier de Dampierre, reçu dans l'ordre de Malte dès 1723, était issu d'une famille champenoise. Jacques-François Picot de Combreux, grand'croix de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, commandant des vaisseaux de la Religion [de Malte] et son ambassadeur extraordinaire près du roi des Deux Siciles, Commandeurde Colinière (1) et de Castelnaudary (2), chargé des affaires de la Cour de France auprès du Grand maître, mourut à Malte en 1771.
Pierre Picot, marquis de Dampierre, capitaine aux Gardes françaises, décéda capitaine des vaisseaux du Roi ; époux de N... Le Prestre de Chateaugiron, puis de Marie-Louise-Catherine de Rogres de Champigneulles, morte en 1775, il eut des enfants des deux lits et notamment du second Augustin-Henri-Marie Picot de Dampierre, officier des gardes, qui épousa sa cousine N... Picot de Combreux.
1. Colinière ?
2. Castelnaudary (Aude)

La Chenaye-Desbois cite de cette même famille un N... Picot, chevalier de Malte, dit le Chevalier de Dampierre, lieutenant de vaisseaux, qui était frère de Pierre Picot, marquis de Dampierre, plus haut cité. Ce N... Picot est notre Commandeur, Charles Picot, chevalier de Dampierre. Les Picot de Moras descendent de la même famille. La Chenaye-Desbois cite N... Picot, comte de Moras, lieutenant-colonel du régiment de Salins.
Les armoiries des Picot de Dampierre étaient : « d'or au chevron d'azur, accompagné de trois falots du même allumés de gueules ; au chef du même (1) »
Les armes, données par Vertot pour Charles Picot de Dampierre, sont de même, sauf en ce qui concerne les falots qui sont de sable (2). 1. La Chenaye-Desbois, tome XV, page 805.
2. Abbé Vertot, tome VII, page 406.


* * *

La Révolution devait mettre fin à cette institution vieille de cinq siècles. Le temple fut adjugé en détail et les dernières ventes eurent lieu comme nous l'avons vu en l'an VIII (1800).
Ainsi fut dispersée aux quatre vents des enchères une fondation pieuse et hospitalière faite à l'héroïque et légendaire époque des croisades.
De grands remaniements furent exécutés au XIXe siècle dans les bâtiments de l'ancien temple qui ont perdu, de ce fait, tout leur cachet ancien ; ils sont devenus partie une maison bourgeoise, partie une ferme. Seule la chapelle, en dépit du temps qui passe, dresse sa silhouette fine et inchangée, telle qu'elle fut bâtie par l'architecte anonyme, qui les yeux pleins des rêves du Moyen Age, l'éleva en l'« honneur de Dieu et de Madame Sainte-Catherine » sur la route des pèlerins d'Orient.

* * *

La commanderie du Temple de Rougepont

Ancienne dépendance du Temple Sainte-Catherine
Rougepont est situé actuellement sur le territoire de la commune de Sennecey-le-Grand (1), anciennement, c'est-à-dire avant la Révolution sur la paroisse de Jugy (2).
Le Temple se trouvait le long de l'ancienne grand'route de Paris à Lyon au passage d'un ruisseau, le bief de Merderie, qui, au point de vue historique, avait une certaine importance, car il faisait limite entre le Maçonnais et les pays de Droit Ecrit d'une part, et le Chalonnais et les pays de Droit Coutumier d'autre part.
La portion de la grand'route entre Sennecey et Venières est assez déserte ; elle ne traverse aucun village et chemine dans une plaine d'alluvions, appelée du nom significatif de La Male Campagne, jadis couverte de forêts dont les dernières traces, encore importantes, existent plus à l'est entre le chemin de fer P.-L.-M., et la Saône, ce sont les bois du Petit-Chorme, du Goutiot, de la Vieille-Morte, de Cervelle, de la Vaivre, etc..

A cause de ces particularités géographiques, la route était dans cette région assez mal famée. Il n'est pas impossible non plus que cette situation ait été encore aggravée par certains féodaux, qui passaient pour assez puissants, et qui possédaient, non loin de là, une tour en pleine forêt : La Tour de Vers (3).
1. Sennecey-le-Grand, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Chalon-sur-Saône.
2. Jugy, canton de Sennecey-le-Grand.
3. La Tour-de-Vers, commune de Sennecey-le-Grand.


Ce poste fortifié, situé à mi-chemin entre la nouvelle grande route qui passait par Sennecey et l'ancienne voie Agrippa, qui se trouvait au contraire plus près de la Saône vers Gigny, aurait été d'après M. de Charmasse (1) une de ces tours (mansio) destinées primitivement à assurer la garde des voies romaines et placées de loin en loin pour veiller à la sécurité des communications. Converti à l'époque féodale en fief, le seigneur, héritier d'une fonction d'ordre, devint petit à petit fauteur de désordres et de gendarme se transforma en brigand.

On comprend que les hospitaliers choisirent ce lieu désert pour y construire un de leurs temples destinés à assurer la tranquillité des routes ; il n'est pas impossible non plus qu'ils aient été les constructeurs du Pont qui donna son nom à la Commanderie ROUGEPONT (2). Nous pencherions cependant pour l'antériorité du pont qui, à notre avis, a dû précéder le temple. La présence du qualificatif Rouge avant le substantif (pont) (3), d'une part, l'absence d'article (le) devant le nom, d'autre part, sont des signes de très grande ancienneté du nom de Rougepont, qui pourrait ainsi remonter à l'époque qui a précédé la féodalité.
1. De Charmasse, ouvrage cité.
2. Niepce explique ainsi ce nom : « un pont jadis en briques et appelé Rouge pont de la couleur de ses briques [existait dans ce lieu] » Sur quelles sources se fondait Niepce ; nous l'ignorons. Histoire du canton de Sennecey, tome II, page 86. 3. Il est vrai que le premier texte sur Rougepont, qui est de 1206, le mentionne sous la forme Ponte Rubeo


Pendant une grande partie du Moyen Age, vraisemblablement depuis le XIIIe siècle, le Temple de Rougepont exerça son rôle de gendarmerie de la route et d'hospice sous la protection des chevaliers du Temple, puis de Saint-Jean-de-Jérusalem.
La Révolution mit fin à une institution plusieurs fois centenaire et les biens des hospitaliers à Rougepont furent vendus comme propriété nationale. Quelques bâtiments (1) existaient encore récemment au midi du bief de Merderie à l'est du nouveau tracé de la route nationale n° 6. M. Niepce dans son histoire du canton de Sennecey s'exprime ainsi sur la fin du Temple de Rougepont (2) : « La Révolution qui ne respectait rien, ne manqua pas de s'emparer des terres du Temple de Rougepont. Elle laissa tomber en ruines le Temple et ses dépendances qui devinrent un refuge pour les vagabonds et un repaire pour les malfaiteurs. Les voyageurs attardés redoutèrent longtemps de passer le soir devant ce lieu dangereux. Ses derniers vestiges ont disparu il y a environ trente ans (3). Le souvenir du Temple de Rougepont s'est même effacé de la mémoire des habitants du pays. »
1. Carte du Ministère de l'Intérieur, feuille XXII.
2. Niepce, Histoire du canton de Sennecey, tome II, page 89.
3. Niepce écrivait en 1877.


Histoire de la commanderie

Les Commandeurs
Le Temple de Rougepont fut fondé par les chevaliers de l'ordre du Temple à une époque indéterminée, mais probablement dès le XIIe siècle.
Niepce, dans son histoire de Sennecey, émet l'opinion que le Temple de Rougepont existait dès 1165, époque où un différend naquit entre les Templiers et l'Abbaye de Tournus (1) au sujet de dîmes litigieuses entre ces deux établissements ecclésiastiques dans les diocèses de Lyon de Chalon. Niepce pensait que ce litige n'avait pu être soulevé qu'à l'occasion du Temple de Rougepont, cette dernière localité étant la seule au diocèse de Chalon où l'Abbaye de Tournus se trouvait en présence des Templiers. Ce raisonnement n'est pas péremptoire car Niepce ignorait qu'à Loisy les Templiers étaient également en face de l'abbaye de Tournus fortement possessionnée à Huilly, localité sise dans le diocèse de Chalon.
1. Juénin, Histoire de Tournus, Preuves, page 167.

Cependant, sous la réserve de l'observation qui précède, l'hypothèse émise par Niepce est très plausible, car l'existence d'une maison du Temple à Rougepont paraît indéniable en 1206 ; en effet à cette époque un acte, conservé dans le fonds de l'Abbaye de La Ferté-sur-Grosne (1), nous montre Simon, maître des Frères de la milice du Temple en Bourgogne, passant un accord avec l'abbaye de La Ferté au sujet de certaines terres sises dans le voisinage de ce monastère appartenant à Barthélémy de Macello (de Maizel). Or dans cet acte, qui a trait vraisemblablement aux biens possédés par les Templiers à Laives (2), paraissent comme témoins pour le Temple : Frère Guillaume, maître de Laumusse (la Muça), Aimeri de Ponte-Rubeo (3) et Frère Jean de Sevrey (de Sevreyo). Bien qu'Aimeri de Ponte Rubeo ne soit pas qualifié de Frère, il est bien à supposer que, placé dans le texte entre le dans le Maître (ou Commandeur) de Laumusse et le Frère du Temple de Sevrey, ce personnage ne peut être que le représentant des Templiers à Rougepont où devait exister une maison du Temple annexe de la Commanderie de Laumusse.
1. Archives de Saône-et-Loire, série H. 26, n° 18.
2. Laives, Arrondissement de Chalon-sur-Saône, Canton de Sennecey-le-Grand (71)
3. L'identification de Ponte Rubeo avec Rougepont ne paraît pas douteuse malgré la présence de l'adjectif (rouge) après le substantif (pont).


En effet en 1255 (4), André de Vers, assisté d'Elisabeth, sa femme, reprit fief de Frère Paris, commandeur de l'Ajusie ou Laumusse et de Belleville, pour un certain nombre de meix et de fonds situés au Mont-Saint-Martin de Laives, à Saint-Julien-de-Sennecey et à Saint-Cyr dont l'énumération est donnée dans l'acte que nous reproduisons ci-contre.
4. Nos Seguinus, divina permissione episcopus Matisconensis, notum facimus universis præssentes litteras inspecturis, quod dominus Andréas de Vers, miles, in nostra præssentia constitutus confitetur se in feodum et casamentum accepisse ab universitate fratrum militiæ Templi, mediante fratre Parisio præceptore domorum prædicte Templi, scilicet de la Ajusie ou Muste (Il faut sans doute lire Musce) et de Belleville, res infra declaratas, sitas in parrochiis seu territoriis Montis Sancti Martini, Sancti Juliani et de Sancto Scirico ; videlicet in parochia Sancti Martini, ut asserit idem miles coram nobis mansum Bernardi Perenin de Salmense qui débet octo solidos Matisconenses annuatim censuales.
Item mansum Odini Perenin qui debet quindecim solidos Matisconenses et mansum Arnout Perrenin qui débet octo solidos Matisconenses.
Item mansum Girardin Perrenin qui débet octo solidos Matisconenses et mansum Marietse la Perrenine qui debet duodecim solidos Matisconenses.
Item mansum Stephani Perenin qui debet decem solidos Matisconenses et mansum Brunier (?) Perenin qui debet viginti solidos Matisconenses.
Item duos bichetos avenæ, unum bichetum frumenti et duos panes quos debent prædicti homines de mansis supradictis.
In parochia Sancti-Juliani mansum Guidonis Letor qui debet triginta et septem solidos et sex denarios Matisconenses, unum miterium avenæ et unum miterium frumenti.
Item mansum Martini de Graveres qui debet septem solidos et sex denarios Matisconenses de clinilitis (?) ; (il faut lire sans doute de censibus) et mansum quondam Taisau qui debet octo solidos Matisconenses.
Item mansum Pereti Toisau qui debet octo solidos Matisconenses et mansum Johannis Toisau et fratrum suorum qui debet octo solidos Matisconenses.
Item mansum Adeneti Lucheteau qui debet quinque solidos Matisconenses et mansum Huguetæ qui debet quinque solidos Matisconenses.
Item mansum uxoris Bernardi Poichu qui debet decem solidos Matisconenses.
Item tres quintas avenæ et duodecim denarios et duos panes, quos debent dicti homines prædicti Sancti-Juliani de mansis supradictis.
Item quatuor solidos Matisconenses et duas partes duorum panum et unum bicheti avenæ et quatuor denarios in parochiæ Sancti Scirici mansum Roberti Poichu, qui debet triginta solidos Matisconenses.
Item mansum Bernardi et Stephani fratris sui qui debet triginta et quatuor solidos Masticonenses, unum miterium frumenti et unum miterium avenæ.
Item mansum Mathei le Chappus qui debet quindecim solidos Masticonenses et unum miterium frumenti.
Item mansum Bernardi Peulon et ejus filii qui debet quadraginta solidos Masticonenses censuales, quorum servitiorum prædictorum medietas una debetur in festo Sancti Martini hyemalis et alia medietas in carnisprivio et quidquid juris habet in prædictis mansis et eorudem dem appendiciis et pertinentiis universis, quamquam ure censeantur, videlicet in terris cultis et non cultis, vineis pratis, nemoribus, aquis, pistrinis, venationibus, usagiis boni et mali et consuetudinibus, tailliis.
Principalitater expresse quidquid habet in Philiberto, dicto Poichu ou Porchier, et rébus suis universis.
Promittens autem, coram nobis, dictus miles juramente supra Sancta Dei Evangelia præstito corporali quod dictæ dictis fratribus acceptæ in feodum erant de proprio allodio suo, quieto et libero, nec ipse seu predecessores sui dictas res ab aliquo domino in feodum et casamentum jurantes receperunt et tenuerunt, dictus autem Andréas de premissis rébus fecit homagium suis propriis manibus conjunctis dicto fratri Parisio, nominë universitatis fratrum militiæ Templi.
Promittens, pro se et suis dictis fratribus militiæ Templi, sub præstito juramenti perpetuam fidelitatem de præmissis rebus in feodum et casamentum ab eisdem receptis inviolabiliter observare atque fidelitatem perpetuam.
Idem Andréas dictis præceptori et fratribus militiæ Templi de præmissis rebus servare promittit ; dictus prseceptor nomine fratrum prasdictorum eidem Andréa dat, tradit et concedit quindecim libras Viennenses, quas idem Andréas confitetur coram nobis se recepisse a dicto fratre Parisio in pecunia numerata.
Hæc autem universa et singula supradicta Elisabeth uxor dicti militis acceptat laudat et approbat, promittens juramente super Sancta Dei Evangelia præstito corporali confitetur præmissa vel aliquid præmissorum per se vel per alium se non venire nec contra venire volentt ullo modo consentire et ideo renunciant, tam dictus Andréas, quam ejus uxor, sub præstito juramento ipsi factæ exceptioni non numeratæ pecuniæ nec receptæ et in fratrum subsidio dotis et hypothecæ, privilegio legi Juliæ de fondo dotali non alienando et cum auxilio ei beneficientia juris canonici et civilis.
In cujus rei testimonlum sigillum nostrum ad instantiam et preces dictorum Audreæ et dictæ Elisabeth præsentibus litteris duximus apponendum.
Actum et datum sexta Kalendas junii, anno domini millesimo ducentesimo quinquagesimo quinto, seu datum per copiam sub sigillo domini officialis Cabilonensis, una cum signo meo proprio quod utor in talibus, die jovis post festum Sancti Dionysie, anno Domini millesimo ducentesimo octogesimo quinto.
Ita est signatum in originali præsentium litterarum in pergameno scriptarum : de Valle.

Ce précieux document provient de la collection de M. Bazin de Laives, qui nous l'a obligeamment communiqué, d'après une copie qui paraît dater des XVII-XVIIIe siècles et aussi intitulé : « Touchant Mgr André de Vers ; reprise de fief en latin par ledit sieur, au profit de la Commanderie, des héritages situés aux paroisses de Mont Saint-Martin, de Saint-Julien et de Saint-Cyr ou Syrie »
Cette copie ancienne comporte quelques erreurs de lecture que nous avons laissé subsister, nous avons cependant interprété par miterium l'abréviation non lue mitum, reproduite à plusieurs reprises dans ce texte.

Si nous n'avions pas le titre de 1206, plus haut cité, nous pourrions croire que le Temple de Rougepont n'existait pas encore en 1255 car le nom de Rougepont n'est pas une seule fois mentionné dans la reprise du fief d'André de Vers.
Nous savons que, plus tard au début du XIVe siècle, le Temple de Rougepont dépendait de celui de Sainte-Catherine de Montbellet ; on peut se demander si ce dernier ne fut pas fondé postérieurement à celui de Rougepont qui aurait été détaché de la Commanderie de Laumusse, lors de la création du Temple de Montbellet, et cela après 1255. Ce qui est certain, c'est que Rougepont fut réuni, en même temps que ce dernier, au patrimoine des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, lors de la suppression de l'ordre du Temple en 1313. C'est aussi à cette époque, et par la même occasion, qu'il fut diverti de la Langue d'Auvergne et réuni à celle de France, d'abord dans le grand prieuré de France, puis dans celui de Champagne, en la baillie de Chalon à laquelle il resta rattaché jusqu'à la Révolution.

En 1325, le Temple de Rougepont avait pour Commandeur Jean de Troyes qui l'était aussi de tous les membres de la baillie de Chalon. Le jeudi avant la fête de la Nativité Saint-Jean-Baptiste 1325 (20 juin), Jacques de Vers, damoiseau, reconnut de la censive du Temple de Rougepont (de domo Rubei-Pontis, cabilonensis diocesis, ad preceptoriam cabilonen sem pertinente):
1° un fonds sis es Leschères
2° un autre fonds également aux Leschères, jouxte le pré de Guillaume le Galoix.
3° une pièce de pré sise vers le Pont de l'Air (versus pontem de l'Air) jouxte les terres de dame Marguerite, veuve de sieur Guy Richard.
4° une pièce de terre sise es Yssards, jouxte la terre du confessant (Jacques du Vers)
5° une pièce de terre sise vers le Poirier de Combet (versus pirum de Combet) (Voir page 71)

Le même Jacques de Vers déclarait devoir aux Templier 25 sous bons tournois de cens annuel à la Saint-Martin d'hiver ; il hypothéquait pour garantir cette dette tous ses biens, notamment sa part de la dîme de Jugy (de Jugiaco) qui dépendait de la maison de Rougepont. Il reconnaissait que le droit de cens, qu'il payait au Temple, comportait également diverses autres redevances notamment les lods et remuages.

En 1333, fut dressé, comme à Sainte-Catherine de Montbellet, et comme dans toutes les parties de la Bourgogne dépendant du Royaume, un inventaire complet des revenus du Temple de Rougepont. Voici la partie de cet acte concernant cet établissement ; il fut rédigé, on le sait, sur l'ordre du Roi par Jean de Paroy, juge d'appel de Lyon (1).
« C'est la prise de la maison de Rougepont :
Premièrement, en rante environ 100 sols tournois.
Item, 3 bichez de froment de rente, le bichet estimé à 10 sols ; valent 30 sols.
Item, trois bichez et demi de soigle de rante, le bichet estimé 6 sols ; valent 21 sols.
Item, trois bichez d'avoyne, estimé le bichet 4 sols, valent 12 sols.
Item, 20 ouvrées de vigne, estimée l'ouvrée 5 sols, valent 100 sols.
Item, environ 20 soitures de pré, estimée la soiture à 5 sols ; valent 100 sols.
Item, environ 30 journaux de terre, estimé le journal à 2 sols 6 deniers ; valent 75 sols.
Item, la maison a un pou (peu) de bois menus, qui ne peuvent pas asservir l'usage de ladicte maison, mes le convient achatre aillours. »
1. Archives du temple de Chalon, déjà citées.

Voici la liste des commandeurs qui succédèrent à Jean de Troyes jusqu'au début du XVIe siècle (1) :
Laurent de Bretenay, cité en 1350 et 1371.
Jean Garnier d'Angeux, 1373.
Girard de Fouchereulles, 1373.
Girard de Bretenière, 1384, 1406.
Hugues d'Arcy, 1421, 1462.
Jean de Vienne, 1435, 1451
Par délégation du précédent ; sous commandeur, le 1e août 1435, un certain Gérard Magnon, de Sans, paroisse de Saint-Julien, reconnut devoir une coupe de noix rase, mesure de Sennecey, à la chapelle de Rougepont sur une terre, sise à Saint-Julien, au lieu-dit Corcheval ou En Ecorchecheval. Le temple de Rougepont était alors administré par un gouverneur laïc, Guillaume Marceau, qui représentait sur place le Commandeur (2).
René Pot, 1458, 1491.
Sous ce commandeur, en 1464, fut renouvelé par Saunier, notaire, le terrier de Rougepont qui comprenait 42 feuillets.
Barthélémy Fournier (1470).
1. Voir ce que nous en avons dit pour le Temple Sainte-Catherine.
2. Idem.
3. 1435 (1e août) ; titre par lequel Gérard Magnon, de Sans, reconnaît devoir à la chapelle de Rougepont, fondée en l'honneur de Dieu et de Saint-Jean-de-Jérusalem et au Commandeur de Chalon et de Rougepont, absent, représenté par Guillaume Marceau, gouverneur à présent de Rougepont, un cens d'une coupe de noix rase, assignée sur un fonds dit Ecorche-cheval, sis à Saint-Julien, jouxte les terres de Guillaume de Valon, d'une part et de Guillaume Garaud (?), de La Forge [lisez La Farge] d'autre part.
Broart, notaire. (Ancien H. 493, n° 3)


Pierre Tombale de Frère Barthélémy FOURNIER
Maître de la Commanderie de ROUGEPONT (XVe Siècle)
Religieux de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, il fut Commandeur de Rougepont, sans doute en vertu d'une délégation de René Pot. Il est même à noter que le seul document qui nous le fasse connaître, le mentionne sous le nom de Maître et non de Commandeur du Temple de Rougepont. Nous croyons cependant qu'il faut le considérer comme un véritable Commandeur. La Société d'histoire et d'archéologie de Chalon possède dans ses archives (cote S. 48), un estampage (1) de la pierre tombale de ce personnage dont M. Besnard, le savant et distingué secrétaire de cette Société, nous envoie la description suivante :
« Pierre tombale figurée ; hospitalier dans l'attitude de la prière, sous une arcature surbaissée et trilobée ; à droite de la tête, écu portant : de.... au sautoir de.... accompagné en chef d'une molette d'éperon, ou étoile à six raies, et en pointe d'un croissant ; l'estampage laisse à penser que cette dalle tumulaire, de dimension plutôt réduite, 1m45 sur om69, devait être sinon de marbre, tout au moins en pierre très dure et polie. En bordure inscription en minuscules gothiques :
CY GIT FRE BARTHELEMEY FOURNIER || DE L'ORDRE SAINT JEHAN DE JERUSA[LEM]. JADIS MAISTRE DE ROUGE PONT ET RECTEUR || DE CESTE CHAPPELLE PRIES DIEU QUI || AIT SON AME. AME[N] LEQUEL TRESPASSA LE XII JOUR DU MOYS DE MAY || MIL CCCCLX ET DIX.

Il est à supposer que cet estampage a été pris sur une tombe existant en la chapelle de la Commanderie de Rougepont, antérieurement à l'époque où l'on en fit disparaître les derniers vestiges, c'est-à-dire 30 ans avant que Niepce eut écrit son premier volume de l'Histoire du canton de Sennecey, en 1877.
1. Je dois à M. Besnard, que je remercie chaleureusement, la communication de ce précieux estampage qui paraît être entré dans les Archives de la Société, vers 1845. Depuis il a été décrit dans le Catalogue des Collections de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon classées et inventoriées par Pierre Besnard. Deuxième partie, Archives, page 34, Chalon, Bertrand, in-8°, 1917.

Jean du Chatelet, 1500

Jean de L'Estouf-Pradines, 1516, 1526
Sous le Commandeur Jean de L'Estouf on voit la Commanderie de Rougepont attribuée à Frère Philibert du Perroit, chevalier de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, précédemment Commandeur de Montbellet, et qui occupait les importantes fonctions de Receveur général des Temples de la baillie de Chalon.

En 1526, Philibert du Perroit
Commandeur de Rougepont, devait par an, en cette qualité, deux cents couronnes, valant 8 livres, au Commandeur de Chalon, Jean de L'Estouf-Pradines, dont il tenait sa charge. En 1534, Philibert du Perroit payait la même redevance au Commandeur de Chalon, Calais de la Barre.
Antérieurement à la nomination de Philibert du Perroit, le temple de Rougepont était amodié à un prêtre Jehan Jacob, moyennant la somme de 70 livres tournois et deux poinçons de vin. Ce prêtre chargé du service religieux et hospitalier du temple paraît n'avoir pas toujours payé très régulièrement son fermage.
Philibert du Perroit s'occupa activement de sa nouvelle charge, c'est ainsi que, le 16 octobre 1531, il acquit de Jean Tisserand, du Chêne-de-Sans, un fonds en nature de pré, contenant 6 andins, et situé en la prairie de Rougepont, lieu-dit en la Molière de Rougepont, le long du bief de Mardercy, de bise, et le champ clos du Temple, de vent.
Le 25 novembre 1531, il se rendit acquéreur, sur Guillaume Botenet, d'un andain de pré, sis sous le champ clos du Temple de Rougepont. Après Philibert du Perroit, la Commanderie fut à nouveau amodiée à un fermier Guy Paulmier pour le prix de 70 livres par an (compte de 1551).

Calais de La Barre
Paraît comme Commandeur de Chalon et de Rougepont en 1551 et 1556.
André de Saucière-Tenance
En 1567 et 1573. Ce dernier prit une mesure qui fut des plus préjudiciables à la Commanderie en l'amodiant non plus à court délai, comme ses prédécesseurs, mais à 89ans à Me Philibert Bureteau (1) de Jugy « à la charge de faire faire le service en ladite chapelle, selon qu'il était accoustumé » et de rendre tous les bâtiments en bon état à l'expiration du bail.
Soit à cause des malheurs des temps (c'était l'époque des guerres de Religion, et Rougepont dut en souffrir plus que tout autre établissement religieux eu égard à sa position sur la grande route où passaient continuellement les gens de guerre), soit par négligence, comme le prétend un procès-verbal de visite de 1609, Philibert Bureteau laissa tomber le Temple de Rougepont en « totale ruine »

César Lemaire de la Bondue
Qui succéda comme commandeur à André de Saucière-Tenance, eut le mérite de rétablir les ruines accumulées dans la baillie de Chalon par les guerres de Religion. Nous avons vu ce qu'il fit à Montbellet ; il eut plus de difficultés en ce qui concerne Rougepont car il se heurta au bail de 89 ans concédé à Philibert Bureteau. Il dut intenter un procès en résiliation qui se déroula au bailliage de Mâcon, car Rougepont était en Maçonnais, puis devant le Parlement de Paris sur l'appel relevé par Jean Bureteau, fils de Philibert. Le procès était encore pendant en 1609. A cette époque Jean Bureteau ayant été saisi, ses créanciers voulurent comprendre dans ses biens personnels le Temple de Rougepont à quoi le commandeur de la Bondue fit opposition.
1. Sur cette famille, voir Répertoire des familles notables de Tournus, Page 57.
C'est également César Lemaire de la Bondue qui fit dresser un nouveau terrier de la censive de Rougepont en 1598.

Michel de Pontailler-Talmay
N'a pas laissé de traces appréciables de son passage comme Commandeur de Rougepont, bien que nous le voyons en fonctions en 1632 et en 1636. Il en est de même de ses successeurs : Scipion d'Anglure de Bourlemont, Henri de Fussey-Menessaire.

René de Chérisey paraît dès 1640
Le 19 juin 1662, il fut procédé à une visite du Temple de Rougepont par Antoine Saladin d'Anglure, commandeur de Saint-Jean-du-Vieil-Astre de Nancy, Grand-vicaire de Champagne (1) ; on constata dans cette visite que le Temple avait été remis en parfait état et que les Bureteau en étaient toujours amodiataires puisque leur bail avait été renouvelé en 1658, mais la location en avait été portée de 100 à 400 livres plus un porc gras par an.
1. Voir plus haut ce que nous en avons dit à propos du Temple Sainte-Catherine.
Malheureusement un incendie récent avait détruit le corps du logis et les visiteurs de l'Ordre de Malte ordonnaient au Commandeur de le faire restaurer, ce que ce dernier exécuta du reste sans retard.

Pierre de Miremont-Berrieux
Qui succéda en 1673 à René de Chérisey, n'a pas laissé de traces de son administration à Rougepont ; il n'en est pas de même de son successeur.

Pierre de Saint-Belin-Vaudremont
On trouve un intéressant procès-verbal de visite dressé en avril 1694 sous le gouvernement de ce commandeur. On y constate que de notables améliorations avaient été faites, tant dans la chapelle, que dans les bâtiments du Temple. C'est sous ce commandeur que fut construit tout autour de la commanderie de Rougepont un mur à chaux et à sable de dix pieds d'élévation, recouvert de laves, pour protéger la cour, la chapelle et les bâtiments des « insultes journalières des gens de guerre » C'est encore Pierre de Saint-Belin qui fit dresser un nouveau terrier de Rougepont, en 1690, par Mes Antoine Prost et Jean Roux, notaires à Chalon, et Philibert Ferré, notaire à Saint-Maurice-en-Rivière (1).
1. Saint-Maurice-en-Rivière, canton de Saint-Martin-en-Bresse, arrondissement de Chalon.

Antoine Théodoric Godet de Soudé
Qui succéda à Pierre de Saint-Belin-Vaudremont comme Commandeur de Rougepont, fit établir sous son administration, en 1713, un inventaire général des titres de toutes ses commanderies, notamment de celle de Rougepont.

Mathieu de Berbisey
Qui fut nommé Commandeur de Chalon et de ses dépendances, le 31 août 1716, fut un administrateur très zélé. Une visite du 25 mai 1716 nous apprend qu'il trouva sa commanderie de Rougepont en bon état. La chapelle était bien entretenue et garnie d'un important mobilier, le désastre causé par l'incendie, plus haut mentionné, avait été réparé, la plupart des murs ayant été refaits à neuf et recrépis.
La valeur du domaine de Rougepont n'avait fait qu'augmenter et le bail passé par le commandeur à Philibert Philibert, dit Joty, de Jugy, s'éleva en 1720 à 673 livres de fermage annuel.
En 1721, Mathieu de Berbisey fit dresser un nouveau terrier de Rougepont, qui existe encore aujourd'hui, et qui nous fournit des détails précieux sur le domaine et la censive du temple.
Une visite faite en 1732 par Robert de la Salle, grand prieur de Champagne, et Antoine de Damas-Marcilly confirme l'impression, que nous avions déjà, de l'état parfait d'entretien où se trouvait le Temple de Rougepont.
Mathieu de Berbisey décéda à Beaune, le 27 avril 1753.

Pierre-François de Dyo-Montperroux
Lui succéda et figure en la qualité de commandeur de Rougepont jusqu'en 1788 (1).
1. C'est par erreur que Niepce, ouvrage cité, tome II, page 89, fait de M. de Montperroux le dernier commandeur de Rougepont.
Le 9 mars 1767, une visite faite par Armand-Joseph de Balathier-Lantage, commandeur de Marbotte, et Claude Jobert, chancelier du Grand-Prieuré de Champagne, nous prouve que l'administration de François de Dyo ne fut pas inférieure à celle de ses prédécesseurs. D'autre part la situation économique florissante du XVIIIe siècle avait porté ses fruits et le fermage annuel du domaine du Temple de Rougepont qui était, on le sait, de 100 livres en 1600, s'était élevé progressivement à 1100 livres par an.

Charles Picot de Dampierre
Qui succéda à P. F. de Dyo-Montperroux, fut le dernier commandeur de Rougepont (17881790).
Il semble que, dans les dernières années de son existence, le Temple fut un peu négligé ; en effet lorsque le domaine fut vendu, comme propriété nationale, la plupart des bâtiments, sauf cependant la chapelle, étaient en mauvais état d'entretien.
Le 23 juillet 1793, Rougepont fut mis en vente et adjugé ; nous reviendrons plus tard sur cette aliénation.

La chapelle Sainte-Catherine de Rougepont

La chapelle du temple de Rougepont était, comme celle de la Commanderie de Montbellet, dédiée à sainte Catherine dont la mémoire était particulièrement en honneur parmi les Templiers.
Une seule fois, en 1694, un frère visiteur mentionne qu'elle était dédiée à saint Jean l'Evangéliste, mais c'est une erreur manifeste de l'auteur du procès-verbal, en contradiction formelle avec tous les autres documents que nous possédons (2).
2. Il est vrai que, dans un titre de 1435, par lequel un certain Gérard Magnon de Sans reconnaît devoir un cens au commandeur, il est dit que la chapelle de Rougepont a été fondée : « en l'honneur de Dieu et de saint Jean de Jérusalem »
C'est à l'époque des Templiers, et lors de la fondation du Temple, que fut sans doute édifiée la chapelle Sainte-Catherine de Rougepont.
Nous ne savons que très peu de choses de son architecture car elle a été complètement démolie depuis la Révolution, seuls les procès-verbaux de visite nous donnent certains détails à ce sujet.

La chapelle était construite en pierre : elle était primitivement voûtée mais la voûte était entièrement tombée bien avant 1609, époque à laquelle on l'avait remplacée par un plancher d'ais de chêne au-dessus duquel on avait pratiqué un grenier. A l'extérieur, le mur en pierre était flanqué de contreforts dénommés piliers dans la visite de 1767.

Une autre visite de 1652 mentionne que la chapelle avait 48 pieds de longueur (16 mètres) sur 20 pieds de largeur (7 mètres environ) mais divers procès-verbaux nous indiquent qu'elle était primitivement beaucoup plus longue et qu'elle comprenait en plus une « chambre », située au-devant, et qui fut prise sur la chapelle dont on la sépara par une cloison en bois (visite de 1767). Nous ne possédons plus aucun document sur cette chapelle, datant de l'époque des Templiers, le titre le plus ancien remonte seulement à 1435 ; nous l'avons déjà cité.
Nous savons que la chapelle de Rougepont eut beaucoup à souffrir des guerres de religion. En 1609, elle était « entièrement en ruines » ; outre la démolition de la voûte qui s'était effondrée, la disparition des vitres et du campanile, on avait converti la partie haute en grenier, alors plein de gerbes, et le rez-de-chaussée en aire pour battre les pois. Cependant l'autel existait encore ainsi qu'une statue en pierre de Notre-Dame qui était, posée sur l'autel.

On n'y disait plus comme autrefois une messe par semaine, mais on en célébrait cependant encore le lundi de Pâques et le premier jour des Rogations, à cause des processions qui s'y faisaient à ces deux dates de l'année « pour les peuples des villages voisins »
Niepce nous apprend de son côté, dans son histoire du canton de Sennecey, que : « chaque année, le curé de Saint-Julien se rendait en procession le lundi de Pâques à la chapelle de Rougepont pour y célébrer la messe. Cette procession y amenait une foule de fidèles, lesquels après l'office prenaient leur repas dans les prés au bord du Merderye (1) »
1. Niepce, Histoire du canton de Sennecey, tome II, page 89.

En 1662, l'état de la chapelle de Rougepont s'était un peu amélioré. L'autel de pierre de taille était toujours nu, sans ornements, mais on y voyait outre la statue de Notre-Dame, un saint Jean-Baptiste en bosse. Les visiteurs enjoignirent au commandeur de faire garnir l'autel d'ornements, de réparer les vitres et les portes et de faire dire des offices à l'Annonciation Notre-Dame, à la Nativité Saint-Jean et à la Sainte-Catherine.

En 1694, l'amélioration signalée précédemment s'est très sensiblement accentuée. L'adjudicataire du temple avait construit en effet un plafond lambrissé, un pavage neuf en briques, un marchepied devant l'autel, un crépi de trois pieds tout autour des murs qui avaient été d'autre part complètement blanchis « ce qui rend, dit le Visiteur, la chapelle très propre »
Des vitres et des barreaux avaient été mis aux fenêtres.
C'est en 1694 que fut bénite à nouveau la chapelle pour la purifier des profanations dont elle avait été l'objet « par un temps immémorial et de bien des manières »

Un mobilier suffisant permettait d'y célébrer le service divin, on y trouvait en effet un calice et une patène d'argent dont la coupe était dorée, pesant un marc et quart d'argent, une chasuble de filoselle, assez vieille, rayée rouge et blanche avec son étole, son manipule, le voile de calice et le corporalier, un missel romain couvert de veau gris, une aube, deux chandeliers de cuivre à l'antique, une croix de bois avec son Christ, fort vieille et rompue par la rouille, un corporal, un purificatoire, un essuie mains, un parement d'autel rouge de vieille étoffe de soie « où étaient brodés une Notre-Dame et un Saint-Jean l'Evangéliste », un marbre consacré, deux nappes, l'une vieille et l'autre neuve, un tapis d'indienne et enfin un grand tableau, représentant Sainte Catherine, avec son cadre de bois peint en noir, posé sur un gradin de chêne de deux marches.

En 1716, de nouvelles améliorations sont signalées, mais elles portent sur des détails. Nous retrouvons en effet dans la chapelle le même mobilier que celui qui existait en 1694, mais nous pouvons relever en plus un mauvais parement d'autel de calmandre rouge, blanche et verte, galonné de soie blanche, doublé de toile jaune, un nouveau tapis de futaine à fleurs, une croix de cuivre, deux chasubles, l'une de camelot, l'autre de calmandre galonnée de soie blanche, doublé de même étoffe mais de couleur noire, deux chopinettes (burettes) d'étain, une clochette, un plat de faïence, des canons d'autel, etc...

Le tableau de Sainte Catherine avait été restauré, la statue de la Vierge avait été peinte à neuf et posée sur un pilastre de pierre fait nouvellement ; enfin un tambour avait été placé à la porte d'entrée de la chapelle et le carrelage ainsi que les vitres avaient été réparés. Aussi le visiteur déclare-t-il dans son procès-verbal que le monument est entretenu « avec une décence non pareille »

En 1732, la situation est la même, tout au plus peut-on signaler parmi les nouveaux objets consacrés au culte « un crucifix de métal argenté », cinq vases de faïence dans lesquels sont placés des « bouquets artificiels »
En 1777, le visiteur signale que les contreforts ont été rejointoyés, le couvert retenu, les murs blanchis.
Le chapelain du château de Sennecey M. Rasson (lisez Raisson (1) y célébrait le service divin aux frais des fermiers du Temple.
1. Sur cette famille, voir Répertoire des familles notables de Tournus, page 314.

La Révolution, grande niveleuse, devait bientôt mettre fin à la prospérité de la chapelle de Rougepont.

La commanderie et le domaine de Rougepont

Le Temple de Rougepont présentait, avant la Révolution, un enclos ceint de murs dans lequel on voyait :
1° La chapelle, située semble-t-il à l'occident et orientée du sud au nord comme à Montbellet.
2° Un bâtiment qui avait servi jadis de résidence au commandeur et qui n'était plus depuis le XVIe siècle qu'un logement de fermier ; c'était une maison basse, c'est-à-dire à un seul étage, élevée sur caves et celliers à laquelle on accédait par un escalier de pierre de taille situé dans, la cour du côté sud.
3° Un grand corps de logis servant d'écurie, grange et fenil, situé vis-à-vis du précédent au nord de la même cour. Un four couvert en laves et d'autres petits bâtiments d'exploitation complétaient cet ensemble. La cour, qui était primitivement ouverte du côté de l'est, fut fermée au XVIIe siècle par une muraille faite à chaux et à sable, solidement « enrochée » et couverte de laves pour mettre à l'abri le Temple de Rougepont des déprédations des gens de guerre.

Un assez beau domaine entourait le Temple de Rougepont. Il comprenait en 1333, outre la censive dont nous reparlerons, 20 ouvrées de vignes, 20 soitures de prés, 30 journaux de terre et de un peu bois.

En 1721 il se composait des fonds suivants :
1° Une terre, dite le CHAMP DE LA CHAPELLE, contenant trois journaux et demi environ, joignant le Pré dit « sous le Temple ou sous la Vigne » de vent et matin, le Pré dit le Regain, de bise, le champ du Temple de matin, une charrière entre deux, de soir et vent.

2° Une grande terre appelée, le CHAMP DU TEMPLE, située du côté de soir des bâtiments de la Commanderie, dans laquelle il y avait teppe et bois contenant vingt journaux, le long du bief de Merdery et le chemin de Tournus à Sennecey, de soir et vent.
3° Une teppe appelée, LA CROISETTE, contenant trois journaux moins trois perches, joignant le chemin du Chesne à Rougepont.
4° Une terre appelée, LE CLOUSEAU AU GUENACHE OU L'ESSARD MAURIS contenant deux journaux et demi, joignant le chemin de Chalon à Tournus.
5° Une terre appelée, LA GRANDE CORVÉE DE ROUGEPONT, contenant sept journaux, le long du bois du Commandeur.
6° Une terre dite, LA PETITE CORVÉE, contenant huit journaux, un tiers, le long du bief de Merdery.
7° Une terre appelée, LE POISET, contenant sept journaux et demi et seize perches, joignant le chemin de Tournus à Chalon de vent et soir, et la communauté de La Farge, de bise.
8° Une terre, sise à La Farge, appelée LE CLOS DE LA ROCHE, contenant trois journaux et vingt perches sur un chemin allant aux bois.
9° Une terre appelée, LE GRAND CHAMP, contenant onze journaux et demi, au long du sieur Commandeur.
10° Une terre au même lieu contenant une coupe un tiers, sur le grand chemin de Chalon à Tournus, de vent.
11° Douze journaux de terre, nouvellement défrichés, situés dans le bois de Rougepont, joignant lesdits bois, de matin et bise, et le grand chemin de Tournus à Chalon, de soir.

PRÉS
12° Un pré appelé Sous LE TEMPLE, OU SOUS LA VIGNE, de 4 soitures (*), joignant le champ de la chapelle de bise.
soitures

13° Un pré et marais au même lieu, contenant deux soitures et demie.
14° Un petit pré appelé, LE REGAIN, contenant trois soitures et demie, joignant le pré Civolière.
15° Un pré appelé, LE PRÉ DE LA CIVOLIÈRE, contenant une soiture et demie, le long du Champ du Temple.
16° Un pré joignant le précédent, contenant une soiture, un tiers.
17° Un pré le long du bief de Merdery, une soiture et demie.
18° Un pré appelé, Sous LE BOIS DE ROUGEPONT, autrement PRÉ DU CHAT, 4 soitures et demie, le long du Champ du Temple.
19° Un pré, contenant un sixième de soiture au lieu-dit Es GRANDS PRÉS sous LE REGAIN, affronté sur le fief de Merdery.
20° Un pré appelé, LE PAQUIER, genevière et teppe, situé au lieu-dit Les Grands-Prés, affronté sur les bois de Boulay et le fief de Merdery, contenant un journal.
21° Un pré, en la prairie de Sennecey, appelé EN TARDY, de quatre soitures.
22° Un pré, en la même prairie, lieu-dit, LE PRÉ DE SENNECEY, d'une contenance d'une soiture, quarante-six perches.
23° Un autre pré, en la même prairie, lieu-dit, SOUS LA RIPPE, une soiture, vingt-quatre perches.
24° Un pré, sis en la prairie de Beaumont (1), contenant quatre soitures.
1. Beaumont-sur-Grosne, canton de Sennecey-le-Grand.

BOIS
25° Un bois de haute futaie dit: LE BOIS DE ROUGEPONT, contenant vingt journaux, joignant le bois de Boulay appartenant à MM. de Saint-Vincent de Chalon, le grand chemin de Tournus à Chalon, de soir, et le Pré dit Sous le Temple.
26° Un bois taillis appelé, LA CORVÉE, contenant huit journaux un tiers, joignant la terre dite La Grande Corvée de Rougepont, de vent, et la Communauté de La Farge (2), de bise.
2. La Farge, commune de Sennecey-le-Grand.
27° Un bois taillis, situé sur le Grand Champ du Temple, contenant trois journaux, enclavé dans ledit champ du Temple, le long du grand chemin de Tournus à Chalon, de soir et vent, le bief de Merdery, de bise, et le pré du Chat, de midi.

DIMERIE
Le Temple de Rougepont possédait en outre des dîmes sur la paroisse de Jugy. Ces dîmes se levaient sur les récoltes de blé et de vin de la façon suivante: « savoir MM. les chanoines de Saint-Vincent de Chalon prennent sur les dites dîmes la moitié franche, M. le Commandeur et le seigneur de Jugy lèvent l'autre moitié sur laquelle moitié, le curé de Jugy prend un cinquième »
Les dîmes des blés se percevaient à raison de treize gerbes l'une ; les dîmes des vins se levaient à la vigne, à raison de douze bennes l'une.

CENSIVE
Le Temple de Rougepont avait une censive où s'exerçait ses droits seigneuriaux, notamment les droits de lods, ventes, remuages et retenues. Il ne semble pas en revanche que le commandeur de Rougepont ait eu le droit de justice sur sa censive comme cela existait au contraire à Montbellet où le commandeur était seigneur haut-justicier (1). Le Temple de Rougepont eut donc toujours plutôt le caractère d'un hospice que d'un château fort et d'une seigneurie. La censive du Temple de Rougepont s'étendait sur les paroisses ou villages suivants :

JUGY
Sur les lieux dits : Montboillot, es Charnettes, es Chaines, es Chenevière de la Ferrière (3), en la Charme, au Rompoy, sur la rue des Vaches, en la Queue, en Groseau, au Grand-meix, en l'Abime, es Chaigne, derrière chez Canard, Traversaines vers la Maladière, au pré des Naiseurs, au Meix-Voisin, Guenache, au Croseau, la Planchette alias la Plante, es Pierres, en Champagne, la Ronge, Champ Poussot. 1. Les censitaires n'étaient pas non plus mainmortables « hommes levants et couchants » ni astreints au guet et à la garde. Niepce dit au contraire, Histoire du Canton de Sennecey, tome II, page 88, que le Temple de Rougepont était de la justice de celui de Montbellet.
2. Jugy, canton de Sennecey-le-Grand.
3. A rapprocher ce nom de la Ferrière (minière de fer) du nom du village de La Farge (lieu où se trouvait une forge). Cette particularité serait à relever au point de vue de l'histoire économique.


LA FARGE
En grand champ, au Bon Repoux, Longue Roy, en la Palée proche les Saintes, au village de La Farge, proche les maisons Borassat.
4. La Farge, commune de Sennecey-le-Grand, canton dudit.

SANS
Es Crés, chez Rolland à présent la Vigne Gaillard, es Combes, en Patouzin, au Village de Sans, derrière chez Rolland, la Platière, à Grelays, un four sur le bief de la Fontaine, Gaudry, une ancienne maison sur le chemin de Saint-Julien à Saint-Martin.
1. Sans, commune de Sennecey-le-Grand, arrondissement de Chalon (S.et-L.)

SENNECEY
Vers les Plantes.

SATNT-JULIEN
En Pèlerin, au Grand-Chemin, Poirier au Ban, Poirier-Chanin.
2. Saint-Julien, commune de Sennecey-le-Grand, arrondissementde Chalon (S.-et-L.)

BEAUMONT-SUR-GROSNE
La Mimorin.
3. Beaumont-sur-Grosne, canton de Sennecey-le-Grand.

LAIVES
La Templière.
4. Laives, canton de Sennecey-le-Grand.

Voici d'autre part la liste des censitaires de la Commanderie de Rougepont en 1690 et en 1721.
JUGY
1690. Honnête Michel Conte, Louis Raquillet, Claudine Varpoil, veuve Claude Audras, Jean Dureau, Jean Philibert Fèvre, Pierre Ferré, Ant. Audras, Philiberte et Jean Groffier, Jacques Letartre, Françoise Carré, les héritiers de M. de Saint-André et d'Anguillon, Jacques Raquillet, Philibert Febvre, Philibert et Claude Dureau, Cl. Carré, Mme Anne d'Anguillon, Louis Lamé, Mre Philibert Bernard, écuyer seigneur de la Vernette, Denise Baron, veuve de Claude Filloux, Jean Bureteau, Pierre et Georges Thevenaud.
1721. Ant. Raquillet, Louis Raquillet, Philibert Philibert, Jacques Dureau, Jean Bataillard, Cl. Febvre, Jeanne Borassat, Albert Dureau, Cl. Febvre, Jeanne Audras, veuve Pierre Breniaux, Jean Millon, Jean Greffier, Jean Morandat, Louis Ferré, Jean Letartre, Laurent Carré,-Laurent Raquillet, Michel Ferré, Jean Dureau, Jean Chaumier, noble Jean Bureteau, conseiller Présidial de Mâcon, M. Bernard, Mgr le marquis de Vieux-Pont, coseigneur de Sennecey.

LA FARGE
1690. Jean Primey, Benoîte Ponsot, veuve Vincent, Jacques Bonat, Etienne Revillot, dame Anne Blanchard, veuve Nicolas Colasson, Pierre Raquillet, Suzanne Grepard, Louis Borasset, Philibert Bontemps, Antoine Revillot, Pierre Berthelier, Roux, Jean et Toussaint Royer, Claude Borasset, Jean Chaussard, François Levesque.
1721. Guillaume et Pierre Bontemps, Philippe Ponssot, noble Louis de Lion, Claude Vincent, Claude Colasson, Jean Gallier, Pierre Bontemps, Cl. Ponsot, Benoît Tatoux, Me Pierre Bertelier, Pierre Bontemps, demoiselle Philiberte Colasson, veuve de Michel Levesque, marchand à Sennecey.

SANS
1690. Etienne et Claude Bontemps, Paquier et Henri Ponsot, Etienne Bontemps, Jeanne Hyverny, veuve de noble Simon Duploy, Jean Maduet, Philibert Guyon, Jean Grand claude, Philippe Vincens, Claude Bontemps, Pierre Douhet, Ponsot et Etienne Gordonnat, Abraham Lamonin, Violet Borassat, Claudine de Vidal de Cruzilles veuve de Jean Bravard d'Aissard (sic), François Le Jay, Pierrette Le Jay.
1721. Guillaume Bontemps, Marie Ponsot, Louis Bontemps, Me Laurent Bordet, juge de Sennecey et de Jugy, Jean Perret, Jacques Guyon, Etienne Grand-Claude, Pierre Vincent, François Bontemps, J.-B. Febvre, prêtre chapelain du château de Sennecey, messire Ignace Colin de Serre, ancien capitaine au régiment de Poitou, pour son frère Messire Joseph Colin de Serre, chanoine augustin de la Congrégation de Saint-Antoine de Chalon.

SENNECEY
1690. Françoise Riotot, veuve de sieur Patrin.
1721. Philibert Patrin, veuve de Jean Giraud, huissier.

SAINT-JULIEN 1690. François Joly, Charles Ferotin, curé de Saint-Julien (les hoirs de), Philippe Guyon, Antoine Galot, Cl. Gabaud.
1721. Messire Pierre Prost, chapelain du château de Sennecey, Philiberte Guyon, veuve de J.-B, Greffier, châtelain de Sennecey, Claude Guienne, épouse de Françoise de Lacroix, Marie Denehout, veuve de Jean Riottot, bourgeois de Chalon.

BEAUMONT-SUR-GROSNE
1690. Ant. Pugeaut, procureur à Chalon, Anne et Reine Breitenet, Marie Bergeat veuve Jacques Tatoux, François Foux, Jeanne Levesque, Etienne Bugnon, Marie Bergeat.
1721. Jacques Carrier, Philibert Bernardon, François Levesque, Saint-Julien-de-Sennecey, commune de Sennecey-le-Grand. Philibert Bretenet, Antoine Foux, Jacques Lossieu, Benoît Menutet, Marie Tatoux.

LAIVES
1690. Jean Greffier, Pierre Pautet, Cl. Guépet, François Petit, Louis Monot, François Petit, Philibert Blondeau, André Boyaud, François Vitte, Messire Demaizières, curé de Laives, Cl. Bataillard.
1721. Toussaint, Joly, Pierre Lalement, Marcel et Michel Guérard (1), Philibert Chapot, Guillaume Cendry, Joseph Monot, Nicolas Petit, Cl. Bataillard, Messire J.-B. Naudot, conseiller du Roi au grenier à sel de Chalon, Me François Colas, notaire à Chalon, Me Nicolas Bataillard, avocat à la Cour de Chalon, époux de Marguerite Lévêque.
1. C'étaient les descendants du peintre tournusien Grégoire Guérard, proche parent d'Érasme. (V. Érasme et sa parenté en Bourgogne.)

LA RÉVOLUTION

Le 23 juillet 1793, le domaine du Temple de Rougepont fut mis en vente. Il était alors amodié au citoyen Joseph Passaut, maître de postes à Sennecey, depuis le 1er septembre 1788, pour sept années et cultivé par le citoyen Rouillot.
Les bâtiments et la chapelle furent estimés : 2.000 livres.
Le jardin et une terre attenante : 2.112 livres.
Un pré à regain : 8.580 livres.
Le pré de Rougepont : 180 livres 68.
Un autre pré à Rougepont : 135 livres 10.
Un pré audit lieu et « es grands prés de La Farge » : 2.640 livres.
Un pré au lieu-dit « Vers Rougepont » : 528 livres.
Une terre au même lieu : 1.058 livres.
Un bois de futaie, actuellement coupé 200 livres.
Une terre au lieu-dit « Terre du bois » : 2.992 livres.
Une terre dite « Vers Chassagne ou en la Beurne » : 3.916 livres.
Une terre dite « La Grande corvée ou en Mollerat » : 3.080 livres.
Onze journaux de terre au même lieu : 3740 livres.
Une terre au lieu-dit « en Fleuchot » : 132 livres.
Une terre au lieu-dit « Es grands champs de la Farge » : 82 livres 10.
Une terre au même lieu : 1.056 livres.
Une terre dite « en La Jardine » : 528 livres.
Une terre dite « en Cottelin » : 660 livres.
Un pré-en la prairie de Sennecey : 440 livres.
Un autre pré au même lieu : 880 livres.
Un autre pré au même lieu : 73 livres 68.
Un pré en la prairie de Beaumont-sur-Grosne : 1.613 livres 68.
Estimation totale 36.630 livres.

Après de nombreuses enchères le domaine de Rougepont que se disputèrent les citoyens Joseph Passaut, maître de posté à Sennecey, et Claude Pierre Canard (1), resta à ce dernier moyennant la somme de 162.700 livres.
1. Sur les familles Passaut et Canard, voir Répertoire des familles notables de Tournus, page 286 et 62.
Sources : G. Jeanton. Société des amis des arts et des sciences de Tournus, page 1 à 136. BNF

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