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Commanderies de l'Ordre de Malte
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Lande-de-Gourgé-Parthenay
Maison du Temple de la Lande-de-Gourgé - dite de Saint-Georges
Département: Deux-Sèvres, Arrondissement: Parthenay, Canton: Saint-Loup-Lamairé, Commune: Gourgé - 79

Maison du Temple de la Lande-de-Gourgé
Maison du Temple de la Lande-de-Gourgé

Le domaine de la Lande, situé dans la commune de Gourgé, au nord et à 7 km de Parthenay et tois de La Peyratte, est aujourd’hui une grande ferme de 140 hectares qui présente la particularité de n’avoir pas été divisée, comme tant d’autres, et d’avoir conservé ses grands champs, comme autrefois.

Les bâtiments sont tous affectés à l’exploitation agricole et ont l’aspect modeste de la plupart des fermes de la Gâtine. Mais on y voit çà et là des portions de mur en pierres de taille très anciennes; on y remarque d’un côté une vieille tour dépouillée de son toit d’origine et d’un autre côté les restes d’une chapelle.

Cette chapelle mérite de retenir l’attention. Longue de 14 mètres, large de 8 m, elle est épaulée à l’extérieur par des contreforts plats.

A l’intérieur, on y voit 4 colonnes dont deux sont noyées dans un mur de refend construit postérieurement. Les deux autres sont bien apparentes. Ce sont du pilastre formé d’une demi-colonne sur dosseret avec base à glacis et qui sont surmontés d’un chapiteau à volutes, assez écrasé. Au-dessus on remarque des traces de voûte en berceau sur doubleau à double rouleau. Mais la voûte a disparu depuis longtemps et laisse voir une vulgaire charpente couverte de tuiles.

Il y a une fenêtre et une porte à arc brisé; de même deux entrées aujourd’hui bouchées sont à arc brisé.

Tout porte à penser que la construction de cet édifice remonte au XIIe ou au début du XIIIe siècle.

Aussi la Lande de Gourgé n’avait-elle pas échappé à l’attention du grand historiographe de la région Bélisaire Ledain, qui, dans son ouvrage La Gâtine historique et monumentale, y a consacré quelques lignes.

On y lit: Les domaines des Templiers ayant été donnés aux Chevaliers de Jérusalem appelés plus tard de Malte, les deux maisons de la Boissière-en-Gâtine et de Saint-Georges de la Lande de Gourgé ou de Parthenay passèrent entre les mains de leurs nouveaux maîtres en 1313...

Nous savons seulement par le livre de Bélisaire Ledain que le commandeur de la Boissière-en-Gâtine, le frère Jehan de Bertault, fut parmi les Templiers arrêtés; mais il n’aurait pas été condamné (Lévrier, Histoire des Deux-Sèvres, p. 40).

Par contre, il existe aux Archives nationales un procès-verbal de remise des biens des Templiers aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans le Poitou, en date du 20 mai 1313, dressé par Guillaume Demer, garde du sceau du roi à Poitiers, en présence de Guillaume Hervé, prêtre, notaire et juré de la Cour du sceau.

Afin de donner une idée de l’importance de la Commanderie, il paraît utile de reproduire l’énumération des principaux objets mobiliers qui s’y trouvaient:
1 — calice doré et 1 — patène,
2 — croix d’argent doré avec reliques,
1 — encensoir de cuivre,
2 — missels notés,
2 — croix de cuivre,
3 — chasubles de soie, 3 aubes parées,
3 — étoles,
1 — vieux surplis,
1 — mauvais drap de soie,
1 — boîte de cuivre à mettre le sacre,
1 — épistolier,
1 — bréviaire,
18 — couettes de plumes,
— Des tapis, oreillers, serviettes,
1 — vieille chaudière,
1 — mauvaise serpe,
1 — faux,
12 — fouloirs,
6 — boeufs arables,
26 — vaches et taureaux,
3 — veaux de lait,
98 — moutons,
35 — agneaux.

Cette énumération appelle deux remarques: le nombre de lits autorise à penser que les Templiers de la Lande remplissaient des devoirs hospitaliers. L’importance du cheptel vif montre que l’exploitation des terres était très développée, beaucoup plus qu’elle ne le sera au XVIIIe siècle, ainsi que nous le verrons plus loin.

Au point de vue immobilier, la commanderie de la Lande de Gourgé comprenait:
1— des terres et bois s’étendant sur les paroisses de Gourgé, la Peyratte et Aubigny;
2— le moulin du Gué, paroisse de Gourgé;
3— le moulin du Temple, paroisse du Sépulcre banlieue de Parthenay;
4— une maison à Parthenay, maison qui paraît être celle que l’on désigne aujourd’hui comme maison des Templiers et qui est située rue de la Poste.

Au point de vue des droits féodaux, la cession avait compris tous les droits seigneuriaux en vigueur à cette époque. Car Philippe le Bel avait eu soin de spécifier dans son acceptation du transfert des biens des Templiers aux Hospitaliers: « Nous acceptons la disposition, l’ordonnance et le transfert, sous réserve que tous les droits sur lesdits biens appartenant à nous, aux prélats, aux barons, aux nobles et autres personnes quelconques de notre royaume, soient saufs à toujours. » (Lizerand, Le Dossier des Templiers, p. 203.)

Donc, l’ordre des frères Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem recueillit à cette époque (1313) la commanderie de la Lande de Gourgé (qui dans la suite fut appelée également la Lande de Saint-Georges ou petite Lande de Parthenay), et cela avec toutes ses appartenances et dépendances et avec les privilèges attachés aux terres nobles, droit de lever des impôts et droit de rendre la justice.

Le seigneur commandeur de la Lande avait droit de haute justice. Cette prérogative fut réduite par les progrès de l’autorité royale, qui diminua la compétence des justices seigneuriales et les subordonna à ses propres tribunaux. Néanmoins la juridiction du commandeur de la Lande subsista jusqu’à la suppression des justices seigneuriales par la Révolution.

Et il est à signaler que parmi les terres de la Lande il est un champ qui était désigné sous le nom de Champ des Justices et qui est encore porté au cadastre sous cette désignation. C’est là sans doute que se dressaient les fourches patibulaires où les malfaiteurs condamnés à mort étaient pendus.

Quelle était, au XVIIIe siècle, l’importance de la commanderie de la Lande ?

Au point de vue territorial, le domaine de la Lande était composé à peu près des mêmes terres qu’actuellement et comprenait en outre 50 hectares de bois situés au sud et qui font aujourd’hui partie de la propriété voisine.

Une visite de 1752, faite à la requête de M. de Brilhac, donne la nomenclature des bâtiments et des terres:
Une ancienne chapelle en ruine,
Le logis avec 2 chambres basses,
2 — chambres hautes,
le vieux logis formé d’une ancienne tour dans laquelle était le fourniou avec 1 chambre haute,
3 — écuries,
1 — grange,
1 — petit colombier,
2 — toits à porcs,
2 — jardins potagers dont l’un dit du canard,
Puis le logement des métayers avec 2 chambres basses,
Une étable,
Une grange,
Un fourniou et un four.

Les terres sont désignées
Champ de la Commanderie,
Champ des Justices,
Le patis neuf,
Le pré neuf,
Le pré de Moque-charrette,
Le pré de la Commanderie,
Le pré de la Cour,
Les bois Moreau,
Des Echasséries,
Du Foignaud,
Le grand bois,
Un grand étang,
Un petit étang.

La commanderie comprenait encore comme du temps des Templiers: le moulin du Gué sur le Thouet (paroisse de Gourgé);
Le moulin du Temple (paroisse du Sépulcre, banlieue de Parthenay et touchant le moulin de Brossard);
1 — maison à Parthenay située grand’rue de la basse ville, en descendant à Saint-Jacques, paroisse Saint-Jean.

Outre tous ces biens immobiliers, la commanderie de la Lande était bénéficiaire de cens, dîmes et terrages, dont il paraît utile de reproduire la liste telle qu’elle a été établie à la fin du XVIIIe siècle.

Mémoire des Cens, Rentes, Dîmes et Terrages dus à la Commanderie de la Lande:
8 — sols de cens sur une maison à Parthenay près Saint-Laurent,
5 — sols de cens sur le fief des Marouillais;
5 — sols de cens sur la métairie du Préau, paroisse de la Peyratte, et moitié de la dîme verte et de charnage,
La rente de 60 boisseaux de seigle sur le Moulin Vernou, paroisse de Gourgé, et la dîme verte et de charnage;
La rente de 8 boisseaux de seigle sur la métairie de Lambertière (paroisse de La Peyratte);
10 — deniers de cens sur les terres appelées Chatnoyé près Lageon, à partager avec la commanderie de la Boissière, ainsi que la moitié de la dîme verte;
La rente de 4 boisseaux de seigle et 8 boisseaux d’avoine, 1 chapon, dîme et charnage sur les terres de la Barre, côté de l’étang;
5 — sols sur le Chiron blanc (à M. d’Orfeuille);
14 — sols sur la Charnière (à M. d’Orfeuille);
1 — boisseau de seigle, 1 poule, 22 sols, et la dîme au 6 sur la Braudière,
5 — sols sur la métairie du Chillois (à M. Turquand d’Auzais);
14 — sols, 1 chapon, la dîme verte sur les borderies de la Barre,
30 — sols sur une pièce de terre près du bourg d’Aubigny;
3 — sols sur une maison à Parthenay;
4 — sols 15 deniers sur deux maisons près l’église de Gourgé;
2 — boisseaux seigle, 2 chapons, le terrage au 12, sur tènement du Fontenioux (paroisse la Peyratte);
4 — boisseaux de seigle quérable et 3 boisseaux sur le moulin à Gué:
14 — boisseaux seigle, 2 chapons, 2 poules, 15 sols, dîmes au 6 sur les fruits et terrage sur le tennement de Bellebouche (à Chaboceau);
5 — sols, 1 poule, terrage au 6, sur Champrond,
5 — sols sur la Bodinière près Lamairé;
15 — sols, 1 chapon sur le Quaireux de Gourgé;
2 — sols, la dîme au 24, des brebis et cochons sur Bonnevaux;
1 — setier seigle, 1 chapon sur le Pressoux;
2 — sols, 1 chapon sur le Gats de Viennay;
22 — boisseaux de froment sur Laubonière près de Noizé;
12 — boisseaux de seigle, quérable sur la Vieille-Peyratte (à M. Poignand de la Salinièré);
4 — sols et terrage au 6 sur le Petit-Breuil (Peyratte);
42 — sols et terrage au 6 sur la commanderie de Malzerte (paroisse de Saurais);
5 — sols sur la Ménardière (aux héritiers Cornuault);
13 — sols sur Cherchemont (paroisse de Saurais);
6 — sols, 1 chapon sur la Sapinière (paroisse de Saurais);
3 — setiers de seigle sur la Guichardière (paroisse de Saurais);
4 — sols sur le Pré blanc (paroisse de Saurais);
12 — sols et dîme verte sur la Maison Neuve de Saurais;

Il est à déplorer et ce comme à leurs habitudes, les différents commandeurs Hospitaliers n’ont pas entretenus les bâtiments de cet héritage. Les commandeurs ne vivant plus dans les lieux, les laissèrent à l’abandon, entre les mains des fermiers ou autres à qui ils louèrent les terres. Eux, se pavanaient dans l’hôtel de Poitiers ancienne résidence des Maîtres Templiers.

En effet, il résulte des visites faites depuis le début du XVIIIe siècle, que les terres avaient été de plus en plus saccagées, à tel point qu’au cours des visites qui ont eu lieu de 1720 à 1780, il a été successivement constaté que le grand bois (130 arpents) était totalement ruiné, le bois des Echasseries (5 arpents) ne portait plus trace de taillis, mais seulement de vieilles souches, le bois Moreau (3 arpents) et le bois Foignaud (10 arpents) étaient en très mauvais état.

D’ailleurs, dès 1727, le commandeur de La Lande avait été l’objet d’un procès-verbal de la maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay-le-Comte pour ce motif que le garde forestier avait constaté qu’on avait coupé 117 chênes au delà du nombre permis par les édits royaux qui avaient prescrit que les gens de mainmorte devaient laisser dans leurs bois une réserve propre à produire de la haute futaie. Une amende de 2.456 livres avait été infligée pour ce fait.

En 1732 un constat ordonné par Pierre Joffrion, seigneur de la Gestière, maître particulier de la maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay-le-Comte, a fait ressortir le mauvais entretien des bois et les abus qui y avaient été commis, les riverains ayant pris l’habitude d’introduire leur bétail dans les bois.

En 1754, l’état des bois a fait l’objet d’un mémoire déposé au Greffe de la Maîtrise de Fontenay-le-Comte, à la requête de M. l’abbé Le Normand, chevalier de l’Ordre de Malte, commandeur de la commanderie, par Maître Armand Charles Chaboceau, sénéchal, juge gruhier de la haute justice, « terre et seigneurie de la commanderie de la Lande »
En 1768, l’un des bois a brûlé.
En 1770, la plupart des bois sont à l’état de brandes.
Quant aux bâtiments, leur entretien avait été autant négligé que les terres.
La visite de 1752 constate que la chapelle est totalement ruinée, étant sans charpente ni voûte, et que les murs sont désormais hors d’état de la porter.
En 1774, l’état est jugé encore plus mauvais. Il est constaté en outre que le grand étang est rempli de souches, d’ajoncs et de saules et que le moulin du Gué est « fondu »

La Révolution ayant décidé que tous les biens ecclésiastiques feraient retour à la Nation et seraient vendus comme biens nationaux, les biens de l’ordre de Malte ont été vendus en 1792 et la Commanderie de la Lande a subi le sort commun. Le nom de l’acquéreur est inconnu.

Il eût été intéressant de relever les conditions de cette vente et les noms des acheteurs successifs, à une époque où les circonstances comme la réglementation des assignats avaient fait que certains ont pu acheter avec des sommes minimes des biens considérables qu’ils s’empressaient de revendre avec bénéfices.

Il est probable que les Archives des Deux-Sèvres auraient pu nous renseigner sur ce point. Malheureusement, il y a eu à Niort en 1805 un incendie qui a détruit le bâtiment de la Charité, où avaient été réunis les papiers et registres des administrations révolutionnaires.

Néanmoins, nous avons pu retrouver dans les archives de Me Baufine, notaire à Parthenay, que M. Alexis Desgranges, architecte à Paris, s’est rendu adjudicataire du domaine de la Lande, dit la Grande Lande, moyennant 40.900 francs suivant procès-verbal dressé par les administrateurs du district de Parthenay, en date du 27 germinal an II (avril 1794), et qu’en outre il a été déclaré adjudicataire de deux futaies moyennant le prix principal de 10.100 francs, décompte arrêté par la Commission des revenus nationaux le 29 messidor an III (juillet 1795) (acte reçu le 17 septembre 1833 par M. Ardouin, notaire à Parthenay).

Quelque 20 ou 30 ans plus tard, Alain des Granges épousa la marquise des Francs, née Louise Piault, qui était veuve et qui par son 1er mariage se trouvait alliée à la famille des Francs, grand propriétaire dans la commune de Gourgé. Elle avait eu de ce mariage une fille Henriette-Félicité des Francs, qui se maria avec M. Borie comte de campagne, à qui elle apporta dans la suite le domaine de la Lande qu’elle avait reçu de son beau-père.

En 1890, ce domaine ayant été mis en vente fut acheté par la famille Ribreau-Grandmaison, qui en est actuellement propriétaire.
Alain Bodin. Société des Antiquaires de l’Ouest, bulletin du premier trimestre 1940, pages 296-309. Poitiers 1940. BNF

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