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Commanderies de l'Ordre de Malte
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Commanderie de Boux et Merlan
Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Vouziers — 08

Le double nom de Maison du Temple de Boux et Merlan porté par cette commanderie, se trouve expliqué par les lignes suivantes trouvées en tête d'un de ses terriers de 1693. « Boux et Merlan ne sont pas deux commanderies, mais deux : chefs-lieux séparés d'une même commanderie, dont le premier est dans la Basse-Champagne, et le second dans la Haute-Champagne. On comprend dans celle-ci tout ce qui est en-deçà de la vallée de Bourcq (Boucq-et-Mars, canton de Vouziers), et dans celle-là, tout ce qui est resté dans cette vallée et au-delà de la Meuse. »

Merlan a toujours été le siège de la commanderie ; mais on a ajouté à son nom celui de Boux, du moment que les Commandeurs firent du château de Boux leur résidence habituelle.

Nous parlerons d'abord de la maison de Merlan qui était un des plus anciens établissements du Temple en Champagne, car cette maison existait déjà vers le milieu du XIIe siècle. Il en est fait mention dans des lettres de Henri, archevêque de Reims, de l'année 1166, par lesquelles ce prélat déclare avoir donné aux frères du Temple de Merlan, « fratribus Templi de Mellanto » établis dans son diocèse, la terre de Grand-Mont, « terram de Magno monte », pour les dédommager des dégât causés à leur moulin par le débordement des eaux du vivier de Bethiniville, « de Bithiniaca villa », qui appartenait à l'archevêque. Dans cet acte, il est dit qu'un seigneur, du nom de Gauthier Potrel, a renoncé en faveur des Templiers, à tous les droits qu'il pouvait avoir sur la terre de La Vallée, près Merlan, « super terram Vallis juxta Mellantum. »

 

Temple de Merlan
Département: Ardennes, Arrondissement: Rethel, Canton: Juniville, Commune: Aussonce — 08


Domus Hospitalis Merlan
Domus Hospitalis Merlan

Le Temple de Merlan n'était situé dans la paroisse d'Aussonce, à deux mille toises au sud de ce village. Guy de Cérisy, et Ofelice, sa femme, par des lettres d'Alberic ou d'Aubry, archevêque de Reims, du mois de décembre 1217, donnèrent aux frères de la chevalerie du Temple la moitié de leur « villa » nommée Aussonce, « que Aussuntia nominatur » et leur vendirent l'autre moitié avec tout ce qui en dépendait, hommes, cens, justice, terrages, etc., pour le prix de 300 livres. En retour de cette concession, les Templiers abandonnèrent au chevalier de Cérisy la métairie de La Neuville-en-Tourne-à-Fuy, « medietatem Ville nove », près de leur grange de Merlan, « juxta Grangiam eorwn de Merlen », avec tout le territoire, jusqu'à la grosse borne plantée contre le chemin, mais à la condition que la justice de La Neuville resterait appartenir comme celle d'Aussonce, aux frères du Temple.

Avant de céder sa ville d'Aussonce aux Templiers, Guy de Cérisy avait affranchi les hommes de cette terre, et leur avait donné une charte communale. Par cette charte expédiée sous le sceau de Guillaume, archevêque de Reims, et portant la date de 1187, Guy exemptait de toutes tailles et exactions, les « manans d'Osson », à la condition qu'ils lui donneraient chaque année, à différents termes, vingt livres, monnaie de Reims, cent setiers de froment, autant de seigle ; et en outre, par chaque quartier de terre arable qu'ils cultiveraient, treize deniers de cens, et par chaque arpent de vigne, deux deniers.

Dans le cas où Ausson viendrait à être ravagé par la guerre ou l'ouragan, les jurés de la commune devaient fixer ce que serait, eu égard aux circonstances, la redevance annuelle des habitants.

La liberté individuelle était garantie par cette clause, que nul ne pouvait être arrêté sans l'assentiment des jurés et échevins.

Différentes peines étaient édictées contre les délits et les crimes : Un homme qui en tuait un autre, était mis lui et ses biens à la merci du seigneur. S'il ne l'avait qu'estropié, il payait 60 sols d'amende, et s'il l'avait blessé avec des armes remoulues, l'amende était de 15 sols.

Une femme qui, en plaidant contre une autre, disait de vilains mots devant les juges, était mise à l'amende de 2 sols.

Chaque fois qu'à l'appel du seigneur, les habitants devaient sortir en armes pour quelque expédition, ils avaient à se pourvoir pour le premier jour, de tout ce qui était nécessaire à leur subsistance. Les jours suivants, c'était le seigneur qui était chargé de ce soin.

Le seigneur, en venant à « Osson », devait être logé pendant trois jours aux frais des habitants, qui étaient tenus de fournir le foin à ses chevaux et à ceux des personnes qui l'accompagnaient.

Cette loi continua d'être en vigueur sous les Templiers de Merlan, devenus seigneurs d'Aussonce. Ce n'était pas la seule seigneurie qu'ils possédaient aux environs de leur maison. L'année avant que Guy de Cérisy leur eut cédé la terre d'Aussonce, un autre seigneur, Bauduin de Saint-Pierre, près de Bethinville, leur avait donné toutes les terres avec les droits seigneuriaux qu'il possédait entre la rivière d'Arne et celle d'Amélie, « inter Arnam et Arninam », à l'exception toutefois des terres du quartier de Saint-Clément, ainsi qu'il résulte de la charte de donation dudit Bauduin, du mois de décembre 1216.

Une autre acquisition non moins importante fut celle faite par les Templiers en juillet 1239, du chevalier Robert, seigneur de Somme-Vesle (Marne), « de Summa Vedula », et d'Isabelle, sa femme, ayant pour objet toutes les terres appelées les terres des Ferments, « terre Fermentum », que ces derniers avaient au territoire d'Aussonce, « in territorio de Ausonnoia », avec tous les droits de justice et de seigneurie.

Deux moulins possessions des Templiers

Moulin du Temple de Pont-Faverger
Moulin de Pont-Faverger


Moulin du Temple Hauviné
Moulin de Hauviné

Il appartenait au Temple de Merlan plusieurs moulins, dont un sur la Suippe à Pont-Faverger, et un autre sur l'Arne, à Hauviné, « apud Hoivineux », au milieu des marais et prairies que possédait là, en 1254, Thibaut, archevêque de Reims. Ces marais se trouvaient à Hauviné, entre la chaussée et les écluses du moulin des Templiers. Plusieurs fois des contestations s'étaient élevées entre eux et l'archevêque, à cause du débordement des eaux de la rivière. Pour mettre fin à tout débat, l'archevêque céda, en 1254, aux frères du Temple, tous ses marais, à la condition que ses hommes de la châtellenie de Béthiniville continueraient d'avoir le droit d'y faire pâturer leurs bestiaux, concurremment avec ceux du Temple. En échange de cet abandon, les Templiers cédèrent à l'archevêque une rente de 40 setiers d'avoine que leur devaient chaque année les habitants de Saint-Hilaire (Saint-Hilaire le Petit, Mane).

Le Commandeur était seigneur de Merlan et de La Neuville (La Neuville en Tourne à Fuy, près d'Aussonce), avec la haute, moyenne et basse justice. Le manoir seigneurial comprenait une maison de maître, une chapelle dédiée à saint Jérôme, et des bâtiments à usage de ferme tout renfermé dans une grande cour carrée.

Ses revenus sous les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem étaient : les terres du domaine environ 500 arpents, qui étaient affermés avec les moulins, en 1757, 1665 livres ; et en 1788, 1,800 livres.

 

Maison du Temple de Boux
Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, Canton: Chesne, commune: Belleville-et-Châtillon-sur-Bar — 08


Domus Hospitalis Boult-aux-Bois
Domus Hospitalis Boult-aux-Bois

Le Temple de Boux, résidence habituelle des commandeurs, était autrefois une annexe de Belleville (Belleville-sur-Bar) qu'on nommait Barville, tirant son nom de la petite rivière de Bar dont un affluent traversait ces deux localités.

La terre de Belleville dont Boux était une dépendance, fut donnée à l'Ordre du Temple vers la fin du XIIe siècle. Nous avons trouvé des lettres de Richard de la Haye, « de Haia », qui paraissent avoir été rédigées vers l'an 1190, par lesquelles ce seigneur approuvait et confirmait la donation que Richard de Lirou avait faite aux pauvres chevaliers du Temple, « Pauperibus Militibus Templi », de la terre de Barreville (aujourd'hui Belleville), touchant à La Haye, sur la rivière de Roux, « juxta Haiam super aquam de Bo », et qu'il tenait du dit Richard de La Haie.

Le Temple de Boux est mentionné dans une charte de l'official de Reims, de l'année 1239, contenant vente aux Templiers, par Henri, comte de Grand-Pré, de 526 arpents de bois, situés entre Chestres et Falaise, « inter Chastres et Faloise », et s'étendant depuis la rivière de l'Aisne, « a riparia Axone », jusqu'au bois du Temple de Boux, « usque ad boschum Templi de Booul » avec la justice de ces bois, pour le prix de 22 sols parisis l'arpent ; et, en outre, 100 livres de même monnaie.

Les bois que les Templiers avaient à Boux occasionnèrent, au XIIIe siècle, plusieurs procès avec les seigneurs des environs, et surtout en 1261, avec les seigneur, mayeur et échevins de Briquenay, « de Brequenaio », au sujet du droit que ceux-ci prétendaient avoir de faire pâturer leurs porcs, au moment de la glandée, dans les bois du Temple, même de ramasser les glands et de les emporter chez eux. Les Templiers qui leur déniaient ce droit, consentirent néanmoins, par forme de transaction passée devant l'official de Reims, au mois de septembre de la dite année 126l, à ce que chaque habitant de Briquenay pourrait, au temps de la glandée, faire paître dans les bois deux porcs, et le seigneur trente.

En 1348, les frères de l'Hôpital qui avaient remplacé à Boux ceux du Temple eurent encore, à propos de ces mêmes bois, un procès avec la dame de Briquenay. Un arrêt du parlement de Paris, du mois de juin de cette année, accorda à cette dame l'usage de busches et de merrein pour sa maison de Briquenay, dans les bois du Temple de Boux, et le droit d'y faire estiver ses bêtes aumailles de l'âge de quatre ans et plus.

La maison de la commanderie à Boux fut presque entièrement détruite pendant les guerres du XVe siècle. Il n'en restait plus qu'une tour et le colombier. En 1598, le commandeur Oger Darnour rebâtit cette maison qui figurait un château. C'était un bel et grand bâtiment de forme quadrangulaire, avec cour d'honneur et jardin entouré de murs. Près du château était la ferme, dont dépendaient 500 arpents de terre et 1500 arpents de bois, traversés par la route de Renaix. Le château était situé au haut de Boux, sur le chemin conduisant à Belleville.

Le Commandeur était seigneur et haut justicier de Boux; il percevait toutes les dîmes et avait la collation de la cure, dont l'église était sous l'invocation de sainte Croix.

La terre et seigneurie de Boux rapportait, en 1788, 3300 livres, sans y comprendre les bois, qu'on estimait alors valoir 120 livres l'arpent tous les 24 ans, par coupe de 40 arpents, ce qui donnait un revenu de 4 ,800 livres par an.

Les membres dépendant de la commanderie étaient l'ancienne maison du Temple de la Chambre-aux-Loups, l'ermitage de Chamiau, la terre et seigneurie de Claire-fontaine, et la maison de Ladhuy.

 

Maison du Temple La Chambre-aux-Loups
Département: Ardennes, Arrondissement et canton: Vouziers — 08


La Chambre-aux-Loups
Domus Hospitalis Chambre-aux-Loups

Cette maison de la Chambre-aux-Loups était autrefois sur la paroisse de Vouziers, élection de Rethel. C'était, au siècle dernier, une ferme, avec environ 200 arpents de terre. Il en dépendait une chapelle, appelée la Chapelle de Saint-Hubert, chargée de treize messes par an qu'acquittait, au siècle dernier, le curé de Vouziers, qui recevait pour cela de la commanderie une rente de 25 livres.

La fondation de la maison de la Chambre-aux-Loups par les Templiers au XIIIe siècle, fut l'objet de vives protestations de la part d'Hugues, comte de Rethel, qui leur reprochait de l'avoir construite dans son fief, à son insu, et sans lui en avoir demandé l'autorisation. Dans cette affaire comme dans toutes celles du même genre, on finit par s'arranger ; et par des lettres de l'official de Reims, du mois d'octobre 1229, le comte de Rethel, et Mabile, sa femme, confirmèrent la possession, et accordèrent l'amortissement aux Templiers de leur maison, nommée la Chambre-aux-Loups, dans la châtellenie de Bourcq, « domus que vocatur Camera Luporum in castellania de Burgo », ainsi que des terres qu'ils avaient achetées près de leur maison, des enfants de Thiery de Sainte-Marie, de Raoul de Vaux, « de Vallibus », de Filiotte de Wouziers, « de Waseriis », de la dame de Wargny, etc. Le comte leur accorda, en outre, le droit d'usage pour leurs bestiaux dans tous les pâturages de la châtellenie de Bourcq, comme il leur confirma celui qu'ils avaient déjà à la Chambre-aux-Loups et à Tellines « apud Thelynes », village voisin.

L'année suivante (1230), Alice, veuve de Morand de Saulces, « de Salceia », augmenta encore le domaine de la Chambre-aux-Loups, en abandonnant aux Templiers sept pièces de terre situées à l'entour de leur maison.

Le revenu de la Chambre-aux-Loups était de 1600 livres en 1788.

 

Temple de Chamiot
Département: Ardennes, Arrondissement et canton: Vouziers, Commune: Longwé — 08


Domus Hospitalis Chamiot
Domus Hospitalis Chamiot

L'établissement le Chamiot, que les Templiers avaient là, était une dépendance de leur maison de la Chambre-aux-Loups, et ne se composait plus, au siècle dernier, que d'une chapelle, de deux cellules, pour y loger deux ermites, avec une petite dîme sur les terres environnantes, et quelques cens et droits seigneuriaux.

La chapelle où il y avait grande dévotion, était desservie en 1757, par le vicaire de la paroisse de Ballay (Ardennes), à qui le Commandeur donnait 25 livres par an, pour venir y dire une messe par semaine.

Il est probable que l'ermitage de Chamiau n'était qu'une partie d'un établissement plus considérable qui existait là autrefois. Nous trouvons que les Templiers de la maison de la Chambre-aux-Loups possédaient vers le milieu du XIIIe siècle, des terres et des bois à Falaise et à Chamiau. Un seigneur, du nom de Robin de Fontenelles, leur donnait, en 1257, sept journaux de terre arable, au territoire de Falaise, « de Faloisia », au lieu-dit au ruisseau de la Sourgue, touchant au bois de Chamiot, appartenant aux Templiers de la Chambre-aux-Loups.

La chapelle de Chamiau n'existait plus en 1788, et ses biens et revenus avaient été réunis au domaine de la commanderie.

 

Maison du Temple de Claire Fontaine
Département: Ardennes, Arrondissement et canton: Vouziers, commune: Ballay — 08


Domus Hospitalis Claire Fontaine
Domus Hospitalis Claire Fontaine

La terre et seigneurie de Claire Fontaine faisait partie au XIIIe siècle, de l'alleu ou terre franche de Gondé-lez-Vouziers (Ardennes). Elle appartenait alors par tiers et indivisément aux Templiers de Reims, à l'abbé de Saint-Rémi de la même ville, et à un seigneur, Gervais de Bourcq. Elle fut ensuite partagée entre eux, à l'exception des pâturages et des dîmes qui restèrent en commun, comme on le voit par des lettres de l'archevêque de Reims, de l'année 1209.

Les Templiers ne tardèrent pas à acquérir les droits et parts de leurs co-ayant droit dans l'alleu de Condé, ainsi que dans la terre et seigneurie de Claire Fontaine. Pierre, abbé du couvent de Saint-Rémi, par ses lettres du mois de juin 1215, céda aux frères de la chevalerie du Temple, tout ce que lui et ses religieux possédaient dans l'alleu de Condé, « in alodio de Condeto », tant en bois, prés, qu'en cens et revenus seigneuriaux à Claire Fontaine, « in villa que Clarus Fons nuncupatur », à la charge par les dits frères de rendre chaque année à l'abbé de Saint-Rémi, 54 setiers de grains à la mesure de Machault (Ardennes), « ad mensuram de Machaudio », moitié froment, moitié avoine, avec vingt sols rémois, à recevoir dans la maison du Temple à Tellines, « in domo Templi apud Telines », le lendemain de la saint Remi, sauf pour les vingt sols qui devaient être payés à la saint Jean-Baptiste, sous peine de cinq sols d'amende. Il est observé que cette cession ne devait pas comprendre un pré situé au lieu dit Coma qui devait rester appartenir aux religieux de Saint-Rémi.

Les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, après avoir remplacé les Templiers dans la possession de la seigneurie de Claire Fontaine, en augmentèrent encore le domaine par de nouvelles acquisitions. Ils achetèrent en mai 1337, de Bertrand, sire de Ballay, et d'Agnès, sa femme, trente-deux journaux de terre, avec les droits de justice et de seigneurie, situés sur le territoire de Ballais ; tenant d'un côté au ban de Verdy, de l'autre, à celui de Clairefontaine, et d'un bout à une ruelle au-dessus des vignes de Ballay. Cette cession, qui comprenait en outre une fauchée de pré sur Clairefontaine, s'était faite moyennant et pour le prix de 8 livres 5 sols tournois 6.

Le revenu de la terre de Clairefontaine était, en 1757, de 360 liv. ; et en 1788, de 500 liv.

 

Maison du Temple de La Dhuy
Département: Ardennes, Arrondissement: Vouziers, canton: Buzancy, commune : Landres-et-Saint-Georges — 08


Domus Hospitalis La Dhuy
Domus Hospitalis La Dhuy

La maison du Temple de La Dhuy n'était, à son origine, qu'une simple grange dimeresse qu'avaient là les Templiers, avec un moulin et un vivier. Nous avons des lettres de Milon de Germaine, du mois de juin 1209, qui portent que Henri, seigneur de Landres, et Mathilde, sa femme, ont vendu aux frères de la chevalerie du Temple, le quart d'un moulin et d'un étang, nommé Ladhuy, « quod dicitur de la Duiz » dont les autres parties appartenaient aux Templiers ; plus le cens de blé que le seigneur de Landres prenait tous les ans sur la grange du Temple, et tout ce qu'il pouvait encore avoir dans le sart de Cueulle (Bois de Cueulle, de nos jours, Bois de Taille-Gueule), « in essarto de Chehueles. » Milon de Germaine, comme seigneur dominant, approuvait et confirmait par ses lettres, cette vente qui s'était faite au prix de 20 livres, monnaie de Reims, et d'une vache.

La grange de Ladhuy fît place ensuite à une maison et à une chapelle qu'y élevèrent les Templiers, et dont ils firent le siège d'un domaine fort important.

Le commandeur de Boux était, au siècle dernier, seigneur de Ladhuy, et y avait la haute, moyenne et basse justice. Son domaine comprenait 370 arpents de labour et de pré, et 404 arpents de pâturage et de bois, dits « les hauts et bas Azoirs », le tout divisé en deux fermes, qui rapportaient, en 1788, 1,600 livres.

Dans l'une des fermes, se trouvait la chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste, où le curé de Landres venait dire, en 1757, la messe un jour par semaine, moyennant une rétribution annuelle de 47 livres.

La commanderie possédait un assez grand nombre de petites dîmes à Bayonville, Sommerance, Cornay, Landres, Fleville, Sivry et autres localités des environs de Ladhuy. Elle en avait aussi du côté de Merlan, à Lavanne, Saint-Masme, Heurtregiville, et vers la Chambre-aux-Loups, à Savigny, Sugny, Condé, etc.

Le revenu général de la commanderie était, en 1495, de 351 livres ; en 1583, de 4800 livres ; en 1757, de 15 ,200 livres ; et en 1788, de 24 ,952 livres.

 

Commandeurs Hospitaliers de Boux et Merlan
1356. Frère Jehan Descorcy ou Destorey.
1363. Frère Guillaume de Chauconin.
1378. Frère Jehan Cassinel.
1412. Frère Louis de Mauregard.
1474. Le chevalier Louis de Garancières.
1495. Le chevalier Georges Hutenhove.
1523. Le chevalier Jehan du Sart.
1569. Le chevalier Jehan Dache.
1574. Le chevalier Charles de La Rama.
1580. Le chevalier Ogier d'Amour.
1663. Le chevalier Adrien de Vignacourt.
1693. Le chevalier Antoine le Tonnelier de Breteuil.
1698. Le chevalier Louis-Roger de Blécourt de Tincourt, général des galères du Roi.
1713. Le chevalier Eustache de Vauquelin des Chênes.
1752. Le chevalier Joseph de Lancry.
1766. Le chevalier Charles-Marie de Guines de Bonnières.
1773. Le chevalier Charles-Casimir de Rogres de Champignelles.
1779. Le chevalier Louis de Mascrani.

Commanderie de Boult et Merlant
Les Chevaliers du Temple
Les Ordres religieux et militaires des Hospitaliers et des Templiers furent institués, après la première Croisade, pour la protection des lieux saints contre les infidèles. Les premiers avaient pour mission d'escorter les pèlerins, de soigner les blessés et ils portaient une croix blanche sur leur manteau ; les seconds se destinaient à la surveillance des routes, et ils avaient comme insigne la croix de drap rouge.

Après la chute du royaume chrétien de Jérusalem, les moines-soldats durent quitter la Palestine ; les Hospitaliers se retirèrent dans l'île de Rhodes qu'il leur fallut ensuite abandonner pour le rocher de Malte ; les Templiers se fixèrent dans leurs manoirs d'Occident et reçurent des princes et des rois toutes sortes de faveurs ; l'archevêque de Reims leur donna l'église de la Trinité, les terres des chanoines de cette église, des biens dans tout le diocèse, entre autres le domaine de Merlan qui nous intéresse plus spécialement. Ce domaine, assis sur des terres de consistance marneuse, s'étendait en longueur depuis notre lieudit de Fond-Thierry jusqu'à la Neuville en suivant la dépression du sol.
Les moines-guerriers le défrichèrent d'une façon étonnante, et ils se firent construire, pour l'exploitation, la vaste et somptueuse habitation de Merlan que nous connaissons : elle comprenait alors une maison de maître, qui existe encore, et des bâtiments à usage de ferme qui ont disparu, le tout renfermé dans une grande cour carrée.
Les caves de la vieille demeure ont bravé les ravages du temps : fermées à double porte, spacieuses et voûtées, avec une cellule dissimulée dans la muraille pour contenir le trésor, elles indiquent de la part des religieux une défiance excessive en même temps qu'elles supposent des revenus vinicoles considérables.

Au midi et sur la rivière, les Templiers établirent un moulin, et tout auprès, ils élevèrent le château de Plumont (1) qu'ils entourèrent de fossés, et dont la chapelle était placée sous le vocable de Saint-Jérôme.
1. Le pré où était le castel porte encore le nom de Plumont.

En 1166, la Suippe et les viviers de Bétheniville débordèrent : le moulin fut emporté par les eaux, le château envahi et presque détruit.
Les Frères transportèrent leur patron à Merlan (2) et, pour les dédommager de leurs pertes, l'archevêque Henri de France leur accorda la terre du Grand-Mont, terram de magno monte, c'est-à-dire les hauteurs nord-est de notre bourg, et un autre seigneur du nom de Gauthier Potrel renonça, en leur faveur, à tous les droits qu'il pouvait avoir sur la terre du vallon de Fond-Thierry (Super terram vallis juxta Mellanium) (3).
2. L'on voit encore dans le fournil de la ferme actuelle les boiseries de la chapelle où le saint a été transféré.
3. Les commandeurs du Grand-Prieuré de France, par Mannier


Cinquante ans après, Guy de Cerisy et Ofelice, sa femme, leur cédèrent la villa d'Osson ou d'Aussonce, et Bauduin de Saint-Pierre leur abandonna toutes les terres et droits seigneuriaux qu'il possédait entre les rivières d'Arne et d'Arnelle. Enfin, en juillet 1239, les moines-guerriers acquirent de Robert de Somme-Vesle et d'Isabelle, vassaux du roi de Navarre, la terre de Ferment-sur-Aussonce, la moitié des moulins et une partie du village de Saint-Médard-sur-Suippe.
Ils ne tardèrent pas à devenir propriétaires de la totalité de ces immeubles ; ils achetèrent encore les moulins d'Hauviné sur l'Ame, si bien qu'à la fin du XIIIe siècle, l'établissement de Merlan était un des plus importants de la Champagne.

A cette époque, l'Ordre du Temple était arrivé à l'apogée de la puissance : il possédait d'immenses richesses, faisait la banque, recevait les dépôts des particuliers et s'occupait d'industrie. Une forte organisation qui tenait les chevaliers sous la main du grand maître, rendait le corps plus redoutable encore que sa valeur et son or. On ne savait ce qui se passait dans ses maisons, tout y était secret, jamais œil profane n'en pénétrait les mystères. Mais de vagues rumeurs parlaient d'orgies, de scandales, d'impiétés. Le roi de France, Philippe IV le Bel, jaloux de leur puissance, encouragea la propagation de ces bruits, les révélations compromettantes.
D'accord avec sa créature, le pape Clément V, il accusa d'hérésie les principaux chefs, les fit arrêter et jeter en prison. Un concile de Reims, présidé par Pierre de Courtenay, condamna au feu neuf malheureux chevaliers qui furent brûlés vifs à Senlis.

Le roi s'empara des trésors, des plus beaux domaines de l'Ordre aboli, et, pour ne parler que de ceux qui nous concernent, il attribua les terres de La Neuville à l'église de cette paroisse. Les seigneuries de Merlan et de Saint-Médard n'étant pas à sa convenance passèrent aux Hospitaliers, frères d'armes des Templiers.
Les Hospitaliers étaient également régis par un Grand-Maître qui avait sous son autorité des Grands-Prieurs, des Baillis, des Commandeurs, des Chevaliers, des Servants d'armes, des Frères-servants d'église, des Frères d'obédience et des donnés-en-demi-croix.

La Commanderie de Boult-aux-Bois, de laquelle dépendaient Pontfaverger et Merlan, jouissait de grands revenus ; elle possédait plus de 3,000 arpents de bois, la belle ferme de la Chambre-aux-Loups, près de Vouziers, et quantité de propriétés isolées dans les départements de la Marne et des Ardennes.
En 1757, les terres seules étaient affermées 1,665 livres et en 1788, 1,800 livres.
Le Commandeur résidait tantôt à Boult, tantôt à Merlan ; il avait à Saint-Médard ses officiers de justice, son moulin banal. Il ne nous parait pas avoir vécu en bonne harmonie avec les chanoines de Notre-Dame, si nous en jugeons par les nombreuses contestations relatives aux droits et aux biens de chacun. Nous avons aussi de bonnes raisons pour le croire égoïste et peu dévoué à la chose publique : en 1774, le roi Louis XVI accorda à la communauté de Pontfaverger une indemnité de 1,200 livres afin de soulager les malheureux sans ouvrage.
Le Commandeur intrigua aussitôt pour que cette somme fût employée à des travaux de charité sur son chemin de La Neuville et sa belle avenue de Merlan (4).
4. Archives départementales, Chalons. C. 1725.

L'ingénieur Huraut de Sorbée consulté pensa avec raison que les travaux seraient plus utiles sur le chemin des troupes de Rethel à Mourmelon, traversant Pontfaverger ; c'est ce qui fut fait, mais pouvons-nous admirer le noble désintéressement du moine seigneur !

Le 12 juin 1798 finit la puissance indépendante des chevaliers de Malte, lorsque Bonaparte, sur l'ordre du Directoire, s'empara de l'Ile avant de se rendre en Egypte.

Voici quelques noms de nos Commandeurs de Merlan :
1245 Renaux de Vichier.
1256 Frères : Jehan Descorcy ou Destorcy.
1363 Guillaume de Chauconin.
1378 Jean Cassinel.
1412 Louis de Mauregard.
1474 Louis de Garanciere.
1495 Chevalier Georges Hutenhove.
Sources : Nicol, Charles. Etude historique sur Pontfaverger et les communes environnantes, page 57 Reims 1895. BNF

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