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Grands-prieurés du Temple en France

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    Grand-Prieuré. Par Anatole de Charmasse

    Templiers et Hospitaliers en Mâconnais, Charollais, Lyonnais, Forez et partie de la Bourgogne d'après une enquête de 1333

    Jusqu'à présent, l'histoire des ordres religieux et militaires du Temple et de l'Hôpital n'a guère été étudiée que dans ce qu'elle a d'épique et de propre à séduire l'imagination. Du premier, en effet, on connaît surtout les exploits en Terre sainte, l'orgueil proverbial, les étranges et mystérieuses pratiques qui lui ont été imputées, la fin tragique ; du second, les luttes vaillantes et prolongées contre l'islamisme. Leur existence d'outre-mer a eu toutes les préférences de l'histoire, et du double rôle qu'ils ont joué en Orient et en Occident, le premier est le mieux et presque le seul connu. On ne nous les a encore montrés que de loin. L'étude de leur situation en Occident et des nombreuses stations qu'ils ont possédées sur notre sol a rencontré beaucoup moins de faveur et leur histoire territoriale et économique est encore à faire (1). Et cependant, les éléments de cette histoire existent en grand nombre : ils ont été rassemblés plusieurs fois avec une avide précision, et par des mains trop intéressées pour en négliger aucun. Quelle était donc la situation, la nature et l'étendue de leurs possessions ? Quel en était le revenu ? En quoi consistaient ces richesses, objet de tant de poursuites ardentes, prétexte de tant d'accusations, cause de tant de persécutions et de ruines ?
    1. On peut cependant consulter sur cette question un Mémoire statistique sur les établissements des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Bourgogne, par C. Lavirotte, dans le Compte rendu des séances du Congrès archéologique de France, tenues à Dijon en 1853.

    Nous pouvons répondre à ces différentes questions pour tous les établissements situés dans le ressort du bailli royal de Mâcon, c'est-à-dire en Mâconnais, Charollais, Lyonnais, Forez et partie de la Bourgogne, au moyen d'une information spéciale dont ils furent l'objet en 1333. Mais avant de faire connaître cette enquête elle-même, il ne sera pas inutile de pénétrer l'intention qui lui donna lieu.

    Les tentatives de Philippe le Bel, durant la guerre contre les Flamands et les Anglais, pour se procurer une force qui lui appartînt en propre et qui le rendit moins dépendant des grands vassaux, avaient été la cause d'embarras financiers que le trésor royal était encore mal préparé à supporter. La persécution des banquiers lombards, plus tard celle des juifs, et l'altération des monnaies, moyens barbares autant qu'inutiles, n'avaient pas procuré au roi les ressources sur lesquelles il comptait pour réaliser le rêve d'une monarchie indépendante et en état de se suffire à elle-même. C'est au milieu de ces difficultés que Philippe le Bel se sentit tout à coup saisi, pour les croisades, d'un zèle extrême. Si on n'en fit pas, jamais on n'en parla davantage. Dès l'année 1301, il se déclare prêt à partir, mais, pour seconder sa bonne volonté, il fallait premièrement que le pape plaçât, entre ses mains, l'argent de l'église et en particulier les richesses de l'ordre du Temple, qui ne remplissait plus sa mission. Tel est le mot d'ordre donné à tous les agents royaux, répété partout, à Rome et aux états généraux de 1302 ; tel est le thème que les conseillers du prince, Guillaume de Nogaret et Pierre du Bois, font valoir dans des écrits qui n'ont pas tous péri (2).
    2. Voir en particulier le traité De recuperatione Terræ sanctu, de Pierre du Bois, dans le Gesta Dei per Francos, de Bongars, 2° p.

    Plus les embarras, augmentent, plus le trésor est à sec, et plus le roi témoigne d'ardeur et d'impatience, plus il gourmande la papauté de sa tiédeur à s'associer à ce merveilleux projet. Ce n'est plus contre les Flamands et les Anglais, c'est contre les infidèles qu'il prétend tourner tous ses efforts. Il semble, en vérité, que le roi de France ait toujours eu en quelque sorte le pied à l'étrier et que le refus du pape de placer entre ses mains les possessions ecclésiastiques ait seul comprimé les effets de la piété royale. La conquête de la Terre sainte, au moyen des richesses du Temple, paraît être la pensée constante du règne : elle n'est en réalité que le masque sous lequel Philippe le Bel dissimule ses visées et dont il couvre ses embarras, qu'un moyen détourné d'acquérir les ressources destinées à un objet tout différent. La conquête des biens du clergé, dans un but de domination et d'assujettissement universel, était en effet seule en cause. Personne ne s'y trompa. Le dénouement de cette intrigue est bien connu : on sait qu'après avoir obtenu du pape la condamnation et la suppression des Templiers, Philippe le Bel n'obtint pas leurs biens qui furent attribués aux chevaliers de l'Hôpital.

    Cet échec ne paraît pas avoir découragé ses successeurs que nous voyons également prompts à prendre la croix et à solliciter des subsides dont les pontifes d'Avignon ne se montrèrent pas avares. En 1332, par une nouvelle promesse de croisade, Philippe de Valois avait obtenu du pape les décimes de tous les revenus du clergé de France pendant six ans. C'est précisément l'année suivante que le roi prescrivit de faire sur les biens de l'ordre du Temple une enquête qu'on ne peut attribuer à un simple mouvement de curiosité et dans laquelle il est permis de voir les éléments d'un appel plus vaste aux largesses pontificales. Cette supposition ressort clairement du texte des lettres royales qui furent adressées à cet effet au bailli de Mâcon : « ... Nous voulons pour certaine cause et vous mandons que sanz delay vous vous informez combien de rentes et de revenus par an les frères de l'Ospitau de Saint-Jehan de Iherusalem ont en vostre baillic pour raison de l'Ospitau et combien pour cause du Temple, et sachiez quaus maisons ils ont en ladite baillie et le nom de chascune, et lesquelles sont de l'Ospitau et lesquelles du

    Temple... » Si l'on rapproche cette distinction, si soigneusement prescrite, entre les biens de l'Hôpital et ceux du Temple, de la convoitise que ceux-ci avaient toujours inspirée et de l'état d'épuisement où se trouvait alors le trésor royal, il n'est guère permis de douter que Philippe de Valois n'ait eu la pensée de reprendre pour son propre compte la tentative avortée de Philippe le Bel et d'appliquer à son profit des biens que la suppression des Templiers avait laissés sans destination spéciale et dont la dévolution aux Hospitaliers paraissait peu justifiée. Nous savons que la réunion de ces biens au domaine royal ne s'accomplit pas, soit que la volonté du souverain Pontife se soit refusée à créer un semblable précédent, soit que le respect dont jouissaient les propriétés ecclésiastiques ne l'ait pas permise. En dépit de tant de brigues, les chevaliers de l'Hôpital demeurèrent substitués aux droits du Temple et ils restèrent, jusqu'à la fin, les héritiers de ses biens et de sa mission.

    Quelle qu'ait été l'issue de ce projet, cette enquête ne constitue pas moins pour nous une source très précieuse et en même temps très précise d'information sur le nombre et l'importance des établissements que les deux ordres religieux et militaires du Temple et de l'Hôpital possédaient dans la région, et nous ne pouvons mieux faire que de l'utiliser pour mettre au jour la situation et l'étendue de leurs possessions.

    Le manuscrit original de l'enquête, qui fut faite dans le ressort du bailli royal de Mâcon, provient de l'ancien fonds Gaignières, où il était coté sous le numéro 715, et il fait aujourd'hui partie du fonds Français de la Bibliothèque nationale, où il porte le numéro 24040. Primitivement en forme de rotulus, il a été récemment coupé en feuilles et mis en l'état d'un volume petit in-folio.

    Nous allons d'abord placer sous les yeux du lecteur le texte même de cette enquête, en l'accompagnant de notes géographiques destinées à établir le nom actuel et à déterminer la situation de chacune des différentes stations de Templiers et d'Hospitaliers dont il est question. Il conviendra ensuite d'apprécier le chiffre des revenus et de faire connaître les devoirs particuliers qui étaient attachés à leur possession.
    INFORMATION PAR JEHAN DE PAROY, JUGE DES APPAUX DE LYON, SUR LA VALEUR DES RENTES ET DES REVENUS DES BIENS DE L'OPITAL DE S. JEHAN DE JERUSALEM, ET DES BIENS QUI FURENT JADIS DU TEMPLE, AU BAILLIAGE DE MASCON, EN L'AN 1333.
    Je Jehan de Paroy, clers du Roy nostre sire et juges par luy des appeaus et du ressort de Lion, fais assavoir à touz que j'ay recehu de noble homme monseigneur Philippe, seigneur de Chauviry, ballif de Mascon, une commission séalée du seel de sa court contenant la forme qui s'ensuit :

    Philippus, dominus de Chauviry, miles, domini nostri regis baillivus Matisconensis, discreto viro magistro Johanni de Paredo, dicti domini regis clerico, judici majori causarum appellationum civitatis et ressorti Lugdunensium, salutem et dilectionem. Patentes litteras régias nos recepisse noveritis in hec verba : Philippe par la grâce de Dieu roys de France, au bailli de Mascon ou à son lieutenant, salut. Nous volons pour certaine cause et vous mandons que sanz délay vous vous informez bien et diligemment et en toute la meilleure manière que vous porrez combien de rentes et de revenus par an les frères de l'Ospitau de Sain Jehan de Jherusalem ont en vostre baillie pour raison de l'Ospitau, et combien pour cause du Temple. Et sachiez aussi quans maisons il ont en ladite baillie, et le non de chascune, et lesquelles sont de l'Ospitau et lesquels du Temple. Et l'informacion que faite en aurez nous envoiez souz vostre seel enclose le plus briément que vous porrez. Donné à Poissi le XXIXe jour d'octobre l'an de grâce mil ccc trente-trois.

    Quarum litterarum auctoritate et virtute, vobis de cujus legalitate et industria ad plenum confidimus, committimus et mandamus quatinus loco nostri, de et super contentis in dictis litteris regiis, visis presentibus, et absque dilatione quacumque, vos diligencius de poncto in ponctum informetis, nichil de contentis in ipsis litteris obmittendo, et informacionem quam inde feceritis, vocato vobiscum ad hoc quodam notario regio publico, nobis quam cicius poteritis sub vestro inclusam sigillo et signo dicti notarii signatam apportetis fideliter vel mittatis, ut eam inclusam domino nostro regi transmittere possimus, juxta dictarum litterarum continenciam et tenorem ; mandantes omnibus et singulis dicti domini regis subditis, ut vobis in premissis et ea tangentibus pareant efficaciter et intendant. Datum Matiscone sub sigillo curie nostre, die mercurii post festum Circumcisionis Domini, anno ejusdem mo ccco tricesimo tercio.

    Par la vertu de laquel commission je suy descenduz et venuz ès maisons de ladicte baillie de Mascon qui jadis furent du Temple et en celles qui ores sont et ont esté de l'Ospital de Seint Jehan de Jherusalem, et selonc ma forme de madicte commission, j'ai enquis au plus diligemment que j'ai pehu la valeur des rantes et des revenus desdites maisons, des granges et des appartenances d'icelle, appelé avec moy pour notaire Estiene dit Convers du Bois (1), notaire du Roy notre sire.
    1. Bois-Sainte-Marie, canton de la Clayette, Saône-et-Loire.

    Etude de Anatole de Charmasse

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    De la juridicion, des loux investitures et intrages n'est faite nulle estimacion ni mencion, car c'est chouse qui ne se puet estimer, ni des bois aussi, car il sunt despenduz et mis tuis es us et necessités des maisons et hospital et ne leur puent pas suffire.
    Summe toutal de toutes les summes dessus dites 3,507 L. 3 s. 6 d. et 6 b. tournois

    Et sunt les chouses dessus dits assises en l'assise encienne, car selonc le temps qui court ores, elle derient bien plus valoir le tier denier qu'elles ne sont assises. Et je Guillaume de Paroy cler notaire du Roy ay escript cest présent rolle du commandement et de la volonté dudit mestre Jehan de Paroy.
    Ita est [locus signi] G. DE PAREDO.

    D'après cette enquête, les maisons qui appartenaient aux Templiers, dans le ressort du bailli royal de Mâcon, étaient au nombre de vingt-deux et elles jouissaient d'un revenu de 1,087 Livres. 7 s. 4 d. Quelle somme ce revenu représenterait-il aujourd'hui ? Si nous prenons pour exemple et pour base d'évaluation la commanderie de Bellecroix, on constate que le revenu de cette maison, qui était de 175 Livres. 14 s. 8 d. en 1333, se trouvait de 15,100 Livres lors de l'enquête qui fut faite en 1775 sur les biens de l'ordre de Malte, soit qu'il était représenté par un chiffre environ 87 fois plus élevé qu'en 1333. En appliquant cette évaluation aux vingt-deux maisons du Temple, nous trouvons que leur revenu de 1,087 Livres 7 sols 4 deniers eût été d'environ 94,769 Livres en 1775, et qu'il serait aujourd'hui de 379,076 francs en estimant la valeur de l'argent quatre fois plus forte, il y a cent ans, que de nos jours.

    Si les Templiers possédaient un tel revenu dans le ressort, relativement restreint, du bailli de Mâcon, on peut supposer les richesses que l'ordre entier avait en sa possession et s'expliquer ainsi l'intérêt que la royauté obérée du quatorzième siècle avait à s'en rendre compte et à les connaitre exactement.

    Mieux partagés encore, les Hospitaliers comptaient, dans la même région, quarante-six stations d'un revenu de 2,419 Livres 6 s. 2 d. en 1333, soit de 210,453 Livres en 1775, qui vaudraient 841,812 francs aujourd'hui.

    On ne peut expliquer cette rapide fortune sans admettre, qu'en dehors de leur rôle militaire en Orient, les deux ordres du Temple et de l'Hôpital aient encore rendu en Occident des services généralement appréciés et propres à leur attirer la faveur et la reconnaissance des contemporains. En effet, après leur mission, si intelligemment comprise, au douzième siècle, d'être les représentants armés et permanents, et comme les fondés de pouvoir de la chrétienté unie contre le croissant, ils remplissaient encore, dans leur propre pays, un devoir d'hospitalité et de protection.

    Les établissements des Templiers et des Hospitaliers étaient de deux sortes ; les maisons, où résidaient les principaux dignitaires de l'ordre : lieu d'instruction et de préparation aux guerres d'outre-mer pour les jeunes chevaliers, de repos entre les campagnes, de retraite pour ceux que l'âge ou les blessures rendaient impropres aux fatigues de la vie militaire ; et les granges, d'un caractère plus spécialement agricole et qui étaient le centre des exploitations rurales. Malgré leur destination subalterne, celles-ci étaient également habitées par les chevaliers et concouraient aussi à la mission hospitalière et protectrice des deux ordres. Ainsi, nous voyons, dans le procès des Templiers, que le frère Geoffroid de Montchausit avait prononcé ses voeux dans la grange de Montillet, en présence de quatre ou cinq chevaliers (1), et qu'après sa réception dans la maison de Mormant, au diocèse de Langres, le frère Jean Taylafer avait été envoyé dans une certaine grange, nommée Beauvoir, où il résida pendant un an (2).
    1. Procès des Templiers, tome II, page 181.
    Frater Gaufredus de Montchausit serviens, Claramontensis diocesis, Dixit enim se fuisse receptum, in festo Purificacionis beate Marie proximo preterito fuerunt circiter XIIII anni, in grangia Templi de Montilio Claramontensis diocesis.
    2. Procès des Templiers, tome I, page 188.
    Johannes Taylafer de Gene diocesis Lingonensis, mantello et habitu ordinis Templi, in ordine Templi, in domo Templi vocata Mormant


    Le devoir d'hospitalité était non-seulement inscrit dans les constitutions des Templiers et des Hospitaliers, mais il était en effet universellement pratiqué dans tous leurs établissements. C'est ce qui ressort même, presque à chaque page, des témoignages recueillis contre l'ordre du Temple. Tous les témoins sont unanimes sur cet article : « Ellemosine bene fiebant et hospitalitas servabatur (1) »
    1. Procès des Templiers, tome I, pages 181, 192, 220.

    Partout, on accueillait les passants et on leur servait une nourriture suffisante : « Vidit fieri et servari hospitalitatem et bene recipi bonos homines et victualia eis ministrari (2). »
    2. Procès des Templiers, tome I, page 247.

    On les recevait gracieusement, « leto vultu (3) », et l'hospitalité s'étendait à tous les voyageurs sans aucune distinction, « omnibus transeuntibus (4) ».
    3. Procès des Templiers, tome I, page 252.
    4. Procès des Templiers, tome I, page 350.


    C'était surtout dans les temps de disette que les portes s'ouvraient plus largement encore que de coutume : « elemosine et hospitalitas bene servabantur in ordine, et melius tempore caristie quam habundancie (5.) »
    5. Procès des Templiers, tome I, page 433.
    Dans une année de grande cherté, la seule maison de Raineville, au diocèse d'Evreux, avait ainsi distribué des secours à 11 424 affamés (6).
    6. Procès des Templiers, tome I, page 430.

    La plupart des donations qui étaient faites aux Templiers avaient d'ailleurs ce devoir d'hospitalité pour objet principal et le grand nombre des legs prouve que la confiance des donateurs était justifiée et que le but était atteint : « Sicut ordinaverant alii qui bona sua relinquerant ordini pro ipsis ellemosinis faciendis et hospitalitate servanda. (7) »
    7. Procès des Templiers, tome I, page 198.

    Les maisons de Templiers et d'Hospitaliers étaient principalement établies à proximité des voies romaines et des grands chemins. Cette situation, qui peut faire croire, non sans vraisemblance, que, dans bien des cas, elles avaient succédé aux mansiones de l'empire romain, facilitait leur devoir d'hospitalité et de protection à l'égard des voyageurs et des pèlerins.

    On sait en effet qu'il existait, sur le passage des grandes voies de l'empire, des gîtes d'étape, destinés au repos des troupes (1), et des postes occupés par ces « milites stationarii » qui veillaient à la sécurité publique.
    1. « Mansiones erant publica diversoria in quæ principes ut et rectores quin et milites expeditionis tempore, ut et alii cursu publico utentes, diver: tebant, in hiis ideo species annonariæ servandæ condebantur. » Codex Theodos. Comment.

    Ces lieux d'asile et de repos sont fréquemment mentionnés dans les lois romaines et des curatores spéciaux étaient préposés à leur entretien (2). En 369, un rescrit de l'empereur Valentinien 1er ordonne encore la réparation de ces mansiones (3), qui subsistèrent même après la destruction de l'empire et que Charlemagne fit plus tard restaurer. (4)
    2. « Curatores ad extruenda vel reficienda ædificia publica, sive palatia, sive navalia aut mansiones destinantur. » Arcadius juris. De muneribus et honoribus.
    3. « Ita enim judices mansiones instruere et instaurare nitentur. » Codex Theod, tome I, page 46.
    4. Sur la voie d'Autun à Mâcon, on rencontre la Tour du Bost, la Tour de Bassy, la Tour des Bois, la Tour de Champagne, qui doivent leur origine sans doute à quelque poste fortifié, de même que la Tour de Vers, près Sennecey, sur la voie d'Agrippa.


    En voyant, trois siècles après, les Templiers et les Hospitaliers en possession d'un certain nombre de postes fortifiés à proximité des principales voies romaines, il est difficile d'éviter tout rapprochement entre les « milites stationarii » et la milice chevaleresque que nous trouvons établie dans une condition semblable à celle des premiers. Ainsi, sur la grande voie d'Agrippa, de Lyon à Boulogne, on rencontre successivement et à peu de distance les unes des autres les maisons d'Aluze, de Chalon, de Sevrey, de Rougepont, de Montbellet, de Mâcon, de Belleville, l'antique Lunna, de l'itinéraire d'Antonin, et d'Anse, l'Assa Paulini de la carte de Peutinger ; sur la voie directe d'Autun à Mâcon, les maisons d'Ecoutot, de Nuits, de Genouilly, d'Azé ; sur la voie d'Autun à Besançon, celles de Champignolle et d'Echarnant ; sur celle d'Autun à Langres, la maison de Sombernon. On ne peut admettre que ces établissements se soient ainsi trouvés placés sur les grandes voies de communication par l'effet du pur hasard et sans aucun rapport avec les devoirs de défense et de protection que les Templiers et les Hospitaliers trouvaient dans les constitutions de leur ordre comme dans les traces et les souvenirs laissés aux mêmes lieux par les « stationarii » du quatrième siècle. C'est par leur fidélité à ces devoirs intérieurs d'hospitalité et de défense publique que les deux ordres militaires avaient acquis la faveur universelle. Ils ne se sont pas bornés à guerroyer au dehors et à défendre la chrétienté contre cet adversaire dont l'Europe a tant de peine à se débarrasser aujourd'hui ils ont encore protégé leurs contemporains contre ces ennemis la pauvreté et la violence qui sont de tous les temps et que notre humanité connaîtra toujours.
    Sources : Anatole de Charmasse. état des possessions des Templiers et des Hospitaliers en Mâconnais, Charollais, Lyonnais, Forez et partie de la Bourgogne d'après une enquête de 1333. Extrait des mémoires de la société Eduenne; nouvelle série, tome VII. H. Champion, Paris, Autun 1878. - Livre numérique Google
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