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Première Croisade par Foulcher de Chartres

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    Année 1100 Pâques à Tibériade

    Le premier jour de l'année 1100 depuis l'incarnation du Seigneur, nous coupâmes des branches de palmier dans Jéricho, et les arrangeâmes soigneusement pour les emporter avec nous.

    Le second jour de cette même année commença notre retour. Il plut alors à nos chefs de passer par la ville de Tibériade, près la mer de Galilée, qui, formée par la réunion des eaux douces sur le même point, à dix-huit mille pas de longueur et cinq mille de largeur.
    Nous traversâmes ensuite Césarée, nommée Paneas en langue syriaque, et située au pied du mont Liban. Là jaillissent deux sources qui donnent naissance au fleuve du Jourdain, lequel coupe en deux la mer de Galilée, et va ensuite se jeter dans la mer Morte. Ce lac appelé Gennesar (lac de Tibériade) se déploie sur une étendue de quarante stades en largeur et cent en longueur, selon Josèphe.

    Nous arrivâmes ensuite au château qu'on nomme Balbec, bâti dans une forte position ; en cet endroit, des Turcs de Damas, au nombre d'environ trois cent hommes d'armes vinrent à notre rencontre ; comme on leur avait dit que nous étions sans armes et épuisés par la fatigue d'une longue route, ils espéraient pouvoir nous nuire de manière ou d'autre. De fait, si par hasard ce jour-là le seigneur Baudouin n'eût pas veillé avec sollicitude à la garde de nos derniers rangs, ces mécréants auraient certainement tué beaucoup de nos gens ; ceux-ci en effet, se trouvaient sans aucun moyen de se défendre, faute d'arcs et de flèches, qui, fabriqués à l'aide de la colle, avaient été détruits par les pluies.
    Quant à Bohémond, il marchait en tête de la première ligne de notre armée. Mais ces Infidèles, Dieu aidant, n'obtinrent sur nous aucun avantage, et nous campâmes devant le château fort dont j'ai parlé ci-dessus.

    Le lendemain nous reprîmes notre chemin, et nous passâmes sous les murs de Tortose ou Tartous et de Laodicée.
    Là, c'est-à-dire à Laodicée, nous trouvâmes le comte Raymond, que nous regrettions tant de n'avoir pas eu avec nous lorsque nous allions à Jérusalem. Cette ville au surplus, n'avait que peu de vivres, nous ne pûmes acheter aucun approvisionnement pour la route, et nous fûmes forcés de gagner en toute hâte la cité d'Edesse
    Forteresse d'Edesse ou Urfa
    sans nous arrêter.
    Avant que nous y fussions, Bohémond arriva à Antioche, où les siens le reçurent avec grande joie. Il en occupa le trône pendant six mois encore ; mais dans le mois de juillet suivant, comme il se rendait avec une suite fort peu nombreuse à une ville nommée Mélitène, qu'avait promis de lui remettre un certain Arménien nommé Gabriel, qui en était le chef, et avec lequel il avait conclu, par députés, un traité d'amitié réciproque, un émir, appelé Danisman, vint à sa rencontre avec une immense multitude de Turcs. Celui-ci avait formé le projet d'intercepter tout passage à Bohémond : au moment donc où ce dernier marchait si imprudemment, la gent scélérate des Infidèles, s'élançant de toutes parts, et non loin de la susdite ville, hors des embuscades où elle se tenait cachée, fondit tout à coup sur les Francs et les habitant de la Pouilles ; les nôtres, qui n'avaient pas cru aller au combat, et étaient en petit nombre, furent bien vite mis en fuite et dispersés, Les Turcs en tuèrent cependant beaucoup, qu'ils dépouillèrent de tout leur argent. Pour Bohémond, ils le prirent et remmenèrent en captivité.
    Ceux qui échappèrent répandirent promptement au loin la nouvelle de ce malheur, et la désolation fut grande parmi les nôtres. Alors Baudouin, duc de la ville d'Edesse, rassembla tout ce qu'il put de Francs ainsi que d'hommes d'Edesse et d'Antioche, et ne perdit pas un instant à aller chercher les ennemis dans le lieu où il apprenait qu'il les trouverait. Déjà Bohémond, ayant coupé une boucle des cheveux de sa tête, avait envoyé à Baudouin ce signe convenu d'avance entre eux pour lui inspirer confiance dans son messager, et chargé celui-ci d'engager le prince d'Edesse à venir promptement à son secours ; mais Danisman, instruit de cette démarche, et redoutant la valeur éprouvée de Baudouin, ainsi que la vengeance des Francs, n'osa demeurer plus longtemps sous les murs de Mélitène dont il avait formé le siège, se retira lentement devant nous, et retourna dans son propre pays.
    Vivement affligés de sa retraite, et brûlant du désir de le combattre, nous le poursuivîmes par delà cette cité pendant trois jours entiers, comme nous revenions sans avoir pu l'atteindre le susdit Gabriel remit sa ville entre les mains de Baudouin qui contracta amitié avec lui, et rentra dans Edesse.

    17 juillet 1100, mort de Godefroy de Bouillon

    Au moment où Baudouin jouissait ainsi des faveurs de la prospérité, arrive un messager qu'il lui annonce que son frère Godefroi a terminé ses jours à Jérusalem le 17 juillet, la seconde année depuis la prise de la Cité Sainte, et que tout le peuple de cette ville l'attend pour le mettre à la tête du royaume comme successeur et héritier de son frère mort.
    Dès qu'il a reçu cette nouvelle, un peu triste de la perte de son frère, mais bien plus joyeux de l'héritage qu'il va recueillir, il prend conseil de ses amis, confie et afferme la terre qu'il possède à un certain Baudouin son parent, rassemble sa petite armée composée d'environ sept cent hommes d'armes et autant de fantassins, et se met en route pour Jérusalem le deuxième jour d'octobre.
    Quelques uns s'étonnaient qu'avec un corps si peu nombreux il osât parcourir tant de régions remplies d'ennemis ; aussi plusieurs, tremblants et effrayés, quittèrent-ils notre armée secrètement, et sans que nous en sussions rien.
    Les Turcs et les Sarrasins, ayant appris que nous marchions en si petite troupe, se réunirent tous en aussi grand nombre qu'ils purent, et vinrent en armes pour nous couper la route à l'endroit ou ils espéraient nous attaquer avec plus d'avantages, nous traversâmes Antioche, et continuâmes notre chemin en passant devant Laodicée, Gibel, Méraclée, Tortose ou Tartous, le fort d'Archas et la cité de Tripoli.
    Lorsque Baudouin fut établi sous sa tente, le roi de cette dernière ville lui envoya du pain, du vin, du miel sauvage, des moutons, et lui fit connaître, par un message écrit, que Ducac, roi de ceux de Damas, et un certain émir le Ginahaldole, prince d'Alep, nous attendaient avec des Turcs, des Sarrasins et des Arabes, sur la route par laquelle ils savaient que nous devions passer, et se disposaient à tomber sur nous.
    Nous n'ajoutâmes d'abord aucune foi à cette nouvelle, mais nous en reconnûmes ensuite l'exactitude. Non loin de la ville de Béryte (Beyrouth), et à environ cinq milles de distance, était en effet un chemin qui côtoyait la mer, inévitable pour nous comme pour tous ceux qui allaient de ce côté, et beaucoup trop resserré pour le passage d'une armée. Si des ennemis s'étaient fortifiés à l'avance dans ce défilé, cent mille hommes d'armes n'auraient pu le traverser en aucune manière, à moins d'en avoir fait occuper l'étroite entrée par cent ou soixante-dix soldats bien armés ; c'est là que les Infidèles se flattaient de nous arrêter, et de nous égorger tous.
    Lorsque en effet les coureurs qui nous précédaient approchèrent dudit passage, ils aperçurent plusieurs de ces Turcs séparés de leurs compagnons, qui s'avançaient contre nous, et attendaient notre arrivée. A cette vue, nos éclaireurs, persuadés que derrière ces Païens se cachaient des troupes beaucoup plus nombreuses, envoient un courrier instruire le seigneur Baudouin de ce qu'ils ont découvert.
    A cette nouvelle, celui-ci range aussitôt en bataille, suivant les règles de l'art, son armée divisée en plusieurs lignes, et nous avançons contre l'ennemi, bannières déployées, mais à pas lents.
    Reconnaissant que le combat ne tarderait pas à s'engager tout en marchant à l'ennemi, nous sollicitions pieusement, avec la componction de cœurs purs, le secours du Très-Haut.
    L'avant-garde des Infidèles en vient promptement aux mains avec notre première ligne, plusieurs des leurs sont tués dans cette escarmouche, et quatre des nôtres y perdent également la vie.
    Les deux partis ayant bientôt cessé ce combat, on tint conseil, et l'on ordonne de placer notre camp dans un endroit plus rapproché de l'ennemi, de peur que celui-ci ne nous croie frappés de terreur, ou prêts à fuir, si nous abandonnons la place.
    Nous affichions une chose, mais en pensions une autre, nous feignions l'audace, mais nous redoutions la mort.
    Retourner sur nos pas était difficile ; aller en avant était plus difficile encore : de toutes parts l'ennemi nous tenait assiégés ; d'un côté, ceux-là du haut de leurs vaisseaux ; de l'autre, ceux-ci du sommet des montagnes nous pressaient sans relâche.
    Ce jour-là, nos hommes et nos bêtes de somme ne goûtèrent ni nourriture ni repos.
    Quant à moi, j'aurais mieux aimé être à Chartres ou à Orléans que dans ce lieu.
    Toute cette nuit nous la passâmes donc ainsi hors de nos tentes, accablés de tristesse et sans fermer l'œil.
    Au petit point du jour, et quand l'aurore commençait à chasser les ténèbres de dessus la terre, on tînt de nouveau conseil pour décider si nous tâcherions de vivre encore, ou s'il nous fallait mourir : on s'arrêta au parti de lever les tentes et de rebrousser chemin, en faisant marcher devant les bêtes de somme chargées de nos bagages et chassées par les valets de l'armée ; les hommes d'armes suivent, et les défendent avec vigilance contre les attaques des Sarrasins.
    Dès le grand matin, en effet, ces Infidèles, nous voyant retourner en arrière, descendent en toute hâte pour nous poursuivre comme des fugitifs : les uns nous attaquent de dessus la mer à l'aide de leurs vaisseaux ; les autres nous talonnent en arrière par le chemin que nous suivons ; d'autres encore, tant cavaliers qu'hommes de pied, nous poussent devant eux à travers les montagnes et les collines comme des moutons qu'on ramène dans la bergerie : ce qu'ils veulent, c'est, quand nous aurons traversé une petite plaine qui se trouve là, nous arrêter à la sortie qui se rétrécit extrêmement entre la montagne et la mer, et nous massacrer sans peine.
    Mais il n'en arriva pas comme ils l'espéraient.
    Nos chefs en effet avaient concerté leur plan, en disant : Si nous parvenons à contenir dans cette plaine ouverte ces gens qui nous poursuivent, peut-être nous retournant contre eux et combattant avec courage, réussirons-nous, Dieu aidant, à nous arracher de leurs mains.
    Déjà les Païens s'élancent hors de leurs vaisseaux, et, quittant leurs embuscades coupent la tête à ceux des nôtres qui marchaient imprudemment trop près du rivage de la mer ; déjà ils descendent sur nos derrières, dans la plaine dont il vient d'être parlé, déjà ils lancent contre nous une grêle de flèches, et criant après nous comme des chiens qui aboient ou des loups qui hurlent, nous accablent d'injures.

    Que dirai-je de plus ?

    Nulle part ne s'offre un lieu où nous puissions trouver asile ; aucune voie ne nous est ouverte pour échapper à la mort, aucune issue ne nous permet de fuir ; aucun espoir de salut ne nous reste si nous demeurons où nous sommes.
    Salomon ne saurait quel parti prendre et Sanson ne pourrait vaincre.
    Mais le Dieu de toute clémence et de toute puissance, daignant jeter un regard du haut du ciel sur la terre, et voyant notre humilité, notre détresse et le péril où nous sommes ainsi tombés pour son service et par amour pour lui, se sent touché de cette pitié arec laquelle il secourt si justement les siens au moment du danger.
    Tout à coup il donne dans sa miséricorde, à nos hommes d'armes une telle audace de courage, que faisant subitement volte-face, ils mettent en fuite, par un chemin qui se partage en trois branches ceux qui les poursuivaient naguère, et ne leur laissent pas même reprendre l'envie de se défendre.
    D'entre ces Barbares, les uns se précipitent du haut des roches escarpées ; les autres courent en toute hâte vers les lieux qui leur présentent quelques chances de salut ; d'autres enfin sont atteints et périssent par le tranchant du glaive.
    Vous auriez vu leurs vaisseaux nous fuir avec célérité à travers les ondes, comme si nous eussions pu les saisir de nos mains, et eux-mêmes dans leur effroi gravir, d'un pas rapide, les montagnes et les collines.
    Les nôtres glorieux d'un si grand triomphe, reviennent alors, pleins de joie, rejoindre les valets qui, pendant l'action, avaient soigneusement gardé dans le chemin les quadrupèdes chargés de nos bagages, et tous nous payons un juste tribut de louanges et de reconnaissance à ce Dieu qui s'est montré pour nous un si puissant auxiliaire, au milieu de la cruelle nécessité sous laquelle nous succombions.

    ô combien furent alors admirables les actes de Dieu !
    Que ce miracle fut grand et digne de rester gravé dans la mémoire !
    Nous étions vaincus, et de vaincus nous devînmes vainqueurs.
    Ce n'est pas nous qui avons vaincu ; mais comment n'aurions-nous pas vaincu ?
    Celui qui a vaincu, c'est celui qui seul est tout-puissant.
    Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
    Et vraiment il fut alors pour nous et avec nous, accomplissant en nous ce que le prophète a dit aux Israélites :
    Si vous marchez selon mes préceptes, si vous gardez et pratiquez mes commandements, je vous ferai ce don :
    cinq d'entre vous en poursuivront cent et cent d'entre vous en poursuivront dix mille.
    Parce que nous supportions jour et nuit, des fatigues de tout genre pour le service du Seigneur, il a dans sa justice brisé l'orgueil de ces perfides. Parce que nous servions le Seigneur avec dévouement, et d'une âme accablée de tribulations, il a regardé en pitié notre humble faiblesse.
    On ordonna enfin de déployer les tentes et de réunir les dépouilles ainsi que les armes des morts. Ceux qui avaient pris des chevaux avec des selles et des mors dorés les amenèrent également, Dès que cette nuit-là fut passée, et de grand matin conformément à ce qui fut sagement arrêté, nous retournâmes en arrière jusqu'à un certain château qui avait été ravagé ; là on fit, avec équité, le partage entre les hommes d'armes, des chevaux et des autres choses prises sur les Turcs ; puis, quand la nuit vint, nous nous reposâmes sous des oliviers et des arbrisseaux.

    Le lendemain au point du jour, Baudouin avec sa valeur accoutumée se fait suivre d'autant de ses hommes d'armes qu'il juge à propos, s'élance sur son coursier et s'avance rapidement jusqu'à cet étroit chemin, où nous avons été si odieusement maltraités, il veut s'assurer si les Sarrasins l'occupent encore.
    Arrivé à ce défilé il n'y trouve aucun des Infidèles ; tous, dispersés par nos armes, avaient fui désolés : il loue Dieu, et ordonne d'allumer sur-le-champ des feux, pour signal sur le sommet de la montagne, afin qu'à la vue de la fumée, ceux d'entre nous qui étaient demeurés dans le camp suivissent sans délai ceux qui avaient pris les devants.
    Dès que le feu fut allumé nous l'aperçûmes et louâmes le Seigneur ; puis suivant nos éclaireurs vers le point qu'indiquait le signal, nous trouvâmes, grâce à Dieu, le chemin libre et ouvert, et suivîmes la route après laquelle nous soupirions.

    Ce même-jour-là nous campâmes près de la ville Béryte (Beyrouth) ; l'émir de cette cité ayant appris, envoya sur des chaloupes à Baudouin, mais plus par crainte que par amour des approvisionnements pour plusieurs jours de route.
    Ceux qui habitaient les autres villes, devant lesquelles nous passions, telles que Sidon Tyr et Accon ou (Acre, Ptolémaïs), en firent de même, et tous, quoique ayant le cœur plein de malice, affectaient les dehors de l'amitié.
    Tancrède possédait alors le château de Cayphe, que l'on avait emporté de vive force l'année même de la prise de Jérusalem, mais, comme à cette époque Tancrède était mal disposé envers Baudouin, nous n'y entrâmes pas. Tancrède cependant n'y était pas dans ce moment ; aussi les siens qui nous tenaient pour des frères et désiraient fort nous voir, nous vendirent du pain et du vin.
    Nous dépassâmes ensuite Césarée de Palestine et le fort d'Arzuth ou Assur, que les ignorants croyaient être Azoth, l'une des cinq villes des Philistins, située entre Joppé ou Jaffa et Ascalon, et réduite aujourd'hui à l'état d'un misérable bourg en ruines. Nous parvînmes enfin à Joppé, où nos Francs reçurent joyeusement le Seigneur Baudouin comme leur roi.
    De là, sans nous arrêter, nous marchâmes en grande hâte vers Jérusalem.

    Comme nous approchions de la Cité Sainte, tous, tant clercs que laïques, vinrent au devant de Baudouin, les Grecs et les Syriens accoururent aussi portant des croix et des cierges ; tous louant à haute voix, le Seigneur, accueillirent avec beaucoup d'honneur et de solennité leur nouveau roi et le conduisirent jusqu'à l'église du sépulcre du Sauveur.
    A cette entrée pompeuse ne se trouva point le patriarche Daimbert : certains individus l'avaient accusé auprès de Baudouin, auquel il en voulait ; et de plus il s'était rendu odieux à la majeure partie du peuple. Aussi, dépouillé de son siège, vivait alors sur le Sion, et y demeura jusqu'au moment où sa criminelle malveillance lui fut pardonnée.
    Sources : Textes de Foulcher de Chartres - Collection des mémoires relatifs à l'Histoire de France ; Editions J-L. J.Brière, Librairies : Paris 1825

    Baudouin et les Génois

    Notes

    1. Sidon ou Saida, à 48 kilomètres au Sud de Beyrouth.
    2. Ptoléamïs : Cette ville porte un double nom, et s'appelait Ptolémaïs ou Accon, parce qu'elle fut, dit-on, fondée par deux frère, l'un appelé Ptolémée et l'autre Accon, qui lui imposèrent chacun son nom.
    Sources : Collection des Mémoires de France Relatif à L'Histoire de France - M. Guizot - Paris 1825. Les historiens Latins des croisades lui ont souvent donnés les noms d'Acco, d'Acca et en Arable Akka, en Hébreu aKKo.
    3. Césarée : Hérode fonde la ville portuaire de Césarée, dont il fera la capitale administrative de la Judée. Loin de Jérusalem, Hérode veut faire de Césarée une ville moderne romaine. Il y fera notamment bâtir un amphithéâtre, un port, et un aqueduc.
    4. Arsuth, ASSUR ou Antipatris ville de Palestine voisine de Joppé. Est assiégée par Godefroi de Bouillon et prise par sou successeur Baudouin Ie. Baudouin s'y réfugie après avoir été vaincu par les égyptiens
    Sources : Guillaume de Tyr XVII 40, 73 - Albert d'Aix XX 444 XXI 44.
    5. Joppé ou Jaffa, Ville et port de mer de la Palestine, sur la Méditerranée. Elle est nommée Jaffa ou Japha dans les auteurs du moyen âge et dans les modernes.
    6. Ascalon : ville de Palestine dans l'ancien pays des Philistins sur les bords de la mer. Cette ville subit toutes les vicissitudes de la contrée dans laquelle elle se trouve. D'abord conquise par les Juifs elle tomba successivement au pouvoir des Grecs des Romains et des Arabes. A l'époque de la première croisade elle était ainsi que Jérusalem sons la domination des khalifes faliinites d'Egypte. Les croisés s'étant avancés vers la ville sainte une armée égyptienne accourut pour la défendre. Cette armée composée d'Arabes de Turcs de Nubiens et de noirs africains présentait l'aspect le plus formidable. Arrivée après la prise de Jérusalem elle s'arrêta dans la plaine qui avoisine Ascalon en même temps la flotte égyptienne prit position le long du rivage. A cette nouvelle Godefroy de Bouillon Tancrède Raymond de Saint Gilles sortirent de Jérusalem avec toutes leurs forces disponibles. L'armée chrétienne était très inférieure en nombre mais ses succès precédeos et l'idée où elle était que Dieu protégeait sa cause la rendaient invincible. Le combat eut lieu la veille de l'Assomption en 1099. Au premier choc la multitude confuse des Egyptiens fut mise en déroute le grand étendard des infidèles tomba au pouvoir des chrétiens. Une partie des égyptiens fut moissonnée par l'épée une autre fut poussée dans les flots de la mer le reste se sauva dans la ville ou s'enfuit en Egypte. Cette bataille a été longuement racontée par le Tasse dans la Jérusalem délivrée. Mais l'auteur abusant de la liberté que laisse la poésie a négligé le merveilleux que lui offrait la vérité historique pour en créer un qui n'existait que dans son imagination. Après une victoire aussi signalée les croisés auraient pu s'emparer d'Ascalon mais la discorde se mit dans leurs rangs et quoique cette ville se trouvât au cœur même de leurs provinces elle resta sous la domination égyptienne jusqu en 1153. Ce fut le roi Baudouin III qui la soumit au joug de la croix. A cette époque Ascalon occupait une vaste étendue et son enceinte était bien fortifiée. Cependant lorsqu en 1187 l'armée chrétienne eut été anéantie par les Musulmans dans les plaines de Tibériade elle n'opposa qu'une courte résistance et Saladin y entra après quatorze jours de siège Saladin augmenta encore ses fortifications mais lorsqu en 1191 les croisés conduits par Richard Cœur de Lion eurent repris Saint Jean d'Acre Saladin craignit de ne pouvoir défendre Ascalon et la fit démanteler. Dès ce moment cette ville perdit beaucoup de son importance enfin elle fut entièrement détruite en 1270 par le sullhan Bi bars sur le bruit qui courut que saint Louis se proposait de faire une nouvelle invasion en Syrie. Maintenant elle est ensevelie sous ses ruines. Ascalon a donné son nom à l'échalotte qui vient originairrment de son territoire.
    Sources : Encyclopédie des gens du monde répertoire universel des scineces, des lettres et des arts; avec des notices sur les principales familles historiques et sur les personnages célèbres, morts et vivans. Tome II - Paris 1833.

    Sources : Textes de Foulcher de Chartres - Collection des mémoires relatifs à l'Histoire de France ; Editions J-L. J.Brière, Librairies : Paris 1825

    Baudouin et les Génois

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