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Études réalisées sur les Templiers

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L'Ordre du Temple La Rochelle

A la prise de Jérusalem, le 15 juillet 1099, avait redonné le libre accès des Lieux saints aux pèlerins occidentaux. Leur vœu de croisade accompli, nombre de chevaliers revinrent en Europe. La Terre sainte devint alors aussi dangereuse qu'auparavant, non à cause des persécutions dont avaient fait l'objet les chrétiens de la part des musulmans, mais par le brigandage qui s'était installé sur les chemins. Les pèlerins arrivaient parfois aux Lieux saints dans un pitoyable état. Certains mouraient d'épuisement, de soif ou de maladie; d'autres, ayant été détroussés ou ayant dépensé toute leur fortune, devaient avoir recours à la mendicité pour survivre sur une terre qu'ils avaient souhaitée, mais pour laquelle ils n'étaient pas préparés.

C'est alors qu'apparurent les ordres militaires et hospitaliers, vivant sous règle religieuse, au service de la chrétienté et des Chrétiens. Déjà, avant 1099, existaient à Jérusalem quelques hôpitaux tenus par des bénévoles et quelques religieux qui formèrent le départ de certains ordres.

L'ordre du Temple naquit vers l'an 1119, autour de Hugues de Payens et de Geoffroy de Saint-Omer. Ce petit groupe n'était à l'origine que la Milice du Christ. Le nom de Templiers ne leur vint que quelques années plus tard, après que le Roi de Jérusalem, ayant changé de résidence, leur eut abandonné celle qu'il occupait sur l'emplacement de l'ancien Temple de Salomon.

Hugues de Payens et quelques-uns de ses compagnons passèrent en Occident en 1127, afin de faire officiellement reconnaître leur ordre par le pape. Le concile réuni à Troyes sous l'instigation de saint Bernard, en 1128, leur donna une règle religieuse. L'ordre était ainsi reconnu. C'est au cours de ce voyage qu'apparurent en France les premières maisons de l'ordre: en Picardie, en Champagne et en Poitou.

Outre leur mission particulière, les Templiers reçurent la garde de plusieurs forteresses de Terre sainte et nous les voyons participer à de nombreuses batailles. Les chroniqueurs du temps restent émerveillés par ces chevaliers qui vivaient, se déplaçaient ou combattaient dans un ordre parfait, contraste frappant avec la joyeuse pagaille des chevaliers-bannerets et de toute leur piétaille.

L'élan des premières croisades se termina bientôt. Les demandes de secours à l'Occident étaient rarement suivies d'effet et, peu à peu, les États Francs de Terre sainte s'effritèrent sous la reconquête musulmane. Jérusalem tomba en 1187 et ne revint que fort peu de temps aux mains des Chrétiens.

Les ordres religieux militaires et hospitaliers se maintinrent tant que ce fut possible en Orient, combattant pour défendre pied à pied leurs hôpitaux et les places fortes confiées à leur garde.

La dernière cité chrétienne, Saint-Jean-d'Acre, tomba le 28 mai 1291, après une ultime résistance dans le couvent des Templiers. Les places fortes qui tenaient encore, Tyr, Sidon et Tortose, furent évacuées sans combat.

Les ordres militaires et hospitaliers se retirèrent alors sur l'île de Chypre, avant de retrouver une base fixe. Les Templiers choisirent pour chef d'ordre la Maison du Temple de Paris.
Nous reparlerons plus loin du procès des Templiers et de la disparition de leur ordre.

Organisation de l'Ordre du Temple

Dès la première moitié du XIIe siècle, le nombre de maisons templières s'était tellement accru que l'ordre fut bientôt contraint de mettre en place toute une organisation, afin d'en assurer plus facilement la gestion. Cette organisation était déjà en place au milieu du XIIe siècle.

Les différents Etats dans lesquels les Templiers possédaient des biens étaient divisés en provinces. La province templière regroupait les baillies et les simples maisons de l'ordre. Les baillies étaient des maisons plus importantes ou plus anciennes que les autres. Ces dernières leur étaient rattachées et en constituaient des membres.

La gestion des baillies et maisons était confiée à un précepteur (l'appellation de commandeur, d'origine hospitalière n'apparaît qu'au XIIIe siècle). Ce précepteur était assisté, dans ses décisions, par le chapitre réunissant les frères présents dans la maison.

Au-dessus des précepteurs étaient, à l'échelon de la province templière, les maîtres de province, appelés aussi précepteurs de province, directement subordonnés au Grand Maître de l'ordre qui pouvait, en outre, déléguer des visiteurs auprès des différentes provinces de l'ordre afin d'y exercer la surveillance en son nom.

La préceptorie d'Aquitaine

La province templière appelée « Poitou » et un peu plus tard «Aquitaine», englobait un vaste territoire. S'étendant de Bordeaux aux limites nord de la Bretagne, elle comprenait le Bordelais, la Saintonge, l'Aunis, l'Angoumois, le Poitou, la Touraine, l'Anjou, le Maine et la Bretagne.
Le chef d'ordre de cette province était Poitiers où séjournait le Précepteur d'Aquitaine, lorsqu'il ne visitait pas les maisons de sa province.

Les précepteurs du Temple en Aquitaine
Vers 1141, frère Guillaume Guidaugier.
1151, frère Hugues.
Vers 1166, frère P. Levesque (frater P Episcope).
1166-1173, frère Guillaume Panet (ou Pavet).
1180, frère Humbert Boutiers (ou Boters).
Vers 1187, frère Guillaume de la Roche (de Rocha).
1189-1190, frère A. de Sainte-Maure.
1201, frère Guillaume Arnauld.
Vers 1205, frère Temeric Boez (Ternericus, Temerius Boez).
1207, la province est administrée par frère Guillaume Œil-de-Bœuf, précepteur de France (1207-1209).
1210-1222, frère Giraud Brochard.
1222, frère Guy de Tulle.
1223-1234, frère Giraud de Brosses (Broes, Breis, Brees).
1235-1246, frère Guillaume de Sonnay (Sonières, Sonais). Il était précepteur de la maison du Temple d'Auzon, en 1224-1228.
1247-1253, frère Foulques de Saint-Michel.
1254-1259, frère Hugues Grisard (Gifard).
1261, frère François de Bort, qui deviendra visiteur général des maisons du Temple et lieutenant du Grand Maître au-delà de la mer, en 1271-1273, puis précepteur d'Auvergne et du Limousin de 1279 à 1288.

Sceau de François de Bort

Fragment du sceau de François de Bort
Fragment du sceau de François de Bort, précepteur d'Auvergne et du Limousin, mars 1280

1262-1264, frère Guy de Basenville. Il était précepteur de France en 1251-1255, lieutenant du Grand Maître du temple ès lieux en-deçà de la mer, en 1259.
1266-1269, frère Humbert de Peirault, précepteur d'Aquitaine et visiteur général ès provinces de France, d'Angleterre, d'Allemagne et de Provence. Il avait été précepteur de France de 1261 à 1264;
1269-1276, frère Jean Le Franceis, qui deviendra précepteur de France en 1279.
1278-1284, frère Amblard de Vienne.
1285-1288, frère Raymond de Mareuil, tenant leu dou maistre en Aquitaine, qui sera précepteur d'Auvergne et du Limousin en 1292-1294. Il était également précepteur des maisons du Temple de Villegats et de Vouthon, en 1285-1288.
1292-1298, frère Pierre de Villard.
1300-1308, frère Geoffroy de Goneville, qui, à la fin du procès des Templiers se trouvait aux côtés du Grand Maître Jacques de Molay et du précepteur de Normandie, lorsque ceux- ci, menés devant le portail de Notre-Dame de Paris, au lieu de faire amende honorable, se mirent à proclamer leur innocence et celle de l'ordre du Temple; protestation qui, comme chacun le sait, les conduisit tous deux au bûcher.

Sceau du précepteur du Temple en Aquitaine

Sceau du précepteur du Temple en Aquitaine
SIGILLVM MILITVM TEMPLI
Sceau du précepteur du Temple en Aquitaine, XIIIe siècle


Les Templiers de La Rochelle

Nous ne connaissons ni les circonstances, ni la date précise de l'installation des Templiers à La Rochelle. En 1139, Aliénor, reine de France et duchesse d'Aquitaine confirma le don des moulins de La Rochelle fait par Gangan de Tonnay en leur faveur. En outre, elle affranchit de toute redevance, sauf droit de tonlieu, les maisons que ceux-ci possédaient à La Rochelle et elle exempta de tout droit les marchandises transportées pour leur usage. La même année, le roi Louis VII, époux d'Aliénor, donna aux Templiers un acte reprenant exactement les mêmes termes.

L'ordre du Temple ayant été fondé vers 1119 et ayant reçu sa règle lors du concile de Troyes, en 1128, on peut supposer, en considération des biens qu'il possédait à La Rochelle dès 1139, que son installation dans cette ville peut être située vers 1130, date qui correspond approximativement à son apparition non loin, sur les côtes du Bas-Poitou.

Vers 1145, une transaction fut passée à La Rochelle, dans la maison du Temple, en présence de Foucher, chevalier templier.

Henri II, roi d'Angleterre, second époux d'Aliénor, duchesse d'Aquitaine, accorda de nouvelles franchises aux Templiers de La Rochelle et les autorisa à construire un four sur l'emplacement que leur avait donné la reine.

En 1189, Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, fils d'Henri II et d'Aliénor, confirma les dons et franchises que ses parents avaient octroyés en leur faveur. Après le décès du souverain en 1199, la reine Aliénor confirma à nouveau des privilèges précédemment accordés et affranchit les Rochelais relevant des Templiers ainsi que leurs biens.

Les Templiers de La Rochelle reçurent encore de nombreux dons et franchises des rois de France et d'Angleterre, d'Othon duc d'Aquitaine, de plusieurs seigneurs locaux, de bourgeois de La Rochelle et de simples petites gens de la contrée.

La maison du Temple de La Rochelle devint le siège d'une baillie, la Baillie de La Rochelle dont relevaient de nombreuses terres et les autres maisons templières situées sur le territoire du Pays d'Aunis. Empiétant un peu sur la Saintonge, elle administrait les maisons du Temple de Goux et du Mung. Certains auteurs, sans preuve formelle, lui reconnaissent aussi obédience sur la maison de Sainte-Gemme (commune de Benet) en Poitou.

Vers 1188, les chevaliers Hospitaliers avaient installé une de leurs commanderies dans le quartier Saint-Jean-du-Pérot, à La Rochelle. Cet établissement absolument distinct, ne doit pas être confondu avec celui des Templiers.

De très nombreux documents s'échelonnant de 1139 à 1308 retracent l'histoire de la maison du Temple de La Rochelle à l'époque templière.

Signalons, puisque le fait est souvent mentionné, que cette maison servait de banque à toutes les autres maisons de l'ordre en Aquitaine, comme l'attestent plusieurs pièces d'archives dans lesquelles le commandeur de La Rochelle prend des engagements auprès des rois de France et d'Angleterre pour toute la province d'Aquitaine, et sert d'intermédiaire pour des rançons, des dots royales, des prêts aux rois, aux seigneurs de la contrée ou à des bourgeois rochelais. C'est lui également qui gère les mouvements de fonds entre la province et le trésorier du Temple de Paris. Pour expliquer cette richesse, nul besoin d'inventer des fables reliant la maison du Temple de La Rochelle aux métaux précieux des Amériques, comme l'ont fait certains auteurs.

La maison du Temple de La Rochelle était une maison de ville, différente des maisons rurales dont un certain nombre en dépendait. Ces dernières étaient un peu l'équivalent des granges de l'organisation monastique. Leur but cependant était commun : rassembler les aumônes et les revenus provenant des biens de l'ordre, afin d'entretenir le potentiel militaire templier en Terre sainte et partout où la défense de la Chrétienté l'exigeait.

A La Rochelle, les Templiers pouvaient faire embarquer pèlerins, troupes ou approvisionnements pour la Terre sainte. Nous ne pouvons affirmer qu'ils y aient possédé leur propre flotte. Nous savons cependant qu'ils utilisaient les navires de la flotte rochelaise. La commanderie s'est implantée à l'époque où la ville recevait ses premiers privilèges (vers 1131-1137), son histoire demeure donc très liée à celle des Rochelais. Nous retrouvons cependant quelques conflits entre le commandeur et le maire.

Outre les différentes maisons, treuils, métairies et fiefs faisant plus loin l'objet de courtes notices, les Templiers possédaient à La Rochelle, en dehors de leur commanderie et de ses vastes dépendances entourées de murs et formant un enclos ou clôture (clausura), tout un bourg (quartier) dont ils étaient seigneurs : des moulins sur le chenal Maubec (jusqu'à 8 au XIIIe siècle) ; deux autres sur le cours de la Verdière et de nombreuses rentes sur diverses maisons, tant à La Rochelle qu'en dehors de la ville.

Ayant dû abandonner sa première mission, la défense des Lieux saints, l'ordre du Temple ne fut plus, dès lors, qu'un ordre religieux comme les autres. Cependant, les richesses déjà acquises et celles qui parvenaient encore à l'ordre, étaient soit investies dans de nouvelles acquisitions, soit prêtées à divers, ou bien encore conservées en vue d'hypothétiques expéditions en Terre sainte.

Comme de nombreux auteurs l'ont bien démontré, cette richesse accumulée suscita la jalousie ou l'envie du roi de France Philippe le Bel. Toujours à l'affût de ressources financières, ce monarque avait déjà réussi en 1306 une juteuse opération en expulsant les juifs de France et en confisquant leurs biens.

Ancien porche de l'enclos des Templiers

Ancien porche de l'enclos des Templiers
Ancien porche de l'enclos des Templiers (Angle rue du Temple et Petite rue du Temple)

Il parvint ensuite à déclencher des procédures contre l'ordre du Temple, espérant en récupérer les dépouilles au profit de la Couronne de France.

Ne donnons ici que quelques notes locales sur le procès des Templiers, bien connu par ailleurs. Rappelons que La Rochelle faisait alors partie de la sénéchaussée de Saintonge.

Sur ordre du roi Philippe le Bel, tous les Templiers présents en France furent arrêtés le 13 octobre 1307. Nous connaissons dans la sénéchaussée de Saintonge, leurs lieux de détention : Saintes ; Saint-Jean-d'Angély, siège de la sénéchaussée et, semble-t-il, aussi La Rochelle.

On commença alors à interroger les Templiers sur place. Le texte de ces premiers aveux ne nous est pas parvenu. Nous savons qu'ils furent obtenus par la torture, notamment par les dépositions en 1311 de frère Thomas de Pampelune qui avait été détenu à Saint-Jean-d'Angély, et de frère Pierre Thibault, commandeur de Château-Bernard, près de Cognac.

Un certain nombre de Templiers arrêtés furent envoyés à Paris pour le procès ; les autres restèrent sur place, dans les prisons de Saintes, tel frère Hugues Raynaud, commandeur de Civrac, en Saintonge ; dans celles de Saint-Jean-d'Angély, tel frère Guillaume Chandelier, commandeur du Deffens, et frère Pierre de Montignac, ancien commandeur de Château-Bernard, et dans celle de La Rochelle, tel Guillaume Moton.

Le roi ayant convoqué les états généraux, à Tours en 1308, pour le fait des Templiers, les principales villes du royaume y envoyèrent des députés munis d'une procuration. Celle de la ville de Saintes ne nous est pas parvenue, mais nous avons mention de celle de Saint-Jean-d'Angély, adressée au plus haut prince défenseur de l'Eglise (Summo principi excellentissimo ecclesiœ defensori). La procuration de La Rochelle est la seule qui nous soit conservée pour les villes de la sénéchaussée de Saintonge. Les Rochelais y nomment pour les représenter Robert de Vair et Maître Denis Arbert.

Le pape continuait à faire traîner l'affaire. Il fit aussi entreprendre de nouveaux interrogatoires, menés de 1309 à 1311, où les aveux n'étaient pas arrachés par la torture. Les Templiers y déposèrent sur les rites observés lors de leur réception dans l'ordre du Temple et répondirent à une série de questions. Entre autres dépositions remarquons celles qui nous intéressent, de frère Pierre Thibaud, commandeur de Château-Bernard, de frère Hélie Renaud, commandeur du Dognon (de Saintonge), de frère Hugues de Narzac, commandeur des Epaux, et celle de frère Guillaume de Liège, commandeur du Temple de La Rochelle. Frère Arnaud Brejon, du diocèse d'Angoulême, signala: «... quod in domo Templi de Rupella, erat quoddam ydolum, sed nescivit declarare dictus testis amplius de circumstandis dicti ydoli... » Une autre déposition signale aussi le fait.

L'ordre du Temple fut dissous en 1312 par un concile réuni à Vienne autour du pape Clément V. Les biens furent attribués à l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, dit de l'Hôpital.

Les Templiers survivant encore après le procès furent protégés par le successeur de Clément V, Jean XXII, qui leur fit verser des rentes par les Hospitaliers, leur facilita l'entrée dans d'autres ordres religieux et reconnut légitimes les vœux qu'ils avaient faits lors de leur réception dans l'ordre du Temple.

Durant le procès, des administrateurs avaient été désignés pour gérer les biens des Templiers emprisonnés. Jean de Génis était l'administrateur des biens du Temple en la sénéchaussée de Poitou. Son équivalent pour la sénéchaussée de Saintonge fut Nicolas de Chevreuse (Nicholaus de Caporosia) qui, en décembre 1308, passa une transaction avec Pierre Morin, de Toumay, au sujet des moulins dépendant de la maison du Temple de Goux.

Nous ne possédons aucun inventaire, aucun procès-verbal sur la remise aux Hospitaliers des biens possédés par l'ordre du Temple dans la sénéchaussée de Saintonge, comme il en existe pour une partie du Poitou.

Les Hospitaliers eurent d'énormes difficultés à rentrer en possession des biens du Temple. De nombreuses protestations s'élevèrent à l'encontre de l'administration royale française. En effet, non contents d'avoir saisi les sommes d'argent conservées dans certaines commanderies et de s'être emparés des revenus des biens du Temple séquestrés, les officiers du roi exigèrent le remboursement de fortes sommes d'argent pour frais de séquestre et de procès. Des conventions intervinrent et l'héritage reçu par les Hospitaliers se trouva diminué. C'est certainement à la suite de telles tractations que la maison du Temple de Romagné, qui dépendait de celle de La Rochelle fut réunie au domaine royal.

Les Commandeurs

Les précepteurs ou commandeurs de la maison du Temple de La Rochelle étaient aussi ceux des maisons qui en dépendaient. Le nom de plusieurs d'entre eux nous est parvenu :
vers 1190, frère Hélie du Puy ; vers 1205, frère Hélie de Burzac.
vers 1206, frère Guillaume Raymond ; 1207-1214, frère Bos (Boes).
1218, frère Arnaud.
1223-1260, frère Pierre Bozon (Boson, Bors, Bos). Il fut aussi commandeur des maisons saintongeaises du Temple des Epaux (1227-1232), de Château-Bernard (1227) et du Mung (1231);
1261, frère Pierre, chapelain et commandeur (Pierre Boson ou Pierre de Liège ?);
1265-1269, frère Pierre de Liège (Daulege, dau Lege). Nous conservons encore une empreinte de son sceau qui représente un personnage dont la monture ne paraît pas être un cheval. Ce sceau était constitué, d'après cette empreinte, d'une intaille antique ovale, où est gravé le sujet, enchâssée dans une monture portant pour légende :

Sceau de Guillaume de Liège

Sigillum fratris Petri dau Lege
† ... FRIS. PETR [...] DAVLEGE.

(Sigillum fratris Petri dau Lege)

Frère Pierre de Liège décéda entre janvier et mars 1268 (1269, actuel calendrier) et fut inhumé dans le chœur de l'église du Temple à La Rochelle. Sa dalle funéraire a été retrouvée le 26 mai 1982. Nous en donnerons plus loin la description.
1269-1308, frère Guillaume de Liège, sergent (1). En 1278, il est signalé comme commandeur de La Rochelle et des Epaux. Il fut arrêté en même temps que les autres Templiers. Sa déposition devant les commissaires pontificaux, le 8 mars 1311, nous apprend qu'il était alors âgé de quatre-vingts ans et se présentait avec le manteau de l'ordre et la barbe. Il déclara qu'il n'entendait pas revenir sur la déposition faite devant l'évêque de Saintes par lequel il avait été absous et réconcilié à La Rochelle. Il avait été reçu dans l'ordre la vigile de Noël, environ 62 ans auparavant dans la chapelle du Temple des Roches, diocèse de Poitiers, par frère Hugues Grisard, précepteur d'Aquitaine, en présence de divers commandeurs et plusieurs autres témoins. Il n'y avait rien eu de malhonnête lors de sa réception. Lui-même avait reçu par la suite, 20 à 25 frères dans l'ordre, mais il ne fut rien exigé d'illicite.

Nous ne savons pas le sort qui fut réservé par la suite à frère Guillaume de Liège, mais vu son grand âge...
1. Dans l'ordre, il existait deux sortes de Templiers : les chevaliers (miles), d'origine noble, et les sergents (serviens) qui étaient de simples hommes libres.

Sceau de Guillaume de Liège

SCEAU DE GUILLAUME DE LIEGE
SCEAU DE GUILLAUME DE LIEGE
REPRÉSENTANT UNE AIGLE BICÉPHALE AVEC LA LÉGENDE :
† : S : FR : W : DELEGEYO : (Sigillum fratri Willelmus de Legeyo)

Parmi les autres Templiers qui déposèrent, deux reconnurent avoir été reçus à La Rochelle sans qu'on ait exigé d'eux quelque chose de malhonnête : frère Jean de Saint-Benoît, commandeur du Temple de l'Île-Bouchard, et Jean l'Anglais, (de Hinquemata), diocèse de Londres.

Les Chapelains

A l'époque templière, la chapelle Notre-Dame du Temple de La Rochelle était desservie par un chapelain attaché à l'ordre. Le nom de quelques-uns d'entre eux nous est parvenu :
vers 1190, frère P. Arnauld.
vers 1200, frère Jean.
vers 1205, frère P. de Cadeuil (P. de Capdolio).
vers 1205, frère Hugues.
1217, frère Hugues.
1224, frère Vivien.
1249, frère Micheau (ou Michel).
1261, frère Pierre (Boson ?) chapelain et commandeur.
vers 1301, frère Raynaud.

Fragments de pierre tombales du XIIe

Fragments de pierre tombales du XIIe siècle
Fragments de pierre tombales du XIIe siècle
Retrouvés sur le site du cimetière des Templiers

Archéologie de la Commanderie

Plan des environs du Temple de La Rochelle
Fenêtres romanes de la chapelle de la commanderie
D'aprés un relevè du XIXe siécle
(Bibliothèque de La Rochelle)


Les aménagements, les rénovations et les modifications dont firent l'objet les bâtiments de la commanderie du Temple de La Rochelle sous l'administration des Hospitaliers, puis du fait de leurs propriétaires successifs, de 1313 à nos jours, ne nous ont laissé que bien peu de traces de l'époque templière. Il nous est actuellement impossible de reconstituer le plan d'origine des bâtiments de la commanderie.

Cependant, deux vestiges sont toujours visibles de nos jours dans la cour appelée encore Cour de la Commanderie. Il s'agit d'abord d'un fragment du mur nord de la chapelle, dont nous reparlerons plus loin, contre lequel un propriétaire au goût exquis a eu la géniale idée, il y a une quinzaine d'années, d'appuyer un bâtiment au mortier bien agressif. Le second vestige est une salle voûtée à l'origine de plain-pied, mais actuellement mi enterrée (le sol ayant changé de niveau en plusieurs endroits à La Rochelle), éclairée par une longue fenêtre romane en plein cintre. Cette salle voûtée était encore au XVIIe siècle le rez-de-chaussée d'une tour fort haute qu'on appelait au XVIe siècle la tour du thrésor du Temple. En fait ce trésor était constitué des archives de la commanderie. Cette salle a été récemment restaurée, ce qui n'est pas un mal en soi ; malheureusement, l'appui de sa belle fenêtre abusivement sablée, a été stupidement rabaissé, perdant ainsi son aspect d'origine. C'est regrettable, concernant l'unique fenêtre romane authentique encore visible en place à La Rochelle. Ces précieux vestiges n'ont donc pas été épargnés par la goujaterie, en conséquence de laquelle « notre bonne ville » ne présentera bientôt plus aucun intérêt archéologique. Il est vrai qu'un décor en carton-pâte pour touristes n'a besoin d'aucune authenticité.

La chapelle Notre-Dame du Temple

La chapelle nous est un peu mieux connue que les autres bâtiments, tout d'abord par quelques plans anciens de la ville qui en indiquent encore les vestiges, puis par divers documents, mais surtout par une campagne de fouilles menée de 1982 à 1984 sur l'emplacement du chœur de l'édifice, sous la responsabilité de M. José Mathieu. Avant d'aborder les différentes époques de construction dont la chapelle fit l'objet sous l'administration templière, évoquons son destin après sa remise à l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, en 1313.

En dehors d'aménagements décoratifs ou mobiliers, les Hospitaliers ne paraissent pas avoir apporté de modifications importantes au gros œuvre de la chapelle. Peut-être pouvons-nous leur attribuer la construction d'un clocher-tour puisque les Templiers ne dotaient leurs chapelles que de clochers-arcades surplombant la plupart du temps les façades.

En 1562, lors des premiers actes de vandalisme dus aux querelles religieuses, la chapelle fut saccagée et pillée. Entre autres les effets et les titres de la confrérie de la Purification Notre- Dame furent dispersés par les émeutiers, comme nous l'apprenons dans un document de 1564: «... les administrateurs de la confrérie de la Purification Notre-Dame desservie en l'église du Temple [...] ont répondu que leurs titres et papiers ont été pris, rompus et emportés de ladite église du Temple en l'an 1562 lors des troubles par ceux que l'on dit estre de la religion prétendue réformée qui entrèrent par force et violence des armes en ladite église et emportèrent lesdits titres, papiers, ornements d'église, luminaires, livres et autres joyaux appartenant à ladite confrérie qui estoient en deux coffres de ladite église... »

Les procès-verbaux rédigés par les commissaires de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, lors de leur visite de la commanderie le 13 octobre 1564, nous signalent la remise en état de la chapelle :
«...entrez dans l'églize. Avons veu deulx aultelz refetz à cause que le tout avoit esté rompu durant les troubles... » ;
« Item, avons veu cinc cloches... » ;
Le commandeur : « ... avoit fait racoustrer des orgues qui lui coustoient douze escutz trente livres, lesquelles avoient esté rompues durant les troubles [...] ensemble les autelz, portes et ce qui estoit d'aparence dans ladite église... » ;
Un vitrier affirma : « ... bien lui souvenir qu'il a acoustré les vitres de ladite église et qu'il lui souvient bien en avoir eu [...] cent souz... »
Nous apprenons également que les toitures avaient fait l'objet de travaux en 1558 :
« Item a été adjourné Ives Godefroy d'aporter son papier de bouttique ou avons veu que le 27 du mois de mars 1558 vendict pour dix livres d'ardoizes pour recouvrir ladicte église » ;
« Item deux baricques de chaux, deux livres cinc souz » ;
« Item quatre cens de tuille pour revouvrir les chapelles lui en a esté paié trente six souz » ;
« Item [...] paié à Guillaume Pinaultpour du clou d'arimage [...] cent neuf souz » ;
«Item a paié au recouvreur appellé Jacques Noyeau neuf livres six souz par marché faict avec lui ».
Enfin, les commissaires s'étonnant que le Saint-Sacrement, le Corpus Domini n'estoit audit lieu comme de toute ancienneté il avoit accoustumé, nous a esté faict response [...] que à cause que ladicte ville n'est encores pacifique pour la diversité de Religion n'ont encores osé le remettre, néanmoins faire reffaire aucuns images...

Maison du Temple

Localisation Maison du Temple
Figure 12

Ce fut sans doute en 1568, lorsque les édifices religieux de la ville furent démolis pour servir de matériaux de construction aux nouvelles fortifications, que la chapelle de la commanderie fut ruinée. Il n'en resta plus que les murs dépecés qui figurent sur une ancienne vue cavalière de la ville, datée 1627, mais montrant plusieurs bâtiments comme ils devaient se présenter vers 1570-1580.

En 1588, l'emplacement de la chapelle était encombré de fumiers et bouriers. Le corps de ville fit nettoyer les lieux et y fit édifier « ... une halle avec plusieurs loges toutes couvertes de tuiles pour y tenir le marché du pain, des chairs de pourceaux qui s'aportoient des isles, de la poulaillerie... » Le 17 mai 1607, constatant l'état des lieux, le commandeur passa une transaction avec le maire et les échevins de la ville, leur abandonnant l'emplacement, moyennant rente foncière annuelle.

Après le siège de La Rochelle, en 1628, les revenus du Corps de Ville ayant été confisqués au profit de la couronne de France, l'administration royale se substitua aux maire et échevins et continua à percevoir les revenus de la halle du Temple.

En 1670, le commandeur de Brienne fit édifier une petite chapelle dédiée à saint Jean sur une partie de l'emplacement de l'ancienne nef non comprise dans la transaction de 1607.

En 1788, faute d'entretien la halle est signalée «écroulée». Après la Révolution, elle n'existe plus. En 1810, on projette d'y bâtir un théâtre. En 1812, on parle d'une place circulaire. En 1841, on reprend l'idée du théâtre. En fait, aucun projet public n'aboutit et on se contente de céder le terrain à des particuliers qui y édifieront des maisons.

Entre temps, la Révolution avait vu la confiscation et la vente des biens religieux. Le 5 messidor an II, « la chapelle de la ci-devant commanderie du Temple, une cour, toit et un fenil au-dessus » avaient été adjugés au citoyen Chambon, marchand à La Rochelle.

En 1856, il subsiste encore un pan du mur nord de la nef de l'ancienne chapelle des Templiers dont nous possédons une représentation vue du sud, donc de l'intérieur de l'édifice.

Plan mur nord ancienne chapelle

Plan mur nord de l'ancienne chapelle
Figure 13

Un relevé des deux grandes fenêtres romanes, côté extérieur, nous est parvenu : la fenêtre de gauche nous est également connue en place grâce à une ancienne photographie et une gravure d'Emile Couneau (voir page 22). Il n'en subsiste plus que l'arc orné et les deux chapiteaux déposés dans les salles lapidaires du musée d'Orbigny-Bemon.

Fenêtres romanes de la chapelle

Fenêtres romanes de la chapelle de la commanderie
Figure 14

Un procès-verbal de visite des vestiges de la chapelle, dressé le 31 octobre 1644 nous donne une description de ce mur :
«... avons remarqué une grande muraille bastie de pierre de taille de largeur de quatre-vingts pieds, de haulteur de quarante cinq à cinquante, au-dessus de laquelle muraille il y a du vestige de trois voûtes & au milieu d'icelle y a deux grands vitraux et a costé quelque marque de peinture de portraiture de quelques personnages tous qui tesmoignent que ladicte muraille a servie, comme Ion nous a assuré, d'un costé de l'église ou chapelle de ladicte commande rie... »

Vers 1710, l'ingénieur Claude Masse décrit également les mêmes vestiges dans ses mémoires : « Il ne reste plus de l'ancienne église qu'un pan de mur du costé du nord qui faisoit apparemment partie de la nef et chœur de cette église qui paroit avoir esté bastie en coupolle grossièrement bastie... et ailleurs : ... il paroit par les vestiges que cette église estoitfort grande et solidement bastie... »

Ce même mur nord existe encore en partie, il est le premier vestige dont nous avons déjà parlé.

En 1982, à l'occasion de la démolition des maisons construites au siècle dernier sur l'emplacement de l'ancienne halle du Temple, devenues vétustes et rachetées par la ville, on découvrit les vestiges du chœur de l'ancienne chapelle.

Précédemment, à l'occasion de travaux publics ou de particuliers sur le site, des trouvailles fortuites avaient déjà été faites et quelques-unes se retrouvent actuellement dans les collections archéologiques de la ville.

La campagne de fouilles menée de 1982 à 1984 a fait apparaître plusieurs époques de constructions et de modifications de l'édifice.

Première époque

Au centre du chœur, sous le niveau du pavage de la chapelle des XIIe et xme siècles, quelques fondations d'un premier chœur, plus étroit que celui qui lui a succédé, ont été reconnues en 1983.

Difficilement datable, compte-tenu du peu de vestiges et en l'absence de mobilier archéologique, il pourrait être antérieur à la bulle du pape Innocent II qui donna, en 1139, aux Templiers l'autorisation de construire des oratoires dans leurs maisons. Peut-être serions-nous alors en présence des vestiges de cette énigmatique « chapelle de la Magdeleine », dont le souvenir n'apparaît que bien tardivement dans les textes et qui passe pour être l'édifice religieux ayant précédé l'actuelle église Saint-Sauveur.

Un petit chapiteau très frustre, en calcaire à gros grains et quelques fragments décoratifs dans ce même matériau pourraient provenir de ce premier édifice, l'emploi de ce calcaire ne se retrouvant pas ailleurs.

Deuxième époque

Cette époque présente une grande chapelle romane qu'il est possible de dater des années 1140-1170 et serait donc consécutive ou postérieure à la bulle de 1139. De plan général en forme de croix, une longue nef, orientée à l'est, traversée par un transept, se terminait par une abside semi-circulaire. Deux chapelles latérales, également de forme semi-circulaire, partant des bras du transept vers l'orient, encadraient le chevet.

Elévation du mur nord

Elévation du mur nord de la façade de la chapelle
Figure 15

Nous nous risquons à présenter une reconstitution de l'élévation nord et de la façade de la chapelle, d'après les vestiges déjà connus, ceux qui ont été reconnus lors des fouilles, les éléments d'architecture retrouvés sur le site et la comparaison de toutes ces données avec d'autres édifices similaires (notamment chapelle du Tâtre et ancienne chapelle du Temple de Bordeaux). Pour la façade, nous nous sommes fortement inspirés de celle de la maison du Temple du Mung, dépendant de La Rochelle. Nous avons opté pour l'humble clocher-arcade qui l'on retrouve sur la plupart des chapelles templières de notre région. D'après d'anciens témoignages, un clocher-tour se serait élevé sur le bras nord du transept, mais il est difficile de définir l'époque de sa construction. Sans doute est-il plus sage de l'attribuer aux Hospitaliers.

Un cimetière entourait le bâtiment. Plusieurs tombes encore en place ont pu être fouillées et apportent de très précieux renseignements sur les rites funéraires locaux. La plupart de ces sépultures renfermaient un (quelquefois deux) petit vase de terre cuite, parfois percé de trous. On avait dû mettre de l'eau bénite

Reconstitution de la chapelle

Reconstitution de la chapelle
Figure 16

Elévation de la façade

Elévation de la façade (reconstitution)
Elévation de la façade (reconstitution)

dans les uns, de l'encens (présence de charbon de bois) dans les autres. Enfin, le squelette du défunt était souvent accompagné d'un petit denier d'argent. Les monnaies ainsi trouvées, nous ont permis de dater ces diverses sépultures du XIIe au XIVe siècle. Le rite du « denier », sans doute laissé au défunt pour « payer son passage », parait alors avoir été abandonné.

Tombeau roman du XIIe

Tombeau roman du XIIe siècle
Figue 18

Tombeau roman du XIIe

Tombeau roman du XIIe
Tombeau roman du XIIe siècle
Trouvé en 1983. Vue arrière

Une sépulture un peu plus importante, du moins quant au personnage qu'elle devait renfermer, avait été aménagée au centre du chœur et fut bouleversée par la suite. Elle devait être recouverte à l'origine par le très beau tombeau roman qui a été retrouvé un peu plus loin, à l'extérieur et le long du mur oriental du chœur du XIIIe siècle.

Troisième époque

Vers le milieu du XIIIe siècle, le chevet roman et les deux chapelles semi-circulaires qui l'encadraient furent démolies pour faire place à un grand chœur à trois nefs sur croisées d'ogives et à chevet plat. Les raisons de cette campagne de travaux nous sont inconnues : désir d'être au goût du jour ? Evolution de la liturgie ? Accroissement de la population ?

Enclos du Temple de La Rochelle

Enclos du Temple de La Rochelle
Figue 20

Il est possible d'attribuer cet important chantier à frère Pierre, chapelain et commandeur en 1261, qui est peut-être le même que frère Pierre de Liège, commandeur connu de 1265 à 1269, décédé cette dernière année. D'ailleurs celui-ci fut inhumé au centre de ce nouveau chœur, en bouleversant la sépulture antérieure pour établir la sienne. Un élément permet de bien dater les travaux des environs de l'an 1269 : il s'agit des pierres qui constituaient le coffre dans lequel avait été déposé le corps. Ces pierres n'étaient que des tambours de colonnes romanes retaillées.

Frère Pierre de Liège

Pierre tombale du Frère Pierre de Liège
Pierre tombale du Frère Pierre de Liège
Commandeur du Temple de La Rochelle

Afin d'asseoir les murs du nouveau chœur, plus vaste que le précédent, de nouvelles fondations furent nécessaires. Celles-ci ont bouleversé un certain nombre de tombes du cimetière et quelques-unes se trouvèrent ainsi encastrées sous les nouveaux murs. Comme nous l'avons indiqué, le tombeau roman fut transporté le long du mur du chevet, à l'extérieur, près de l'angle sud- est. Il recouvrit une fosse commune où furent retrouvés pêle-mêle de très nombreux ossements humains, quelques-uns en connexion anatomique entre eux. Sans doute faut-il y voir les restes de sépultures bouleversées pour la nouvelle construction.

Une quantité de fragments d'architecture de l'époque romane, la plupart provenant d'une nouvelle taille des pierres en vue de leur réemploi, avait été utilisée pour la maçonnerie du podium à trois marches établi le long du mur du chevet, dans le chœur de la chapelle et qui supportait l'autel principal.

Devant ces trois marches et au milieu du chœur, se trouvait, comme nous l'avons dit, la sépulture de frère Pierre de Liège. Le coffre de pierres renfermant le corps était recouvert de dalles plates de calcaire et d'une couche de mortier et de gravats. Son emplacement était indiqué par une dalle funéraire en calcaire blanc, d'environ 1300 kg ; longueur 2,3 m ; largeur 1,02 m et environ 30 cm d'épaisseur. Elle est gravée en faible creux, rempli à l'origine de mortier coloré en noir (encadrement et personnage) et en rouge (épitaphe et écoinçons aux dragons) disparu lors d'un nettoyage maladroit.

Le commandeur y est représenté les mains croisées sur la poitrine, avec le manteau de l'ordre où l'on reconnaît une grande croix. Sans certitude, il paraît avoir été barbu, la pierre étant usée à l'endroit du visage. Cependant on distingue encore un œil ouvert. Un encadrement d'architecture entoure le défunt. Les deux écoinçons d'ogive, de chaque côté de la tête, sont occupés chacun par un dragon. La figuration d'une ville surmonte le tout. Sans doute faut-il y reconnaître la « Jérusalem Céleste». D'aucuns préfèrent y retrouver une des premières figurations de La Rochelle. Les pieds du défunt foulent deux dragons affrontés. L'épitaphe signale :
† — DE LEGIO N AT VS FRATER PETRVS HIC TVMVLATVS
† — ESTO INVITE CVMPLEBIT TEMPORA VITE
† — ANNO MILLENO B[IS] CENTENOQVE VICENO
† — TER CVM [OCTAV]0 TVMVLO [IN] HOC SITVS APTO

Traduction :
Natif de Liège, frère Pierre est ici enseveli A regret, je l'accorde, il a accompli le temps de sa vie, L'an mil deux fois cent et trois fois vingt avec huit Il se trouve en ce tombeau préparé par lui (1).
1. Restitution du texte et traduction due à M. Robert Favreau, du Centre d'Études Supérieures de Civilisation Médiévale. M. Favreau préfère Legé à Liège. Les actes donnent raison à Liège.

La pierre tombale se situait ainsi entre les deux piliers principaux du chœur. La base de l'un d'eux était encore en place au moment de la fouille.

Sous les remblais dégagés dans la croisée sud du chœur constitués en grande partie par les ardoises cassées de la toiture de la chapelle, se trouvait également une clé de voûte polychrome présentant des motifs floraux. Ce témoignage nous rappelle que la chapelle devait être entièrement décorée. Lors de la visite des vestiges effectuée en 1644, les enquêteurs ont bien noté, regardant ce fameux mur dont il subsiste encore des restes, Cour de la Commanderie : «... quelque marque de peinture de portraiture de quelques personnages... » La présence de fresques est en outre attestée par l'existence d'un petit fragment représentant quelques ondulations de chevelure d'un ton ocre, entouré des restes d'un nimbe portant des particules de feuilles d'or.
De nombreux morceaux de verre blanc avec traces de peinture en grisaille devaient provenir des vitraux, ainsi que d'autres, colorés mais non peints.

Epoques postérieures aux Templiers

Après les Templiers, les Hospitaliers ont peu modifié la chapelle de la commanderie. Probablement peut-on leur attribuer la construction d'un clocher ?

Pierres tombales du XIIe siècle
Pierres tombales du XIIe siècle
Retrouvées sur le site de l'ancien cimetière des Templiers

Notons cependant quelques points mobiliers : outre le principal autel, établi sur un podium de trois marches, un autel existait également dans chacune des deux nefs latérales.
Au sud, dédié à la Vierge, où fut découverte une statuette mutilée de vierge allaitant l'enfant, polychrome, du XIVe siècle.
Lors des fouilles, une pierre très abîmée pouvant être les restes d'une vierge assise, a également été retrouvée. Etait-ce la « Vierge de Pitié » pour laquelle une confrérie assumait encore un service au XVIe siècle ?
Etait-ce une autre vierge à l'enfant ?
Notons que la figuration d'une vierge à l'enfant apparaît en 1480 sur le sceau de frère Pierre Daurillant, religieux et prieur du Temple de La Rochelle (relevé ci-joint).

Sceau de frère Pierre Daurillant

sceau de frère Pierre Daurillant
Sceau de frère Pierre Daurillant

L'autel situé dans la nef nord était peut-être dédié à saint Michel (un petit plomb de pèlerinage à son effigie y ayant été retrouvé) ou à saint Jacques dont les fragments d'une statuette et de la niche qui l'abritait, toutes deux polychromes, ont été retrouvés par ailleurs sur le site.

Le maître-autel et l'autel de la Vierge devaient comporter de grands retables constitués de plusieurs panneaux sculptés en albâtre de Nottingham (vers 1370) dont de nombreux fragments polychromés et dorés ont été reconnus : pour le maître- autel, des scènes de la Passion du Christ (Crucifixion, Résurrection) ; pour l'autel de la Vierge, des thèmes de la vie de la Vierge, notamment une belle Assomption. Une adoration des mages est représentée par un petit fragment très reconnaissable.

Dans son dernier état, l'autel de la Vierge devait également être décoré d'une tenture métallique dont furent reconnues des parties de trame en fils de cuivre, avec broderie métallique en forme de fleur de lys.

Dalle funéraire du XIVe siècle

Dalle funéraire du XIVe siècle
Dalle funéraire du XIVe siècle trouvée lors des fouilles de 1982
A gauche: Geoffryon Gérault † 1373 —
Au centre Allis Amorie —
A droite Jehan de Tournay † 1375

Plusieurs dalles funéraires postérieures à l'époque templière ont été retrouvées depuis le XIXe siècle sur le site. Sur l'emplacement non fouillé en 1982-1984, car situé sous la route, on avait retrouvé en 1865 les pierres tombales, abîmées à l'endroit des dates, de frère Loys Quélin (le 14 mars 1493, un Loys Quélin, marchand et bourgeois de La Rochelle, fit don de tous ses biens aux religieux de Saint-Jean-de-Jérusalem) et celle du seigneur de Bonnemie en Oléron (Pierre Jourdain, connu vers 1508-1522). Lors des dernières fouilles furent retrouvés plusieurs fragments des XIVe, XVe et XVIe siècles, et la grande pierre tombale intacte représentant trois personnages, dont deux signalés décédés en 1373 et 1375. Durant ces dernières fouilles de 1982-1984, des monnaies et de nombreux petits objets en plus ou moins bon état ont également été retrouvés, notamment une belle bague, anneau d'or comportant une légende gothique.

Pour la sauvegarde d'un patrimoine

Quelle conclusion pourrait-on donner à cette étude ? D'abord émettre le souhait que toutes les trouvailles faites dans le secteur de l'ancienne commanderie des Templiers de La Rochelle soient regroupées en un même lieu. Elles sont actuellement dispersées entre le musée d'Orbigny-Bemon, le jardin de la bibliothèque municipale, la cathédrale, la Grosse-Horloge, la Porte-Royale et les entrepôts des services techniques municipaux.

Ensuite que pourrions-nous dire sur la Cour du Temple ? Sur le site de la chapelle, une place a été aménagée. On y a amassé des tas de pavés qui sont censés représenter les fondations existant dans le sol : grotesque reconstitution qui ne peut satisfaire que ceux qui ont tiré profit du projet et de son exécution. Le promeneur étranger à la ville ne sait qu'en penser et parfois croit être en présence de quelques ruines antiques !

Il y aurait beaucoup à dire sur la politique de conservation du patrimoine à La Rochelle. Plus saccagé que restauré, géré comme un simple décor de théâtre, seul semble compter l'aspect qu'il peut offrir au touriste de passage.

Pierre tombale du XIIe siècle

Fragments de pierre tombale du XIIe siècle
Fragments de pierres tombale du XIIe siècle.
Retrouvés sur le site de l'ancien cimetière des Templiers.

Plate-tombe du XVe

Plate-tombe du XVe siècle de Frère Loys Quélin
Plate-tombe du XVe siècle
Frère Loys Quélin
Religieux Hospitaliers, trouvée en 1865.

Etablissements relevant du Temple de La Rochelle

Maison du Temple de Bernay

Département:Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Marans - 17

Maison du Temple de Bernay
Maison du Temple de Bernay

En juin 1227, Hugues de Nuaillé fit don à Dieu et aux Templiers de La Rochelle, de son hébergement de Bemay et des marais en dépendant. Il donnait en même temps son hébergement de Luché et ce qui en dépendait. Guillaume, seigneur de Surgères, confirma la donation.

Les marais donnés aux Templiers n'étaient pas encore asséchés ; il fallait donc creuser fossés et canaux. Divers accords passés de 1244 à 1270 entre les Templiers et les propriétaires laïcs ou religieux qui possédaient des biens autour de Bernay permirent de mener à bien cette tâche pour la mise en valeur de leurs domaines respectifs.

Dans sa déposition faite lors du procès des Templiers, frère Barthélemy Bartholet du diocèse de Saintes, signale sa réception dans Tordre qui eut lieu en la chapelle du Temple de Bernay, vers 1283. Cette chapelle disparut au cours du XVIIe siècle. Seule subsiste une belle margelle de puits qui pourrait dater de l'époque templière.

Maison du Temple de Bourgneuf

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: La Jarrie - 17

Maison du Temple de Bourgneuf
Maison du Temple de Bourgneuf

Les Templiers furent probablement les fondateurs du village de Bourgneuf. En 1224, nous trouvons mention du Bourg Neuf du Temple (Burgus novus Templi). En juin 1242, le commandeur des maisons du Temple de Bourgneuf et de La Rochelle reçut des lettres de protection du roi Henri III d'Angleterre.

Les Templiers furent sans doute les constructeurs de l'église de Bourgneuf qui dépendait de leur maison. Un accord passé entre le commandeur de Bourgneuf et l'évêque de Saintes, en 1283, le mercredi précédant le dimanche où l'on chante oculi mei, précisait leurs pouvoirs canoniques respectifs sur cette église paroissiale et sur son curé.

Fragments d'une plate-tombe XIV-XVe

Fragments d'une plate-tombe XIV-XVe siècle
Fragments d'une plate-tombe XIV-XVe siècle.
Provenant de l'ancien dallage de l'église de Bourgneuf.

L'église Sainte-Catherine de Bourgneuf présente encore quelques vestiges romans de l'époque templière, malheureusement masqués par un pompeux clocher édifié en 1900. Il existait encore au siècle dernier des fragments importants d'une pierre tombale inclus dans le pavage de cette église. On les attribuait alors à la sépulture d'Aliénor d'Aquitaine, reine d'Angleterre. Nous savons bien qu'il n'en est rien puisque cette princesse fut inhumée dans l'église abbatiale de Fontevraud où l'on peut encore voir son tombeau. Ces fragments furent déposés au musée d'Orbigny-Bemon à La Rochelle. Ils ne présentent que le détourage en creux du défunt et des autres motifs, qui devait à l'origine être comblé par des plaques de métal travaillé ou émaillé. Il n'est pas possible de dater ces fragments de l'époque templière, mais plus sûrement de la deuxième moitié du XIVe siècle, voire du XVe siècle. L'effigie paraît être celle d'un religieux, sans que l'on puisse apporter d'autre précision.

Maison du Temple de Goux

Département: Charente-Maritime, Arrondissement et Canton: Saint-Jean-d'Angély, Commune: La Benâte - 17

Maison du Temple de Goux
Maison du Temple de Goux

La maison du Temple de Goux dépendait de celle de La Rochelle. Elle ne possédait apparemment pas de chapelle.

Les biens que la maison du Temple de La Rochelle possédait dans les environs de Saint-Jean-d'Angély (dont Goux faisait partie), firent l'objet de traités passés en 1291 et 1298 entre le précepteur du Temple de La Rochelle et l'abbé de Saint-Jean- d'Angély, qui détenait tous les droits.

Au début du procès des Templiers, en décembre 1308, une transaction intervint entre Pierre Morin, de Tournay, et Nicolas de Chevreuse (de Caperose), administrateur des biens du Temple en Saintonge, au sujet des moulins situés à Tournay et qui dépendaient de la maison du Temple de Goux. Ceux-ci avaient été acensés par le Maître du Temple en Aquitaine avant l'arrestation des Templiers (ante templariorum captionem).

Maison du Temple de La Cabanne

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: Rochefort, Canton: Surgères, Commune: Saint-Georges-du-Bois - 17

Maison du Temple de La Cabanne
Maison du Temple de La Cabanne

Frère Guillaume de la Cabanne, sergent, est mentionné dans les pièces du procès des Templiers. La proximité géographique des lieux cités dans sa déposition semble bien le rattacher à cette maison.

Cependant, seule une enquête du XVe siècle nous permet d'inclure avec certitude La Cabanne parmi les maisons templières. Divers droits possédés par cette maison dans la forêt de Benon portaient le nom de « Montre des Croisés » qui consistait au «... droit de prendre tant pour eux que lours hommes et tenant leur usage et exploit de chauffage par toute la forest de Benon, droit de pascage, droit et exploit de monstre grousse et graille en ladite forest tant pour édifier, rédiffier que pour lours ustenciles nécessaires pour ladite maison... ».

Maison du Temple Le Mung

Maison du Temple Le Mung
Maison du Temple Le Mung

Cette maison du Temple était à la fin du XIIIe siècle, rattachée à la maison de La Rochelle. Les interrogatoires du procès des Templiers signalent une réception dans l'ordre, qui se déroula vers 1286 dans la chapelle du Temple du Mung, par le commandeur de La Rochelle.

Il subsiste encore quelques vestiges de l'ancienne chapelle de la commanderie du Mung, et notamment une belle façade que l'on est tenté de rapprocher de celle disparue, de l'ancienne église du Temple de La Rochelle. On y retrouve en effet quelques motifs architecturaux dont des fragments similaires ont été retrouvés à La Rochelle.
En 1231, frère Pierre Bos est signalé commandeur de la maison du Temple du Mung.

Maison du temple de Romagné

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Lagord, Commune: Saint-Xandre - 17

Maison du temple de Romagné
Maison du temple de Romagné

Cette maison ne nous est connue que par l'unique mention qui en est faite dans le terrier du Grand-Fief-d'Aunis, dressé vers 1246.

Nous avons déjà signalé que l'administration royale s'est très probablement emparée de cette maison lors des tractations concernant la liquidation de la succession du Temple. A remarquer qu'étant située sur le domaine royal du bailliage du Grand-Fief-d'Aunis, elle devait intéresser au plus haut point les agents du roi.

Maison du Temple de Sècheboue

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: Saint-Jean-d'Angély, Canton: Matha, Commune: Chives - 17

Maison du Temple de Sècheboue
Maison du Temple de Sècheboue

Les Templiers possédaient des biens à Sècheboue en 1218, et sûrement antérieurement.
La maison du Temple de Sècheboue devint, après 1313, prieuré de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem sous le vocable de Notre-Dame.

Maison du Temple de Thairé

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Châtelaillon-Plage, Commune: Thairé - 17

Maison du Temple de Thairé
Maison du Temple de Thairé

En mai 1228, les Templiers de Thairé reçurent divers dons de Hugues de Ciré, chevalier.

En 1297, Hugues de Surgères avait emprunté une forte somme d'argent au commandeur du Temple de La Rochelle. Il engagea la justice de Thairé et des environs comme garantie du prêt. À la suite du décès du seigneur, un procès opposa sa veuve et les Templiers. L'affaire de termina en 1302 par l'arbitrage des commissaires du roi qui abandonnèrent la possession de la justice de Thairé aux Templiers jusqu'au total épuisement de la dette.

Le clocher fortifié de l'église de Thairé, partie actuellement la plus ancienne de l'édifice, malgré l'intérêt qu'il présente, ne date pas de l'époque templière mais a été édifié au XIVe siècle ou au XVe siècle par les Hospitaliers.

Treuils, Métairies et Fiefs

Fief du Temple de Chagnolet

Département: Charente-Maritime, Arrondissement et Canton: La Rochelle-est - 17

Fief du Temple de Chagnolet
Fief du Temple de Chagnolet

Ce fief templier paraît avoir pour origine un acte de novembre 1282 par lequel Lambert Le Charretier, de Chagnolet, et Pernelle sa femme, se sont donnés avec tous leurs biens, au Temple de La Rochelle.

Domaines de l'Hôpital de La Rochelle

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Lagord, Commune: Esnandes - 17

Domaines de l'Hôpital de La Rochelle
Domaines de l'Hôpital de La Rochelle

La commanderie du Temple de La Rochelle possédait des biens et un hébergement à Esnandes, mentionnés en 1369.

Les archives du Temple de La Rochelle signalent une donation faite en 1287 par Pernelle Archambauld, d'Esnandes, femme de Raoul Lugier, de tous ses biens, à condition qu'elle en conservera l'usufruit. Cependant cette donation ne paraît pas avoir été faite aux Templiers, mais aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.

Domaine du Temple de La Mallolière

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: La Jarrie - 17

Domaine du Temple de La Mallolière
Domaine du Temple de La Mallolière

En juin 1284, Pierre Maillou, fils de feu Jean Maillou se donna à Dieu, à Notre-Dame et au Temple de La Rochelle avec tous ses biens, et spécialement son hébergement et toutes ses appartenances, qu'il possédait à La Maillolière et environs.

Par baillette passée le 14 juillet 1327, les Hospitaliers abandonnèrent La Maillolière à Simon Guillem, bourgeois de La Rochelle. Par la suite, elle deviendra seigneurie.

Domaine du Temple de Les Gontières

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Périgny, Commune: Rompsay - 17

Domaine du Temple de La Gontières
Domaine du Temple de Les Gontières

La constitution de ce domaine Templier paraît bien tardive. En 1306, Guillaume Clément, dit de Rompsay, de La Rochelle, donna aux frères de la maison du Temple de La Rochelle, tous ses biens et particulièrement sa maison de Rompsay, le bois, le verger, l'oizilière (plantation d'osier) et ses autres appartenances.
Un document de 1540 cite encore: «... la maison du Temple, nommée Gontières ».

Domaine du Temple de Laleu

Département: Charente-Maritime, Arrondissement et Canton: La Rochelle - 17

Domaine du Temple de Laleu
Domaine du Temple de Laleu

En 1168, Guillaume de Mauzé fit don aux frères du Temple, pour le salut de son âme et celle de ses parents, de la terre de Boys-Fleury et ses appartenances.
Le Treuil du Temple de Bois-Fleury appartenait à la maison du Temple de La Rochelle et consistait surtout en vignes.

Domaine du Temple le Treuil du Temple

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Lagord, Commune: Nieul-sur-Mer, lieu-dit: Treuil-Baston - 17

Domaine du Temple le Treuil du Temple
Domaine du Temple le Treuil du Temple

Vers 1189-1199, Pierre Bertin, sénéchal de Poitou et de la Marche, affranchit le Treuil de Pierre de Niort et l'hébergement qui en dépendait.
Vers 1246, ce treuil était la propriété des Templiers auxquels il avait dû être donné.
Par baillette passée en juin 1328, les Hospitaliers abandonnèrent ce treuil et ses dépendances à Guillaume Baston, bourgeois de La Rochelle.

Domaine du Temple de Luché

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Marans, Commune: Saint-Jean-de-Liversay - 17

Domaine du Temple de Luché
Domaine du Temple de Luché

En juin 1227, en même temps que son hébergement de Bernay, Hugues de Nuaillé donnait aux Templiers de La Rochelle son hébergement de Luché et les bois qui en dépendaient.
Par un second acte de juin 1227, il affranchit en leur faveur les hommes de Luché, de guet, de bians, de taille et de péage.

Domaine du Temple de Margot

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Marans, Commune: Saint-Cyr-du-Doret - 17

Domaine du Temple de Margot
Domaine du Temple de Margot

L'origine de cette commanderie ne nous est pas connue. Nous ne pouvons pas définir si elle fut anciennement aux Templiers ou, dès sa fondation, aux Hospitaliers. Les archives la concernant ne remontent pas au-delà du XIVe siècle et ne nous apportent aucune précision à ce sujet.
Elle dépendait au XIVe siècle de la commanderie hospitalière de Saint-Jean-du-Pérot.

Seigneurie du Temple de Nantilly

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Lagord, Commune: Marsilly - 17

Seigneurie du Temple de Nantilly
Seigneurie du Temple de Nantilly

En juin 1220, Jehanne La Borelle donna aux frères du Temple de La Rochelle, pour le salut de son âme et celle de feu Bertrand Borrel, son seigneur, tout son hébergement de Marsilly, maison, treuil et appartenances, à condition qu'elle en conservera l'usufruit.
La seigneurie du Temple de Marsilly est mentionnée en 1260.
Elle se situait dans le bourg de Nantilly où, en 1541, nous retrouvons une maison appelée Le Temple. Elle était contiguë à la maison ou prieuré Saint-Gilles de Nantilly auquel elle appartenait alors.

Domaine du Temple de Mauzé

Département: Deux-Sèvres, Arrondissement: Niort, Canton: Mignon-et-Boutonne, Commune: Mauzé-sur-le-Mignon - 79

Domaine du Temple de Mauzé
Domaine du Temple de Mauzé

Un document du XVIIIe siècle intitulé Mémoire pour servir à la recherche des devoirs deus au Comté de Benon, signale :
« Il y a à Mauzé un nombre de maisons tenues à cens du Comté. Ces maisons étoient anciennement aux religieux Templiers dont l'ordre fut aboli. Ces maisons ne font pas de suite, elles sont en plusieurs endroits du bourg et à l'entrée, près le Dauphin, en Chambranger et ailleurs, et hors du bourg. On a peine à les découvrir. »

L'établissement d'une maison du Temple à Mauzé paraît bien improbable, mais nous savons que la commanderie du Temple de La Rochelle y possédait biens et rentes, qu'elle y avait droit de juridiction, droit de mesure à blé et à vin. Ces droits firent d'ailleurs l'objet d'un accord entre le seigneur de Mauzé et les Hospitaliers du Temple de La Rochelle, en octobre 1364.

Domaine du Temple de La Pérault

Département: Deux-Sèvres, Arrondissement: Niort, Canton: Marans, Commune: Longèves - 17

Domaine du Temple de La Pérault
Domaine du Temple de La Pérault

Vers 1218, Jean Bertin, seigneur du Breuil-Bertin, avec le consentement de son épouse Joie (Johanne ?), de Pierre Bertin son neveu et de tous les membres de sa famille, fit don aux frères du Temple de La Rochelle de tout ce qu'il possédait à (Puy Airault) La Pérault en maisons, vergers et autres choses.

Le fief de (Puyairault) La Pérault fut rattaché, après 1313, à la commanderie de Bourgneuf, en Aunis, devenue indépendante.

Domaine du Temple de (Repose-Demoiselle) ou Repose-Pucelle

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: La Jarrie, Commune: La Jarne - 17

Domaine du Temple de Repose-Pucelle
Domaine du Temple de Repose-Pucelle

Le treuil des Templiers appelé le treuil de Repose-Demoiselle est mentionné dans les titres de la commanderie du Temple de La Rochelle en 1256 et 1265, au sujet des redevances qui y étaient dues.

Les biens de Repose-Pucelle seront aliénés par les Hospitaliers et deviendront seigneurie. Le plus célèbre des seigneurs de Repose-Pucelle sera Jean Guiton, maire de La Rochelle à l'époque du Grand Siège de 1627-1628.

Seigneurie du Temple de Rosne

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: Rochefort, Canton: Tonnay-Charente, Commune: Tonnay-Charente - 17

Seigneurie du Temple de Rosne
Seigneurie du Temple de Rosne

En juillet 1270, Aeline, dame de Biard, veuve de feu Pierre Baudreu le jeune, chevalier, fit don aux frères du Temple de La Rochelle d'un pré, situé sur la Charente.
La seigneurie de Rosne ne comportait aucun bâtiment et consistait surtout en terres.

Domaine du Temple de Saint-Félix

Département: Charente-Maritime, Arrondissement et Canton: Saint-Jean-d'Angély - 17

Domaine du Temple de Saint-Félix
Domaine du Temple de Saint-Félix

Les Templiers de La Rochelle ont possédé divers biens à Saint-Félix, mais ils ne devaient pas y avoir établi de maison de leur ordre.

Domaine du Temple de Surgères

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: Rochefort, Canton: Surgères - 17

Domaine du Temple de Surgères
Domaine du Temple de Surgères

En 1247, Aimeri Pinçon, paroissien de Surgères est signalé « homme du Temple ». Pas plus qu'à Mauzé, il n'y eut de maison du Temple à Surgères. Par contre, les Templiers de La Rochelle y possédaient certainement quelques droits, comme à Mauzé.

Maison du Temple de Tournay

Département: Charente-Maritime, Arrondissement: Saint-Jean-d'Angély, Canton: Loulay, Commune: Bernay-Saint-Martin - 17

Maison du Temple de Tournay
Maison du Temple de Tournay

Vers 1205-1208, Guillaume de La Roche, chevalier, sire de Machegouz confirma la donation faite aux Templiers de La Rochelle par Guillaume de Tournay, chevalier, de terres et bois à Tournay. Ce même Guillaume de La Roche donna la terre d'Helye Bernard, chevalier, également à Tournay. Le don fut complété par quelques autres.

Outre des terres et bois, les Templiers de La Rochelle possédaient à Tournay des moulins à eau et une chapelle dédiée à sainte Madeleine. La commanderie avait droit d'y « prendre les collectes, dons ou oblations et d'y célébrer mariages ». Elle relevait de leur maison de La Cabanne.

Plate-Tombe du seigneur de Bonnemie

Plate-Tombe du seigneur de Bonnemie
Plate-Tombe du seigneur de Bonnemie en Oléron
Deuxième quart du XVIe siècle
Trouvée en 1865 sur le site de la chapelle des Templiers de La Rochelle.

Commanderies des Templers et des Hôspitaliers des Charentes

Templers et des Hôspitaliers des Charentes
Figue 29

Bibliographie

Pour la bibliographie de cette étude, nous invitons le lecteur à se rapporter à celle déjà publiée dans les précédents ouvrages du même auteur sur le sujet :
BONNIN (Jean-Claude), Les commanderies templières et hospitalières du Pays d'Aunis, La Rochelle, 1982 ;

BONNIN (Jean-Claude), Les Templiers et leurs commanderies en Aunis, Saintonge, Angoumois, La Rochelle, Rumeur des âges, 1983.

Nous devons cependant y ajouter les références suivantes :
FAVREAU (Robert), « L'épitaphe de Pierre de Legé, commandeur du Temple de La Rochelle († 1269) », dans Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome VIII, 1982, pages 33-36 ;

LA ROCHEBROCHARD (Henri de), « Etude sur quelques commanderies des Templiers d'Aquitaine », dans Revue Poitevine et Saintongeaise, tome VI, 1889 et tome VII, 1890 (Commanderie de La Rochelle, tome VII, pages 37-44) ;

LEGRAS (Anne-Marie), Les commanderies des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem en Saintonge et en Aunis, Paris, C.N.R.S., 1983.
Jean-Claude Bonnin - Les Templiers de La Rochelle. - Les Templiers de La Rochelle. La commanderie, la chapelle, les fiefs, seigneureries et maisons templières. La Rochelle : J.-C. Bonnin. 2005

Etude sur quelques commanderies des Templiers d'Aquitaine

Commanderie de la Rochelle
La Rochelle, bourg insignifiant au moment de l'établissement des Templiers, devint promptement une cité considérable, grâce aux concessions des ducs d'Aquitaine. La commanderie (1) s'accrut en même temps que la ville, car les rois de France, les rois d'Angleterre, les seigneurs et les bourgeois comblaient l'ordre de dons et de privilèges.
1. Cf. La Revue poitevine et saintongeaise, tome VI, n° 61 et 71, pages 10 et 417.

Il y eut d'abord des moulins donnés avant 1139, par Gangan de Taunay. Ces dons furent confirmés par Eléonore, duchesse d'Aquitaine, par le roi de France, Louis le Jeune, et, en 1189, par Richard, roi d'Angleterre.

Le chai des Sept-Moulins, appartenant aux Templiers, fut pillé vers 1180 par Nicolas de Glocester, que condamna le sénéchal de Poitou, Pierre Bertin. Ce n'était pas un procès de petite importance puisque l'on y vit Guillaume de Mauléon, Maingot, seigneur de Surgères, le maire de la Rochelle, Robert de Montmirail, et une foule innombrable d'autres témoins : « Testes sunt innumerabiles qui affuerunt. »

En 1199, Eléonore d'Aquitaine confirme encore tous les privilèges des chevaliers et leur donne la chaussée et les moulins du Perrot, en les autorisant à bâtir de chaque côté de cette chaussée, jusqu'aux limites des terres des chevaliers hospitaliers qui étaient établis au quartier du Perrot, situé alors en dehors de la Rochelle, et faisant, depuis, partie de la ville.

Guillaume de la Roche, chevalier, sire de Machecoul, confirme vers 1205 une donation de terres et de bois constituant le Pas de Tornay, faite par Guillaume de Tornay, son homme. Il leur cède, en même temps, un fief tenu par Elie Bernart, chevalier, également son vassal.

Le premier titre dans lequel il soit fait mention d'un commandeur du Temple, validant, à la Rochelle, un acte par l'autorité de son sceau, est une charte de la collection de Dom Fontencau, et donnée par F. Boez, maître des Templiers d'Aquitaine. Cette pièce, de 1203 à 1207, n'est pas datée. Elle rapporte qui Garin de Jart possédait une maison dont le mur était assis sur le terrain même de la commanderie. S'étant montré bon voisin pour les Templiers, il avait eu permission de construire ce mur et d'y percer des fenêtres, mais assez étroites pour que personne ne pût y passer.

Un dessin, conservé à la bibliothèque de la Rochelle, montre que le pont de Saint-Sauveur, détruit un peu avant la révolution, soutenait des maisons depuis fort longtemps ; et le Père Arcère dit avoir lu, aux archives du Temple, une charte de 1207 où déjà il en était question.
Les Frères eurent de longs et graves débats avec les Hospitaliers au sujet de ce pont. Les Hospitaliers s'appuyaient sur ce que Isambert, écolâtre de Saintes, leur en avait fait don (2). Après maintes disputes, on convint que les deux commanderies se partageraient les revenus du pont et des maisons. Il y avait donc un péage établi sur le pont Saint-Sauveur, au profit des deux ordres.
2. Sur cet Isambert, constructeur des ponts de Saintes, de Saint-Sauveur de la Rochelle et du grand pont de Londres, cf. La Revue poitevine et saintongeaise, tome III, 1886, n° 25, page 24.

Guillaume Maingot, sire de Surgères, fit subir pendant longtemps mille vexations aux hommes de la maison du Temple, dont les franchises avaient été jusque-là reconnues et respectées. Enfin il déclara, en 1217, que les chevaliers auraient leurs hommes et possessions garantis de toute violence de sa part et quittes d'hosts, tailles, chevauchées, corvées, guets et fardeaux à porter. Une sentence de l'évêque de Saintes avait changé sa manière d'agir, le pape ayant délégué comme juges de ce procès : Elie, prieur du Vieux-Parthenay, Gilbert, prieur de Saint-Laurent, et Robert, prieur de Saint-Paul de Parthenay.
Les Templiers avaient reçu, vers 1218, des terres à Tadon, Sèchebot, Longuelaine, Aitré (3).
3. Localités près de la Rochelle.

A la même époque, Aimeri de Maillé, chevalier, traduisit en justice F, Arnaud, commandeur de la Rochelle, au sujet d'une aumône faite par Pierre Jarry, et due sur des terres situées entre Chavagnes et Usseau (4). Aimeri de Maillé ayant voulu se faire rendre certains services par ces terres, les chevaliers s'y opposèrent et prouvèrent par témoins qu'ils avaient raison. Aimeri de Maillé le reconnut.

A la mort d'Auffrédi, en 1220, les Templiers prirent, possession de son hôpital, comme leur ayant été donné. Les bourgeois de la Rochelle prétendirent que le défunt avait laissé par testament l'hôpital à la commune et firent valoir leur cause aux yeux du roi d'Angleterre, en lui exposant qu'il avait avantage à les favoriser.
4. Charente-Maritime, canton de Sainte-Soulle.

Entrant dans les vues des bourgeois, le prévôt du roi d'Angleterre à la Rochelle conseilla par lettre à son maître de ne pas favoriser les Templiers. Il avait préalablement saisi l'hôpital avec ses dépendances, et attendait des ordres pour terminer l'affaire. Henri III se plaignit au pape Honorius, lui mandant que, d'après l'ancienne coutume de la ville, tout étranger sans maître y ayant demeuré pendant un an et un jour, devenait homme du roi. Les Templiers, selon lui, enfreignaient très souvent cette règle en traduisant les baillis et les hommes du roi devant certains juges, chez les ennemis du roi, ce qu'ils prétendaient faire avec l'autorisation du pape. Honorius nomma par la bulle : « Do insolentia Templariorum reprimenda », une commission des abbés de la Grâce-Dieu, de Saint-Léonard des Chaumes et du prieur de Saint-Jean à la Rochelle, et, par la suite, les prétentions des Templiers furent annulées. Les bourgeois avaient mené cette affaire avec beaucoup d'activité, en faisant écrire à Henri III par son prévôt et par l'évêque de Saintes, et eux-mêmes lui avaient fait parvenir une lettre contenant les récriminations les plus amères, ou ils accusent les Frères de s'être tous réunis pour pénétrer de vive force dans l'hôpital. Ils semblent jaloux de ce que le Temple possède la meilleure partie de la ville avec tant de maisons, de terrains et de redevances. Ils accusent les chevaliers d'avoir injustement acquis la plupart de ces biens, enfin ils voudraient qu'on n'écoutât point les raisons données par Gérard Brochard, maître des Templiers d'Aquitaine, qui, disent-ils, a toujours cherché à nuire au roi. Or, nous verrons plus loin, que deux ans auparavant les bourgeois de la Rochelle avaient supplié Gérard Brochard d'accepter, auprès de Henri III, une mission les intéressant beaucoup. Comment auraient-ils fait ce choix si le maître des Templiers d'Aquitaine avait eu la réputation de compromettre les intérêts du roi d'Angleterre ?

Enfin, également deux ans avant ces événements, ces mêmes bourgeois avaient adressé à Henri III une série de plaintes contre Hugues de Lusignan, comte de la Marche. Cette fois, comme les Templiers appuyaient leurs doléances, ils s'en louaient beaucoup et vantaient au roi le zèle assidu déployé par eux dans toutes les circonstances. Néanmoins, comme le pape, l'évêque, le roi et les bourgeois s'accordaient à blâmer les chevaliers dans cette affaire du pont Saint-Sauveur, il y a lieu de croire que ceux-ci appuyèrent par la violence des droits qu'ils n'avaient pas.

Louis VIII, voulant punir son vassal Henri III qui avait refusé d'assister à son sacre, envahit les possessions des Anglais en France. Au mois d'août 1224, il s'était emparé de Niort, Saint-Jean-d'Angély, la Rochelle. A Saint-Jean-d'Angély, il confirma, d'une manière particulièrement flatteuse, les donations précédemment faites à l'Ordre. Ou serait tenté de croire qu'il eût voulu récompenser les chevaliers de s'être déclarés pour lui dans la lutte, peut-être de l'avoir appuyé par les armes. Mais la reconnaissance royale provenait plutôt de services pécuniaires. MM. Léopold De liste et Henry de Curzon ont démontré que les Templiers de Paris étaient de véritables et puissants banquiers. Très souvent on voit ceux d'Aquitaine avancer des sommes considérables aux rois de France et d'Angleterre. A la Rochelle, leur grande occupation était le commerce. Ils exportaient sur leurs vaisseaux leurs marchandises ou celles de leurs concitoyens, comme les vins de la Rochelle très estimés au moyen âge. Enfin, ne négligeant aucun moyen de s'enrichir, ils remplissaient pour le compte des rois certains emplois bien rétribués.
Ainsi les maîtres des Templiers d'Aquitaine percevaient pendant leurs voyages en France les impôts dus au roi d'Angleterre. Nous avons vu les souverains accorder aux Templiers que leurs hommes seraient quittes de toutes charges, telles que service militaire, corvées et redevances.
L'unique préoccupation des roturiers était donc de devenir hommes du Temple. M. Boutaric nous montre Philippe-le-Bel prenant des mesures contre cet abus. Dans le Regestum Philippi Augusti, j'ai trouvé la preuve que Philippe-Auguste et Louis VIII ont eu aussi à défendre leurs intérêts contre les Templiers d'Aquitaine.

La mère de Henri III s'était remariée, en 1217, à Hugues de Lusignan comte de la Marche. Malgré cette union le comte et le roi ne s'entendaient pas. La guerre devint imminente, et Lusignan tenait en son pouvoir Jeanne, sœur de Henri III, avec l'intention de la livrer au roi de France. Les évêques, la plupart des barons dépendant du roi d'Angleterre, et les notables de Bordeaux, Niort, la Rochelle et Saint-Jean-d'Angély, se réunirent à Angoulême avec le comte de la Marche. Ils le supplièrent d'attendre, avant de prendre les armes, qu'ils eussent demandé au roi de réfléchir lui aussi avec ses conseillers, sur les maux que cette guerre attirerait au pays. Dans ce but, les notables décidèrent d'écrire à Frère Gérard Brochard, maître des Templiers d'Aquitaine, pour le supplier d'aller traiter de la paix avec le roi d'Angleterre. Gérard Brochard, appliqué, disait-il, de toutes ses forces à la tranquillité du royaume, accepta la mission et la remplit avec succès. Le roi d'Angleterre envoya, d'après ses conseils, son sénéchal Philippe de Picot et le doyen du chapitre de Poitiers, pour traiter avec Hugues de la Marche. Philippe de Picot mourut en chemin. Le doyen ayant trouvé Lusignan fort malade à Oléron, le mit dans des dispositions tout autres à l'égard de Henri III. Le comte déclara vouloir aller à Londres aussitôt guéri pour y remplir ses devoirs de vassal, et en présence de Gérard Brochard, il fit délivrer la sœur du roi, qui fut conduite à la Rochelle par deux chevaliers. Le Roi avait, de son côté, le 9 août 1220, ordonné par lettres aux bourgeois de la Rochelle de recevoir Jeanne et de la mettre en sûreté dans leur château.

La commanderie reçut de Hugues, seigneur de Nouaillé, en 1225, les seigneuries du Grand et du Petit-Bernay, près de Marans et de Saint-Jean-de-Liversay.

En 1232, Amaury de Villers, châtelain du château de la Rochelle pour le roi de France, donna soixante sous de cens à percevoir sur un étal et sur une écorcherie.

Les Templiers possédaient les marais de la Besse-à-la-Reine depuis 1203, Jean-sans-Terre leur ayant donné le cours d'eau traversant la Besse-à-la-Reine, en échange d'un cours d'eau enlevé à leurs moulins du Perrot pour la construction des fortifications de la ville.

Dans un acte de 1257, des archives du Grand Prieuré d'Aquitaine, on mentionne le Treuil des Templiers appelé le Treuil de Repose-Demoiselle (5), Cette pièce est scellée du sceau de Hélie de Péréguis, prieur d'Ays (6), sceau ovale en cire verte, suspendu par une double cordelette de soie. Au milieu du champ s'élève un édifice à toit conique, surmontant des ondes.
Légende : FRATRIS HELIE.
5. Au XVIIIe siècle existait encore un village appelé Repose-Pucelle, près de la Jarne (Charente-Maritime). 6. Près Puyraveau (Charente).

En 1269, le fils du roi Louis VIII, Alphonse, comte de Poitou et de Toulouse, confirma aux Templiers d'Aquitaine toutes leurs possessions dans ses domaines.

Gauthier de Vouhé, chevalier, était en 1269 vassal des Templiers de la Rochelle pour leurs moulins dits de la Rochelle, situés près de l'église de Saint-Sauveur. Ces moulins étaient les mêmes que ceux constituant la presque totalité de la ville en 1139, quand Eléonore d'Aquitaine les donna aux Templiers, ou bien étaient bâtis sur leur emplacement.

Depuis la réunion des biens du Temple à ceux des Hospitaliers, la commanderie eut comme dépendance la seigneurie de Rogne, dans la paroisse de Saint-Hippolyte de Biard, près Tonnay-Charente. Ce fief avait pour origine des prés possédés depuis longtemps, les uns par les chevaliers du Temple, les autres par les Hospitaliers.
En 1270, Aline, dame de Biard, veuve de Pierre Baudren le Januire, chevalier, donne encore un pré à la maison du Temple.

Les Templiers avaient dans la châtellenie de Marans, des marais contigus à ceux des abbayes de Saint-Michel-en-l'Herm, Saint-Léonard-des-Chaumes et Maillezais. Les abbés de ces trois couvents décidèrent avec Jean François, maître des Templiers d'Aquitaine, et Guillaume du Liège, commandeur de la Rochelle, de faire creuser à frais communs un canal pour protéger leur terrain contre les inondations. Ce canal devait aller du pont établi sur le canal de la Brune jusqu'au port des Pécheurs.

Pierre de Saint-Michel, chevalier, avait, en 1279, vingt sous de rente sur un pré dit le pré de Saint-Michel, appartenant aux Templiers, et situé entre Nouaillé et Puy-Airault. Il vendit aux Frères, pour dix livres tournois, ses droits sur ce pré.

En 1288, Frère Amblard, maître des Templiers d'Aquitaine, confirma à Pierre de Taunay le bail à cens d'un hébergement situé à Thairé, en la seigneurie des chevaliers du Temple.
7. Près Sourdon (Saint-Jean-de-Liversay).

Guillaume du Liège avait acquis dans le domaine du monastère de Saint-Jean-d'Angély des fiefs consistant en maisons et vignes.
En 1296, Hugues de Surgères, chevalier, donna son fief de Saint-Félix (2), à Guillaume du Liège, pour la maison du Temple.
8. Charente-Maritime.
Vers 1308, Nicolas de Caprose administrait les biens des Templiers au nom du roi de France, dans la sénéchaussée de Saintes.
Guillaume du Liège fut le dernier commandeur de la Rochelle. Il avait succédé à son frère, ou du moins à son parent, Pierre du Liége. Il remplit son office pendant une quarantaine d'années. La commanderie prospéra beaucoup pendant son administration.

Dans la relation du procès des Templiers, il est compris parmi ceux qui savaient le latin. Il était âgé de quatre-vingts ans et en avait passé soixante dans l'ordre, quand il comparut à Paris, au couvent des Frères Mineurs, devant les commissaires pontificaux réunis en 1309. L'évêque de Saintes l'avait déjà interrogé à la Rochelle. Ses témoignages ne sont pas à charge pour les Templiers. Il reproche seulement à plusieurs de s'être montrés orgueilleux et d'avoir acquis des biens par violence. Néanmoins il ne fut pas de ceux qui déclarèrent vouloir défendre l'ordre. Depuis quarante ans, disait-il, il ne lui inspirait plus la même estime, car il avait entendu parler d'actes coupables imposés aux chevaliers lors de leur réception, et il s'était douté que cela était vrai.
Quand il lui arrivait d'assister aune réception, il s'empressait de sortir aussitôt qu'on avait donné le manteau au nouveau chevalier, pour ne pas être témoin de ces cérémonies blâmables, dont il craignait l'existence. Il n'avait pas osé en parler à ses supérieurs, cependant il leur dit très souvent qu'il n'approuvait pas la façon clandestine dont les réceptions étaient faites. Il redoutait que cela n'inspirât des soupçons mal fondés aux personnes étrangères à l'ordre. Après son premier interrogatoire, il avait été déjà absous et réconcilié par l'évêque de Saintes.

Le sceau de Pierre du Liège aux archives du Grand-Prieuré d'Aquitaine, est rond, en cire verte, pendant par une double cordelette en soie. On y voit au centre un cavalier qui doit être l'empreinte d'une pierre gravée antique incrustée dans le sceau.
Légende: FRATRI PRETRI DAULEGE.

Dans les chartes françaises le nom est écrit Dau Lege, ou bien Daulege. Or, dau signifie du
Dans le procès des Templiers le nom est écrit : « G. du Leige », ou « G. du Liège », ou « G. de Leodio » La véritable orthographe est donc : « du Liège »

Il ne reste plus aucun vestige de la commanderie autrefois si considérable. Etablie près du port, elle couvrait la surface du quartier qui, limitée par la rue du Temple, et traversé par la petite rue du Temple, porte encore le nom de cour du Temple, On conserve aux archives de la Rochelle deux dessins de la collection Juillet : l'un donnant une idée de la commanderie au XVIIIe siècle, l'autre représentant le pont Saint-Sauveur, qui appartint moitié aux chevaliers du Temple et moitié aux Hospitaliers. Ce pont devait se trouver au bout de la rue Saint-Sauveur sur un des nombreux canots, dont la partie marécageuse de la Rochelle était sillonnée. Un troisième dessin reproduit un pan de mur de l'ancienne chapelle du Temple.

Commandeurs de La Rochelle
Frère Elie du Puy, vers 1180.
Frère Elie de Burzac, vers 1305.
Frère Bœuf, en 1207.
Frère Bozon, en 1218.
Frère Arnaud, en 1218.
Frère Guillaume Raimond, vers 1230.
Frère Pierre Bozon, en 1250.
Frère Pierre, chapelain et commandeur, en 1259.
Frère Pierre du Liège, de 1265 à 1268.
Frère Guillaume du Liège, de 1270 à 1307.
On trouve comme chevaliers : P. de Capdeuil, A. de Froidefont, Thibaut Sécher, P. Manent, P. Charpentier, Arnaud de Moulins, Thomas.

Je donne in extenso la charte suivante, comme provenant d'archives particulières :
Universis presentes litteras inspecturis, fraier Petrus, domus militie Templi de Rupella capellunus et preceptor, salutem in Domino sempiternam. Cum dudum religiosus et honestus vir nobis in Christo carissimus fraier Henricus (1) de Viridario preceptor baillivie seu preceptorie religionis nostre de Dompuho (2), acquisierit, nomine suo privato et pro ipso, quasdam heredidates seu quedam hereditagia, titulo emptionis seu solutionis sibi facte per nobilem virum Haimericum de Viridario, armigerum, consanguineum suum, qui sibi, in pluribus pecunie summis, ex causa vei et legitimi mutui, tenebatur, quas hereditates seu que hereditagia idem frater Henricus nuper vendidit Johanni de Aurifolio armigero ; de voluntate et licentia nostra speciali hinc est quod nos, frater Petrus preceptor supradictus, venditionem, ut premittitur, factam, de fratrum nostrorum consilio et assensu, pro nobis et ordine nostro, laudamus, approbamus, rattificamus et tenore presentium sub testimonio sigilli preceptorie nostre confirmamus.
Datum Xantonibus, die lune, xvie die mensis februarii. - Anno ab incarnatione Domini millesimo ducentestmo sexagesimo.
Au dos le scribe a écrit: Littera frattris Petri preceptorris de Rupella, La charte portait autrefois un sceau.
Sources : H. de la Rochebrochard. Revue poitevine et saintongeaise : histoire, archéologie, beaux-arts et littérature, page 37 et suivantes, septième année 1890. BNF

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