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Études réalisées sur les Templiers

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Châteaubernard

Département: Charente, Arrondissement et Canton: Cognac - 16<

Domaine du Temple de Châteaubernard
Domaine du Temple de Châteaubernard

Longtemps unie à Angles sous la juridiction des Templiers, l'église de Châteaubernard est simple comme tout ce qui émane de la piété et de l'austérité des ordres religieux à leur berceau. L'abbé Michon l'a décrite dans sa Statistique, monumentale.

Si l'on en juge à certains signes extérieurs, à certaines conformations et configurations du terrain, Châteaubernard a possédé un château : mais pas la plus petite légende, pas le plus léger indice ne nous permet de nous livrer à des conjectures sérieuses.
— Était-ce une petite maison d'hébergement, une villa du genre féodal ?
— L'habitation d'un écuyer ou une station militaire, un relais ?
— Nous n'en savons absolument rien.
En songeant à l'influence extraordinaire exercée par saint Bernard à l'égard des Templiers, certains érudits n'ont pas hésité à regarder le nom même de cette paroisse comme un hommage rendu par les Templiers à la mémoire de ce grand homme.

Quoi qu'il en soit, depuis 1295, Châteaubernard et Angles n'ont fait qu'un seul bénéfice, et cet état s'est prolongé jusqu'en 1789, puisque, à cette époque, ces deux commanderies ont été appelées à voter collectivement pour se faire représenter aux réunions préliminaires de Cognac.

Voici ce qu'on lit sur Angles d'abord, puis sur Châteaubernard : « A Angles, le grand prieur d'Aquitaine, seigneur haut justicier. Les cas royaux sont portés au bailliage de Cognac, et par appel au Parlement de Paris. Cette commanderie produit des fourrages, du froment, des légumes, du vin qui se convertit en eau-de-vie. Le taux des dîmes est au onze pour tous les fruits décimables. M. le grand prieur d'Aquitaine est seul décimateur. Les habitants sont seulement cultivateurs. On y enterre seulement, et les enfants sont baptisés à l'église de Salles. »

Voilà pourquoi nous avons compris sous la rubrique de Salles ce que nous avions à dire de cette localité.

« La paroisse de Châteaubernard appartenant à l'ordre de Malte, unie au grand prieuré d'Aquitaine, est tenue du roi en franche aumône, à cause du château de Cognac, à haute, moyenne et basse justice exercée dans toute sa directe. Elle en jouissait en 1514 lors de la rédaction de la coutume. Cette paroisse consiste en domaines, dîmes, rentes, nobles, agriers, cens, etc., situés à Cognac, Saint-Martin et Châteaubernard.
Revenu total, 3,900 livres ; valeur, 130,000 livres ecclésiastiques.
Aux bénéfices d'Angles et de Châteaubernard se joignait le Temple d'Angoulême, comprenant seulement l'ancienne maison des Templiers.

Revenons au monument religieux de Châteaubernard. M. Barraud, l'un de nos plus zélés antiquaires, a dégagé, en 1862, du badigeon qui les recouvrait sur les murs de la
chapelle latérale les deux inscriptions suivantes :
CELUI QUI SE CROIT
AU-DESSUS D'HUN SEUL DE SES FRÈRES
EST LE PLUS VIL DE TOUS.

Voici la seconde :
LES HOMMES NAISSENT, DEMEURENT
LIBRES ET ÉGAUX EN DROIT.

Il est aisé de constater que la première se rapporte à l'humilité chrétienne et que la seconde émane d'utopies révolutionnaires. Et de fait, c'est l'article premier de la Constitution de 1791.

Mais tout cela est peu de chose comparativement à la grande inscription qui se voit sur une paroi du mur intérieur. Elle ne comprend pas moins de vingt-trois lignes d'écriture gothique, genre employé dans les verrières d'église, et a trait aux signes qui précéderont le jugement dernier. Elle est certainement du XVIe siècie. On lit même à deux endroits au bout des lignes en caractères majuscules le nom de Monoy avec la date de 1551.

S. les XV S. moult
Merveilleux ... précéderont
Le jugement de Dieu des
Quels est escrit en apocal. ou hic.

La mer s'elèvera sur tous les monts : ce tiendra s.
La mer. dedans la terre entrera
Balaines et poissons, appat seci horribl, sons.

Certaines terres formaient un corps de métairie autour du bourg ; et c'est sans doute le bâtiment appelé Commanderie qui servait à leur exploitation. Les terres vagues ou communales, qui servaient récemment de carrière à moellons, ont été classées dans les dépendances de la Commanderie ; un document de 1714 nous fait ranger à cette opinion :
« Gabriel Thibaud de La Carte, grand-prieur d'Aquitaine, donne procuration par devant Me Gourivaud, notaire, à Me Jean Gautier, juge-sénéchal de la Commanderie des Épaux, pour se rendre à Châteaubernard, afin de retirer au sieur Tardy les pouvoirs de régisseur qui lui ont été conférés, résilier les contrats-baillettes qu'il a passés par exploit de Me Yvon, notaire, attendu que le dit Tardy a excédé ses pouvoirs et s'est montré infidèle à son mandat.
Tout devra être refait dans les formes et conformément aux instructions du grand prieur. Le grand prieur fixe même la destination de l'argent à recouvrer, savoir : « l'achat de deux treuils et les réparations ou ornementations de l'église. D'ailleurs le grand prieur n'entend pas priver les habitants de la Commanderie de la faculté d'aller tirer des pierres dans le terrain vague, mais il veut qu'ils paient pour cela une redevance, etc. »

Nous possédons deux ou trois autres pièces émanant des Templiers, premiers seigneurs de Châteaubernard ; ce sont des concessions à diverses personnes de biens leur appartenant, espèces de baux de loyer. La première date de 1227. Il s'agit d'une maison sise à Cognac, louée annuellement vingt sols d'argent payables en deux fois. La seconde est de 1242 et a le même objet. Celle-ci est du grand maître Guillaume de Sonnac.

Nul par, dans nos campagnes, l'émotion causée par la Révolution de 1789 ne fut peut-être aussi vivement ressentie qu'à Châteaubernard. Toutes les archives de cette commune en font foi. Pas une seule loi, pas un seul décret de l'Assemblée nationale ou de la Convention, jusqu'à ceux qui regardent les choses insignifiantes pour ce pays, n'y sont omises. Un groupe de patriotes va et vient sans cesse de Cognac à Châteaubernard et en rapporte les impressions les plus diverses. Quand les biens du ci-devant ordre de Malte ont été confisqués et que l'on pose au gouvernement la question de savoir à qui reviendront les rentes féodales, dues aux seigneurs ecclésiastiques ou laïques, il est répondu sans balancer que le gouvernement se substitue aux anciens possesseurs et que c'est à lui que reviennent les fonds non versés. En l'an III, à Châteaubernard, on fit un lot du bien des émigrés, les Talleyrand et autres, qui fut adjugé à Jean Moreau de Salles pour la somme de 4,100 livres par l'agence de Cognac.
Sources : Cousin, Eugène. Histoire de Cognac, Jarnac, Segonzac et d'un grand nombre de localités entre Saintes et Châteauneuf, Archiac et Rouillac, Pons et Saint-Jean d'Angély, dans leurs rapports avec l'histoire générale de la France, depuis les temps celtiques jusqu'à l'an 1882. Bordeaux 1882.
BNF


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