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Commanderies Belges par Laurent Dailliez

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Etude de M. Laurent Dailliez

Commanderies de Luxembourg

Pays: Luxembourg, District: Luxembourg, Chef-lieu: Luxembourg
Les biens templiers dans ce qui est le grand-duché actuel dépassaient les limites territoriales du XXe siècle puisque la juridiction de Roth s'étendait sur des commanderies et maisons actuellement situées en France et en Allemagne.

C'est grâce aux travaux de Bertholet que nous connaissons certains éléments de la vie des Templiers dans cette juridiction (1). Malheureusement la plupart des Archives furent détruites durant les trois dernières guerres, mais malgré cela et grâce aux précautions des érudits nous avons des copies. Assurément tout n'est pas perdu. Il reste les Archives de l'Ordre de Malte et celles des chevaliers Teutoniques, mais l'on connaît la hantise d'Hitler en faveur des ordres de chevalerie, aussi là encore plusieurs éléments disparurent, mais les copies sont plus nombreuses (2).
1. — BERTHELOT, Histoire ecclésiastique du Grand-Duché de Luxembourg, 1743. La plupart des renseignements sur les Templiers se trouvent dans cet œuvre en plusieurs volumes. On trouve quelques bribes aux Archives de Trêves et de Paris. Pour ces dernières dans les séries : S, L, LL, M et MM concernant l'Ordre de Malte.
2. — Laurent DAILLIEZ, Les Chevaliers Teutoniques, Librairie Académique Perrin, 1978.


Toutefois nous pouvons connaître l'existence des Templiers et avoir quelques bribes sur les possessions par l'intermédiaire du reste des archives de l'Archevêché de Trêves. Il ne paraît pas que les possessions de l'Ordre soient des inconnues dans cette partie tampon de l'Europe divisée à la fois dans le domaine ecclésiastique et temporel laïque. Quoiqu'il en soit nous avons des données certaines.

Roth

Pays: Allemagne, Land: Rhénanie-Palatinat, Arrondissement: Eifel-Bitburg-Prüm: Roth-sur-Our
Commanderie principale, chef de juridiction, elle avait directement recours au commandeur de France et non à celui de Trêves, quoique Trêves formât une sous province (3).
3. — Là encore M. Saint-Hilaire nous révèle des « mystères » que lui seul pourra peut-être un jour élucider puisqu'il se contredit d'une province mystérieuse à l'autre, à moins que son ésotérisme donne la clé des songes.

La commanderie de Roth fut fondée en 1228 par Henri comte de Vianden. A cette occasion les frères du Temple reçurent plusieurs biens qui firent l'objet de sérieux litiges et dont fera état, Arnaud Archevêque de Trêves au mois d'avril 1256. Les comtes de Vianden, après cette donation chercheront des chicanes qui seront tranchées à chaque fois par l'archevêque.

Au mois d'avril 1256 en effet, l'archevêque Arnaud notifie que l'église de Roth de l'Ordre du Temple possède bien les dîmes et les droits sur les terres qui vont de la maison du Temple jusqu'à la rivière « Oure » (l'Our actuel). Le prélat confirme en plus tous les biens de la commanderie en présence de Foulques de Saint-Michel maître de France de l'Ordre du Temple. Il confirme en plus les droits et biens, terres, prés, eaux, pacages, dîmes situés dans le comté de Vianden, entre autres ceux situés à Vianden même et à Gilsdorf.

C'est au mois de juin 1258 que nous verrons apparaître une grange dépendante de Roth: Vichten. C'est encore l'archevêque de Trêves qui notifiera cette possession au même maître.

On constatera que les archevêques de Trêves furent de grands protecteurs des Templiers et lors du procès les frères ne furent jamais inquiétés dans toute la juridiction de l'archevêché, comme ce fut le cas dans les trois évêchés qui en dépendaient: Metz, Toul et Verdun.

L'église de Roth qui avait été donnée par les comtes de Vianden fut à nouveau reprise malgré la confirmation de l'Archevêque. C'est le fils du donateur qui revendique les droits et les dîmes tout comme le patronage de l'église et de ce fait de la commanderie elle-même. Il révoqua ainsi le souvenir de ses ancêtres.

En effet, en 1139, l'abbé Gérard de l'Abbaye Saint-Maximin de Trêves se révolta contre l'archevêque qui voulait incorporer le monastère dans sa principauté (4). L'abbé fut excommunié et déposé par l'archevêque. Le chapitre abbatial fit appel de cette décision par devant le comte Henri IV de Luxembourg, avoué de Saint-Maximin. Celui-ci convoqua ses vassaux parmi lesquels se trouvait Frédéric 1er comte de Vianden et avoué de l'Eglise de Trêves. L'intervention du comte fut récompensée et l'archevêque Albéron lui donna l'église de Roth avec tous ses biens. Cette église avait appartenu à l'église Saint-Simon dont l'archevêque était l'avoué.
4. — Laurent DAILLIEZ, Le Bûcher des Templiers, même collection.

Les contestations du fils du donateur vinrent aux oreilles de l'archevêque d'alors: Henri de Wistingen. Celui-ci excommunia, avec toute son autorité, non seulement le comte mais aussi Marie sa femme.

Le 10 mars 1262, le comte répondant à la convocation du prélat promit de rendre les frères du Temple quittes de toute exaction et de résigner et renoncer en leur faveur à tous les droits qu'il avait sur l'église de Roth le dimanche de judica me (soit le 26 mars).

A cette convocation se trouvait frère Hubert Perraud, procureur des frères du Temple et précepteur de France ainsi que plusieurs autres frères de l'Ordre. Ils montrèrent au prélat les documents relatant que cette donation leur avait été faite par Henri, comte de Vianden et que le dit Philippe, comte actuel, et sa femme Marie ont été excommuniés pour la raison qu'ils ont usurpé cette donation. Ils resteront dans cet état jusqu'à ce qu'ils soient absous et relaxés de toutes sentences.
Les frères du Temple de leur côté, promirent de faire une composition avec le comte d'ici la fête de Sainte-Madeleine (6).
5. — Cf., les références des lettres adressées par saint Bernard au pape Innocent II concernant cette affaire dans, Laurent DAILLIEZ, les Templiers, gouvernement et Institutions, chapitre I, note 63.
6. — NEYEN, Histoire de l'Eglise de Vianden, page 18-20.


C'est tout ce que nous savons sur la commanderie de Roth en dehors des éléments beaucoup plus tardifs dans les documents de l'archi-commanderie de Cologne de l'Ordre des chevaliers Teutoniques et celles de l'Ordre de Malte.

Les Grands-maîtres de Sainte-Marie des Allemands, de la maison d'Autriche à partir de la séparation, à la Réforme furent les archevêques de Cologne et bien souvent ils eurent l'intention de posséder cette commanderie aussi la demandèrent-ils aux chevaliers de Malte sans grand succès. Elle devint par la suite une commanderie de prestige.

Vianden

Pays: Luxembourg, District: Vianden, Chef-lieu: Vianden
Dès la donation de l'église de Roth et la fondation de la commanderie du même nom, les Templiers acquirent quelques biens à Vianden. Lorsque le comte Philippe fut excommunié en s'attaquant aux droits donnés, les Templiers, pour mieux montrer les privilèges de leur Ordre et surtout pour en préserver les données face aux pouvoirs laïcs érigèrent Vianden en Commanderie Titulaire et nous connaissons le nom du premier et seul commandeur: frère Hermann.

Cela se passait en 1261. Peu de temps après, une fois la composition accomplie par les deux partis, Vianden redevint maison dépendante de Roth.
Toutefois nous avons quelques précisions plus anciennes de quelques années sur les possessions des Templiers à Vianden.

Dès 1258 un accord intervenait entre les Templiers et les hospitaliers de Saint-Antoine du Viennois, et non des Trinitaires, au sujet des droits d'usage de la rivière Our et des cens qui y étaient attachés. Les deux ordres se partageaient équitablement les revenus en prenant chacun la moitié de la rivière ce qui ne paraît pas avoir été accepté par le comte Philippe puisque là aussi nous avons la mention d'une excommunication (7).
7. — Cf., note 2.

Que l'on note bien que l'église de Vianden n'est pas de construction templière. Les Templiers à Vianden n'avaient aucun droit sur l'église.
Après la disparition du Temple les biens passèrent aux chevaliers de Saint-Jean qui les cédèrent au comte de Vianden vers 1370-1380.

Vichten

Pays: Luxembourg, District: Redange, Commune: Vichten
Possession du Temple ce ne fut jamais une commanderie, mais la commanderie de Roth y possédait une ferme-grange avec des dîmes qui avaient été données par le duc Frédéric de Luxembourg.

Luxembourg

Pays: Luxembourg, District: Luxembourg, Commune: Luxembourg
Les mentions du procès des Templiers dans le diocèse de Trêves font état de trois frères arrêtés qui vivaient dans la maison du Temple dans la cité de Luxembourg: Charles, Frédrich et Oudo.

C'est tout ce que nous savons de la période templière d'une maison sise dans la ville même de Luxembourg (1). Malgré cela la fameuse phrase jadis du Temple se rencontre en 1418 lorsque le commandeur de Luxembourg de l'Ordre de Sainte-Marie des Allemands donne à rente une maison située près de la Halle aux Herbes et qui fut jadis du Temple au Sieur Guillaume Linden Moyennant 20 marcs de Cologne et cela annuellement. La maison du Temple dans la ville de Luxembourg a bel et bien existé malgré les doutes de certains auteurs modernes.
1. — BERTHELOT, Histoire ecclésiastique du Grand-Duché de Luxembourg, 1743. La plupart des renseignements sur les Templiers se trouvent dans cet œuvre en plusieurs volumes. On trouve quelques bribes aux Archives de Trêves et de Paris. Pour ces dernières dans les séries : S, L, LL, M et MM concernant l'Ordre de Malte.

Hautcharage

Pays: Luxembourg, Canton: Capellen, Commune: Käerjeng
Maison dépendante de Roth et ferme elle ne fut acquise par les Templiers qu'en 1278, lorsque Pierre de Bascharage, leur donna les dîmes et le patronage, d'un oratoire avec droit de sépulture. Cette donation fut confirmée en 1281 par le fils du donateur.
C'est tout ce que nous savons sinon que les Templiers ne construisirent rien dans cette partie.

Larochette

Pays: Luxembourg, Canton: Mersch, Commune: Larochette
Petite ferme sous la juridiction de Roth-Vianden, La Rochette fut possession du Temple aux environs de 1286 grâce aux générosités du seigneur de Homburg.

Moersdorf (Metzdorf)

Pays: Luxembourg, District: Grevenmacher, Canton: Echternach, Commune: Moersdorf
Importante ferme de l'Ordre du Temple, elle dépendait directement de la maison provinciale de Trêves qui en avait l'apanage seigneurial et le patronage de la paroisse.
Les Templiers y possédaient de nombreuses terres et l'on dit qu'ils sont à l'origine d'une variété de pommes que l'on appelle « les Rambures »
Lorsque l'on sait l'importance qu'apportaient les Templiers au rendement de leur terre cela dans le cas unique de rapport, il n'y a rien d'étonnant.
Quoiqu'il en soit, nous connaissons le nom d'un templier de Metzdorf qui fut brûlé au moment de l'arrestation, alors qu'il se rendait en France.
Sous la juridiction de cette maison, il y avait les dîmes et certaines rentes à Grewenich.

Cattenom

Département: Moselle, Arrondissement: Thionville-Est, Canton: Cattenom - 57
De cette commanderie nous connaissons pas mal de choses mais comme elle ne fut que durant quelques années seulement sous la dépendance de Roth, alors qu'elle resta sous la juridiction de Pierrevilliers durant plusieurs décades, nous l'étudions dans les Templiers en Lorraine.

Kronenbourg (Cronenbourg)

Département: Bas-Rhin, Arrondissement et Canton: Strasbourg, Commune: Cronenbourg - 67
Actuellement en Allemagne Fédérale, Kronenbourg fut une commanderie importante. Fondée en 1187 grâce aux libéralités des seigneurs de Dalhem elle fut tout d'abord sous la juridiction du précepteur de Trêves, puis de celui d'Ahrweiler.

Ce n'est qu'en 1267 que nous avons la première mention de la juridiction de Roth et lorsque les Templiers furent supprimés elle était toujours sous la juridiction de Roth et les frères de Kronenbourg furent jugés, sans qu'aucun crime ne soit porté contre eux, soit devant les juges de Maëstricht, soit devant ceux de Trêves.
Sources: Laurent Dailliez — Les Templiers en Flandre, Hainaut, Brabant, Liège et Luxembourg — Nice: Alpes-Méditerrannée Éditions — Impres-sud, 1978.

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