-
Introduction
Les comtes de Champagne, de Nevers, et André de Baudement prirent part aux discussions des Pères, relativement aux règles et aux statuts des Templiers, qui furent présentés par Hugues de Payns, premier maître de l'ordre, assisté de cinq chevaliers. C'est dans cette assemblée que fut examinée et approuvée la constitution de cette corporation naissante, qui avait un but aussi militaire que religieux la présence de saint Bernard lui a fait attribuer la rédaction d'une règle, alors qu'il ne fut sans doute appelé qu'à donner son avis. On n'y trouve pas la sévérité extrême des premiers Cisterciens.
Les Templiers ne devaient jeuner qu'une fois par semaine pendant le carême et les jeunes obligatoires, et faisaient trois jours gras par semaine. Ils portaient l'habit blanc pour costume (1).
1. Regula pauperum commilitonum sanctæ civitatis. Labbe, concile, tome X, pages 923-936.
Dans le diocèse de Langres, la commanderie de Mormant (2), l'une des premières connues, eut pour origine un hôpital, fondé au commencement du XIIe siècle, par les sires de Broyes, et dont Herbert fut le premier aumônier. L'évêque Joceran notifiait, en 1121, un don de Simon, seigneur de Broyes, à la maison-Dieu de Mormant, et ratifiait les concessions faites par son père, en y ajoutant de nouveaux domaines dont il délerminait les limites (3).
2. Mormant, canton d'Arc-en-Barrois, arrondissement de Chaumont (Haute-Marne).
3. Cartulaire des Templiers, de notre collection, tome II, commanderie de Mormant.
Deux ans après, Girard de Millières (4), qui jouissait des droits du comte de Bassigny (5) et de la terre de Leffonds (6), cédait, par un traité passé avec le prieur de la maison-Dieu de Mormant, ce qu'il y possédait, pour faire un moulin, ainsi que divers, droits d'usage. Thierry de Faveroles, Gillebert de la Porte, Barthélémy de Nogent, Raoul d'Orges (7), et leurs familles s'associaient avec le sire de Millières pour cette généreuse libéralité (8).
4. Millières, canton de Clermont (Haute-Marne).
5. « Qui locum Fontis et jura comitis Bassiniaci in confinio illo obtinebat. » Ce comte du Bassigny est appellé Wichardus dans une autre pièce. Cartulaire des Templiers, de notre collection, tome II, commanderie de Mormant.
6. Leffonds, canton d'Arc-en-Barrois (Haute-Marne).
7. Orges, canton de Château-Villain (Haute-Marne).
8. Cartulaire des Templiers, de notre collection, tome II, commanderie de Mormant.
Un bref du Pape Innocent II mit en, possession définitive Guiard, maître du Temple, et les frères de Mormant (1).
1. Cartulaire des Templiers, de notre collection, tome II, commanderie de Mormant.
D'autres bienfaiteurs ne tardèrent pas à en augmenter les revenus : Etienne de Marac ; son frère Aldon ; son beau-frère Renier de Chaumont ; Joubert, fils de Renier ; Gaudri et Raoul de Faveroles et leur père Thierry ; Geoffroi de Chaumont et ses fils ; Hugues de Coublanc et Viard fils de feu Ytier, frère de Hugues ; Guichard, comte de Clermont ; Girard d'Ecot ; Girard, sire de Coublanc ; Hugues Morel de Marac ; Henri de la Rochetaillée, sa femme Ponce, ses quatre fils et ses deux filles ; Hugues de Giey ; les sires d'Arc, de Nogent, de Sexfontaines, de Coublanc, de Clermont (2). Plusieurs s'enrôlèrent dans la nouvelle milice.
2. Cartulaire des Templiers, de notre collection, tome II, commanderie de Mormant.
L'histoire des premiers fondateurs est peu connue, et difficile à établir, soit que les localités aient disparu, soit que les titres aient été en partie anéantis, et que la portion la moins importante des domaines n'ait été rendue aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, après la destruction des Templiers. Beaucoup de commanderies non citées sont indiquées dans nos titres inédits (1).
1. Nous avons recueilli de toutes parts, et principalement aux Archives de la Côte-d'Or, des titres déchirés et souvent illisibles, et reconstitué 4 volumes de pièces des XIIe et XIIIe siècles, l'un des recueils les plus curieux de notre collection. Nous donnerons un travail séparé au sujet de ces commanderies.
Les seigneurs de Tilchatel témoignèrent toujours une affection particulière à ces ordres militaires.
Un chevalier de cette maison, nommé Gui, et surnommé Cornelly, avait épousé la fille de Sigaud de Châtillon. Elle s'appelait Rezvuide, et eut trois filles de cette alliance ; mais ayant été encore jeune atteinte de la lèpre, il fallut, suivant l'usage, la priver de toute relation avec ses semblables et la faire séquestrer.
Gui de Tilchatel, fort affligé de cet accident, fit vœu de s'enrôler dans la milice du Temple et de terminer ses jours au service de cette chevalerie.
Accompagné d'Herbert, abbé de Saint-Etienne de Dijon, de Guillaume de Baudement, maître du Temple (2), de Payen de Bures, que nous verrons plus loin fondateur de la commanderie de ce nom, il alla trouver Pierre, abbé de Saint-Bénigne, lui fit part de ses projets, et offrit de lui remettre en garde sa femme et ses filles, moyennant l'abandon des biens qui lui venaient de son beau-père. Il réclama cependant des religieux une certaine somme d'argent destinée à subvenir à son voyage de Jérusalem. Une telle proposition avait de quoi charmer l'abbé de Saint-Bénigne. Il déclara donc qu'il prenait en considération l'offre du chevalier, mais pour ne pas s'engager à la légère dans une aussi grave responsabilité, et rendre les conventions inattaquables, il lui donna un rendez-vous, où devaient se trouver les parties intéressées, et les seigneurs qui avaient des droits féodaux sur les biens que Gui de Tilchatel se proposait d'abandonner.
2. Quelle parenté ce Guillaume a-t-il avec André de Baudement ?
De quelle commanderie était-il maître ?
Au jour indiqué, Villencus d'Aigramont, évêque de Langres et Hugues, duc de Bourgogne, vinrent à Saint-Bénigne, suivis d'une foule de seigneurs accourus de toutes parts (3).
3. Coram omni frequentia nobilium virorum qui undique ibi confluxerant.
En leur présence, Gui remit à l'abbé sa femme et ses enfants. Il fit renonciation solennelle de tous les biens qui venaient de Sigaud, son beau-père, et abandonna ce qu'il possédait à Tilchatel, à Is, à Marcilly, à Marsannay-le-Bois, à Pichanges, à Flacey, à Messigny, à Savigny-le-Sec et pour ratifier l'exécution totale des conventions arrêtées, l'abbé remit au donateur une somme de mille sous et deux chevaux. Outre le duc de Bourgogne et l'évêque de Langres, on cite encore parmi les témoins Herbert, abbé de Saint-Etienne, Renier, prieur de Saint-Bénigne, Ponce, archidiacre de Langres, Garnier, prévôt de Saint-Etienne Eble, comte de Saulx Aimon de Tilchatel, Garnier de Sombernon, Havin de Beire, Joubert, vicomte de Dijon, Thierry de Faverney.
Frierius, frère de Rezvuide, et son oncle du même nom approuvèrent ces conventions à Châtillon, en présence de l'évêque de Langres, du comte de Bar, de l'abbé de Pothières, de Joubert, vicomte de Dijon, de Mathieu et Girard de Châtillon, des fils d'Eudes de Maisey (4).
4. Originale très beau. Archives de la Côte-d'Or, Titres de Saint-Bénigne, carton 49.
— Nos preuves.
Suite de la charte : BNF
La conversion de Gui de Tilchatel, son départ pour Jérusalem, son enrôlement dans la milice du Temple, l'abandon solennel de ses biens à une communauté religieuse, avaient eu un certain retentissement et cet exemple avait trouvé des imitateurs.
Payen de Bures (1), un des chevaliers témoin et ami de Gui, et dont le nom a déjà été cité à cette occasion, l'accompagna en terre sainte, et fit vœu de prendre la croix des Templiers, en abandonnant toute sa terre de Bures à la nouvelle milice. Il fut encouragé dans ce projet par ses parents et ses seigneurs féodaux, par Rainard de Grancey, sa femme et ses enfants Gui de Chalenci ; Eble, comte de Saulx, sa femme, ses enfants et son frère Guillaume ; le duc de Bourgogne ; l'évêque de Langres ; Nocher de Grancey, seigneur de Boussenois, sa femme et ses enfants ; Gui de Vannaire ; Eudes de Maisy ; Raymond, frère de Payen de Bures, sa femme et ses enfants.
1. Bures, canton de Recy, arrondissement de Dijon.
Avant son départ pour Jérusalem, Payen avait déjà donné aux Templiers, par l'entremise de Robert, sénéchal du Temple (2), une famille d'hommes. Gui du Fossé et son frère Guillaume leur donnèrent un pré à Tilchatel, avec l'autorisation d'Havin de Beire et d'Aimon de Tilchatel, leurs seigneurs féodaux.
2. Robertus, de Templo domini senescalcus, paraît encore dans une charte de Guillaume, évêque de Langres, en 1137. Voir notre cartulaire de Jully-les-Nonnains, page 9.
Ces diverses donations ne furent rapportées que deux ou trois ans après la fondation de la commanderie de Bures, dans un acte de 1133 (3). C'est aussi le premier titre qui nous ait été conservé de cet établissement, l'un des plus considérables de la Bourgogne, et qui dut sa prospérité principalement aux libéralités et à la protection des sires de Grancey.
3. — Originale Archives de la Côte-d'Or.
— Titres de la commanderie de Bures, H. 1156.
— Notre cartulaire des Templiers, tome II, commanderie de Bures.
— Nos preuves.
Retour