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L'Eglise Saint-Pantaléon de Beauvais

Les origines
L'on ne connaît pas l'origine de la chapelle Saint-Pantaléon de Beauvais, qui s'élevait jadis à l'emplacement de la caserne de gendarmerie à cheval, dans la rue qui porte encore le nom de rue Saint-Pantaléon.
Cette chapelle paraît avoir existé dès le milieu du Xe siècle ; une vie manuscrite de saint Symphorien qu'on conservait avant la Révolution dans, l'abbaye Saint-Symphorien de Beauvais faisait, à l'occasion d'un miracle, une allusion à l'église Saint-Pantaléon ; ce miracle se serait passé sous l'épiscopat d'Hildegaire, entre les années 923-945. C'est Louvet qui nous fait connaître ce miracle (1) : Quelque temps après, il arriva au territoire de Beauvaisis qu'un jeune homme nommé Druon, exerçant suivant les commandements de ses père et mère, l'agriculture et le labeur de la terre, commença d'être affligé d'un mal au doigt du pied. N'y ayant mis remède, il arriva que six jours après, ayant découvert son mal à ses parents, il fut trouvé être frappé du feu sacré. Ce qui leur donna l'occasion de le porter en l'oratoire de Saint-Pantaléon, bâti sur les murs de la cité, où ils se tinrent toute la nuit jusques au matin, espérant par les prières et intercessions du martyr recevoir guérison : mais voyants que le mal ne cessait, ayant entendu que la montagne dite de Saint-Symphorien était célèbre par les grandes guérisons qui s'y faisaient, par les mérites et intercessions de saint Symphorien, ils délibérèrent d'y transporter leur malade, ce qu'ayant fait, leur malade fut merveilleusement affligé par l'espace de trois jours, sur la fui desquels, le feu s'étant éteint, il devint guéri.
1. — Histoire de Beauvais, tome II, page 171.
— Louvet ne donne pas sa source, non plus que les autres historiens qui l'ont copié.
— Godefroi Hermant, Histoire ecclésiastique de Beauvais, tome I, page 387, ne reproduit pas ces miracles, parce que, dit-il, il n'en a pas vu les sources. C'est par la Collection Bucquet-Aux Cousteaux, XXXV, page 630, que j'ai pu retrouver les sources de Louvet : « On voit dans la vie ms. de saint Symphorien qui est en l'abbaye qui porte son nom »
— Cette abbaye était la ferme qui porte encore le nom de Saint-Symphorien, en haut de la colline Saint-Jean.


Nous ne connaissons pas la date du manuscrit qui rapporte ce récit, nous ne savons pas non plus quelle valeur historique il faut accorder aux faits qui y sont relatés. Trois miracles, un paralytique, un aveugle, et notre laboureur guéris par l'intercession de saint Symphorien, sont indiqués comme s'étant passés sous l'épiscopat de Hildegaire. Il est très certain que l'auteur de cette vie latine vante la puissance de son saint. Dans notre miracle, on sent même qu'il a voulu vanter saint Symphorien au détriment de saint Pantaléon puisqu'il dit que les prières adressées à saint Pantaléon furent vaines, et que c'est seulement quand on eut recours à saint Symphorien qu'on obtint la guérison. Cette rivalité entre les deux cultes établit qu'ils étaient tous deux florissants, et probablement introduits tous deux depuis peu ; tout cela offre une apparence relative d'antiquité, et aucune base ne permettant de discuter, on peut admettre qu'en effet des reliques de saint Pantaléon et un oratoire sous son vocable existaient déjà à Beauvais vers 930.

Les reliques que Beauvais possédait ont été conservées jusqu'à la Révolution ; elles étaient contenues dans un bras d'argent doré portant l'inscription brachium dextrum gloriosi et beati martyris Pantaleonis (bras droit du glorieux et bienheureux martyr Pantaléon) ; le mot bras doit, probablement, s'entendre la partie pour le tout, un fragment du bras, comme il est de coutume en matière de reliques.
Un autre bras d'argent n'avait pas de réclame mais portait dessiné « un lion de saint Marc » ; rien ne dit qu'il y ait eu là des reliques de saint Marc, ce pouvait être aussi des reliques de saint Pantaléon, le lion ayant été très souvent l'attribut de ce saint. Quoiqu'il en soit, ces reliques étaient à Beauvais dès le début et c'est leur présence qui avait déterminé un culte et une chapelle dédiée à ce saint (2).
2. — J'emprunte la description du reliquaire à une notice manuscrite de M. Hamel-Pain, rédigée en 1843, et déposée à la bibliothèque de la Société académique de l'Oise, C 05, 32. La notice manuscrite reproduit la communication que fit M. Hamel au Comité local d'archéologie de Beauvais en 1843 ; la dernière page manque ; un plan de l'église Saint-Pantaléon est annexé. M. Hamel possédait alors la maison contre la gendarmerie, qui vient d'être si heureusement restaurée par M. Recullet, notaire, après les bombardements de 1918.
— M. Hamel dit que le premier reliquaire en forme de bras était de cuivre doré ; il copie en cela le cahier d'Etienne de Nully, tome A, pages 10 et suivantes. (Bibliothèque Borel de Bretizel) ; mais l'inventaire de l'argenterie saisie à Saint-Pantaléon pendant la Révolution porte « un bras d'argent, pesant 2 m. 1 o. 7 grammes, un autre bras d'argent doré pesant 7 m. 7 o. 4 grammes » ; le même inventaire signale en outres « la garniture d'un petit reliquaire pesant 2 o. 5 gr., un petit reliquaire 2 o. 5 grammes. » — (Copies Peaucelle, page 120, Collection Leblond).
— Mannier, Les Commanderies du Grand Prieuré de France, Paris, 1872, in-8°), dans un chapitre sur Saint-Pantaléon, signale deux reliquaires, un de saint Pantaléon dans une châsse d'argent, et un bras de saint Marc (page 585).


On ne sait pas comment les reliques de ce saint étaient arrivées à Beauvais. Le corps de ce glorieux martyr de l'Eglise grecque aurait été apporté à Lyon au temps de Charlemagne ; le chef serait demeuré à Lyon, et cependant, les moines de l'abbaye de Saint-Denis prétendaient que le reste de ses ossements fut transféré dans leur abbaye. Tout près de nous, l'abbaye Saint-Corneille de Compiègne possédait une parcelle de ses reliques. A Beauvais, l'église Saint-Sauveur possédait un reliquaire contenant des fragments « de la côte de saint Pantaléon » (3).
3. — Inventaire des reliques de Saint-Sauveur en 1644 ; Copie Leblond, page 70.
— Dans la cathédrale de Noyon, on voyait, avant la guerre, un vitrail représentant la légende de saint Pantaléon (abbé Laffmeur, Visite à N.-D. de Noyon, Noyon, 1858, p. 48).
Je ne sais pour quelle raison on avait représenté ce sujet à Noyon.


Cependant le culte de ce saint est très rare dans nos pays ; il existe une église paroissiale de Saint-Pantaléon, célèbre par ses objets d'art, à Troyes en Champagne ; on relève un lieudit Saint-Pantaléon en Haute-Marne, dans la commune de Saint-Dizier ; toutes les autres localités sous le vocable de ce saint, Saint-Pandélon, Saint-Pantaléon, ou Saint-Pantaly, sont dans le sud de la France.
Le saint eut assez vite un certain renom dans le Beauvaisis, car en 1080 on voit un des membres d'une grande famille porter le nom de Pantaléon de Breleuil (4).
4. — Leblond, Nobiliaire du Beauvaisis, p, 118, s. v. Breteuil.
— On a supposé que l'église Saint-Pantaléon avait dû appartenir à la famille issue de Pantaléon de Breteuil (Depoin, Recueil de chartes et documents de Saint-Martin-des-Champs, Ligugé, 1912, et suivantes, in-8°, I, p. 188, n. 296) ; c'est impossible ; l'église, on vient de le voir, est bien antérieure à ce personnage : ce n'est pas un seigneur qui a bâti une église sous le vocable de son saint patron ; c'est un seigneur qui porte le nom d'un saint honoré dans la région.


En 1072, parmi les prêtres qui interviennent comme témoins à l'acte de création du chapitre de Saint-Vaast, institué par l'évêque Gui, on trouve un Garnerus levila et, plus loin, un Hugo de Sancto Pantaleone (5).
5. — Cette charte a été publiée par Loisel, Mémoires du Beauvaisis, 1617, pp. 254-255, mais sans la liste des témoins ; elle se trouve en entier dans Louvet, Hist. de Beauvais, I, pp. 694-695, et dans Lhillier, La paroisse et l'église Saint-Etienne de Beauvais, 1896, pages 24-25.

Dans les premières années du XIIe siècle, la chapelle, avec ses dépendances, appartenait à ces deux mêmes personnages, deux frères, Hugon et Garnier ; ils la donnèrent à l'abbaye Saint-Martin-des-Champs de Paris, ainsi que leur propre maison, des bâtiments attenants à la chapelle, un terrain vague attenant aussi à la chapelle, mais en dehors de l'enceinte gallo-romaine, une vigne à Houvremont, près du Mont-Capron, et un pré à Goincourt. L'évêque Gaudefroi Ier ratifia la donation. Nous n'avons plus la charte de donation, mais nous possédons une bulle du pape Pascal II, en date du 30 avril 1108, confirmant les biens de l'abbaye et cette donation de Saint-Pantaléon qu'elle reproduit en partie : « Pasohalis Episcopus, servus servorum Dei, dilecto in Christo filio Theobaldo, priori S. Martini quod de Campis dicitur, salutem et Apostolicam benedictionem. Cuncta etiam quae in praesenti decima quinta indictione pertinere videntur, quicta vobis semper et integra permanere sancimus. Ecclesiam scilicet S. Pantaleonis inter Belvacum cum possessione duorum fratrum Hugonis et Garnerii, et domo eorum propria, et aliis aedificiis juxta positis, et cum terra vacua extra murum, juxta praefatam Ecclesiam sita, et vineam in Ruberomonte et prato in Guhincurte, et cum hospitibus ante portam civitatis, sicut a supradictis fratribus pro sua et parentum salute oblata, et Gaufridi Episcopi Belvacensis favore concessa et in nostra sunt praesentia confirmata..... » (6).
6. — La bulle est datée de l'abbaye de Saint-Denis, ce qui a fait croire à Hamel et aux historiens de Beauvais (Delettre, II, page 39 ; Delafontaine, II, page 132) que Saint-Pantaléon fut donnée aux moines de Saint-Denis. La bulle a été publiée dans Dom Marrier, Monasterii regalis S. Martini de Campis historia, Paris, 1636, in-4°, page 153, et dans Depoin, opuscule cité, page 187 ; M. Depoin a corrigé la date de 1108 en 1107.

Une bulle du pape Calixte II, en date du 27 novembre 1119, confirme à nouveau les possessions de Saint-Martin-des-Champs : « in Belvacensi pago apud Belvacum ecclesiam S. Pantaleonis, » (7). En 1123 ou 1124, Pierre, évêque de Beauvais, sur les instances du prieur Mathieu, confirme à Saint-Martin tout ce que le monastère possédait dans le diocèse, mais, à cette date Saint-Pantaléon n'est plus compris parmi les biens de Saint-Martin (8) ; il ne l'est pas non plus dans la confirmation donnée par l'évêque de Beauvais, Eudes II, en 1136 (9) ; sans qu'on puisse dire comment l'église et les biens y attenant étaient sortis du patrimoine de Saint-Martin-des-Champs.
7. — Dam Marrier, page 156.
— Depoin, page 149.
8. — Dom Marrier, page 395.
— Depoin, page 277.
— Dom Marrier, page 170, donne un diplôme d'Innocent II, en 1142, qui confirme encore Saint-Pantaléon parmi les biens de Saint-Martin « in Belvacensi pago apud Belvacum ecclesiam S. Pantaleonis... » (Depoin, II, page 127). Si l'on voit reparaître ici l'église Saint-Pantaléon, c'est qu'on aura copié la bulle précédente sans s'assurer qu'il n'y avait pas eu de changements ; — c'est aussi l'avis de M. Depoin, I, page 41, n° 57, et page 129, n° 220.
9. — Depoin, page 38.


La commanderie de Saint-Pantaléon

commanderie de Saint-Pantaléon
Commanderie de Saint-Pantaléon - Photo Commecy
BNF

Les Templiers

L'on trouve les Templiers installés à Saint-Pantaléon, en 1140, mais leur arrivée à Beauvais ne saurait remonter à 1124, date où Saint-Martin-des-Champs ne possédait plus Saint-Pantaléon. Les Templiers ne reçurent aucune donation avant l'organisation définitive de leur ordre, en 1128 ; aussitôt cette date les dons affluèrent ; grands et petits, abbayes, évêchés, tout le monde leur fit des donations. L'on peut donc supposer que Saint-Pantaléon de Beauvais fut donné aux Templiers peu après 1128, mais il reste une époque de quatre années au moins, 1124-1128, pendant lesquelles on ne sait pas à qui ce domaine a appartenu. Quoiqu'il en soit, le domaine tout entier, avec ses dépendances, s'était maintenu intact, et on le retrouve intact aux mains des Templiers dans les premiers documents les concernant.

Aussitôt arrivés à Beauvais, leur établissement de Beauvais reçoit à son tour des donations, et d'abord l'évêque Eudes III (1137-1144) leur donne un territoire situé à l'intérieur des murs de la cité, et qu'on appelait le Metz-l'Evêque, actuellement à l'extrémité de la rue Biot, rue qui s'est appelée longtemps rue du Metz. Nous n'avons pas la charte de donation, mais nous avons la confirmation par le roi
Louis VII de cette donation, confirmation passée dans les premiers mois de l'année 1140 (10).

Vers la même époque, le roi Louis VII intervient en faveur des Templiers de Saint-Pantaléon, et les autorise à percer une petite porte dans la muraille gallo-romaine, qui leur permette de communiquer directement avec l'extérieur de la cité, et en particulier avec le terrain vague qui faisait partie de leur domaine en dehors du mur : posterlam in muro civitatis nostre, per quam possint intrare ad domum suam et exire, edificare concedimus (11).
Non loin de Beauvais, sur le territoire de Tillé, les Templiers reçoivent en donation des terres à Morlaine, dont ils font un établissement séparé, une préceptorie indépendante de Saint-Pantaléon (12).
En 1150, on leur fait don de Sommereux, dans le canton de Grandvilliers, où ils installent aussi un préceptorie (13).
Dans Beauvais, l'établissement de Saint-Pantaléon s'accroît de nombreuses donations (14).
En 1165, on donne aux Templiers une terre auprès de leur église (15) ; on leur donne des rentes, des cens, des terres, des maisons ; la dernière donation est passée en 1297 : l'abbesse de Saint-Paul-les-Beauvais donne une maison sise sur la place Saint-Michel, tout près de l'église Saint-Pantaléon, et comprise entre des maisons qui appartenaient déjà aux Templiers (16).

La tâche qu'ils remplissent en Terre Sainte, la protection que leur accordent le pape, le roi et les grands, tout concourt à donner aux Templiers l'estime de la ville ; en 1231, on les voit posséder une des quatorze prébendes de l'église collégiale Saint-Michel (17) ; le précepteur de Saint-Pantaléon desservait cette prébende ; son siège était dans le bas du chœur.

Le précepteur, c'est-à-dire celui qui avait la direction de la maison de Beauvais, paraît avoir été presque toujours un prêtre qui occupait en même temps la charge de chapelain de l'église Saint-Pantaléon. On a les noms de trois d'entre eux : Alexandre, en 1190 ; Ricard, en 1238 et 1239 ; Guillaume, en 1245 (18).
Vers la fin du XIIIe siècle, on a constitué une baillie à Sommereux, et un même chevalier est précepteur de toutes les maisons situées dans cette baillie : preceptor domorum militie Templi un bailliva de Sommerosiis (19).
C'est alors Robert de Beauvais, dit aussi Robert de Saint-Just, personnage considérable dans l'ordre, et dont le nom figure à nombreuses reprises dans le Procès des Templiers (20).
Un fait curieux se passa en 1252 dans l'église Saint-Pantaléon : le prévôt de l'évêque, Odon de Bury, son fils et plusieurs hommes armés à sa suite, commirent le sacrilège de pénétrer dans l'église Saint-Pantaléon pour arracher un condamné à mort qui était parvenu à s'échapper et s'était réfugié dans l'église. Le précepteur et les frères templiers vinrent réclamer le fugitif, on ne leur rendit pas, et sans respect pour l'immunité et le droit d'asile, le, prévôt fit exécuter son condamné.

Les Templiers se plaignirent directement au pape, qui nomma le doyen de Meaux à l'effet de procéder à une enquête (21).

Notes Templiers
10. Cette charte a été publiée par M. Omont, dans le Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, XXXVI, 1909, page 70, par d'Albon, Cartulaire général de l'Ordre du Temple, page 152, et par le comte de Loisne, Cartulaire de la Commanderie de Sommereux, publication, de la Société académique de l'Oise, 1924, in-8°, page 1.
— Une charte de la même époque nous montre deux Templiers milites de Templo Otto et Gislebertus, témoins de la donation par Evrard de Breteuil, à l'abbaye de Beaupré, de l'avouerie de Hautvillers (Cartulaire de Beaupré, Bibliothèque Nationale, latin 9.973, folio 9 r°), mais il n'est pas indiqué si ces deux Templiers sont de Beauvais ; on peut le croire, car ils ne sont pas d'Esquennoy qui ne fut fondé qu'en 1212. Cette charte est postérieure à 1141, puisque Gautier, abbé de Saint-Symphorien, est témoin, et qu'il ne fut abbé qu'en 1141, et elle est antérieure à 1144, date de la mort d'Odon III, qui confirme la donation.
11. — Mandement de Louis VII au châtelain de Beauvais, aux chevaliers et bourgeois, les avertissant qu'il a donné cette autorisation. Omont, locution cité ; d'Albon ; de Loisne, Cartulaire de Sommereux, page 3.
12. — La commanderie de Morlaine n'était pas là où se trouve actuellement le village de Morlaine, village qui s'appelait autrefois Morlaine le Tonloyer (Moslaine Thelonearii dans la charte 113 en 1237 du Cartulaire de Sommereux), et qui fut donné par la famille Le Tonloyer aux Célestins d'Amiens (cf. P. Leborgne, in Comptes rendus, Société académique de l'Oise, 1910, pages 17-19).
Les Templiers étaient installés à l'est du territoire de Morlaine, en un endroit qui a conservé le nom des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem et qu'on appelle encore L'Hôpital. Il y avait là une ferme dite Fermer de l'Hôpital (une excavation subsiste qu'on dit être l'ancienne mare ; tout le reste est labouré) ; non loin de là, sur la chaussée de Saint-Just, se trouvaient les fourches patibulaires de la justice du commandeur à trois poteaux (Plan et description du dîmage de la Trésorerie, 1694, Arch. dép. Oise, G, Séminaire, Tillé) ; ce dernier endroit s'appelle encore la Justice-de-l'Hôpital (Mss. Renet, tome 83, p. 147, à la Bibl. de la Société académique de l'Oise).
La ferme de l'Hôpital était déjà entièrement détruite au milieu du siècle dernier (Graves, Canton de Nivillers, p. 72). Il n'y a pas trace, aux Archives départementales, qu'elle ait été vendue comme bien national.
13. — Cartulaire de Sommereux, page 5.
14. — Le cartulaire de Sommereux contient tous les titres des commanderies qui ont été réunis plus tard à Sommereux :
Broquier et Marendeuil, annexes de Sommereux ; Saint-Pantaléon, Morlaine et Neuilly-sous-Clermont.
Comme dans la plupart des chartes, il n'est pas précisé que la donation est faite au profit des Templiers de telle préceptorie, mais qu'il est seulement indiqué que la donation est faite au Temple, on ne peut rapporter à chaque préceptorie les donations la concernant ; cependant, sur les 167 pièces du cartulaire, on en reconnaît au moins une cinquantaine qui concerne Saint-Pantaléon.
15. — Cartulaire de Sommereux, chapitre 11, page 17.
16. — Cartulaire de Sommereux, chapitre 167, page 194.
— Toutes les maisons qui sont données dans le censier de Saint-Pantaléon en 1543-1544 (Archives nationales, S 5217) comme payant des cens à Saint-Pantaléon, et elles sont nombreuses, dépendaient de Saint-Pantaléon dès l'époque des Templiers. Ce sont là toutes fondations qui furent faites aux Templiers. Les Hospitaliers, qui les remplacèrent en 1313, ne reçurent plus aucune donation.
17. — « Il est parlé de la prébende des Templiers dans un capitulaire de 1231 contenant la partition des revenus de cette église (Saint-Michel) en 14 prébendes » (Jean Le Caron, Mémoire sur Saint-Michel ; Ms. Troussures, liasse D, Collection Leblond ; page 25 de la copie Leblond déposée à la Bibliothèque de la Société académique de l'Oise ; Louvet, Histoire de Beauvais, I, page 49). Nous n'avons plus ce capitulaire.
18. — Cartulaire de Sommereux, chartes 35, 120, 132, 142.
19. — Cartulaire de Sommereux, charte 167.
20. — Michelet, Procès des Templiers, Paris, 1841-62, 2 volumes, in-4°, tome I, pages 241, 291, 371, 374, 471 ; tome II, page 340.
21. Bulle du 24 avril 1252. Cartulaire de Sommereux, page 183.
— Il y avait là violation de l'immunité d'une part, car les Templiers avaient toute justice sur le territoire de Saint-Pantaléon, et ensuite violation du droit d'asile puisqu'on avait arraché un fugitif dans une église. Des faits semblables étaient graves ; on en trouve un encore assez tard à Beauvais : en 1389, le sergent de l'évêque fait excuse au chapitre pendant la grand-messe de ce qu'il avait brisé, il y a huit ans, la porte de la chapelle Notre-Dame du Haut-Œuvre pour en tirer de force deux individus qui s'y étaient réfugiés, à cause de l'immunité.
(Collection Bucquet-Aux-Cousteaux, XXVI, page 59).


Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem

On sait à la suite de quelles iniquités les Templiers furent arrêtés le 13 octobre 1307 et leur ordre aboli le 22 mars 1312 (1313). Tous les biens qu'ils possédaient furent donnés aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, qu'on a appelés plus tard les Chevaliers de Malte (22). Les Hospitaliers étaient en même temps substitués dans tous les droits des Templiers.
Saint-Pantaléon passa donc aux mains de l'ordre de Malte, en même temps que Morlaine et Sommereux ; chacun de ces établissements devenait une commanderie ; Saint-Pantaléon et Morlaine continuèrent à être rattachés à Sommereux.
En 1376, les nouveaux venus signent avec l'évêque de Beauvais, Miles de Dormans, une transaction qui fut homologuée en Parlement : par laquelle les dits Religieux demeuroient exempts du droit de forage des vins vendus de leur creu : que l'Evesque aurait la haute justice ès maisons de la teneure de Saint-Pantaléon, excepté en leur maison et place, en laquelle ils retindrent toute justice, et en la maison que Guillaume le Maire tenoit et qui souloit estre l'estable aux chevaux de la maison du dit saint Pantaléon, et la basse par toutes les maisons de leur teneure, avec la moyenne jusques à soixante sols (23).

La prébende dans l'église de Saint-Michel est aussi passée aux Hospitaliers. Mais comme le commandeur de Saint-Pantaléon ne résidait pas souvent à Beauvais, puisqu'il était en même temps commandeur de Sommereux et que plus tard même il ne résida pas toujours à Sommereux, bien des difficultés surgirent à l'occasion de cette prébende.

Le chapitre a eu plusieurs procès contre le commandeur de Saint-Pantaléon pour le gain de ses gros fruits, quand il ne réside pas et notamment quand il n'assistoit pas au chapitre général où il étoit tenu de se trouver ou d'envoier son excuse légitime comme les jeunes clercs non in sacris ; pendant la tenue du dit chapitre, après les exhortations et que les capitulans parloient de leurs affaires, il étoit obligé de faire sa prière à l'église. Il s'est fait décharger en 1710 de la capitation par sentence ecclésiastique quoique non registrée, attendu que l'Ordre avoit payé une somme au Roy pour tous les commandeurs (24).

En 1741, le commandeur de Sommereux était Jean-Jacques de Mesme, personnage considérable qui avait été à plusieurs reprises ambassadeur du roi. De passage à Beauvais, il tint à jouir de sa qualité de chanoine de Saint-Michel et à assister à la messe du chœur ; il voulait se mettre en bas du chœur, à la place réservée au commandeur ; les autres chanoines, « à cause de sa qualité d'ambassadeur, l'ont prié de se mettre à la première place du chœur et on luy avoit disposé un tapis et un carreau (coussin), dont il a remercié la compagnie » ; mais le chapitre ne voulant pas que l'honneur rendu à ce haut personnage tire à conséquence pour ses successeurs, lui firent signer sur le registre capitulaire « que ce n'estoit pas sa place, mais qu'il devoit estre en bas et que ce n'estoit que par honneur que MM. luy avoient accordé cette place à cause de sa qualité d'ambassadeur » (25).

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'Ordre de Malte n'avait plus aucun chevalier à Saint-Pantaléon. Un portier gardait l'immeuble. L'église était desservie par un chanoine de Saint-Michel qui y disait la messe les jours de fête pour les habitantes de la rue Saint-Pantaléon et du voisinage (26). Selon d'autres, on y disait trois messes par semaine et les vêpres le samedi (27).

L'église avait conservé ses reliquaires ; elle avait une jolie argenterie que l'église Saint-Etienne empruntait le jour de la fête de N.-D. du Mont-Carmel, pour ajouter à la solennité de cette fête (28).
Des commandeurs venaient fréquemment loger à Saint-Pantaléon pour leurs voyages et aussi pour les visites annuelles de tous les biens relevant de l'Ordre.

Un procureur gérait Beauvais et Morlaine et un bailli exerçait la justice pour ces deux commanderies. L'on a conservé un placard imprimé d'une ordonnance du bailli de la Justice de Morlaine et Saint-Pantaléon qui défend de déposer des ordures « dans la petite place de la chapelle de la commanderie Saint-Pantaléon (29).
Le commandeur de Sommereux, à cause de sa commanderie de Saint-Pantaléon, fut électeur au bailliage de Beauvais en février 1789.

Notes Hospiraliers

22. — Cet ordre avait jusque-là eu fort peu de biens dans notre région. Il ne possédait que la commanderie de La Landelle (canton du Coudray-Saint-Germer).
— Cet établissement fut uni à la commanderie d'Ivry-le-Temple (canton de Méru).
— Les Hospitaliers étaient à La Landelle antérieurement à 1168.
— Ivry-le-Temple, comme son nom l'indique, avait appartenu aux Templiers et avait été fondé en 1209 (Mannier, opuscule cité, pages 275 et suivantes)
23. — Louvet, Histoire de Beauvais, tome II, page 552.
24. — Mémoire du chanoine Le Caron sur Saint-Michel, déjà cité, page 67, copie Leblond.
24. — Collection Bucquet-Aux cousteaux, XXXV, page 171.
— Avant la Révolution, le commandeur touchait 36 livres par an pour sa prébende, avec décharge de tout (Ms. Hamel).
26. — Lhuillier, Beauvais en 1799, Mémoire de la Société académique de l'Oise, tome XIV, pages 353-354.
— Graves, Canton de Beauvais, 1851, page 110, rapporte qu'on avait institué, au commencement du XIVe siècle, dans la chapelle, une confrérie de la Charité à laquelle le pape Paul V accorda des indulgences.
27. — Mannier, opuscule cité, page 585.
28. — Dr Daniel, Beauvais avant 1789, Ms. de la Bibliothèque de la Société académique de l'Oise, Chapitre 82, page 309.
29. — Collection Bucquet-Aux Cousteaux, V, 236.


La Révolution

Vente comme bien national - la caserne de Gendarmerie
Tous les biens de la commanderie devinrent biens nationaux à la Révolution. L'argenterie et les reliquaires furent portés au district (30) ; la croix de la chapelle fut descendue le 14 brumaire 1793, et le coq en vendémiaire an II (31) ; la chapelle fut transformée en dépôt des effets confisqués sur les détenus (32).
La rue fut appelée rue de la Montagne, mais le 16 ventôse an II, on lui rendit son nom primitif (33).
Le 12 messidor an IV, tout l'immeuble était vendu pour six mille trois cents francs, à René Renault-Dangicourt, ancien président de la ci-devant élection de Beauvais ; la vente comprenait l'ensemble de l'immeuble : Savoir un terrain sur lequel se trouve une maison et chapelle dite de Saint-Pantaléon, avec cour, jardin et dépendances, l'ensemble de ce terrain contenant 210 toises de superficie, tenant d'un côté au citoyen Dutronc (au nord), d'autre côté au citoyen Moinet (au sud), d'un bout à la rue Saint-Pantaléon, d'autre bout (par derrière) à la citoyenne Garnier et autres.
Plus la place dite de Saint-Pantaléon contenant 32 toises 2 pieds et demi de superficie, tenant d'un côté au dit citoyen Moynet, d'un côté à la maison Saint-Pantaléon, d'un bout à la dite rue et d'autre bout à la chapelle.
Les dits domaines appartenant à la République comme provenant de la ci-devant commanderie dite de Saint-Pantaléon (34).
Renault eut bien des ennuis avec sa nouvelle propriété, à cause de la petite place qui se trouvait devant la chapelle. On a vu que du temps de la commanderie, le bailli avait été obligé de faire placarder une ordonnance interdisant de jeter des ordures sur cette place. Renault voulut la fermer. Le 17 messidor an IX, il demandait au maire un alignement pour clore ce terrain.
Le 23 du même mois, le maire rendait un arrêté refusant de donner un alignement qui permettrait de fermer une place qui, disait-il, a toujours été publique, et qui figure comme telle sur le plan de la ville le plus ancien, datant de 1589, et il ajoute que c'est à tort que la place, a été vendue à un particulier (35).
Cet arrêté fut cassé par décision du conseil de préfecture le 24 thermidor suivant.
Renault n'avait pas terminé ses ennuis, il allait, en 1808, avoir un procès avec son voisin, M. Hamel, toujours à cause de la place. C'est qu'en effet, jusqu'à la Révolution, la commanderie avait laissé jouir de ce terrain comme s'il avait été du domaine public ; le voisin en tirant du côté de la place Saint-Michel avait une porte qui donnait de son jardin sur la place en outre, ses eaux s'écoulaient sur la place Saint-Pantaléon. Renault perdit son procès à Beauvais, il fit appel à Amiens et la cour lui donna raison (18 janvier 1809).
L'arrêt s'appuie très adroitement sur un article de la coutume de Senlis, à savoir qu'il n'y a pas de servitude sans titre. Hamel, qui n'avait aucun titre, fut condamné « à boucher, clore et fermer la vue et la porte et supprimer l'égout et écoulement d'eaux dont s'agit, dans le mois de la signification dudit arrêt » (36).

De fait, Hamel avait tort, car le jardin attenant à sa maison ne lui appartenait pas ; il avait appartenu à la commanderie qui l'avait baillé à cens en 1743 aux prédécesseurs de Hamel ; la porte qui faisait communiquer le jardin avec la place n'était pas une servitude grevant la place, puisque les deux fonds étaient au même propriétaire. Mais à la Révolution, on avait omis de rattacher à la commanderie ce jardin ; ce jardin, ne devint pas bien national ; il fut gardé par les locataires, et c'étaient ces locataires qui osaient, dans de telles conditions, se réclamer d'une prétendue servitude ! (37)

En 1819, Renaut céda toute la commanderie avec la place et la chapelle, au département, pour y installer la caserne de gendarmerie. Le capitaine, les officiers de gendarmerie et les bureaux occupaient déjà la maison en face, à l'angle de la rue Quentin-Varin (Saint-Symphorien) et de la rue Saint-Pantaléon, maison qui, avant la Révolution, était l'hôtel de l'Etat-Major des Gardes-du-corps en garnison à Beauvais, et qui avait servi à l'assemblée du district pendant la tourmente (38).
La vente fut signée le 10 août 1819 devant Delacroix, notaire, moyennant le prix de 18.000 francs (39).
Renaut avait acheté l'immeuble 6.300 francs qu'il avait payé en assignats. Il le revendait trois fois plus cher et touchait le prix en louis d'or.
Ce n'est qu'en 1866 qu'on se préoccupa de bâtir une caserne neuve qui puisse recevoir dignement les gendarmes et remplacer les vieux bâtiments lézardés et devenus irréparables. Les projets, au début, furent grandioses : on envisageait d'agrandir la gendarmerie jusqu'à la rue Beauregard ; on se rallia à un autre projet et, le 21 septembre 1867, le département achetait à la veuve Lhotellier-Mouchet, la maison qui était contre la gendarmerie au nord sur la rue Saint-Pantaléon, maison qui avait appartenu au citoyen Dutron, puis à un certain Besnard. La maison fut achetée 13.000 francs (40). On construisit ensuite les bâtiments que l'on voit aujourd'hui.

Bâtiments de la commanderie La Chapelle
L'on peut, avec les documents qui subsistent, se faire une idée de ce qu'étaient les bâtiments de la commanderie avant la Révolution. A cette époque, l'Ordre de Malte n'occupait plus que l'emplacement de la gendarmerie actuelle (41).

Plan de la commanderie
BNF

Un coin de l'ancienne commanderie

D'après TAYLOR, La Picardie Pittoresque
BNF

Les jardins qui se trouvaient en dehors, au sud, avaient été loués et on a vu qu'ils ne rentrèrent pas dans le domaine qui tomba aux mains de la nation.
Par derrière, la propriété était limitée par l'ancien rempart gallo-romain qui longe la rue Beauregard, et aucune sortie n'avait subsisté vers la rue Beauregard. Il en était ainsi dès le XVIe siècle.
Le censier de Saint-Pantaléon, en 1543-1544, décrit ainsi l'immeuble possédé par les commandeurs (42) : « L'hostel et chef-lieu dudit Saint-Panthaléon, comme il se comporte, joignant d'un costé à la vefve et hoirs du dit Drouet et aultres, d'un costé, tirant sur le cimetière et à maistre Robert Lespart et aultres, aboutant à rue et à messire Jehan Carré et aultres, d'aultre bout aux murs de dessus Merdenchon et aultres ouquel le dit Caron est demourant comme recepveur sous mondit seigneur. Le dit Caron ne fait aulcune recepte de la dite maison de Saint-Pantaléon, parce qu'il luy est accordé pour ses gaiges pour exercer la dite recepte sans en riens payer faisant la dite recepte. »

L'immeuble ne va donc plus au Merdençon, il est limité par le mur sur Merdençon, c'est-à-dire par l'ancien mur gallo-romain.
Les propriétés qui l'environnent sont faciles à identifier par la suite du censier : « au nord, les héritiers de Thibault Drouet qui occupent la maison qui fut rachetée en 1867 par la gendarmerie ; au sud, le cimetière et des jardins se continuaient en longueur derrière les maisons de la rue Saint-Pantaléon, maisons qui sont aujourd'hui à Me Recullet, notaire, et étaient limitées au sud par la propriété de Me Robert Lespart, prêtre, promoteur, propriété qui devait se trouver à l'endroit où la rue Saint-Pantaléon entre sur la place Saint-Michel ; à l'est, la rue Saint-Pantaléon et la maison si heureusement restaurée, qui appartenait alors à Messire Jehan Carré, prestre, et qui formait le coin du cimetière autrement dit de la place Saint-Pantaléon.
Le censier donne d'ailleurs plus loin les propriétés qui bordaient par derrière, sur la rue Beauregard, en dehors du mur gallo-romain : — Jacques Aux Cousteaux, contrerouleur, au lieu de Pierre (le) Bastier pour son jardin derrière Saint-Pantaléon qui fut Pierre de Creilg, joignant d'un côté au dit Saint-Pantaléon, d'autre côté à la ruelle de Merdenchon, doibt par an ....... V sols parisis.

— Etienne Le Boucher, pour son jardin séant sur Merdenchon derrière Saint-Pantaléon, qui fut Jehan Le Prévost, maignen, à présent amazé à une maison, de long temps possessé par Jehan du Bos pelletier, joignant d'un côté à une portion du logis Saint-Panthaléon, d'un bout à la ruelle de Merdenchon, d'autre bout au dit Saint-Panthaléon.

La Déclaration des maisons et héritages situés dans la ville et fauxbourys de Beauvais en 1557 précise aussi que l'hostel Saint-Pantaléon ne donnait pas sur la rue Beauregard (43) : « Le commandeur de Saint-Panthaléon, pour sa maison, jardin et lieu nommé l'hostel Saint-Panthaléon, joignant d'un côté audit Liépart, d'autre côté à la plache Saint-Panthaléon, d'un bout par devant sur rue et par derrière à plusieurs (44). »

L'habitation principale, tout en pierre, était sur la rue Saint-Pantaléon, à l'emplacement du bâtiment qui sert actuellement de logement aux gendarmes. La place se trouvait face à la grille d'entrée de la caserne actuelle. La chapelle était au fond de cette petite place, le porche face à la grille, et construite perpendiculairement à la rue Saint-Pantaléon ; elle se trouvait ainsi parfaitement orientée (45).

Une cour existait au milieu. Adossés au mur gallo-romain comme le chœur de la chapelle, des communs fermaient le fond, là où sont aujourd'hui les selleries et les buanderies des gendarmes. Le plan général de l'immeuble n'a pas beaucoup changé ; il se trouve qu'on a construit les bâtiments modernes à peu près à l'emplacement des anciens.

L'ensemble de l'immeuble est décrit comme suit dans le procès-verbal de soumission du 26 prairial an IV pour la vente comme bien national : 1° — Un bâtiment sur la dite rue Pantaléon de 59 pieds de long sur 24 de large, construit en maçonnerie, d'un rez-de-chaussée, un étage et grenier au-dessus dans le comble en charpente et couvert en thuilles, divisé au rez-de-chaussée en une allée et un corridor, deux grandes salles et une petite ; au premier, trois grandes chambres, un corridor et le grenier au-dessus.

2° — A droite de la cour donnant sur la place, un bâtiment de 25 pieds de long sur 17 et demi de large à un étage construit en charpente et couvert en thuilles, divisé au rez-de-chaussée en une grande porte, une loge d'escalier et un cabinet prolongé de 5 pieds et demi sur le jardin ; au premier étage, un corridor, une chambre, un cabinet et le grenier (46):

3° — Un bâtiment en aile, à gauche de la cour, de 44 pieds de long sur 10 et demi de large, à un étage, construit en charpente et couvert en thuilles, divisé au rez-de-chaussée d'une salle, une cuisine ; au premier, d'une petite chambre et le grenier au-dessus.

4° — A la suite, un bâtiment de 10 pieds et demi de large sur 18 pieds de long, adossé contre le pignon du précédent, formant enhache sur le citoyen Dutronc, d'un seul rez-de-chaussée, construit en charpente et couvert en thuilles, servant de lavanderie, cabinet d'aisance et décharge.
— En face, une petite basse-cour de 13 pieds de longueur sur 11 de largeur, fermée d'un mur sur le jardin et au fond de la dite cour un petit bâtiment de 14 pieds de long sur 9 et demi de large, même construction que le précédent, servant de poulailler, bûcher et petit escalier.

5° — Entre les bâtiments ci-dessus se trouve une cour de 32 pieds carrés avec revers et ruisseaux, pavée en grés, à la suite le jardin de 32 pieds de long sur 46 et demi de large, sur lequel est un appentis en charpente pour couvrir la descente qui se trouve allant au bastiment de derrière cy-après ; le dit appentis de 14 sur 12 pieds, construit en charpente sur plancher, auquel est adossé le puits.

6° — Au bout des susdits bâtiments, cour et jardin est un corps de bâtiment en maçonnerie de 9 toises de longueur sur 6 de long, servant d'écurie par le bas, magasin et grenier au-dessus, couvert en thuilles, au bout duquel est un petit appentis construit partie en maçonnerie, partie en charpente, aussi couvert en thuilles, dans lequel est une porte d'escalier pour arriver au grand grenier des bâtiments ci-dessus.

7° — La ci-devant chapelle de Pantaléon se trouve de 11 toises 2 pieds de longueur, compris un petit appentis de 5 pieds à l'entrée servant de porte, sur 23 pieds de largeur hors-œuvre et environ 24 de hauteur, construite en maçonnerie avec plafond sur la nef et voûte sur la partie du chœur. Le comble en charpente couvert en thuilles.

8° — La place dite de Pantaléon La chapelle mesurait 22 mètres de long et 7m50 de large hors-œuvre. La largeur à l'intérieur était de 6 mètres. L'on vient de voir que le chœur seul était voûté. Nous avons une très bonne description de ce bâtiment dans l'ouvrage du Dr Daniel (47) : Cette chapelle s'ouvrait dans la rue Saint-Pantaléon ; par son extrémité orientale elle repose sur les anciens murs de la cité, et son entrée regarde l'ouest. Cette entrée était précédée d'un porche de moyenne dimension avec un toit disposé en selle.

En avant de cette entrée il existait une fort petite place qui présentait un carré un peu allongé dont les côtés répondaient à peu près à la largeur de l'édifice.
Au mur intérieur de ce placeau (*) du côté sud, on voit une porte à plein cintre, laquelle est murée aujourd'hui, au moyen de laquelle les habitans de la maison voisine communiquaient avec l'établissement (48).
* Placeau : Placeau

La paroi méridionale de cette église donnant sur le jardin de la susdite maison située à sa droite présente trois croisées assez grandes en ogive : on voit au bas de chacune de ces croisées une ouverture arrondie : leur partie la plus élevée est très rapprochée du toit de l'édifice et la base est peu éloignée du sol. Ces croisées sont séparées par des contreforts carrés, droits à talons.
A côté du haut de ces croisées, modernes relativement, on aperçoit des restes de petites croisées à plein cintre qui accusent une construction du XIe ou du commencement du XIIe siècle et qu'on a supprimées pour les remplacer par les nouvelles qui appartiennent au XIIe ou au XIVe siècle (49).
A l'extérieur de la paroi nord, les croisées à cintre arrondi, au nombre de deux, se laissent voir plus distinctement que celles du côté opposé.
Le toit en dos d'âne de cet édifice s'est affaissé sur lui-même, il est un peu surbaissé du côté du sanctuaire. Le clocher répondait au bord de la nef, son aiguille mince et assez élevée ne présentait d'ailleurs, rien qui le distinguât du commun des autres clochers ; celui-là renfermait une seule cloche.....
En examinant l'intérieur de la chapelle Saint-Pantaléon, nous avons remarqué que le fond du chœur se terminait carrément. Au milieu et au bas du mur de ce chœur, on aperçoit une porte peu élevée, à plein cintre, et l'on n'a point songé à l'ouvrir. Cette porte répond nécessairement dans les constructions de la cité, puisque, comme nous l'avons vu, l'église est assise sur les murs de cette antique fortification : il serait utile de savoir ce qu'on découvrirait derrière cette porte (50). Ne pourrait-on donc parvenir à le savoir.

On voyait dans l'église deux tombes remarquables, l'une ayant pour inscription : Cy gist frère Lancelot du Poule, chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, commandeur de Leigneville, du Saussoy, de Sommereux et de céans, qui trespassat l'an mil trois cent quatre vingt et deux.
On lisait sur la seconde : Cy gist Jean Perrin, chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, commandeur de Martigue et de Sommereux, qui décéda l'an mil quatre cent quatre vingt et neuf (51)....

Le chœur de l'église était adossé au rempart gallo-romain ; tous les historiens de Beauvais ont considéré qu'il y avait là une preuve de la haute antiquité de cette chapelle. Il se trouve, en effet, que Beauvais avait plusieurs chapelles ou églises assez anciennes bâties sur la muraille de la cité, l'église Saint-Michel, à l'emplacement actuel de la rue Vaillant, était bâtie en long sur le rempart et dominait le fossé qui coule sous la rue du Théâtre ; l'église Notre-Dame-du-Châtel était sur la muraille, à l'emplacement où la rue du Palais-de-Justice vient rejoindre la rue du Musée.

L'on a vu que la chapelle Saint-Pantaléon ne pouvait remonter plus haut que l'époque de Charlemagne puisque c'est sous cet empereur que les reliques de ce saint furent introduites en France.
Quant à l'église Saint-Michel, elle date au plus tôt de l'époque carolingienne, du VIIIe siècle, date où le culte du saint archange a commencé à se développer en France.

* * *

Il existe, tout près de l'ancienne commanderie, un bâtiment très curieux que l'on attribue communément à l'ordre de Malte (52). C'est un pavillon carré que l'on voit à l'angle nord-est de la cour de la gendarmerie.
Il donne sur la cour de la gendarmerie depuis qu'on a agrandi la gendarmerie par l'acquisition, en 1867, de la maison qui se trouvait sur la rue Saint-Pantaléon au nord et contre la commanderie.

Avant cet agrandissement, ce pavillon se trouvait au fond du jardin de cette maison ; il en avait fait partie puisque, comme on le verra plus loin, des fenêtres et une lucarne donnaient sur le jardin de cette maison, mais ces fenêtres ont été bouchées très tôt en belles pierres de taille et la lucarne a été supprimée ; en 1839, au moment où fut dressé le cadastre de Beauvais, comme lors de la vente de 1867, le pavillon n'appartenait plus à la maison contre la gendarmerie ; on n'y accédait que par la rue Beauregard et c'est ainsi que le Voyage en France de Taylor et Nodier, qui donne un dessin très joli du pavillon, l'indique comme maison rue Beauregard (1845).

Ce pavillon est construit presque en entier en belles pierres de taille ; la façade sud qui domine les toits des buanderies et selleries de la gendarmerie comporte à l'étage supérieur deux petites fenêtres en plein cintre, sans aucune décoration, qui ont été bouchées très tôt. Ces deux fenêtres ont eu pour résultat de faire croire qu'il y a eu là une chapelle.

La façade ouest, aujourd'hui sur la cour de la gendarmerie a, à chaque étage, une très jolie fenêtre carrée sans meneau, décorée d'un encadrement avec crossette dans le haut et joli mascaron ; le bandeau au-dessus de la fenêtre forme tablette, il est supporté par deux consoles ; au bas de la fenêtre, une tablette plus petite, supportée aussi par deux consoles. Sur cette façade, les deux fenêtres sont bouchées. Une corniche supportée par des consoles géminées tourne autour du toit.

On voit les attaches d'une lucarne semblable à celle qui a subsisté sur la façade nord. La façade nord est parfaitement conservée. Les fenêtres sont intactes ; une lucarne en pierre, à fenêtre ronde, avec deux amortissements, le même mascaron qu'aux grandes fenêtres, et un cartouche sous la lucarne, est du plus grand effet. Nous avons ici de la belle architecture Henri II.

On accède à ce bâtiment par la rue Beauregard, une cour précède ; comme la rue Beauregard longe la muraille gallo-romaine en dehors, elle se trouve à un niveau bien inférieur à la cour de la gendarmerie, qui est intramuros : le rez-de-chaussée sur la rue Beauregard se trouverait être la cave des maisons de la rue Saint-Pantaléon ; on a, au rez-de-chaussée de la rue Beauregard, dans notre pavillon, une vaste salle basse voûtée en pierre. Un énorme pilier rond, reposant sur une base carrée, se trouve au centre ; de son chapiteau partent dans quatre directions opposées des nervures géminées et arquées qui se distribuent de manière à figurer quatre voûtes en petites pierres cubiformes et légèrement concaves ; l'une de ces nervures s'arrête tout court au manteau d'une haute et vaste cheminée dont les côtés sont composés de piliers ronds de moindre dimension, mais pareils au gros pilier central (53).

Sur le côté du pavillon carré, on trouve, allant dans la direction nord et parallèlement à la rue Beauregard, un bâtiment en charpente finement travaillé. Une large porte conduit derrière ce bâtiment dans une fort petite cour donnant sur la façade nord du pavillon ; cette petite cour de quelques mètres carrés est fermée à l'ouest par un mur très bas, qui fait suite à la façade ouest du pavillon et qui donne sur la cour de la gendarmerie. Le bâtiment en charpente se continue dans la maison voisine (54), ce qui laisse entendre que nous sommes ici devant une construction importante qui s'étendait largement au nord.

Dans ce bâtiment en charpente, un escalier à vis, en pierre, mène au premier étage du pavillon qui, nous l'avons dit, est le rez-de-chaussée du côté de la gendarmerie. Une vaste salle carrée, haute, avec un beau plafond à poutres apparentes, un parquet à panneaux, une jolie cheminée, conserve un grand cachet d'opulence. Un grenier éclairé par la grande lucarne que nous avons décrite couvre le tout. Le corps de cheminée qui était sur la façade sud a été démoli.

Ce superbe bâtiment sert de remise infecte, il est à moitié ruiné ; la petite cour par derrière est pleine de gravois. Bâti tout près de la commanderie, on l'attribue aux Chevaliers, on explique par-là la richesse de la construction, et le souvenir de la commanderie reste attaché à cette construction qui demeure le seul bâtiment remarquable de ces parages.

Il ne semble pas que ce bâtiment ait appartenu aux commandeurs. D'abord, nous savons que l'hôtel de Saint-Pantaléon n'avait plus, dès 1543, aucun accès sur la rue Beauregard. En second lieu, le pavillon ne donnait pas sur la cour de la commanderie, mais sur une maison voisine qui ne fut rattachée à la gendarmerie qu'en 1867 ; ensuite, ce bâtiment, nous l'avons dit, par la partie en charpente, s'étendait fort au nord, par conséquent bien en dehors des constructions de la commanderie. Enfin, ce bâtiment Henri II, élevé par conséquent aux environs de 1547-1559, si les commandeurs l'avaient fait construire, ils l'auraient gardé pour, en faire leur logement, beaucoup plus riche probablement que leur vieux logis sur la rue Saint-Pantaléon. Tout indiquait donc que ce bâtiment n'appartenait pas à la commanderie. Qui avait donc pu le faire élever ?

Il s'agissait de refaire d'une façon aussi précise que possible la topographie de ce coin du vieux Beauvais, pour arriver à identifier cet immeuble et ses propriétaires. Deux documents très importants permettent d'y parvenir : d'une part le censier de Saint-Pantaléon pour l'année 1543-44, et d'autre part la Déclaration des maisons et héritages situés dans la ville de Beauvais en 1557 (55). Ces deux documents nous plaçaient exactement dans l'époque de Henri II, date où fut construit notre pavillon. Ils donnent les immeubles de la rue Saint-Pantaléon, l'un après l'autre, en venant de l'église Saint-Barthélemy. Il allait donc être facile de suivre le sort des immeubles.
Le censier est très précis, il indique les propriétaires antérieurs ; le receveur de Saint-Pantaléon, ainsi, était certain de ce qu'il réclamait à chacun ; la déclaration, au contraire, indique rarement les propriétaires antérieurs ; or, treize années séparent ces deux documents, les propriétaires ont changé fréquemment, les immeubles ont été ou divisés ou réunis, et l'on rencontre bien des difficultés (56).

En venant de Saint-Barthélemy, et en suivant la rue Saint-Pantaléon, après avoir laissé quelques maisons, nous trouvons un premier immeuble que l'on peut reconnaître dans les deux documents, car le second document indique le nom des propriétaires antérieurs.

Cet immeuble va nous servir de base de départ et nous fera identifier un terrain sur la rue Beauregard acheté entre 1543 et 1557, par un avocat du nom de Liépart qui est, comme on le verra, l'emplacement de notre bâtiment.

En 1543, ce premier immeuble est aux héritiers de Pierre Cornille ; il comprend plusieurs logis. En 1557, Philippe Loysel, le frère du célèbre Antoine Loysel, a acheté une partie de cet immeuble, et Jehan Coffinet, chanoine de Saint-Barthélemy, a acheté l'autre partie.
L'immeuble va jusqu'au Merdençon, autrement dit jusqu'à la rue Beauregard.

Le texte de 1543 ajoute comme faisant partie aussi de cet héritage « en ce compris la maison où est demourant Claude Le Clerc, par luy naguères acquise et qui est de l'essence de la dite maison » et derrière cette maison occupée par Le Clerc, un jardin appartenant aux héritiers Cornille « aboutant sur la rivière de Merdenchon »

En 1557, cette maison est passée à Martin Malingres et joint par derrière à Maître Jhérosme Liépart. Ce Liépart a donc acheté le jardin des hoirs Cornille entre 1543 et 1557.

L'immeuble qui suit est, en 1543, à Denys de Ville, praticien en cour laye ; on ne dit pas ce qui forme le fond de son immeuble.
En 1557, Denys de Ville est encore propriétaire ; son immeuble joint par derrière le dit Liépart. Une note ajoute que Denis de Ville, greffier criminel, y résidait encore en 1600.

L'immeuble qui suit est, en 1543, à Guillaume Morthellier, sergent ; en 1557, il est à Nicole Lhéritier (57) et par derrière il joint le dit Liépart.

Le dernier immeuble nous sépare de la commanderie. C'est celui qui fut acheté en 1867 par la gendarmerie et dont le fond, à cette époque, donnait sur notre pavillon.
En 1543, cet immeuble est tenu par Nicole Chofflart d'une part et par sa soeur Marie Chofflart, veuve de Thibaut Drouet, tous deux enfants de Guillaume Chofflart, bailli de Beauvais et de Gerberoy, qui rédigea, en 1507, la coutume de Gerberoy (58). Derrière la maison est un jardin donnant sur le Merdençon.

— Honorable homme maistre Nicole Chofflart, prévost de Beauvais, au lieu de messire Jehan Ruelle, pour sa maison qui fut à maistre François de la Porte, messire Jehan Morel et à messire Jehan Laurens, joignant d'un côté au dit Morthelier, d'autre côté à la vefve et hoirs Thibaut Drouet, d'un bout à la rue ...... XX sols parisis.

— Marie Chofflart, vefve de Thibaut Drouet et les enfans du dit deffunt et vefve, pour leur maison en la dite rue qui fut à maistre Videron, paravant à maistre Gilles Vaillant, et auparavant messire Jehan Mabille, joignant d'un côté à celle dessus dite, d'autre côté à l'hostel du dit Saint-Panthaléon, d'un bout à rue, doibvent chascun an ..... XX sols parisis.

— Eulx pour leur portion de jardin et masure derrière celle dessus dite, puis naguères possédée par eulx, qu'ilz dient leur avoir esté baillée par frère Robert Daches, chevalier de la dite ordre, seigneur du dit Saint-Panthaléon, moyennant .... XX sols parisis, de cens, joignant d'un côté à la vefve de maistre Pierre Cornille, d'un bout à la rivière de Merdenchon, d'un bout auxdits Cyrier (c'est-à-dire Denys de Ville), Morthellier et Chofflart, icy en recepte ..... XX sols parisis.

— L'hostel et cheflieu du dit Saint-Panthaléon, etc.
En 1557, tout cet immeuble, habité par les Chofflart, leur jardin qui, on l'a vu, passait derrière les maisons Morthelier et Denys de Ville, agrandi du jardin derrière Martin Malingres, et constituant ainsi une longue bande de terrain sur la rue Beauregard, est devenu la propriété de Maître Jérome Liépart ; on a vu l'étendue de ce jardin par les mentions qui en sont faites à l'occasion des maisons précédentes ; le texte est très court pour la maison proprement dite : — Maistre Jhérosme Liépart, advocat, pour sa maison séant en ladite rue, joignant d'un côté au dit Lhéritier, d'autre côté à l'Hostel Saint-Panthaléon, d'un bout par devant sur rue et par derrière à la rivière de Merdençon (59).
— Le commandeur de Saint-Panthaléon....

Notre terrain est donc parfaitement identifié : la maison contre la commanderie, celle qui fut achetée par la gendarmerie en 1867, était aux Chofflart en 1543.

Les Chofflart avaient en outre acheté un jardin et une maison, derrière eux, donnant sur le Merdençon, du commandeur Robert d'Aches, qui avait pris la commanderie en 1534, mais n'était plus en fonctions en 1542, date où il avait été remplacé par Charles de Hangest (60) ; le censier dit d'ailleurs qu'ils étaient possesseurs « puis naguères » de ce jardin et de cette masure.

En 1557, Maître Jérôme Liépart a racheté la propriété des Chofflart avec tout le jardin sur la rue Beauregard, nous sommes sous le règne d'Henri II, il fait construire, richement, dans le style de l'époque, ce joli pavillon carré dont la façade ouest donnait sur sa cour, et le bâtiment en charpente qui longe la rue Beauregard. Telle est l'origine de cette construction remarquable (61).
Sources : M. René Largillière. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, page 121 à 149.
BNF

Notes Révolution
30. — V. supra la note n° 2 ; comme argenterie, l'inventaire fourni par la copie Peaucelle n'indique que « une petite cuvette et ses deux burettes 1. 70. 5 grammes »
31. — Mémoire Herbé Charpentier, Copie Peaucelle, pages 99-100.
32. — Daniel, Beauvais avant 1789, ms. et locution cité.
33. — Archives communales de Beauvais, D, 6.
34. Archives départementales de l'Oise, Biens nationaux.
— La soumission n° 748 est du 26 prairial an IV.
35. — Archives communales de Beauvais, 0 9.
— Le 26 prairial an IV, il y avait eu une pétition des voisins contre la mise en vente de la place.
36. — Les pièces de ce procès sont aux Archives départ, série R, Casernes de gendarmerie, dans le dossier d'achat de cet immeuble en 1819.
— Sur ce M. Hamel qui avait remplacé le citoyen Moynet, voyer supra, n° 2.
37. — En 1661, Nicolas Dauvergne vendait à Pannetier cette maison « joignant d'un côté au plaçot Saint-Pantaléon, et par derrière au jardin de la commanderie. »
— Le 2 août 1714, Leullier, avocat au parlement, rend aveu pour la dite maison qu'il déclare tenir à titre de cens foncier de frère Jacques de Mesme, commandeur de Sommereux.
— Le 28 août 1743, bail à cens du terrain formant le jardin de la commanderie (titres cités par Hamel dans la notice ms. ; la copie et l'original du dernier titre est au dossier du procès).
38. — Tremblay, Notice ou histoire abrégée de Beauvais, 1846, in-8°, page 61.
39. — Archives départementales, série R, casernes de gendarmerie ; plusieurs plans sont joints au dossier pour les réparations et transformations projetées.
40. — Procès-verbal séance du Conseil général du 29 août 1867 (session de 1867, pages 233-234). Cette maison, achetée en 1867, se trouvait entre la commanderie, au sud, et la maison appartenant actuellement à Mlle Bullot, au nord.
41. — Diminuée de la maison achetée en 1867.
42. — Archives nationales, S. 5.217. M. Leblond a exécuté une copie de ce manuscrit très important, en août 1921, qu'il a bien voulu nous confier.
43. — Archives départementales de l'Oise, série G (non inventorié).
— Copie Leblond, page 24.
44. — A cette époque, Claude du Caurroy a remplacé Maitre Carré : « Claude du Caurroy, praticien, demeurant à Beauvais, pour sa maison en la dite rue Saint-Panthaléon en faisant le coing de la plache Saint-Panthaléon, joignant d'un costé la dite plache, d'autre costé (au sud) à Yvon Taveau, menuisier, d'un bout par devant sur rue, et par derrière au jardin de Saint-Panthaléon. »
45. — La chapelle a été remplacée très exactement par les écuries actuelles.
46. — Le Dr Daniel, Beauvais avant 1789, ms. et locution cité, précise « la cour que l'on voit au côté nord de la chapelle était fermée du côté ouest par deux maisons dont l'une (notre article 2) n'avait point de vue sur la cour et dont l'autre (notre article 1) occupée par le gardien de la chapelle et l'habitation du commandeur située au fond de la cour, communiquait avec tout l'établissement. »
47. Daniel, Beauvais avant 1789 et locution cité.
48. — C'est la fameuse porte du procès de M. Hamel.
49. — On a fait de même dans beaucoup d'églises de la région : on a bouché les petites fenêtres romanes très élevées et on a ouvert des fenêtres gothiques très grandes.
50. — C'était peut-être là la petite porte que Louis VII avait permis aux Templiers de construire dans le mur gallo-romain, pour traverser ce mur et sortir de la cité.
51. — Ces deux Inscriptions nous ont été transmises par Graves, Cartons de Beauvais, page 110 ; Graves avait lu Lancelot dit Poule ; Hamel donne ces inscriptions très abrégées et lit : frère Laurent de Paule. Je rétablis le nom d'après la liste des commandeurs de Sommereux fournie par Mannier, opuscule cité, page 590.
— Laigneville était une très petite commanderie dans le canton de Liancourt-sous-Clermont (Mannier, opuscule cité, page 572.
La commanderie du Saussay se trouvait dans la commune d'Itteville, Seine-et-Oise (Mannier, opuscule cité, page 79). Hamel nous dit qu'il y avait plusieurs tombes de commandeurs et entre autres ces deux tombes.
— Nous possédons un grand nombre de dessins, gravures et lithographies du vieux Beauvais, — dont il y aurait lieu de dresser un inventaire, — malheureusement on n'a gardé aucune vue de la commanderie ou de l'église Saint-Pantaléon.
52. — On trouvera une description de ce bâtiment dans Daniel, opuscule cité, partie publiée dans les Mémoires de la Société académique, tome I, page 385 et suivantes.
53. — J'emprunte en partie la description de cette salle au Dr Daniel, opuscule et locution cité. De cette salle, on descend dans un caveau qui a été étudié par le Dr Daniel. Cet immeuble porte aujourd'hui le n° — de la rue Beauregard, il est la propriété de M. Descroix, ancien épicier rue Saint-Pierre, qui avait là un dépôt.
54. — Appartenant à Mlle Bullot, rue Saint-Pantaléon, et qui a une porte de sortie sur la rue Beauregard, au n° —.
55. — Archives départementales, G, Chapitre de Beauvais.
56. — On est très surpris de voir les propriétés changer à cette époque si rapidement de maîtres, et être divisées, réunies. Les deux documents ont été rédigés à treize années de distance, à trente ans de distance il aurait été impossible de retrouver les immeubles.
57. — Morthellier, en 1557, est allé demeurer plus loin dans la rue Saint-Pantaléon, à l'endroit où la rue entre sur la place Saint-Michel.
58. — Thibault Drouet, procureur, est un des ascendants de J.-M. Ricard. (Voyer, Leborgne et Largillière, J.-M. Ricard, la vie d'un avocat jurisconsulte au XVIIe siècle, Beauvais, 1920, page 2).
59. — Une note de 1600 ajoute : Nicolas son fils y demeure.
60. — Mannier, page 591.
61. — On a peu de renseignements sur cette famille des Liépart, qui a disparu rapidement. Jérôme Liépart, qui est dit avocat dans la déclaration de 1557, est bailli de la justice du chapitre de Beauvais dans un acte de 1576, où intervient aussi Pierre Liépart, procureur du roi en la prévôté d'Angy (Leblond, L'Art et les Artistes, page 210, n° 258). Anne Liépart est marraine le 3 août 1575 d'une fille de Robert Bucquet, peintre verrier (ibid., page 248, n° 248, note). En 1550, on trouve un Thomas Liépart, praticien à Beauvais (Leblond, Documents relatifs à l'histoire économique, tome I, page 162, n° 499).

Sources : M. René Largillière. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, page 121 à 149.
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